It's been just one rainy day (Sethivo)

It's been just one rainy day

Si Ivory avait trouvé Radcliff encore relativement vivable jusqu’à maintenant, ça commençait clairement à changer. Elle n’était pas prête d’oublier sa dernière sortie au musée, ça non. Elle s’en voulait d’ailleurs, parce que malgré elle, elle avait rompu la promesse qu’elle avait faite au père d’Aili qu’il n’y aurait pas de problème. Des problèmes, il y en avait eu. Ou plutôt, il y avait eu un gros problème. Tomber sur un hunter fou furieux n’était pas prévu du tout. A présent, elle essayait de faire profil bas et celui-là, si elle le pouvait, elle l’éviterait dès que quoi que ce soit pourrait ne fut-ce que lui faire croire qu’il était dans les parages. Elle avait un nouveau nom sur sa liste de tarés. Elle aurait préféré rester à un, sincèrement. Elle aurait aimé en parler avec Seth mais, vu la façon dont il avait réagi la dernière fois à la simple mention d’un hunter, elle avait jugé bon de ne rien lui dire et en fait, au final, elle n’en avait parlé à personne. Elle avait gardé ça pour elle. Sauf que voilà, elle avait franchement besoin d’en parler. Ivy avait besoin d’extérioriser un bon coup.
Longtemps, elle avait hésité à appeler Seth, elle avait tourné en rond chez elle pendant un temps, reposant mille fois le téléphone avant de se décider pour de bon. Sauf que voilà... Pas de Seth. Ses numéros sonnaient dans le vide, il ne répondait même pas au sms, ne parlons pas des mails. Silence radio. Au début, elle s’était simplement dit qu’il était occupé et avait réessayé. Puis les jours s’étaient transformés en une semaine. Ils n’étaient certes pas toujours sur le dos de l’autre mais, il répondait toujours au moins une fois pour dire qu’il n’était pas là ou pas dispo. Bref, il répondait un truc, même à la bourre et jamais plus d’une journée plus tard. Pour elle, c’était d’autant plus inquiétant qu’elle avait appris qu’il avait perdu une amie. Cette ville finirait par prendre quelqu’un à tout le monde. Connaissant Seth, cette nouvelle n’était pas passé crème du tout et elle avait fatalement peur qu’il se soit foutu dans les emmerdes jusqu’au cou. Inquiète, elle avait commencé à le chercher chez lui, puis les endroits qu’il fréquentait. En vain. Du moins, c’était ce qu’elle croyait.

- « Puisque t’as l’air de vouloir le voir, je vais t’emmener ! »

Un des hommes de Seth l’avait remarquée et c’est précisément pour ça qu’elle en était là... Traînée par le dit type, par le bras, sans aucune douceur, en plein milieu d’une ruelle paumée au milieu d’autres ruelles paumées, le tout mal éclairé bien sûr. Foutu cliché. Elle n’avait même pas réaliser de qui il avait parlé. Un peu trop perturbée par sa façon de faire.
Elle se figea presque lorsqu’elle entendit plusieurs coups de feu mais, au lieu de ralentir, l’homme l’entraîna avec lui, plus vite, alors qu’elle tentait de tirer en arrière pour lui échapper. Rien à faire pourtant, elle était là, devant des gens qu’elle ne connaissait pas à l’exception d’une personne. Seth. Seth avec un flingue à la main, de dos. Elle aurait presque pu être contente de le voir là, visiblement entier, si il n’y avait pas un truc qui clochait franchement. Genre certaines personnes au sol dans des positions improbables. Dérangée par ce qu’elle voyait sans encore vraiment comprendre pourquoi, Ivory se dégagea d’un coup sec.

- « Putain mais lâche-moi bordel de merde ! »

Il la lâcha enfin pour elle ne savait quelle obscure raison mais, en attendant, elle avait la paix un peu, en profitant pour se masser le bras tandis que Seth se retournait. Elle ne capta pas tout de suite le regard différent, ne se rendit pas plus compte du malaise des hommes autours d’elle. Bref, pour le moment, elle était juste larguée.

- « Seth ? »

Légère hésitation tout de même, il n’avait pas l’air tout à fait là et c’était franchement perturbant. Du moins, il n’était pas tout à fait là comme elle en avait l’habitude. Elle s’était déjà retrouvée face à des hommes de Seth, après tout, ils se connaissaient trop bien pour qu’elle n’en ait jamais vu mais, il avait toujours soigneusement éviter de la mêler à ses oignons. Là, elle avait l’impression qu’on venait de la balancer dans le terrier du lapin blanc et d’être vraiment Alice. Connerie !

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

Ivory & Seth

Deux semaines et demie.
C’était le temps qu’il s’était écoulé depuis la rencontre de Seth avec Hippolyte Caesar. Deux semaines et demie depuis que Moira avait été enterrée. Deux semaines et demie depuis que le chasseur avait enfoncé une seringue dans son cou et l’avait vacciné de force. Deux semaines qu’un bandage enserrait son épaule en passant par son torse, maintenant la bande de gaze neuve apposée sur la plaie de la balle tirée par le père de Marius. Deux semaines depuis qu’il avait rouvert les yeux et n’était plus lui-même. Une semaine depuis qu’il était sorti de l’hôpital en faisant plus ou moins trafiquer son dossier. Cinq jours depuis qu’il avait vu Rhaena pour l’inviter à sa petite vendetta personnelle. Cinq jours pendant lesquels il avait traqué tous les hunters de la ville, cherchant les plus faciles à atteindre, les petits bleus, les nouvelles recrues qui se prenaient pour des héros alors qu’en réalité ils n’étaient rien. Rien que sa folie grimpante n’était pas capable de balayer comme un fétu de paille. Il n’était libre à nouveau que depuis cinq jours et les cadavres s’amoncelaient déjà sur son chemin. Etait-il en colère pour autant ? Il ne le savait pas lui-même. En réalité, il aurait été bien incapable de définir précisément son état d’esprit. Tout était flou, tout était poussé à l’extrême, tout arrivait et partait en même temps. C’était un maelström de pensées décousues, de sensations distordues et d’idées inattendues qui fleurissaient perpétuellement dans son cerveau mis à mal par le vaccin et la fièvre qui l’avait secoué jusqu’à ce que son cœur ne lâche l’espace d’une minute entière. Une minute, c’est très long lorsqu’on est mort. Allez savoir si ça n’avait pas laissé quelques séquelles permanentes dans l’esprit du trafiquant. Trafiquant dont les hommes de mains avaient très vite remarqué le changement. Leur patron n’était pas quelqu’un de fondamentalement méchant. Il faisait quelque chose de particulièrement illégal, certes, et il était aussi ferme qu’il le fallait pour se faire respecter et se faire une place de choix parmi les trafics nationaux, mais il n’aurait jamais fait de mal gratuitement. Enfin, ça, c’était avant que le NH24 ne change la donne. Désormais, tout était susceptible de le faire devenir mauvais, ou bien de le faire éclater de rire. C’était toujours incertain depuis son réveil. Il était devenu changeant comme le vent et il lui suffisait d’un mot, d’une remarque de travers pour sortir son arme. Quelques uns de ses hommes – ceux qui avaient toujours été les plus vindicatifs ou les plus prompts à essayer de se frotter à lui – avaient vu leur insolence punie au mieux d’une petite séance de torture, au pire d’une balle dans la tête. Certains avaient déserté – choix judicieux quelque part, à condition de le faire assez vite et assez discrètement pour que l’ancien mutant devenu fou ne parvienne pas à les rattraper dans leur fuite. Les autres, eh bien … ils subissaient en silence, obéissant aux ordres, travaillant comme ils le pouvaient avec la bombe ambulante qu’était devenu Seth.
Et il les avait entraînés avec lui, les pauvres, dans sa chasse aux hunters. Cela dit, il y avait quelques mutants parmi ses rangs, et une partie de sympathisants aussi, alors finalement, ça ne les dérangeait pas tant que ça. Il n’y avait pas d’exécutions publiques, pas de torture – pas trop jusqu’à présent – et pas de surenchère dans le gore. Non, il était simplement question de nettoyer la ville de quelques unes de ses pourritures. Et puis, si Seth récupérait un cadavre à l’occasion, on n’allait certainement pas lui poser des questions. Tout comme on ne lui ferait aucun commentaire sur les sacs poubelles lourds et dégoulinant de sang qu’il pouvait parfois laisser dans une partie de l’un des entrepôts qu’il occupait. Après tout, c’était ses affaires, ses secrets, et il ne faisait pas bon tenter de s’immiscer dans ce qu’il faisait.

Fixant les trois cadavres à ses pieds, son arme encore à la main, le Calédonien passa une main dans sa nuque, laissant traîner ses ongles sur son tatouage avant de venir gratter la petite cicatrice dans son cou, là où Hippolyte l’avait piqué. C’était devenu un tic récurrent, comme si rouvrir cette blessure pouvait faire sortir le poison qui y était entré. Jusqu’à présent, ça n’avait pas fonctionné. Dommage. Peut-être qu’à terme, son esprit finirait par se remettre en place tout seul ; en attendant, il avait plutôt l’air de continuer à se dégrader. Comme s’il n’était pas déjà devenu assez dérangé pour son propriétaire. S’il avait été timide et gringalet, Seth n’aurait certainement pas fait autant de dégâts. Oui mais voilà, il était tout le contraire : grand fanfaron qui prenait soin de s’entraîner régulièrement, il était devenu une machine à tuer qui ne semblait pas avoir le moindre remord, la moindre sympathie pour les macchabées qu’il laissait derrière lui. Il n’aurait pas poussé le vice jusqu’à danser sur leurs tombes, mais celles qu’il leur réservait n’avaient rien de très saint, n’avaient rien de ce qu’aurait dû avoir une dernière demeure ; fleuve, forêt, décharge, tous les endroits où les mutants morts étaient jetés par des assassins, les assassins en question y finissaient aussi. Les trois dont le sang tâchait le bitume ne faisaient pas exception, et il allait donner l’ordre à ses sbires de s’occuper d’eux lorsque du bruit derrière lui attira son attention. L’ancien homme des sables se redressa en poussant un soupir. Qui que ce soit qui venait le déranger maintenant, ça n’allait pas bien se passer. Cependant, il tendit l’oreille, finissant par reconnaître la voix de la jeune femme qui piaillait un peu trop fort à son goût. Remettant son arme dans son holster, il finit par se tourner et planta son regard fou dans celui de la demoiselle.

- Ivo, ça f’sait un bail, tiens.

S’il avait perdu la tête, il n’avait pas perdu la mémoire. Ce n’était pas une amnésie ayant amené une nouvelle personnalité, c’était une perte totale de tous ses repères, de toutes ses limites, et une résurgence brutale de ses instincts et de ses envies les plus noirs. Ses yeux sombres restèrent rivés dans ceux si clairs de son amie – tant qu’elle était encore son amie. D’ici à la fin de la soirée, tout pouvait encore changer.

- Tu devrais pas être chez toi ? Le couvre-feu est déjà passé.

It's been just one rainy day

Quand on avait pris l’habitude de voir certaines personnes, de passer du temps avec elle, d’échanger des messages idiots voire un peu moins qu’idiots, c’était compliqué de faire comme si tout allait bien quand on avait pas de nouvelles. Surtout si on s’appelait Ivory Weston et qu’on avait développé des angoisses liées à l’abandon. Elle s’était promis, juré de ne pas faire n’importe quoi mais, elle en avait eu marre d’attendre qu’il émerge, marre de ne pas savoir ce qui lui arrivait. Elle était vraiment désolée de ce qui était arrivé autour de lui et comprenait qu’il puisse aller mal mais, si elle ne pouvait pas le trouver, elle ne pouvait pas l’aider, si ? Elle avait donc enfreint ses propres règles de ne plus sortir après le couvre feu et s’était mise à le chercher un peu partout. Tous les endroits étaient bons, surtout qu’elle ne le trouvait, nulle part. Elle faisait très attention, le chercher lui ne voulait pas dire pour autant s’attirer des emmerdes à elle. Le but de la manœuvre, c’était de le trouver pas de crever.
C’était pour cette raison qu’elle avait commencé à avoir peur mais, pas au point de vraiment essayer de prendre la fuite. S’il l’amenait vraiment à Set, et bien elle aurait au moins gagné ça dans la manœuvre. Elle espérait juste qu’elle n’avait pas tort d’espérer tomber sur lui. Traînée vers la source des coups de feu, elle était moins pressée d’arriver sur place, nettement moins même. Pourtant, c’était bien Seth qui était là, debout sur ses pieds, l’air songeur et une arme à la main devant trois... cadavres. Si elle n’était pas du tout à son aise et totalement décalée dans cet endroit ? Bien sûr que si. Elle ne fut qu’un rien rassurée par le fait qu’il range son arme. Elle savait que son meilleur ami n’était pas un enfant de cœur et qu’il avait probablement déjà tué des gens. Sauf que voilà, comme pour beaucoup de choses, on préfère ne pas en avoir les preuves sous le nez.

Ça faisait un bail hein ? Elle allait lui en parler de ça justement. Un bail... elle s’était inquiétée pour lui sauf que visiblement, elle avait eu tort. Il avait l’air d’aller bien ou presque. Elle n’aurait su dire ce qui la dérangeait. Les regards que les hommes autour d’eux portaient sur la situation ou bien le regard que Seth avait en la regardant, sa posture, tout le reste. Ivory était observatrice de par ce qu’elle aimait faire et les changements, quoi qu’infimes, étaient bien là. C’était pourtant bien Seth qui était en face d’elle maintenant alors qu’est-ce qui pouvait bien la gêner tant que ça ?

- « Des jours, des semaines même quand on fait le calcul. T’as perdu ton téléphone ? »

C’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle le lui demande et il y avait une certaine amertume dans sa voix. C’était délicat parce qu’elle n’aimait pas être comme ça, c’était juste plus fort qu’elle. Il y avait des choses avec lesquelles elle avait du mal. Et son silence radio en était une. Elle aurait aimé ne pas s’inquiéter mais si.

- « On s’en fout du couvre-feu. J’te cherchais. J’avais pas de nouvelles, personne en avait ou alors personne voulait me répondre, j’en sais rien. Mais t’as l’air en forme, c’est génial. J’adore m’inquiéter pour rien, c’est une passion dans la vie. »

Crispation dans les rangs. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à tirer des tronches pareilles dès qu’elle ouvrait la bouche ? C’était à croire qu’ils avaient tous peur de quelques choses, comme s’ils avaient vu le croque-mitaine en personne.

- « T’étais passé où Seth ? Je sais que c’est pas une super période mais... merde, on arrête pas de donner des nouvelles aux gens dans une ville où n’importe qui peut disparaître n’importe quand ! »

Elle aurait largement préféré avoir cette conversation ailleurs que dans cet endroit, pas loin de cadavres, tués par... elle ne voulait pas savoir qui et après le couvre feu. Tout ce qu’elle voulait, c’était s’assurer qu’elle n’allait pas devoir aller à un enterrement, surtout pas le sien. Seth était l’une des personnes les plus importantes de sa vie à ce jour et elle n’aurait pas supporté le perdre. Ça pouvait bien être un abruti, c’était aussi un de ses seuls repères dans cette foutue ville de cinglés.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

Ivory & Seth

L’amitié de Seth et Ivory remontait à loin.
Il avait suffi d’un peu de hasard et d’un timing parfait pour que le trafiquant tombe sur cette drôle de jeune femme aux yeux clairs comme de l’eau pure assise sur le porche de son immeuble, l’air désespéré à fixer un canapé qui semblait être la cause de tous ses malheurs. Etant le grand curieux que tout le monde connaissait, il avait mis son nez dans une affaire qui ne le regardait pas et s’était mêlé de la vie de quelqu’un qui ne lui avait rien demandé. Résultat : trois heures et un canapé monté chez Ivory plus tard, ils avaient sympathisé comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Le courant était passé à une vitesse folle entre eux, leurs caractères respectifs faisant qu’ils se supportaient l’un l’autre et se complétaient sur bon nombre de points. Ils s’étaient découvert des passions et des goûts en commun, et finalement avaient fini par se fréquenter de plus en plus régulièrement, jusqu’à rarement passer un jour sans s’envoyer ne serait-ce qu’un petit message. Et si le trafiquant avait été fidèle à lui-même et avait gentiment commencé à draguer son amie, il s’était arrêté bien vite, appréciant trop une relation comme la leur pour risquer la gâcher avec les choses de la chair. Elle était très jolie Ivo, pourtant, mais tant pis ; ses beaux yeux bleus et ses longs cheveux noirs comme la nuit n’avaient pas réussi à le détourner de sa résolution. Petit à petit, au fil des jours, puis des mois, puis des années, il avait fini par la considérer comme un membre de sa famille, comme la petite sœur qu’il n’avait jamais eu, et à défaut d’avoir une véritable famille, il avait réussi à nouer quelques amitiés solides qui remplaçaient parfaitement parents et frère. Ivory faisait partie de cette famille de substitution et il ne l’aurait échangée pour rien au monde. Ils avaient passé trop de temps ensemble, trop de soirées à manger n’importe quoi, à boire comme des trous et à regarder des bêtises à la télé en fumant ce que le Calédonien ramenait pour qu’il puisse envisager une vie où elle n’en ferait pas partie.
Mais ça, c’était avant le vaccin.
Depuis qu’il avait été piqué, Seth n’était plus lui-même. Ou plutôt, il s’était changé en une version tordue, brisée et reconstruite de travers de l’homme de sable que ses amis et ses hommes de main avaient l’habitude de fréquenter. Une version suffisamment immonde pour aller traquer les hunters qui faisaient de l’excès de zèle pour leur apprendre dans la souffrance qu’ils avaient présumé de leurs forces. Une version assez déconstruite pour trancher des morceaux des cadavres qu’elle avait semé pour les envoyer à l’homme qui l’avait vacciné. Une version suffisamment décalée de la réalité pour commencer à s’agacer des paroles de l’une de ses meilleures amies alors qu’en temps normal, le mutant se serait excusé platement de n’avoir pas donné de nouvelles pendant aussi longtemps.

- Pardon maman, j’penserai à t’envoyer un mot à chaque fois que j’me fais des pâtes.

Ses sbires autour de lui se jetèrent quelques coups d’œil inquiet avant de décider de s’occuper de leurs affaires, à savoir : commencer à nettoyer les traces de la tuerie qui venait d’avoir lieu et emballer les cadavres dans des bâches pour ensuite les charger dans les trucks garés plus loin.
Le Calédonien pencha la tête et regarda Ivo, son regard sombre éclairé par la lumière des lampadaires bordant la rue plus loin.

- J’étais un peu occupé ces derniers temps.

Sa main passa dans sa nuque, sur son tatouage, puis passa sur sa carotide et gratta la cicatrice toute fraîche et clairement visible que l’aiguille avait laissée sur sa peau. C’était la seule marque physique qu’il lui était arrivé quelque chose. Ca et la raideur dans son épaule gauche, celle qu’une balle avait traversé, manquant briser les os et l’handicaper pour de bon. Il n’aurait plus manqué que ça, qu’il perde l’usage de son bras en plus d’avoir perdu sa mutation et la tête.
Il se tourna sur le côté en voyant l’un de ses hommes de main s’approcher de lui, gardant ses distances malgré le pistolet rangé dans son holster et l’attitude presque calme de son patron.

- Boss … on en fait quoi de ceux-là ?

Par « ceux-là », il voulait parler des corps qui étaient désormais emballés comme de merveilleux et morbides cadeaux qui, fort heureusement, ne se retrouveraient sous aucun sapin. Le trafiquant passa une main sur son menton, faisant crisser sous ses doigts la barbiche noire qui l’ornait et remontait jusqu’aux coins de ses lèvres. D’ordinaire, ce style lui conférait un air malicieux, un petit quelque chose de chafouin, mais ces derniers temps, son sourire était moins innocent et plus inquiétant qu’autre chose.

- La décharge, on fera rien de plus d'eux.

Il avait déjà envoyé son quota de morceaux à Hippolyte Caesar et il n’avait pas besoin de se faire une réserve étant donné que les chasseurs pullulaient dans cette ville de malheur. Alors, à la décharge, les corps finiraient dans les broyeuses et tout irait bien. Il ne faisait aucun doute que jamais, ô grand jamais l’ancien Seth n’aurait traité des morts d’une manière aussi atroce. Oui mais voilà, l’ancien Seth était mort, tué par la fièvre et le vaccin. Et l’homme qui le remplaçait n’en avait plus rien à faire.

Sujet: Re: It's been just one rainy day (Sethivo) Jeu 3 Mar 2016 - 0:46

It's been just one rainy day

Ivory l’avait enfin trouvé. Elle avait enfin trouver son imbécile de meilleur ami, de presque frère qu’elle chérissait tant et pourtant, elle avait l’impression d’avoir un étranger en face d’elle. Ce n’était pas Seth. Enfin, pas comme elle le connaissait depuis près de cinq ans ou plus. Elle ne savait même plus depuis quand elle le connaissait tant elle avait tendance à vouloir croire qu’il avait toujours été là. Elle avait chéri leur amitié dès le début tant tout avait eu lieu naturellement mais là... là, elle ne savait pas si c’était bien son meilleur ami qu’elle avait en face des yeux alors qu’elle refusait avec obstination de regarder les corps.
Toute la scène était surréaliste, toute. De la façon inhabituelle dont se tenait Seth jusqu’à son expression, elle avait véritablement l’impression qu’il était un autre et ça ne lui plaisait pas parce que c’était ridicule. Elle devait se faire des idées. Mais, elle connaissait trop bien Seth et ses manies, Seth et ses expressions, Seth et sa façon de se tenir et de marcher. Alors, quand il lui parla finalement, elle ne broncha pas, presque pas étonnée par le ton qu’il avait employé, ni la façon dont il lui avait parlé. Elle garda obstinément les yeux rivés sur son ami quand les hommes se mirent à déplacer les corps. Elle faisait tout pour ne rien voir, elle n’était pas bâtie pour ça, ou juste pas prête, elle n’en savait fichtrement rien.

- « Occupé... » Elle s’agaça mais tenta de se retenir. « Occupé à ça ? » Pas tant que ça finalement. « C’était ça ton délire, buter des gens ? »

C’était sûrement des hunters, elle ne voyait que ça à moins qu’il ait définitivement péter les plombs mais, quand il se gratta encore le cou, une habitude qu’il n’avait jamais eu, Elle se posa des questions, beaucoup. Elle inspira alors qu’elle s’apprêtait à le rejoindre, du moins, jusqu’à ce qu’un de ses hommes le rejoigne pour lui demander quoi faire. Elle resta muette, campée sur sa position écoutant et regardant la scène malgré elle. Elle ne pouvait pas détourner les yeux plus longtemps. Ce n’est que quand il mentionna la décharge qu’elle fut définitivement convaincue que quelque chose clochait. Seth n’était pas comme ça. Ils avaient déjà discuté de la mort et il avait toujours semblé respectueux, même des gens qu’il haïssait et qu’il aurait pourtant bien voulu tuer. Comme ce Roman. Un mort est mort, il ne fait plus de mal. C’était un peu la base du bordel.
Elle parcourut la distance entre eux sans réfléchir plus longtemps, saisi sa main et regarda ce qu’il grattait avec tant d’obstination. Sans plus faire un mouvement, elle fronça les sourcils et réfléchit à toute allure. Des piqûres de vaccin, elle en avait déjà vues et Seth en avait une, juste là, sur cette zone qu’il avait grattée par deux fois depuis qu’elle était là. Elle mit les pièces ensemble, recula en le lâchant, comme brûlée par lui. Elle commençait à comprendre son attitude mais, bordel, elle n’avait jamais entendu que le vaccin rendait complètement dingue. Cela dit, la liste des effets secondaires ne cessait de s’allonger depuis qu’elle rencontrait des gens qui avaient vécus ça alors... Elle ne pouvait pas l’exclure.

- « Qui t’as fait ça ? C’est ça qui te rend comme ça ? Bordel Seth... pourquoi tu m’as rien dit ? Pourquoi tu m’as pas prévenu putain ? J’aurais pu... j’en sais rien moi, t’aider ! »

Elle était en colère pour plusieurs raisons mais, c’était bien le fait qu’il n’avait rien dit qui l’énervait le plus. Elle aurait peut-être pu faire quelque chose, n’importe quoi. N’avait-il pas eu assez confiance ? Que lui était-il arrivé pour qu’il ne dise rien ? Il n’avait pourtant pas tendance à la protéger au point de ne rien dire voire de lui mentir, c’était pas le genre. Il lui avait dit pour son père en ville, pour son père hunter, pour Roman le psychopathe qu’il avait au cul... Mais de ça rien. Elle ne comprenait pas.

- « Depuis quand t’es comme ça ? Vacciné... Complètement cinglé... »

Elle ne mâchait pas ses mots. Elle ne l’avait jamais fait et elle n’allait pas commencer maintenant, surtout pas devant lui, fêlé ou pas. Elle ne mesurait juste pas le danger qu’il y avait à agir comme ça devant lui dans les circonstances actuelles.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

Ivory & Seth

Plus Ivory parlait, plus les hommes de Seth se tendaient. Non, décidément, la jeune femme n’avait pas l’air de se rendre compte de l’état de l’homme face auquel elle se tenait. Elle aurait eu de quoi se douter que quelque chose clochait pourtant : cette lueur bizarre au fond de ses yeux noirs, ce drôle de petit sourire en coin qui étirait ses lèvres et cette impression d’instabilité qui l’entourait comme un brouillard, il n’avait plus grand’ chose à voir avec l’ami qu’elle avait connu. Mais ce n’étaient que des détails, d’infimes détails qui, dans la pénombre de cette ruelle, pouvaient parfaitement passer inaperçus. Ce fut certainement ce qui se produisit ; sinon, nul doute que la mutante aurait remarqué la façon dont l’ancien homme de sable la fixait, celle qu’il avait de regarder les cadavres dans son dos avec un dédain certain et cette façon qu’avaient ses employés de conserver une distance de sécurité dont ils n’avaient jamais eu besoin auparavant. Mais en de pareilles circonstances, c’était un minimum à respecter. Après tout, il suffisait de peu de choses pour que le trafiquant passe d’une humeur à une autre, et s’il lui venait à l’idée que quelqu’un lui avait parlé de travers ou s’était montré irrespectueux envers une personne de son entourage, il montrait avec une rapidité remarquable qu’il avait le verbe et la gâchette faciles. Les menaces pouvaient n’être vues que comme ça, des mots en l’air, mais on ne pouvait jamais être vraiment sûr qu’il ne mettrait pas ses plans à exécution. Parfois, il donnait l’impression d’oublier ce qu’il venait de dire en une seconde à peine, tout ça pour mieux surprendre en exécutant ce qu’il avait promis bien après l’avoir énoncé à haute voix. Et des menaces, c’était très étonnant qu’il n’en ait pas encore fait à la jeune femme aux cheveux noirs. Cela dit, au rythme auquel allaient les choses, ça n’allait pas tarder – ou bien le vacciné s’amuserait de ses remarques plus qu’autre chose. Allez savoir comment il réagirait, quelles connexions se feraient dans son esprit malmené et quelles conclusions il en tirerait.
Lorsqu’elle s’approcha de lui et repoussa sa main pour mieux voir la zone qu’il grattait, il y eut comme un mouvement de panique parmi ses sbires, un instant où tous se figèrent, incertains de la façon dont réagirait celui qui, malgré tout, restait toujours leur chef. Mais Seth ne bougea pas d’un cheveu, se contentant de laisser la demoiselle aux yeux clairs regarder de plus près la belle cicatrice de piqûre sur sa jugulaire. Qu’elle profite donc du spectacle si ça lui chantait. Après tout, il n’en avait absolument plus rien à faire. Et la voir reculer brutalement, comme s’il l’avait brûlée, avait quelque chose de très amusant. Il n’avait jamais provoqué la peur à un point si avancé chez les autres, et il arrivait à trouver la sensation étrangement grisante. Ce n’était pas tant d’être craint qui lui plaisait, c’était surtout la stupeur se peignant brièvement sur le visage de ses vis-à-vis qui avait un petit côté particulièrement sympathique. La stupeur, c’était probablement ce qui avait tiré ses traits lorsqu’il avait senti l’aiguille s’enfoncer dans son cou, juste avant la panique qui l’avait englouti tout entier l’espace de quelques secondes, avant que le poison ne commence à faire effet et que sa température grimpe, grimpe, grimpe encore jusqu’au point de non-retour, jusqu’à ce que son corps lâche et que son cœur ne s’arrête durant une trop longue minute.
Le commentaire d’Ivory lui fit arquer un sourcil et il la dévisagea. Il clignait moins des yeux, bizarrement, ce qui lui donnait un regard particulièrement inquisiteur bien malgré lui.

- M’aider ? Parce que t’as un anti-anti-mutation dans ta poche ? Parce que j’vois pas spécialement ce que t’aurais pu faire, en fait.

Cette réponse, il aurait presque pu la donner dans un moment de lucidité – si seulement il avait pu en avoir un. Ivory n’aurait rien pu faire pour lui ; s’il avait gardé son ancienne personnalité, s’il ne s’était pas changé en une version de lui-même complètement distordue par le sérum des chasseurs, alors peut-être aurait-elle pu l’aider, ne serait-ce qu’en étant d’un certain soutien moral tandis qu’il aurait pleuré la perte de sa mutation en maudissant Hippolyte Caesar et tout ce qu’il représentait. Malheureusement, les choses ne s’étaient pas aussi bien passées, et il était probablement trop loin pour que tout le bon sens d’Ivory arrive à l’atteindre. Tellement loin à dire vrai que ce « cinglé » prononcé avec une certaine horreur lui arracha un léger rire, la fine barbiche à son menton soulignant son sourire amusé.

- Ouais, ça change de d’habitude. ‘Fin j’pense. J’m’en fous un peu en fait.

Et c’était vrai : il se fichait royalement de ce qu’il était devenu, de la manière dont il se comportait et des conséquences de ses actes. Il n’y avait plus que ses envies du moment qui comptaient, dussent-elles porter préjudice à quelqu’un. Et si elles pouvaient mettre d’énormes bâtons dans les jolies roues du patriarche Caesar, c’était encore mieux.
Se retournant, le trafiquant fixa les cadavres un instant avant de donner un petit coup de pied dans la jambe du corps le plus proche, comme pour vérifier qu’il ne se relèverait pas – ça n’était pas comme si ça allait l’empêcher de lui tirer une balle dans la tête si c’était le cas.

- Et j’m’occupe du mec qui m’a fait ça, t’inquiète. Il a déjà eu quelques cadeaux de ma part, histoire de lui rappeler qu’il a merdé à fond.

Morceaux de cadavres, présages inquiétant et drôle d’ambiance devaient parsemer la vie d’Hippolyte depuis les neuf derniers jours. Nul doute qu’il devait se demander ce qui lui valait tant de petites attentions, et s’il avait compris qui en était l’auteur, alors peut-être avait-il fini par réaliser qu’il avait fait une regrettable erreur.
Le Calédonien se redressa et se tourna vers Ivory une nouvelle fois, vrillant son regard sombre dans le sien.

- Tu devrais rentrer chez toi, Ivo.

Un fin sourire de chat se peignit sur son visage, mais malgré la malice qui s’y lisait, il avait quelque chose de dérangeant, un petit côté tordu sans doute, mais il était certainement bien moins sympathique que ceux qu’il pouvait avoir lorsqu’il était encore mutant. Ses doigts vinrent se poser sur la crosse de son arme, celle qu’il avait rangé dans son fourreau quelques instants plus tôt.

- Conseil d’ami.

Sujet: Re: It's been just one rainy day (Sethivo) Ven 18 Mar 2016 - 18:59

It's been just one rainy day

L’avoir cherché et s’être inquiétée pour lui et finalement tomber sur lui, dans un état de total pétage de câble, ça n’était pas précisément ce qu’Ivory avait espéré. Elle savait que le vaccin faisait des ravages, elle en avait entendu parler mais à ce point, elle ne savait pas vraiment. Ou alors, elle partait du principe que ça n’arrivait qu’aux autres. Sauf que là, c’était tombé sur Seth, une des personnes qui comptait le plus pour elle. Tout le monde pouvait bien être sur le point de disjoncter autour, elle n’en avait rien à foutre. Elle ne connaissait pas ses hommes, n’en avait vu certains que de vue sans savoir qu’il bossait avec lui, elle ne s’était jamais mêlée de ça. Là, elle n’avait pas trop le choix ou du moins, elle était au milieu du bordel, ce qui ne lui plaisait pas spécialement, un peu comme ce que venait de dire Seth.

- « T’empêcher de commettre des meurtres ? Tout hunter qu’ils étaient, ils étaient peut-être pas tous des meurtriers ? Mais vu que t’as l’air d’en avoir royalement rien à cirer, j’ai tendance à me dire que ça te pèse pas spécialement sur la conscience. »

Sauf que ça finirait par le peser si sa mutation lui revenait un jour et elle le savait. Il était souvent sur le fil du rasoir, elle n’était pas dupe mais, il était toujours correct. Là, il était loin de l’être, loin du Seth qu’elle connaissait mais, elle n’avait toujours pas peur, pas vraiment en tout cas. Elle haussa un sourcil et le fixa, à seulement quelques pas de lui. Si ça changeait de d’habitude ? Certainement oui.

- « Oui, ça change de d’habitude. T’es un adorable crétin en temps normal, là, t’es juste un gros con qui n’hésite même pas à mettre la vie des autres en danger dans son petit délire mégalo s’assainissement de la ville. »

C’était pas très malin de sa part mais, Ivo avait une grande gueule et l’habitude de s’en servir. Ça lui apportait une assurance qu’elle n’avait pas forcément et ça l’aidait à surmonter ses craintes ou ses angoisses. Et, même si sa mutation n’était pas la chose la plus plaisante du monde et pas franchement vraiment maîtrisée, elle comptait dessus malgré elle, ce qui pouvait être dangereux. Chose qu’elle commençait seulement à comprendre à force de se faire remonter les bretelles par ses proches et parfois juste par le biais de simples discussions.
Voir Seth se comporter comme ça faisait partie des choses qui la faisaient réagir de travers. Il avait peut-être déjà tué, sûrement même mais, elle ne l’avait jamais entendu manquer de respects aux morts. Les morts étaient morts. Au bout du compte, tout le monde finissait pareil au fond du trou au feu.

- « Tu t’occupes de lui ? Tu te rappelles à lui avec des petits cadeaux ? Dis-moi que j’ai tort de m’inquiéter avec ce que tu lui envoies... »

Elle était certaine qu’elle n’avait pas tort du tout de s’en inquiéter, elle en était persuadée. Plus la conversation avançait, plus elle se rendait compte de l’ampleur des dégâts qu’avait causé le vaccin. Seulement voilà, c’était Ivory et elle ne pouvait pas laisser tomber son meilleur ami comme ça. C’était pas comme ça qu’elle fonctionnait, quand elle s’attachait aux gens, elle était capable de chuter de très haut avec eux si nécessaire.
Quand il la regarda dans les yeux, elle se rendit compte à quel point leur éclat était différent, pourtant, elle ne les baissa pas et soutint son regard.

- « Non et tu peux te mettre ton conseil d’ami et ton petit sourire de merde bien profond. Tu comptes faire quoi Seth ? Me faire peur ? J’te connais, fêlé ou pas, tu tiens aux gens bordel. T’as rien dans la tête à quoi t’accrocher ? Fais un effort ! C’est pas toi ça ! Le monde tourne peut-être pas rond mais, il est pas en train de s’écrouler pour autant. J’suis pas spécialement optimiste mais, même si tout part en couille. T’es pas tout seul et pense un peu à Bob. Tu feras quoi ? En face de lui aussi tu vas faire ton grand méchant en mettant ta main sur ton flingue ? »

Parce qu’elle l’avait vu faire mais, elle restait persuadée qu’il ne ferait rien, qu’il ne le sortirait pas et surtout, qu’il ne tirerait pas.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

Ivory & Seth

Seth n’était pas un homme ouvertement violent. Certes, il était parfois un peu susceptible quand on venait le titiller d’un peu trop près sur des sujets sensibles, mais en temps normal, il n’était pas méchant pour le simple plaisir de l’être. Il ne bousculait pas les gens pour les provoquer, il ne se moquait pas d’eux sauf si la situation l’appelait et il ne s’énervait pas sans raison. Il n’avait pas une patience d’ange, certes, mais il restait ouvert à la discussion, et il en fallait beaucoup pour réussir à réellement le faire sortir de ses gonds.
Sauf que le Seth ordinaire n’existait plus. C’était un homme beaucoup plus sanguin, beaucoup moins stable qui le remplaçait. Il était devenu quelqu’un de dangereux parce que relativement imprévisible. Et s’il ne s’offusquait jamais d’une blague avant son vaccin, en rajoutant même une couche bien volontiers, là, il fallait marcher sur des œufs en permanence dès qu’on lui adressait la parole. Il suffisait d’une tournure de phrase, d’un mot, d’un souci de ponctuation pour le faire tomber dans une rage noire aussi impressionnante que rapide. L’avantage de son état, c’était qu’il ne restait jamais en colère trop longtemps. Il passait rapidement à une autre humeur, parfois toute aussi redoutable, allant au gré de ce qui pouvait bien se passer au cœur de son esprit malmené. Face à Ivory, un certain nombre d’émotions contradictoires filaient dans tous les sens. D’un côté, il avait face à lui l’une de ses meilleures amies, une personne qui comptait beaucoup à ses yeux et qu’il considérait presque comme une petite sœur tant ils étaient proche. Et d’un autre côté, il se trouvant devant une jeune femme qui était venu le chercher jusque là, au cœur de la ville, à quelques minutes à peine du couvre-feu, et qui en plus avait le culot de lui faire des commentaires sur ses activités. Ca avait le don de l’agacer prodigieusement, et il était étonnant qu’il n’ait pas encore craqué. D’habitude, il n’aurait jamais pensé à faire le moindre mal à la demoiselle ; à dire vrai, ça ne lui serait même pas venu à l’idée de se montrer violent ou désagréable avec elle. Mais là, ce n’était pas une situation habituelle, et il ne put s’empêcher d’hausser un sourcil, preuve physique qu’il commençait à arriver à bout de sa patience déjà atrocement malmenée.

- J’délire pas, j’rends service.

A dire vrai, il se rendait surtout service à lui, mais si ça pouvait faire profiter les autres, alors pourquoi pas. En réalité, il se fichait royalement des conséquences de ses actes. Après tout, il n’avait plus rien à perdre, maintenant que sa santé mentale et sa mutation avaient disparu, alors, un peu plus ou un peu moins, ça ne lui faisait ni chaud ni froid.
Au commentaire que fit Ivory au sujet des cadeaux qu’il envoyait à Caesar, Seth répondit par un sourire de chat qui n’avait rien, absolument rien de rassurant.

- J’sais pas. Tu t’inquiéteras si jamais tu reçois un paquet qui dégouline un jour.

Ca n’arriverait jamais, bien entendu, puisqu’il n’avait aucune raison de lui envoyer quelques petits morceaux de cadavres comme il le faisait avec le chasseur. Il ne doutait pas que la jeune femme aurait probablement vu d’un très mauvais œil ceux qu’il pouvait envoyer au redoutable quinquagénaire – ceci dit, il commençait à avoir suffisamment de morceaux pour ne pas être loin de reconstituer un corps entier. Sans doute que s’il lui avait pris des velléités à la Frankenstein, il aurait recréé un monstre pire que lui, mais ça, c’était tout de suite plus proche des lubies qui prenaient parfois au mutant qu’il n’aurait définitivement pas dû vacciner.
Le trafiquant pencha la tête sur le côté et fixa Ivory tandis qu’elle parlait, et parlait et parlait encore … Dieu qu’elle était bavarde. Et Dieu qu’elle l’agaçait aussi. Cette fois, il commençait vraiment à sentir la colère lui monter au nez, et il aurait mieux valu pour elle qu’elle déguerpisse rapidement avant de subir la mauvaise humeur soudaine de son ancien meilleur ami. A la mention de Bob, il se contenta d’hausser les épaules. L’homme-grenouille pouvait penser de lui ce qu’il lui chantait, il s’en moquait prodigieusement. Mais la provocation de la mutante eut un effet inattendu – et regrettable. Seth haussa les sourcils et sourit à nouveau.

- T’as raison, c’est pas crédible avec que la main dessus.

D’un geste leste, il dégaina son arme, la mit en joue à une vitesse étonnant et tira. La balle fila hors du canon de son pistolet pour frôler la joue de la jeune femme et partir trouer la benne à ordures plus loin. Les hommes du Calédonien s’étaient figés et regardaient la scène, muets d’horreur, se demandant s’ils allaient devoir ajouter un cadavre à la pile dont ils s’occupaient déjà. Seth, quant à lui, regardait Ivory avec toute la froideur du monde, comme si on venait de le mettre au défi et qu’il montrait avec toute la dévotion dont il était capable qu’il l’avait relevé haut la main.

- Allez Ivo, montre-moi comment tu cours.

Il ne répéterait pas l’avertissement deux fois. Soit la grande demoiselle fuyait pour sa vie, soit sa vie s’arrêterait d’une balle entre les deux yeux tirée par celui qui aurait pu prétendre être son frère.

Sujet: Re: It's been just one rainy day (Sethivo) Ven 25 Mar 2016 - 0:17

It's been just one rainy day

Rendre service... Seth ne rendait à personne, ni à lui ni aux autres, surtout pas aux autres. On ne ramenait pas les morts, mieux que n’importe qui, il devrait le savoir mais, quelque chose disait à Ivory de ne surtout pas dire une chose pareille. En face d’elle, ce n’était pas Seth, c’était quelqu’un d’autre, quelqu’un qui lui ressemblait mais qui n’avait rien en commun avec son ami, son frère, la tête de nœud qui la fournissait en herbe ou en alcool et qui était capable de débarquer n’importe quand, même après un de ses cours ou pendant une pause. Le mec qui l’avait même surprise en pleine de séance de galipette dans la réserve de la bibliothèque. Ce mec n’était pas celui qu’elle avait en face du nez. Le Seth qu’elle connaissait n’envoyait pas de petits cadeaux méga glauques, dignes des profilers de compétition dont on bourrait les séries télé. Elle doutait même presqu’ à peine qu’il soit vraiment capable de lui faire un coup pareil. En fait, dans son esprit, c’était déjà très clair, elle ferait très attention d’où viendrait ses colis à l’avenir. C’était inconscient mais, la décision était prise.
Quand il sortit l’arme, elle ne réalisa même pas tout de suite qu’il allait vraiment tirer. Elle n’y croyait pas une seule seconde et pourtant. Instinctivement, elle ferma les yeux, mobilisant toute sa peur et même sa colère envers Seth pour se protéger, agir, faire quelque chose, n’importe quoi. Protégée par sa mutation, couverte d’acier grâce à une babiole de ses poches alors qu’elle entendait la détonation sans être convaincu qu’elle avait réussi à muter, elle ouvrit les yeux. Si, elle avait réussi. Pas très posée, pas réfléchie du tout, elle ne se soucia même pas qu’on ait pu la voir ou qu’il ait toujours son arme en main. Elle combla l’espace qui les séparait pour lui en coller une, de toutes ses forces, sans ménager ses efforts ou même avoir peur de faire mal. Elle voulait lui faire mal, l’assommer même pour ce qu’elle en savait si elle en était capable.

- « Connard ! »

Sa voix, rendue métallique par sa mutation sonnait comme la pire distorsion dont était capable un appareil quelconque. Grinçant, strident, ça n’avait rien d’agréable à l’oreille et elle vit quelques hommes grimacer. Elle n’en avait franchement rien à foutre, elle les voyait à peine. Son meilleur ami venait de lui tirer dessus, c’était tout ce qu’elle parvenait à retenir de ce qui venait d’arriver. Elle le frappa une seconde fois dans la foulée, pour la forme. Elle tremblait de rage, de peur aussi. Elle en aurait pleuré si elle en avait été capable sur le moment.
Persuadée d’avoir frappé assez fort, elle recula, toujours mutée, plus du tout en confiance en face d’un des hommes les plus importants à ses yeux. Le fixant avec stupeur et tristesse, elle n’arrivait pas à se décider à courir. Elle ne voulait pas, elle savait pourtant qu’elle aurait dû, rien qu’à voir les visages des hommes de Seth, juste en voyant la lueur dans ses yeux à lui.

- « J’pensais pas que tu serais celui qui m’aurait braqué avec un flingue. »

Shaun, ça avait été plus que probable. Lui, elle y aurait cru, il en aurait été parfaitement capable mais, il n’avait pas encore reparu depuis le parc. Elle ne s’en plaignait d’ailleurs pas, pas avec Seth qui disjonctait plein tube.

- « J’courrai pas Seth, pas devant toi. J’ai fui un peu trop souvent ces derniers temps alors certainement pas en face de toi. Ouvre les yeux bordel de merde ! T’as vu ce que tu fais ? »

Elle ne pouvait pas lâcher comme ça, elle devait au moins essayer un peu, faire quelque chose et si vraiment il n’y avait rien à faire, elle se tirerait mais, elle devait au moins tenter son coup. Peut-être même qu’un mot, une phrase bien placée... Non, Ivo ne pouvait pas s’empêcher de croire qu’il restait quelque chose de son ami quelque part dans le taré qu’elle avait en face d’elle. Après tout, elle ne l’avait jamais vraiment frappé, jamais vraiment été en colère contre lui au point d’en arriver à des extrêmes pareils.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

Ivory & Seth

Seth était quelqu’un qui tenait énormément à ses amis. Les gens qui pouvaient se targuer d’avoir sa confiance et sa sympathie pouvaient être sûrs qu’il aurait retourné le monde entier pour eux, quitte à y laisser quelques plumes. Il se pliait en quatre pour les quelques personnes qui étaient réellement chères à son cœur, quitte à le faire plus ou moins discrètement, mais il prenait toujours un certain plaisir à pouvoir aider les autres. Il n’y avait qu’à voir leur colocation avec Pietra, ou ce qu’il avait apporté à Bob pour que l’homme grenouille s’occupe durant son séjour forcé au cœur de la ville, ou les petites soirées secrètes avec Charlie. Ou le canapé d’Ivory qu’il l’avait aidé à monter et qui avait lancé le début d’une amitié solide. Amitié qui risquait de se terminer au bout du canon de son pistolet, fauchée d’une balle qu’il avait tirée alors que jamais, ô grand jamais il n’aurait pensé à faire une chose pareille – en temps normal. Mais le vaccin n’avait pas seulement effacé sa mutation, il avait aussi attaqué son cerveau que la fièvre avait fini d’achever. Lorsqu’il reviendrait à son état normal, sûrement qu’il lui faudrait vérifier qu’il n’aurait aucune séquelle de ce long mois de psychose et d’errances diverses et variées. Mais il ne savait pas à ce moment-là que ce vaccin n’était que temporaire, et même si ça avait été le cas, il n’aurait probablement rien changé à son comportement. Il n’était plus le même qu’autrefois, plus le même homme que la jeune mutante avait connu, et si avant il n’aurait jamais imaginé lever la main sur elle, la balle qui venait de partir en frôlant sa joue finissait de témoigner du changement radical qui s’était opéré au creux de sa tête.
L’ancien mutant s’était attendu à la voir filer à toute vitesse, à tourner les talons et à fuir aussi vite que la lumière. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était qu’elle se change en une drôle de statue de métal vivante et qu’elle lui envoie son poing glacé dans la mâchoire. Il fit un pas en arrière, sourcils haussés, sincèrement pris de court et légèrement sonné. Le deuxième coup le fit reculer encore et il massa l’angle de son visage comme pour s’assurer que sa mandibule n’avait pas malencontreusement sauté. Ses yeux sombres se posèrent sur Ivory et il resta silencieux un temps, la laissant crier et le traiter de tous les noms. Il ne prêtait pas attention à ses hommes qui s’étaient figés et regardaient la scène avec toute l’appréhension du monde. Il n’existait plus que la jeune femme à ses yeux et il ne l’interrompit pas dans sa tirade. Tout ce qu’il fit, après quelques secondes de silence, ce fut de se mettre à rire. Ca n’était pas un franc éclat de rire, ni même un ricanement. C’était plus un gloussement amusé, un son qui n’annonçait rien de bon malgré l’air presque enjoué qui s’était peint sur son visage et qui dessinait quelques pattes d’oie aux coins de ses yeux.

- Waow … j’pensais pas que t’oserais. Comme quoi, t’es plus brute que c’que je croyais.

Se redressant, il passa la langue sur ses dents. Un goût de fer emplissait sa bouche et il sentait l’une de ses molaires bouger dangereusement. Il ne garderait probablement pas cette dent en place très longtemps. Tant pis, il y avait plus grave qu’un trou dans sa dentition.

- Tu veux pas courir ? Ok. Ca tombe bien, j’voulais vérifier un truc.

Relevant le bras au bout duquel il tenait son arme, il le pointa vers la jambe de la demoiselle et tira. La balle ricocha contre son mollet, trouant son pantalon au passage. Le Calédonien haussa un sourcil et sourit.

- Cool, ça renvoie les balles. J’me demande si t’es mutée partout pareil ou si y a des zones plus molles.

Il leva le bras plus haut, remettant Ivory en joue, et cette fois la jeune femme consentit à partir, à fuir dans cette ruelle sombre pour rejoindre les grandes artères de la ville, pour courir jusqu’à son appartement et échapper à celui qu’autrefois elle aurait pu appeler « frère ».
Quant à Seth, il se fichait bien d’avoir tiré sur elle. A dire vrai, ça ne lui faisait ni chaud ni froid.
Et la chute n’en serait que plus dure lorsqu’il serait redevenu lui-même.

» (cesare), all these cold and rainy days.

It's been just one rainy day (Sethivo)

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