Le week-end, ce moment de la semaine où la ville était tantôt en effervescence, tantôt d’un calme absolu. Il était étrange de constater à quel point la plupart des gens chamboulaient leurs habitudes de la semaine pour tenter de faire tout ce dont ils avaient envie sur le moment. Isobel avait été comme ça également fut un temps, courir sans jamais s’arrêter pour vivre et elle continuait... mais, uniquement du lundi au vendredi. Depuis que sa vie avait été bouleversée, elle avait appris à vivre un peu pour elle-même, elle n’avait pas vraiment eu le choix. Le temps à combler s’élevait rapidement quand on était seul à le voir passer. Non pas que le fait la dérange mais, c’était une réorganisation après autant d’années de vie commune et, ça n’était pas en quelques mois qu’elle allait parvenir à trouver rapidement un rythme qui lui était propre. Cette réadaptation, c’était une des raisons pour lesquelles elle était seule dans ce bar. Pas un de ces bars envahi par des adolescents ou des jeunes adultes qui se retrouvaient le week-end pour boire, flirter ou juste boire jusqu’à en rouler sous la table -chose qu’elle avait fait en son temps. Non. C’était un bar tranquille, épargné de tout poivrot notoire, un endroit calme où elle pouvait boire son thé en toute tranquillité et... éplucher les rapports de sécurité des différentes boîtes qui avaient fait appel à la société pour laquelle elle travaillait. Isobel avait un réel problème concernant le travail et la détente. Ses centres d’intérêt étant relativement restreint et bien souvent d’intérieur, elle ne serait pas beaucoup sortie de chez elle, hors, elle aimait ça. Elle avait toujours aimé ça même si elle s’en était privée durant le laps de temps où elle avait mis son plan en œuvre. Après tout, faire passer son mari pour un homme violent avait été une entreprise laborieuse et elle avait dû donner le meilleur d’elle-même pour qu’on la croie. Cela avait inclus des sorties restreintes. Elle avait bien failli se retrouver privée de liberté et elle ne pensait pas y échapper en vérité. Elle savourait donc chaque moment passé dehors depuis qu’elle avait évité la prison. Il fallait reconnaître que l’avocat que lui avait déniché Kingsley avait été remarquable et que l’inégalité du système avait joué son rôle à la perfection. Quand on était une femme blanche issue d’un milieu social correct, membre des forces de l’ordre, sans histoire et avec une bonne raison d’agir, les choses devenaient beaucoup plus simple. La faire passer devant un jury aurait été une perte de temps pour tout le monde. Elle avait écopé d’un sursis, sans plus. La justice américaine était une vraie merveille, dans son cas du moins.
Le regard plongé dans l’un de ses dossiers, elle soupira et le referma d’un claquement sec. Elle jeta un œil à sa tasse de thé vide puis à sa montre. Il était près de quatre heures de l’après-midi, un samedi et elle venait de tuer deux heures, il était temps d’arrêter les frais. Elle croisa les jambes et remballa ses dossiers avant de commander un whisky. Certaines mauvaises langues prétendraient qu’il était un peu tôt, d’autres plus hypocrites en diraient tout autant pour faire la même chose à domicile. Elle se leva en laissa la somme exacte sur la table le temps d’aller fumer une cigarette à l’extérieur. Pendant un moment, elle resta simplement dehors à observer la vie suivre son cours. Elle se demanda ce qu’il était commode de faire un samedi soir, elle n’avait aucune envie de chasser aujourd’hui même si son sens du devoir avait tendance à le lui enjoindre. Pourtant, Isobel estimait qu’un seul mutant lui avait déjà bien assez volé une partie de sa vie pour qu’elle ne se permette pas de la vivre un peu. Elle alluma sa cigarette pensivement, fixant la flamme du zippo un moment avant qu’un geste sec ne le referme pour l’éteindre dans la foulée. Son regard initialement sur la flamme avait dévié sur l’inscription gravée au dos du briquet, un cadeau de ses collègues quand elle avait été transférée au déminage. Elle n’y avait pas fait que ça sinon son travail aurait été laçant mais, c’était une époque qu’elle regrettait. Si elle avait choisi de tuer son mari pour se débarrasser de ce monstre, elle avait dû faire avec les conséquences, des conséquences qu’elle n’avait pas choisies. En s’en sortant, elle avait cru pouvoir reprendre son travail mais, ça n’avait pas été le cas. Quand bien même, elle aurait probablement démissionné en se donnant la peine d’y penser. Elle aurait pu risquer gros à donner la chasse aux dégénérés en restant flic. Son dossier professionnel n’était pas irréprochable. Elle avait commis quelques boulettes dans sa carrière, et souvent volontaires. Elle sourit en repensant à ces quelques affaires plus particulières et tira sur sa cigarette. C’était un moment d’égarement, un moment de nostalgie mais, c’était terriblement plaisant et rassurant.
Derrière elle, le barman frappa à la fenêtre pour lui signifier que son verre était servi. Elle le remercia mais, ne se dépêcha pas pour autant.
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Sujet: Re: I've watched a change (Liovobel) Jeu 24 Déc 2015 - 4:03
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Oh la délicate ambiance qui planait sur Radcliff – quelque chose qui y ressemblait, du moins, quand on n’regardait pas de trop près, quand on n’prêtait pas attention ou qu’on n’se posait pas plus de question que cela. Il était encore loin de dix heures du soir, fort heureusement : sous les ombres de la nuit, s’étalait le chaos palpable qui vibrait dans les rues de la petite ville, caressant les âmes d’un désagréable frisson qui rappelait tout l’monde à la réalité. Et quelle réalité. Des histoires de couvre-feu, de squads qui parcouraient la ville à la recherche d’imprudents, de rebelles qui visaient leurs ennemis sans distinction aucune. Dès la nuit tombée, certains avaient déjà pris le réflexe d’adopter le couvre-feu comme un excellent moyen de sauver leur peau, ne surtout pas attirer l’attention et s’fondre dans le décor : les lumières s’éteignaient ici plus tôt que n’importe où à travers le pays, et Radcliff revêtait peu à peu cette image de ville exemple pour tout ce qui concernait la condition transmutante. Oui, on en parlait aux journaux nationaux pour décrire à quel point le maire de la ville jouissait de toutes les libertés possibles et imaginables, décidant d’un claquement de doigt - comme ça – de c’qu’y allait advenir de la vie de tous ses chers citoyens. Ah oui, Radcliff, définitivement, il f’sait bon d’y vivre, quand on n’avait rien à se reprocher : malgré son arrivée tardive, comme pour caresser le père Lecter dans le sens du poil, le Meyrick n’avait pas rechigné à passer par l’étape dépistage, afin de définitivement détacher son nom de la cause des dégénérés. Il n’faisait pas partie de cette caste-là de l’humanité ; et si tel avait été le cas, il aurait été assez intelligent pour surtout éviter cette zone particulière du monde. Car oui, oui, Thaddeus Lancaster jouissait de sa petite réputation : ça devait, somme toute, lui faire plaisir, plus encore s’il interprétait les reportages à son sujet, comme des louanges à ses décisions inédites et controversées. Toujours était-il que partout où le russe posait ses yeux clairs, le chaos semblait avoir laissé son empreinte : ici, les habitants se remettaient difficilement de la dernière épreuve qui avait laissé une profonde cicatrice dans les rues. On parlait encore de la fête foraine, des explosions, des incendies qui avaient laissé victimes sur victimes, emplissant les couloirs du petit hôpital de la ville. Les comateux étaient encore dans le cirage, et quelques fous avaient déjà réclamé une certaine responsabilité dans cette histoire. Du moins, c’était c’qu’il s’était donné la peine d’interpréter, lui, le spectateur qui défilait les mains dans les poches, trop peu concerné par le spectacle qui se jouait partout autour de lui. Ici, il n’avait personne, rien qui puisse éveiller son orgueil d’une quelconque manière – seul l’instinct de survie guidait ses décisions et chacun de ses choix. C’n’était pas que pour les billets verts, somme toute, qu’il avait accepté de se placer sous la tutelle d’une des familles de hunters les plus réputées du coin. Ah, le Kentucky, ses pensées rétrogrades, ses chasseurs totalement convaincus – tout ça, ça s’inscrivait dans une logique pour laquelle il n’avait que peu d’égard. Heureusement, car loin de l’attrait d’un bon gros chèque, les convictions de l’écossais étaient probablement différente de celles de ses mécènes : franchement, il n’se mettrait pas à chasser des gens comme du gibier sous prétexte que Dieu avait créé l’être humain d’une certaine manière plutôt que d’une autre.
Des valeurs, des assurances qu’il avait entendues sortir d’entre les lèvres de certains fanatiques, ceux qui prévoyaient une Apocalypse prochaine à cause des transmutants – ou pire encore, une certaine épreuve imposée par le bon Dieu pour la race humaine. L’extinction, ou la survie, par-dessus les cadavres de leurs ennemis. Blablabla, généralement, tout mercenaire qu’il était, il fermait son esprit à tout autre argument à partir du moment où la discussion partait dans ces recoins obscurs : et presque comme un petit soldat bien entrainé, un sale connard qui faisait n’importe quoi en l’échange de valeurs ajoutées sur son compte en banque, il s’était toujours contenté de faire le job. De le faire bien, de ne pas s’poser de question, de ne pas en poser, et de ne pas se retourner. Discret, agile, son sillage s’étendait d’ici à là-bas, des Etats-Unis à l’Europe, de l’Europe à l’Asie ; il en avait vu des paysages – et rares étaient ceux qu’il avait jugés de manière aussi critique que Radcliff. Radcliff, somme toute l’attraction des gens qui s’voulaient être sans histoire : ils avaient décroché le gros lot ! Il avait suffi qu’un certain type parmi les autres soit élu maire, pour que tout s’barre en couilles. Quel malheureux hasard. Lui, au moins, ça lui faisait du bien au business, ça lui permettait de se lancer et de pouvoir relativement bien supporter la situation de gèle que subissait toute la ville : franchement, d’où pouvait bien sortir cette idée de blocus autour de tout le coin ? Silencieux, toujours aussi passif qu’observateur, Liov encaissait, ravalait les petites piques sarcastiques qui lui brûlaient si souvent les lèvres, selon les interlocuteurs qui s’offraient à eux. Et Radcliff en avait un certain panel : ça s’étendait du connard de base, aux crétins fanatiques, aux pestes idéales – la lie de la nature humaine, aussi distrayante qu’effrayante. Lui, il paraissait presque normal dans tout ce paysage de personnages : personne ne se donnait la peine de gratter la surface, et ça lui allait très bien comme ça. Pas même Trisha – aussi aventureuse qu’elle pouvait être, furieuse chasseuse qu’elle se prétendait être avec ses quarante-cinq kilos toute mouillée, la brune sauvage se contentait de râler, d’rouspéter, de se rebeller comme une minable adolescente. Sans beaucoup plus. Il naviguait en terres connues, quand bien même elles aiguisaient sa bonne volonté plus rapidement que le tranchant d’une lame : il avait toujours la chasse, ou ces moments d’errance, ces bribes de liberté qu’il saisissait aussitôt que la jeune Lecter retombait sous la tutelle de son père. Carlisle Lecter lui avait laissé un peu de temps pour lui – comme s’il y avait quoique ce soit à saisir, à grapiller de bon dans ce coin de monde. Liov avait appris à flirter avec le danger sous toutes ses formes : au beau milieu d’un bar de plage au Costa Rica, sur les toits d’une grande ville européenne, dans la campagne alcoolisée, dangereuse et imprévisible de la Russie profonde – bref, dans toute l’histoire de sa vie, il n’y avait pas plus plan-plan et prévisible que Radcliff. Il en avait déjà fait le tour, dix, vingt fois, en connaissait tous les recoins et avait déjà la nausée à l’idée d’y stagner. Encore. Encore – c’était bien parce qu’on l’payait qu’il daignait rester là. Et parce qu’il regorgeait d’une simili-noblesse sur laquelle certaines personnes avaient décidé de jouer, comme sur une corde sensible, l’appel d’une vieille dette qu’il avait bien la volonté d’effacer. Advienne que pourra ; c’était presque une responsabilité pour lui, l’appel du sang qui coulait dans ses veines, les profondes racines de son père. L’honneur n’était définitivement pas génétique.
Il était finalement arrivé à ce point d’ancrage, presque l’endroit où il s’échouait le plus souvent – la bâtisse avait ces allures de bistrot où personne ne posait de question, personne ne dévisageait personne, et personne ne vomissait ses tripes par terre. Dans un bled où la populace n’avait rien de mieux à faire que subir, c’était presque un exploit, un petit luxe auquel le Meyrick était au moins, un tant soit peu attaché. Oui, au beau milieu de la fange de l’humanité, il y avait ce petit lieu saint qui lui permettait de préserver le peu de bonne conscience qui lui restait. Il s’était glissé dans les petites ruelles de la ville, suivant le chemin qu’il avait l’sentiment de parcourir encore et encore, en boucle, tous les jours, toutes les heures de tous les jours – c’n’était pourtant pas le cas, mais la routine avait un putain de talent pour lui taper sur les nerfs. Un bon whisky, ça n’pouvait pas lui faire de mal : quoique, la plupart du temps il dévisageait le connard qui lui servait ce faux-cocktail dégueulasse que les américains appelaient whisky avec la ferme intention de lui péter le nez. Aujourd’hui encore, il essayerait d’se contenir, de faire bonne figure, rien qu’pour la forme, et parce qu’il n’pouvait pas vraiment tracer son chemin en laissant cet endroit derrière lui. Bref. Il allait passer la porte du bar, ignorant joliment la minette qui se trouvait dehors – et pourtant, au moment de lever une œillade dans sa direction (rien que pour s’assurer qu’elle n’allait pas lui bondir dessus pour une raison ou une autre), le visage familier de la vis-à-vis lui tira un sourire. Plus un rictus ironique qu’autre chose, l’empreinte du bon vieux temps glissant sur son faciès pour une fraction de seconde : tout juste le temps qu’ils se reconnaissent, se dardent l’un l’autre. « Tu parles d’un hasard- » qu’il marmonna, tirant de la poche de sa veste son paquet de clopes : il en coinça une entre ses lèvres, la blâmant elle intérieurement pour l’avoir tenté – il n’fumait pas beaucoup, mais la nicotine appelait la nicotine. Quelles saloperies : la drogue, et la brunasse qui s’trouvait là. Sans égard aucun pour cette figure d’antan, ou même la politesse que n’importe qui aurait dû avoir, Liov prit des mains de la jeune femme, le briquet qu’elle gardait entre ses doigts. Il alluma sa cigarette, avant de lui rendre l’objet, presque sans un regard belliqueux ou aventureux plus que de mesure – ouais, il connaissait assez sa tronche pour l’avoir reconnue, comme ça ; c’était qu’il avait une bonne mémoire. « La vie est franchement mal foutue. » grommela-t-il à l’adresse de la flic, clairement, il appuya enfin sa voix morne d’un regard clair dans sa direction. Ouais, la vie était mal foutue, parce que si elle avait été un tant soit peu sympa, elle aurait foutu dehors, une de ces nanas qu’il avait aisément supporté et sauté – pas celle qui lui avait collé au cul avec l’intention de le coffrer. Soit disant parce qu’il était un criminel, ou quelque chose dans ce genre-là ; chacun sa façon de faire des affaires.
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Sujet: Re: I've watched a change (Liovobel) Mer 13 Jan 2016 - 23:24
I've watched a change
- Then I laughed -
Son intention aujourd’hui avait été de tuer le temps, de profiter un peu de la vie, de sa liberté, puisqu’au fond, elle n’était franchement pas passée loin des barreaux. Elle savait de premières mains que le paysage derrière ceux-ci n’était pas des plus agréables à regarder. Vraiment, Isobel ne remercierait jamais assez son ancien collègue pour avoir insisté et l’avoir fait parlé. Grâce à ça, elle était libre, jugée par beaucoup de monde mais, libre. Le fait que sa santé soit parfois défaillante n’était qu’un mince problème finalement. Elle vivait bien, très bien même pour quelqu’un à qui il manquait la rate et un rein. Fumer n’était pas vraiment conseillé mais, ses cigarettes étaient plutôt rares tant qu’on ne lui mettait pas les nerfs en pelote. Aujourd’hui, elle en était d’ailleurs à sa seconde de la journée, seulement la seconde. Comme quoi, quand on lui fichait la paix, son addiction à la nicotine était mineure, pour ainsi dire inexistante. Quant à la boisson et bien... elle ne disait pas non à un bon verre de temps en temps, en bonne compagnie ou même seule, ça n’avait pas d’importance puisqu’elle buvait vraiment très peu. En résumé, tout se passait plutôt bien jusque là et sa petite sortie tranquille du samedi était même très reposante. Encore aurait-il fallu que les choses puissent continuer ainsi... Si Isobel n’avait pas immédiatement reconnu l’homme qui passait à côté d’elle, c’était tout simplement parce qu’elle ne s’attendait pas à le voir. Combien d’états avait-elle donc traversé à l’époque pour lui mettre la main dessus ? Combien d’autres pour lui donner les détails de son affaire pour torpiller ses patrons ? Et là, il était en face d’elle, son détestable sourire placardé comme une mauvaise publicité sur le visage. Impossible de ne pas se souvenir de lui, impossible de faire abstraction de sa présence, plus encore maintenant qu’il l’avait reconnue. D’emblée, elle soupira d’agacement, le ton était lancé, le soupire... plus qu’approprié.
- « Un hasard ? Pitié, le hasard fait bien les choses dit-on, il ne vous colle pas une plaie ambulante dans les pattes. Soyons sérieux deux minutes. »
Certaines choses ne changeaient pas. Leur attitude l’un envers l’autre, par exemple. Elle le laissa se saisir du briquet avec un fin sourire reflétant l’image même du sarcasme et leva les yeux au ciel. Non, vraiment, il y avait des choses qui ne changeraient jamais et du peu qu’elle le connaissait, il ne semblait pas avoir changé d’un pouce. Elle récupéra son biquet comme si c’était normal et porta réellement son attention sur lui.
- « Je ne te le fais pas dire. »
Le regard qu’il lui lança, elle le lui rendit sans même broncher. Elle n’en pensait pas moins. Cela dit, revoir un visage de son ancienne vie avait quelque chose de réconfortant, presque une constante. La traque du Meyrick avait tourné à l’obsession pendant un temps après tout et ça lui avait fait réaliser une chose importante, n’est libre que celui qui veut et qui choisit sa vie. Se faire mettre des bâtons dans les roues par sa hiérarchie et ce qu’elle avait fait ensuite n’avait été que la première bourde volontaire d’une longue série. Elle aurait peut-être dû le remercier mais, il était clair qu’elle ne le ferait pas, il ne fallait pas non prendre des vessies pour des lanternes.
- « Mon déplaisir t’est tout acquis Liov. Alors comme ça, c’est ici que tu traînes tes magnifiques chaussures. Tu m’as habituée à mieux. Je suis presque déçue. »
Mieux, c’était relatif bien entendu mais, elle ne pouvait pas non plus se montrer aimable, c’aurait été contraire à leurs règles tacites. Son animosité était presque inexistante face à Liov. Ça n’avait aucune commune mesure avec son attitude envers Rafael. Attitude qui était véritablement provocante. L’un l’agaçait prodigieusement, l’autre... l’amusait, en réalité. Elle n’avait que peu de choses à reprocher à l’homme si ce n’est qu’elle l’avait eu dans ses dossiers en tant que principal suspect pendant un temps et que son attitude, de manière générale, était légèrement irritante voire hautaine, dans le mauvais sens du terme. Jusqu’ici, ils n’avaient fait que se croiser, il ne l’avait visiblement jamais reconnue, contrairement à elle. C’était en partie pour ça qu’elle jouait le jeu. Il comprendrait peut-être qu’ils s’étaient déjà vaguement croisés.
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Sujet: Re: I've watched a change (Liovobel) Jeu 25 Fév 2016 - 3:16
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La déception, un âpre sentiment avec lequel tout être humain était condamné à vivre, à un moment ou un autre. Liov faisait partie de ces rares exceptions, enroulé dans ce qui ressemblait à du flegme, de la nonchalance presque charmante – mais s’apparentait plutôt à un désintérêt aride et sévère. Il était plutôt difficile, de décevoir quelqu’un qui n’attendait rien du reste du monde : en quarante-quatre ans d’existence, fallait dire qu’il n’avait jamais fait face au visage le plus agréable et encourageant de la race humaine. Aujourd’hui encore, ceux qui faisaient du business avec lui, étaient généralement des enflures incapables de prendre eux-mêmes les armes pour régler leurs problèmes, préférant écrire un gros chèque à un inconnu, pour qu’il fasse lui-même le sale job. Alors pouvait-on dire que le Meyrick puisse avoir de l’estime pour qui que ce soit ? Il n’était pourtant en rien sexiste, bien moins misogyne que beaucoup d’hommes – surtout pour un type qui avait grandi dans une campagne isolée et retardée. Sa mère avait pourtant été une femme forte, autoritaire, impartiale et douce tout à la fois ; il avait eu tant d’admiration pour elle, qu’il était probablement impossible qu’il éprouve la moindre véhémence pour une femme juste parce qu’elle était une femme. Il n’était tout simplement pas fait comme ça, qu’à peine constitué pour juger les autres au plus profond de son âme : certes, souvent son jugement pouvait piquer, en des petites rixes balancées sans détour aucun au visage de ses interlocuteurs ; mais dans son dédain pour le monde, Liov ne s’encombrait certainement pas du devoir de faire la différence entre les sales types, et les nanas chiantes. Dans la fange des connards, tous les sexes se valaient, et l’humanité toute entière nageait dans un océan duquel découlait irrémédiablement une déception sans pareille. L’humanité, la déception d’mère nature – ça devait bien être un truc comme ça, le cœur du problème et les gens comme le mercenaire étaient de ceux qui n’alimentaient aucune foi pour une chose aussi perdue et condamnée que la race humaine. Alors à Radcliff, au bord de la côte ensoleillée d’une île paradisiaque, ou dans une grande ville qui ne dormait jamais, Liov se baladait toujours les mains dans les poches, d’un pas baigné d’une légèreté que bien peu de gens possédaient dans c’monde moderne. Il papillonnait, il naviguait d’âme en âme – toujours prompt à répondre, toujours prompt à agir comme s’il était difficile de l’atteindre avec quoique ce soit. Et c’était probablement le cas : c’était ce qui énervait bien des gens, comme Trisha Lecter ou Anja – peu importait c’qu’elles disaient, peu importait c’qu’elles faisaient ou quelle petite réplique cinglante elles croyaient lui balancer en pleine tronche, l’homme réagissait toujours à leurs provocations comme s’il n’en avait rien à faire. C’était toujours marrant, de les voir elles, si ardentes et si engagées, toujours promptes à prouver leur valeur là où l’monde n’en avait carrément rien à foutre d’elles. Mais Downer, elle, elle était un tout autre genre de femme – plus indépendante, plus impérieuse ; caractérielle, mais pour elle-même et non pas pour l’reste de la société ou juste pour prouver sa valeur. Peut-être était-ce une question d’âge, peut-être était-ce une question d’arrogance. Isobel éveillait en lui d’autres sentiments que ceux qui lui piquaient les entrailles, dès qu’il dévisageait la fille Lecter ou la boxeuse au tempérament de feu.
Et pourtant… pourtant Downer était comme les deux autres, toujours prompte à répondre, jamais du genre à lâcher l’affaire en laissant le luxe à l’autre d’avoir le dernier mot. Et ses petites piques à elle aussi, étaient fort amusantes, distrayantes dans un certain sens. Oh, ç’avait dû être un sacré casse-tête, pour la flic qu’elle avait été, d’choisir entre sa fierté de femme, et le simili-honneur qu’elle devait avoir en tant que flic : tourner le dos aux supérieurs qui l’avaient tant maltraitée et dévalorisée et pactiser avec un criminel, ou continuer à marcher selon la loi de c’pays, mais laisser le luxe à ceux qui l’avaient éconduite, de coincer le criminel qu’elle avait tant cherché à arrêter ? Mh, quoiqu’il en soit, ils semblaient tous les deux pleinement satisfaits du choix qu’elle avait fini par faire : et le Meyrick s’en souvenait encore, d’la façon dont elle s’était pointée pour lui donner ce coup de pouce qu’elle avait jugé essentiel, comme si elle s’était attendue à ce qu’il la remercie, la vénère pour le reste de sa vie, et dresse un autel à son honneur dans sa chambre. Ou un truc du genre – l’arrogance de Downer semblait aussi expansible que celle du mercenaire ; comme quoi, l’un comme l’autre, ils n’avaient pas fini de découvrir des facette inexplorées et complexes – amusantes – de l’autre. Le soupir de la femme le fit sourire, de ces rictus narquois dont il ne se lassait pas, et en disaient long sur l’humeur générale qu’il portait dans son aura. Rien n’pouvait l’atteindre, certainement pas l’idée de déplaire à quelqu’un par sa présence ; Radcliff, après tout, c’n’était pas non plus le décor qu’il aurait envisagé pour des retrouvailles avec elle. Qu’est-c’qu’elle foutait là, hein ? La curiosité aurait pu l’emporter sur tout le reste, mais certainement pas sur la pointe d’orgueil qui revenait si facilement en lui ; Liov, sa cigarette aux lèvres, n’semblait qu’à peine réagir à l’incendie dans les mots de la Downer. Et sa réaction, elle dut l’attendre quelques secondes d’ailleurs, l’écossais affichant sans détour, que tirer sur sa clope et avaler des bouffées de nicotine empoisonnée, était bien plus important que rebondir sur ses petites piques. « Arrête un peu, Isobel- » au moins pouvait-elle se targuer de l’avoir marqué au point qu’il se souvienne de son prénom ; « tu vas finir avec un ulcère à force d’être aussi amère. Tes rides s’voient – ça t’fait combien ? Une petite cinquantaine ? » oh non, elle n’était pas encore aigrie au point de paraître dix ans plus vieille qu’elle ne l’était en réalité. Mais avec ses yeux grands ouverts et ses lèvres serrées par cet agacement disproportionné, c’n’était qu’une question de mois avant qu’elle ne le devienne. Ah Isobel, la vie devait être bien dure pour elle ; surtout dans un bled comme Radcliff, si plein de connards que ça devait être bien compliqué pour elle, de prouver sa juste valeur. Peut-être était-ce pour ça, que toutes les nanas du coin semblaient être des chieuses caractérielles promptes à sauter à la gorge de n’importe qui pour n’importe quelle raison. Ça se lisait sur la gueule de la plupart des chasseurs des alentours, au combien ils étaient des sexistes ambulants, racistes probablement – à plus vaste échelle, la mentalité américaine avait toujours horripilé l’européen qu’il était, l’éternel voyageur qui en avait vu, du pays, du monde tout entier. Y’avait des sociétés, aux tréfonds du monde sauvage, qui fonctionnaient mieux que cette ville d’attardés. Alors ouais, il avait forcément habitué à mieux – et l’monde moderne l’avait habitué à mieux aussi. « Faut leur reconnaître leur charme, aux bleds bourrés d’extrémistes. C’est le Sud des Etats-Unis, darling. » une œillade en biais, vers la brune tandis que les cendres de sa cigarette dégringolaient jusqu’au sol, sans qu’il n’y prête attention. Très vite, ses yeux froids avaient quitté sa compagne mécontente, analysant la rue autour d’eux. « Ils semblent tous aussi cons que les bouseux du fin fond de l’Ecosse. » qu’il ajouta dans un grommellement inévitable. Non, même si tous ces idiots lui donnaient du boulot – presque plus que n’importe quelle autre zone des US – il n’avait pas masse de respect pour eux. Encore moins pour l’enflure qui s’affichait maire de cette ville en ruines.
Même ici, ils pouvaient forcément faire mieux. Une pensée que le blond s’accrochait à garder pour lui-même, question de prudence ; mais provoquer, face à Isobel, c’était plus fort que lui, et elle avait au moins assez d’intelligence pour discerner le vrai du faux. Ou le malsain du socialement acceptable. La chasse, au fond, c’était un business pour beaucoup de monde, mais Radcliff dépassait l’entendement – c’était presque une attraction nationale, tellement ce coin de monde semblait rempli de crétins, si prompts à accepter une tyrannie meurtrière. « Mais j’dois dire que même toi, tu m’as habitué à mieux qu’ça. » il l’aurait facilement vue plus cosmopolitaine que campagnarde – plus indépendante que prompte à se complaire dans un système construit sur la toute puissance des hunters. Etait-elle devenue ça, alors, une chasseuse de transmutants ? L’évidence semblait déborder dans son attitude, et l’assurance dont elle débordait, au beau milieu d’un endroit qui transpirait l’hostilité. De ses prunelles, il lécha Isobel, de la tête aux pieds, avant de souffler, écrasant sa cigarette au sol. « Bon, j’suis venu pour boire un verre. J’t’invite ? » peu importait l’heure qu’il était – c’était l’heure de l’apéro quelque part dans le monde et Liov était toujours plus loquace avec un bon verre d’alcool fort entre les doigts – ou au moins, là où des oreilles étrangères n’menaçaient pas de lui foutre les nerfs en pelote. Ils en avaient, après tout, du temps à rattraper tous les deux – et probablement des choses auxquelles trinquer ; de nombreux accomplissements personnels, de grandes évolutions de carrière. L’histoire, tout ça.
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Sujet: Re: I've watched a change (Liovobel) Sam 27 Fév 2016 - 14:02
I've watched a change
- Then I laughed -
Isobel n’espérait rien de la vie et c’était valable pour tout. Elle était de ceux qui étaient désabusés, en grande partie par leur faute parce qu’il visait toujours la lune. C’était comme ça avec elle, elle ne pouvait pas ne pas viser toujours plus haut, c’était indispensable. Elle se dépassait sans cesse parce qu’elle le voulait bien. Bien sûr, elle avait dû faire ses preuves et ça n’avait pas été simple, elle avait gardé une hargne sans borne depuis et ne l’avait jamais laissé filé. C’était un moteur comme un autre sauf qu’à présent, elle ne prouvait plus rien du tout, elle agissait pour son propre compte. C’était bien plus gratifiant ainsi. Ça ne l’empêchait pas de faire payer aux autres, hommes ou femmes, leurs erreurs. De fait, ce que pensait Liov de sa personne lui était depuis longtemps passé par-dessus la tête. Si elle avait dû se soucier de ce que l’on pensait d’elle, ça ferait bien longtemps qu’elle serait devenue complètement cinglée. La seule raison qui l’avait poussé à aller lui révéler ce que comptaient faire ses supérieurs il y a des années, c’était l’orgueil. On lui avait enlevé une affaire qu’elle maîtrisait pour finalement la rouvrir plus tard en s’excusant pour l’erreur mais en ne la lui donnant pas... c’était mal passé très mal et elle avait commencé à voir les choses autrement. Pour autant, elle ne pouvait pas le saquer quoi qu’elle le supportait aisément sans véritablement le connaître. Il n’avait été qu’une affaire, pas un ami, pas même une connaissance. Le retrouver dans ce trou perdu, c’était retrouver un morceau d’un passé dont elle n’était pas sûre de vouloir.
Ainsi donc il se souvenait de son nom. Étonnant. Il ne devait pourtant pas être du genre à s’amuser à mémoriser les noms des gens croisés par hasard ou par la force des choses. Avec un sourire en coin, elle le regarda, pas gênée du tout par sa remarque aussi mesquine que cynique.
- « Je me porte bien j’te remercie. Quant à mes rides, elle me rajoute un côté sorcière, c’est gentil d’avoir remarqué. Je fais des efforts. »
Ça ou dire qu’elle se fichait royalement de son opinion en la matière, c’était la même chose. Jamais Isobel n’avait eu besoin de l’approbation de qui que ce soit, encore moins de quelqu’un qu’elle ne connaissait que par ses actes. Liov était cependant beaucoup moins énervant que la plupart des hommes qui lui étaient donné de côtoyer. Ça ne voulait pas dire que ça le rendait plus sympathique. Disons que ça la changeait juste du paysage habituel, réjouissant en somme si elle se contentait de ça pour se distraire. Elle haussa les épaules, oui, c’était un bled bourré d’extrémiste, aucun doute. Elle ne se voyait pas comme faisant partie d’entre eux. Elle équilibrait juste les compteurs. C’était comme ça qu’elle voyait les choses en tout cas. Les dégénérés devaient y passer. Point. Elle avait changé depuis qu’ils s’étaient vus. Beaucoup. À commencer par deux organes de moins et un meurtre prémédité maquillé en légitime défense.
- « Je te remercie, j’avais cru remarqué en posant mes valises. Je ne peux que te croire sur parole pour tes bouseux écossais par contre. »
Elle n’avait jamais mis un pied hors des États-Unis et elle le regrettait d’ailleurs. Ça arriverait peut-être un jour mais, pas de sitôt malheureusement. Des cibles, ça n’était pas ce qui manquait à Radcliff. De plus... elle avait quelques dettes, de celles qu’on ne pouvait pas rembourser avec de l’argent. Et puis, elle ne se voyait pas abandonner Aspen au milieu de ce tas d’imbéciles.
- « Je suis ravie d’être coincée dans ce bled, comme tu l’appelles. Ra-vie. Observe ma joie. Si j’avais pu, je serai partie voir ailleurs. »
Ce qui était vrai mais, elle était là. Alors elle faisait contre mauvaise fortune bon cœur, s’il on pouvait dire. Il y avait certes des avantages à être là mais, pas que. Loin de là. Elle profitait juste de la situation qui lui était offerte. Elle ne se voyait pas passer sa vie ici, pas même si la chasse aux dégénérés devenait un sport national. Il y en avait partout des comme ça, ça ne manquait pas. Elle termina sa cigarette, l’écrasant méthodiquement avant de relever les yeux vers Liov. L’invitait-il franchement à boire un verre ? Alors ça par contre, c’était une grande première mais, pourquoi pas ?
- « Puisque c’est si gentiment proposé, je ne vais pas refuser même si je vais d’abord boire celui que j’ai commandé avant que tu n’arrives. Ce serait dommage de gaspiller. »
Elle alla récupérer son verre et ses affaires avant de le rejoindre à l’endroit qu’il avait choisi. Elle se fichait pas mal de l’endroit où elle était tant qu’elle ne buvait pas quelque chose qui avait le goût détergeant.