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 (event, alejlin) and nothing else matters

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Valentina Sandrelli
Valentina Sandrelli

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SUR TH DEPUIS : 25/06/2015
MessageSujet: (event, alejlin) and nothing else matters    (event, alejlin) and nothing else matters  Icon_minitimeJeu 10 Mar 2016 - 22:47

Elle n’allait pas mentir, elle était inquiète. Depuis qu’elle avait entendu la première explosion retentir à travers la ville, jusqu’à en faire trembler les murs de sa salle de classe, elle s’était rongé les sangs. Pour toutes les personnes qu’elle connaissait en ville, même celles dont elle était persuadée qu’elle se fichait … Elle s’était inquiétée. Même pour sa sœur, c’était dire ! Et bien sûr, pour Alejandro. Quand elle avait reçu son sms, elle avait paniqué, elle n’avait pas réfléchi. Elle avait laissé tombé tout ce qu’elle faisait, avait attrapé sa veste et elle s’était quasiment précipitée vers l’hôpital. Comme des centaines de gens en même temps, elle s’était retrouvée prise dans des embouteillages monstrueux, qui lui avaient tout de même donné le temps de discuter suffisamment longtemps avec Alej par sms pour se rassurer sur son état : il lui avait déblatérer un tel nombre de conneries qu’il ne pouvait pas être si mal que ça. Il était bien vivant et son cerveau d’hispanique retardé semblait égal à lui-même. Mais il y avait sa sœur. La première chose qu’il lui avait annoncé, c’était la mort de sa sœur. Elle ne savait pas grand-chose sur elle, ou sur la relation qu’il avait avec elle, mais … C’était comme Letha et elle. Malgré la montagne de difficultés et d’embrouilles qu’il pouvait y avoir entre elles, elle restait sa sœur, et Cait aurait été peinée d’apprendre sa mort. Elle aurait préféré être avec quelqu’un pour oublier ce fait un peu trop douloureux, et pour éviter d’y penser.

Elle ignorait dans quel état elle allait trouver Alejandro à l’hôpital, mais Caitlin était certaine d’une chose : elle n’allait pas le lâcher d’aussi tôt. Ou en tout cas, pas avant de s’être assurée qu’il allait bien. Cet imbécile allait faire le fanfaron, sans aucun doute, mais il venait de traverser une épreuve et elle voulait … D’une certaine manière … Etre là pour lui. Même si elle ne savait pas où ils en étaient dans leur relation. Au moins, il pourrait la maudire, la traiter de tous les noms, ça le détournerait de ses quatre murs trop blancs – et peut-être de sa douleur, aussi. Arrivée dans le hall, après avoir bataillé pendant encore une bonne demi-heure au milieu de la foule de gens cherchant des proches blessés ou disparus, elle fut enfin dirigée vers une chambre (ou plutôt un box) où le Velasquez avait été admis. Elle s’arrêta juste devant le rideau, inspira profondément, puis le repoussa d’une main ferme, et entra dans le petit espace où se tenait le lit d’Alejandro … Ainsi qu’Alejandro. « Alors, cette égratignure ? » Fit-elle d’un ton détaché. Elle ne s’inquiétait pas pour lui, hein, pas vraiment. Si elle faisait suffisamment bien semblant, elle allait peut-être même s’en convaincre elle-même. Elle brandit une boîte de chocolat en forme de cœur, qu’elle avait acheté à la boutique de l’hôpital juste avant de monter le voir. Kitsch à souhait, il allait pouvoir s’en donner à cœur joie, mais elle n’avait rien trouvé d’autre, tout avait été dévalisé. « Je me suis dit que tu aurais besoin d’un remontant, mais j’ai pas trouvé de tequila sur mon chemin … » Lança-t-elle avec un sourire un peu moqueur.
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Jedikiah Grimwood
Jedikiah Grimwood

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MessageSujet: Re: (event, alejlin) and nothing else matters    (event, alejlin) and nothing else matters  Icon_minitimeVen 11 Mar 2016 - 0:00


La douleur. C’est la première chose que je perçois lorsque je reprends conscience. Une douleur aiguë, une douleur qui n’est pas sans me rappeler ma première grosse blessure. La douleur. Omniprésente. Anesthésiante. J’en oublie ce que je fous là, j’en oublie l’explosion, j’en oublie Rosa, j’en oublie son absence, j’en oublie la douleur. C’est con mais c’est comme ça : la douleur qui parcourt ma jambe, remonte dans mon torse, hurle en symphonie avec mes muscles et ces coupures qui tirent chacun des traits de mon visage, la douleur qui pulse dans mes veines, siffle à mes oreilles, est bien trop intense pour que mon cerveau puisse la gérer et comme une lame chauffée au fer blanc, elle disparaît. Et la douleur revient. Brûlante. Pour s’amoindrir, étouffée, lentement. J’ouvre un œil, dans un grognement, tous mes réflexes veulent m’aider à me lever, une main se pose sur mon épaule pour m’inviter à rester à allonger. Tous mes muscles tremblent, conséquence d’une crise post-vaccination : je suis incapable de faire à nouveau un mouvement, je peux seulement regarder autour de moi, regarder l’effervescence des couloirs, regarder les murs aseptisés, regarder celle qui s’occupe de moi, qui m’injecte quelque chose dans les veines, qui ajuste une perfusion.

Je suis rarement hospitalisé. Déjà parce que je ne suis pas du genre à me faire avoir, ensuite parce qu’en général, je me débrouille pour me recoudre comme un grand, pour me soigner comme un grand, pour boire une gorgée de whisky et verser le reste sur la plaie. On peut me traiter de pas mal de chose, en particulier de bourrin, mais pas de chochotte. Ça non. Je suis rarement hospitalisé et inutile de précise que ça m’insupporte. Que je déteste ça. Que je cracherais bien sur les murs pour les rendre moins propres et moins… moins eux. Mais pour le moment, tout ce que je parviens à faire, c’est ça émettre un grognement. Et à bouger un bras : celui qui est libre de perfusion. L’infirmier me bave des banalités, je ne lui accorde aucun intérêt : mes pensées ne vont que vers une seule personne. Pourvu qu’elle soit en sécurité, pourvu qu’elle… Mes doigts tremblent lorsqu’ils composent le SMS, je lutte même contre mes réflexes hispaniques. Sa réponse ne tarde pas, la discussion dégénère mais c’est bien la seule chose qui me permet de me concentrer pour passer outre la douleur qui continue à pulser. Je me sens seul, effroyablement seul. Et lorsqu’elle cesse de répondre, je lâche mon portable et me laisse retomber sur les coussins. Avant de me redresser vraiment, dans un grognement. Mon torse n’a rien : le gilet pare-balle a encaissé le principal, mais mes muscles sont perclus de courbature. Je compte me barrer de là. Pour pas que Cait’ me voie comme ça, déjà, pour échapper à cette atmosphère ensuite. Mais le problème se pose lorsque je tire la couverture qui cache ma jambe prise en main pendant mon inconscience.

Je me rallonge, temporairement vaincu. Et obligé de rester seul avec mes pensées, puisque Cait’ ne me répond pas. Ne répond plus. Rosa. Elle ne répondra plus non plus. Cette petite conne. Cette petite morveuse. Aussi chiante que moi. Aussi têtue que moi. Presque aussi douée que moi. Ma petite sœur. Je ne pensais pas m’y être attaché, alors qu’il y a quelques mois, en l’apprenant mutante, je n’avais pas hésité plus que ça à la mettre en joue avec la précision du sniper que j’étais. J’avais été prêt à la buter, et voilà qu’elle est morte. Un bruit me force à relever la tête, un sourire naît sur mes lèvres dans un soupir exaspéré. Je lui ai dit de ne pas venir. « Alors, cette égratignure ? » J’arque un sourcil, essayant de m’asseoir et de caler les coussins dans mon dos pour ne pas être trop allongé. La boîte de chocolat qu’elle brandit fait diversion pour que je n’aie pas à répondre. Une boîte. De chocolat. En forme de cœur. « Je me suis dit que tu aurais besoin d’un remontant, mais j’ai pas trouvé de tequila sur mon chemin … » Un vrai sourire réapparait sur mes lèvres. Ça me tue de l’admettre, mais sa présence… m’apaise ? Me soulager ? M’occupe. Je tends la main. « Putain, t’es venue m’achever en fait ? » Mon ton moqueur souffle ce que je ne veux pas dire. Un merci que mon ego m’empêche de prononcer, même sous la morphine. « Tu vois, je suis encore en un seul morceau, il ne fallait pas paniquer. C’est la merde, là bas, non ? Tu sais ce qu’il s’est passé ? » Qui sont les responsables.

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Valentina Sandrelli
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MessageSujet: Re: (event, alejlin) and nothing else matters    (event, alejlin) and nothing else matters  Icon_minitimeSam 12 Mar 2016 - 0:07

Caitlin avait évité de le regarder directement en entrant dans le box où il était couché, mais elle ne pouvait pas le faire éternellement, et elle posa enfin ses yeux sur Alejandro. La première chose qui lui vint à l’esprit fut qu’il avait vraiment une sale tête, et son cœur se serra. Une égratignure, quelle connerie ! Elle savait qu’il avait minimisé la gravité de ses blessures, comme à son habitude, mais elle ne s’était tout de même pas attendue à ça. Depuis qu’ils se connaissaient, elle l’avait très rarement vu diminué. Il était trop doué dans ce qu’il faisait pour risquer les blessures sérieuses, et il avait été trop blessé par le passé pour se jeter dans le danger sans réfléchir. En fait, la seule véritable fois où elle l’avait vu souffrir, c’était quand elle l’avait fait vacciner. Elle ne pouvait nier qu’elle avait frémi en contemplant sa douleur en face – et en étant celle qui l’avait causée – mais elle avait dormi tout à fait tranquillement avec ça sur la conscience par la suite. C’était une douleur passagère, nécessaire. Il s’en remettrait. Aujourd’hui c’était différent. Il avait été blessé, sérieusement blessé, lors d’un attentat en plein centre ville, où des dizaines de gens étaient morts ou disparus. Elle avait compris sur le chemin qu’elle avait une chance inouïe de pouvoir échanger des sms avec lui, alors que sa radio débitait des messages faisant sans cesse augmenter le nombre de morts. Il s’en était bien sorti parce qu’il était vivant, mais à côté de ça, il était sacrément amoché. Et il avait perdu sa sœur. Si ça n’avait tenu qu’à elle, Cait se serait glissée immédiatement à côté de lui, dans le lit, pour se lover contre lui et le serrer contre elle. Pour sentir sa chaleur, la vie qui pulsait en lui, et pour lui apporter un peu de réconfort. Hors de question, évidemment. Mais l’idée lui avait traversé la tête.

Caitlin détourna son regard des perfusions et des pansements d’Alejandro, repoussant loin dans son esprit tout apitoiement. Il ne la laisserait jamais s’apitoyer sur son sort, elle n’était pas venue pour ça. Mais elle fut récompensée par un sourire, un vrai sourire, qui s’étala sur les lèvres d’Alejandro quand elle lui montra la boîte de chocolats. Gagné. Maintenant quoi qu’il puisse dire, elle savait qu’elle avait bien fait de venir. « Ouais, je viens abréger tes souffrances, c’est le moins que je puisse faire pour toi. » Fit-elle, moqueuse. Elle déposa la boîte de chocolats sur la table de chevet à côté de lui, et l’ouvrit pour piocher une des petites bouchées enrobées de papier brillant. « Je suppose qu’ils vont te nourrir, tu n’as pas besoin de ça tout de suite ? Moi je suis venue tellement vite que je n’ai pas pu déjeuner. » Et elle avala le chocolat sans attendre sa permission, un sourire innocent aux lèvres. Elle haussa les épaules d’un geste nonchalant quand il parla de panique. Elle avait paniqué, bien entendu, mais elle ne lui ferait pas le plaisir de discuter ce point. Ils savaient tous les deux ce qu’il en était réellement. « C’est la merde, ouais. Deux bombes, et la dernière fois que j’ai écouté la radio ils en étaient à 43 morts. » Elle grimaça. Ils abordaient le sujet sensible. « Apparemment, c’est un hunter qui aurait fait ça, pour tuer Saddler. Je crois qu’elle s’en est sortie. » Elle se fichait pas mal du sort de cette gamine, elle était plus concernée par tous les innocents qui avaient péri de la main d’un hunter. « Un hunter, putain. A quoi est-ce qu’il pensait ? Ca va faire le jeu de Saddler dès son premier jour. » Elle ne croyait pas que la petite blonde qui leur servait de nouveau maire ait pu orchestrer tout ça, d’autant plus que les rumeurs sur l’identité du poseur de bombes provenaient des hunters eux-mêmes. « T’as eu de la chance. » Elle n’avait pas pu s’en empêcher. Elle était heureuse qu’il soit vivant et il fallait qu’elle l’exprime, d’une façon ou d’une autre.
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Jedikiah Grimwood
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MessageSujet: Re: (event, alejlin) and nothing else matters    (event, alejlin) and nothing else matters  Icon_minitimeDim 13 Mar 2016 - 11:53


Je ne l’avouerais jamais. Il est hors de question que je l’avoue à quiconque et encore moins à la principale concernée. Mais à l’instant où Caitlin apparaît dans le mini coin qu’on m’a aménagé, je souris et je me rends compte qu’elle a bien fait de venir. Parce que la voir en forme, la voir indemne, la voir tout simplement, c’est tout ce dont j’ai besoin actuellement. L’évidence est là, devant mes yeux, aussi incongrue qu’une once d’héroïsme chez un meurtrier : je n’aurais pas supporté qu’il lui soit arrivé quoique ce soit. Mon soupir exaspéré, au final, n’est là que pour en vouloir à son obstination, mon sourcil qui s’arque et qui refuse de répondre n’est qu’une réaction automatique à ce genre de remarque. Et lorsque j’avise la boîte de chocolat qu’elle brandit et sa justification aussi ridicule que parfaite, mon sourire s’affirme sur mes lèvres puisqu’il a désormais une légitimité certaine. Ma remarque et ma main tendue parlent pour moi alors que je tente d’ignorer le regard qu’elle a posé sur ma sale tronche et sur la tête de mes blessures. Plus de peur que de mal pour l’ensemble, plus effrayant que réellement dérangeant en résumé, il n’y a que ma jambe qui soit vraiment en sale état. Je crois. Mon arcade sourcilière explosée n’est qu’un détail en comparaison du moins. Elle est venue m’achever, mais je n’arrive pas encore à déterminer comment. « Ouais, je viens abréger tes souffrances, c’est le moins que je puisse faire pour toi. » Je me redresse davantage sur mes coudes, répondant par un sourire aussi moqueur que sa voix. « Trop aimable… » Je raille, sans parvenir à la quitter des yeux. Je n’arrive pas à m’en empêcher, j’essaye de chercher la moindre égratignure qu’elle m’aurait cachée. Rosa est morte. « Je suppose qu’ils vont te nourrir, tu n’as pas besoin de ça tout de suite ? Moi je suis venue tellement vite que je n’ai pas pu déjeuner. » Je lève les yeux au ciel. « C’est ça, tu attends que je te plaigne peut être ? » Sa présence, ses railleries et les miennes, ça tient un peu à distance l’explosion, les yeux vitreux de ma sœur et la douleur. Un peu. Et je me force à parler pour garder tout ça au loin malgré l’inéluctabilité de la prise de conscience. Ca ne servait à rien de paniquer : même moi je n’y crois pas. Parce que sans nouvelle d’elle, je ne sais pas comment j’aurais réagi. Mais le second point que j’aborde… je perds toute moquerie pour m’intéresser très sérieusement à sa réponse. « C’est la merde, ouais. Deux bombes, et la dernière fois que j’ai écouté la radio ils en étaient à 43 morts. Apparemment, c’est un hunter qui aurait fait ça, pour tuer Saddler. Je crois qu’elle s’en est sortie. Un hunter, putain. A quoi est-ce qu’il pensait ? Ca va faire le jeu de Saddler dès son premier jour. » Je crois que je pâlis. Je crois vraiment que je blêmis. Je ferme les yeux, tente de me passer une main sur le visage. « Putain… tu te fous de ma gueule ? » Des Hunters. Des petits cons surtout. Je n’ai jamais été contre le meurtre en masse des mutants, même si de base, je suis plutôt partant pour les éliminer les uns après les autres relativement proprement et en commençant par les plus dangereux. Mais là, on ne parle pas de mutants. On parle d’humains lambdas, on parle de moi, on parle de ma sœur, on parle de… « T’as eu de la chance. » Je rouvre instantanément les yeux pour les poser sur Caitlin. « Je sais. » Je ne réfléchis pas avant de répondre. Si j’ai eu de la chance ? « C’est à ça que ça se joue, maintenant, la chasse ? On balance une bombe et on croise les doigts pour que les humains aient de la chance et que les dégénérés n’en aient pas ? » Je siffle entre mes dents une colère qui enfle. « Tu connais l’identité du petit con qui a fait ça ? Il aurait pas pu songer à nous avertir ? J’aurai tenu Rosa loin de ça, j’aurai… » J’inspire pour me calmer. Sans trop d’efficacité. « Je vais le buter, Caitlin. J’en ai rien à carrer que ce soit un Hunter, j’en ai rien à carrer des Hunters, même. Mais je vais le buter, lentement. » Je secoue la tête, incapable de contenir ma colère. Elle n’aurait jamais dû venir, elle n’aurait jamais dû me dire ça, putain. Parce qu’elle est actuellement la seule à laquelle je puisse m’en prendre. Je me redresse un peu plus encore. « T'avais été prévenue, toi ? » Question conne, je sais, mais j'ai besoin d'en être sûr.

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Valentina Sandrelli
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MessageSujet: Re: (event, alejlin) and nothing else matters    (event, alejlin) and nothing else matters  Icon_minitimeSam 19 Mar 2016 - 17:54

Caitlin était mal à l’aise, vraiment. Pourtant, ce n’était pas son genre, surtout pas en présence d’Alejandro, mais il y avait trop de paramètres qu’elle n’avait pas l’habitude de gérer avec lui. Leur relation avait toujours été simple, malgré les prises de tête et la vaccination. Là, il y avait cette peur soudaine de l’avoir perdu – pour de bon, pas juste éloigné d’elle comme elle avait pu le faire avec le NH25 – et surtout, la mort de sa petite sœur. Elle pouvait faire comme si elle n’avait pas eu peur pour lui, tout comme il faisait très bien semblant de n’avoir pas été une seconde inquiet pour elle. C’était tellement plus simple comme ça ! Et ils savaient tous les deux la vérité, alors ils n’avaient pas besoin de la dire à haute voix. Mais la mort de Rosa … Caitlin ne voulait pas aborder ce sujet, et elle redoutait le moment où Alej le ramènerait sur le tapis. A moins qu’il ne le fasse pas, auquel cas elle serait forcée d’y venir elle-même. Parce qu’ils ne pouvaient pas faire comme si ça n’était pas arrivé, n’est-ce pas ? Il faudrait en parler. Extérioriser, pour commencer le deuil. Et le deuil d’Alejandro, c’était une chose inédite pour Caitlin … Une chose effrayante, aussi. Il n’était pas homme à montrer facilement ses sentiments, et si elle était du genre à le pousser constamment pour qu’il s’exprime plus, la situation était bien loin de leurs jeux habituels …

En attendant que le cœur du problème ne soit abordé, même de loin, ils gardaient leurs vieilles habitudes, et ça convenait très bien à Cait. Mais même quelques piques envoyées en guise d’amuse-bouche ne permettaient pas de repousser très longtemps la réalité. La question d’Alejandro sur l’attentat les replongea immédiatement dans une humeur bien plus morose, et Cait regretta presque de lui avoir parlé des rumeurs qu’elle avait entendues. Elle aurait peut-être du se cantonner à ce qu’elle avait entendu à la radio, comme quoi on ne savait pas qui avait posé les bombes … Elle le vit blêmir, puis ses traits se durcirent, et elle cru qu’il allait se lever pour chercher une arme et se mettre en chasse immédiatement. Le mettre en colère comme ça, alors qu’il était blessé et pas en forme, ce n’était franchement pas une bonne idée. « Je sais pas qui a fait ça. Il a sûrement agi seul, sans en parler à personne, parce qu’il n’aurait jamais eu l’aval de qui que ce soit. C’était pas un attentat contre les mutants, c’était juste contre Saddler. Toutes les autres victimes, il en avait rien à foutre, sinon il aurait jamais fait ça comme ça. » Du moins, c’était ce qu’elle supposait, à partir du peu qu’elle savait. Elle ne pouvait pas croire que les hunters puissent valider une telle action. Faire exploser un lieu empli de mutants, oui. Mais un lieu public, où la majorité devait être des gens tout à fait normaux et innocents … Impossible. « Il va avoir pas mal de gens sur le dos. » Lança-t-elle sans vraiment y réfléchir. « Le temps que tu sortes d’ici, j’espère qu’il sera mort. » Elle n’avait pas relevé son imprécation sur les hunters, songeant sans doute qu’il disait ça sous le coup de la colère. Par contre, elle releva très bien le sous-entendu quand il demanda si elle avait été prévenue. Elle frémit de rage, ulcérée qu’il ait pu songer à une chose pareille. « Tu crois que j’étais au courant ? » Fit-elle d’une voix vibrante de colère. « Tu crois que j’ai été impliquée dans cette boucherie ? Que j’aurais laissé tous ces gens mourir sans rien faire ? » Elle s’approcha et l’attrapa par le devant de son t-shirt, qu’elle tordit entre ses doigts en le tirant vers elle. « Si j’avais su quoi que ce soit, tu aurais été le premier au courant, et j’aurais fait n’importe quoi pour arrêter le connard qui a posé ses bombes, okay ? » Elle le lâcha en le repoussant contre ses oreillers, et recula de quelques pas, le visage plissé dans une expression douloureuse, et elle se passa une main nerveuse dans les cheveux. « J’arrive pas à croire que … t’ais cru … Putain ! Je suis pas responsable de tous tes malheurs ! Je voulais pas que tu finisses ici, et encore moins que Rosa soit tuée, d’accord ? » Cria-t-elle finalement.
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Jedikiah Grimwood
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MessageSujet: Re: (event, alejlin) and nothing else matters    (event, alejlin) and nothing else matters  Icon_minitimeSam 19 Mar 2016 - 21:00



La situation n’a rien d’agréable. Ce n’est pas que je suis mal à l’aise, c’est plutôt que j’ai du mal à encaisser l’enchaînement des événements avec mon flegme habituel. En général, je suis comme un chat mal nourri qui crache et qui miaule mais qui retombera toujours sur ses pattes, quoiqu’il arrive, quoiqu’il se passe. En général, je m’en sors toujours, avec le sourire, avec un sarcasme, avec une remarque arrogante et avec un naturel déconcertant. En général, je ne termine pas dans un lit d’hôpital, une perfusion dans le bras calmant la douleur latente. En général, enfin… je ne suis pas aussi faible face à une tierce personne et encore moins face à Caitlin. Diminué, épuisé, immobilisé, je me sens vulnérable et pathétique. Et faible, putain, bien trop faible pour lui tenir tête, pour être celui que je suis habituellement, pour… La discussion suit son cheminement habituel, je m’y accroche comme un désespéré pour expulser au loin les événements récents et y penser le moins possible. J’encaisserai plus tard, en attendant je savoure le simple fait d’être en vie et que Caitlin n’ait rien. Rosa. Je serre les dents, je me concentre sur ce qu’on dit, sur ce qu’elle dit. Un Hunter. Responsable. Mon sang ne fait qu’un tour, la vengeance acidifie mes veines, s’impose à mon esprit dans une colère brutale. Un hunter. La prise de conscience arrive. De plus en plus vite. L’impact va être douloureux. Je n’en ai longtemps eu rien à faire de ma famille. Le seul qu’il valait le coup, dans ma fratrie, c’était Julian, de onze mois mon cadet, mon frère, l’intelligent, le posé, le calme de la famille. Les autres… ce n’était que des poids morts, des gamins geignards. L’impact va être douloureux. Parce que je n’ai pas les mioches, mais j’avais appris à apprécier ma sœur. Qui est morte. A cause d’un Hunter. Le constat tombe, dans une colère froide. Je vais buter le connard qui a fait ça. Hunter, Mutant, Humain, je n’en ai rien à faire : qui qu’il soit, je vais l’abattre. Mais pas à distance. Je vais le buter, une balle dans chaque articulation. Je vais éviter les artères et les plus gros vaisseaux, je vais en faire du gruyère avant de lui tirer une balle dans le crâne. « Je sais pas qui a fait ça. Il a sûrement agi seul, sans en parler à personne, parce qu’il n’aurait jamais eu l’aval de qui que ce soit. C’était pas un attentat contre les mutants, c’était juste contre Saddler. Toutes les autres victimes, il en avait rien à foutre, sinon il aurait jamais fait ça comme ça. Il va avoir pas mal de gens sur le dos. Le temps que tu sortes d’ici, j’espère qu’il sera mort. » Je me redresse instantanément. Actuellement, j’en ai rien à faire de ma jambe en charpie, j’en ai rien à faire du sang que j’ai pu perdre, j’en ai rien à faire de tout le reste. Le Hunter responsable, quel qu’il soit, a tué ma sœur. M’a blessé. Il est hors de question que je n’aie pas ma vengeance, il est hors de question que… Je secoue la tête et me redresse davantage lorsqu’un doute s’impose. Stupide. Illogique. Mais néanmoins présent. Ce n’est pas la première fois que je suis victime des Hunters, quand bien même j’en suis un. Egocentrique, arrogant, je me sens viser dans cette attaque comme je l’ai déjà pu être. Et ma question dépasse ma pensée. « Tu crois que j’étais au courant ? » Mon regard se fait aussi dur que le sien. L’évidence est là : non, je ne le crois pas une seule seconde. Mais je me contente d’hausser les épaules. « Tu crois que j’ai été impliquée dans cette boucherie ? Que j’aurais laissé tous ces gens mourir sans rien faire ? » Son geste m’arrache une grimace, je réagis instantanément pour saisir ses poignets. « Si j’avais su quoi que ce soit, tu aurais été le premier au courant, et j’aurais fait n’importe quoi pour arrêter le connard qui a posé ses bombes, okay ? » Pendant un instant, je n’entends pas ce qu’elle dit, je n’arrive qu’à me concentrer sur notre proximité. Mais avant que je ne puisse faire quoique ce soit, elle me renvoie dans mes oreillers sans que je parvienne à l’en empêcher et j’étouffe un grognement. « J’arrive pas à croire que … t’ais cru … Putain ! Je suis pas responsable de tous tes malheurs ! Je voulais pas que tu finisses ici, et encore moins que Rosa soit tuée, d’accord ? » Je m’apprêtais à hurler que… que je ne sais pas quoi mais elle me coupe l’herbe sous le pied. Rosa est morte. L’impact est dur, me cueille enfin au ventre.

Ma sœur est morte. Ma petite sœur est morte. Je me décompose. Je n’ai jamais été très famille. Jamais. Mais ma sœur est morte. Ma petite sœur. Envahissante. Hyperactive. Orgueilleuse. Douée. Insolente. Vulgaire. Susceptible. Radine. Rancunière. Déterminée. Ma petite sœur, bien trop semblable pour que je l’ignore, bien trop… « Je suis désolé, j’aurai pas dû dire ça. » Je crois que je ne l’ai jamais dit. Je crois même que je ne me répèterai pas. Tout est confus dans mon esprit pour la simple raison que je n’arrive pas à réfléchir. Mais je n’y pense plus. « Rosa est morte. » La première bombe explose à mes oreilles. « Putain… » Je serre les poings. Les cheveux roux de Rosa, ma main qui empoigne son bras, la deuxième explosion. Je me redresse, pour terminer assis, ignorant la douleur. « J’étais même pas là quand elle est née. J’étais déjà parti. » Je ne sais pas pourquoi je dis ça. « J’ai failli la tuer une paire de fois, tu sais. Quand Julian m’a dit que c’était une mutante. Mais elle m’a dit qu’elle s’était vaccinée. » Est-ce que j’ai déjà parlé à Cait’ de mon frère ? Certainement pas. Je garde les yeux rivés sur ma jambe. Je hais les mutants, plus que tout. Dangers publics, bombes à retardement. Mais actuellement, je hais les Hunters tout autant. « Mais t’en as sûrement rien à foutre. » Je soupire. Et murmure. « Embrasse-moi. » Lorsque je relève la tête, c’est pour la regarder droit dans les yeux. « Embrasse-moi, Cait’. »

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Valentina Sandrelli
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MessageSujet: Re: (event, alejlin) and nothing else matters    (event, alejlin) and nothing else matters  Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 19:04

Alejandro avait beau être blessé, n’avoir sans doute pas un contrôle total sur les quelques neurones qu’il possédait habituellement, Caitlin ne le laisserait pas sous-entendre une seule seconde qu’elle puisse être lié d’une façon ou d’une autre à cet attentat. Elle n’avait jamais souhaité qu’une chose pareille se produise, et qu’il ait pu songer, même juste un instant, qu’elle pouvait y avoir pris une responsabilité, ça la mettait hors d’elle. Elle avait fait beaucoup de choses pas très recommandables dans sa vie, elle n’était pas une blanche colombe loin de tout péché … Mais il y avait des choses qu’elle ne faisait pas. Et faire sauter un lieu public pour atteindre une seule personne, c’était hors limite. Elle était profondément blessée qu’il ait posé cette question, même si elle savait qu’il l’avait posée sous le coup de la colère et de la douleur. Il l’avait dit, c’était déjà trop, ça signifiait qu’il y avait pensé. Et pendant un instant, elle eut l’impression que ce n’était pas juste une pensée. Quand elle se défendit, la façon dont il la regarda sembla confirmer ses doutes. Il était furieux contre elle, bon sang ! Comment est-ce que c’était possible ? Elle n’était pas responsable, de rien de tout ça. Mais elle prononça le nom de Rosa et elle vit son visage changer. Elle l’avait dit sans y penser, elle aussi, parce qu’elle ne voulait pas être accusée à tord et qu’elle voulait lui faire entendre raison … Ca avait marché. Un peu trop bien, même. Elle écarquilla les yeux en l’entendant s’excuser, et toute colère s’évanouit en elle. Il ne s’excusait jamais, même au temps où ils étaient ensemble. Il faisait en sorte qu’elle comprenne qu’il voulait s’excuser, mais les mots ne franchissaient jamais le seuil de ses lèvres. Alors soit la morphine l’abrutissait plus que de raison, soit il était bien plus affecté par la mort de sa sœur qu’elle ne l’aurait cru … Et en effet. En l’entendant parler ensuite, avouer de cette façon trébuchante et hésitante ces choses qu’il n’avait jamais dites à propos de sa sœur, elle comprit ce qu’il ne disait pas à haute voix. Ce qu’il avait sans doute du mal à s’avouer à lui-même, d’ailleurs. La mort de sa sœur l’avait blessé plus profondément que toutes les marques physiques que les bombes avaient pu avoir sur lui. Il tenait à elle, malgré tout. Caitlin secoua doucement la tête quand il présuma qu’elle n’en avait rien à foutre. C’était tout le contraire. Comme il avait fouillé dans son passé pour en savoir plus sur elle, pour découvrir ce qu’elle lui avait caché, elle voulait en apprendre plus sur lui, sur son passé, sur ses liens avec sa famille. Rien que ces quelques phrases lancées au hasard lui en apprenaient plus que ce qu’elle avait pu savoir pendant toute leur relation, c’était dire. Et cette requête, soudain … Caitlin resta immobile pendant quelques secondes, puis s’approcha du lit. Elle s’assit sur le rebord, précautionneusement – c’était toujours si compliqué avec les fils qui le branchaient de partout ! Il y avait quelque chose en elle qui refusait toujours d’obéir aux ordres d’Alejandro, qui ne voulait plus qu’elle soit ce genre de fille, qui ne voulait plus être dans ce genre de relation. Mais elle laissa de côté ce quelque chose, en se disant que tant qu’il était dans ce lit d’hôpital, elle avait le droit de faire tout ce qu’elle voulait. Tout ce qu’il voulait. Le reste, elle verrait plus tard.

Alors elle l’embrassa. Elle posa sa main sur sa nuque et ses lèvres retrouvèrent les siennes, d’abord doucement, puis avec plus de passion. Il avait beau être couché sur ce lit, à moitié shooté par la morphine et encore sous le coup du choc, c’était Alejandro, et c’était Caitlin … Pas la place pour de petits bisous d’adolescents. Quitte à l’embrasser, elle voulait le faire pleinement, elle voulait le retrouver complètement. Et puis elle recula, mettant fin à ces quelques secondes hors du temps, mais resta assise à côté de lui. « Quand tu as appris qu’elle était mutante, elle était déjà vaccinée ? C’est pour ça que tu ne l’as pas tuée ? » Elle ne voulait pas retourner le couteau dans la plaie, mais elle ne pouvait pas passer à côté d’une telle révélation sans essayer d’en savoir plus. « T’aurais regretté, si tu l’avais tuée toi-même. Même si tu la connaissais pas, c’était ta sœur. Elle est devenue hunter en plus, non ? » Elle glissa sa main sur celle d’Alejandro, hésita rien qu’un bref instant, puis mêla ses doigts aux siens. « Au moins tu as pu profiter d’elle ces derniers mois. » Elle fixait leurs mains, ne releva pas la tête et continua sur sa lancée. « J’avais un frère aîné, qui était hunter. Je le détestais quand j’étais gamine, mais je me suis bien rapprochée de lui quand je suis arrivée aux Etats-Unis, et quand il s’est fait tuer j’étais contente d’avoir pu renouer un lien, même si c’était pas pour longtemps. »
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Jedikiah Grimwood
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MessageSujet: Re: (event, alejlin) and nothing else matters    (event, alejlin) and nothing else matters  Icon_minitimeLun 28 Mar 2016 - 0:06



Toute ma vie, je n’ai toujours été qu’arrogant, égoïste, égocentrique et égocentré. Un tas de mots, un tas d’idées pour n’exprimer qu’une seule chose au final : la seule personne qui m’intéresse, c’est moi-même. Mes intérêts avant les autres, mes désirs avant les autres, dans toutes les situations, c’est toujours moi avant le reste. Dans la rue, c’était la loi du plus fort, ça ne me posait aucun problème d’écraser une main ou de frapper un mioche plus jeune que moi pour récupérer quelques pesos. Dans l’armée, aucune fraternité là non plus. De toute manière, ça ne m’intéressait pas. Toute ma vie, donc, ça n’a toujours été que moi, moi, moi et moi encore. Je ne suis pas un héros, je n’ai jamais prétendu l’être et ça ne m’intéresse pas. Je ne suis même pas un mec sympa ou un mec bien. Des mutants, j’en ai tués une pelletée maintenant, des gosses, des femmes, des vieux, des mecs, des pères, des mères, des tas. Et ça ne va pas m’empêcher de dormir. Je ne me suis jamais soucié d’une personne autre que moi. Avant maintenant. Ma sœur. Morte. La prise de conscience arrive au moment même où Caitlin me balance son nom à la figure. J’allais hurler, j’allais râler, j’allais pester : la seule mention de ma sœur me déracine et me laisse retomber, amorphe. Et je m’excuse. Putain, je m’excuse, parce que… parce que je ne sais plus quoi penser d’autre. Jamais Caitlin ne m’a entendu m’excuser. A la rigueur, je le lui faisais comprendre, le reste du temps je m’en foutais. Sa réaction est éloquente, je m’empêtre davantage dans la prise de conscience. Rosa est morte. Ma petite sœur. J’ai failli la tuer, une paire de fois. J’ai failli, j’ai voulu, je l’ai sincèrement voulu. Mais maintenant qu’elle est morte, je me rends étrangement compte que je me sens responsable d’elle. Me sentais. Je serre les poings en prenant ma respiration. Je me redresse pour m’asseoir. Je ne sais pas pourquoi je me confie comme ça à Caitlin, je ne sais même pas si on peut dire que je me confie. De toute manière, elle n’en a certainement rien à foutre parce que si la situation était inversée… et bien, je n’en aurais rien à foutre de ses histoires de famille. Je déglutis, j’essaye de me changer les idées, de reprendre pied. Parce qu’il est indéniable que je dérape. Embrasse-moi. C’est une supplique, c’est un murmure, c’est un désir que je ne peux retenir. On va dire que c’est la morphine, aussi, qui parle. Sauf que je sais que ce n’est pas la morphine. Des filles, j’en ai connu un certain nombre. Pas forcément coureur, pas forcément moine, j’imagine que je n’ai rien d’exceptionnel sur ce plan là et que j’en ai rien à carrer. Sauf que Caitlin, c’est différent et que même si tout finit toujours par passer, Caitlin ne passe pas. Embrasse-moi. C’est un ordre, c’est un impératif, c’est un ton qui ne laisse aucune place au refus. Un besoin. Et son contact dans ma nuque m’électrise, ses lèvres trouvent les miennes. Douceur éphémère, je me laisse aller à la passion sans attendre, ma main bardée de pansements, nouée de perfusions, file dans sa nuque, se glisse sous ses cheveux pour la maintenir près de moi, contre moi. Pas de place pour l’hésitation, pas de place pour le tâtonnement adolescent. Et finalement, elle se recule, je la libère sans perdre contact. Ma main dégringole son bras. « Quand tu as appris qu’elle était mutante, elle était déjà vaccinée ? C’est pour ça que tu ne l’as pas tuée ? T’aurais regretté, si tu l’avais tuée toi-même. Même si tu la connaissais pas, c’était ta sœur. Elle est devenue hunter en plus, non ? » Mes doigts se mêlent au sien, s’y entremêlent la retenir. Pourquoi ces questions ? Pourquoi cet intérêt pour ma sœur ? Pourquoi, pourquoi ? Ses lèvres sur les miennes, la fatigue, la douleur, mon éternel sale caractère s’estompe, je n’ai ni la force, ni l’envie de l’envoyer paître avec un sarcasme. J’ai juste envie de maintenir le contact, de me laisser le droit de baisser ma garde un instant avec elle. Je secoue la tête. « C’est mon frère, Julian, qui me l’a appris et quand j’ai voulu donner le choix à Rosa entre le vaccin et la balle dans la tête, elle s’était déjà vaccinée elle, ouais… j’aurais pas hésité une seule seconde à la flinguer, c’est mieux que foutre sa vie en l’air avec un putain de vaccin instable… » Je sais que le simple fait que moi, Alejandro, j’avoue avoir proposer le vaccin à ma sœur, ça prouve que je ne voulais déjà pas l’éliminer, ou que je me voulais lui laisser une porte de sortie mais… Mais je persiste à croire que ma sœur, c’était juste une gamine. « Elle m’idéalisait, la petite conne, elle voulait devenir comme moi… c’est pour ça que je l’entraînais comme je t’ai entraînée, pour qu’elle se fasse pas flinguer comme une idiote et… » J’inspire à fond en liant encore plus ma main à celle de Caitlin. Je me sens si vulnérable dans ce lit d’hôpital, putain, incapable de me lever pour marcher, incapable de trouver une diversion.

« Au moins tu as pu profiter d’elle ces derniers mois. J’avais un frère aîné, qui était hunter. Je le détestais quand j’étais gamine, mais je me suis bien rapprochée de lui quand je suis arrivée aux Etats-Unis, et quand il s’est fait tuer j’étais contente d’avoir pu renouer un lien, même si c’était pas pour longtemps. » Un frisson, j’essaye de transposer son aveu de manière sentimentalement compréhensible. Qu’est ce que je pensais plus tôt ? Que si Caitlin commençait à me raconter sa vie de famille, je n’en aurais rien à foutre ? Je culpabilise un instant de n’en avoir effectivement rien à faire. Mais autre chose me touche, comme le prouve ma main qui va serrer la sienne et cette moue désolée qui naît sur mes lèvres. J’essaye de me mettre à sa place, j’essaye d’imaginer la mort du membre de ma fratrie dont je suis le plus proche. Qu’est ce que je ressentirais si Julian mourrait ? Rosa est morte. « J’suis désolé pour ton frère. » Je n’arrive pas à transposer, je n’arrive pas à compatir, je n’arrive pas à savoir. Je ne suis pas famille, je ne suis pas sentimental, je ne suis pas… je suis quoi, au juste, anesthésié ? Con ? Sûrement. Qu’est ce qu’elle a dit ? Que j’avais pu profiter de ma sœur ces derniers mois ? Oui. Oui, bien sûr, j’ai pu apprendre à la connaître, à la supporter, à… Pourquoi est ce que c’est si compliqué pour moi d’admettre que je suis en colère parce qu’on a tué ma petite sœur ? Petite sœur. Une petite sœur parmi tant d’autres. J’ai du mal à me concentrer sur une chose, plus encore que d’habitude, je me fais malmener par ce que je ressens « Je la détestais pas. J’ai jamais détesté mes frères et sœurs, je crois… » C’est con quand même qu’on se raconte ça sur un lit d’hôpital. « … c’est juste que… je pensais n’en avoir rien à foutre d’elle, comme j’en ai rien à foutre des autres. » J’essaye de me souvenir des noms des autres Velasquez. Julian, c’est simple, c’est le seul avec qui j’ai gardé contact. Après… Stefan ? Steban ? Esteban ? Il y avait des jumeaux aussi… je crois.


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