Petite chose qui s’agitait dans mes bras, lorsque tu es née, Clémentine, tu étais le plus beau des bébés. Des bonnes joues, un grand sourire, des rires, des petits mouvements dynamiques, tu voulais déjà attraper le ciel que tu n’avais pas un mois. La plus belle des enfants, le plus beau des trésors, tu étais encore réelle à cette époque, Clémentine. C’est ton père qui a choisi ton prénom. On hésitait encore avec Juliet, il a tranché lorsqu’il est allé te déclarer à l’état civil et tu es devenue notre petit rayon de soleil. Tu n’étais peut être pas de nous et tu ne le sauras jamais, mais tu étais notre fille. Petite orpheline, abandonnée par ton père, abandonnée par ta mère, tu voulais grandir dans une famille et c’est nous qui t’avons accueilli. Pourquoi ne pas vouloir te le dire ? Juste parce que je le refusais. Ton père le refusait. Et nous n’avons jamais trouvé le bon moment ; tu ne t’en es jamais douté. Ton père l’a confié à ton mari cependant, quelques jours avant votre mariage. Pour qu’il puisse te le dire peut être, ou pour ne plus être le seul à porter ce secret. Peut être te le dira-t-il un jour, le choix lui appartient désormais.

Une enfance normale, donc, au centre de notre attention. Nous avons toujours voulu pour toi ce qu’il y avait de mieux, de ces voyages de l’autre côté du monde à ces activités extrascolaires en passant par notre amour. Tu t’es épanouie au Brésil, notre pays d’adoption. Tu as fait du portugais ta langue maternelle, au même titre que l’anglais dont nous nous servions en permanence dans le cercle familial. Du tennis, de la course, des randonnées, ton enfance a été bercée par l’Amazone, la plage et le soleil. Par les voyages, aussi. Islande et Nouvelle-Zélande principalement. Ce sont peut être ces paysages uniques qui t’ont fait lever le nez vers les étoiles. Je me souviens d’un automne dans le nord de l’Islande. Perdus sur l’étendue glacée, on se laissait guider, chevronnés, par les chiens de traîneaux. Et te voilà regardant le ciel, cherchant de tes dix ans les constellations que tu connaissais déjà, en train de me dire qu’un jour, tu irais dans le ciel et me ramènerais un fragment d’étoile pour que je puisse l’étudier.

Dix ans. Tu n’étais déjà plus à mes yeux qu’un voile déchiré sur des apparences trompeuses. Ce n’était pas toujours visible au début. Tu avais tendance à être plus pâle que la moyenne malgré nos excursions sous le soleil polaire ou équatorial, tu donnais même l’impression, parfois, d’être complètement translucide. Ton père s’en étonnait, moi j’hallucinais. Ton père faisait des recherches en secret sur ta famille biologique pour comprendre, moi je me pensais être folle. Ce n’est qu’une migraine, ce n’est qu’un vertige, ce n’est que le sommeil se dit on au début lorsqu’on voit sa fille, la prunelle de ses yeux, disparaître devant soi. Puis les migraines ne parviennent plus à le justifier, puis cette conviction qui enfle et enfle encore. Tu es morte, Clémentine, tu n’as même jamais existé. Ce n’est qu’une illusion et moi je suis folle. Je suis ta mère, je ne t’ai peut être pas portée neuf mois mais je suis ta mère, et je suis hantée par ton spectre, par ton fantôme. J’ai commencé à refuser de te voir, je n’ai même pas voulu que l’on fête tes quinze ans, mon trésor, parce que c’était trop douloureux pour moi de commémorer un anniversaire inutile. Ton père avait beau me dire que tu étais bien vivante, bien devant moi, tu avais beau vouloir chercher un câlin et faire naître un sourire sur mon visage, je ne voulais pas te voir, je ne voulais plus te regarder.

Tu es un fantôme, ma chérie, et tu le resteras. Tu n’es pas humaine, à pouvoir ainsi te promener sans tenir compte des barrières physiques, à même pouvoir aller jusqu’à laisser la lumière te traverser sans qu’elle ne puisse se refléter sur toi et te donner une réelle existence. Je n’ai pas supporté longtemps de te voir ainsi te volatiliser malgré tous tes efforts alors j’ai voulu te rejoindre. La voiture a accéléré, tu as hurlé. Ton père n’était pas là, bien sûr, je ne voulais pas le tuer lui aussi. Moi je pleurais, sur cette autoroute. Tu étais derrière moi, tu ne risquais rien. Tes hurlements résonnaient à mes oreilles mais tu n’existais pas. Alors je n’ai pas cherché à freiner lorsque le mur est arrivé à toute vitesse devant nous. Je suis morte sur le coup. Toi tu as traversé. Tu as tout traversé. Plus immatérielle que la mort, plus intangible que le vent, tu as traversé ta ceinture, le siège, mon corps, le pare-brise, le mur, la mort. Et tu t’es échouée de l’autre côté, t’assommant sur l’herbe, roulant sur le sol. Tu n’es pas morte mais moi si.

Ton père n’a pas mis longtemps à comprendre, il n’a même pas eu besoin de te pardonner quoique ce soit. Moi, en revanche, il me maudit chaque jour depuis, incapable de comprendre à quelle extrémité tu m’as poussée, Clémentine. C’est de ta faute si je suis morte. Lorsque tu t’es réveillée à l’hôpital, quelques écorchures, quelques contusions, ton cas a fait le tour du Brésil par son caractère miraculeux. Personne n’a compris comment tu t’es retrouvée de l’autre côté, en un seul morceau. Tu ne pouvais pas y réchapper. Mais tu l’as fait. Alors tu as commencé à douter toi aussi de ce cœur qui battait dans ta poitrine, tu as commencé à te demander si je n’avais pas raison. C’est ton père, encore ton père, qui t’a aidé à t’en remettre. Et c’est à la même époque que tu as commencé à vraiment t’appuyer sur Demian qui était dans ta classe depuis ta dixième année. De tes enfers personnels, tu as mis quatre ans à remonter. Tu t’en es extirpée, tirée par ton petit ami, soutenue par ton père qui t’a appris par la patience à surmonter ton anormalité. Mais tu ne t’es jamais pardonnée ma mort et je compte bien faire en sorte que tu ne te la pardonnes jamais, ma chérie.

Dix-neuf ans, tu as intégré l’université avec une petite année de retard. Deux même, puisque tu es née en fin d’année. Licence de sciences de la vie et de la terre, tu te destinais à tracer ta route sur mes pas, comme pour suivre mon fantôme ; Ironique, n’est-ce pas, ma chérie, puisque tu en es un aussi. Mais les études t’ont poussée contre ton gré vers ta véritable passion après l’astronomie : la biologie. Sciences du vivant, biologie végétale. Passionnée par ces petites choses qui font des forêts et des océans le poumon de la planète. Demian a tes côtés, tu as reconstruit ta vie, tu t’es émancipée de ton père, tu as grandi sans moi, ma petite princesse. Licence, Master, Doctorat, tu t’es intéressée à la régénération de certaines végétaux et insectes, tu t’es amusée à disséquer leurs gènes sans même te douter une seule seconde que les tiens portaient eux aussi leur part de mystère. Et quelque part, dans tes pensées, je le sais bien ma petite Clémentine, tu doutais encore. Dans ta tête résonnait toujours cette question : suis-je en vie. J’aurais aimé que Demian ne soit pas là pour être ton phare dans la nuit, ta réalité tangible à laquelle te raccrocher. Sans lui, je le sais bien mon trésor, tu aurais cherché à me rejoindre. Tu l’as fait, d’ailleurs : une seule fois, lorsque tu étais au plus bas. Tu venais de fêter tes seize ans, tu te regardais dans la glace. Translucide. Tu n’étais qu’une ombre, qu’un reflet, tu voyais à travers toi le porte-serviette et la porte de la pièce. Et tu as voulu te trancher les veines. Idiote : tu ne savais pas encore à l’époque que seul l’argent a le pouvoir t’entailler ta chair. Ton corps s’est protégé, la lame a traversé ton poignet sans rencontrer de résistance, n’a traversé que du vent. Et Demian a défoncé la porte en hurlant pour tenter de te prendre dans ses bras et te hurler à quel point tu étais stupide.

Oui, sans lui, tu serais déjà avec moi, ma petite puce. Mais un jour, tu le sais aussi bien que moi, il ne sera plus là. Ou alors il ne te verra définitivement plus là et tu regretteras qu’il t’ait un jour sauvé la vie. Demian. Ton mari. Ca fait quatre ans que vous êtes mariés, vous vous aimez encore comme au premier jour. Ca pourrait être touchant si tu méritais ce bonheur. Tu oscilles depuis ma mort sur le chemin de la dépression. Tu luttes, tu souries, tu t’accroches à la vie que tu décides de croquer à pleines dents. Vous avez emménagé à Radcliff quelques mois après votre retour de lune-de-miel, au plus près des étoiles qui t’appellent depuis tant d’années. Radcliff. Pourquoi ? Parce que tu as suivi la mutation de Demian bien sûr. Toi, tu as échoué dans un lycée en tant que professeur de biologie. Tu n’es pas très aimée de tes élèves, je le crains, mais ce n’est pas non plus une surprise. Comme tu le dis si bien ton mari lorsqu’il t’asticote à ce propos, ce n’est pas ton travail de te faire apprécier : ce que tu dois faire, c’est seulement leur apprendre les fondamentaux. Et puis, de toute manière, ce n’est qu’un travail temporaire, rajoutes-tu d’une voix ferme. Tu ne veux pas enseigner toute ta vie, loin de là. Tu as hérité sans conteste de la rigueur de ton père et de son perfectionnisme. Tu as hérité de ma patience, oui, mais aussi de mon impulsivité devant les bêtises et de mon incapacité à rester patiente plus d’une douzaine de secondes devant l’insolence.

Radcliff. C’était une belle ville lorsque vous êtes arrivés. Accueillante, chaleureuse. Si tu n’étais pas ravie d’enseigner, tu ne pouvais pas te plaindre. Les choses ont bien changé depuis quelques années. Les mutants existent, tu en fais partie et le test de dépistage vous proclame que ce n’est pas le cas pour Demian. Les mutants existent et les Hunters aussi. Ton père te l’a expliqué : certains sont sur ta piste depuis quelques années, depuis quelques semaines avant ce voyage qu’il avait brutalement organisé en Amazonie, l’année de tes dix-neuf ans, celui là même qui t’a donné la dernière bouffée d’oxygène nécessaire pour mettre un coup de pied à ta dépression. Les Hunters, donc. Et depuis très peu de temps, le gunpower squad, l’escalade de la violence. Tout cela te fait peur, ma puce, et je te comprends mais si tu as tort. Tu ne peux pas mourir puisque tu n’existes pas. Et cette pensée qui te terrifiait, c’est celle qui te permet de dormir les rares soirs où Demian ne peut pas te bercer.

Te voilà validé, félicitations Avant de commencer à jouer, n'oublie pas d'aller faire un tour dans la partie administrative si ce n'est pas déjà fait pour prendre connaissance du contexte, des différentes intrigues et des annexes. Tu peux dès à présent commencer à rp, mais pense également à créer une fiche de liens pour que ton personnage ne se retrouve pas tout seul. Une envie de relation particulière ? N'hésite pas à poster un scénario ou a créer un mini-pv Pense également à recenser le métier de ton personnage. Si tu veux un rp facile, tu peux t'inscrire aux rps missions et puis si tu veux rajouter un peu de piment dans le tabasco ta vie, tu peux faire des défis rps. N'oublie pas de faire un tour dans le flood et de passer par les jeux pour se détendre entre deux rp, sans oublier de voter pour le forum toutes les deux heures.

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