Noeh ose plus bouger, alors qu'il attend la réaction d'Aspen. Il accroche juste son regard au sien, et il attend, comme s'il s'apprêtait à recevoir une sentence terrible dont il ne pourrait pas se relever. Dans son éternel tempérament négatif, l'adolescent peut pas s'empêcher d'imaginer le pire : en tant que bon pessimiste qui se respecte, il est impensable pour lui que la jeune femme puisse ressentir la même chose. C'est pas comme si ça faisait des années qu'ils étaient ensemble, tous les deux, c'est juste l'histoire de quelques mois où ils sont devenus beaucoup plus proches qu'avant. Sauf qu'ils se connaissent depuis un bon petit moment, maintenant, puisqu'ils ont partagé des instants avec leurs jumeaux ou même leurs deux familles de « chasseurs » et que leur liaison est peut-être un secret pour les autres, mais elle n'est plus un secret pour le jeune pianiste depuis que son regard sur elle a changé. Comme présentement, alors qu'il n'arrive plus à sourire, juste à la détailler d'un air attentif, dans l'espoir que ce qu'il pense avoir avoué comment étant de l'amour pur et dur, à l'état brute, ne va pas être envoyé dans le mur qu'il fixait avec nervosité juste avant. Mais non. Aspen s'approche, elle caresse son visage du bout des doigts, avec précaution, et Noeh comprend qu'elle ne va pas le blesser. De toute façon, même si elle essayait maintenant, ça ne marcherait qu'à moitié : la tendresse qu'éprouve le lycéen pour elle servirait de barrière invisible et le protégerait de l’abominable vérité, il en est certain. Laissant discrètement s'évader tout l'air qu'il avait retenu dans ses poumons, Noeh retrouve une mine plus colorée, ainsi qu'un cœur aux battements réguliers. Il accueille sa jolie Aspen dans un câlin mesuré, dénué de sa force maladroite mais pas de sa passion dévorante, avant de laisser un bref silence s'installer. Ce dernier les couvre, les enveloppe, protège cette étreinte rassurant de laquelle Noeh donnerait tout pour ne pas être privé. Gardant ses bras autour de sa petite-amie, l'adolescent laisse dos venir se coucher contre le matelas puis resserre un peu plus son emprise autour de ses frêles épaules. Il songe, cogite encore une minutes ou deux, avant de reprendre la parole, encore subjugué par la ferveur du moment qu'ils viennent de partager.« J'ai lu un truc un jour : « Un jour je t'offrirai un bouquet de 12 roses dont une fausse et je t'aimerai jusqu'à ce que la dernière se fane ». Bein j'ai décidé que je le ferai. » Il murmure. Ses mots ne sont presque que silence une fois passés ses lèvres – peut-être est-ce parce qu'il souhaite que ce secret ne soit entendu que par Aspen, et pas même de la cabane au-dessus de leur tête. C'est un truc tout bête pourtant, qu'il lui dit là, mais Noeh se laisse porter par cette mélancolie qui lui est si familière, celle qui le berce lorsqu'il approche de son piano, celle qui lui donne des ailes et celle qui le pousse à vivre cette idylle comme il en a envie, au moins lorsqu'ils sont tous les deux. « T'entends ? C'est même pas des conneries, c'est vrai. » L'adolescent pouffe de sa propre bêtise, de son accès d’insouciance, avant de secouer la tête, puis de venir déposer un baiser sur le haut de ses ravissants cheveux. « Maintenant, si tu permets, je te garde encore un peu pour moi et après je te ramène chez toi. » Fermant les yeux, Noeh laisse retomber sa tête en arrière, juste pour profiter encore un peu de ce sentiment de bien-être qui l'étreint lorsqu'Aspen est auprès de lui. « On a des devoirs en maths pour demain, c'est ça ? J'ai pas écouté, j'te regardais quand le prof parlait. »