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 (rafael), once you let the darkness in, it never comes out

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

ADMIN - master of evolution
MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: (rafael), once you let the darkness in, it never comes out   (rafael), once you let the darkness in, it never comes out Icon_minitimeMer 10 Fév 2016 - 21:33


for all of the things that i've done all these years
FOR ALL OF THE LIGHT THAT I SHUT OUT.
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i thought i saw the devil this morning, looking in the mirror, i never meant to start a fire. my past has tasted bitter for years now, so i wield an iron fist. grace is just weakness or so i've been told. i've been cold, i've been merciless. but the blood on my hands scares me to death w/cesare demaggio & rafael demaggio.
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Si y’avait un cercle vicieux à la vie auquel il fallait croire, c’était bien celui-ci. Sa prescience, sa puissance, l’appel hypnotique et assourdissant qui le ramenait ici. Ici, des lieux qu’il répugnait autant que son passé ; la maison familiale qu’il avait quittée comme un fugitif la dernière fois qu’il avait été ici. Et sur chaque élément du décor où léchaient ses yeux, aucune nostalgie mielleuse n’permettait de rendre les lieux plus agréables : on disait pourtant bien, que c’n’étaient pas les lieux qui étaient maléfiques, mais les gens. A la perception de Cesare, la grande demeure dans laquelle il avait grandi ces dernières années, portait les mêmes fautes que ses parents, les mêmes trahisons serviles qui couraient dans leurs veines – flottaient dans l’air, à chaque fois que leurs regards se croisaient. L’électricité née de la haine était toujours là, planant dans l’air, palpable, brûlante ; pourtant, la seule compagnie du fils était la solitude, pour l’heure. Et pour combien de temps encore ? Chaque instant passé dans cet endroit rappelait au chasseur pourquoi il était parti, pourquoi il avait senti un souffle nouveau glisser dans ses poumons, à chaque fois qu’il avait passé le pas de la porte pour tenter une échappée. La maison, ancienne, noble et grinçant jusque dans ses fondations, avait tout pour ressembler au patronyme qu’il portait – immuable, malgré l’âge ; glaciale dans le moindre de ses recoins. Y’avait plus rien en lui, qui était censé le ramener dans un tel endroit – rien d’autre que ce putain de cercle vicieux, avec ses propres putains de lois, qui exigeait son putain de tribut pour une raison ou une autre. La vie, sa façon d’faire, l’aisance avec laquelle elle prenait sans jamais rendre, la vitesse à laquelle elle frappait, agile et dégueulasse. Quelque part, pour une quelconque autorité toute omnisciente, il avait été écrit depuis le jour où il était parti, qu’il s’retrouverait ici à nouveau. DeMaggio, et l’acceptance ayant glissé sous ses veines en un poison toxique qui le clouait sur sa chaise. Cesare n’avait pas daigné faire le tour de la maison, emporté par une quelconque nostalgie grotesque ou une mélancolie qu’personne ne méritait – c’était tout juste s’il avait parcouru les pièces de la baraque, ses yeux sombres trouvant d’instinct ce qu’il cherchait. Un flingue sous cette table-là, un autre planqué derrière cette rangée de livres – l’arsenal à portée de main des chasseurs qu’étaient ses parents, afin de faire regretter sa présence à tout visiteur indésirable. Et sûrement que, malgré les liens du sang, le fils prodigue faisait partie de ce groupe-là de personnes ; mieux vaut prévenir que guérir, disaient certains. Certes, son père rentrerait sûrement déjà armé jusqu’aux dents, mais c’n’était pas comme si Cesare était venu sans aucune ressource. C’qu’il avait fait la dernière fois, la dernière fois qu’il avait égaré des pas hasardeux, vengeurs et colériques jusqu’ici – tout c’qu’il ne devait pas être ce soir, quand bien même l’envie était grande, l’option tentante. Il n’pouvait pas se permettre d’achever son père avec un pied de table planté dans les tripes ; alors malgré le poids que les minutes alourdissaient sur ses épaules, Cesare tentait tant bien que mal de garder le contrôle. Le contrôle – tout, à la fin d’cette histoire, n’était qu’une question de contrôle. Alors plus pour s’occuper les doigts que parce que les armes d’son père n’étaient pas impeccables et réglées au millimètre près, le chasseur avait commencé à en démonter une première, pièce par pièce pour les astiquer l’une après l’autre. Des gestes mécaniques, comme beaucoup d’autres dans la même lignée, l’arme ayant bien plus sa place entre les doigts du DeMaggio qu’un quelconque crayon, ou un stylo empli de bonnes volontés pour sauver le monde. Il était un tueur, au fond, une putain d’destinée qu’il avait choisi d’accepter. Dans une certaine mesure.

Et il n’était pas rouillé, le fils tant détesté ; les réflexes animant chacun de ses muscles et la moindre de ses attentions pour qu’en une poignée de minutes il se retrouve à remonter l’arme comme s’il n’avait rien fait – au fond, y’avait tellement peu de gens assez stupides et imprudents pour déranger les DeMaggio chez eux, que ces armes-là devaient servir une fois l’an, en quelques rares occasions. La dernière fois, ç’avait dû être sa mère, tirant une balle dans l’épaule de son fils pour le ramener si brusquement sur la planète terre ; et en une sensation fantôme, cette simple pensée réveilla une douleur inexistante et oubliée depuis longtemps, là, juste dans son dos. A l’extérieur, la nuit était épaisse déjà, et les heures indiquaient au jeune homme que celle-ci allait bientôt s’éclaircir, au profit d’une aube qui verrait tous les hunters rentrer chez eux, afin d’faire au moins bonne figure, profil bas pour quelques heures à peine. Qui était dehors, à cette heure-ci, en train de se confronter à Rafael DeMaggio et tous ses bons réflexes de chasseur sur la fin de la quarantaine ? C’n’était certainement pas Kingsley Moren – un songe parasite qui fit bourdonner le sang à ses tempes en un éclair, le rappel de ses convictions, plus brutal que tous ses doutes. Il était là pour Aria. Il était là pour Isolde. Et cette dévotion toute simple, incommensurable et inconsidérée, suffisait à Cesare pour repousser ses propres états d’âme. La plupart du temps. Quand il restait concentré sur le travail de ses mains, le démantèlement d’une seconde arme à feu – au moins, ça lui permettait d’faire autre chose qu’observer le silence, les minutes trop longues, ou le dégénéré à quelques mètres de là, qui profitait d’ses dernières heures de trêve silencieuse avant la débâcle. Restait à savoir qui était le moins malchanceux des deux – le fils indigne ou celui qui avait eu son nom accroché à des dossiers du patriarche sous prétexte qu’il était un transmutant, avec de possibles informations intéressantes sur les organismes rebelles de la ville. Et en quelques claquements métalliques, la deuxième arme à feu avait été nettoyée, et remontée par les doigts habiles du hunter – il aurait pu faire ça dans le noir le plus complet, ou les yeux fermés ; c’était presque futile, songea la part la plus pessimiste de son cerveau. Et la distraction n’était que superflue : alors dans un soupir, Cesare abandonna sa tâche routinière tout autant qu’inutile, maudissant ses songes d’être déjà partis si loin. Loin d’cette maison désolée, des minutes qui le rapprochaient d’un face à face inévitable, qu’il appréhendait plus qu’il n’serait jamais capable de l’admettre. Question d’orgueil, question d’survie. En se mordillant l’intérieur de la joue, le transmutant tenta de repousser tout caprice de son cœur et de son être le plus sentimental qui soit – songer à Isolde, là, maintenant, c’était la pire idée qu’il pourrait avoir. Au fond, il serait chanceux déjà, si c’n’était qu’une seule personne qui passerait cette porte d’entrée, et non pas une armée de hunters. Ou une armée de DeMaggio ; son père, sa mère, sa cousine. Y’avait même, paraissait-il depuis peu, son oncle et sa tante – le frère de sa mère, qu’il n’avait clairement jamais connu, jamais côtoyé, mais qui était aussi peu fréquentable que son propre géniteur. Et merde… Cesare se souvint rapidement qu’il n’avait même pas daigné donner signe de vie à Gabriela, ni même lui exposer ses projets – il avait pourtant dit qu’il l’aiderait, qu’il verrait c’qu’il pourrait faire. Et peut-être bien qu’en plus de tout l’reste, revenir ici était une bonne opportunité d’en apprendre plus sur ce fameux Eleazar Rivera et d’sa forte propension à kidnapper des bébés. Sans doute que celle-là aussi, toute aussi incendiaire et caractérielle qu’Isolde, lui aurait balancé une baffe dans la tronche en réponse à ses idées inconsidérées – ouais, autant avoir esquivé ce face à face là ; il avait déjà assez à faire avec ses propres histoires, d’toute manière.

D’une main, il ramena le dossier qu’il avait eu sous la main pendant tous ces mois ; un d’ceux qu’il n’avait pas manqué de garder lorsqu’il avait quitté ses parents avec Aria. Des dossiers sur des dégénérés de tout genre, de tout bord, de toutes convictions possibles et imaginables – la famille n’avait jamais fait de différence dans le meurtre. C’était avec ces dossiers, en suivant la piste de l’un deux, que Cesare avait retrouvé Skylar, et repris contact avec elle. Ils valaient leur pesant d’or, indéniablement et tout fils consciencieux qu’il était, le chasseur les avait tous ramenés avec lui. A croire que pour son retour, il faisait beaucoup d’cadeaux à son père : ses précieux dossiers, et un crétin ficelé à une chaise, la tête remplie d’informations. L’abruti, en plus d’être chez Uprising, était doté du don d’hypermnésie – Cesare avait pris le parti de n’pas le vacciner ; somme toute, il avait un don plutôt utile, le bougre. Au premier abord, le pauvre homme n’avait rien demandé à personne ; marié, trois enfants, un job miteux – c’que personne n’pouvait savoir à moins de pirater l’ordinateur du monsieur, c’était qu’il avait une forte préférence pour les photos dénudées de gamins. Un choix évident, somme toute, pour Cesare : si sa victime devait tomber entre les mains d’son père, se faire torturer pendant des heures pour mourir dans une lente agonie, ça n’ferait qu’une ordure de moins sur cette planète. Juge et juré ; on lui lancerait volontiers la pierre pour ça. Une idée qui ramena Isolde juste dans le cœur du DeMaggio, un spasme réflexe enserrant ses mâchoires tandis qu’il s’essayait à complètement la chasser. Ils avaient dit qu’il valait mieux qu’ils n’se revoient pas, pendant un temps. Peut-être toujours ; indéniablement, ce serait plus prudent, préférable et même mieux pour elle. Qu’elle reconstruise donc sa vie, fasse c’qu’elle voulait, tourne la page – la part incroyablement masochiste et altruiste de Cesare s’disait que ça n’pouvait pas être une mauvaise chose. Lui, enchainé à la vie qui l’avait choisi - et elle, capable de faire c’qu’elle voulait, comme elle l’avait toujours désiré.  Un bruit de moteur dans la rue le tira de sa torpeur, ses pulsions de hunters le faisant se redresser sur ses jambes, les plus ancrés dans le sol alors que le réel se faisait plus réel que jamais – Isolde était loin maintenant, infiniment loin lorsque les doigts de Cesare s’enserrèrent ensemble dans un poing étroit. Ongles enfoncés dans ses paumes, il écouta, attentif, concentré – aux aguets à la façon d’un prédateur qui pouvait bondir sur sa proie à tout moment. C’n’était pourtant pas c’qu’il avait prévu, quand bien même il n’pouvait garantir les sursauts de ses bons vieux réflexes : sauter à la gorge de son propre père, c’n’était vraiment pas l’envie qui lui manquait. Et qu’est-ce que celui-ci remarqua en premier ? La voiture de son fils garé à quelques pas de la maison ? La lumière allumée partout dans la maison ? Ou bien la porte volontairement laissée entrouverte pour l’occasion ? C’n’était pas comme fugitif, dévoré par l’envie d’se venger et de tuer qui était venu se présenter à la maison familiale ce soir. Sans doute que c’était bien l’cadet des préoccupations du père DeMaggio ; Cesare avait déjà préparé tous les scénarios possibles et imaginables dans sa tête, sur comment allaient dérouler ces retrouvailles fortuites. Il connaissait son père, après tout – il pouvait bien vouloir fuir cette évidence en son for intérieur, la vérité n’changeait pas. Alors il patienta, presque calme en comparaison de la menace qui s’enserrait, s’enserrait autour de lui à mesure que les secondes couraient. Est-c’qu’ils allaient vraiment devoir repasser par les mêmes cérémonies obséquieuses d’la dernière fois ? Rafael, pointant le canon de son arme en direction de son fils avant que toutes les choses ne dégénèrent ? Au coin de son champ de vision, il y eut un mouvement, qui réveilla les sens du hunter : « Tu sais, quand quelqu’un entre dans une maison en laissant la porte ouverte et les lumières allumées, il s’en fout un peu d’se faire menacer par un flingue ou pas. » qu’il signifia simplement, en retenant à grand peine un soupir – il aurait été plus théâtral qu’autre chose, presque une petite pique dispensable à l’orgueil de son patriarche. C’n’était pas le moment de le froisser. Enfin il se tourna en direction de son géniteur, l’observant sans ciller, chassant tout l’empressement qui avait pu lui tordre les tripes jusque-là. « Alors, elle est où maman ? » il n’avait pas dit ça sur le ton du sarcasme – fallait croire qu’il était vraiment surpris de voir son père rentrer seul. Il fallait bien aussi que cette fois au moins, il prenne cette précaution-là ; histoire de ne pas se ramasser une autre balle dans le dos.
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Rafael DeMaggio
Rafael DeMaggio

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SUR TH DEPUIS : 01/10/2015
MessageSujet: Re: (rafael), once you let the darkness in, it never comes out   (rafael), once you let the darkness in, it never comes out Icon_minitimeVen 12 Fév 2016 - 23:51

Once you let the darkness in, it never comes out...

"Cesare DeMaggio & Rafael DeMaggio"
C'était digne du plus gros cliché de film d'épouvante qui soit. Une nuée d'oiseaux quitta la cime des arbres pour fuir le chaos, tandis qu'elle écartait les branches sur son chemin, manquant plus d'une fois de chuter sur les feuilles mortes qui jonchaient le sol. Le branches basses avaient entaillées ses jambes nues, et elle regrettait amèrement d'avoir choisi un short plutôt qu'un pantalon ce jour-là. Il fallait dire que c'était une chaude journée de juin, et qu'elle n'avait absolument pas prévu de passer la soirée à courir ainsi en forêt. Les coupures la brûlaient et la démangeaient, mais elle ne pouvait s'arrêter. Elle jetait parfois un coup d'oeil derrière elle, cherchant à accélérer le pas alors que son assaillant gagnait du terrain sur elle. Elle tentait de se remémorer l'après midi et la soirée... Elle était innocemment aller faire les magasins avec sa petite sœur, avait acheté cette ravissante robe rouge carmin qui irait à ravir avec ses cheveux flamboyants, pour le mariage de sa cadette. Elles avaient rit, partagé ensemble un moment d'insouciance et de bonheur tout en cherchant à oublié que leurs banquiers respectifs feraient les gros yeux en voyant la note salée dès le lendemain. Et puis elles étaient sortie manger un morceau avant de se poser dans un bar autour d'un verre. Tout avait basculé lorsqu'elle avait voulu se lever et était entrée en collision avec cet homme. Elle n'avait pas vu la petite led s'éclairer à son poignet et s'était simplement excusée, ce à quoi il avait répondu par un aimable sourire. Ce n'est qu'une fois dehors, alors que la nuit était bien avancée qu'elle avait compris son erreur. Elle avait souhaité une bonne nuit à sa cadette et avait pris le chemin pour rentrer chez elle, en bordure de la forêt. Et alors elle s'était retrouvée face à lui... Le chasseur qu'elle avait bousculé quelques minutes plus tôt. Il ne lui avait pas fallu plus de quelques secondes pour comprendre ce qu'il voulait... Son expression était parlante, et elle avait immédiatement cessé de museler son don de télépathe. Seigneur, elle n'aurait pas dû. Il y avait plus de haine et d'intentions belliqueuses dans cet esprit que dans tous les autres réunis ! Elle avait voulu lui dire qu'elle n'était pas dangereuse et n'usait jamais de son pouvoir avec qui que ce soit, elle avait levé les mains dans un geste pacifique... Et était partie en courant en le voyant brandir un revolver.

Et la voilà qui courait maintenant à perdre haleine, des larmes d'angoisse coulant sur ses joues. Elle n'avait rien demandé, jamais cherché querelle avec qui que ce soit... Et elle s'enfonçait toujours plus dans la forêt, cherchant à sauver sa vie avant de se préoccuper de savoir où elle était. Elle se sentait comme un animal traqué, à la merci d'un monstre sans pitié. Et alors qu'elle regardait à nouveau derrière elle, elle ne vit pas la racine d'un gros chêne qui la fit trébuche. Elle roula au sol en poussant un hurlement de surprise et peina à se relever. Une fois debout, il lui fallu se rendre à l'évidence : Elle s'était foulé la cheville. Tout en cherchant à maîtriser les sanglots qui secouaient ses épaules, elle tenta de reprendre sa course, mais se retrouva avec le canon d'un revolver posé sur le front. Tétanisée, elle n'osa pas faire le moindre mouvement, et plaqua une main sur sa bouche lorsqu'il lui fit signe de rester silencieuse. Elle ne pouvait s'empêcher d'entendre ses pensées. Il allait la tuer, là, maintenant, ce n'était qu'une question de seconde. Et il savourait son angoisse et sa panique, elle le sentait jubiler... Elle ne pouvait qu'être écœurée par tant de méchanceté gratuite. Et il savait ce qu'elle était. Qu'avait-elle fait de mal ? Quel était donc ce crime dont il l'accusait sans avoir besoin de formuler le moins mot à voix haute ? Elle était née mutante, voilà ce qu'il y avait. Et sans plus de cérémonie, sans s'attendrir un seul instant de la détresse qu'il pouvait lire dans ses yeux baignées de larmes, il tira. Elle ne compris pas ce qu'il lui arrivait. Une douleur insoutenable lui traversa le crâne l'espace d'un instant, et puis plus rien. Son corps sans vie tomba aux pieds du chasseur avec la mollesse d'une poupée de chiffon.

C'était une bonne nuit de chasse, pour Rafael. Cela faisait plusieurs jours qu'il traquait cette jeune femme, depuis qu'on lui avait fait part de soupçons quant à ses étranges dons de voyage. Voilà qui était fait ! Il chargea le corps sur son épaule, rebroussa chemin sur quelques dizaines de mètres et se débarrassa du corps. Oh bien sûr, sa famille la chercherait, sa petite sœur la pleurerait mais... Ça ce n'était pas son problème. Il était l'exécutant, pas le psy chargé de remonter le moral d'une bande d'idiots attendris par la mort d'un monstre de foire. Il avait mieux à faire, et il quittait déjà la forêt pour rejoindre le petit parking où il avait garé sa voiture. Il avait la conscience tranquille, la certitude de rendre une justice que le système américain ne permettrait jamais, et si on lui demandait souvent comment il faisait pour trouver le sommeil avec tous les meurtres qu'il commettait, il répondait généralement qu'il ne lui fallait pas plus de dix minutes pour s'endormir le soir. Connaissait-il la culpabilité ? C'était ça, la bonne question. Et il n'avait absolument pas prévu de se la poser pour le moment. Il avait plutôt envie de rentrer chez lui, profiter de l'absence d'Isabela pour qu'elle ne le bassine pas encore avec la mort de leur fille. Il n'en pouvait plus de ses questions ou parfois de ses silences chargés de reproches. Il en venait presque à préférer la compagnie d'Isobel, c'était tout de même ironique !

Seulement, lorsqu'il passa le grand portail en fer forgé et s'avança dans l'allée gravillonnée, il remarqua plusieurs détails insolites. D'abord cette voiture qui lui était familière, garée un peu plus loin alors qu'il n'y avait rien alentours sinon l'imposante propriété des DeMaggio... La lumière qui filtrait à travers l'interstice des rideaux dans la maison, alors qu'il était persuadé d'avoir tout éteint. Il fronça les sourcils, gara son véhicule et en sortit avec méfiance. Il tira de sa ceinture son revolver, en retira le cran de sécurité et s'approcha de la porte d'entrée. Entrouverte... Quel genre de voleur laisserait autant d'indice ? Qui serait assez bête pour aussi voyant ? A moins que l'intrus ne cherche à faire connaître sa présence. Un esprit aussi tordu, on n'en trouvait pas à tous les coins de rues, et tous ses indices étaient suffisamment éloquents pour que Rafael range son revolver et retourne chercher tranquillement ses affaires. Il passa le seuil de l'entrée, referma la porte et posa tranquillement son sac sur le meuble le plus proche.

« Tu sais, quand quelqu’un entre dans une maison en laissant la porte ouverte et les lumières allumées, il s’en fout un peu d’se faire menacer par un flingue ou pas. »

Rafael haussa un sourcil et esquissa un sourire. Il était armé, certes, mais ne le menaçait pas. Car il se doutait que Cesare n'était pas venu ici pour finir ce qu'il avait commencé quelques mois plus tôt. Il ne s'y serait pas pris ainsi, après tout il avait été bien éduqué.

« C'est bien pour ça que je ne te menace pas... Tu deviens paranoïaque, mon pauvre Cesare. Ce sont tes états d'âme et ton deuil, qui t'ont lavé le cerveau ? »

Toujours aussi calme, le chasseur vida son sac et rangea tranquillement les armes qu'il contenait. Il avait presque l'impression d'avoir une discussion ordinaire avec son fils... Si l'on oubliait toute l'ironique qu'il y avait dans leur discours à tous les deux.

« Oh... Le petit garçon à sa maman est triste qu'elle soit absente ? Ou peut-être que tu as peur qu'elle t'accueille avec une balle dans la jambe, cette fois ? Chez certains ce sont des cookies, ici ce sont des balles, chacun son petit délire personnel... Et non, ta mère n'est pas là. Qu'est ce que tu veux ? »

Passée l'ironie, l'agressivité referait surface. Cesare ne pouvait être venu sans certaines intentions, et Rafael n'avait pas oublié les blessures qu'il lui avait infligé la dernière fois. La douleur de sa jambe se rappelait régulièrement à son bon souvenir, alimentant sa haine et sa rancoeur. Alors seulement, il s'avança vers le séjour et découvrit l'homme qui était solidement attaché à une chaise, un baîllon dans la bouche. Persuadé que son sauveur venait d'arriver, il tenta de dire quelques chose, mais seul un gargouillis s'échappa de ses lèvres. Se tournant à nouveau vers Cesare, Rafael se retint de lui en mettre une d'entrée de jeu. Pas maintenant... Pas avant de lui avoir posé la question essentielle.

« Tu te moques de moi, c'est ça ? Ce n'est ni Noël, ni mon anniversaire. Alors si tu penses que je vais t'apprendre à charcuter un type « en souvenir du bon vieux temps », tu te mets le doigt dans l'oeil, mon garçon. Je répète : Qu'est ce que tu veux ?»

Rafael s'approcha du type ficelé et le regarda comme s'il avait un quelconque objet tout juste digne d'intérêt sous les yeux.

« Je n'arrive pas à savoir si tu es suicidaire ou juste complètement idiot, Cesare. La dernière fois, tu es venu avec l'intention évidente de me tuer, et là... Tu me ramènes un type dont je ne sais rien ? Avoue que c'est tout de même risible... »

Il s'approcha à nouveau de Cesare avec un calme et un détachement qui aurait pu laisser croire que tout était clair dans son esprit. En réalité, il fulminait. Et il ne put contenir plus longtemps ses geste. Son poing parti à une vitesse étonnante pour aller se ficher dans la mâchoire de son fils.

« Ça me démangeait depuis des semaines... Maintenant réponds... »
crackle bones
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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MessageSujet: Re: (rafael), once you let the darkness in, it never comes out   (rafael), once you let the darkness in, it never comes out Icon_minitimeDim 14 Fév 2016 - 2:22


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La défiance n’aurait jamais dû être sienne ; d’aussi loin qu’il s’en souvienne, les rares élans de rébellion de Cesare avaient été mâtés dès leurs premiers balbutiements. Et toujours par son père, d’une main de fer dans un gant de fer - des actions musclées, qui avaient pendant longtemps laissé leur empreinte à la mémoire du fils. On aurait facilement pu prendre Rafael DeMaggio pour un père autoritaire, froid, d’ces parents ambitieux qui menaient leurs enfants à la baguette sans jamais ciller : un militaire digne de ce nom. Mais derrière les insignes de son passé, que le patriarche arborait si fièrement, il y avait toujours eu ce plus que personne dans le voisinage n’avait envisagé d’accepter. C’était ça, l’concept d’une vie banlieusarde : les gens savaient s’faire commères quand ils le voulaient, mais détournaient le regard aussitôt que les choses se corsaient un peu trop pour eux. Et dans le cœur même de Radcliff, Rafael et Isabela avaient eu tout le loisir d’éduquer leurs enfants pour en faire des tueurs, ignorant les œillades prononcées des voisins d’à côté, ou les vagues signes de mains du couple de vieux de l’autre côté de la rue. Définitivement, plus encore que la maison elle-même, son ambiance glaciale et obséquieuse, Cesare détestait tout ce qui entourait la bâtisse, tout ce qui englobait son passé ; le décor de son enfance et d’sa jeunesse,  tous ces visages familiers tout autant qu’étrangers. Tous les gens qui n’en avaient eu cure, au fond, de c’qu’il vivait quotidiennement, derrière les épais murs de sa propre habitation. Y’avait une loi physique et naturelle dans c’monde-là, qui disait que les parents étaient censés veiller sur leurs enfants, les entourer d’amour et d’affection afin de les guider dans la bonne direction, tout en leur laissant la chance de choisir leur propre ambition. Une directive de mère nature que ses deux géniteurs avaient âprement ignoré et ce, dès l’instant où ils étaient devenus des parents : pouvait-il imaginer son père agir différemment à son égard qu’avec impétuosité et la force des poings ? Si tant est qu’un temps pareil ait pu exister, le fils prodigue n’en gardait pas le moindre souvenir, toute période idéale et grandiose chassée par la réalité que la chasse, les responsabilités et l’arrogance de son père avaient fait entrer dans sa vie. Une réalité mordante, assommante, qui vingt-six ans plus tard, avait façonné l’type qu’il était : qu’il le veuille ou non, y’avait une cicatrice à jamais gravée dans les chairs du jeune DeMaggio. Une voix dans sa tête, un instinct indécrottable qui guidait chacun de ses gestes et tous les choix qu’il faisait : repousser Isolde, ignorer le bébé qui avait grandi dans les entrailles de la jeune femme, et qui était né quelques jours plus tôt. Cesare était allé jusqu’à visiter la transmutante à l’hôpital, après avoir soigneusement inspecté les rondes des infirmières afin d’être sûr de ne pas croiser sa fille. Clara. Un minuscule bébé qui n’avait aucunement conscience du monde désastreux, dégueulasse et violent dans lequel il avait poussé son premier souffle – y’avait du sadisme dans l’fait d’accepter d’amener une vie dans cet univers-là, cette société pourrie jusqu’à la moelle et avec un nom synonyme de poison et de malédiction comme DeMaggio. Il l'avait pourtant vu sur le certificat de naissance de la petite, incapable d’savoir quels instincts et quelles idées avaient pu pousser Isolde à donner son nom à lui à la fille qu’ils avaient eue : parce qu’il l’avait aidée à se rendre aux urgences ce jour-là ? Parce qu’il lui avait promis qu’il s’occuperait de leur enfant si elle devait mourir sur la table d’accouchement ? Parce qu’elle avait elle-même perdu son père, l’être qu’elle avait idolâtré le plus au monde, et qu’elle s’disait que Clara, un jour, aurait l’droit de combler ce vide ? Combler c’vide, pour rencontrer un meurtrier de première, descendant d’une lignée de meurtriers - quelle gloire.

Qu’aurait-il à offrir à des enfants, si c’n’est c’que son père lui avait lui-même offert ? Un tourment sans fin, des tortures incessantes, une déchirure de l’âme à même de l’séparer définitivement du reste de l’humanité ? Depuis qu’il avait quitté la maison familiale, Cesare s’rendait compte d’à quel point Aria et lui avaient grandi en parfait décalage, loin, infiniment loin des préoccupations des adolescents d’leur âge – d’ceux qu’il jugerait volontiers comme des crétins de première. Ils n’avaient jamais fait de sport pour loisir ; le football, le baseball, il paraissait que c’était des occupations en groupe que les jeunes aimaient pratiquer pendant des années et des années. Y paraissait même que certains d’entre eux, les plus talentueux, parvenaient à obtenir des bourses d’études pour pratiquer ce sport pour le restant de leurs jours. L’Université, ça n’avait jamais été une option pour le DeMaggio ; l’école, tout juste une obligation, qu’il avait parfois vue comme un parasite, une stupide distraction à sa formation innée, son devoir de hunter et l’héritage qui lui tomberait sur les épaules tôt ou tard. Pour tuer des mutants, pour honorer son père, il n’aurait pas eu besoin d’connaître la géographie des États-Unis, ou la façon dont les premiers colons américains avaient persécuté les natifs de ces territoires pour faire de ces terres sauvages les leurs. D’bien des façons, Cesare avait été un élève moyen, qui s’était laissé porter par le courant : et son père n’lui en avait jamais foutu une pour avoir ramené une sale note à l’école – bien au contraire, Rafael n’avait toujours été qu’à moitié concerné par les exploits scolaires de ses progénitures. Ouais, c’était étrangement dégueulasse, la façon dont ses souvenirs et les réminiscences d’autrefois parvenaient à s’faire un chemin jusqu’aux frontières de son cerveau et de ses entrailles, maintenant qu’il était de nouveau dans la maison. A cette table, ils avaient partagé tous leurs repas, l’atmosphère tendue et silencieuse – même ça, ça n’avait jamais été traditionnellement sympathique chez les DeMaggio. Y’avait bien eu une fois, où Aria rien qu’pour défier toute la famille, avait ramené son petit-ami d'l'époque pour un repas improvisé : encore aujourd’hui, des années plus tard, il était impossible pour le frère ainé de déterminer qui l’avait le plus regretté. Le petit-ami qui était parti le nez en sang et le poignet pété ; ou Aria, dévorée par la culpabilité - et célibataire. Alors oui, malgré les années d’assagissement ; placé aux avant-postes, Cesare n’pouvait que trop bien imaginer comment allaient se passer ces retrouvailles – le tout était, qu’il fallait pour lui tout autant que pour son père, qu’elles n’déraillent pas dans ces vieux réflexes, la haine l’emportant sur le reste. Le reste – tout c’qui était primordial, indispensable à grande échelle : là, maintenant, des prochaines minutes dépendaient plus qu’une vengeance impulsive, un tribut qu’il arracherait en abattant son père d’une bien vulgaire façon, un bout de bois fiché dans les tripes après un combat impétueux. C’était sûrement pour ça, que le transmutant n’avait que touché les armes de son patriarche dans le but de les démonter, les astiquer et les remonter afin d’s’occuper les mains et l’esprit. Ne pas contre-attaquer, ne pas contre-attaquer – c’était l’ordre qu’il s’imposait à lui-même, le commandement qui figea ses muscles au moment où la voiture dans l’allée le ramena à la réalité. Et le fils de retour aurait pu ramener une armée de dégénérés ficelés à des chaises que ça n’aurait pas suffi à détourner l’attention de Rafael, ni à le satisfaire d’une quelconque façon ; dans l’ultime seconde qui acheva sa solitude, Cesare analysa le transmutant à quelques pas de là, soutenant son regard sans ciller, ses prunelles baignées de l’indifférence la plus totale. A la recherche d’une rédemption ou non, il devait faire les choses ainsi – au moins ça, et qu’on vienne le juger pour ses actes ; la seule opinion sur le sujet qui l’avait un tant soi-peu intéressé, le chasseur était allé la chercher à la source et Isolde lui avait répondu sans aucun détour.

Et les secondes qui avaient été interminablement longues jusque-là, semblèrent s’envoler par poignées dès que Rafael passa le seuil de la porte, ni père ni fils ne daignant lever un regard vers son interlocuteur – pire encore, lorsque Cesare ouvrit la bouche, son géniteur n’était même pas avec lui dans la pièce, mais à quelques mètres de là, attaché à la bonne marche de ses habitudes. Pour une minute tout au plus, qui laissa à une anxiété traitresse l’occasion de se loger dans les entrailles du jeune homme – et s’il faisait fausse route depuis qu’il avait décidé de rejoindre ses parents ? Certes, les mots de la Saddler avaient été emplis de bon sens, et avaient trouvé un écho tout particulier à la raison du DeMaggio ; mais il n’pouvait plus reculer maintenant. Et malgré le nœud qui serra sa gorge, Cesare resta là, dans la salle à manger, avec son dégénéré et ses dossiers, les pieds accrochés au sol et au réel, pour mieux voir la silhouette de son père passer l’entrée de la pièce pour le rejoindre. Et aussitôt dans la même pièce, les deux chasseurs s'lançaient déjà dans ce jeu de répliques cinglantes, leurs yeux sombres se rencontrant sans philtre aucun pour apaiser les tensions. Des rixes palpables, un venin qui crispait les chairs du fils ; ses sens en éveil, en l'attente calculée du moment où son père attaquerait. Parce qu’il le ferait, pour sûr. « Quoi ? C’est un message caché pour m’dire que t’aurais voulu des gâteaux pour t’accueillir ? » et les répliques dignes de gamins de cour de récré, ils les délivraient avec tellement de froideur et d’indifférence qu’elles en perdaient tout leur charme puéril, pour devenir des menaces concrètes rien qu’à elles. Cesare sachant très bien qu’sa mère lui foutrait une balle à nouveau si elle devait rentrer pour tomber sur la même scène que la dernière fois. Et Rafael… à même d’pouvoir s’imaginer n’importe quel scénario possible et imaginable sur ce qu’il aurait eu à avaler si son fils avait daigné faire la cuisine pour lui. Pourquoi pas des cookies à la mort au rat, ou un gâteau d’anniversaire avec de l’antigel dans le glaçage – l’idée était là. Et déjà l’attention du père DeMaggio s’orientait vers le transmutant ; un inconnu qu’il disait, comme s’il avait oublié tous les précieux dégénérés à Radcliff qu’il essayait de ferrer depuis des années. Pour toute réponse, Cesare offrit un regard entendu en direction de son père, arquant un sourcil morne, et perplexe tout à la fois : « C’est réciproque. J’arrive pas à savoir si t’es gâteux ou si t’as Alzheimer, donc j’pense qu’on nage tous les deux dans l’inconnu. » de ses yeux noirs, il avait laissé un regard analyser son vis-à-vis, comme s’il cherchait la réponse à cette question sans même que le fier Rafael n’ait quoique ce soit à dire. Dans tout ça, y’avait des évidences que celui-ci semblait avoir oublié : s’il voulait charcuter un type au gré de ses caprices, Cesare n’avait certainement pas besoin de faire un détour jusqu’à la salle à manger familiale, ça faisait bien dix ans qu’on avait commencé à le former à l’art d’extraire des informations chez n’importe qui, transmutant ou humain. Mais pour le bien de leur conversation, Rafael redevint très vite Rafael, rejoignant le côté de la table où se trouvait son fils, rien que pour lui envoyer son poing dans la figure – un rappel à la réalité qui résonna dans chacun des os de sa mâchoires, jusqu’au sommet de son crâne. Définitivement, le père d’famille n’était pas gâteux, il savait encore bien lier ses doigts et frapper fort ; pour toute réponse, Cesare lui offrit un grognement, pour s’forcer au calme tout autant que pour ravaler la douleur, et la nausée qui avait si brusquement remonté tout le long de sa gorge. « Alors t’as encore d’la mémoire finalement. » ne put-il retenir, un rictus moqueur au coin des lèvres ; s’il devait se retenir de lui en retourner une, il n’pouvait pas non plus se forcer à garder pour lui la pique acerbe qu’il avait eue. L’occasion avait été trop tentante. Et avant de s’en prendre une à nouveau, Cesare détourna le regard vers le dossier qu’il avait eu sous la main, l’attrapant vertement pour le coller contre le torse de son père. « Son nom c’est Wilkins. Richard Wilkins. Et y paraît que ça fait un an et quelques que tu l’cherches. » mais hein, ils n’allaient pas s’compliquer la vie plus que de mesure – si c’n’était qu’une blague. A sa ceinture, Cesare tira son couteau, pour mieux contourner la table, et venir à hauteur du transmutant – indécis. « Aux dernières nouvelles c’est un des moutons d’Uprising. Mais j’suppose que si tu veux pas perdre ton temps-… » et plutôt que ces bonnes vieilles habitudes de hunters qui aurait pu définitivement faire débarrasser le plancher à Wilkins, Cesare trancha les premiers liens qui maintenaient le transmutant à sa chaise, délibérément en contrôle des secondes qui couraient. Il suffisait d'un geste encore, un contact de sa lame contre les cordes de l'autre côté pour que le transmutant puisse s'enfuir à toutes jambes. « C’que j’veux. Tu sais c’que j’veux. » et après la courte interlude moquerie-provocation, le naturel de Cesare était revenu, une caresse indélicate tout le long de son échine, la rage tendant ses muscles comme s’il l’avait retenue pour trop longtemps. Jusqu’à déformer les traits de son visage, au moment de poser ses yeux droit dans ceux de son père à nouveau. « Je veux Kingsley Moren. Mort. » et rien dans son attitude ne transpirait l’ironie, le sarcasme ou le double-jeu traitre ; il était franc, on n’peut plus franc. Direct et froid, froid jusqu’à en être incandescent, chaque venaison de son corps enserrée par cette simple envie d’meurtre. Il en ignorait tout le reste, la demi-mesure et le contrôle, ses plans à lui qui s’étendaient infiniment plus loin que ça. Son cœur, son cœur tambourinait en un chant de guerre impétueux contre son poitrail, les convictions accrochant ses doigts autour du poignard entre sa main gauche, tandis que de la droite, il avait empoigné la tignasse du transmutant afin de l’inciter au calme. C’n’était certainement pas le moment qu’une distraction quelconque vienne mettre à sac le jeu de regards ; peu importait le nombre d’idiots et de dégénérés qu’il allait devoir buter rien que pour le prouver.
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Rafael DeMaggio
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MessageSujet: Re: (rafael), once you let the darkness in, it never comes out   (rafael), once you let the darkness in, it never comes out Icon_minitimeSam 20 Fév 2016 - 22:46

Once you let the darkness in, it never comes out...

"Cesare DeMaggio & Rafael DeMaggio"
Il y avait quelque chose de profondément ironique dans cette situation. Le père et le fils, à nouveau réunis sous le même toit. Et pas n'importe lequel, qui plus est. Cette maison avait vu grandir Cesare et les espoir que son père avait placé en lui, elle avait été le témoin de la rigueur militaire de Rafael, des traitement odieux qu'il avait fait subir au jeune homme afin de le formater et d'en faire une arme qu'il pourrait brandir fièrement face aux dégénérés. Cette maison était chargée de tensions, d'amertume et de mauvaises ondes, c'était même à se demander si elle n'était pas hantée par le fantôme des idéaux d'un père bien trop radical. On pouvait creuser un peu, chercher un moment de bonheur et d'insouciance dans les vingt six dernières années, mais c'était peine perdue. Il n'y avait pas de place pour ce genre de futilités, chez les DeMaggio. C'était la mission, la mission, la mission, une humanité remisée au placard pour laisser place à un instinct meurtrier dévastateur. Car c'était ça qui motivait Rafael, ça qui rythmait sa vie et dictait sa conduite : La chasse aux dégénérés. A peu de choses près, il avait été comme Cesare, à une époque. Il avait délaissé les savoirs ancestraux de la famille pour mettre son bras armé au service de la justice, de l'ordre, et de tout un blabla qui le faisait bien rire maintenant. Il avait tenté de quitter ce monde pour mieux s'y jeter à nouveau la tête la première. Pour le sortir de la fange, désormais, il faudrait s'armer de patience et ne pas avoir peur de se salir... Mais encore aurait-il fallu que quelqu'un soit assez fou pour tenter cela.

Toujours est-il qu'il retrouvait là, à la fois amusé et agacé de savoir son fils au milieu de son salon alors qu'il n'aurait pas dû s'y trouver. Décidément, il fallait qu'il renforce la sécurité sous son toit, quitte à installer des explosifs partout en espérant que l'un d'eux arrache une jambe au fils indigne. La dernière fois qu'il était venu, il avait tenté de tuer son père... C'était tout de même ironique de l'entendre lui proposer des gâteaux.

« Tu aurais pu te fatiguer à cuisiner, je n'y aurais pas touché. Habile comme tu es, tu aurais été capable de confondre les amandes avec du cyanure... »

Il n'était pas dupe. Rafael savait que Cesare n'était pas venu pour tailler ou bavette ou hisser le drapeau blanc face à son père. Même s'il venait chercher un accord de paix, ce serait contre autre chose en échange... Et lorsqu'il aurait obtenu ce qu'il voulait... Que ferait-il ? Ils marchaient tous sur des œufs, et c'était à se demander lequel ferait une omelette en premier. Le chasseur plissa les yeux, sur le qui-vive malgré son apparence détendue et calme. Il s'attendait à tout de la part de Cesare, et n'excluait pas la possibilité de lui mettre une balle dans la tête s'il se montrait menaçant. Ce qui l'agaçait, c'était de savoir que Cesare savait ce qu'il voulait, pourquoi il était là, et parce qu'il menait clairement la danse. Pour le moment. Finalement, Rafael le laissa parler et éclairer sa lanterne, haussant un sourcil lorsqu'il lui donna le nom du type qui était ficelé à la chaise au milieu du salon.

Wilkins... Bien sûr qu'il le connaissait. Il le traquait depuis des mois, mais le bougre lui filait à chaque fois entre les doigts. Son don abject lui permettait de tout retenir, et chaque fois que le chasseur tentait quelque chose, l'autre mettait à profit ses incroyables connaissances pour le contrer. Au final, c'était la première fois depuis longtemps qu'il le voyait d'aussi près... Et aussi amoché.

« Disons que si tu ne t'étais pas défoulé sur lui avant de l'amener, je l'aurais peut-être reconnu, en effet... Et c'est étrange, la dernière fois que je l'ai vu, il était blond... »

La coloration capillaire. Le premier système de camouflage qu'utilisaient les dégénérés pour tenter de se camoufler. Comme si un chasseur entraîné pouvait se laisser berner aussi facilement. Ainsi donc il avait sous les yeux le type qu'il cherchait depuis presque un an. Une mine d'informations sur Uprising, le noms des membres du groupe, leur localisation, leurs activités actuelles... Rafael fourmillait d'idées quant à la manière de lui arracher ces quelques données. Et il aurait pu s'en réjouir, s'il n'avait pas l'impression d'être manipulé comme un pantin.

« Arrête ! Laisse-le attaché, je ne veux pas qu'il s'agisse davantage mon parquet... C'est tout de même risible, tu ne trouves pas ? Tu me vends l'un des tiens sans état d'âme, car tu sais très bien ce qu'il va lui arriver... On dit de moi que je suis une ordure, mais je t'ai plutôt bien élevé, finalement... »

Il l'attendait, l'échange de bons procédés, la condition, le service en retour... Et il savait de quoi il serait question. Car il n'était jamais question que de deux choses, avec Cesare : Sa sœur, et la garce qui lui avait retourné la cervelle. Or, des deux, seule la première était morte. La seconde se portait bien, à son grand agacement. Rafael se languissait presque du jour où elle viendrait frapper à sa porte en lui demandant des comptes... Après tout, il n'avait abattu son paternel sans raison, ça ne lui ressem... Ah si. En réalité, ça lui ressemblait. Mais cette fois, il était question d'Aria. Comme quelques mois plus tôt, comme toujours, finalement, avec Cesare. Depuis leur entrevue, Rafael n'avait pas chômé, il s'était renseigné et avait fait marcher ses relations pour en apprendre davantage au sujet du meurtre de sa fille. Il ne avait fallu que quelques semaines et une rencontre salvatrice au cours d'une réception mondaine pour apprendre que le bourreau d'Aria n'était autre que Moren. A la réflexion, cela semblait presque évident. En revanche, Rafael avait accueillit avec une certaine froideur la seconde nouvelle. C'était l'apprenti de Kingsley qui avait achevé sa fille. Un débutant, un gamin qui était venu à bout d'une chasseuse sur entraînée. Une déception jusqu'au bout. Et finalement, Rafael ne fut pas si étonné lorsque Cesare lui annonça vouloir la tête de Moren, mais il feignit la surprise.

« Pardon ? Moren ? Tu me demandes la tête de l'un des meilleurs chasseurs de la ville en échange de... Ce déchet ? »

Un déchet qui valait bien plus en terme d'informations que n'importe quel autre dégénéré.

« J'imagine que si tu veux Kingsley morte ce n'est pas par orgueil personnel... Tu as fini par découvrir qu'il était à l'origine de la mort de ta sœur ? Il t'en aura fallu, du temps... Et pendant ce temps elle pourri sous terre, attendant que son prince charmant la venge... Quelle tristesse... Petite curiosité, tu es au courant que ce n'est pas Moren qui a porté le coup fatal mais son poulain ? »

C'était là toute la subtilité de la chose. Car il manquait un nom, un seul, à Rafael : Celui du l'abjecte pourceau qui avait abattu Aria. Il n'y avait que de la fierté et de l'orgueil personnel, dans cette histoire, le chasseur aurait préféré apprendre que sa fille était tombée sous les coups d'un hunter aguerri plutôt que d'un enfant.

« Résumons, donc. Tu viens me demander à moi de te livrer la tête d'un chasseur ? Tu es juste idiot ou bien c'est une nouveauté ? Tu as sincèrement cru que j'allais accepter ? »
Il tira de sa ceinture son revolver, le pointant droit sur le front du dégénéré qui tremblait en comptait les secondes qui le rapprochaient inexorablement de la mort.

« Il me serait utile, c'est vrai... Mais si tu le relâches, je l'abats. Et tu auras fais tout ça pour rien. Explique-moi donc ton plan brillant pour t'en prendre à Moren... »

Au fond, Rafael était amusé par la situation. Il appréciait le travail de Kingsley, mais il n'y avait pas d'amitié ou de lien particulier entre eux, ils n'étaient que collègues de chasse. Si le plus jeune venait à mourir de la main de Cesare, Rafael n'irait pas le pleurer. Après tout, des hunters et des mutants mouraient tous les jours, ce n'était pas nouveau. En revanche, il n'était pas prêt à vendre la peau d'un autre chasseur sans raison valable. Cesare lui avait peut-être livré Wilkins, mais les informations étaient toujours précieusement gravées dans son crâne. Rien ne lui garantissait qu'il se mette à parler... D'autant que Rafael ne voulait pas que cela. Il voulait également l'assurance que son fils ne chercherait pas à nouveau à le poignarder dans le dos. Et ça, c'était autrement plus difficile à obtenir.
crackle bones
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (rafael), once you let the darkness in, it never comes out   (rafael), once you let the darkness in, it never comes out Icon_minitimeJeu 25 Fév 2016 - 3:21


for all of the things that i've done all these years
FOR ALL OF THE LIGHT THAT I SHUT OUT.
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i thought i saw the devil this morning, looking in the mirror, i never meant to start a fire. my past has tasted bitter for years now, so i wield an iron fist. grace is just weakness or so i've been told. i've been cold, i've been merciless. but the blood on my hands scares me to death w/cesare demaggio & rafael demaggio.
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D’un point de vue purement pragmatique, père et fils n’avaient jamais été particulièrement proches ; Rafael faisait partie du décor de la vie de Cesare, tout autant que l’inverse était vrai. Mais si les discussions à cœur ouvert, pleines de beaux sentiments n’existaient pas chez les DeMaggio, leur lien avait toujours atteint son paroxysme sur le terrain – peu importaient leurs différends, il était difficile de nier qu’ensemble, ils avaient toujours fait un duo diablement efficace. La rigueur glacée de l’un, contrebalançant avec la volonté incandescente de l’autre – la jeunesse, les réflexes de Cesare jouant la plupart du temps en sa faveur. Cela faisait des années déjà, que l’héritier avait eu à entreprendre des missions solitaires, à Radcliff ou à l’autre bout du pays, et rares avaient été, sur la fin, les missions qu’ils avaient partagées – mais s’il y avait bien eu une alliance de forces pour personnifier le credo des DeMaggio, le devoir créé par les liens du sang, c’était le leur, à eux. Peut-être bien qu’avec l’expérience, ils n’avaient pas eu besoin de la moindre discussion franche et mielleuse à souhait afin d’se connaître sans concession – de son vis-à-vis, le transmutant devinait ce soir chacun des états d’âme, avec une aisance qui le répugnait tout autant qu’elle l’amusait. Car au fond, c’était bien sur ça qu’il comptait ; c’était bien sur cette capacité qu’on lui avait inculquée, à lire les faiblesses des autres et à les utiliser contre eux-mêmes. C’était c’que son père ferait, ici et maintenant, ou dans quelques jours si leur accord venait à se concrétiser : qu’ils fassent donc table-rase des précédents conflits, et jouent avec toutes leurs cartes en main. Au fond, n’y avait-il pas chez le patriarche une arrogance à même de le pousser à accepter cette petite entrevue, rien que pour voir qui ressortirait vainqueur de ce face à face ? Se retenir de lui sauter à la gorge, s’avérait plus difficile pour le fils déchu qu’il ne l’aurait imaginé – y’avait ce soir trop de choses dans leur passif pour qu’ils soient le père et le fils d’un an auparavant. Il avait été loin, le temps où Cesare avait caché sa dégénérescence, sa tare avec la crainte de lire une quelconque déception dans les yeux de son patriarche ; ça semblait appartenir à un autre Cesare, un autre Radcliff, un autre monde tout simplement. Et si Rafael semblait obnubilé par la rancœur qu’il vouait à son fils aujourd’hui et maintenant, avait-il commencé à envisager tout ce que la vérité impliquait ? Bonnie avait su, depuis longtemps – trop longtemps – ce qu’il avait été, et pourtant, pendant cinq longues années, il avait vécu et survécu sous le toit de la maison familiale, au nez et à la barbe de ses parents sans même que leur chien flaireur de transmutants ne dise quoique ce soit. Oui, oui, c’était ironique de s’retrouver face à face en de telles circonstances, la réalité comme toile de fond – Cesare se forçait à aligner des pensées logiques et glaciales de ce genre, pour s’empêcher d’agir comme le lui dictaient ses tripes et les caprices de son cœur. Il n’pouvait pas s’permettre d’attaquer son père à nouveau, il n’pouvait pas se permettre d’abattre Rafael DeMaggio au milieu de sa grande maison cossue sans s’attendre à en payer les conséquences. Trop durement, à l’heure actuelle : contrairement à ce qu’il avait voulu, c’qu’il avait espéré, en venant ici, Cesare se savait l’âme alourdie par trop de choses à perdre. Sa vengeance, Aria, Isolde, Clara – heureusement que le patriarche n’était pas télépathe, et que le jeune homme savait bien que son père se serait tiré une balle dans la tête sans hésitation aucune s’il s’était découvert l’être ; car avec tout ce qui gravitait aux tréfonds les plus secrets de son esprit, son cerveau lui-même était le pire traitre de cet entretien brut de béton.

Mais la méfiance prévalait, on disait sûrement que c’était le réflexe inné de n’importe quel chasseur : bien souvent, plus jeune déjà, Cesare s’était pris à dévisager des gens autour de lui, des jeunes sans histoire dans les couloirs de son lycée, ou des inconnus dans la rue, à s’demander s’ils étaient des dégénérés qui se planquaient, ou juste des imbéciles qui n’valaient rien. On lui avait appris à quantifier la vie, à la monnayer d’une quelconque façon – la froideur avec laquelle il pouvait agir l’effrayait, tout autant qu’elle lui servait si souvent ; c’était ça, le monstre qui se réveillait si aisément en lui, toujours plus affamé d’une violence qu’il n’pouvait empêcher de déborder par chaque pores de son corps. C’était ça, qui lui avait fait tuer Moira Kovalainen plutôt que son frère – ça, qui avait rendu si aisée l’idée de l’épingler à une table pour qu’il écoute les derniers souffles d’agonie de sa sœur. Combien d’fois par nuit les entendait-il, lui, ceux d’Aria, lovés dans son imagination ? Et combien d’fois, dans ses moments éveillés, s’répétait-il tous les scénarios possibles sur les derniers moments de vie d’Aria ?! Oh elle était si facile à réveiller, la rage en lui qui pourrait lui faire tout détruire – Rafael devait bien la connaître, pour l’avoir mâtée pendant vingt-cinq longues années, avant d’se la prendre en pleine face lorsqu’ils s’étaient retrouvés ici, y’a pas si longtemps que ça. Il n’était donc pas aisé, pour Cesare, de simplement faire des pas innocents vers le transmutant attaché à sa chaise, pour juste commencer à défaire ses liens : il fallait croire que provoquer son père, importait plus que répondre à la hargne par la hargne. C’aurait été facile, de lever sa lame pour trancher la gorge de Wilkins, et faire regretter ses moqueries acerbes à Rafael, qui aurait vu ses précieuses informations s’enfuir comme le sang vermeil sur le parquet – son précieux parquet ; l’ironie du père n’arracha aucun sourire, aucune réaction au jeune homme. Au contraire, ce fut une autre partie de ses déclarations, qui réveilla l’âme du fils – ‘l'un des tiens’ l’indélicate caresse de dégoût, l’ombre pernicieuse qui glissa sur le visage de Cesare ne fut pas feinte. Peu importait l’attachement sans faille qu’il vouait à Isolde, l’amour brûlant qui l’avait poussé à renoncer à tout pour Aria, il n’s’était jamais vu, jamais accepté transmutant ; les transmutants, c’était ceux qui le haïssaient pour ses crimes passés, ceux qui n’en auraient rien eu à foutre du sort de sa petite sœur, à cause de ce qu’elle avait été avec le nom DeMaggio pesant sur ses épaules. Les transmutants, ils étaient tout autant leurs ennemis que les hunters – Cesare avait été isolé, infiniment plus isolé que ce que la Saddler et même son propre père pouvaient imaginer, il fallait croire. Lui et sa sœur, ils avaient occupé cette place bancale, d’ennemi et de martyr pour les deux camps ; jamais complètement chasseurs, jamais complètement dégénérés. Et dans toute leur fibre, toute l’éducation soigneuse érigée en eux par leurs propres parents, y’avait toujours eu cette répugnance qui les avait empêchés de pleinement épouser leur nature d’erreur. Qu’il soit donc une ordure – l’appellation lui allait plutôt bien, et ce serait presque un élément sur lequel Rafael et Isolde seraient prêts à s’entendre ; y’avait des miracles partout dans c’monde. Il s’en foutait, de la quantité de ténèbres qu’il allait devoir distiller et instiller en lui-même pour atteindre son but – il s’en foutait, du nombre de cadavres qu’il allait devoir faire peser sur ses épaules pour atteindre Kingsley Moren. Cesare n’calculait pas, il n’quantifiait plus déjà depuis longtemps, les litres de sang qui entachaient ses mains – un peu plus, un peu moins, y’avait dans ses prunelles noires comme les abysses, aucune once d’hésitation qui le retenait, ou teintait ses paroles d’une humanité trop pesante. Rafael devait l’savoir, et que Kingsley Moren l’apprenne au dernier moment d’sa misérable existence, Cesare l’humain était mort avec sa sœur, au profit d’une bête qui réclamait vengeance par-dessus le sang des autres.

Et pourtant, la surprise perça dans la discussion, inattendue et éclairant le regard du fils DeMaggio d’une lueur malicieuse – son poulain. Oui, il savait, mais comment se faisait-il que son père semble avancer cette idée comme si c’était la nouvelle de l’année ? Cette information, il l’avait arrachée à Rayen, à coups d’éclats, certes, mais sans grande difficulté. Rafael aurait dû savoir. Il eut besoin d’une seconde, une seconde pour recalculer les hypothèses qui s’étaient construites dans son esprit, une seconde qui suffit au père pour tirer son arme de sa ceinture et la pointer droit sur le transmutant impuissant. Cesare ne cilla pas, son couteau toujours entre ses doigts – et au fond, qui était-il pour oublier que le sale gosse ingrat qu’il avait en face de lui était tout à fait capable d’arrêter cette balle ? Comme ça, rien que par la volonté de son esprit, il aurait pu faire se désintégrer en mille petits morceaux métalliques, l’arme menaçante que le chasseur avait collée contre le front de la précieuse monnaie d’échange qu’il avait amenée avec lui – Cesare se forçat à la retenue, encore, sa patience mise à rude épreuve ; un soupir, pour première réponse, avant qu’un ricanement à peine soufflé n’passe ses lèvres, orgueilleux qu’il était, tout autant que son géniteur. « Quoi, tu crois que j’viens avec un dégénéré, tes dossiers et en plus un plan pour m’débarrasser de Moren ? J’aurais pu l’faire tout seul si ç’avait été le cas. » mais au fond, y’avait relativement peu de personnes assez timbrées pour comprendre comment pouvait fonctionner quelqu’un comme Kingsley – son père, par exemple ; certes, ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde, mais y’avait des arguments qui pesaient dans la balance. « Tue-le, Wilkins. Si c’est c’que t’as besoin d’faire pour prouver que tu peux dominer la conversation. » il avait arqué les sourcils, comme si c’était le songe le plus puéril qu’il aurait pu imaginer, et pourtant, c’était bien cet instinct-là qui avait poussé Rafael à prendre son flingue. Qu’il n’le prenne pas pour un idiot, à appeler Wilkins un déchet – aisément, il pouvait représenter la pièce pivot d’actions centrales contre les nids rebelles de mutants à Radcliff. Y’avait qu’à voir sa tête, la façon dont il frissonnait rien qu’avec le canon d’une arme contre sa tempe, ce n’serait pas bien compliqué de lui extraire d’la tête tout ce qu’y’avait à y saisir.« Mais on dirait bien que tes ressources sont pas si extensibles que c’que tu crois-… » ou était-ce juste de la comédie, que d’appeler Kingsley Moren un excellent chasseur après ce qu’il avait fait à Aria ? S’planquer derrière un gamin stupide et facilement influençable, pour tuer la fille d’une noble lignée de hunters, y’avait eu un temps, pas si lointain, où la chasse avait au moins été plus honorable que ça. Et juste comme ça, Cesare fit tourner le couteau dans sa main, d’un geste agile de ses doigts, une seconde à peine, un souffle métallique juste avant que la lame ne se fiche dans la main du transmutant, celle qui avait été détachée par ses propres soins, le clouant à travers l’accoudoir de celle-ci – sans état d’âme, sans hésitation, sans retenue. Au moins avait-il mis assez de hargne dans le geste pour remettre de l’ordre dans ses pensées, et celles-ci bouillonnaient à ses tempes avec tant d’ardeur, qu’il en ignorait les cris de douleur étouffés par le bâillon de sa victime ; « Le poulain- son nom, c’est Artur Kovalainen. L’ironie c’est que c’est un hunter, et que son père est un transmutant. » le rictus qui glissa avec sarcasme sur ses lèvres était évident, c’était à croire que leurs familles avaient été écrites pour s’opposer et se haïr. « Peut-être que t’as lu, l’éloge dans le journal qui annonçait la mort de sa sœur. » y’avait pas eu, de petit memo dans un coin du journal de la ville, pour Aria- Cesare s’était appliqué à la faire disparaître, du mieux qu’il l’avait pu. « T’as jamais eu le rapport du légiste, concernant Aria, hein ? » pas surprenant –  tout frère ainé dévoué qu’il avait été, il l’avait fait disparaître quelques jours à peine après la fête foraine. Avant même que ses parents n’sachent.

« Elle était déjà occupée à sauver sa peau, quand un des meilleurs chasseurs de la ville l’a trouvée- disons qu’l’incendie, les explosions, les accidents avaient déjà fait la moitié du travail. » il n’savait pas, d’où lui venait cette froideur pour émettre des faits si limpides et si profondément gravés dans son cœur tout autant que dans sa mémoire ; les conclusions d’un médecin inconnu, gravées au fer blanc dans son être. « Tu sais comment ça marche-, quand tu tues un dégénéré. Tu le coinces, tu l’immobilises, et tu l’abats… » au fond, pourquoi Aria aurait-elle dû être différente ? C’n’était pas sur le pathos que Cesare tirait, mais sur l’orgueil, l’arrogance profondément ancrée dans les siens, comme la chasse, comme le meurtre. « Même aveugle et à bout d’souffle, Aria aurait pu dominer l’autre abruti de Kovalainen – je l’sais, peu importe c’que Moren essaye de lui inculquer, c’est juste un amateur. » peu importait que Rafael ait toujours sous-estimé Aria, n’ait jamais cru en elle, ou n’ait jamais déversé la moindre minute de son temps pour elle ; « Me dis pas qu’tu veux pas faire payer, au type qui a tué un des nôtres comme un animal-… » un des nôtres, une notion qui répugnait tout autant l’père que le fils. « Parce que grâce à toi, à vos secrets, Aria est pas morte transmutante- c’était une chasseuse aux yeux d’la ville ; une DeMaggio. Et Moren-… il a certainement pas rendu service, ou honneur à cette famille. » des années de dévotion, de cause unique, balayées et fauchées par un sale type au beau milieu d’une fête foraine remplie d’innocents, de panique et de flammes ; quel aspect respectable y avait-il dans cette façon-là d’chasser ? Cette façon-là d’abattre la fille d’un des hunters les plus reconnus de Radcliff ? Oui, Cesare n’savait que trop bien, que son père n’avait jamais eu la moindre affection pour Aria – jamais l’moindre amour sensible et mielleux pour les siens ; il aimait bien plus la cause que ses propres enfants. « Et même si t’as pas assez d’couilles pour vouloir venger cette famille- » il allait sûrement s’en prendre un dans la tête à nouveau, un revers du poing dans la mâchoire, pour avoir dit de telles paroles – mais au fond, comment n’pas le penser, à voir Rafael et Isabela accepter l’idée qu’un connard ait décidé pour eux, d’empiéter sur leurs histoires ; c’était légitime « Kingsley Moren- mort, c’est ma seule demande. J’veux pas que tu le tues, toi- t’as dit que t’avais des ressources qui m’permettraient de pas avoir à attendre cinquante ans. Prouve-le. » sa litanie se suspendit dans le vide, Cesare rappelé par son cœur à la promesse qu’il avait faite à Isolde – il la balaya, d’un cillement, sans détourner le regard : « Après ça-… vaccine-moi ou tue-moi, ou fais c’que tu veux. J’m’en fous, t’as qu’à m’dire quels sont tes termes. » sans demi-mesure à nouveau, sans détour, sans s’défiler – c’était bien rarement qu’ils se disaient clairement les choses, alors autant l’faire histoire de changer un peu ; tourner autour du pot, ça allait vite épuiser leur patience, ils n’en avaient déjà pas beaucoup en règle générale. « Viens pas m’faire croire que tu t’préoccupes que Moren vive ou meurt parce que c’est un bon chasseur- si t’attends quelque chose en retour, t’as qu’à l’dire. » au fond, pourquoi est-c’que ça aurait été surprenant ? Cesare contre Kingsley Moren, ça semblait presque être une bataille biblique écrite depuis la nuit des temps – un combat dont l’issue était probablement évidente, dans l’esprit de Rafael DeMaggio ; il avait toujours été plus accroché à jouir d’son pouvoir sur son fils, qu’à s’prendre d’amitié pour tous les meurtriers du coin. Tout c’qui n’est pas de cette famille est ennemi ; un des avertissements qu’on lui avait répétés depuis aussi loin qu’il s’en souvenait, des mots prononcés par son père, sa mère, sa sœur. Sa cousine. Oh, ça faisait longtemps déjà, que père et fils n’étaient plus des alliés ; mais l’ennemi de mon ennemi…- dans le cercle vicieux de la haine, ils finissaient tous par avoir un but commun.  
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MessageSujet: Re: (rafael), once you let the darkness in, it never comes out   (rafael), once you let the darkness in, it never comes out Icon_minitimeLun 21 Mar 2016 - 16:16

Once you let the darkness in, it never comes out...

"Cesare DeMaggio & Rafael DeMaggio"
A une époque pas si lointaine, Rafael aurait pu regarder son fils avec fierté, en voyant la hargne et l'assurance dont il faisait preuve à l'heure actuelle. Sauf qu'en l'état, les choses étaient bien différentes de cette époque. La trahison, le dégoût, un gêne impie courant dans ses veines... C'était ça qu'il voyait, lorsqu'il regardait Cesare, pas le chasseur impitoyable qu'il avait souhaité en faire des années auparavant. C'était son propre échec, un immense gâchis de temps et d'énergie qu'il contemplait avec amertume, et il lui était difficile de garder ce sourire insolent fiché sur les lèvres sans grimacer de mépris. Un transmutant, voilà ce qu'il voyait. Une immondice qu'il aurait voulu écraser sans états d'âme s'il n'avait pas eu d'autres idées et d'autres projets en tête. Il la voyait, cette dualité dans le regard de son fils... Ni vraiment transmutant, ni vraiment chasseur, il était à la charnière entre les deux, son cœur balançant entre une mission qu'on lui rabâchait depuis l'enfance, et une erreur ridicule qui était venue se nicher dans son code génétique. Ca et... Probablement ses foutus sentiments. Entre la Saddler et sa sœur, c'était à se demander laquelle l'avait tenu le plus par les bijoux de famille pendant tout ce temps. Les choses auraient-elle été différentes, s'il avait été aussi peu démonstratif que son père ? Si pour lui cette cause, cette mission pour laquelle on l'avait formaté avait largement dominé tout le reste ? Car c'était bien ça, qu'il y avait dans le crâne de Rafael DeMaggio. Détruire les dégénérés jusqu'au dernier, qu'importe les dommages collatéraux, ne s'attacher à rien ni personne pour n'en souffrir en aucune façon, pour ne pas voir ses convictions flancher à cause de sentiments mal placés... C'était agir comme un robot, une machine programmer pour tuer, et ne pas faire d'exception. Au fond, s'il n'avait pas été un immonde connard, peut-être aurait-on pu trouver cela triste... Il était révolu, le temps qui avait vu le père et le fils œuvrer de concert pour une c;ause commune. Et méfiant qu'il était, Rafael avait encore du mal à croire au petit manège de Cesare. N'y avait-il pas encore des cachotteries dans l'histoire ? L'arme pointée sur le crâne du transmutant qui devait probablement regretté d'être sorti ce jour-là, Rafael fixait sans ciller ce fils en qui il avait placé tant d'espoirs par le passé.

« Oh non, je me doute bien que tu ne feras jamais autant d'effort si tu avais tout un plan en tête... Si tu as mis les petits plats dans les grands, c'est probablement que tu es assez désespéré pour te dire que je suis ta seule option... »

Il n'était pas dupe. Il savait que, désormais, venir quémander un service à son père forçait Cesare à mettre ses convictions et son orgueil de côté. Si ça amusait le père ? Quelque part, oui. Seulement, il ne comptait pas réellement tuer Wilkins, du moins pas avant de l'avoir saigner de tous les renseignements que pouvait contenir son crâne de dégénéré.

« Je n'ai pas besoin de ça... », se contenta-t-il de répondre.

Il n'avait guère besoin de plus pour faire comprendre à Cesare que le simple fait de le voir débarquer chez lui la bouche en cœur en cherchant à monnayer son aide lui suffisait. Plissant les yeux en se forçant à rester détendu, il luttait contre l'envie d'abattre la crosse de son arme contre le crâne de Cesare, qu'il mourait pourtant d'envie de lui faire bouffer le parquet. Sans un mot de plus, il écouta simplement le récit du jeune homme, mettant un nom sur cet apprenti dont il ne savait finalement pas grand chose. L'ironie de la situation le fit en effet sourire, et il baissa un moment son arme, sans pour autant délaisser la prudence.

« Ah... C'est donc toi le fameux meurtrier qui a pris la fuite sans laisser de traces... Tu parles d'éloge, mais ce qui intéresse surtout la population c'est de savoir comment cette histoire va se finir... Le sort de cette fille, tout le monde s'en fiche, tu devrais savoir que les victimes fascinent moins que leur meurtrier... »

C'était cruel mais la vie était ainsi faite : Passée l'annonce et les quelques larmes que l'on versait pour un innocent abattu sans raison, on ne s'intéressait plus qu'au coupable, au monstre qui avait pris une vie, car ils avaient quelque chose d'autrement plus mystérieux et dangereux qu'un cadavre pourrissant déjà six pieds sous terre. Et si Cesare poursuivait celui de sa sœur, il devait inévitablement d'attendre à être traqué par le père transmutant de la fille qu'il avait abattu. Y avait-il seulement pensé une seconde ?

« Alors dis-moi... Puisque tu sembles connaître sur le bout des doigts chaque membre de cette famille... Pourquoi n'avoir tué que la fille si tu avais le reste de la famille à portée de main ? A moins bien sûr que ça ne t'amuse d'être traqué par un dégénéré et un chasseur débutant... »

N'avait-il donc rien retenu de son entraînement ? Ou s'était-il ramolli avec les années ? Abattre un dégénéré ou assouvir une vengeance ne s'improvisait pas. Et tuer en représailles cette fille lui avait sûrement causé plus d'ennuis qu'autre chose. Le jeune Kovalainen ne poserait probablement pas de problème... Un chasseur débutant, si Cesare n'était pas capable d'en venir à bout, ce serait plus que décevant. Mais un dégénéré déterminé à venger sa fille ? C'était une autre paire de manches... A moins bien sûr que le père en question n'en ait strictement rien à faire de la survie ou de l'agonie de ses enfants, auquel cas... Et bien Rafael n'avait strictement aucune leçon de morale à lui donner.
Aussi, à défaut de continuer à railler Cesare, il se contenta de l'écouter, jouant distraitement avec les vestiges de la médailles que le transmutant lui avait imprimé dans la chair. Il n'était pas étonné qu'Aria se soit si bien défendue, étrangement... S'il n'avait jamais beaucoup cru en elle, il ne pouvait que saluer sa ténacité et l'énergie qu'elle avait toujours mis en œuvre dans l'espoir de voir un éclat de fierté dans les yeux de son père... Elle s'était démenée des années durant, et Rafael ne pouvait nier que savoir qu'un apprenti avait tué une DeMaggio piquait à vif son orgueil. Il lui était impossible d'imaginer que le Kovalainen était trop puissant et sa fille trop faible. C'aurait été reconnaître le talent d'un autre et ça... C'était inconcevable. D'autant qu'il savait que Cesare ne tarissait pas d'éloges au sujet de sa sœur, mais il n'aurait pas à ce point surestimé ses capacités. Si c'était Moren, le meurtrier, Rafael n'aurait pas douté un seul instant de sa supériorité sur Aria... Mais un gosse... Un débutant et le rejeton d'un mutant, qui plus est... Toujours silencieux, le chasseur se contentait de fixer son fils, lequel défendait toujours avec ferveur sa cadette. Il plissa les yeux, suspicieux. Il n'arrivait pas à s'ôter de l'esprit la dégénérescence de la jeune fille. C'était une transmutante, une erreur, un monstre... Mais c'était aussi une DeMaggio, un sang noble avait coulé dans ses veines durant toutes ces années, elle avait eu la chasse dans les tripes, la cause dans la tête et une force de caractère à nulle autre pareille. Alors non, il ne pouvait décemment pas se faire à cette idée. Bien sûr que Moren n'avait pas rendu service à cette famille... Entre cet incident et ce que lui avait raconté Isobel, il commençait à se dire que le chasseur en question était devenu fou... Ou qu'autant de sang versé lui était monté à la tête.

« Et même si t’as pas assez d’couilles pour vouloir venger cette famille- »

Il releva vivement la tête, la remarque cinglante le réveillant d'un coup. S'il n'y avait pas eu cette table entre eux, il aurait probablement à nouveau mis son poing dans la figure de Cesare. Seulement, il n'était pas assez fou pour lui jeter son revolver en espérant qu'il ne l'arrêterait pas avec son pouvoir de dégénéré.

« Méfie-toi, Cesare... Si c'est un accord que tu veux, ne viens pas m'insulter. Ou cet accord risquerait d'être très déloyal... »

D'un autre côté, il entendait bien lui faire payer leur dernière entrevue, dont il gardait un souvenir amer et une profonde rancune. Pouvait-il seulement lui faire confiance ? Quel certitude avait-il concernant l'honnêteté de Cesare ? Il pouvait à tout moment le trahir, aussi devait-il prévoir un ou deux plans de secours au cas où il se retrouverait dans une telle situation. Contournant la table, Rafael baissa les yeux vers le mutant gémissant qui tremblait de tout son être. Pathétique... Une lame dans la main et voilà qu'il se faisait dessus. Nul doute que si on lui avait retiré son bâillon à cet instant, il se serait empressé d'implorer la pitié de ses ravisseurs. N'avait-il pas encore compris que c'était peine perdue ? Il ne ressortirait pas d'ici vivant, c'était une certitude. Restait à savoir combien de temps il survivrait, et dans quel état. Dans son instant, il valait mieux qu'il parle vite.

« A vrai dire... Moren fait du bon travail, mais qu'il soit vivant ou mort ne m'empêchera pas de dormir. Et vu le nombre d'ennemis qu'il s'est fait en ville, tu te feras sûrement bien plus d'alliés en le tuant qu'en achevant le rejeton Kovalainen... Mais que les choses soient claires : Mon aide à un prix, et si tu crois t'en sortir avec une balle dans le crâne, tu te trompes. »

Ils se faisaient à présent face, davantage comme deux ennemis que comme un père et un fils. L'affection et le sacrifice n'avaient jamais fait partie des composantes de leur relation, mais à une époque, ils avaient été alliés... Dans le même camp, œuvrant pour la même cause. La mort de Moren pouvait potentiellement sceller une nouvelle alliance de ce genre et permettre à Rafael de reprendre le dessus sur son fils. La vie d'un chasseur contre l'assurance que Cesare n'irait pas le poignarder dans le dos, c'était un marché respectable.

« Tout d'abord, si je te demande quelque chose, tu obéis sans discuter. Tu ne poses pas de questions, tu exécutes. Ca ne devrait pas te poser trop de problèmes, tu savais le faire, il y a quelques années. Ensuite... Pour ce qui est de te vacciner, c'est une option, en effet. S'il n'y avait pas eu des effets secondaires susceptibles de faire de toi un boulet à traîner, je l'aurais fais sans hésiter. Au moins écart de ta part, ta monstruosité, tu lui dis adieu. »

Croisant les bras, il laissa à Cesare le temps d'assimiler ce qu'il venait de lui dire.

« Enfin, et c'est ma principale exigence... Ta Saddler, tu lui dis adieu. Si tu ne veux pas voir sa jolie petite tête blonde placardée sur ta porte, tu t'en tiens loin. Me suis-je bien fais comprendre ? »

Isolde... Un nom qui lui filait des frissons de dégoûts à chaque fois qu'il l'évoquait ou y pensait. C'était sa proie, son obsession, la dégénérée qu'il entendait bien étrangler de ses propres mains avant d'en faire un trophée. Et pour cela, il devait s'assurer que Cesare ne viendrait pas fourrer son nez dans ses affaires.

« Je n'ai aucune assurance que tu ne chercheras pas à me doubler, et moi non plus. Alors ne parlons pas de confiance mutuelle. En revanche, maintenant que j'ai posé mes conditions, venons-en à ce qui t'intéresse. Je n'ai pas besoin de te rappeler que Moren n'est ni un débutant, ni un enfant de chœur. Si tu veux en venir à bout, tu vas devoir prendre en considération le fait qu'il soit comme toi. Je tiens de source sûre cette information : Cet imbécile s'est réveillé un matin avec le pouvoir d'influer sur la gravité et est persuadé que c'est un don de Dieu... Tu as donc affaire non seulement à quelqu'un de dangereux mais aussi à un parfait illuminé. »

Malgré tout le respect qu'il avait pour Kingsley, Rafael pouvait difficilement cacher son dégoût quant à l'attitude de son collègue. Lui-même se serait empressé de mettre fin à ses jours si une mutation était venue pointer le bout de son nez. Il se souvenait de son mépris contenu lorsqu'Isobel lui avait exposé la situation, et regrettait encore de lui avoir promis de ne pas traquer personnellement son ami.

« Tu sais sûrement qu'il est avocat... C'est un type prudent qui sait très bien parler, il prendra sûrement un malin plaisir à te parler de ce que son apprenti a fait à ta sœur... Enfin... J'imagine que tu es suffisamment habitué pour ne pas lui sauter dessus au moindre mot ? »

Rafael lui jeta un regard appuyé. Il savait à quel point la haine et le besoin de vengeance pouvait conduire à faire des choses irréfléchies que l'on n'aurait pas fait en temps normal.

« Je t'écoute, qu'est ce que tu veux de plus à son sujet ? Il n'a ni terrain de chasse favori, ni cible de prédilection, tu pourrais aussi bien le croiser dans la rue qu'à la lisière de la forêt... Et une dernière chose... Tu le sais, n'est ce pas ? La vengeance est un cercle vicieux, elle ne t'apportera rien de bon, si tant est que tu t'en soucies... »

Il était bien placé pour le savoir. Il avait l'impression de courir après une vengeance depuis longtemps assouvie, car sa haine des transmutant le poussait à tuer, encore et encore, sans la moindre limite ni le moindre état d'âme. Si Cesare pensait savoir ce qu'il faisait, était-il cependant conscient que tuer Moren ne ramènerait pas sa sœur ni ne l'aiderait à mieux dormir la nuit ? C'était d'ailleurs la question qui lui chatouillait la langue : Abattre la sœur du jeune Kovalainen avait-il suffit à apaiser et sa culpabilité ?
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MessageSujet: Re: (rafael), once you let the darkness in, it never comes out   (rafael), once you let the darkness in, it never comes out Icon_minitimeLun 11 Avr 2016 - 5:10


for all of the things that i've done all these years
FOR ALL OF THE LIGHT THAT I SHUT OUT.
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i thought i saw the devil this morning, looking in the mirror, i never meant to start a fire. my past has tasted bitter for years now, so i wield an iron fist. grace is just weakness or so i've been told. i've been cold, i've been merciless. but the blood on my hands scares me to death w/cesare demaggio & rafael demaggio.
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Il n’avait pas besoin de creuser très profondément pour la trouver, sa colère ; peu importaient les promesses qu’il avait faites à Isolde, les mots qu’ils s’étaient échangés dans cette chambre d’hôpital, ou tout ce qu’elle lui avait dit avec l’espoir de le retenir, Cesare restait celui qu’il était. Et sa rage, sa hargne, l’envie de venger Aria- tout ça, c’n’était certainement pas du mensonge balancé à la tronche de son père pour l’attirer dans des filets traitres : il voulait tuer Kingsley Moren, et s’il devait l’payer du prix de son âme, il le ferait. N’était-ce pas ce qu’il avait déjà prouvé, lorsqu’il s’était retrouvé face à Artur Kovalainen, et sa sœur immobilisée au sol, tout juste bonne à être victime de sa rage ? Le novice de Moren avait appris sa leçon à la rude, et s’il fallait que la moitié de Radcliff l’apprenne également, gravée d’un fer chauffé à blanc par l’impétuosité du DeMaggio, qu’il en soit ainsi. Nul autre n’pouvait être mieux placé pour savoir ça que Rafael, puisque littéralement aujourd’hui, le père de famille portait sur ses chairs l’empreinte cuisante de ses plaques honorifiques : rien que pour ça, ça relevait de la folie et du suicide, de la part de Cesare, de s’jeter dans la gueule du loup de la sorte. Rien que pour ça, son géniteur devait ressentir un mélange doux-amer de toute puissance et de fureur : quelle impétuosité, de la part du fils déchu, que de se pointer selon ses propres termes pour réclamer l’aide de l’homme qu’il aurait si volontiers tué quelques poignées de mois plus tôt. Mais l’eau avait coulé sous les ponts, n’est-ce pas ? Une illusion que le transmutant ne portait qu’à peine dans son esprit : car si lui était rancunier, hargneux et déterminé, c’n’était que parce que son père lui-même lui avait inculquées de telles valeurs, comme les traits de caractère qui forgeaient un bon hunter. Sa rancune désormais, elle était dirigée vers nul autre que Kingsley Moren – et Rafael, Wilkins, Artur Kovalainen, le père de celui-ci ou n’importe quel abruti, s’il fallait qu’ils deviennent des victimes collatérales dans son sillage, y’avait rien dans les prunelles du fils qui pouvait indiquer qu’il en ressentirait le moindre remord. Elle était effrayante, cette impétuosité, cette passion incontrôlable qui faisait si souvent osciller Cesare entre de la dévotion amoureuse et tendre, et une colère incandescente dirigée contre ses ennemis. Pourtant, c’était la même émotion qui motivait ces deux traits de lui-même : fallait croire que se jouait encore cette dualité en lui- alors qu’il était si souvent tendre et attentif à l’égard d’Isolde, ou il l’avait été à l’égard d’Aria, pour ses adversaires, ses instincts s’transformaient en de véritables armes létales. Il le paierait de sa vie, un d’ses jours, plus sûrement en se sacrifiant pour la Saddler qu’en courant après Moren : une conviction qu’il comptait bien confirmer en s’confrontant à son ancien mentor, plus tôt que tard. Maintenant qu’il avait mis un nom, un visage, un être sur le meurtrier d’Aria, tout ce qu’il voulait, c’était en finir au plus vite, sans demi-mesure et sans attendre : quel meilleur moyen pour cela que de s’tourner vers son père ? Isolde, elle avait déjà trop de sang sur les mains à cause de lui, à cause de la hargne qu’il avait fait naître en elle en lui causant tant de peine et de dommages ; il les pensait, les promesses qu’il lui avait faites, l’espoir d’un avenir meilleur pour elle, pour lui, pour eux deux s’ils parvenaient à se retrouver un jour. Un jour- ça semblait si lointain et flou comme idée, qu’il finirait par s’jeter dans un abysse de désespoir avant de pleinement pouvoir voir ce fameux jour devenir quelque chose de tangible pour lui. En attendant, y’avait sa sœur qui méritait justice, et y’avait cette pourriture de Moren qui continuait de courir librement dans la nature.

Y’avait pas de mensonge, alors, dans la motivation qu’il étalait dans chacun de ses gestes et sur chaque trait de son faciès ; c’n’était qu’à peine la volonté, lointaine et hypothétique, de doubler son père, bien plus tard, un jour, lorsqu’il en aurait fini avec Kingsley, qui le guidait à avoir des mots aussi tranchants et effectifs. Ils avaient leurs effets sur Rafael, une évidence qui flottait dans l’air à chacune des petites réactions abandonnées par celui-ci ; et bien entendu, le père ne manqua pas de répondre à sa façon. Cesare n’avait pourtant pas l’intention de s’vanter d’avoir tué Moira Kovalainen, elle n’avait qu’à peine offert une résistante digne de ce nom, et n’avait finalement été que la victime secondaire d’une rage qui n’avait jamais été dirigée contre elle : qu’était-il censé faire ? Admettre de but en blanc à quelqu’un comme son père, qu’il avait perdu les pédales et avait littéralement laissé sa mutation déborder par chaque part de son âme pour infliger d’elle-même un sort qu’il aurait préféré – avec du recul – offrir au véritable coupable plutôt qu’à la jeune femme ? Encore une fois, le patriarche DeMaggio devait être assez bien placé pour pouvoir faire des hypothèses de c’genre, puisqu’il avait été lui-même victime de cette fureur incommensurable et incontrôlable- lui, il en avait réchappé de justesse, mais la port lente et douloureuse que Cesare lui avait réservé ce soir-là, la dernière fois qu’il était revenu dans cette maison, il l’avait offerte à la mutante rousse. Pourquoi donc est-c’qu’il y avait de quoi se préoccuper de la mort d’une dégénérée ? C’était ironique, et peut-être bien était-ce parce que Rafael ignorait totalement que Moira Kovalainen avait été une mutante ; il dévisagea donc son père, sans ciller, choisissant ses mots en quelques poignées de secondes. « Compte-tenu du fait que c’était une dégénérée, j’suppose que personne va aller chercher très loin. » ne put-il s’empêcher de souligner, par rapport au fameux brassage qu’il avait visiblement créé autour de l’horrible meurtre de la pauvre, innocente et rousse Moira Kovalainen. Il en avait tué combien, déjà, des pauvres, innocentes et rousses jeunes femmes ? Cesare avait fini par perdre le compte, et c’était on n’peut plus ironique de voir quelqu’un comme Rafael s’pavaner comme s’il avait commis le pire acte de l’humanité- ça faisait vingt ans déjà, que son père le préparait à accomplir ce devoir pour le restant d’ses jours, il n’avait rien fait de plus ou de moins que tout ce qu’il avait déjà accompli sous le statut de chasseur. Une évidence qui échappait à bien des gens de la caste des hunters, Rafael DeMaggio inclus sans doute ; c’était quelque chose que lui, il avait réalisé avec éclats, grâce à Isolde. Une hantise qui le poursuivait, le poursuivrait, désormais avec le fantôme de Moira Kovalainen ajouté à ceux de tous les autres. « Je savais pas tout sur cette famille avant de rencontrer le père. Comment j’étais censé savoir que Moren s’amusait à prendre comme novice les mômes des transmutants du coin ? » il avait parlé avec l’acidité d’autrefois, l’orgueil piqué à vif, parce qu’au fond, qui était le premier à trahir la cause ? Kingsley Moren, qui s’amusait à jouer avec les enfants des dégénérés pour les transformer en hunters, alors même qu’ils étaient irrémédiablement porteurs du gène mutant, ou lui, Cesare, qui n’avait fait que chercher justice pour sa sœur ? L’œillade qu’il darda sur son père, en dit long probablement, sur l’arrogance qui continuait de galvaniser Cesare vis-à-vis de cette histoire bien précisément – il haïssait l’impuissance qu’il éprouvait à l’idée de n’pas pouvoir s’attaquer à Moren de lui-même et il haïssait le fait que sa hargne ait pris le dessus face à Artur Kovalainen. Qu’est-c’qu’il avait eu à gagner, ouais, à tuer son imbécile de sœur plutôt qu’à l’abattre lui ? Bonne question- et probablement qu’y’aurait jamais la moindre réponse qui s’offrirait à Cesare pour chasser cette culpabilité de ses entrailles. « Quoi, tu veux un compte-rendu détaillé de toute l’affaire ? T’avais qu’à trouver le poulain avant si tu voulais voir de quoi il était fait. » au fond, l’attitude désinvolte de Cesare devait surprendre son géniteur, probablement, mais elle n’était pas si inhabituelle : c’était juste que son père avait bien rarement questionné ses capacités de hunters avant de découvrir qu’il était un dégénéré, alors ils n’avaient jamais eu à s’confronter à un conflit du genre, d’égo à égo. Mais tous les deux, ils en avaient à revendre, de l’égo. « Le chasseur débutant j’en fais mon affaire, ça m’étonnerait qu’il arrive à rattraper quinze ans de formation d’ici-là. Et le transmutant, j’crois bien que c’est c’que j’ai fait toute ma vie, non, m’occuper d’eux ? » alors pourquoi subitement ça devenait une affaire d’état ? Une question qu’il sembla poser, sans y mettre les mots, de ses sourcils s’arquant d’un air défiant. Il avait choppé Wilkins non ? En un temps plutôt record, en comparaison des mois que son père avait gaspillés à le chercher.

Il n’était pas venu pour rendre des comptes de toute manière ; certes, il s’retrouvait là, à ployer l’échine face à son père alors même que quelques mois plus tôt, il avait juré de toutes les façons possibles et imaginables qu’il trouverait un moyen d’arrêter le tueur de sa sœur sans avoir recours à l’aide des monstres qu’étaient leurs parents. Ça devrait suffire, à satisfaire l’hubris de Rafael- il avait rajouté à cela les dossiers qu’il avait eus avec lui au moment de fuir avec Aria, un dégénéré et sa pleine coopération pour s’accorder sur un deal, aussi peu loyal pouvait-il être. Il savait devant qui il venait se présenter, après tout et son père, contrairement à ce qu’il voulait bien dire, n’avait jamais été une personne très loyale : c’était plus dans les habitudes du patriarche DeMaggio d’exiger honneur et loyauté de la part des autres, pour mieux les poignarder dans le dos. Combien d’fois l’avait-il vu, se sustenter du désarroi des autres, ses alliés comme ses ennemis ? Il savait parfaitement – et trop bien – dans quoi il mettait les pieds, en cette nuit qui devint subitement glaciale, dès lors que Rafael quitta sa place de choix pour revenir vers le jeune homme. Ca faisait bien cinq ans, déjà, que pour Cesare, la moindre proximité avec son père était baignée de tension, de méfiance et de crainte – il essayait de balayer cette dernière de ses tripes, dès lors qu’elles se tordaient derrière le masque de froideur qu’il s’efforçait de garder ; mais combien de fois le fils avait-il eu peur de voir son père s’approcher pour lui foutre la balle tant méritée dans le crâne, parce qu’il avait été un dégénéré ? Cinq ans, ouais, Cesare avait passé cinq longues années, au nez et à la barbe de ses parents, à leur cacher sa nature – il en avait appris, des choses, à les observer, à les darder et les évaluer. Du même mouvement que son père, Cesare observa le transmutant qui se trouvait juste entre eux, et commençait à faire planer dans la pièce une odeur de sang, mêlée à l’arôme si familier de la peur – et plutôt que de le glacer d’horreur comme il l’aurait espéré, ça laissait le DeMaggio plus indifférent qu’autre chose. Ce qu’il voulait, c’était que son père ouvre son clapet pour enfin lui donner ce qu’il voulait – une salvation qui viendrait à un prix, qu’il vint encaisser en tournant à nouveau toute son attention vers Rafael. Et les choses commençaient vite et bien, Cesare, se retrouvant forcer à serrer les mâchoires pour retenir une réplique cinglante, dès lors que son interlocuteur le ramena aux bonnes vieilles années où il n’avait été rien d’autre qu’un soldat bien obéissant : évidemment que c’était une des conditions du contrat. Chacune des paroles de son père fut aussi prévisible que la précédente- c’est ma principale exigence, pourtant, accrocha l’attention de Cesare comme s’il venait de recevoir un choc électrique : ils avaient parlé de lui, revenant au côté de son père pour exécuter son sale boulot – ils avaient parlé de sa mutation, qu’est-c’qu’il restait donc comme sujet à couvrir ? Le nom d’Isolde, fracturant l’air comme un coup de fouet, ne fut que la réalité confirmant les craintes de Cesare : si son père devait apprendre pour l’existence de Clara, c’en était fini de lui, d’elle et de leur fille. Tout c’qu’ils s’étaient dits dans cette chambre d’hôpital, ç’avait été avec raison – ils n’pouvaient plus se voir, plus s’chercher, plus se tester l’un l’autre à la recherche de ce qu’ils pourraient être. Ici et maintenant, dès le moment où Cesare avait choisi de poursuivre Kingsley Moren plutôt qu’une quelconque rédemption, Isolde et lui, ils étaient condamnés à n’plus rien être. L’idée le fit tilter malgré tout, de cette rage difficilement dissimulée qu’il avait éprouvée à l’égard de la blonde – elle, elle avait cru qu’il avait eu droit de revenir chez ses parents la bouche en cœur parce qu’il avait fait exploser une poignée de mutants. Et son père, fallait croire qu’il s’imaginait son fils et une dégénérée, filant le parfait amour, malgré tout ce qu’il l’avait poussé à faire. Dans quel monde vivaient-ils, tous les deux ? Fallait croire que Cesare avait été le seul à pleinement prendre en considération les conséquences de ses actes. « On dirait bien qu’tu viens de gaspiller une de tes conditions. J’te rappelle que ton ultimatum a des airs d’un an plus tôt. » ne put-il s’empêcher de lâcher, acerbe et amer ; si ça devait être un indicateur de quelque chose, c’était du défaitisme de Cesare ; il avait sauvé Aria ce soir-là, au prix de tout ce qu’il aurait pu avoir avec Isolde. Pas la peine de lui demander de dire adieu à sa Saddler- elle lui avait dit adieu y’a longtemps déjà.

« J’sais pas c’que tu veux, si tu veux un accord signé sur un papier ou quoi, mais si c’est ça le prix de ton aide, qu’il en soit ainsi. » ça faisait déjà bien longtemps, d’toute manière, que Cesare avait jeté sa vie dans des abysses d’un sacrifice incessant : pour la cause, pour sa sœur, pour devenir le parfait petit soldat accroché aux talons de son père. Son intégrité, il l’avait oubliée depuis longtemps, alors même prononcer ces mots n’était pas si douloureux que ça. Au moins, ça leur permit d’enclencher sur Kingsley Moren, le cœur du problème et ce qui l’intéressait avant n’importe quelle autre négociation ou un quelconque deal que ce soit. Et ils commençaient bien, d’ailleurs ; Cesare ne put s’empêcher de ciller, arquant un sourcil perplexe aux paroles de son père : il avait appris de source sure que Kingsley était comme lui ?! Et c’était un don de Dieu, comme par hasard ? L’ironie lui lécha la gorge dans un ricanement amer qu’il retint difficilement- en réalité, il aurait pu s’étouffer sur celui-ci, croisant les bras étroitement pour s’efforcer au calme. « Il a toujours été illuminé, mais faut croire que vous étiez tous trop obnubilés par son tableau d’chasse pour vous en rendre compte… » glissa-t-il entre les paroles de son père, des souvenirs amers revenant à son esprit : il se souvenait bien d’à quel point Rafael s’était dit un jour, que c’était bien pour renforcer le caractère de son fils, que de le pousser à apprendre quelques savoirs sur la chasse au côté du grand et célèbre Kingsley Moren. Et combien de fois ce fanatique avait-il parlé de Dieu, de péchés, de sorciers, et de trucs de ce genre ? S’il avait dû ressortir avec une conviction quelconque de ce petit stage d’entrainement au côté du chasseur si reconnu, ç’avait été que Kingsley Moren était définitivement l’homme le plus fou que cette terre ait pu porter. Et ça ne rendait que chaque songe du grand-frère sur la mort d’Aria, encore plus nauséeux : qu’avait-elle bien pu endurer, dans les derniers moments de sa vie, entre les mains de l’autre imbécile et du fanatique religieux ? Est-c’que Kingsley avait déjà été un transmutant au moment de s’attaquer à sa sœur ? Trop de songes, vinrent lui enserrer le cœur, celui-ci tombant comme une pierre au fond de son poitrail, rien que pour donner raison aux paroles de Rafael. De ses prunelles noires, Cesare pourtant, se confronta au regard appuyé lancé par son père, défiant celui-ci sans faillir ; Kingsley Moren se frotterait à sa rage, il n’pouvait certainement pas promettre quoique ce soit d’autre. Qu’il crève dans ce duel, au fond, c’était peut-être l’issue préférable ; plutôt ça que d’finir en toutou de la famille DeMaggio rien que pour satisfaire l’orgueil de ses géniteurs. Une pensée qu’il gardait pour lui, bien évidemment, n’daignant lâcher une réaction qu’aux paroles faussement moralisatrices de son père, un rictus sardonique fracturant son visage. Et pourtant, il était bien moins provocateur que nostalgique ; une putain de mélancolie qu’il n’aurait jamais cru avoir, pour un temps où il aurait vraiment pu croire les paroles de son père. « A parler comme ça, on dirait presque qu’tu te préoccupes de c’que ça peut m’faire, la vengeance et le cercle vicieux de la haine. » ça n’avait pourtant probablement jamais été le cas, puisqu’on l’y avait jeté en plein dedans alors qu’il n’avait été qu’un gamin. La haine des dégénérés, la haine d’un seul type, au fond, c’n’était certainement pas différent. L’ironie acerbe crachée, Cesare arpenta quelques pas pour s’éloigner de son père, s’appuyant contre la table malgré tout. « C’que je veux de plus, c’est savoir que j’peux m’attaquer à lui sans m’retrouver avec dix autres hunters au cul. Je sais déjà que c’est un avocat, et que comme tous les chasseurs bien placés dans cette ville, il a tout un réseau de sbires qui seront prêts à tomber sur n’importe qui qui s’attaquerait à lui. » c’était un peu comme les DeMaggio, avec leurs chers clients de trafic d’armes : si Rafael devait être tué aujourd’hui, son meurtre ne resterait pas impuni plus d’une journée à peine. Mutant, chasseur, peu importait, Kingsley était plus puissant qu’il n’le laissait paraître ; mais l’idée que sa réputation s’effritait au profit de celle d’un fou furieux fanatique, Cesare l’avait retenue, et c’était potentiellement tout ce dont il avait besoin. « J’ai besoin de savoir quels timbrés sont encore d’son côté… y’a vraiment des chasseurs qui le soutiennent alors que c’est un dégénéré ? » la question lui avait brûlé les lèvres, avec plus de désarroi dans la voix qu’il n’avait voulu en lâcher : lui, il était un paria parmi sa famille parce qu’il s’était réveillé avec cette malédiction, et il n’avait jamais été assez fou pour s’dire que c’était un don de Dieu et c’était Kingsley Moren lui-même qui avait eu l’audace de s’dresser en main justicière pour Aria. Oh, y’avait pas à douter que Cesare écouterait plus volontiers sa rage que sa raison, dès lors qu’il se retrouverait face au meurtrier de sa sœur ; elle transpirait déjà par chaque pores de son être. Pourquoi est-c’qu’il n’était déjà pas mort, hein, alors qu’il était coupable des mêmes crimes qu’Aria, et qu’elle, personne n’daignait lui attarder le moindre songe ?! Aussi vivement qu’il avait cherché la moindre réponse dans le regard de son père, Cesare lâcha prise, détournant les yeux, s’détachant de sa place pour arpenter le reste de la pièce. « Peu importe. Tu sais c’que j’veux- j’veux savoir tout c’qui peut importer, tout c’que j’peux ignorer sur l’organisation des hunters en ville depuis que j’en fais plus partie. Si y’a vraiment un groupe créé par Lancaster, qui pourrait complètement s’retourner contre moi si j’devais buter Kingsley. » et alors peut-être qu’il venait de prononcer trop de phrases impétueuses pour que ça n’éveille pas la méfiance de son père – et pourtant, c’était bel et bien pour lui, sans arrière-pensée autre que celles relatives à sa vengeance, que Cesare avait prononcé de tels mots. Il lui avait offert après tout, une véritable mine d’informations sur les transmutants avec Wilkins, il avait bien droit à la contrepartie- et qui de mieux placé pour savoir tout ça qu’un DeMaggio ? 
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MessageSujet: Re: (rafael), once you let the darkness in, it never comes out   (rafael), once you let the darkness in, it never comes out Icon_minitimeLun 4 Juil 2016 - 0:31

Once you let the darkness in, it never comes out...

"Cesare DeMaggio & Rafael DeMaggio"
En découvrant Cesare au milieu de son salon et son détestable invité, Rafael avait été partagé entre l'amusement et l'envie irrépressible de le faire fusionner avec le parquet. Le sarcasme, il l'avait sentit lui chatouiller la langue, résistant à la tentation de lui demander si c'était Noël, ou s'il s'était soudainement décidé à lui offrir autre chose qu'un collier de nouilles pour la fête des pères. Mais il avait contenu tout ça sous la méfiance et la haine, chaque coup avorté lui électrisant les poings. Il les avait contenu car la haine de Cesare était palpable, la fébrilité vengeresse animait ses gestes, et il semblait à deux doigts de faire tomber le masque d'indifférence qu'il s'évertuait à porter en présence de son père. Si ce dernier était inquiet ? Pas le moins du monde ! Mais il était prudent, mesurée, et conscient qu'il y avait là de quoi s'assurer à nouveau la fidélité du fils prodigue. S'assurer également qu'il n'irait pas se mettre bêtement à dos d'autres familles de transmutants. Si un dégénéré était un problème en soi, une portée complète prenait immédiatement l'allure d'un défi titanesque. Quand bien même la dégénérée n'avait-elle pas été en mesure de faire quoi que ce soit à Cesare, ce n'était peut-être pas le cas du reste de la famille et... Malheureusement, ce n'était pas l'instinct paternel ni les ersatz d'un amour filial depuis longtemps disparus qui allaient pousser Rafael à l'aider. C'était l'intérêt, le bénéfice, le besoin qui guideraient ses gestes.

« Si tu t'étais renseigné en amont, tu ne te serais pas fais avoir. Avec un nom à coucher dehors comme celui de cette fille, ça ne devait pourtant pas être si compliqué, non ? Moren n'aurait jamais pris sous son aile un transmutant avéré... Le rejeton d'une famille de mutants, trop normal pour les siens, ça ne te fait pas réfléchir ? »

Il n'y avait pas grand chose sinon la haine et la jalousie pour pousser un individu à se retourner ainsi contre sa propre famille. A vrai dire, Rafael n'était pas si étonné d'apprendre que Kingsley avait été assez vicieux pour alimenter la rancœur de son jeune chasseur. Malgré tout le respect qu'il avait pour lui, il ne pouvait nier qu'il était complètement fou. L'assassinat d'Aria restait en travers de la gorge de Rafael, respect ou non. S'octroyer le droit de supprimer sa fille sans son autorisation... C'était un affront qu'il avait du mal à digérer. Il aurait aimé régler ce genre de chose lui-même, et regrettait à présent de ne pas l'avoir fait plus tôt. Sans sa sœur, Cesare était plus encore un électron libre qu'auparavant, libéré des entraves de son devoir d'aîné. Si Moren n'avait pas eu un quelconque intérêt aux yeux du DeMaggio, s'il n'avait pas eu la certitude qu'en le vendant il entraînerait une réaction en chaîne sans précédent, Rafael aurait probablement eu bien moins de scrupules. Tapotant la surface de la table dans un geste impatient, il haussa un sourcil face à la désinvolture de Cesare. Cet orgueil, c'était bien l'emprunte indélébile du sang DeMaggio, ce besoin de cracher son venin au visage de ceux qui osaient remettre en doute leurs compétences. Trop d'impertinence en si peu de mots, le chasseur serra les dents.

« Puisque tu as l'air de si bien savoir ce que tu dois faire, pourquoi viens-tu pleurnicher ici ? Tu t'es occupé de transmutant toute ta vie ? Alors pourquoi l'as-tu laissé en vie ? Tu dis que tu fais de ce chasseur ton affaire ? Même question. Commence donc par te débarrasser de ce qui peut l'être facilement avant de t'attaquer à plus fort que toi. »

Car c'était bien ce que risquait Cesare, finalement. Réveiller toute une armada de fous fidèles à Moren qui ne tarderaient pas à se liguer pour lui faire la peau. Combattre cette menace sur un front et affronter un dégénéré vengeur de l'autre, c'était au mieux de la folie, au pire du suicide. Plissant les yeux, Rafael dévisagea son fils. Comprendre son besoin de vengeance c'était une chose, en saisir les conséquences en était une autre. Alors, en guise d'assurance, il posa ses conditions, sans négociation possible. Un sourire moqueur se dessina alors sur ses lèvres tandis qu'il secouait la tête. Si sa dernière condition ressemblait fortement à celle qu'il avait posé un an plus tôt, ce n'était pas pour rien. Qu'il lui revienne donc, ce goût amer, ce choix qu'il avait eu à faire... Rafael n'était pas dupe. Ou plutôt il était totalement paranoïaque. Il avait bien du mal à imaginer que Cesare ait pu du jour au lendemain se détacher d'Isolde, c'était... Trop gros. Seulement il était loin d'imaginer où en était leur relation, tout comme il était à des années lumière de se douter de l'existence de la petite Clara.

« Je n'ai besoin d'aucun accord signé... Qu'importe le bout de papier, il n'aura rien d'officiel. Je veux ta parole que tu accepteras toutes ces conditions, et non un « qu'il en soit ainsi » aussi résigné que si tu n'étais pas convaincu... »

Une fois les conditions posées arriva le temps des confidences. Rafael n'avait finalement pas trop de scrupules à dévoiler certaines choses au sujet de Kingsley. Il se savait suffisamment à l'abri pour s'en tirer, et avait bien plus besoin de la totale coopération de son fils.

« Détrompe-toi, nombreux sont les hunters qui ont toujours trouvé son fanatisme exacerbé légèrement inquiétant... Mais fou ne rime pas forcément avec incohérence, Moren est peut-être cinglé mais il est redoutable et intelligent, ne le sous estime pas. Enfin... Si tu préfères finir sur un bûcher en place publique, c'est ton problème, pas le mien. »

A aucun moment Rafael n'avait espéré que Cesare le remercie pour ce qu'il venait de lui révéler. Les railleries lui ressemblaient davantage, même si elle lui donnait la furieuse envie de lui en mettre une seconde. Sans répondre à la remarque acerbe de son fils, il se contenta d'un sourire mauvais. Il ne se préoccupait pas de ce que la vengeance pouvait faire à Cesare sur le plan émotionnel, après tout il était adulte et tout à fait capable de se demander s'il était à même de se jeter à corps perdu dans un cercle de haine sans fin. D'autant que Rafael aurait été très mal placé pour lui faire la leçon, à ce niveau-là. En revanche, il se préoccupait de savoir ce que ce cercle vicieux aurait comme répercussion sur son comportement et ses compétences de chasseur. Car pour l'heure, c'était tout ce qui l'intéressait. Soupirant, il contourna la table.

« Tu ne t'attaques pas à une petite pointure, c'est là toute la source de ton problème. Kingsley n'est pas seul, il a de nombreux alliés, bien que certains fassent la tête depuis qu'il s'est découvert doté d'un soit disant donc du ciel. Si tu te charges de son apprenti, tu ne devrais pas avoir à souffrir la vengeance d'un élève un peu zélé, puisque la seconde qu'il a pris sous son aile a mis les voiles il y a un mois de cela. »

Arpentant le salon en réfléchissant, Rafael se demandait s'il était judicieux ou non de mentionner Isobel. Après tout, elle était proche de Moren, mais certainement pas assez folle pour aller s'en prendre à son potentiel meurtrier par vengeance.

« Le maire, également... Lancaster a Moren dans sa poche, mais l'inverse marche aussi, et c'est probablement celui qui te posera le plus de souci. Il a Townshend et d'autres chasseurs aguerris à sa botte, tu le sais. En revanche... »

Attaquer de front n'était peut-être pas la solution. User de moyens détournés, c'était ça la clé ! Des idées, Rafael en avait en tête, mais il ne pouvait pas chasser la méfiance qui l'animait dès que Cesare lui posait une question. L'échange était honnête, des données au sujet des groupes rebelles en échanges d'informations au sujet de Kingsley et du GP, c'était équitable... Certes mais avait-il réellement envie de faire équitable ?

« Tu as vraiment cru que j'allais tout te déballer sous prétexte que tu le demandes, et ce avec aussi peu de politesse ? Il y a bel et bien un groupe, mais ça tout le monde le sait, et Moren en fait partie. Si tu t'ôtes la merde que tu as dans les yeux, tu n'auras aucun mal à repérer qui en fait partie ou non. »

Le brassard rouge, symbole de la fierté pour certains, cible ridicule pour Rafael. Autant se peindre une croix sur le front et y inscrire « tirer ici » pour rendre les choses encore plus simples !

« Comment as-tu l'intention de t'y prendre avec lui ? Pas de front, j'espère ? Si tu veux passer inaperçu, si tu veux pouvoir te débarrasser de Moren sans que personne ne sache que tu es derrière tout ça, abandonne tout ce qui te caractérise. Pas de joujou avec ta mutation, pas d'arme référencée... Finalement, le mieux serait presque de te faire passer pour un autre mutant, n'importe lequel, histoire que tous les alliés de Moren se concentre sur un mirage plutôt que sur toi. »

Il vint alors se planter devant Cesare, scrutant son visage à la recherche du mensonge, de la tromperie, de la rouerie... Quelque chose qui l'aiderait à savoir si le jeune homme était honnête avec lui ou s'il était totalement en train de le manipuler. Difficile à dire, il avait été bien formé.

« Tu n'as pas besoin de connaître intégralement l'organisation de ce groupe pour savoir qu'en effet, si tu te fais repérer, ils te tomberont dessus. Si tu me dis quel jour tu penses agir, je dois pouvoir m'arranger pour faire diversion auprès d'eux et te laisser une ouverture. »

De l'aide, oui, mais il n'était pas fou au point de tout lui révéler et risquer de voir toutes ces précieuses informations retomber entre les mains de mutants rebelles.

« Bien... Et si tu faisais parler ton invité, maintenant ? »

crackle bones


Spoiler:
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (rafael), once you let the darkness in, it never comes out   (rafael), once you let the darkness in, it never comes out Icon_minitimeVen 5 Aoû 2016 - 4:33


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i thought i saw the devil this morning, looking in the mirror, i never meant to start a fire. my past has tasted bitter for years now, so i wield an iron fist. grace is just weakness or so i've been told. i've been cold, i've been merciless. but the blood on my hands scares me to death w/cesare demaggio & rafael demaggio.
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Flirter avec les ténèbres, danser aux abords d’un précipice de morale qui l’avait si souvent avalé et dévoré ; Cesare n’savait plus vraiment dans quoi il se lançait, à mesure que le face à face s’allongeait. S’engageait-il pour des mois, des années de vie de ce genre, sans jamais exister autre part que dans le mensonge qu’il tissait face à son père ? Il s’escrimait à n’pas penser au reste- à ce qui s’étendait potentiellement au-delà des murs de la maison dans laquelle il avait grandi : il n’voulait pas penser à Isolde, à Clara, à Skylar, à toutes les chances qu’il aurait pu avoir, d’obtenir sa vengeance d’une autre façon, entrainant quelqu’un d’autre dans sa chute. Mais dans le panel de toutes les possibilités qui s’offraient à lui, salir le patronyme qui l’avait enchainé à des devoirs sanglants, et pourrir la réputation de son père, était irrémédiablement l’option de facilité : c’était toujours mieux que d’entrainer Isolde dans sa vengeance, ou de forcer Skylar à se détourner de ses propres objectifs, à la poursuite du tueur de sa sœur, pour obtenir vengeance pour un cadavre qui pourrissait déjà six pieds sous terre. Une réalité dont le brun n’avait que trop conscience ; depuis des mois et des mois, depuis la fête foraine, c’était la seule chose qui occupait sa tête – le seul instinct qui grondait dans ses entrailles en un torrent tortionnaire. Aria était morte, et sa mémoire s’effaçait à chaque jour de plus en plus des esprits, tandis que Kingsley Moren, Artur Kovalainen, et tous leurs semblables continuaient de pulluler dans un Radcliff gangréné jusqu’à la moelle. Il n’était pas hypocrite, Cesare, dans sa façon de haïr tous les chasseurs qui gravitaient ici ou là : cette haine, il l’éprouvait contre lui-même également, s’refusant la moindre chance de chercher quoique ce soit d’autre que la misérable destinée qui l’amenait à la poursuite d’une énième victime. Un autre cadavre qui entacherait un peu plus son âme : mais curieusement, quand il y réfléchissait, le DeMaggio voulait bien volontiers croire que la mort de Moren pèserait moins sur sa conscience que toutes celles qui revenaient désormais à son esprit, trop souvent, quand il abaissait les frontières qui le séparaient habituellement de sa raison. Y’avait aucune formule magique qui puisse exister en c’monde pour lui permettre de faire marche-arrière ; tous les morts qu’il avait empilés pendant près de dix ans, Cesare, il devait simplement vivre avec : la seule chose positive qu’il pouvait s’dire, c’était qu’avec tous les ennemis qu’il avait, tous les adversaires tapis dans l’ombre qui n’attendaient qu’une seule occasion de lui sauter à la gorge, son espérance de vie n’était pas assez longue pour qu’il en soit encore à se torturer d’ici quelques temps. Et peut-être bien qu’c’était une notion qui échappait complètement à Rafael, là, maintenant : ouais, ça faisait partie des instincts élémentaires d’un chasseur, que de vouloir survivre à n’importe laquelle des missions qu’ils s’imposaient. Encore et encore, au moment de planter une lame dans la gorge d’un dégénéré, au moment de presser la gâchette pour abattre une énième personne, Cesare s’était dit que c’était pour survivre. Pour persister et subsister dans un monde qui s’avérait de plus en plus hostile au genre humain. Mais face à Artur Kovalainen, face à Kingsley Moren, y’avait une part de lui qui avait accepté le potentiel tournant macabre de sa destinée : y avait-il une quelconque meilleure façon d’mourir, qu’en vengeance la sœur qu’il n’avait que trop failli ? En obtenant une justice pour l’Aria que trop de gens avaient torturée, maltraitée, blessée, simplement parce qu’il avait le dos tourné ? Cesare, il savait quel genre de désespoir l’avait amené ici, face à son patriarche. Il savait quel genre de destinée il venait d’enclencher, au moment d’observer Rafael droit dans ses yeux noirs, dès qu’ils s’étaient vus pour la première fois depuis des mois. Et il savait à quoi il se vouait, s’il devait tendre la main pour accepter de connecter son avenir aux volontés de son père.

Il n’avait pourtant pas fait tout ce trajet, ni accompli tous ces efforts, ramenant un dégénéré aux ressources quasi-infinies comme cerise sur le gâteau, simplement pour s’faire remonter les bretelles comme un chasseur amateur. Ça faisait longtemps, déjà, que le fils avait dépassé ce stade, pour être son propre agent, capable de prendre ses propres décisions, et d’savoir ce qu’il faisait. Alors pour quelques secondes, juste le temps que son père regarde ailleurs, occupé à vanter sa propre intelligence et à parler pour n’rien dire, le jeune homme leva les yeux au ciel, ravalant l’explicite soupir d’agacement qui menaça si vivement de passer la bordure de ses lèvres. S’il avait voulu s’faire assommer le cerveau par des blablas de c’genre, il serait venu agoniser face à Rafael, lorsqu’Andreas Kovalainen l’avait frappé avec ses éclairs- mais il ne l’avait pas fait. Il était allé à l’hôpital, avec la ferme intention de survivre : curieusement, c’n’était pas simplement pour se retrouver à s’faire ressasser ses potentielles erreurs par quelqu’un qui n’avait même pas été capable d’acquérir le nom d’Artur Kovalainen en soi. Un simple fait, infiniment curieux, d’ailleurs, puisque Cesare n’avait pas eu à faire grand-chose pour tirer les vers du nez de Rayen, et ainsi pouvoir reprendre sa chasse à l’homme : comme quoi, si le brun avait longtemps cru que ç’avait simplement été sa cousine et son père qui s’étaient joué de lui, l’envoyant à droite et à gauche assassiner des gens qui n’avaient rien à voir avec cette histoire, peut-être que ç’avait juste été Rayen. Ironique, clairement- surtout alors que Rafael avait la langue bien pendue maintenant, et était toujours le même expert pour donner des leçons. « J’en ai franchement rien à foutre de savoir pourquoi c’est Artur Kovalainen qui a tué ma sœur. S’il a agi comme un pion sans cervelle ou si c’était son choix. » qu’il répondit simplement, marque évidente d’une froideur réflexe qui coulait dans ses veines, et effaçait sa conscience, sa prudence ou sa retenue, dès qu’il égarait son esprit en direction de l’idiot qui lui avait fait face, quelques jours plus tôt. C’était ce minable, qui avait tué sa sœur. Et irrémédiablement, ç’avait mis la machine de l’imagination redoutable du DeMaggio en route : qu’est-ce qu’ils avaient dû choisir, comme techniques dégueulasses, Moren et son poulain, pour réussir à venir à bout d’Aria ? C’n’était pas comme si elle avait été entrainée depuis presque aussi longtemps que Cesare lui-même. Le simple fait que les deux chasseurs aient eu besoin du couvert d’une fête foraine en flammes, détruite par de constantes explosions et des pans de bâtiments s’effondrant, en disait déjà assez long. A la fin de l’histoire, Artur Kovalainen avait été cloué à une table comme un insecte, pendant que sa sœur agonisait par terre, et c’était tout ce qui importait. Probablement. Imperceptiblement, le spasme qui courut tout le long du visage du brun, jusque dans ses mâchoires qui se crispèrent douloureusement, aurait pu trahir le jeune chasseur, si seulement Rafael n’était pas trop occupé à blablater pour ne rien dire. « J’suis pas venu pleurnicher. C’est toi qui savais même pas comment s’appelait le poulain de Moren- et jusqu’à preuve du contraire, c’est toi qui sais depuis des semaines que c’est Kingsley qui a tué ta fille, et qui n’fais rien contre lui. » est-c’qu’ils devaient parler de ça ? Probablement pas. Parce que Rafael n’était pas un habitué de l’impertinence, mais que celle-ci, dans un ton mordant, ne semblait pas vouloir déserter Cesare. Pas quand il était question d’Aria. Irrémédiablement, un Cesare sans Aria, c’était si nouveau et probablement si imprévu, que ça ouvrait tout un champ de possibilités que le patriarche n’avait jamais vues. Qu’il n’avait jamais voulu voir, d’ailleurs. « J’en fais mon affaire. J’préfère buter la tête pensante en premier. Crois-moi, sans Kingsley pour faire le cerveau, faut croire que Kovalainen est aussi débile que sa sœur. Qu’est-c’que t’en as à foutre, de l’ordre dans lequel je l’fais ? C’est pas comme si tu t’sentais concerné. » et au pire, peut-être que c’était mieux de crever pour la prospérité, pour Aria, qu’en faisant un des sales jobs sur lesquels l’enverrait son père à un moment ou un autre.

Qu’ils s’accordent sur ça ; une collaboration, aussi loin que s’étendait les gains de l’un et de l’autre. C’en était presque curieux, et ironique, que Rafael semble tant investi dans ce qui réussirait mieux à son rejeton pour obtenir sa vengeance : peu importait l’ordre, Kingsley Moren et Artur Kovalainen paieraient tous les deux, et c’était la seule chose qui importait. Le truc, c’était que contrairement à son tuteur, fallait croire que Kovalainen avait encore quelques petites choses, quelques relents d’âme qui le faisaient pleurnicher comme un abruti quand on s’attaquait aux gens à qui il tenait. Et Cesare, on lui avait appris à être un chasseur, avec l’instinct d’un tueur. Une nature dans laquelle il se fondait parfaitement, dès que la haine remontait en lui comme la plus irascible et impétueuse émotion guidant son esprit. Il pouvait mentir, cacher des parts de vérité, refouler les palpitations impétueuses de son cœur lorsqu’il fut mention d’Isolde- mais s’il y avait bien un truc qu’il n’pouvait pas nier, Cesare, c’était l’abattement qui prenait place dans chaque part de son âme, à l’idée d’avoir à nouveau sa destinée un tant soit peu attachée à la volonté de ses parents. C’était totalement indépendant d’Isolde et lui, totalement indépendant de c’qu’ils s’étaient dits, s’étaient promis quelques jours plus tôt à peine- l’espoir qui survivait, quelque part en lui, rien qu’pour lui donner la volonté d’être là ici et maintenant. C’était vis-à-vis d’Aria ; qu’est-c’qu’elle dirait, sa sœur, si elle savait que c’était vers eux, leurs géniteurs, qu’il s’tournait, soi-disant pour faciliter sa voie pour obtenir vengeance pour elle ? Y’avait pas à douter que sa petite sœur le haïrait et le trouverait idiot pour c’qu’il faisait ce soir ; mais il n’avait pas le choix. Une conviction qu’il s’était répétée si souvent, qu’elle était devenue évidente pour lui. Et c’était vrai : s’il voulait que les choses soient faites le plus vite possible, de la meilleure façon qui soit, sans entrainer à sa suite des gens qui n’avaient rien à voir avec cette histoire, c’était d’eux dont il avait besoin. Son père, sa mère- les chasseurs et toutes les informations dont ils disposaient. Et peut-être que ça prendrait du temps, peut-être que ce serait dangereux : moins que s’il devait faire tout ça tout seul. Inéluctablement, le brun ne pouvait s’empêcher d’penser, qu’au moins, ça lui permettrait de remplir ses promesses plus vite. Peut-être. S’il survivait. Alors au-delà des apparences, déjà, l’engagement de Cesare dépassait largement le ‘qu’il en soit ainsi’ ou le simple accord tacite écrit sur une feuille qui n’aurait pas la moindre valeur ; lèvres pincées, il lâcha un souffle par ses narines, détournant brièvement le regard vers le néant, avant d’observer à nouveau l’homme qui lui faisait face. « T’as ma parole. Aussi longtemps que l’affaire avancera, que j’aurai l’impression d’me rapprocher de mon but-… j’ferai c’que tu veux. » et l’avenir était si obscur, si imprévisible au-delà de cette volonté de fer à obtenir sa vengeance, que Cesare n’savait même pas si c’était la vérité la plus honnête qui soit qu’il lâchait là, ou un parfait mensonge. S’il respecterait chacun des mots qu’il articulait si distinctement, ou s’il deviendrait le fils traitre qu’on l’avait si souvent accusé d’être, pour les derniers mois. Au fond, avait-il une quelconque rédemption à obtenir vis-à-vis de ses parents ? Son cas devait être déjà réglé pour eux depuis belle lurette : le simple fait d’être vivant, il le devait à une nécessité plus qu’à un désir de leur part. Point barre. Il s’en foutait bien, Cesare, de c’que ses parents pouvaient penser de lui – de son côté à lui, ils étaient tout autant responsables de la mort d’Aria que les deux enflures qui l’avaient coincée dans un bâtiment délabré pour la charcuter, et s’disaient avoir accompli une justice quelconque. Et s’il devait être un indice évident d’un accord tacite, au moins moral à un certain degré, qui s’était créé entre le père et le fils, c’était l’aisance avec laquelle la langue de Rafael se déliait déjà – Cesare en fut presque surpris, alors que la conversation s’allongeait, s’allongeait facilement. Comme aux époques lointaines désormais, où ils se lançaient dans de longs briefing avant une chasse, parce qu’ils avaient toujours eu une façon bien particulière de préparer chacune de leurs interventions : à l’époque, ils n’avaient pas bénéficié de la protection d’un maire comme Lancaster- ils avaient été des terroristes, des tueurs, qui auraient fini en prison au moindre faux pas. Réfléchir chaque action avait été important. Et ce soir avait presque des saveurs d’antan, à ceci près que ça n’éveillait pas la moindre nostalgie en Cesare- rien d’autre qu’un profond dégoût, facilement dominé par son cerveau qui tournait à cent à l’heure pour engranger les informations, et ignorer les railleries. Comment avait-il l’intention de s’y prendre- bonne question. En lui sautant dessus et en l’étranglant, rien qu’avec la force de ses doigts : inlassablement, c’était la seule pulsion que ses tripes et son inconscient ensemble avaient réussi à construire, quand il pensait à ça. Quand le mix de sentiments qui le ravageait de l’intérieur, prenait le pas sur tout le reste. Plutôt que de répondre ça, Cesare garda le silence, défiant, distant- après tout, son père venait déjà de lui claquer la porte au nez sur de potentielles informations ; la méfiance était toujours de mise. Malheureusement, quelque chose lui disait toujours, au jeune DeMaggio, qu’ils auraient tout le temps de s’apprivoiser à nouveau, d’ici à ce qu’il réussisse à mettre la main sur Moren. « J’ai pas encore mis de petite croix sur mon calendrier pour le jour où je tuerai Kingsley. » qu’il admit alors, d’un ton moqueusement faux. « Comme on dirait bien qu’y’a une partie des recherches que j’vais devoir faire moi-même alors que tu les as déjà, j’suppose que ça va prendre un moment. » le sarcasme était si évident, que même quelqu’un de froid et socialement inapte comme Rafael pouvait le deviner. « J’m’arrangerai pour te donner un préavis d’une semaine, au moins. » et encore une fois, ç’avait plus du jeune homme défiant que du bon soldat : on n’pouvait pas avoir tout ce qu’on voulait d’un coup, une cruelle leçon que Rafael venait tout juste d’apprendre à Cesare, et que celui-ci lui renvoyait bien assez tôt. Malheureusement, ça n’pouvait pas tout concerner : il en aurait presque espéré que Wilkins crève d’une hémorragie d’ici à ce qu’ils aient fini de parler. Mais non, il était encore en vie, et conscient, malgré la sueur qui recouvrait la plupart de son visage désormais. S’il s’en attendrit, en culpabilisa, ce ne fut que pour une fraction de seconde, qui s’envola bien assez vite, alors que d’une foulée, il rejoignait le mutant. « Et qu’est-c’que tu veux savoir, au juste ? » lança-t-il à l’adresse de son père, lui envoyant un rapide regard, comme un marchand qui disposerait de tout un étalage de possibilités : c’était probablement le cas, avec un cerveau comme celui qu’ils avaient devant lui. En levant une main, Cesare ôta le bâillon qui avait entravé la bouche du captif, pour l’empêcher de parler et de geindre- celui-ci avait d’ailleurs à peine formulé une énième supplication, un balbutiement pitoyable, que le DeMaggio empoigna le manche de son couteau, tordant et faisant pivoter la lame dans les chairs de sa main, charcutant celles-ci sans le moindre égard. Ni pour l’agonie de sa victime, ni pour le fameux parquet de sa maison d’enfance.
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