Sujet: what hurts the most (cesellie) Mar 1 Déc 2015 - 20:56
What hurts the most
-- cesare et ellie --
not afraid to cry every once in a while Even though going on with you gone still upsets me There are days every now and again I pretend I’m OK But that’s not what gets me. what hurts the most Was being so close And having so much to say And watching you walk away And never knowing What could have been And not seeing that loving you Is what I was tryin’ to do.
Crayon en mains, cahier de dessin dans l'autre, Ellie observait les passants déambuler furtivement dans les rues alors que le soleil commençait à disparaître au dessus des toits. Il y avait les mères affolées qui tenaient fermement la main de leur enfant de peur qu'il disparaisse sous leur nez. Il y avait les adolescents sac d'école à l'épaule, revenant de cours auxquels il devait bien être difficile de se concentrer avec tout ce qui se passait ici. Il y avait aussi le vieillard que personne ne regardait, avec son regard fou à nourrir les rares pigeons qui s'aventuraient jusqu'à la rue. Il y avait les hommes et femmes au brassard rouge sur l'avant-bras que tout le monde évitaient comme la peste. Humains comme mutants. La jeune mutante, installée en retrait sur un banc les analysaient de loin, heureuse de voir qu'aucun d'eux ne faisaient attention à elle. Plutôt que de cesser de vivre, de peur d'être arrêtée, démasquée, elle préférait de loin tenter sa chance. Heureusement, peu de gens ne se préoccupaient de la Freak, seulement lorsqu'elle posait un regard trop insistant sur eux... à essayer de marquer chacun de leurs traits dans sa tête et les recopier ensuite sur sa page blanche. Elle avait jeté son dévolu sur le vieillard étrange, traçant chacune de ses rides de son crayon noir. Tant de visages inconnus qu'elle gardait gravé dans son cahier, immortels grâce à la mine de plomb qu'elle tenait en main. La soirée cependant avançait et bientôt la lumière faible du coucher de soleil ne lui serait plus suffisante pour continuer à dessiner les gens dans la rue. Alors, elle observa un homme au coin de la rue. Ce dernier avait déjà l'air bien ivre malgré qu'il ne soit que sept heures environ... elle baissa les yeux pour jeter un coup d'oeil à sa montre. L'heure du souper était déjà bien passée pourtant, elle n'avait pas faim. Loin de là. Alors, elle reporta son attention sur l'homme qui titubait et qui passa devant elle sans même lui jeter un regard. La Freak se redressa d'un bond lorsqu'il fut à plusieurs pas d'elle et décida de le suivre. Un sujet parfait pour son prochain cahier qu'elle voulait présenter. Suivant ses pas jusqu'au bar le plus proche, elle entra à sa suite et alla s'installer à une table plus éloignée. Elle n'était décidément pas dans son élément. Certes, elle aimait bien picoler de temps à autre, mais en général, c'était en bien nombreuse compagnie. Un cercle d'amis immenses à rire et boire avec elle. Pourtant ce soir, elle faisait cavalière seule. Son crayon et cahier pour épée et bouclier.
Une serveuse vient à sa table pour lui demander si elle voulait prendre quelque chose. Indécise, Ellie l'observa muette un instant avant d'hocher la tête et de commander un cocktail sucré. La bière, ce n'était pas son truc... pas du tout. Une fois débarrassée de la serveuse pour un temps, elle chercha du regard l'ivrogne. L'endroit était à moitié rempli et dans sa distraction, elle l'avait perdu du regard. Se mordillant la lèvre tout en maudissant intérieurement la jeune femme qui revenait déjà avec son verre, Ellie lui tendit les pièces de monnaie, distraite. Enfin tranquille, elle continuait de balayer du regard la pièce embrumée, sombre. Une ambiance léthargique... comme cette ville qui plongeait de plus en plus dans le chaos. Engourdis par une violence lassante. Elle porta discrètement son verre à ses lèvres, buvant une gorgée sans quitter la mince foule de clients des yeux, cherchant des yeux l'homme déjà complèment bourré, bien drôle de personnage et digne d'une fiction grotesque. Soudain, elle crut apercevoir un visage familier. Elle plissa les yeux et le reconnut enfin. Cesare. Mais qu'est-ce que le DeMaggio faisait là ? Seul accoudé au bar, lui faisant partiellement dos. Mais elle reconnaîtrait le tracé de cette mâchoire, sa peau tanée et ses cheveux d'ébène peu importe l'endroit, et comment. Elle n'arrivait pas à croire qu'il était là, juste de l'autre côté de la pièce, ramenant des souvenirs chaleureux à la jeune femme. Souvenirs qu'elle n'avait jamais oubliés. Non, elle n'oublierait jamais le DeMaggio parce qu'elle l'avait aimé... et cela faisait beaucoup trop longtemps qu'elle ne l'avait pas vu, leurs chemins ayant été séparés par le temps et l'espace. Était-ce réellement possible de le retrouver - là, maintenant ? Elle peinait à y croire.
Décontenancée, elle en oubliait pourquoi elle se trouvait ici, dans ce bar miteux. Elle avait oublié l'homme qu'elle avait choisi pour modèle d'un jour, le regard captivé par la silhouette du jeune homme. Il avait changé... et elle était prise de l'irrésistible envie d'aller le retrouver. Alors, elle quitta sa petite table, verre à la main, cahier et crayon dans l'autre et s'avança pour aller le rejoindre au bar. Elle peinait à contenir son soulagement de le retrouver après tant d'années... « Cesa -- » Elle n'eut pas l'occasion de finir d'appeler son nom, une silhouette masculine apparut devant elle, la surplombant. C'était le type ivre qu'elle avait suivi jusque-là. Et il lui bloquait le chemin, beaucoup trop proche et intime aux goûts de la jeune mutante qui plissa le nez sous l'odeur putride de son haleine alcoolisée. Beurk. L'air dégoûté sur le visage de la châtaine ne mentait pas mais l'ivrogne ne semblait pas avoir capté le message. « Salut, beauté. J'croyais bin'avoir remarqué qu'on m'suivait. C'parce que t'aimes bin c'que tu vois, hin. » Sourire moche et draguer... Beaucoup trop entreprenant, Ellie le regarda surprise quand elle sentit ses sales pattes se poser sur ses hanches. « J'peux t'offrir un verre p'être ? » Eurk, elle essaya de se dégager mais l'homme ne semblait pas vouloir abandonner la partie... ou bien il ne voyait pas que la jeune mutante ne voulait rien savoir. « J'ai déjà un verre, idiot. » Elle lui indiqua son cocktail du regard mais cela ne suffit pas à le dissuader, continuant son approche trop familière au goût de la jeune femme. « Viens à ma table et j't'en paie un'autre, ma belle. » Elle essaya de le repousser sans succès. Elle avait beau être une fille tactile, colleuse, il y avait aussi des limites. Limites que l'homme ne semblait pas connaître, ou bien que l'alcool effaçait toute notion de bon sens. « Lâche-moi. »
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: what hurts the most (cesellie) Sam 5 Déc 2015 - 18:23
we're already defeated, i don't think you can save me
DON'T FALL APART, I CAN'T FACE YOUR BROKEN HEART
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take your eyes off of me so i can leave. i'm far too ashamed to do it with you watching me, this is never ending, we have been here before. but i can't stay this time 'cause i don't love you anymore. please stay where you are, don't come any closer. don't try to change my mind, i'm being cruel to be kind. w/ellie freak & cesare demaggio.
Boire ne résout rien. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. L’ivresse ne chasse jamais le problème. Tant de phrases usées et usitées jusqu’à la corde, des sentences qui se répétaient inlassablement à chaque spot publicitaire qui passait à ce sujet – à force d’avoir stagné des heures durant dans une chambre de motel miteuse pour protéger sa sœur, Cesare les avait sûrement toutes entendues, toutes supportées plusieurs fois dans une seule journée. Il semblait les avoir totalement oubliées, occultées et recluses dans un coin de sa tête désormais : l’arôme brûlant du whisky s’avérait plus salvateur que dangereux, présentement – c’était toujours mieux que la solitude, analyser encore et encore des dossiers sans intérêt jusqu’à s’en cramer les yeux. Mieux que de se lancer à nouveau à la gorge de n’importe quelle cible avec le risque de se faire prendre. C’était bien cette infime prudence, mince filet de conscience, qui gardait le DeMaggio le cul vissé sur cette chaise au comptoir du bar, comme s’il n’avait rien de mieux à faire. Mais plus le whisky glissait dans sa gorge, baignant ses veines de l’éthyle doucereuse, moins son inefficacité parvenait à l’agacer : un mal pour un bien, diraient certains. Ce serait sûrement ce que dirait Rayen, d’ailleurs, feignant une moue compatissante pour accompagner ses politesses – la cousine avait dû comprendre déjà, que mieux valait qu’elle évite de croiser le chemin du jeune homme pendant un certain temps. Car désormais le chasseur avait une furieuse envie de lui sauter à la gorge, l’étrangler avec la simple et humaine force de ses doigts, comme si cela pourrait révéler toutes les vérités que la brune gardait soigneusement cachées derrière le voile des apparences. Est-c’que Rayen se jouait de lui ? L’instinct n’l’avait sûrement jamais quitté, quand bien même il avait bien du mal à imaginer ce qu’elle tirerait de toute cette mascarade : les DeMaggio n’avaient jamais été entrainés pour déguster la chasse, la faire durer le plus longtemps possible juste pour le fun. Au contraire, Rafael, Isabela ; Cesare et Aria, ils avaient toujours agi avec une efficacité diabolique, fichant une balle dans la tête de leurs victimes sans même y penser plus d’une seconde et demi, le temps que l’index trouve la gâchette et que la balle fuse, fracturant les illusions. La survie, c’était tout ce qui avait été important ; tuer ou être tué. Et aussitôt s’était-il écarté de ce chemin, qu’il en avait payé les conséquences – lourdement, mais sûrement pas autant que sa cadette. Une idée à laquelle il n’parvenait pas à renoncer : encore, encore et encore, le frère aîné retournait dans sa tête tous les scénarios possibles et imaginables, toutes les scènes que son imagination pouvait créer pour jouer les derniers instants de vie d’Aria. Aucun n’était agréable à vivre, survivre comme au travers d’un champ de ruines, d’une guerre incessante – son cerveau agissait de lui-même pourtant, à chaque fois qu’il se stoppait plus d’une minute et demi. Ses nuits n’étaient faites que de ça, des cris d’agonie de sa sœur l’appelant, du bruit métallique glacial d’une lame tranchant dans l’air pour faire son chemin dans les tripes d’une victime agonisante. Des actes qu’il avait lui-même commis, dont il connaissait les moindres détails scabreux, la prescience sur une vie. Du sang sur les mains, il en avait aujourd’hui des quantités impossibles à mesurer, à accepter, à supporter. C’était ça que ça faisait, près de quinze ans passés à être lancé à la gorge de n’importe qui, si tant est qu’ils aient été ennemis d’une quelconque façon.
Un nouveau geste, adressé au barman – sans avoir à l’accompagner d’un moindre mot, l’homme avait déjà compris ; professionnel jusqu’au bout, il s’était déjà rendu compte également qu’il valait mieux ne pas discuter ou questionner chacun des ordres silencieux que lui donnaient son vis-à-vis. Si son foie avait été protégé des fêtes de jeunesse lorsqu’il avait été adolescent, depuis plusieurs jours, Cesare s’appliquait à rattraper son quota. Il n’se fit pas désirer longtemps, l’unique compagnon de la soirée du DeMaggio, un nouveau verre aux éclats ambrés, à l’odeur impossible à ignorer – et partout autour, on ignorait aisément le chasseur ; c’était à croire qu’il n’était devenu qu’un spectre, prêt à se fondre dans le néant en une fraction de seconde. Si souvent depuis ce jour, il s’accouplait avec les ténèbres, revêtant son masque de Diable si volontiers, que c’était sûrement possible ; qu’il se fonde comme ça, dans l’ignorance du reste du monde et disparaisse pour toujours. Happé, aspiré par ses démons, ces monstres de la nuit qui ne lui donneraient plus la moindre chance de rejoindre la surface. Et pour quoi faire, de toute manière ? Partout où il posait ses yeux sombres pour observer la vie qui continuait autour de lui, Cesare n’pouvait pas voir quoique ce soit digne de le retenir – digne d’le faire sortir de sa torpeur, de ses ambitions toutes nouvelles pour revenir vers une quelconque lumière. Y’avait eu Aria, et personne d’autre. La personne qui la lui avait prise aurait tôt fait de le regretter : irrémédiablement, le meurtrier de sa sœur allait se retrouver traqué et chassé, persécuté par un type qui n’avait plus rien à perdre, plus quoique ce soit pour le détourner de son objectif principal. Y’avait les verres, au bar, presque pour s’vider la tête : mais l’effet de l’alcool fort s’amenuisait avec les soirées qu’il multipliait ici, de manière régulière. Tôt ou tard, même se saouler ne servirait plus à rien. « …-t'offrir un verre p'être ? » la voix grasse, juste par-dessus son épaule capta enfin son attention ; aussi happé qu’il était par le torrent de ses songes, ses culpabilités et ses questionnements lancinants, Cesare n’pouvait pas finir par ignorer le reste du monde, tout ce qui se passait, à quelques centimètres à peine de lui. Son verre entre les mains, il le sirota malgré tout, se retenant à grands peines de lever les yeux au ciel, d’se lever de sa chaise pour bondir ; si ç’avait été Aria, il aurait instinctivement agi, mû par de ces pulsions protectrices qui se mouraient, agonisaient lentement mais sûrement droit dans ses tripes. C’en était la preuve, là, maintenant, les secondes qui s’allongeaient sans qu’il ne fasse rien, ni ne daigne s’inquiéter un tant soit peu pour la personne qui se faisait malmener par un connard alcoolisé. « J'ai déjà un verre, idiot. » personne autour n’faisait rien, après tout ; le DeMaggio n’ferait que s’faire remarquer, preux chevalier parmi la foule d’enfoirés qui n’en avaient rien à faire, et s’contentaient sûrement de penser qu’elle l’avait bien cherché. Occulter, regarder ailleurs, ravaler sa rage serait probablement la meilleure chose à faire – le putain de réflexe que tout le monde avait. Celui qu’il n’avait jamais eu – avant, du moins. Combien de fois s’était-il interposé entre un type comme ça et sa petite sœur ? Ou entre un type comme ça et une parfaite inconnue ? « Viens à ma table et j't'en paie un'autre, ma belle. » il avait eu l’habitude de diffuser les tensions, tout en sachant pertinemment qu’il serait de taille à foutre par terre n’importe quel crétin qui n’avait jamais balancé son poing dans la tronche de qui que ce soit ; mais là. Là-. Sous les impulsions assourdissantes de la rage dans ses veines, le sang battant à ses tempes, Cesare en avait oublié de saisir les derniers échanges de conversation, au moment d’ouvrir la bouche : « Hey, et si tu fermais ta gueule ?! » dans tous les coins de ce foutu bar, il avait fallu qu’il choisisse celui-là pour aller harponner des gonzesses ; et le doute était totalement absent de l’esprit du DeMaggio : dans tout cet endroit, y’avait sûrement personne de plus enclin à lui éclater la tronche que le chasseur lui-même. Parce que c’était c’qu’il faisait si bien, quotidiennement, pour mieux constater que sa hargne n’avait plus aucune limite, qu’elle s’étendait à travers chaque fibre de son corps, et n’demandait qu’à s’exprimer. Encore et encore.
« Mêle-toi d’tes affaires tu veux. Gamin. » marmonna le type, clairement éméché, titubant sur ses jambes juste le temps de tourner son attention vers sa victime à nouveau. C’est sûrement pour ça qu’il n’vit pas le DeMaggio attraper son verre encore rempli d’alcool pour venir le lui éclater sur le crâne. Malgré la taille du type, son poids et sa claire dominance morphologique sur bien des gens, Cesare n’eut aucun mal à lui attraper le bras, pour repousser l’ivrogne contre le comptoir de bar, tirant sur son poignet jusqu’à ce qu’un craquement sinistre indique qu’il venait de lui réduire l’épaule à un amas d’os inutilisables. Dans son dos, il sentit de nouveaux bras l’attraper, sûrement pour diffuser la tension, séparer le pauvre connard d’alcoolique de son bourreau sorti de nulle part – la réponse du chasseur ne se fit pas attendre. Un coup de pied dans le tibia, accompagné de son coude fiché dans l’estomac de son deuxième assaillant, Cesare n’eut aucun mal à le déséquilibrer, le faisant rouler par-dessus son dos dans une prise qui le fit s’écrouler sur le sol ; le DeMaggio par-dessus lui, envoyant un poing dans sa gueule en guise de répercutions pour se mêler d’histoires qui ne le concernaient pas. Ou simplement parce qu’il n’était plus que ça désormais, mû par la violence qui courait dans ses veines, grondait dans chacun de ses gestes. Il en oubliait tout, le reste du monde, les autres gens qui s’amassaient autour pour certains, fuyaient pour d’autres. Les visages, les corps, le nez de sa victime, qui explosa dans un éclat de sang lorsqu’il abattit ses phalanges enserrées à nouveau droit sur sa face. Il avait su, il avait su pourtant qu’il aurait mieux fait d’ignorer tout ce qui se passait autour de lui, qu’il aurait mieux fait de continuer à boire son verre comme si l’reste du monde n’existait pas – pour un court temps au moins. L’occasion de ravaler ses instincts, mâter sa rage : il s’en découvrait incapable, tristement incapable – tous ceux-ci revenaient déjà se bousculer à travers ses muscles, ses gestes, l’adrénaline courant dans tout son corps, son cœur battant à toute vitesse. Aussitôt que l’ivrogne tenta une échappée, Cesare se redressa tout juste pour attraper la chaise sur laquelle il avait été assis un instant plus tôt, l’explosant en mille morceaux de bois au moment de l’abattre droit dans le dos du fuyard. Qu’ils viennent tous, tous se retourner contre lui, il les prendrait un par un, ou tous à la fois ; ça n’semblait pas avoir d’importance à l’instant présent, alors que seule sa furie dictait ses faits et gestes. Il n’était qu’un pion entre ses mains – l’avait toujours été ; mais ce soir, et tous les autres soirs depuis des semaines déjà, il s’y pliait volontiers, s’laissait mener par ses tripes, comme s’il n’y avait plus que ça qui comptait.
Dernière édition par Cesare DeMaggio le Mar 15 Déc 2015 - 1:30, édité 1 fois
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Sujet: Re: what hurts the most (cesellie) Lun 7 Déc 2015 - 2:12
What hurts the most
-- cesare et ellie --
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Spectatrice depuis toujours, gamine à se ficher toujours dans les ennuis jusqu'au cou. Elle s'en était toujours sortie. Parfois, sa vie était réellement en danger, d'autres, elle se retrouvait coincée avec un type répugnant comme l'ivrogne trop entreprenant. Personne ne réagissait autour, croyant visiblement qu'il était son problème, à elle seule de se débrouiller. Elle avait bien l'air d'une gamine, la Freak mais elle ne comptait sur personne pour la sortir de ce... mauvais pas. Souvent prise pour une fille fragile, ce n'était pourtant pas le cas. Elle savait ce qu'elle voulait, elle était rusée. Oh, depuis qu'elle se savait mutante, elle savait bien qu'elle ne faisait pas le poids contre un chasseur sur-entraîné en mode commando, mais ce n'était pas pour autant qu'elle s'enfermait à double tour et s'arrêtait de vivre. C'était presque une bénédiction d'être tombée sur un ivrogne trop dragueur plutôt qu'un chasseur qui aurait pu la prendre pour cible. De toute façon, peu de gens faisaient attention à la furtive Ellie qui déambulait comme une ombre dans les rues, à capturer chaque moment de son crayon. Alors, ce n'était pas étonnant de constater que personne ne se retournait devant le duo improvisé d'une Ellie qui essayait de se défiler et d'un connard investi de la mission maladroite de la faire sienne. Les mains pleines par contre, ça devenait difficile, surtout avec cette envie de lui foutre une baffe en pleine figure qu'elle ne pouvait pas assouvir. Elle avait eu beau dire de la lâcher clairement, l'homme ivre s'en fichait. Il préférait plonger son regard dans le décolleté de la jeune femme, portant pourtant son manteau et d'innombrables couches. Elle ne voulait même pas s'imaginer ce que ce gros pervers pensait voir à travers le tissu. Enfin, peu importe, il n'aurait pas l'occasion de réellement poser les yeux sur ce qui se cachait sous ses vêtements car elle ne pensait qu'à une chose, se défaire de son emprise maladroite et titubante.
Elle fit un pas vers l'arrière pour mettre le plus de distance entre eux. Elle fut tentée en l'espace d'une seconde d'appeler Cesare de nouveau mais pendant un instant, elle se dit que ce n'était peut-être pas lui finalement. Le connaissant, il aurait déjà bondit de sa chaise, peu importe que ce soit elle, ou une inconnue. Peut-être qu'elle avait halluciné les traits si familiers de son visage avec quelqu'un qui lui ressemblait ? En sept ans, il avait peut-être changé. Il était peut-être devenu un connard de première... elle n'avait jamais su... Il avait simplement disparu quand elle avait décidé de mettre fin à leur idylle. Elle avait cru l'apercevoir quelques fois depuis ce temps, mais c'était peut-être son imagination qui lui jouait à chaque fois des tours. Car la jeune mutante, elle n'avait pas vraiment changé depuis le temps, à part bien sûr, la compréhension qu'elle avait ce don collé à la peau depuis toujours. Un énorme changement en soi, mais au fond, elle était toujours cette fille souriante, tête brûlée et pleine d'entrain qu'elle avait toujours été, même lorsqu'elle était sorti avec le jeune homme. Était-ce vraiment lui alors ? Elle n'eut pas l'occasion de se poser plus de questions, elle reconnut immédiatement cette vois... « Hey, et si tu fermais ta gueule ?! » Ellie passa la tête par dessus l'épaule de l'ivrogne qui se retournait vers Cesare, oui Cesare car maintenant, cela ne faisait plus de doutes. Ce dernier continuait de leur tourner le dos et avait grommelé de mécontentement. Elle resta muette devant l'intervention, voyant bien que l'homme ivre ne semblait pas bien impressionné. Et pourquoi le serrait-il ? Le DeMaggio était deux fois moins imposant. Certes, il avait l'une de ses statures athlétiques mais le gros ivrogne semblait en avoir mangé deux comme lui. « Mêle-toi d’tes affaires tu veux. Gamin. » Ce dernier reporta son attention sur la jolie Freak qui avait été un peu surprise par l'intervention du jeune homme qu'elle était restée plantée là comme une idiote. Le dragueur emmeché repassait la main sur la hanche d'Ellie qui afficha une moue dégoûtée de nouveau. Ne pouvait-il pas la lâcher à la fin ? Mais n'eut-elle à peine le temps de se faire cette réflexion qu'elle sursauta en voyant des éclats de verre exploser derrière le crâne de l'homme... venus tout droit de la main de Cesare qui se retournait enfin pour intervenir.
Intervenir... Un bien grand mot, il se lançait plutôt dans un mélange de bousculades et de poings se fracassant sur le premier venu. La Freak recula de quelques pas. D'abord, un bruit de craquement d'os à faire grincer les dents, la rencontre de la grosse masse de l'ivrogne contre le comptoir. Un autre individu qui voulait aussi s'en mêler. Tout cela finit par dégénérer bien vite, le deuxième bagarreur se retrouvant par terre, et Cesare qui frappait et frappait jusqu'à ce que l'hémoglobine ne se mette à couvrir ses phalanges. La jeune mutante observait la scène sans savoir où se mettre, ou bien quoi faire. Elle voyait le jeune homme faire couler sa rage dans chaque des impacts sur le visage de l’homme à terre et elle restait bouche bée, les gens autour s’éloignaient ou venaient voir ce qui se passait. « Arrête, Cesare. » Elle secoua la tête, comme si elle sortait d’un rêve lorsque le jeune homme vint éclater une chaise sur l’ivrogne qui avait trop insisté quelques instants plus tôt. Par le fait même, elle aperçut d’autres grosses brutes encouragées par la violence qui se jouait sous leurs yeux s’approcher dangereusement et vouloir sauter dans la bataille partie d’un rien. C’était vraiment ce qu’était devenu les habitants de cette ville ? Des gens qui se tapaient dessus à la première occasion, incapable de supporter la tension montante plus longtemps. Qu’avait-il bien pu se passer durant les sept dernières années au DeMaggio pour qu’il se transforme en jeune homme si rageur ? Un peu perturbée de le voir aussi violent, hors de contrôle, elle était loin de fuir par contre Elle voyait deux types s'approcher, attirés par l'appel du sang et ce fut plus fort qu'elle, elle se jeta à l'avant pour attraper le bras de Cesare pour qu'il cesse enfin ce déversement de colère sous forme de ses poings. Elle se fichait de se mettre entre elle et des coups, elle se fichait que les grosses s'approchant ne soient pas débutés par l'intervention de la jeune femme. Elle voulait seulement sortir de là mais elle n'allait pas abandonner le jeune homme à son sort. Sa main se déposa au niveau de son coude, alors qu'elle tentait de le tirer vers elle. « Cesare... CESARE ! Arrête... » Elle tira encore alors qu'un des deux vautours se lançait sur eux. C'était une idée stupide de s'interposer, elle allait se faire mal... Mais c'était tout ce qui arrivait dans cette ville. Des morts, des poings balancés sur le premier venu. Des trahisons, des pleurs et des fêtes foraines qui partaient en flammes. Au milieu, les gens comme la jeune Freak qui voulait seulement sauver le monde, le porter sur leurs frêles épaules...
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: what hurts the most (cesellie) Dim 3 Jan 2016 - 19:42
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take your eyes off of me so i can leave. i'm far too ashamed to do it with you watching me, this is never ending, we have been here before. but i can't stay this time 'cause i don't love you anymore. please stay where you are, don't come any closer. don't try to change my mind, i'm being cruel to be kind. w/ellie freak & cesare demaggio.
La rage était un océan ; des abysses à la gueule grande ouverte et à l’aura toujours plus pressante – il faisait bon d’se perdre dans les ténèbres de celle-ci, tous les sens avalés, déchiquetés et transformés dans un seul et unique objectif. Autour de lui, les visages devenaient flous, dénués de tout intérêt, de l’attrait d’un autrefois dont il n’reconnaissait même plus la saveur. Seules quelques rares choses importaient, quelques petits éléments qu’il saisissait au vol, comme un désespéré s’raccrochant à des assurances qui n’en étaient pas vraiment. Pour combien de temps encore ? Combien de mois encore allait-il devoir traquer en vain, le tueur de sa sœur ? Existait-il seulement ? Avec l’amertume, se mêlaient les mots de son père, ceux-là même trop frais dans sa tête, et qui tournaient, tournaient incessamment juste aux frontières de ses pensées : peut-être bien, qu’il était voué à mettre des années à chercher, avant de désespérée, d’s’abandonner, d’se consumer complètement là-dedans. Sûrement, que ouais, il viendrait alors s’échouer à genoux devant son père, plus abattu que jamais, prêt à recevoir le cadeau nimbé de clémence qu’pouvait être une balle fichée entre ses deux yeux. Le sarcasme de la vie avait rendu ce sort-là – l’destin des lâches – préférable à tout ce qui se profilait à l’horizon pour lui : la solitude, la marche en avant sans jamais pouvoir tourner la page. Chaque jour, comme une énième écorchure sur son âme, l’humanité qu’il sacrifiait sur l’autel d’une vengeance qui s’évadait à lui à mesure que le temps passait. Au moins y avait-il toujours cela, il pouvait croire que la personne qui avait abattu si froidement sa cadette n’avait pas quitté les frontières de Radcliff – parce que c’était une tâche difficile, voire impossible pour tous ceux qui n’portaient pas le blason des chasseurs. Chasseurs… chasseurs, l’identité des meurtriers qui apposaient leurs pleins pouvoirs sur l’reste de l’humanité décharnée : Cesare n’en avait eu que trop conscience pendant les derniers mois d’sa vie, depuis qu’il avait observé son propre reflet dans les yeux clairs d’Isolde. Mais maintenant… maintenant, l’bien, le mal, ils s’entrelaçaient plus étroitement que jamais, connectés en les mêmes personnes, déchirant chacune des petites assurances qu’il avait pu avoir fut un temps. Qui méritait quoique ce soit ici-bas ? Même au beau milieu d’un bar où on n’faisait que noyer son désarroi dans des quantités d’alcool non négligeables, il fallait qu’il y ait des connards – d’ces pauvres types à qui Cesare avait bien souvent envoyé son poing dans la mâchoire, alors même que ceux-ci tripotaient trop intensément sa sœur. Certes, Aria aurait toujours pu l’faire elle-même, si c’était ce qu’elle avait voulu – et souvent la cadette des DeMaggio s’était retrouvée à hurler sur son frère plus que sur le pitoyable ivrogne qui l’avait emmerdée. Car là où son ainé était un parfait connard incapable de s’adapter à la société, elle, elle avait toujours appris à se fondre dans celle-ci, quitte à devoir envoyer balader un sale type autrement qu’en lui explosant les os du poignet en mille morceaux. Mais dans tout c’la, la société avait fini par tuer Aria, les autres avaient eu sa peau, et à défaut d’avoir un nom, un visage et une identité clairs à apposer à l’assassin qui avait surgi dans la nuit, Cesare n’pouvait que tous les dévisager, tous les détester, tous les maudire. Tous vouloir les tuer.
Et ce démon qui réclamait son dû, sa part de sang et de victimes, le jeune chasseur l’connaissait bien – c’était la bête impétueuse que son patriarche avait toujours tenu en laisse, l’animal blessé et torturé par l’homme qui lui avait donné vie, vingt ans plus tôt. La vie de Cesare pouvait s’résumer à ça : un homme qui un jour, sous prétexte du sang commun qui coulait dans leurs veines, s’était réclamé suprématie sur sa vie, son destin, chacun de ses actes. C’même type qui l’avait si promptement formé, aiguisé à devenir l’être humain qu’il était aujourd’hui ; être tout court, car bien à peine humain ; et la seule grâce qui avait pu l’toucher à un moment donné, les rares relents d’âme qui avaient pu survivre en lui pendant tout c’temps, n’avaient fait que s’envoler, se désintégrer désormais. Sous les flammes qu’il avait lui-même causées, lors de l’explosion de l’entrepôt rempli de dégénérés – des amis d’Isolde, d’ces gens qu’il avait côtoyés pendant des mois, et qu’il voyait disparaître en cendres sans même pouvoir s’y attarder bien longtemps. Y’avait eu sa sœur dans l’équation, y’avait eu Isolde également ; et tous les cris cauchemardesques de ses victimes, les lentes agonies de ceux-ci étouffant sous les fumées toxiques de ses actes, n’l’avaient pas fait reculer. Qu’à peine regretter ; car il y avait toujours eu au prix qu’il avait payé, la contrepartie dont il avait tant eu besoin : Aria, toujours Aria, l’immuable responsabilité gravée dans ses chairs d’aussi loin qu’il s’en souvienne. Dans son premier souvenir de vie, y’avait eu sa sœur. Et dans chacun de ceux-ci, une part de son cœur, d’son essence, d’son être lui avait appartenue : celle-ci était-elle désormais morte, six pieds sous terre enterrée avec sa cadette il n’savait où ? Ou était-elle toujours là, en lui, incapable d’savoir à quoi se vouer, à quoi s’raccrocher, à quoi appartenir ? Cesare oscillait entre ces deux idées, son palpitant se fracassant sur ses côtes avec force, à chaque fois qu’il songeait à tous ces instants où tout avait été limpide, et l’trouble constant qu’était devenu son quotidien désormais. L’alcool n’aidait pas, les gorgées de liquide âpre n’lui permettaient pas d’y voir plus clair ; le DeMaggio restait pourchassé par les litanies de son patriarche tout autant que par la douleur mordante de la balle qui était venue se ficher dans son épaule. La marque de sa déchéance, la complète fin de son appartenance au sang des siens, au nom DeMaggio qu’il avait si fièrement porté à une époque : c’était à peine s’il était encore Cesare, guère plus qu’un spectre dont on avait dessiné chacun des détails, au cours des années précédentes. Aria lui avait donné substance. Aria, et Isolde : toutes deux étaient sorties de sa vie à l’heure actuelle, quand bien même c’était de façons bien différentes – mais sous le regard de personne, ignoré par l’reste du monde, le chasseur n’était plus que ça, un bras armé qui n’avait plus aucune conviction, plus aucune cause à servir autre que celle dictée par ses propres tripes. C’démon monstrueux qu’il avait si longtemps été, celui qui se baignait dans le sang de ceux qu’il avait laissés morts derrière lui, celui qui avait une liste de victimes plus longue que le bras. Celui pour qui la chasse, la traque, l’assassinat avaient toujours fait partie intégrante de ses desseins. Il était finalement, toujours bien semblable à son père, à sa cousine, à tous ceux pour qui il vouait une haine profonde – les détestait-il pour c’qu’ils représentaient, dans un désir altruiste de débarrasser la terre de dangereux tueurs, ou était-ce parce qu’il savait éperdument bien qu’il était toujours identique à eux, ses désirs identiques aux leurs, son âme aussi noire que la leur ? On n’cessait sûrement jamais d’être un DeMaggio. Pas dans cette vie-là.
Une malédiction qu’Aria et lui avaient portée à bout de bras, pendant des années. Un mauvais-sort qu’il venait d’transmettre à une nouvelle vie amenée sur terre : certains appelaient ça simplement un miracle, le cycle de la vie – alors que le sang DeMaggio pulsait dans de nouvelles veines, c’était une nouvelle vie qu’il venait de vouer à la lourdeur d’un jadis bien trop sombre, un nom et des ancêtres aux visages de diable. Impossible de le nier, impossible de faire marche-arrière ; une idée à laquelle Cesare s’était déjà fait, à mesure qu’il avait senti le sang chaud de ses nouvelles victimes tâcher ses mains à nouveau. Monstrueux, monstrueux dans ses gènes, monstrueux dans ses veines : ce soir n’changeait pas, ce soir n’était pas différent d’autres. C’type n’était sûrement pas un mutant, certainement pas l’tueur d’Aria, mais c’était toute la rage d’un univers dévasté qui se lâchait sur lui, libéré au grand jour, juste sous les yeux de tous les spectateurs indécis qui hantaient Radcliff. Tout humain qu’il était, Cesare aurait pu – aurait dû – sentir les protestations grondant dans ses phalanges, la douleur électrique qui se répandait à travers celles-ci tandis qu’encore, et encore, et encore il abattait son poing sur une cible dont il n’connaissait ni le visage, ni l’identité, ni quoique ce soit. Il aurait pu continuer des heures durant, des heures impétueuses à exploser le nez, la mâchoire, les orbites de son adversaire au sol, des heures à décharger une tension sans cesse renouvelée, occultant l’reste du monde mais une voix le ramena à la réalité : « Cesare... CESARE ! Arrête... » une voix, et une faible force qui ne l’aurait jamais fait s’retourner, si seulement il n’avait pas été prêt à bondir sur ce nouveau protagoniste de l’affaire. Sa main gauche enserrée autour du col de l’ivrogne, il avait levé la droite par réflexe, par envie, par pulsion avant de reconnaître le visage en face de lui. Guère un homme, certainement pas une guerrière – pas même de ces personnes à qui il pouvait vouer une haine viscérale : le souffle de Cesare se suspendit à son geste, le temps qu’ils se regardent, se retrouvent, se redécouvrent. Elle un visage appartenant à un passé si poussiéreux qu’il était synonyme d’un autre Cesare. Ni un Cesare dévoré par la colère, ni un Cesare à la recherche de paix. Ni un Cesare en fuite de ses origines. Encore moins un Cesare transmutant ; celui d’avant, encore avant – celui qui avait cherché, sans trouver, un relent de vie auprès d’elle. Un Cesare qui s’était su chasseur, qui avait tout juste embrassé cette destinée, mais tentait de se raccrocher à une âme doucereuse. Doucereuse comme celle d’Ellie : combien d’années étaient passé ? Il aurait dit toute une vie, si en s’plongeant dans les prunelles sombres de la jeune femme, il n’y reconnut pas quelque chose. Quelque chose qu’il avait âprement fui, aussitôt qu’il s’était su condamné. Ce n’est qu’enfin que le chasseur prit conscience du liquide carmin qui avait glissé entre ses doigts scellés en un poing rageur, la chaleur poisseuse que celui-ci avait répandu jusque dans ses paumes. L’odeur, l’odeur de mort, l’odeur du chaos qu’il avait si souvent porté avec lui. La nausée suivit, justicière brûlante – presque aussi brûlante que l’impression désagréable d’avoir Ellie posant ses yeux emplis de jugement sur lui. Un jugement dont il n’avait pas b’soin, pas envie, un jugement de trop. Sans un mot, inapte à affronter, fuyard de toujours, Cesare relâcha sa victime avant de le repousser brusquement sur le gros dur qui arrivait dans leur direction – une mince distraction de quelques fractions de seconde à peine, de quoi disparaître pour lui. Il se glissa, là, entre quelques silhouettes qui s’étaient amassées pour admirer le spectacle dégradant, rejoignant la porte en quelques foulées. La porte et l’air frais de l’extérieur, l’atmosphère glacée de la nuit – l’énième nuit qui n’rimait à rien, la prolongation d’un cauchemar éternel, et les démons, partout autour, aussi vivaces et mordants que l’air qu’il avala en grandes goulées. Il était semblable à mille poignards s’enfonçant dans ses chairs, une douleur incandescente, aussi glacée que l’hiver et chaude comme un fer chauffé à blanc, de quoi ramener l’océan nauséeux au bord de ses lèvres, le faisant tituber légèrement sur ses jambes – faute à l’alcool, l’étourdissement de sa hargne, sans doute ; faute au reste du monde, qui n’était plus que l’ombre de lui-même.
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Sujet: Re: what hurts the most (cesellie) Mar 19 Jan 2016 - 2:29
What hurts the most
-- cesare et ellie --
not afraid to cry every once in a while Even though going on with you gone still upsets me There are days every now and again I pretend I’m OK But that’s not what gets me. what hurts the most Was being so close And having so much to say And watching you walk away And never knowing What could have been And not seeing that loving you Is what I was tryin’ to do.
Les os qui craquaient, le son de la peau écorchée, les gémissements de douleur du pauvre type victime de la furie du jeune homme... On ne peut pas dire que la jolie mutante n'avait jamais rêvé de retrouver Cesare... mais là... Ou encore, ce que serait sa vie si elle ne l'avait pas laissé. Si elle était restée à ses côtés et n'était jamais tombée amoureuse de Samuel. Cependant, elle n'aurait jamais imaginé de telles retrouvailles. Le sang qui venait peindre les poings du jeune homme, la violence qui vibrait dans chaque pores de sa peau basanée jusqu'à en charger l'air ambiant du bar. Ce n'était pas Cesare qu'elle avait présentement sous les yeux mais un animal sauvage. Agressif, les griffes acérées prêtes à lacérer la peau de ses poings. Et ça lui déchirait le coeur à la Freak. Qu'est-ce que cette putain de ville avait fait à tout ceux qu'elle aimait ? Pourtant, elle se souvenait encore d'un temps où Radcliff avait été un petit coin tranquille où il faisait bon vivre. Maintenant, c'était une ville où même une simple fête foraine tournait au cauchemar. Où elle retrouvait la présence rassurante de Cesare remplacée plutôt par une bête consumée par une rage qu'il ne prenait même pas la peine de mâter. Alors, elle se jetait sur la bête, essayait de l'arrêter dans l'attaque sordide de son ivrogne proie. Elle tirait le bras, hurlait le nom du jeune homme au dessus du vacarme d'un chaos transporté dans cette lutte sans fondements. Car ils ne valaient pas la peine tous ses mecs aux veines alcoolisées sur lesquels le DeMaggio venait écraser son poing partout où il pouvait. Il fallait savoir choisir ses batailles et celle-là, ce n'était qu'un déferlement de violence gratuite sur des hommes misérables, ça elle le voyait bien. Alors, elle faisait pression sur le coude du jeune homme au risque de se le manger en pleine figure. Pour toute réponse, elle voit se lever le poing ensanglanté de Cesare vers elle mais ce dernier se suspend dans les airs plutôt que se fracasser sur sa délicate joue. Les secondes s'écoulaient à se dévisager. Il la reconnaissait, son doux visage suffisant pour cesser le flot de coups violents qui n'avait commencé que d'un rien. Les regards qui se rencontraient pour la première fois en sept longues années au milieu de ce bar miteux où l'ardente fureur s'était faite conquérante. Conquérante dont l'empire sanguinaire semblait s'effondrer à mesure où les anciens amoureux accrochaient leurs pupilles l'une à l'autre. Quelques secondes seulement - et le temps qui s'arrêtait - jusqu'à ce que le DeMaggio abandonne la vendetta banale d'un bar tout aussi banal pour s'enfuir. Le poing qui s'abaissait, l'amoché ivrogne repoussé contre un nouvel assaillant qui semblait vouloir refaire la belle gueule de Cesare et tout cela lui fut suffisant pour s'éclipser. Dans la confusion, il avait disparu au milieu de la foule curieuse tel un enfant prit en flagrant délit par le parent réprobateur.
La vision du jeune homme, ce regard à l'âme brisée qu'il avait posé sur elle... C'était comme être projetée toutes ses années en arrière. De tendresse et innocence. Car même si à l'époque il n'avait pas été ce garçon des tréfonds s'accrochant seulement à la violence de ses poings, il avait été torturé tout autant, ravagé par la mort d'une amie. Et c'était ce même regard qu'elle avait cru apercevoir à l'instant. Juste avant qu'il ne se défile. Malgré la surprise, l'angoisse et l'incompréhension, elle était déjà sur ses talons. Ne le lâchant pas des yeux alors qu'il bousculait son chemin jusqu'à la sortie. Et la mutante manqua plus d'une fois de se faire avaler par la foule, les corps des clients entassés par le passage rapide du jeune homme, mais si menue, Ellie n'eut aucun mal pour se faufiler entre eux tous. En quelques pas, elle se retrouvait dehors, l'air froid mordant ses joues et son souffle qui se transformait déjà en fumée argentée. Du regard, elle fouilla l'obscurité du regard, ayant perdu la trace de Cesare un court instant, elle le retrouva bien vite à quelques mètres de là. Titubant. Malade d'une ivresse alcoolique ou violente ? Elle ne saurait faire la différence mais ce n'était pas cela qui allait la faire reculer. Non. Elle s'avançait déjà, de pas rapides et la mutante le rattrapa bien vite. « Cesare. Attends-moi ! » Dans la confusion, l'empressement, elle en avait oublié son cahier à dessins, ses crayons au bar. Et alors ? Tout ce qui importait c'était lui. Eux. Au milieu de cette soirée sombre. Étouffante aussi malgré le froid qui perçait les vêtements. Bientôt, elle avait dépassé le brun et lui barrait la route, plantée sur ses deux pieds et bien déterminée à le capter dans sa fuite en venant passer ses mains sur ses épaules. « C'est toi... C'est bien toi. Je... Je n'arrive pas à y croire. Après tout ce temps... » Plus rien ne serait jamais comme avant et pourtant, elle avait l'impression de revivre à une vitesse folle tous ses moments passés avec le DeMaggio. Des moments innocents et tellement plus doux que maintenant. Douceur, tendresse. Remplacées par la violence et les pulsions. Le jeune homme n'avait jamais été très démonstratif mais ils s'étaient aimés. Et maintenant, tout ce qu'elle voyait c'était de la haine. Profonde, ancrée sous la chair. Comment en était-il arrivé là... ?
Troublée, Ellie glissa un regard doux sur les traits son visage vieilli par le temps, mais aussi les épreuves, elle ne peinait aucunement à les discerner toutes ses cicatrices invisibles que sont la perte et le déchirement. Mais elle était là maintenant, et elle ne comptait pas le laisser filer. « Qu'est-ce... Qu'est-ce qui t'arrives ? C'est moi, Cesare. Tu peux tout me dire. » Elle était heureuse de le retrouver. Une joie silencieuse qui se dessinait sur les traits de son visage à peine éclairé. Oui, elle était heureuse même si elle venait d'assister à une scène qu'on voyait bien trop ses temps-ci en ville. Même si le moment invitait seulement à la frénésie suivant le sang tâchant les vêtements. Car du sang, il en avait plein les mains, elle en avait quelques tâches sur son manteau. Anodine bagarre de bar qui avait accueillie de telles retrouvailles. Oui, malgré tout, elle était heureuse de le revoir. De le savoir sain et sauf... bien que palpitant d'un venin coléreux, tranchant, instable. Qu'il parle, qu'elle puisse entendre sa voix. Parce qu'il lui avait manqué et même si les chemins les avaient séparés, elle ne l'avait jamais oublié. Car on oublie jamais ce premier amour qui fait naître les papillons au ventre les plus virevoltants, les plus insistants. Et ce fut plus fort qu'elle, elle se plaqua à lui, enlaçant ses bras de chaque côté de ses épaules dans une étreinte presque désespérée. Pour s'assurer qu'il était bien réel, que c'était bien lui. Pour le calmer aussi. Tant de raisons qu'il lui était impossible de ne pas le serrer ainsi dans ses bras, debout au milieu de cette sombre ruelle de bar miteux.
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: what hurts the most (cesellie) Lun 14 Mar 2016 - 4:45
we're already defeated, i don't think you can save me
DON'T FALL APART, I CAN'T FACE YOUR BROKEN HEART
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take your eyes off of me so i can leave. i'm far too ashamed to do it with you watching me, this is never ending, we have been here before. but i can't stay this time 'cause i don't love you anymore. please stay where you are, don't come any closer. don't try to change my mind, i'm being cruel to be kind. w/ellie freak & cesare demaggio.
La vengeance n’amène rien. La violence ne résout rien. Les lois humaines n’trouvaient plus le moindre écho en Cesare, c’était à croire que toute son âme s’était consumée dans le noir. Il était mort ce jour-là, à la fête foraine, par-dessus le corps de sa sœur. Et rien n’pouvait plus le ramener. N i la raison, ni la déraison. Ni la dévotion. Ni l’affection. Peu importait le monde autour, dans l’agonie de lui-même, le DeMaggio était seul. Et pourtant, il aurait dû être habitué à ce sentiment. C’avait été sa vie, la solitude sans détour, l’errance sans appartenir à un quelconque grain de monde. Rein d’autre qu’une lignée qui aurait tôt fait de l’enterrer. Il n’avait pas été fait pour exister en lui-même ; si ses parents avaient pu choisir, ils se seraient contentés d’élever une coquille vide, à laquelle ils auraient inculqué tous les préceptes de leurs choix. Des valeurs qui avaient longtemps gouverné le chasseur, et sacrifié sur l’autel de la cause, le petit garçon. Et puis le jeune homme. L’humain à part entière. Et voilà qu’la vie venait lui prouver, avec une gigantesque claque dans la gueule, que ça n’avait pas valu la peine, d’être humain après tout : ça n’avait fait qu’ouvrir grand la porte à des douleurs plus meurtrières que tout ce qu’il aurait pu connaître, s’il s’était contenté de devenir un type comme son père. Ca l’avait blessé vis-à-vis d’Isolde, alors que résonnaient encore dans sa tête, les dernières phrases, les derniers cris qu’ils s’étaient échangés avant qu’il ne claque la porte derrière lui pour l’abandonner. A tout jamais. Il en avait fini avec elle- avait-il dit ce soir-là, alors que l’aube commençait à flirter avec la ligne d’horizon, et que depuis des heures déjà, sa sœur avait été morte sans qu’il n’ait pu y faire quoique ce soit. Il en avait fini avec Isolde. Et Aria en avait fini avec lui. Ou la vie en avait fini, d’jouer avec eux deux et de tirer sur la corde sensible de l’amour filial qui les avait si étroitement liés : à qui était-il étroitement lié désormais ? Cesare ressemblait à s’y méprendre à une poupée de chiffons, qui s’laissait porter, vide et sans conviction aucune, par les circonstances de tous les événements qui se précipitaient autour de lui : ses parents auraient dû être contents. Ils n’avaient qu’à venir le cueillir sur le bord du trottoir là maintenant, l’emmener pour en faire tout ce qu’ils voulaient. En lui, là maintenant, y’avait plus aucun compas moral, plus aucune boussole pour lui indiquer le bon chemin, le bon choix à faire, la bonne décision pour sauvegarder encore une infime partie de lui-même. A quoi bon, au fond ? Jamais plus il n’reverrait Isolde- il n’en avait même pas envie, tant la rage détruisait tout sur son passage. Jamais il n’connaîtrait le bébé qui grandissait encore dans les entrailles de la Saddler. Et jamais son salut ne viendrait de sa petite sœur ; parce que même la promesse infiniment humaine et infiniment bienveillante, altruiste et douce qu’il lui avait faite- le monde s’en était éperdument foutu. Personne n’avait rien fait pour sauver Aria, personne n’avait levé le petit doigt, au moment où des ennemis sans nom et sans visage avaient dévié de leur route pour venir couper net le chemin de la vie de la jeune DeMaggio. Et maintenant… ? Maintenant, y’avait que le vide, et le bourdonnement assourdissant du silence qui répondaient.
Alors que la voix d’Ellie lui réponde dans le néant des abysses- ç’avait été une surprise. Un électrochoc. De quoi le ramener vivement dans le réel qu’il détestait tant- là, ses doigts rageusement enserrés autour du vêtement d’un inconnu, son poing prêt à attaquer, attaquer avec hargne le visage déjà déformé. Il avait fui avant même de s’rendre compte qu’il avait été trop brutalement reconnecté au réel qu’il haïssait si profondément désormais : qu’y avait-il encore à aimer, sans Isolde, sans Aria ? Cesare avait toujours haï Radcliff- son pitoyable décor, son allure de petite banlieue, et ses habitants hypocrites, faussement bien-pensants, mais plus meurtriers que n’importe quelle attitude assassine. Combien d’gens avaient détourné le regard, face au sort des enfants DeMaggio ? Il avait arrêté de les compter après un certain âge, se contentant d’éprouver pour tous ces moins que rien, une véhémence sans borne. Mais maintenant, Radcliff, c’était le trou dans lequel il était destiné à s’effondrer, et à pourrir comme un vulgaire cadavre sans vie, sans rôle et sans destinée aucune : il n’était ni un chasseur, ni un transmutant, ni un frère, ni un amant. Il n’était plus rien, qu’une âme dévorée par des abîmes qui lui collaient à la peau. Elles le suivirent dans la nuit, étouffantes et accablantes alors que l’odeur ferreuse du sang s’était accrochée à ses narines, à son cerveau qui tambourinait, tambourinait avec hargne contre les parois de son crâne. Et quand est-c’qu’il pourrait disparaître concrètement, lui, hein ? Ses pensées allèrent instinctivement vers Skylar, alors qu’il s’accrochait à un rien sous le voile froid que la nuit enroula partout autour de lui- il en frissonna longuement, tentant de se remémorer les paroles de la transmutante afin de retrouver un sens à tout ça. Un sens au réel. Un sens au malheur et aux putains de circonstances qui s’empilaient si lourdement pour peser sur ses épaules désormais. Il eut l’impression d’avoir besoin de toute une éternité pour enclencher ce procédé, et il avait fini par croire qu’Ellie l’avait oublié, ou avait préféré – bien heureusement – se concentrer sur les pauvres ivrognes qui s’étaient pris une raclée, plutôt que sur le sauvage qui leur avait si brusquement sauté à la gorge. Mais la Freak arriva bien assez tôt, s’attirant le regard noir, baigné d’incompréhension et d’indécision d’un Cesare qui ne l’avait plus vue depuis trop longtemps : elle avait c’visage familier, cette allure familière, cette présence familière – comme Skylar. Mais elle n’était certainement plus l’Ellie qu’il avait connue. Et il n’avait jamais été le Cesare qu’elle avait cru connaître. Putain, ç’avait des allures de révélation, comme quand Isolde avait appris qu’il n’avait été qu’une enflure de hunters pendant tout le temps qu’avait duré leur histoire. Un DeMaggio. Un meurtrier. Et ce soir, ça lui était revenu si naturellement. « C'est toi... C'est bien toi. Je... Je n'arrive pas à y croire. Après tout ce temps... » c’était lui, ou l’ombre de lui-même ; sous l’intensité des prunelles d’un visage d’antan, Cesare se sentit flancher, plus efficacement même que s’il avait été soumis au regard de la Saddler. Parce qu’Isolde, elle savait c’qu’il était maintenant, et il était devenu froidement habitué à la haine qui coulait dans ses yeux si bleus- mais Ellie. Ellie, il se souvenait de son aura chaude et réconfortante, des rares moments de quiétude qu’elle lui avait offerts, sans le savoir, au beau milieu de la plus froide traversée du désert qui soit. D’bien des manières, Ellie ç’avait été sa première Isolde- la première à toucher son âme là où personne d’autre ne l’avait vue ; mais Ellie avait abandonné. Et Isolde avait abandonné. Et Aria était morte. Alors y’avait irrémédiablement une destinée qui s’dessinait dans ces schémas qui se répétaient à l’infini. Cesare, lui, il demeurait seul à la fin du calcul.
Peut-être que c’n’était pas plus mal. Mais ça pouvait au moins expliquer pourquoi il était c’qu’il était ; presque un sauvage, qui arrachait par la force de ses poings, quelques moments de pouvoir par-dessus une vie qui l’avait déjà assez tyrannisé comme ça. « Qu'est-ce... Qu'est-ce qui t'arrives ? C'est moi, Cesare. Tu peux tout me dire. » et Ellie pouvait faire courir le regard le plus bienveillant qu’elle voulait sur les traits de son visage, le DeMaggio en baissa malgré tout le regard- hagard, nauséeux. Epuisé. Ses bras étaient tombés comme du plomb le long de son corps, alors même que sous l’effet du froid si soudain, le sang poisseux de ses victimes avait commencé à sécher à la surface de son épiderme. Il ne dit rien, parce qu’il n’trouvait pas les mots pour décrire c’qu’il était humainement impossible de décrire. Il aurait pu juste dire que sa sœur était morte, quand bien même les mots en eux-mêmes étaient aussi douloureux qu’un couteau fiché entre ses côtes – mais entre eux, l’arnaque et la monstruosité elle remontait à tellement plus que ça. Il aurait juste voulu pouvoir faire marche-arrière, savoir qu’il pouvait s’enfuir sans sentir ses jambes flageller et faiblir sur elles-mêmes : mais la Freak le prit de vitesse- elle le prit par surprise. De ses bras, si fins et si fragiles, l’enroulant dans une étreinte qui lui enserra le cœur. D’une douleur, d’une douleur pourtant si apaisante – quel putain de paradoxe : mais Ellie contre lui, son parfum, sa simple présence, son âme, c’était comme renouer avec des jours qui n’avaient appartenu qu’à eux. Des jours où Aria avait été vivante, et où tout avait été limpide comme de l’eau de roche dans sa vie. Il avait été un chasseur, et Ellie n’avait jamais été vouée à faire partie de son existence. Parce que définitivement trop bonne, trop douce et trop idéaliste pour qu’il n’daigne vouloir mêler ses ténèbres à lui, à sa clarté à elle. Mais sept ans plus tard, la destinée jouait avec eux pour qu’ils s’retrouvent là – sept ans plus tard, le même frisson le parcourut de la tête aux pieds. La même habitude, le même réflexe, les mêmes repères : Cesare faiblit avant même de se sentir le faire- son visage trouva refuge au creux du cou de la jeune femme, ses bras remontant pour répondre à son étreinte. Mollement, et pourtant comme si ses dernières énergies en dépendaient. Est-ce qu’elle le sentit, le sanglot d’impuissance, de vide et de douleur qu’il étouffa tout contre elle ? Cesare n’avait pas d’mot pour répondre- pas d’mot pour décrire à quel point c’était coupablement bon de la retrouver. Pas d’mot pour décrire tout ce qu’avait pu devenir sa vie pendant les sept dernières années. Pas d’mot pour délivrer des vérités qu’il n’avait pas daigné lui offrir lorsqu’ils avaient été ensemble : à croire qu’il avait une mauvaise habitude, de s’perdre dans ses romances au point de vouloir en oublier le reste de sa vie. Certes, avec Ellie il avait toujours été plus distant, moins prompt à s’perdre, moins prompt à s’vouer à toutes les tendresses du monde comme ç’avait été le cas avec Isolde. Mais ç’avait été honnête, unique, précieux. Assez précieux pour que sept ans plus tard, il sente son cœur pulser avec douleur contre sa cage thoracique : il lui avait menti, il l’avait trahie- elle lui avait manqué, plus qu’il ne l’aurait imaginé. Est-c’qu’ils pouvaient rester là pour toujours ? Mais Cesare souffla- une seconde, avant de s’écarter, ramené à l’instant précédant juste sous la lumière des lampadaires. « Je-… désolé. » qu’il signifia simplement, la voix rauque, hantée par le spectre de ses chagrins, tandis que c’était plus comme s’il s’adressait au vide qu’à Ellie qu’il avait oubliée. Et pourquoi est-c’qu’il s’excusait ? La réponse vint, évidente, lorsque Cesare ramena ses mains encore tâchées de sang vers lui. « Je-… j’savais pas que c’était toi. » même si ça n’changeait rien, il aurait pété un câble malgré tout, parce qu’il n’parvenait à rien faire d’autre de ses dix doigts désormais. « Tu devrais-… retourner à l’intérieur. » oui- c’était ça, Cesare qui reconnectait si brutalement avec le monde qui avait poursuivi sa course ; sept ans plus tard, et après une poignée de secondes à flancher, il redevenait le fuyard qui l’avait fait déserter. Il fut bien vite concentré par un vague effort, énergique et inutile, d’essuyer le vermeil à ses poings contre son pantalon, ou le tee-shirt qu’il portait sous sa veste, ou n’importe quoi- comme si effacer les traces du crime effaçait le crime lui-même.
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Sujet: Re: what hurts the most (cesellie) Lun 9 Mai 2016 - 17:46
What hurts the most
-- cesare et ellie --
not afraid to cry every once in a while Even though going on with you gone still upsets me There are days every now and again I pretend I’m OK But that’s not what gets me. what hurts the most Was being so close And having so much to say And watching you walk away And never knowing What could have been And not seeing that loving you Is what I was tryin’ to do.
Voilà sept années qu'elle ne l'avait pas vu. Sept années à se demander ce qui avait pu être. Sept années que leurs vies avaient pris des tournures différentes. Opposées, aussi. Elle avait tabassé, fracasser, blessé le mec au bar. Et pour quoi ? Gratuitement ? La Freak avait toujours su qu'il n'était pas le plus démonstratif des jeunes hommes, elle avait été la mieux placée pour le voir. Mais elle ne l'avait jamais vu user de tant de violence. Comprendre, apaiser, aider. Voilà ce qu'elle voulait faire alors qu'elle se plaquait contre lui dans une étreinte douce. Elle le sentit surpris par son geste. Un instant figé. Tremblant encore d'une certaine hargne qui sentait se distiller lentement jusqu'à ce qu'elle sente les bras du jeune homme l'entourer pour répondre à son étreinte. Il s'accrochait, enfouait le nez dans le creux de son cou et la jolie mutante capta ce qui ressemblait à un sanglot étouffé. Le temps se glissa autour d'eux, un moment que la Freak savoura, dont elle s'imprégna. C'était si bon de retrouver Cesare, elle n'aurait jamais imaginé dans de telles circonstances mais tout de même. Cette étreinte avait un goût de passé perdu. D'années heureuses. D'années d'insouciance et de tendresse pure. Sans conflits qui déchirait la ville. Sans peur de voir le monde basculer autour d'eux. Cesare avait été le premier. Il avait été celui qui avait ouvert la gamine aux papillons dans le ventre, aux sourires timides et aux baisers volés. Le premier à lui faire connaître l'extase et le premier qu'elle aurait cru le dernier. Et même si elle avait fini par tomber amoureuse de Sam, ça ne changeait pas le fait qu'elle n'avait jamais oublié Cesare. N'avait jamais cessé de l'aimer dans un sens. Entre eux, il n'y avait pas eu de cris, de verre cassé. Il n'y avait pas eu de disputes jusqu'à les séparer tels des ennemis. Il aurait été plus facile d'oublier le jeune homme s'ils étaient venus à se détester mais ce n'était pas le cas. Pas entre eux. Alors elle pouvait se permettre de se serrer contre elle un instant et de resserrer son étreinte en le sentant faiblir.
Là, tout contre elle. Elle le connaissait si bien, même après toutes ses années, elle pouvait deviner lorsque quelque chose n'allait pas. Alors, elle lui laissa le temps, profita de la chaleur de son corps et de la sûreté de ses bras l'entourant doucement jusqu'à ce qu'il se détache enfin. « Je-… désolé. » D'un signe de tête, elle indiqua clairement qu'il n'avait pas besoin de s'excuser. Surtout pas à elle. Parfois, elle avait l'impression d'être celle qui l'avait trahi, d'être celle qui devait s'excuser d'être partie. De l'avoir laissé. Parfois, elle se disait qu'il serait tellement plus simple qu'il la déteste. Cependant, elle était heureuse que ce n'était pas le cas. Que malgré ce qui avait pu se passer entre eux, il ne la rejetait pas. Puisqu'elle ne comptait pas l'abandonner cette fois, même s'il venait de laisser couler une haine ardente sur le type du bar. Ellie savait que jamais Cesare ne pourrait être violent de cette manière avec elle. Jamais, elle en était convaincue. « Je-… j’savais pas que c’était toi. Tu devrais-… retourner à l’intérieur. » La Freak ne comptait aller nulle part tant qu'elle ne s'assurait pas qu'il allait mieux. Elle n'était pas sortie à sa poursuite simplement pour rebrousser immédiatement chemin. La mutante attrapa un mouchoir dans ses poches devant un Cesare qui s'acharnait soudain frénétiquement à essuyer le sang de ses poings sur ses vêtements. Dans un geste tendre, elle prit ses mains dans les siennes pour nettoyer l'hémoglobine de ses doigts avec le linge. Mais aussitôt que sa peau entra en contact avec la sienne, une drôle de sensation la saisit. Celle qu'elle ressentait quand un pouvoir étranger glissait dans ses veines comme un parasite. Un virus. L'étrange douceur d'un voile pausé sur sa peau. Elle relâcha aussitôt les doigts du jeune homme pour l'observer. La surprise trahissait son désarroi alors qu'elle levait les yeux pour les planter dans les siens. Non, c'était impossible, Cesare ne pouvait pas être un mutant lui aussi. C'était son esprit débordant qui lui jouait des tours. Elle se faisait des idées et s'imaginait toutes ses choses. Après tout, elle pouvait facilement se tromper, elle ne contrôlait pas du tout son pouvoir. Elle devait bien s'imaginer des choses là où il n'y en avait pas.
Malgré tout, l'étrange sensation persistait. Comme si elle avait un passager clandestin au creux de ses veines. Une sensation désagréable, parasitaire, si bien qu'elle ne réalisa pas qu'elle se grattait la peau des poignets à force de s'imaginer être envahi d'un corps étranger, dans ce cas-ci, la mutation du jeune homme. Pour être certaine, il était préférable qu'elle ne touche personne pour les prochaines heures, les prochains jours. Elle ne savait pas quel était le don du DeMaggio. Elle se mordit la lèvre avec l'irrésistible envie de lui demander. Mais comment demander une telle chose sans paraître folle, ou elle-même suspecte. « Ne... Ne t'inquiètes pas pour moi. Je, je compte pas te laisser dans cet état. » Tentant de se ressaisir, elle prit une nouvelle fois ses mains dans les siennes et se remit à nettoyer le sang sur ses doigts pour ensuite remonter sur la veste du jeune homme qui était elle aussi légèrement tâchée. Pendant qu'elle s'affairait, elle évitait obstinément son regard sur elle, incapable de se faire à l'idée. Elle mourait d'envie de savoir. De lui poser toutes les questions qui germaient dans son esprit. « Ça risque de t'paraître bizarre mais... est-ce que... » Tu es un mutant ? Non, elle se stoppa net, elle ne pouvait pas demander une telle chose. Même à Cesare. Ce n'était pas de ses affaires. Elle allait devoir vivre avec le doute. « Ah non, laisse tomber, ce n'est pas important. » Elle releva le nez pour planter ses yeux noisettes dans les siens et un sourire tendre glissa sur les lèvres de la jeune femme. « Je suis heureuse de te revoir. » Et c'était la vérité. Au creux de sa poitrine, elle sentait son coeur tambouriner plus fort, avec plus d'acharnement. Une sensation que le jeune homme avait toujours su provoquer chez elle et ce, depuis les premiers jours et encore aujourd'hui au milieu de cette ruelle perdue dans les dédales d'une ville qui partait en flammes.
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: what hurts the most (cesellie) Lun 18 Juil 2016 - 20:49
we're already defeated, i don't think you can save me
DON'T FALL APART, I CAN'T FACE YOUR BROKEN HEART
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take your eyes off of me so i can leave. i'm far too ashamed to do it with you watching me, this is never ending, we have been here before. but i can't stay this time 'cause i don't love you anymore. please stay where you are, don't come any closer. don't try to change my mind, i'm being cruel to be kind. w/ellie freak & cesare demaggio.
Ellie, ouais – comment oublier Ellie ; Cesare se souvenait d’elle, presque comme si c’était hier parfois. C’était étrange, comme sept longues années pouvaient passer vite, une fois qu’elles étaient condensées en une période infime chargée de souvenirs et de distance. Souvent, quand il s’était retrouvé avec Isolde, le DeMaggio avait pensé à Ellie : sa dernière grande histoire qui avait tourné d’une quelconque façon à cause de lui. Quelque part, alors même qu’il n’avait jamais cherché à combattre la vie et la distance qui s’installait peu à peu entre la Freak et lui, il avait eu une peur viscérale, à l’idée que c’phénomène ne se répète avec Isolde. Peut-être était-ce une histoire de maturité, une histoire d’inflexion du cœur, de circonstances, mais pour cette fois, Cesare n’avait pas eu envie d’voir l’histoire se répéter. Il n’était pourtant pas très doué pour faire mieux, comme le disaient chacune des circonstances qui l’avaient amené à se retrouver ici : célibataire, et plus encore incapable de se livrer à qui que ce soit, concernant l’abîme de sentiments au bord duquel il se baladait, prêt à y plonger tête la première, d’un souffle vers le suivant. Fallait croire qu’il n’était pas bien doué pour survivre, en fait, Cesare ; qu’il n’était pas doué pour l’faire dans la vie de tous les jours, face aux menaces invisibles et blessantes d’un quotidien qui, par certains aspects, pourrait ressembler à celui de n’importe qui. Quand il n’était pas sur le terrain, ouais, le chasseur n’savait pas quoi gérer dans les ressentiments qui venaient piquer aux abords de son esprit et de son palpitant ; il préférait subitement qu’il découvrait l’champ de bataille, et que l’évidence de celui-ci lui manquait tant qu’il était obligé de l’amener avec lui, partout où il allait. C’était un réflexe, une impulsion de chaque parcelle de son être ; celle-là même qui était affreusement habituée à avoir du sang sur les mains, des âmes sur les épaules, les jointures endolories et l’esprit encore bourdonnant d’adrénaline. Ici et maintenant, dans une Radcliff plus désespérée que jamais, c’était sans aucun doute l’seul truc qui lui restait : ça, sa capacité à être celui qu’il était avec la force de ses poings, l’acharnement de ses convictions – chacune des cicatrices qui témoignaient des épreuves qu’il avait surmontées, bien plus que celles qui l’avait dévoré de l’intérieur. Celles qui le faisaient encore aujourd’hui, juste sous la nuit noire, face à une apparition qui était plus tortionnaire que rassurante : Ellie, elle avait l’arôme d’un passé plein d’évidences, elle avait l’apparence du choix si évident qu’il avait fait à l’époque. Oh, Ellie, elle avait côtoyé un Cesare bien différent de celui qu’il était aujourd’hui : elle, elle avait eu affaire à un jeune homme qui ne doutait que rarement. Même si les choses s’étaient terminées telles qu’elles s’étaient terminées entre eux, il espérait quand même avoir apporté certaines choses à la jeune femme, à l’époque ; une stabilité indéniable, alors même qu’il avait été si profondément ancré dans ses croyances – même si elle avait tout ignoré d’sa vie (ou presque), elle avait quand même dû voir ça, au moins, de lui. Et sept années plus tard, il semblait bien que la Freak s’en était mieux sortie que lui ; comme quoi, sept ans, ça pouvait paraître court comme ça, mais c’était également assez long pour que les tendances semblent s’inverser avec une aisance déconcertante. Il n’était pas habitué à ça, Cesare ; il n’était même pas habitué au fait d’devoir affronter des visages trop anciens dans sa mémoire, des faciès qui le confrontaient à un jadis qui n’était plus qu’un tas de cendres duquel il n’y avait plus rien à tirer.
Skylar, Ellie, qui se serait, la prochaine fois ? Il n’pouvait pas se plaindre, indéniablement – pas alors qu’il n’avait plus rien, plus personne dans le présent ; comme quoi, peut-être que les rencontres fortuites avaient du bon. Du bon, comme un ancrage au beau milieu des ténèbres : toutes les deux, c’était des visages qu’il n’aurait jamais cru revoir, une fois qu’il les avait laissés derrière lui. Skylar, elle, elle était censée être morte : il avait été à son enterrement, et il avait visité sa tombe, encore et encore pendant des années après ça, seul, comme si ç’avait été le secret le mieux gardé de son existence, que l’omniprésence de son amie de toujours dans ses souvenirs. Et Ellie, peut-être que c’était un peu pareil ; il n’avait pas tourné la page – simplement parce qu’il n’y avait jamais eu de page à tourner. Leur histoire s’était terminée comme il s’était dit qu’elle se terminerait : et ç’avait été mieux que ça se passe selon ses termes à elle que ses termes à lui. Tout DeMaggio qu’il était, il n’lui aurait offert qu’un avenir fait de misère, rattaché à un nom imbibé de sang, le cœur accroché à un meurtrier qui entassait les cadavres aussi aisément qu’il alignait les tendresses et l’attention vis-à-vis d’elle. Ellie, elle avait toujours mérité mieux que ça. Comme Aria. Comme Isolde, sans doute. C’n’était pas une façon de s’auto-flageller, d’se condamner à la solitude comme un idiot ; si seulement il pouvait simplement s’défaire de tout ça, et accepter l’amour, la tendresse, ces sensations si douces que les femmes comme Ellie, comme Isolde, avaient su raviver et diffuser en lui. Elles faisaient au moins, peut-être partie des chanceuses ; ces trop rares personnes qui attardaient les prunelles du chasseur, accrochaient son attention et éveillaient des côtés de lui que d’autres ne verraient jamais. Non, y’avait pas eu d’point final à leur histoire ; Ellie avait avancé, elle- et il avait avancé lui aussi, mais l’affection, la compassion, l’empathie incontrôlable qu’il avait eues pour elle, ça, c’n’était pas mort. Tout comme c’n’était pas mort avec Isolde non plus, avec Skylar c’était revenu si naturellement. Il était comme ça, si prompt à s’condamner à des martyrs un peu plus pesants que le reste encore ; ce serait bien plus facile, au fond, qu’il passe une vie volage à écumer les lits sans retenir les noms ou les visages de ses conquêtes. Avancer serait alors un tel réflexe quotidien, que ce serait facile ; qu’il n’aurait pas alors l’impression de brûler de l’intérieur, ravagé par le passé si familier ramené par l’apparition d’une Ellie qui n’avait pas beaucoup changé. Et pourtant, il aurait bien eu envie, quelque part, de n’même pas la croiser à nouveau – rien que pour laisser une chance à son imagination, d’la dessiner sauve, bien loin de Radcliff, avec son fameux meilleur ami ou n’importe qui d’autre. Quelqu’un d’bien, quelqu’un d’bien mieux que c’qu’il n’aurait jamais été pour elle. Et un jour, peut-être qu’il arriverait à avoir c’tel cheminement de pensée pour la Saddler – parce que d’toute manière, il avait beau creuser, creuser encore et encore dans les sentiments qui subsistaient en lui depuis la mort d’Aria, il n’y avait rien d’bon. Rien d’bon pour lui-même, pour Isolde, ou pour n’importe quelle apparition de jadis, qui espérait sans doute plus de lui que c’qu’il serait capable de donner. « Ne... Ne t'inquiètes pas pour moi. Je, je compte pas te laisser dans cet état. » il était ailleurs, Cesare ; ailleurs au point de n’pas avoir remarqué qu’elle avait relâché ses mains, et qu’elle les reprenait tout juste dans un effort quelconque d’elle-même nettoyer le sang qui s’y trouvait. Quelle erreur, quel gâchis – rien que par instinct de conservation, ou mû par les mêmes devoirs que sept ans plus tôt, quand il l’avait laissée partir, le brun aurait eu envie de s’détacher d’elle, et de recommencer à s’en occuper lui-même. Il était un grand garçon, après tout, et là, il avait l’allure d’un assisté qui était trop focalisé sur le brouhaha de son esprit pour s’rendre compte de quoique ce soit d’autre. Mais, coupablement, dans le désert glacé de solitude qui l’englobait au quotidien, il n’arrivait pas à volontairement fuir des attentions si douces, qu’il n’aurait jamais plus cru connaître. De qui que ce soit.
Il sourit, imperceptiblement – ou du moins, il essaya de sourire, espéra avoir lâché un quelconque signe à l’égard de la brune, malgré la nuit qui les avalait, et le silence qui était tombé. « Ça risque de t'paraître bizarre mais... est-ce que... » et avant qu’il n’ait pu suivre le trajet de parole de la jeune femme, elle se rétracta, juste sous ses yeux – peut-être bien qu’elle oubliait qu’il la connaissait aussi. Au moins un peu, même s’il n’prétendait pas tout savoir d’elle, alors même qu’il avait loupé sept ans de son existence. « Ah non, laisse tomber, ce n'est pas important. » était-il censé insister ? Au fond, quelle que soit la question, le jeune homme se savait incapable de l’affronter. Il n’pouvait pas parler de sa vie aujourd’hui, certainement pas d’ses histoires d’amour, ni de c’qu’il faisait ici, ni de sa famille, ni de n’importe quoi. Elle devait être habituée depuis l’temps, Ellie ; c’était cette même retenue, ces mêmes secrets, qui les avaient séparés, non ? « Je suis heureuse de te revoir. » et c’était comme avec Skylar – idiot qu’il était, il n’arrivait pas à détacher ses prunelles d’elle, comme s’il avait peur qu’elle n’soit qu’un mirage, qu’une illusion créée par l’alcool peut-être, ou par n’importe quel autre jeu de l’alentour. Radcliff était sadique comme ça, il le savait bien. Et pourtant, c’était un songe plutôt égoïste, il le savait ; comment pouvait-il vouloir qu’elle reste là, avec lui, à glaner des secondes et des minutes de retrouvailles, alors même que tout l’monde autour de lui finissait blessé, ou encore pire ? Si Skylar, elle, elle avait son caractère endurci, si elle subissait déjà ses propres épreuves, c’n’était probablement pas le cas d’Ellie. Ellie, elle était encore plus humainement lambda qu’Isolde, au moment où il était entré dans sa vie : Ellie, il l’espérait, elle était neutre, juste cette fille qui vivait sa vie, mais avait l’malheur de le faire dans l’un des endroits les plus minables de cette planète. Ce n’est que lorsqu’il cilla enfin, détournant vaguement ses iris sombres, que Cesare s’rendit compte qu’il n’était pas très bavard, et presque flasque entre les mains attentives de la jeune femme ; elle avait fait un travail décent avec ses mains, même si l’odeur ferreuse était encore là, le rouge teintant encore son épiderme. Au moins, c’n’était plus poisseux et omniprésent, tortionnaire aux derniers relents de conscience qu’il avait encore en lui. « Tu devrais pas être là... » c’est tout ce qu’il trouva à marmonner, franc, presque brutal, malgré le geste presque réflexe qu’il eut : celui qui guida son pouce à venir s’enrouler au-dessus des doigts d’Ellie, pour enserrer doucement ceux-ci dans une étreinte préoccupée. « J’veux dire-... » à croire qu’il était trop habitué à l’Isolde pleine de caractère, il s’attendait presque à se prendre une réplique cinglante en pleine tronche rien que pour avoir dit ça. « Cette ville craint. J’aurais-… voulu que tu sois ailleurs. » il l’avait espéré, à l’époque, quand ils s’étaient séparés et qu’elle avait eu tout un avenir devant elle ; qui pourrait vouloir rester à Radcliff ? C’était toujours quelque chose qui lui échappait, à lui. Radcliff, c’était l’endroit qui avait pris la vie de Skylar. C’était l’endroit qui avait bouffé sa vie à lui, la vie d’Isolde. La vie d’Aria, jusqu’au bout. Personne de décemment constitué n’pouvait vouloir rester ici, vivre ici, construire quoique ce soit ici. « J’suis content de t’voir aussi. Quand même. » et peut-être que dans la façon dont son sourire mourut bien assez vite, tout juste à la commissure de ses lèvres, traduisait aussi de cette gêne que devaient avoir tous les ex, quand ils s’retrouvaient après tant de temps. Au moins, avec Isolde, ils étaient tellement occupés à s’engueuler comme des chiffonniers, que de tels moments n’existaient pas. Pour cette fois, il semblait aussi que la quantité d’alcool qui battait dans ses veines n’aidait pas ; « Tu l’connaissais, ce type ?... Est-c’qu’il t’a blessée ? » se retrouva-t-il donc à insister, comme pour changer le sujet, ou avoir une bonne raison de se reprendre, s’redressant un peu sur lui-même : ce fut à son tour d’attraper les deux mains d’Ellie dans les siennes- elles étaient propres, et dénuées de toute trace, contrairement aux siennes à lui désormais, significatives du chaos qui régnait en lui.