Son regard était absent comme les volutes de sa cigarette posée sur la commode. Qu'est ce qu'il pouvait aimer cet instant. Instant de grâce entre les effluves de l'orgasme consumée et les premières lueurs du jour nouveau. Alors, que les draps collaient à sa peau humide, il oubliait tout : ce pouvoir qui n'était plus sien, la souffrance de ces os brisés, les cauchemars et sa vengeance. Il aurait rester ainsi, mais cet instant de grâce ne durait jamais et son visage retrouvait ses traits durs et creusés. Jimmy s'extirpa hors des draps et dans l'aube nouvelle ses mains tâtonnèrent au sol pour retrouver ses vêtements. L'inconnu à ses côtés brisa le silence et l'interpella : « Tu n'es pas obligé d'y aller. Je peux nous faire un petit-déjeuner, si tu veux ? » Le vacciné se tourna amusé. Il connaissait ce regard. Il y avait quelque chose de plaisant, il devait le reconnaître. Plaire à l'autre. Espérer plus qu'un mouvement de hanches ravageurs. Cependant, le brun préféra couper court à toute rêverie tout en sautant dans son boxer. « No'. Thanks. J'dois y aller, mec. » Il vit cette main se tendre pour essayer de le retenir, mais il s’éloigna comme s'il avait peur d'être brûlé. Il n'était plus attendri. Le garçon des rues ne voulait plus qu'une chose : s'enfuir. C'était désagréable. L'inconnu alla s'asseoir dans son lit et remonta le drap jusqu'à sa taille.  « Tu vas pas sortir comme ça. Prend une douche au moins. » Le vacciné se gratta le haut de la tête et termina par hausser les épaules. Il enfila son tee-shirt qu'il retrouva accroché à une lampe de la chambre. La nuit avait été sauvage. « T’inquiète. D'où, je viens, que je sente le cul ne dérangea personne. » Jimmy essaya de sourire, mais à présent il était plutôt gêné qu'autre chose. Il se posa pour enfiler son pantalon et décida de parler à l'inconnu pour qu'il arrête de s'imaginer des choses. « Écoute, voilà comment cela va se passer. Je vais pas te demander ton numéro, cela ne servirait à rien car je te rappellerais pas. Si on se croise à nouveau, je te saluerais, mais cela s'arrêtera là. » Un silence glacial dévora les murs. Jimmy termina de s'habiller et marcha jusqu'à la porte d'entrée. Il vit l'inconnu marcher jusqu'à lui et héler une dernière fois. « Cela doit être chiant d'être un enfoiré dans ton genre, non ? » Il pensait le blesser, mais le vacciné accepta cette dernière pique tout en poussant la grande porte en acier du studio sans même vasciller. « Et, cela soi-disant me blesser ? C'est mignon. » Jimmy abandonna un sourire et il s'en alla sans se retourner.

La tête lourde. Sa nuque qui craque. Il sautille pour activer le sang dans ses jambes. L'ancien mutant lève la tête et le long couloir jusqu'à l'arène s'éclaire. Son nez frétille. Les odeurs acres de sueurs et de sang viennent heurter ses sens. Il n'y a rien de beau dans le décor qui se découvre à lui : que des murs moisies et des briques dévorées. Son téléphone posé sur le côté se mit à vibrer. En général, il ne répond pas avant un match, mais c'est son sauveur alors il décroche. « S'lut ! Ouep, tu me déranges un peu, mais j'ai deux minutes, qu'est ce que je fais ? Tes cartes de tarots ont pas la réponse à celle là ? » Jimmy aimait se moquer du chargé de communication. Il l'avait peut-être sauvé, mais sa verve ne se privait jamais. Un homme au dos courbé s'approcha et commença à bander sa main libre.  « Bah, écoute, comme d'hab'. Je termine un client et je passe à un autre. Tu sais mon crédo, un client qui sort avec le pantalon mouillé et un client satisfait. » Le vacciné s'amusait à faire croire au grand brun qu'il se prostituait. Pourquoi ? Car, cela l'éclatait de torturer celui qui avait tout fait pour lui permettre de remonter la pente. Mais, derrière les moqueries faciles, quand Jimmy arrivait à être sérieux, il racontait qu'il travaillait comme manutentionnaire. Qu'il avait trouvé une place honorable. Qu'il aurait bientôt assez d'argent pour quitter le manoir et aller s'installer dans son propre appartement. La vérité était si différente. Jimmy changea de main son téléphone et le vieil homme devant lui se mit à bander sa main libre.  « Quoi ? Manger ensemble ce soir ? Heu, pourquoi pas. Je sais pas quand je termine, mais je t'appelle quand j'ai terminé. Par contre, je te préviens, j'aurais pas eu le temps de prendre une douche, donc je risque de schlinguer du cul. » Jimmy dans toute sa finesse et sa poésie. Cependant, c'était affolant comme le chargé de communication avait de l'emprise sur sa vie. Il était le seul chez les Uprisings qu'il respectait. Le seul qu'il écoutait. C'était peut-être simplement car il l'avait sauvé ? Soigné ? Ou alors c'était autre chose... « Bon, je dois y aller ma poule. Mes clients s'impatientent, mais ça tu as du le voir dans ta boule de cristal ? Allez, chuzzz. »  Des hurlements bestiaux se mirent à résonner le long du couloir. Jimmy laissa tomber son téléphone. Il était prêt. Il était temps de gagner son pain quotidien. Il allait se battre pour quelques billets. Cependant, tout cela n'était qu'une excuse. Un exutoire pour oublier l'espace d'un instant cette colère. La colère de l'homme qui l'a vacciné. Cet homme qu'il recherche activement et cela même si ça peut mettre sa vie en danger. Bientôt, sa vengeance sera sienne !