Ca fait bizarre de te voir sans l'apocalypse autour ~ Pietralachi

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Le motiopathe avait attendu qu’Elsa soit partie déjeuner avec son frère et que Peter soit à l’école pour contacte enfin Pietra Nelson Byrd. La mutante, colocataire de Seth et membre active des Insurgency n’était pas pour ainsi dire une proche du Porter : Ils s’étaient croisés plusieurs fois, plutôt par la force des choses, du fait de leurs liens étroits avec Koraha, et plus récemment elle lui avait déposé le mutant, vacciné et rendu presque fou, sur son paillasson, avec pour tâche de réussir à le contenir, le temps que le vaccin se dissipe, et surtout le temps qu’elle puisse vider leur appartement d’un maximum d’objets dangereux pour ce dernier. Au final, la mutante lui en devait une, et aujourd’hui Malachi avait besoin des services de cette dernière, et pas qu’un peu. Depuis plusieurs mois maintenant il était en mission d’infiltration parmi les hunters, et notamment au sein du clan Demaggio, dont il avait charmé le patriarche à coup de motiopathie et d’informations savamment distillées sur les mutants de la région et sa capacité potentielle à créer des arbres généalogique des différents mutants de la ville, voire du comté. Une étrange relation facticement complice s’était créée entre les deux hommes, chacun usant de son pouvoir sur l’autre d’une certaine manière, mais il ne s’y trompait pas : il n’avait pas encore la confiance du hunter, et après les récents évènements et la chute de Lancaster : le Demaggio allait soit se montrer plus paranoïaque, soit plus pressant. Dans tous les cas, il allait devoir bientôt lui donner des preuves de son amitié et d’une certaine … Loyauté. Or, il craignait pardessus tout que le chasseur le soumette à un test implacable : une vaccination qui, s’il avait été humain, ne lui aurait causé que quelques migraines et autres nausées. Mais sans mutation, il se retrouverait totalement sans défense face aux Demaggio et leurs congénères, sans moyen de se défendre, ni lui, ni aucun autre mutant, et ça, il ne pouvait pas se le permettre. Alors, par précaution bien sur, il avait contacté Pietra, pour une commande bien précise : Une boite de Up, ces gélules bleus permettant de contrer les effets d’une vaccination, et permettant aux mutants de conserver leurs pouvoirs. Il savait parfaitement que la molécule n’était pas stabilisée, et que d’autres mutants avaient fait les frais de cette médication que l’on soupçonnait de créer une forte dépendance. Cependant, Malachi était confiant : sa mission touchait probablement à sa fin, avec Isolde à la tête de la mairie, nul doute que les chasseurs seraient bientôt tous identifiés et mis hors d’Etat de nuire, d’une manière ou une autre. Non, ce qu’il lui fallait c’était une prise, peut être deux, pour parer à toute éventualité, et c’était Pietra qui pourrait l’aider dans ce dessein.

Le Porter était dans son bureau, en train de corriger des copies – une saine et banale activité qui lui faisait le plus grand bien, en ces temps troublés-, quand il entendit la sonnette de la porte d’entrée résonner dans le manoir si calme. Jumbo se mit à aboyer, courant ventre à terre vers la porte, curieux de connaitre l’identité du visiteur, alors que Malachi fermait son carnet pour descendre ouvrir la porte et découvrir la mutante qui attendait sous le porche. Le motiopathe lui sourit tranquillement : il était amusant de la croiser, pour une fois, en dehors de toute urgence ou situation rocambolesque. Enfin il allait savoir à quoi ressemblait la mutante sur un terrain presque neutre, et surtout sans danger.

- Bonjour Pietra, je te remercie d’avoir pu te rendre disponible si vite… Je t’en prie, rentre. Tu n’as pas peur des chiens ? Sinon je demande à ce brigand là d’aller se coucher tout de suite… J’allais me faire chauffer un thé, tu en veux ?

Jumbo n’était certes pas un molosse, mais à maintenant presque 8 mois, il avait déjà une taille suffisamment importante pour mettre mal à l’aise les personnes craignant les animaux, malgré sa bonhommie et sa gentillesse naturelle. D’ailleurs, le chien vint fourrer son museau sous la main de la mutante, la reniflant allégrement, repérant probablement l’odeur du chat de cette dernière sur ses vêtements, ce qui avait le don de l’intriguer. En bon hôte, Malachi invita Pietra à prendre ses aises dans l’immense salon, avant de s’installer en face d’elle, posant la théière encore chaude sur la table basse de bois sombre …

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Malachi Porter & Pietra Nelson-Byrd

Pietra ne prit pas très longtemps à traverser la ville suite au message de Malachi, étant déjà en route pour le quartier nord. Elle finit tout de même sa première course avant de se diriger vers le manoir, mais subtilisa discrètement un paquet de pilules mystérieuses à sa livraison, se promettant d’envoyer une boite supplémentaire à son client en guise d’excuses. Quelques minutes plus tard elle appuyait sur la sonnette de la demeure, un son qui invoqua rapidement le maître des lieux. « Malachi. » le salua-t-elle simplement lorsqu’il lui ouvrit la porte. Toujours aussi impeccablement poli, celui-ci s’empressa de l’accueillir : « Bonjour Pietra, je te remercie d’avoir pu te rendre disponible si vite… Je t’en prie, rentre. » La mutante balaya ses remerciements d’un geste de la main. Même si elle ne lui avait pas dû une dette immense, c’était son travail de fournir exactement le genre de marchandise dont il avait besoin. Enfin, pour ce qu’il était des pilules Up, Seth était techniquement celui qu’on avait chargé de la distribution – mais en tant que colocataire, collègue de travail et amie de longue date, elle était idéalement placée pour continuer la vente du produit pendant la… convalescence du nouveau zélandais. Un frisson parcouru son échine à cette pensée, et elle s’engouffra rapidement dans le hall d’entrée du manoir Porter. A peine avait-elle fait trois pas qu’un chien accourait à elle, n’ayant clairement pas encore appris qu’il n’avait plus la petite taille qui rendait ce genre de comportement adorable plutôt qu’inquiétant. Malachi suivit son regard et s’enquit immédiatement : « Tu n’as pas peur des chiens ? Sinon je demande à ce brigand-là d’aller se coucher tout de suite… » Mais elle ne l’écoutait déjà plus, occupée à faire ami-ami avec le dalmatien, qui semblait tout aussi ravi qu’elle de la rencontre.

La réaction de Pietra étant toute la réponse dont il avait besoin, Malachi les dirigea vers l’intérieur de son manoir. « J’allais me faire chauffer un thé, tu en veux ? » demanda-t-il tandis qu’ils pénétraient dans la cuisine, laissant la mutante découvrir avec ébahissement les étagères de thé. « Si j’avais su que tu avais de telles réserves, je serais venue chez toi plus tôt. » dit-elle, dévisageant avec admiration la collection de l’Irlandais. Elle l’observa attraper la théière et le suivit jusque dans le salon, où elle s’assit tranquillement. Le jeune chien vint aussi fourrer sa truffe sur ses genoux, sa queue battant un rythme monstre sur le tapis. « Roy risque de ne plus me parler de la semaine… » rit-elle alors qu’elle laissait ses mains caresser le pelage de la bête en extase. « C’est mon chat, Seth s’en est probablement déjà plaint auprès de toi. » expliqua-t-elle à Malachi, consciente que sans contexte on aurait pu croire qu’elle avait une connaissance qui détestait les animaux au point de refuser que même son entourage les touche. D’un certain point de vue, ce n’était pas entièrement faux : le siamois était extrêmement jaloux, que ce soit des hommes qu’il découvrait dans le lit de sa maîtresse comme des autres animaux qu’elle osait gratouiller dans ses cavalcades au travers Radcliff. S’il n’en avait tenu qu’à lui, elle serait probablement retenue prisonnière chez elle, ses sorties se résumant au supermarché le plus proche pour acheter du thon frais. Heureusement que les animaux ne mutaient pas, eux… L’idée de Roy doté d’yeux lasers ou de capacité de contrôle mental la faisait rire et la terrifiait également.

Après un instant de silence, Pietra sortit le paquet de son sac et le posa sur la table basse. « Cinquante pilules, comme convenu. Mais avant de te les donner… » Elle releva le regard envers celui du motiopathe, cherchant les bons mots pour aborder le sujet. Pourquoi les voulait-il ? Que comptait-il en faire ? Ces pilules étaient-elles pour son usage seulement, ou avait-il l’intention de les distribuer autour de lui ? Si oui, à qui ? Pietra ne s’inquiétait pas tant de la possibilité que Malachi leur fasse de la compétition – même si l’idée de l’homme en tant que dealer l’amusait quelque peu – mais plutôt de l’idée qu’en donnant une telle quantité de cette drogue à l’homme, elle ne cause sa perte. Sans parler du nombre de mutants réfugiés dans le manoir, et des conséquences si l’un d’entre eux tombait sur l’Up et se retrouvait entièrement dépendant … Surtout s’il s’agissait d’un très jeune mutant. Elle n’était pas sans scrupules, contrairement à ce que l’on pouvait croire. Elle avait besoin de savoir que le professeur était bien au courant des dangers et effets secondaires de cet anti-vaccin, de façon à ce que, s’il se décide tout de même à les lui acheter, elle saurait qu’elle aurait tout de même fait de son mieux pour éviter de mauvaises conséquences. Seth ne lui pardonnerait jamais s’il arrivait quelque chose à l’homme, et elle non plus à vrai dire. « Comment va-t-il ? » demanda-t-elle finalement, préférant entamer la conversation de façon plus indirecte. Malachi n’aurait pas pu rester marié à une femme comme Evangeline s’il avait baissé les bras au premier obstacle, et elle préférait ne pas le mettre sur la défensive immédiatement. S’il bloquait, il y avait de grandes choses qu’il l’envoie balader et tente de trouver du Up ailleurs – ce qui aurait très probablement des résultats désastreux.

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Jumbo était extatique de trouver une nouvelle humaine à qui dispenser toute son affection de bébé chien survolté. Il s’était assis devant Pietra quand celle-ci s’était penchée pour le saluer, posant ses deux pattes avant sur les genoux de la jeune femme en étirant le cou vers ses mains, lançant quelques coups de langue pour essayer de lécher ces dernières. Pietra sentait bon malgré l’odeur étrange de chat sur ses vêtements, et Jumbo décida instantanément qu’il l’aimait beaucoup : il la suivrait donc partout où elle irait jusqu’à ce qu’elle s’en aille.
De son coté, Malachi s’affairait déjà dans la cuisine pour sortir deux tasses et des sachets pour la boisson : il ne s’imaginait pas passer une seule journée sans son presque litre de thé quotidien, malgré les réprimandes de Scarlett qui s’inquiétait de ses potentielles carences en fer et autres bétises. Si il était carencé, grand bien lui en ferait, c’était le cadet de ses soucis, et le thé était surement une addiction moins périlleuse que le whisky et la cigarette. Il sourit à la remarque de la jeune femme, sortant les cuillères à thé finement ciselées pour les poser sur le plateau qu’il emmènerait dans le salon : ils seraient plus à l’aise pour discuter là bas :

- Et encore, elles ont tendance à s’amenuiser avec tout le monde qui passe… Mais je n’arrive pas à me raisonner et à passer aux thés en sachet … C’est une hérésie.

Il haussa un sourcil en entendant parler de Roy, avant de comprendre ce dont parlait la jeune femme.

- Ah ça, Jumbo est du genre collant … Pas méchant, mais collant. Il a un faible pour les demoiselles mutantes, et pour les gratouilles de ces dernières. Il est très malin quand il s’agit d’avoir ce qu’il veut.

En effet, le chiot avait posé sa tête sur les genoux de la jeune femme, la regardant pas en dessous d’un air adorable, et poussait quelques soupirs en espérant l’attendrir suffisamment pour qu’au pire, elle se remette à le cajoler, ou bien mieux, qu’elle l’autorise à monter sur le canapé pour se vautrer contre elle. Le pied quoi. Malachi laissa Petra choisir le thé qu’elle désirait, puis lui tendit une tasse brulante avant de se préparer la sienne :

- Je t’avouerai que nous ne parlions pas vraiment animaux de compagnie, pour être tout à fait honnête. La dernière fois qu’il a passé la porte du manoir de son plein gré, c’était pour m’amener notre amie Moira, fraichement vaccinée… Nos conversations n’étaient pas franchement légères, à mon grand regret.

Il porta le liquide chaud à ses lèvres, avalant l’eau bouillante sans aucune difficulté. Sans un mot, il fixait les petites pillules que la mutante venait de poser sur la table : du Up, il en avait entendu parler, il avait lu les rares écrits disponibles dessus, qui étaient d’ailleurs des documents internes de l’organisation, et avait toujours eu beaucoup de mal à se faire une idée sur la question. D’une certaine manière, il était plus sur de son avis sur le vaccin, parfois nécessaire pour certains mutants qui souffraient de l’existence de leur capacité, que de son avis sur ce médicament controversé. Il avait entendu Sheldon les mettre en garde, plus d’une fois, contre l’accoutumance à ce contre poison. Malachi n’avait jamais eu de tendance à l’addiction, et son naturel pondéré lui avait évité les affres de l’alcoolisme même pendant sa dépression, après le premier décès d’évangeline. Il n’avait pas non plus de drogué dans son entourage proche, en tout cas il l’ignorait, alors le concept d’addiction était quelque chose d’assez … subjectif pour lui. Il en connaissait les effets théoriques, mais il était bien loin des réalités du genre. Il prit le sachet dans les mains, le soupesant en faisant un rapide calcul : 50 pillules, en raison d’une par semaine, cela faisait presque une année de traitement non stop. C’était largement suffisant pour mener à bien sa mission, mais il en avait demandé plus, au cas où un mutant du manoir en ait besoin, pour une raison ou pour une autre. Il avait besoin de réserves, pour une raison que Pietra et lui connaissait bien. Le fournisseur officiel n’était pas franchement en état de prendre des commandes, et il fallait parer à l’éventualité tragique qu’il n’en soit plus jamais capable. Malachi soupira, reposant sa tasse et la boite de pillule sur la table

- Il va bien physiologiquement parlant. Il se nourrit, boit, parle. En revanche, il est particulièrement instable émotionnellement et mentalement, ce qui me contraint de le garder sous surveillance rapprocher quand je dois lui faire prendre sa douche par exemple. Le reste du temps, il est dans une pièce dans le sous sol, qui était sensée servir d’abri anti atomique, pour qu’il ne soit un danger pour personne, ni pour lui ni pour qui que ce soit. Dans les bons jours, on arrive à discuter un peu, le soir, et j’essaye de lui tenir compagnie … Mais les bons jours sont rares… J’espère sincèrement que cette vaccination est temporaire, sans quoi il finira un jour par réussir à sortir …

Il n’aimait pas être obligé de faire ça à Seth, l’enfermé ainsi comme un animal dangereux, quand on connaissait son passif d’ancien mutant esclave. Simplement pour le moment, ils n’avaient pas le choix. Les quelques jours de liberté sous vaccins avaient été particulièrement sanglants, et il finirait pas se faire tuer si on ne le cachait pas aux yeux des chasseurs …

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Malachi Porter & Pietra Nelson-Byrd

« Et encore, elles ont tendance à s’amenuiser avec tout le monde qui passe… Mais je n’arrive pas à me raisonner et à passer aux thés en sachet … C’est une hérésie. » Pietra ne dit rien, pensant soudainement à ses propres réserves de thé, qui entremêlaient joyeusement sachets et loose-leaf. Elle n’avait pas le snobisme de l’irlandais, et un passage en Angleterre pendant son adolescence lui avait appris que les britanniques eux-mêmes n’avaient rien contre un bon ‘builder’s tea’ par cher avec du lait, la boisson parfaite en temps de crise. Bon, elle-même préférait un verre de bourbon ou de quelconque whisky qu’elle trouvait dans l’appartement de Seth, mais c’était une simple question d’habitude. Cela ne l’empêcherait certainement pas d’accepter une tasse du liquide brûlant lorsqu’on lui en proposait – elle indiqua à Malachi une boite de thé vert à la fleur de cerisier et au litchee, qu’elle n’avait jamais goûté auparavant et qui l’intéressait beaucoup, avant d’aller s’assoir dans le salon. L’homme la suivit quelques instants après, de façon certes moins collante que la bestiole dans ses pattes. « Ah ça, Jumbo est du genre collant … Pas méchant, mais collant. Il a un faible pour les demoiselles mutantes, et pour les gratouilles de ces dernières. Il est très malin quand il s’agit d’avoir ce qu’il veut. » « C’est vrai, Jumbo ? » interrogea la mutante d’un air faussement outré, ne faisant qu’accentuer la joie du chien à l’entente de son nom. « Tu fais ça avec toutes les mutantes ? Petit manipulateur, va. » La bête lui léchouilla les mains de plus belle, ce qui lui tira un rire – l’ironie d’une mutante capable de contrôle mental traitant un animal de manipulateur lui semblait trop saillante pour ne pas être drôle.

Puis le sujet tourna sur Roy, dont le nom ne disait clairement rien au mutant. « Je t’avouerai que nous ne parlions pas vraiment animaux de compagnie, pour être tout à fait honnête. La dernière fois qu’il a passé la porte du manoir de son plein gré, c’était pour m’amener notre amie Moira, fraichement vaccinée… Nos conversations n’étaient pas franchement légères, à mon grand regret. » Moira. Le souvenir de ces évènements-là assombrit instantanément le visage de la brune, et elle cessa de caresser Jumbo, au plus grand dam de ce dernier. Moira qu’elle avait crue morte, assassinée par les Hunters de la ville. Moira qui ne s’était révélée ‘que’ vaccinée, comme si ses propres expériences avec le NH24 ne suffisaient pas à lui rappeler combien ces injections pouvaient se révéler dévastatrices. Vaccinée par son propre frère… La révélation lui donnait toujours le frisson, peut-être parce qu’elle avait été la première chose qui l’avait forcée à considérer que Gee’ pourrait réellement représenter un danger pour sa propre existence. Si les liens unissant les enfants Kovalainen n’avaient pas été suffisamment forts pour passer outre l’endoctrinement d’Artur, qui était-elle pour maintenir naïvement qu’une telle trahison ne serait jamais venue de la part de sa jumelle ? Ce train de pensée l’amena bien vite aux pilules Up dans son sac, seule défense entre les gens comme eux et ce ‘médicament’ qu’on leur donnait de gré ou de force, puis à Seth, le dernier de ses amis à souffrir en ce moment. C’était à se demander si elle n’avait pas échangé sa bonne étoile relative du moment contre un mauvais sort qui accablerait tous ses proches. Si elle n’avait pas été consciente que la culpabilité en cette situation était aussi absurde que contre-productive, sans doute la mutante n’aurait pu s’empêcher de se sentir responsable de ce qu’il se passait. Pour l’instant toutefois, elle se contenta de prendre sa tasse entre ses mains et souffler dessus pour refroidir son contenu.

« Il va bien physiologiquement parlant. Il se nourrit, boit, parle. En revanche, il est particulièrement instable émotionnellement et mentalement, ce qui me contraint de le garder sous surveillance rapprochée quand je dois lui faire prendre sa douche par exemple. » Pietra eut un pincement au cœur en pensant, qu’habituellement, le seul danger que Seth pouvait poser au moment de la douche c’était de lui voler son après-shampoing, ou menacer de couper l’eau chaude. Il ne devait même pas être en assez bon état pour faire des sous-entendus à Malachi, chose qui arrangeait peut-être ce dernier sur le moment, mais qui témoignait aussi de la gravité de sa maladie. « Le reste du temps, il est dans une pièce dans le sous sol, qui était sensée servir d’abri anti atomique, pour qu’il ne soit un danger pour personne, ni pour lui ni pour qui que ce soit. » L’image de son ami, les yeux révulsés et les mains ensanglantées, se présenta à elle. Seth avait été un danger pour lui-même comme pour les autres pendant suffisamment longtemps pour que les conséquences ne puissent pas être aussi facilement contenues dans un abri sous terre. La mutante était bien trop consciente du corps de Mr Weston, mis littéralement six pieds sous terre par ses soins, mais figurativement par l’homme crêteux lui-même. Et ce n’était que la dernière de ses victimes, dont elle n’avait pas encore eu le courage de compter le nombre. Elle ne dit rien, l’émotion lui coupant les cordes vocales avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche.

« Dans les bons jours, on arrive à discuter un peu, le soir, et j’essaye de lui tenir compagnie … Mais les bons jours sont rares… J’espère sincèrement que cette vaccination est temporaire, sans quoi il finira un jour par réussir à sortir … » La dernière phrase de Malachi fit grimacer Pietra, et cette fois-ci la culpabilité la submergea. « Ce n’est pas juste la vaccination. » murmura-t-elle. « Il était dans un tel état que je n’ai pas eu le choix, mais… Utiliser mon don sur les personnes mentalement fragiles ou dérangées a toujours été dangereux. » Si elle savait manier sa mutation avec une précision qui s’accroissait de jour en jour, cela n’empêchait pas que la force mentale et la pression qu’elle mettait sur l’esprit de ses cibles était phénoménale, surtout dans les moments de crise où elle réagissait plus à l’instinct qu’autre chose. Ce qu’elle avait fait à Seth revenait à lui mettre un coup de marteau psychique dans le crâne, et elle ne savait pas quels en seraient les conséquences. « Je t’ai dit à l’époque d’éviter d’utiliser ta motiopathie sur lui le plus possible… et je sais que ce n’est pas toujours faisable, mais… » Elle soupira, et passa une main sur son visage. Malachi n’avait pas besoin d’un nouveau sermon sur les dangers de leurs capacités ; de tous les mutants aux pouvoirs un tant soit peu similaires au sien, il était celui dont elle doutait le moins de la sincérité et la compassion pour ceux sur qui il exerçait son influence. « J’ai peur d’avoir surtout empirées les choses, sur le long terme. »

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Malachi s’amusa de voir la jeune femme fondre totalement devant le petit chien alors que l’animal essayait par tous les moyens de lécher le bout du nez de la mutante. Il avait entendu beaucoup de choses sur Pietra, pas toujours très flatteuses, souvent méfiantes. On ne pouvait pas en vouloir aux gens de se méfier des capacités de la jeune femme, cependant il n’était pas du genre à s’arrêter à ce genre de choses : lui-même avait un don qui se rapprochait beaucoup de celui de la mutante, celui de faire ressentir aux gens des choses qui n’existent que parce qu’il le veut bien. Toucher aux émotions des gens comme à leur libre arbitre avait quelque chose de grisant, de potentiellement très dangereux, mais Malachi avait appris, avec le temps, que Pietra n’était pas de celle qui utilisait ses capacités juste par orgueil. Elle savait qu’elle pouvait faire tout ça, mais ne se sentait pas le besoin de le faire, juste parce qu’elle le pouvait, et ça, Malachi appréciait grandement. Quant au caractère taquin et piquant de la jeune femme … Elle était la colocataire de Seth, comment pouvait-il en être autrement ?

- Si tu aimes autant les animaux, je peux peut être achever de te rendre heureuse pour aujourd’hui. Et sans triche motiopathique.

Il boitilla jusqu’à la porte de la véranda -la journée d’anniversaire de Peter quelques jours avant l’avait laissé sur les rotules, littéralement-, l’ouvrit et siffla entre ses deux doigts. Presque instantanément, un chiot berger tout déboula comme dans un jeu de quilles, dérapant sur le sol juste avant de passer la fenêtre, une oreille pliée d’un côté et toute droite de l’autre. Malachi lui essuya les pattes, pleines de terre, puis le pris dans ses bras pour l’amener jusqu’à Pietra et le déposer sur ses genoux :

- Voici Mendel, le nouveau petit compagnon d’Andreas. Mais comme il est en cure de repos ici et qu’apparemment cet endroit ressemble à une SPA, je m’en occupe également. Il est plus jeune que Jumbo alors il tète encore un peu les vêtements, fais attention…

Rien de mieux qu’une doublette de petits chiens mignons pour faire passer la pilule de nouvelles bien moins réjouissantes. Non, Seth n’allait pas bien, loin s’en fallait. Son aura émotionnelle n’était qu’une sorte de bourbier de couleurs absurdes, que le motiopathe était incapable de déterminer ce à quoi elles correspondaient. Pire encore, il avait essayé, parfois, de recréer certaines émotions chez Seth pour voir si cela le ramènerait, un peu, à la raison. Il n’avait rien pu faire. Certaines émotions semblaient avoir totalement disparu chez le calédonien, comme si il ne les avait jamais ressenti, pas même une fois dans sa vie. Pas d’attendrissement, pas de culpabilité, pas une once de ce genre d’émotions qui vous rendre empathiques et humains. A l’heure qui était, Seth avait l’aura émotionnel d’un sociopathe psychotique, en proie à des visions distordues de la réalité. Malachi n’était pas médecin, mais le peu qu’il comprenait de la situation ne la rendait pas franchement rassurante. Il but une gorgée de boisson brûlante en écoutant religieusement la réponse de Pietra : elle était surement une des personnes qui connaissaient le mieux Seth avant sa vaccination, aussi elle pourrait peut être lui donner des pistes sur la manière de s’occuper du mutant le temps que le vaccin s’évacue de son organisme… Si tant est que cela soit possible un jour. Il hocha la tête, conscient que les révélations de la jeune femme devait être particulièrement dure à formuler pour elle. D’ailleurs, même le jeune dalmatien le sentit, posant sa tête sur la cuisse de la jeune femme en soupirant d’un air triste. Evidemment que Pietra n’avait pas eu d’autre choix que de contraindre Seth a se tenir, le temps qu’elle l’amène jusqu’ici. Il n’aurait jamais entendu raison dans un tel état, et elle avait simplement fait la chose la plus raisonnable pour lui et pour son entourage, aussi regrettable soit elle.

- Ce n’est pas de ta faute Pietra, je t’assure … Si tu ne l’avais pas retenu, peut être aurait il continué à massacrer des gens sans aucun regard sur le bien fondé de ses actes. Je sais que … Je sais bien que vous n’avez pas une vision aussi pacifiste que moi sur certaines choses, mais je sais aussi que vous n’êtes pas, ni l’un ni l’autre, des assassins sanguinaires. Or, si tu avais laissé les choses faire, c’est ce que Seth aurait pu être pendant des semaines. Si le vaccin se dissipe, comment aurait il pu vivre avec sur la conscience la mort de dizaines d’innocents ? Seth n’est peut être pas une brebis, mais ce n’est pas un loup enragé non plus … Si tu l’as « abimé » temporairement, il est possible aussi que tu l’ais empêché de se fissurer définitivement, sans la moindre chance d’un jour se pardonner lui-même… Aujourd’hui, on a encore une chance de le ramener à la raison, j’en suis persuadé.

Il espérait simplement qu’un jour Seth retrouverait ses esprits, et le plus tot serait le mieux. Entre la gestion du manoir et de son quotidien, de la dépression d’Andreas, de la croissance des pouvoirs de Peter et le contrôle de la folie de Seth au sous sol, Malachi avait parfois l’impression de ne pas avoir assez des 24 heures dans sa journée pour pouvoir tout faire. Ce qui expliquait peut être aussi les cernes sombres qui cerclaient ses yeux si clairs et le creux de ses joues auparavant pleines. Conscient que le sujet Seth ne les ragaillardirait pas, ni l’un ni l’autre, il désigna le sachet de médicament du geste du menton avant de demander doucement :

- Tu connais la posologie pour cette chose là ? Je risque d’avoir besoin de toutes mes capacités bientôt, et ça m’ennuierait d’être vacciné à vie par une assemblée de chasseurs sur les dents parce que j’ai été incapable de calculer mon timing.

Et se retrouver totalement désarmé face à Rafael Demaggio et ses camarades, ça n’augurerait rien de bon pour lui …

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Malachi Porter & Pietra Nelson-Byrd

« Si tu aimes autant les animaux, je peux peut être achever de te rendre heureuse pour aujourd’hui. Et sans triche motiopathique. » annonça Malachi, et Pietra dut s’interrompre dans son grand jeu à faire gigoter les oreilles du dalmatien pour l’écouter. Un autre animal occupait-il les lieux ? Elle allait finir par se demander si le mutant tenait un refuge pour humains, ou pour bêtes à quatre pattes. D’un autre côté, la présence d’animaux pouvait avoir un réel effet calmant sur les êtres humains, alors peut-être y avait-il un élément thérapeutique à sa ménagerie. Elle-même ne comptait plus le nombre de fois où le ronronnement constant de Roy avait été le seul bruit supportable tandis qu’une migraine lui martelait le crâne. A l’apparition du chiot, Pietra émit une sorte de petit couinement, étendant instinctivement les bras pour recevoir l’adorable bête sur ses genoux. C’était sûrement comme ça que beaucoup de gens réagissaient face aux bébés, mais entre les traces baveuses d’un bambin et celles d’une petite truffe curieuse, elle savait ce qu’elle préférait sur ses vêtements. Alors qu’elle couvrait déjà la petite bête d’amour, Malachi faisait les présentations : « Voici Mendel, le nouveau petit compagnon d’Andreas. Mais comme il est en cure de repos ici et qu’apparemment cet endroit ressemble à une SPA, je m’en occupe également. Il est plus jeune que Jumbo alors il tète encore un peu les vêtements, fais attention… » Pietra rit, un mélange de joie suite à cette nouvelle rencontre et d’amusement devant les propos de Malachi, qui confirmaient sa propre théorie sur le refuge animal et humain qu’était le manoir Porter. Une main caressant Jumbo, l’autre empêchant Mendel de s’échapper de ses genoux, elle réussit à ouvrir le sujet de Seth sans immédiatement céder à l’émotion.

Elle n’avait pas besoin d’être télépathe pour savoir quelle serait la réaction de Malachi face à ses craintes. « Ce n’est pas de ta faute Pietra, je t’assure … » commença-t-il évidemment, un refrain qu’elle avait entendu des dizaines de fois déjà, de la part d’Ivory comme de Mikaël. Ce n’était pas de sa faute, et pourtant elle ne pouvait s’empêcher de se sentir responsable. Sans doute souffrait-elle d’une forme de syndrome du sauveur, qui la forçait à vouloir voler au secours de tous ses proches, et s’accaparer la faute lorsqu’elle ne pouvait tous les protéger. Peut-être qu’à force de s’entendre répéter qu’elle n’avait pas eu le contrôle de la situation, elle finirait par l’accepter – mais c’était si dur, pour une mutante dont toutes les capacités reposaient sur le contrôle de soi comme d’autrui, que d’admettre ne pas toujours avoir le dessus sur la situation. Elle gardait la tête baissée, écoutant à moitié les rassurances qu’on lui offrait tout en caressant le jeune berger allemand. La truffe compatissante du dalmatien sur ses genoux lui offrait presque plus de réconfort que les mots de Malachi, bien que ce dernier ait entièrement raison. Si elle n’avait pas arrêté Seth à la première occasion, il n’aurait fait que continuer son massacre – elle n’aurait été qu’une autre victime, une amie de plus qu’il pleurerait lorsqu’il reviendrait à lui. Elle maudissait déjà de devoir lui annoncer ce qu’il avait tué le père d’Ivory, sans parler du fait qu’il ne s’était pas montré tendre face à Bob… Le trafiquant pouvait jouer l’insolent égoïste autant qu’il voulait, elle savait que ces révélations lui feraient bien plus mal qu’un coup ou deux sur la tête. « Si tu l’as « abimé » temporairement, il est possible aussi que tu l’aies empêché de se fissurer définitivement, sans la moindre chance d’un jour se pardonner lui-même… Aujourd’hui, on a encore une chance de le ramener à la raison, j’en suis persuadé. » conclut Malachi, et Pietra releva le visage pour lui offrir un faible sourire. Il avait raison, et elle n’allait pas disputer ses arguments simplement pour tenter de valider ses propres émotions, quand ils avaient des choses beaucoup plus importantes à régler.

Pietra n’avait pas immédiatement remarqué combien le motiopathe avait l’air épuisé mais une fois qu’elle le vit, elle en fut frappée. Le teint pâle, les cernes sous les yeux et aucun maquillage pour camoufler son état, il lui renvoyait un reflet plus masculin de ses propres traits le matin. « Je pense que toi aussi, tu as besoin d’un animal thérapeutique. » dit-elle doucement, posant Mendel dans les bras du mutant. Elle lui aurait bien fait un câlin, mais l’irlandais faisait clairement partie de ces gens encore embarrassés par le contact physique, et après presque quarante ans de vie sur Terre. Le jeune chiot pourrait lui léchouiller les mains et le visage avec bien moins de gêne qu’un simple baiser sur sa joue risquait de susciter. Le simple fait de mentionner sa fatigue fut d’ailleurs suffisante pour qu’il change le sujet. « Tu connais la posologie pour cette chose-là ? Je risque d’avoir besoin de toutes mes capacités bientôt, et ça m’ennuierait d’être vacciné à vie par une assemblée de chasseurs sur les dents parce que j’ai été incapable de calculer mon timing. » Pietra fronça les sourcils, peu rassurée à l’idée que Malachi se soit mis dans une situation où sa survie dépendrait de l’efficacité de l’Up. « Le paquet contient une fiche avec toutes les informations que j’ai sur ces pilules, comme ça tu n’auras pas à t’inquiéter de ne pas avoir tout retenu. » Parfois il était utile d’avoir une femme aussi maniaque et organisée que Pietra dans son organisation – si elle s’était seulement orientée vers les drogues dures, on aurait sans doute bientôt pu voir une liste d’effets secondaires et le numéro des urgences dans chaque sachet de LSD.

Mais ce qu’elle s’apprêtait à lui vendre n’avait rien d’une substance purement récréative, et elle avait besoin d’être sûre qu’il ait pensé à ce qui pourrait lui arriver. « Malachi, normalement je donnerai ces pilules en laissant le client prendre sur lui les risques encourus, mais… » Elle se mordit la lèvre. « Tu es trop important. Trop de personnes comptent sur toi, dans ce manoir comme dans la ville. » Elle ne pensait pas qu’à elle ou à Seth, en cet instant : chez Insurgency comme chez Uprising, la réputation du professeur n’était plus à faire. Il suffirait qu’il ouvre une académie dans son manoir et se rase le crâne pour qu’on le renomme Professeur X, quitte à ce que Seth devienne Wolverine et elle Jean Grey. Blagues à part, Malachi faisait partie des mutants que la résistance avait le moins d’intérêt à perdre, quelle que soit l’organisation à laquelle ils prêtaient allégeance. « Alors s’il y a une seule autre solution pour ce que tu dois faire, penses-y. Je t’aiderai de quelque façon que je le puisse. » Elle posa sa main sur les genoux de l’homme, un geste sans aucune arrière-pensée romantique – fait rarissime chez elle, à ce qu’il paraissait – simplement pour accentuer la promesse de sa présence et de son soutien.

You actually look good without all that blood in your face...

Malachi était content de voir l’aura de la jeune femme s’illuminer d’une joie simple et pure en voyant la seconde petite boule de poil s’installer sur ses genoux. C’était bête à dire, mais c’était la seule chose qui lui faisait du bien en ce moment, voir le bonheur dans l’aura des autres : il avait tellement de mal à ressentir tout ça lui-même en ce moment, que les rares fois où il se sentait bien, il avait peur de ne faire que se synchroniser au bonheur environnant. Pourtant, il était bien quand il passait par le parc avec Peter en rentrant de l’école, quand il jouait du piano avec Elsa en fin d’après midi, ou lorsque, seul, il se murait dans un silence concentré pour s’occuper de sa jungle sous la véranda. Simplement, ce sentiment d’impuissance et d’urgence venait souvent lui tenailler les entrailles jusque tard dans la nuit, le réveillant parfois avant le lever du jour, lui coupant l’appétit et éteignant son regard quand il s’isolait dans sa chambre. Malachi vivait sur le fil du rasoir depuis la mort d’Evangeline, fragile équilibriste, conscient de la précarité de sa psyché sans pour autant trouver d’issue. Il souffrait du syndrome du survivant, incapable de vivre pleinement alors que tant de gens étaient morts. Alors il s’accrochait aux vivants plutôt que de s’accrocher à la vie, et se tuait à la tâche à petit feu. C’était toujours plus héroique qu’une balle dans la tête. Il secoua la tête avec un petit sourire quand Pietra lui tendit l’un des chiots, qu’il gratta derrière les oreilles avant de le laisser filer : Mendel préférait rester aux pieds de ses humains plutôt que sur les genoux, contrairement à Jumbo.

- J’ai déjà un fils thérapeutique, on ne peut pas faire mieux je pense.

Clairement, si il n’avait pas eu Peter, il aurait organisé sa succession, puis aurait trouvé un moyen de mourir sans douleur, si possible en entrainant quelques chasseurs avec lui. Il y avait eu l’arrivée d’Elsa ensuite, et la présence fraiche de la jeune femme lui mettait du baume au cœur également, mais cela n’aurait surement pas suffi face au désarroi du motiopathe. Heureusement, Pietra ne s’appesantit pas trop sur son apparent épuisement, et il reconcentra toute son attention sur l’étiquetage des médicaments : il lirait tout cela tranquillement dans sa chambre, là où il rangerait les gélules, à l’abri. C’était un des rares endroits qu’il fermait à clé, et aucun invité n’avait encore osé essayer de forcer la porte. Ce n’était de toute façon pas vraiment conseillé…

- C’est une excellente idée, merci …

Le mutant releva les yeux quand Pietra prit le soin de l’appeler par son prénom en début de phrase. Il vit immédiatement qu’il y avait un certain malaise dans l’aura de la jeune femme, et il comprit ensuite pourquoi : évidemment, prendre ses pilules étaient dangereux. Il avait eu écho de mutants subissant des effets secondaires désagréables, et surtout de cette rumeur persistante sur le caractère addictif du médicament. Il entendait bien les inquiétudes de Pietra, elle n’était pas la seule à les avoir : Sheldon lui avait tenu le même discours quant aux risques qu’il prenait avec ce genre de précaution. Ça le faisait doucement rire, un peu amèrement aussi : c’était le chef de l’organisation lui-même qui lui avait confié la délicate mission de s’approcher de De maggio et de son empire occulte, considérant que le motiopathe était le plus à même à la fois de séduire le vendeur d’arme et pour passer entre les mailles fines du filet de ses fréquentations. Bien sur, Sheldon n'avait pas pu prévoir que durant ce laps de temps, Malachi perdrait sa femme, gagnerait un rejeton et verrait plusieurs de ses amis proches mourir. Pour autant, cette mission était bien trop importante pour qu’il la laisse tomber si proche du but. L’étau se resserrait autour des secrets du chasseur, que le mutant avait effleuré plusieurs fois du doigt sans pour autant les saisir : il fallait jouer de patience, c’est surement pour cela qu’on avait pas confié cette mission à quelqu’un de plus jeune, de plus fougueux. Malachi était prudent, parfois trop, mais c’était ça qui l’avait maintenu en vie jusqu’à présent.

- Cette mission est tout aussi importante, Pietra… Si on arrive à bout de tout ça, j’aurai accès à toutes les informations que possède l’empire Demaggio, ses documents de prospectives, de recherches, les dossiers qu’ils ont monté sur les mutants avec les laboratoires Caesar et Holgersen … On apprendra peut être où sont enfermés leurs cobayes, des mutants qui n’ont pas vu la lumière du jour depuis des semaines, de mois, peut être des années … Il y a bien trop de choses en jeu pour avoir peur d’une simple prise de Up … Et puis j’ai un environnement suffisamment attentif pour qu’il m’empêche de sombrer, j’en suis sur… Que cela soit de mon plein gré ou non, n’est ce pas ?

Il rendit un sourire bref à la jeune femme alors qu’elle posait sa main sur son genou : il y aurait toujours un de ses proches pour s’inquiéter d’un changement de comportement. Et puis, ils étaient au moins deux à savoir ce qu’il comptait faire, elle et Sheldon. Ils sauraient tirer la sonnette d’alarme en temps voulu. Il se racla la gorge, avant de reprendre :

- Et puis, tu sais, j’ai déjà réfléchi à l’éventualité qu’il m’arrive quelque chose … Je ne suis pas naif, ça peut me tomber dessus à n’importe quel moment une fois là bas, et mon pouvoir ne me sauvera jamais d’une balle dans la tête … J’en ai discuté avec mes parents, et ils sont d’accord pour laisser le manoir à Sheldon, en viager, histoire qu’il puisse continuer à être un sanctuaire pour les mutants qui en ont besoin, même si je viens un jour à disparaitre … Ma sœur n’était pas vraiment pour, tu t’en doute bien, mais au regard de ce que je fais pour son fils, elle n’a pas vraiment eu le droit au chapitre… Je suppose que les Kovalainen reprendront la maison, ou peut être Sheldon lui-même, je sais pas … En tout cas tous les papiers sont déjà passés entre les mains du notaire, juste au cas où …

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Malachi Porter & Pietra Nelson-Byrd

« J’ai déjà un fils thérapeutique, on ne peut pas faire mieux je pense. » Pietra sourit poliment aux propos de Malachi mais ne répondit rien. Elle ne comprenait pas comment un enfant bruyant et agité pouvait être plus thérapeutique qu’un chiot – certes la bestiole serait toute aussi énergétique, mais nettement plus mignonne et moins épuisante. D’un autre côté l’instinct maternel n’avait jamais fait partie de sa personnalité, et si elle n’en détestait pas les enfants pour autant, elle était bien consciente que leur attrait lui échappait. Au moins le mutant n’avait-il pas tenté de la faire jouer avec un bambin pour la consoler de ce qu’elle avait fait à Seth ; l’idée de se retrouver avec des traces de morve et des mystérieux résidus collants qui semblaient constamment suer des pores des enfants sur ses vêtements suffisait à la rendre encore plus tendue. Si l’on pouvait respecter sa façon d’être, elle en ferait de même, et n’allait pas remettre en doute que Peter puisse réellement aider son père adoptif à supporter les multiples malheurs que la vie venait de le faire encaisser. Aussi redirigea-t-elle rapidement le sujet sur les gélules, tandis que le poids rassurant du museau du dalmatien sur sa jambe l’empêchait de trop penser au malade qu’elle avait dû trainer jusqu’ici il y avait si peu de temps. Dans les jours qui suivraient, peut-être demanderait-elle à lui rendre visite, voir quel effet sa présence aurait sur l’esprit de Seth et sa convalescence. Voir s’il pouvait lui parler, s’ils pouvaient retrouver la complicité facile de leur amitié, ou si le NH24 avait tout fait voler en éclats. Elle ne savait pas ce qui serait pire : que le mutant ne revienne jamais à lui, ou qu’il le fasse mais que leur relation soit à jamais ruinée par ce qui s’était passé ce soir-là. Mieux valait ne pas y penser, sans doute ; pour l’instant, il était encore trop tôt pour que la question de la remise en état soit réellement sur le tapis. Tout ce qu’elle pouvait faire était se concentrer sur les évènements en son contrôle – en ce cas-ci, la vente d’Up à l’homme en face d’elle, qui détaillait rapidement ses instructions.

La mutante balaya le remerciement de Malachi d’un geste de la main, surtout rassurée de vendre l’Up à quelqu’un qui lirait sa notice, plutôt qu’un inconscient qui se croirait plus intelligent ou plus fort que la chimie de l’anti-vaccin. La dernière chose dont la résistant avait besoin, c’était que l’homme se retrouve accro aux gélules, incapable d’accomplir sa mission comme de protéger les mutants qui se trouvaient refuge dans son manoir. Mais le motiopathe ne lui était jamais apparu comme un être empli d’une hubris qui le conduirait à sa perte ; elle s’inquiétait d’ailleurs plutôt que ce soit sa gentillesse qui finirait par le perdre, ainsi que son sens du devoir. Qu’il soit prêt à se sacrifier pour la cause, elle le comprenait parfaitement – elle en ferait de même sans hésiter – et n’irait pas critique ses sentiments. Seulement, elle et le gallois avaient pris des postes entièrement différents dans cette guerre civile, et celui de l’autre lui semblait bien moins propre à une mort en martyre que le sien. Si elle mourrait, Seth continuerait à fournir Insurgency ce qu’il fallait pour continuer la résistance ; Mikaël partirait en mission seul ou avec un nouveau soldat formé par ses soins ; Rhaena mènerait les interrogations, surveillée par Andreas ou un autre aîné, mais elle apprendrait bien vite à parfaire son don. Elle n’était pas irremplaçable, et c’était tant mieux : savoir que sa mort ne signifierait pas la fin de sa cause la rassurait, lui offrait un courage et une détermination qui lui aurait peut-être manqué sans. Mais Malachi, c’était autre chose… Peut-être bien trouverait-on un autre lieu de sûreté pour les mutants réfugiés, mais quelles seraient les chances que leur protecteur possède une mutation aussi utile pour calmer leurs terreurs et dissuader les Hunters suspicieux ? Ce même don lui permit sans doute de deviner le malaise de la jeune femme, puisqu’il entama d’une voix douce : « Cette mission est tout aussi importante, Pietra… Si on arrive à bout de tout ça, j’aurai accès à toutes les informations que possède l’empire DeMaggio, ses documents de prospectives, de recherches, les dossiers qu’ils ont monté sur les mutants avec les laboratoires Caesar et Holgersen… »

La brune ne dit rien, continuant à l’écouter respectueusement. Ce fut surtout la mention des mutants emprisonnés qui retint son attention, suscitant en elle un élan de compassion et de culpabilité mélangé. Il avait raison, laisser s’échapper ce qui serait peut-être leur meilleure chance de secourir leurs camarades torturés et séquestrés depuis trop longtemps était égoïste, cruel même. Et puis… Si quelqu’un avait réussi à mener cette mission l’année dernière, si le laboratoire où sa sœur avait été retenue avait été découvert et détruit par les résistances mutantes… Peut-être ne serait-elle pas six pieds sous terre aujourd’hui. Peut-être aurait-elle pu revoir Gee’ bien plus tôt, dans des circonstances bien meilleures. Si elle pouvait écourter ou même épargner une telle douleur à d’autres, les risques en valaient la peine. « … Et puis j’ai un environnement suffisamment attentif pour qu’il m’empêche de sombrer, j’en suis sûr… Que cela soit de mon plein gré ou non, n’est ce pas ? » conclut Malachi avec un sourire. Pietra eut un petit rire, et acquiesça. « Au premier signe d’addiction tu risques de te retrouver voisin de lit avec Seth, te voilà prévenu. » C’était dit sur le ton de la plaisanterie, mais la légèreté apparente de son propos cachait une réelle inquiétude. Trop peu de gens étaient au courant de ce que le mutant comptait faire – elle-même ne le savait que parce qu’il avait bien dû lui justifier sa demande d’Up, et elle s’imaginait aisément que le secret devait être maintenu même au sein de leurs organisations. La révélation ne se ferait que dans deux cas : en cas de succès de la mission, comme de son échec. Il faudrait bien expliquer à Uprising et Insurgency ce qu’était advenu du Porter, si celui-ci venait à disparaître… ou pire.

Visiblement ce dernier avait à nouveau suivit le cours de sa pensée, puisqu’il commença à tenter de la rassurer sur ce qui se passerait s’il ne survivait pas à sa mission. Pietra secoua sa tête, n’écoutant qu’à moitié ce qu’on lui disait. Sa main se resserra sur le genou de Malachi, le forçant finalement à se taire. « Je ne veux pas savoir. » dit-elle fermement. « Si ça peut te rassurer de savoir que des mesures sont en place, tant mieux. Mais en ce qui me concerne, l’éventualité n’est même pas à considérer tant que tu es encore debout, devant moi. » Elle fixa l’homme de son regard vert, cherchant à lui communiquer la force de son ressenti. « Ne me force pas à t’ordonner de revenir de cette mission vivant, coûte que coûte. » Ils savaient l’un comme l’autre que cela ne marcherait pas, et la jeune femme n’y pensait pas sérieusement, mais c’était une question de principe. Elle détestait les ‘s’il m’arrive’, les ‘si cela tourne mal’ et autre considérations qu’elle avait entendues tant de fois de la part de ses collègues. Il fallait bien prévoir un plan de secours, certes ; mais elle se refusait à parler de la défaite avant d’avoir même livré le combat. Le moment d’intensité passé, un léger sourire se traça sur ses lèvres et elle retira sa main du genou de Malachi, venant le poser à la place sur le dalmatien qui battit faiblement la queue.

You actually look good without all that blood in your face...

Malachi sursauta presque quand la main de Pietra vint s’abattre sur son genou, soudain bien sérieuse alors qu’elle plaisantait avec lui pourtant quelque secondes auparavant. Ça lui paraissait toujours un peu étrange que l’on s’inquiète pour lui, puisque c’était plutôt lui qui s’inquiétait pour les autres, la plupart du temps. Il avait du mal à envisager que son rôle puisse être aussi … déterminant pour les uprisings, et pour les mutants de la ville en général. Pendant longtemps, il s’était plutôt vu comme un espèce de planqué, bien en sécurité derrière ses murs, sans se rendre compte de l’importance que son refuge à présent pour les mutants de toute la région. C’était bien là le défaut et la qualité principale de Malachi, cette espèce d’humilité innocente, à la limite parfois de la candeur. Il fit de son mieux pour ne pas rougir de la main de la jeune femme sur son genou et de ce contact tout à fait inopiné, insistant malgré tout :

- Que tu veuilles savoir ou pas, il n’en demeure pas moins que c’est important. Et que c’est une possibilité que l’on ne peut pas occulter uniquement par le pouvoir de l’optimisme.

Pourtant optimiste, il l’était, plutôt deux fois qu’une en général. Mais là, il jouait dans la cour des grands, des très grands même, à tenter de rouler le patriarche des De Maggio. Rafael était plus qu’un adversaire de taille : il était de ces chasseurs capables de lui mettre une balle dans la tête sans sommation, sans qu’il ait même le temps d’utiliser son don sur lui pour le neutraliser. Il était surement un bien trop gros poisson pour lui d’ailleurs, mais si Sheldon lui avait confié cette mission, il ne pouvait pas le décevoir. Il devait aller jusqu’au bout, quoi qu’il arrive. Il sourit un peu nerveusement à la dernière remarque de la jeune femme passa sa main sur sa nuque comme pour dissimuler sa gêne :

- Si tu pouvais m’ordonner de faire repousser ma jambe pour courir plus vite et me donner la patience de suivre au moins une fois les cours de self défense d’Hartman, ça ne pourrait pas me faire du mal… Mais je crois que même ton pouvoir ne suffirait pas à m’empêcher d’avoir des envies de meurtres dès lors qu’il entre dans mon champ de vision …

L’inimité entre Malachi et Mikael était tellement évidente qu’elle était presque devenue sujet à plaisanterie entre les membres de l’organisation. Il n’y avait bien que le respect qu’ils avaient tous les deux pour leurs amis communs et pour la cause qui l’empêchaient de s’écharper en bonne et due forme. Mikael avait cette capacité exceptionnelle à pouvoir exaspérer Malachi plus vite encore qu’une bande de lycéens déchainés. Et pourtant la patience du motiopathe était proverbiale. Le mutant secoua la tête comme pour s’ôter une image désagréable de l’esprit, puis se reconcentra sur la jeune femme :

- Si tu veux tenter de venir voir Seth à la maison à l’occasion, n’hésite surtout pas, même si je ne suis pas là. Il est rare que le manoir soit totalement vide de nos jours. Tu pourras peut être rencontrer Elsa.

Il était vrai qu’en dehors de ses rares sorties avec son frère, la jeune Segelbacher était presque constamment à la maison, et était presque devenue la maitresse des lieux sans même s’en rendre compte, alors que les pensionnaires du manoir s’habituaient à sa présence toute en douceur et en discrétion. Un petit sourire était apparu sur les lèvres du mutant sans même qu’il ne s’en rende compte à la mention de la jeune femme. Sur ces mots, Malachi se redressa de son canapé, prêt à raccompagner la jeune femme jusqu’à la porte si elle n’avait rien d’autre à lui demander …

» "Qu'ai-je fait ici-bas ? J'étais fait pour vivre, et je meurs sans avoir vécu"
» Je vais voir ailleurs s'il fait plus beau :heart:
» « Qui fait le malin tombe dans le ravin. Qui fait la maligne tombe sur la... [compléter à l'aide de la proposition de votre choix] »
» Cassandre >> "On dit que le temps change les choses, mais en fait le temps ne fait que passer et nous devons changer les choses nous-mêmes"
» autour du feu.

Ca fait bizarre de te voir sans l'apocalypse autour ~ Pietralachi

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