Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason
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Sujet: Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason Jeu 19 Nov 2015 - 4:17
There was only them & their disgrace
Wolf mother, where you been ? You look so worn, so thin. You're a taker, devil's maker, let them hear you sing. Wolf father, at the door, you don't smile anymore. You're a drifter, shapeshifter, let them see you run. Where the sun would set, trees were dead and the rivers were none. And there was no sound, but only them. Only them and their disgrace ...
Elle savait qu'il était là. Parce qu'elle savait qu'il allait arriver, avant son arrivée. Elle le savait, et, franchement, si on lui demandait, là, un instant, comme elle se sentait, comment elle le sentait, tout ça, elle serait sans doute bien incapable de répondre. Ou plutôt préférerait-elle ne pas répondre, sans doute parce qu'elle ne savait trop quels mots seraient les plus appropriés pour définir ce qu'elle ressentait, si tant était qu'elle savait réellement ce qu'elle ressentait. Sloane n'avait en tout cas pas la tête dans le sac, les yeux bâillonnés, ou encore l'ouïe décédée. Elle était flic, passait la majorité de son temps dans son "uniforme", bien qu'elle n'en portait pas, privilège du grade et du rang de l'insigne. Elle n'avait plus que son métier, à proprement parler. Enfin, heureusement pour elle, pas que, tout de même, mais presque. Willow était encore à elle, mais sur le papier, seulement, et dans le cœur, aussi, à fond. Elle abhorrait plus que tout la maxime prétendant qu'en étant loin des yeux, on était obligatoirement loin du cœur, partant du principe qu'au contraire, on avait plutôt souvent de cesse de penser à ceux qui n'étaient plus là. Les abonnés absents, les lâcheurs, ceux qui vous avaient abandonnés. Ceux qui étaient loin de vous pour des raisons majeures et cruciales. Et puis, ceux qui n'étaient tout bonnement plus là du tout, ceux qui ne foulaient plus la surface de cette planète. Willow était là, elle, dans la même ville. Mais son esprit semblait parti si loin ailleurs, la majorité des fois où sa mère allait la voir. Une vision d'horreur pour Sloane, à chaque fois, une vision qui lui bouffait le cœur, la rongeait à l'acide. La voir dans cet état, à chaque fois. N'avoir de cesse de se regretter, de se dire aussi qu'elle avait été incapable d'aider convenablement sa fille, d'apaiser ses souffrances et ses craintes, et que la proposition d'Alexander Callahan était arrivée à point nommé, lorsque Sloane était au bord de la rupture, portant sur ses épaules un poids devenu si lourd. Elle n'était en rien une jeune femme qui chutait au moindre petit choc. La raison, la logique, et la justice, elle ne les avait pas exactement toujours trouvées dans sa vie. Parce qu'il n'y avait aucune explication reçue en réponse à bon nombre de ses interrogations, la conduisant à rapidement se détacher de toute logique de comparaison, d'assimilation ou de mise en parallèle. Elle avait eu la vie qu'elle avait eu, sans l'avoir forcément méritée, c'était ainsi, et pas autrement, elle ne pouvait absolument rien y changer. Charge et responsabilité lui incombaient cependant de faire tout ce qui était en son possible pour se créer la meilleure des existences avec les bases et les valeurs qu'on lui avait données et qu'elle avait reçues. Décider et choisir ce qu'elle voulait faire de sa vie, ça, ça avait été sa mission. Ne pas se rater avait été son objectif. Mais, au final, tout était tout de même parti en dérapage pas forcément entièrement contrôlé.
Elle savait qu'il était là. Et elle oscillait entre soulagement, fureur, rancœur, et appréhension. Soulagement de le savoir en vie et non pas parti de lui-même dans le décor. Fureur de par ce qu'il avait osé faire vivre et endurer à leur fille qui n'avait absolument jamais rien fait pour mériter d'être abandonnée, délaissée et complètement occultée de la vie de son père par le géniteur en question. Rancœur de l'avoir laissé entrer dans sa vie pour lui asséner une bonne droite au moment même où elle goûtait enfin au vrai bonheur, vous savez, le bonheur, un truc qu'elle estimait alors avoir amplement mérité après toutes les emmerdes et les épreuves qu'elle avait subies. Appréhension, aussi, de l'imaginer sans doute se pointer devant elle pour lui exiger des comptes qu'elle ne sera pas parvenue à tenir nets, clairs, précis et réguliers tout au long de cette "séparation". Dans le même temps, aussi, elle estimait qu'elle n'avait absolument pas à se ronger les sangs, à se faire du mal et à ne serait-ce que commencer à réfléchir à ce qu'elle pourrait bien lui dire pour expliquer le fait que Willow n'était désormais plus entièrement sous sa seule tutelle. Après tout, c'était lui qui était parti, et elle qui avait dû tout gérer, derrière. Gérer les finances qui, d'un seul coup, se prenaient un sacré plomb dans l'aile étant donné que le budget alloué à la vie de tous les jours avait été divisé par deux de par la perte du salaire de Mason. Gérer les dettes, les factures, les prêts, tout ce qu'ils avaient pu commencer à utiliser pour vivre une vie décente et convenable. Gérer les questions et les interrogations de tous ceux qui les connaissaient et qui, évidemment, n'avaient pas pu passer à côté du fait qu'il était parti, qu'il n'était plus là, même si cela ne les regardait pas. Les absents ont toujours tord, paraît-il, mais dans ce cas précis, Sloane avait expérimenté ce que c'était que de faire face aux préjugés, aux idées reçues et préconçues, aussi, celles qui en avaient poussé plus d'un à se dire qu'elle avait forcément dérapé, fait une connerie, fauté, pour qu'il parte comme ça, comme si, en tant que femme, le blâme lui tombait obligatoirement dessus. Sloane avait aussi dû gérer Willow, qui grandissait de jour en jour, s'épanouissant malgré tout, alors que la jeune mère désormais célibataire s'évertuait à lui offrir la meilleure vie possible, en gommant au maximum tout fossé séparant sa petite puce des autres poupons de son âge : qu'elle ait les mêmes jouets, les mêmes loisirs, la même dose d'amour et de câlins, la même dose de soutien et de complicité, tout ce qui fait le bien-être d'un enfant au sein du foyer parental. Mason était parti, et Sloane avait dû trouver au mieux tous les mots pour arrondir les angles, adoucir la situation, apaiser les craintes et les angoisses de sa fille. La jeune femme avait ramé dur, devant être ces deux présences parentales auprès de Willow, en plus d'être une jeune flic poursuivant son ascension hiérarchique au sein des forces de police, ainsi qu'une jeune femme, tout simplement. Et, plus tard, comme si cela ne suffisait pas niveau complexité et bâtons dans les roues, le gène X avait décidé de se manifester au sein de l'ADN de sa fille, plongeant les deux filles dans un tourbillon de complications, de rudes émotions, esseulées, perdues, déboussolées. Tout ça, pendant que Mason n'était pas là ...
L'annonce avait été faîte, avant même l'arrivée du jeune homme. Enfin, jeune homme ... Il approchait tout de même de la quarantaine. Sloane avait été dans les premiers informés, à Radcliff même, ainsi qu'au sein du Poste de Police, qu'on leur envoyait deux types du FBI. En l’occurrence, un homme et une femme. Mason, et une certaine Letha Castellanos. Elle était en tête à tête avec le sheriff lorsqu'il avait ouvert le courrier officiel qui lui était adressé, cette missive venue tout droit du FBI. Elle avait tilté sur le patronyme de la femme, mais n'avait pas relevé, se gardant bien de se mêler des histoires personnelles de son supérieur hiérarchique. Il y avait surtout que ses tympans avaient vrillé tant et si bien qu'elle avait eu la sensation qu'elle flottait dans les airs, ou qu'elle ne touchait plus terre, dès lors que le prénom et le nom de Mason avaient fusé d'entre les lèvres d'Absalon. Si c'était une blague, elle était de mauvais goût. Déjà qu'elle ne savait trop comment prendre la décision du FBI de dépêcher sur place, ici, à Radcliff, deux de ses agents, comme pour sermonner les autorités locales, parmi lesquelles, sans nul doute, la police, qui ne devait visiblement pas être jugée suffisamment convenable et efficace pour qu'on se sente obligé de leur administrer deux parachutés de nul part pour leur taper sur les doigts, leur remonter les bretelles, ou bien encore nettoyer leurs conneries, leurs oublis, bref, faire leur boulot à leur place. Sloane s'était déjà heurtée à des agents du FBI, pour des affaires personnelles, et autres, alors, évidemment, bien que tolérante et ouverte d'esprit, cela avait d'autant plus coincé dès lors qu'elle avait ajouté cet élément là au fait que Mason allait se trouver parmi ces deux gugusses débarqués de la capitale. Il échapperait sans doute aux accusations de parachutage, lui, mais en ce qui concernait le courroux de Sloane ... Peut-être avait-elle été traître, en s'auto-saisissant d'un dossier l'ayant amenée à collaborer avec les autorités policières de Louisville histoire de ne pas être à Radcliff le jour de l'arrivée de Mason, puis en bénéficiant d'un jour de congés. Peut-être avait-elle aussi le droit de faire ce qu'elle voulait, étant donné qu'elle vivait comme tout citoyen américain dans un pays libre, et que tant que le travail était fait ... Peut-être aussi était-ce traître de le coincer dans les toilettes. Mais encore une fois, elle faisait ce qu'elle voulait. Et puis, après tout, elle était plus ici chez elle que lui ne l'était. Même s'il était loin d'être dans ses habitudes de fréquenter les toilettes et vestiaires du personnel masculin. Cependant, elle ne s'embarrassait pas trop de telles pensées à cet instant là, pas plus qu'elle ne se songeait ni ne se souciait de ce qu'on pourrait bien avoir à y redire. Alors, elle entrait sans s'annoncer, refermait doucement la porte derrière elle et allait s'adosser contre le mur opposé, histoire de l'avoir bien en vue, mains croisés sur la poitrine, et un pied posé contre la surface du mur, en parallèle, à quelques centimètres de hauteur.
« Laisses moi deviner ... Ils cherchaient des volontaires pour venir jouer aux redresseurs de tord à Radcliff, et tu t'es bien sûr porté volontaire, fou de joie de revenir au pays ... » Le ton était ... Empli d'un subtil mélange d'émotions contradictoires, du genre à ne pas réellement permettre de savoir quelle était la réelle intention de Sloane, parmi toutes celles suggérées : l'ironie, l'attaque personnelle, la constatation, la provocation, la fausse crédulité, la lassitude, la pointe de colère, tout ça tout ça, bien mélanger, et vous obteniez un milkshake, ou presque ! Il y avait un miroir, au dessus des urinoirs, comme si ces messieurs avaient besoin de s'admirer pendant qu'ils se soulageaient. En tout cas, ce stratagème narcissique permettait quelque peu à Sloane d'entrapercevoir les traits de son cher ex. Le poids des années ne l'avait pas encore trop marqué, visiblement, du moins, à ce qu'elle en voyait. Quant au reste de son corps ... Disons qu'elle avait une vue panoramique sur son arrière train, mais qu'à la présence d'un pantalon encore bien ancré sur les hanches, elle ne pouvait pas trop se prononcer. « Oh, excuses-moi, je dérange ? Désolée ... Il faut dire qu'en 12 ans, c'est la première opportunité que j'ai de te revoir ... » Désolée, elle ne l'était pas du tout, pas plus qu'elle ne cherchait à s'excuser, en fait. Mais cela ne nécessitait sûrement aucun décryptage, le ton et l'attitude parlant d'eux-même ...
Dernière édition par Sloane McNally le Sam 12 Déc 2015 - 21:46, édité 2 fois
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Sujet: Re: Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason Lun 23 Nov 2015 - 23:11
this fire won't go out though just a flicker it may be
THIS BURDEN WEIGHS, OUR DEMONS WE MUST CARRY
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i am nothing without pretend, i know my faults. can't live with them. i know my thoughts but i can't hide them. i don't need another friend when most of them i can barely keep up with them. perfectly able to hold my own hand but i still can't kiss my own neck. i wanted yo give you everything but i still stand in awe of superficial things w/sloane mcnally & mason leinster.
Piège à rat ; l’second nom que pouvait porter cette ville – dès qu’il avait passé les frontières de la ville, les épais barrages de la quarantaine s’étaient refermés derrière lui, et désormais l’sens du devoir clouait Mason sur place. Sens du devoir, pfff, et puis quoi encore ? Devoir envers qui ?! Les péquenauds qui vivaient encore à Radcliff, moisissant sous l’emprise de Lancaster comme des brebis égarées ? Letha Castellanos et son incapacité à ramener l’ordre en ville ? Washington et ses patrons pompeux qui avaient avidement décidé de son sort ? Quand bien même il foutait les pieds dans sa ville natale, avec pour seule compagnie sa coéquipière depuis des années déjà, le Leinster était plus seul que jamais – le passé n’lui plaisait pas, l’présent n’lui convenait plus, et l’avenir s’annonçait affreusement compliqué. Radcliff rimait avec chacune des erreurs qu’il avait commises autrefois, le naguère qu’il fuyait à pas de géants et avait aspiré à ne jamais recroiser pour une raison ou une autre : Mason était un lâche dans l’âme, il n’s’assumait qu’à moitié pour cela, et se concentrait sur le moment présent la plupart du temps. Washington, son fourmillement constant, la vie qui vibrait dans la capitale et toutes les distractions possibles et imaginables qu’on pouvait y trouver – tout ça, ç’avait été le terrain de jeu idéal pour le mutant, de quoi faire fondre de son esprit toutes les préoccupations qui l’avaient chassé des frontières du Kentucky. C’était sûrement c’que beaucoup de gens qui l’reconnaissaient d’autrefois, pouvaient penser : l’existence du jeune soldat ayant quitté les frontières de son bled n’avait pourtant pas été aussi claire et paisible qu’il le semblait, douze ans plus tard. Il avait erré plus qu’il ne s’était clairement dirigé quelque part, vaquant d’un endroit à l’autre, d’une assurance à une autre ; sans jamais s’poser vraiment quelque part, avec quelqu’un, ou dans quelque circonstance que ce soit. Toujours sans affronter ses démons, fuyant ardemment tout face à face avec la large cicatrice qui barrait sa jambe gauche, ralentissait parfois ses mouvements, et le réveillait d’autres fois en pleine nuit dans une douleur électrique. La seule chose qui avait été claire et définie pour lui – malheureusement, au vu de comment les choses avaient tourné – c’était la façon dont il s’était attaché à Letha, l’ardeur avec laquelle il aurait voulu pouvoir s’raccrocher à la chance de se reconstruire avec elle. L’un avec l’autre, balayant les douloureux visages du passé pour se concentrer sur c’qu’ils pourraient connaître. Si seulement ; beaucoup diraient qu’il n’avait connu là que le juste retour de bâton, les conséquences froidement amenées de ses actes d’il y a quelques années. L’résultat de ce que ça faisait, la lâcheté ; et l’fait de ne jamais vraiment affronter de plein fouet les démons tapis dans l’ombre. Les bâtiments familiers de Radcliff, l’humeur volatile de cette ville, les gens qu’il y dévisageait, et ceux qui l’regardaient comme un étranger en retour – tout ramenait Mason dix ans en arrière, lorsqu’il avait embarqué dans sa voiture avec la ferme intention de ne plus refoutre les pieds jusqu’ici. Et si les gens qu’il avait côtoyés depuis, s’mettaient à apprendre des choses sur sa vie d’avant, ils le jugeraient sûrement plus sévèrement que jamais : Leinster était ce type qui s’était levé un jour, jugeant que la vie qu’il avait n’lui convenait plus. Leinster était ce type qui avait fait sa valise sans crier gare, et était parti sans se retourner. Leinster avait abandonné une femme derrière lui, si jeune et avec un gosse sur les bras.
Les calculs et les conclusions étaient bien faciles à atteindre à ce niveau-là : Mason Leinster avait été le connard qui n’avait pas voulu du bébé qui pleurait à longueur de nuits, et abandonnait la nana encombrante derrière lui pour tailler la route et faire quelque chose d’autre de ses dix doigts. Y’avait eu une quelconque dignité, aussi, qui l’avait retenu loin de la petite ville de Radcliff, de ses habitants et de toutes les ombres qui y demeuraient : car à vrai dire, Sloane était bien la seule personne qu’il pouvait appréhender de recroiser. C’n’était pas comme s’il avait connu ses parents un jour, s’il avait eu des amis mémorables, des gens auxquels il avait tenus autant qu’il avait tenu à elle – paradoxalement, c’était elle qu’il n’voulait pas revoir, elle qu’il avait le plus facilement blessé en disparaissant si subitement. Les choses n’avaient jamais été faciles, dans cet endroit-là, et lâche qu’il avait été, il s’était attendu à n’plus jamais avoir à regarder ça de front lorsqu’il avait pris le volant pour une autre existence. Tant de détails, de détails insignifiants tout autant qu’importants, desquels il n’parlait jamais – il n’en avait même pas parlé à Letha, peu importaient les confidences qu’ils s’étaient tirés l’un de l’autre ; Mason s’était fait l’serment égoïste de laisser tout ça derrière lui, à une autre vie, à un autre mec, une fois qu’il avait atteint les frontières de Washington pour faire quelque chose. S’embarquer dans l’armée à nouveau, rejoindre les flics, s’fondre dans la masse : tant de possibilités qui l’avaient paralysé des années durant, avant qu’il ne s’engage dans le FBI. Le temps faisant son chemin, le quotidien comme une morphine apaisante coulant dans ses veines, il avait volontiers laissé de côté ses remords et ses souvenirs d’avec Sloane – Willow, pour s’concentrer sur d’autres visages, d’autres personnes. Croire en un quelconque équilibre, un quelconque salut bien plus facile à atteindre : à vrai dire, il n’avait jamais plus levé la main sur qui que ce soit qu’il aimait, après cette alerte qui l’avait définitivement séparé de la jeune femme. L’acte en lui-même n’avait probablement rien pour concurrencer avec le fait de lâcher Sloane avec un bébé sur les bras ; sa main écorchant la joue de la brune avait pourtant été la sonnette d’alarme qui avait tout enclenché. Et il aurait pu prétendre avoir fait les choses bien, s’il s’était soigné d’une quelconque manière – au lieu de ça, c’était sûrement le fait de taper sur des connards et des criminels qui lui laissait l’opportunité de croire qu’il était passé à autre chose – qu’il était un autre homme capable de se maîtriser. Ses hantises étaient toujours là, il arrivait à Mason de sursauter excessivement pour un bruit quel qu’il soit, juste par-dessus son épaule. Il lui arrivait encore de s’réveiller au milieu de la nuit, le voile de ses paupières n’lui offrant pas quelque rêverie pour repos, mais plutôt des images du passé, du front, des morts et du sang qu’il avait d’ores et déjà eus à affronter. Le mal était toujours allé plus loin que Radcliff elle-même ; et peu importait l’ardeur avec laquelle le transmutant avait souhaité que les choses soient si faciles, elles ne l’avaient jamais été. Radcliff lui rappelait tout ça, Radcliff le poussait au bilan insatiable – des calculs incessants dans sa tête, un retour sur les douze années qui venaient de s’écouler. La veille au soir, en débarquant ici, Mason avait soigneusement évité la ruelle où s’était trouvé l’appartement qu’il avait partagé avec Sloane, plus d’une décennie plus tôt – acte stupide, puisqu’il avait tout à la fois, espéré qu’elle ait déménagé, quitté la ville pour n’pas se retrouver dans la situation désastreuse où tous les habitants étaient désormais. Aussi provocateur qu’il l’était en règle générale, le Leinster se découvrait l’envie de n’pas provoquer le destin, titiller la patience de quelque autorité que ce soit, qui pourrait lui rendre les jours à Radcliff encore plus compliqués qu’il ne l’était.
Il n’aurait sûrement pas su comment se sentir à l’idée d’savoir sa fille et son ex-copine, perdues dans le vaste du monde entier, il n’savait où, disparues depuis plus longtemps encore qu’il ne l’aurait imaginé – l’acte égoïste par excellence, sûrement, puisqu’il n’y avait pas à douter que Mason les avait perdues depuis bien plus longtemps qu’il n’était prêt à l’admettre. Au commissariat depuis quelques poignées d’heures à peine, il avait alors soigneusement évité de prononcer le prénom de Sloane, ou même son patronyme, d’évoquer une quelconque appartenance à la vie de la jeune femme ; fuyard, toujours aussi lâche, ramené au connard qu’il avait toujours été pour les habitants de ce coin. Le Mason qui avait quitté Radcliff n’avait pas été un homme bien ; et c’était un équilibre branlant, entre arrogance et combativité, qui se présentait dans le poste de police à tous ses futurs collègues. Continuer coûte que coûte ; ç’avait été son credo depuis qu’il était revenu du front : mais ce retour aux sources, ce retour à Radcliff allait à l’encontre de tout le reste. Ca le ramenait face à son passé. Ca le ramenait à l’endroit où il était né. Ca le ramenait face à Letha. Pousser la porte des chiottes fut un soulagement qu’il n’aurait jamais soupçonné : les faux sourires disparurent, en même temps que sa méfiance quasi-indispensable dans un endroit tel que celui où il se trouvait. Dans un soupir, Mason évita soigneusement l’arrêt devant le lavabo, où il aurait pu dévisager son reflet pour constater à quel point il n’avait pas beaucoup dormi la nuit dernière : celle-ci s’était décomposée entre une vraie marche à travers les rues de Radcliff (comme il l’avait dit à Letha), l’inspection des dossiers qu’il avait ramenés avec lui, et une paire d’heures de sommeil, tout au plus. Au final, plus vite il aurait fini son job, plus rapidement il pourrait quitter cet endroit maudit : était-ce la seule conviction qui permettait au transmutant de tenir bon ? Continuer comme si de rien n’était ? Saluer tous les connards de hunters qui se cachaient dans les couloirs du commissariat tout en paraissant sympathique ? Et quelques secondes de trêve pour laisser toutes ces conneries derrière lui. « Laisse-moi deviner... Ils cherchaient des volontaires pour venir jouer aux redresseurs de tort à Radcliff, et tu t'es bien sûr porté volontaire, fou de joie de revenir au pays. » un juron passa ses lèvres, incontrôlable et presque retenu depuis le début de la journée – c’n’était pas faute d’avoir envie de tous les envoyer chier, et d’envoyer chier Castellanos avec. Il s’était retenu, et voilà c’qu’il récoltait ; la scène la plus prévisible et la plus pitoyable qui soit pour des retrouvailles : avec toute la dignité dont il était capable de se grimer, Mason se rhabilla, le ziiip caractéristique de la fermeture de son pantalon venant rajouter au ridicule de la situation – Sloane avait toujours eu un certain talent pour trouver l’bon moment pour venir taper sur les nerfs de quelqu’un. Fallait croire qu’un avait toujours eu un certain style de nanas. « Oh, excuse-moi, je dérange ? Désolée... Il faut dire qu'en 12 ans, c'est la première opportunité que j'ai de te revoir. » lèvres pincées dans une moue entendue de l’agacement dans lequel il se trouvait depuis le début de la journée, Leinster fit un volte-face pour dévisager la jeune femme : elle occupait les yeux comme si elle était la propriétaire de tout l’bâtiment, et que douze années d’silence suffisaient à ce qu’elle vienne lui taper sur le système. Ouais, sûrement qu’il l’avait mérité, mais peut-être qu’une autre gonzesse aurait opté pour la nostalgie du bon vieux temps et n’serait pas venu le trouver dans les chiottes. « C’est la première opportunité qu’t’as de me revoir en douze ans… et tu choisis de m’voir pisser ? » y’avait une certaine ironie dans la chose, quand même – un bon sarcasme à envoyer pour se redonner contenance, un vague sourire narquois glissant à la commissure de ses lèvres. Heureusement pour la brune, il avait assez de décence pour se laver les mains après avoir pissé. « J’suis pas revenu pour l’amour du pays, Sloane. C’est pas comme si cet endroit pouvait manquer à qui que ce soit – tu d’vrais essayer, d’aller voir ailleurs. Dans une ville plus calme. » lâcha-t-il finalement, l’observant dans le reflet du miroir ; il n’pouvait pas imaginer Sloane aller dans le sens des croyances de Lancaster et des chasseurs : alors pourquoi est-c’qu’elle moisissait encore à Radcliff ? Pourquoi n’avait-elle pas pu s’casser pour ne surtout pas être là quand il reviendrait ? « Mais tu veux vraiment faire ça dans les chiottes du commissariat ? » ajouta-t-il bien assez vite, la dévisageant enfin brute de béton, face à face. C’n’était pas qu’une question d’hygiène quelconque, de crédibilité de la chose – il n’pouvait pas vraiment parler de son job où toutes les oreilles (et pire encore) possibles et imaginables pouvaient cueillir la moindre information compromettante. Ce fut à son tour à lui, de croiser les bras, appuyé contre la rangée de lavabos inutilisés : c’était donc ça, leurs retrouvailles romantico-nostalgiques après douze années de silence ? Digne d’eux, probablement.
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Sujet: Re: Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason Jeu 26 Nov 2015 - 22:18
There was only them & their disgrace
Wolf mother, where you been ? You look so worn, so thin. You're a taker, devil's maker, let them hear you sing. Wolf father, at the door, you don't smile anymore. You're a drifter, shapeshifter, let them see you run. Where the sun would set, trees were dead and the rivers were none. And there was no sound, but only them. Only them and their disgrace ...
Ici, c'était chez elle, depuis toujours. Elle connaissait Radcliff comme sa poche : ses moindres ruelles, ses moindres cloaques, l'adresse des meilleurs resto, les lieux où la bouffe était moins cher, les patrons susceptibles de vous embaucher au black dès lors que cela les exonérait de charges, les lieux à éviter le soir, tout ça tout ça. Mais en grandissant, Sloane avait réalisé que la ville et ses habitants étaient deux entités totalement différentes. La première ne faisait qu'accueillir les seconds, comme la tente d'un grand cirque vivant à ciel ouvert. Un cirque, ou un jungle. Un cloaque. Voilà ce qu'était devenu Radcliff. En avait-il seulement toujours été ainsi ? Cela ne datait certainement pas d'hier, mais concernant la date exacte ... Peut-être que, pendant trop longtemps, Sloane avait eu suffisamment de problèmes et d'ennuis personnels à régler et à endurer pour pouvoir totalement ouvrir les yeux sur tout le reste. Elle n'en parlait pas, ou très peu, et seulement à quelques privilégiés, mais sa vie avait toujours eu ce goût acide et aigre à la fois, amer, aussi, de ces existences brinquebalantes. Elle était une enfant pas vraiment programmée, d'ailleurs, et ses parents avaient toujours refusé de stopper la course de leur propre existence pour lui en offrir une vraie, à elle, d'existence, stable, heureuse, réglée. Elle avait dû apprendre à se démerder, à faire avec, à ne pas se focaliser sur cette base là, étant donné qu'alentour, tout un tas d'autres merdes lui tombaient sur le coin de la gueule. Rien n'était inscrit dans son casier judiciaire concernant cette affaire, mais pendant de longues années, pour le voisinage de feu sa mère, elle était restée cette gamine qui était tombée sur le cadavre de sa mère, encore chaud, et qui avait tiré sur son beau-père, aka le meurtrier. Peut-être que pour eux, encore aujourd'hui, elle restait simplement cette gamine, et qu'ils refusaient depuis de mettre à jour leur perception. Ici, c'était chez elle, mais elle ne s'y était jamais sentie réellement à l'aise. Mason avait pourtant changé ça, pour tout le temps qu'avait duré leur histoire. Avec lui à ses côtés, elle avait appris à réellement se laisser aller, à déployer pleinement ses ailes sans craindre qu'on ne vienne les lui amputer. Elle s'était toujours sentie en sécurité avec lui, même lorsque, paradoxalement, il avait commencé à glisser, à dériver. Peut-être qu'à ses yeux, alors, avoir face à elle un homme en proie à des cauchemars, à des troubles psychiques et à un penchant pour la bouteille, ça avait été moins pire que des situations précédemment vécues. Moins pire, en tout cas, que de se trimbaler un beau-père paranoïaque, violant, pervers et vicieux, jaloux maladif, qui avait collé une balle dans le crâne de sa petite-amie, en faisant entièrement fi du fait qu'elle lui était toujours restée fidèle, et qu'il allait priver une gamine de 9 ans de sa mère ... C'était peut-être son truc à elle, ça. Se dire qu'elle avait connu pire, qu'elle s'en était sortie, et que ça ne pourrait donc qu'aller. Qu'elle réussirait à s'en sortir, une nouvelle fois, qu'elle devait garder force et courage, qu'il y avait quand même de la joie et du bonheur dans sa vie. Un peu. Ne serait-ce qu'un peu, oui ... Mais aujourd'hui ... Aujourd'hui, ce chez elle la débectait. Elle n'avait qu'une envie, se casser loin d'ici. Mais cela serait injuste et égoïste, de laisser derrière elle des concitoyens apeurés, complètement à la ramasse, manipulés sur l'échiquier comme de pauvres pions dénués d'intérêt de d'individualisation. Injuste et égoïste, aussi, de les laisser pris en sandwich entre deux groupes auxquels ils n'appartenaient pas : ni transmutants, ni hunters, eux, ils étaient comme elle. Juste humains, quoi ... Et puis, Willow était encore entre les griffes de Callahan, alors il était juste hors de question que Sloane ne songe ne serait-ce qu'un instant à se barrer, en la laissant derrière elle. Le problème était réglé, donc, aussi tordu et paradoxal que ça puisse paraître.
Etre seule, sans être entièrement seule, cela n'avait rien de nouveau pour elle. Cependant, elle en avait tout de même pris un sacré coup, derrière la nuque, quand Mason était parti. "Parti". Voilà une bonne jolie formulation pour atténuer la réalité des choses : Mason n'était pas parti, il avait claqué la porte, et sans était allé, sans se retourner, ce qui ressemblait fort à la définition de ce qu'était un abandon. A ses yeux, en tout cas. Une réalité qu'elle avait dissimulé, à tout le monde, et particulièrement à Willow, à leur fille. Jamais elle n'en avait pipé mot, par fierté, honneur, orgueil aussi peut-être. Les gens s'étaient sans doute fait des films, mais d'une certaine façon, cela avait été bien mieux que de vivre en sachant qu'ils savaient. Sans doute aurait-elle vécu ça comme un échec; Et puis ... Et puis, elle n'avait jamais vraiment laissé les gens mettre leur nez dans ses affaires, dans sa vie, aussi. Peut-être était-ce pour ça qu'elle pouvait apparaître comme difficile à cerner, à comprendre, comme trop mystérieuse et secrète pour qu'on puisse savoir sans cesse ce qu'elle allait dire et faire. Ce qui l'aidait grandement dans sa tâche policière. Elle n'avait pas eu ses parents auprès d'elle pour l'orienter, pour la guider, aussi. Sans doute n'avaient-ils pas été les meilleurs parents du monde, mais ils l'avaient tout de même bien éduquée, à leur façon. Cette vie en pointillés, à leur côté, avec cet enchaînement de semaine, alternée, ne lui avait pas apporté que du bonheur et de la stabilité, mais jamais ils ne l'avaient laissée se morfondre sur les thèmes essentiels à la construction d'un être destiné à grandir et à devenir adulte. Discerner le bien et le mal, faire ce qui était juste, comme eux avaient tenté de le faire en ne la privant pas entièrement d'un père et d'une mère. Concernant les parents de Mason ... Il n'y avait rien à dire, à expliquer, ou à discerner, rien d'autre qu'une inexistence totale dans sa vie. Oui, être seule sans entièrement être seule, c'était son quotidien, depuis toujours, dans sa vie d'adulte comme dans sa vie d'enfant, à l'exception de ces années passées auprès de Mason, et de Willow. Sloane ne se considérait pas comme étant faible, fragile, incapable de faire quoi que ce soit sans avoir aide et soutien, appui et protection, bien au contraire. Mais là, présentement, elle sentait qu'elle avait besoin d'aide. Ce n'était pas réellement une première, elle avait déjà éprouvé ce sentiment. Mais pour la première fois de sa vie, elle ressentait jusque dans ses tripes le côté vital et primaire de ce besoin. Parce qu'elle était épuisée, qu'elle avait grillé toutes les cartouches en sa possession, et qu'elle se battait contre plus fort qu'elle. Contre une organisation entière, contre un système qui gangrenait tout, contre quelque chose qui la dépassait, aussi. Elle n'était pas comme eux, transmutants et hunters. Elle ne possédait pas leurs armes, et devait même laisser de côté les siennes, habituelles, parce qu'elle y était contrainte et forcée. Pour la première fois de sa vie, elle était victime de chantage, et l'on disposait d'un moyen de pression contre elle. Face à elle, présentement, se tenait l'être qui, en ce bas monde, devait bien partager, quelque part en ce cœur, fut-ce au plus profond de ce dernier, la même nécessité primaire et sauvage, parentale et paternelle, de secourir leur fille, de secourir Willow. Dès lors, il était vital pour Sloane de ne pas s'aliéner Mason, de ne pas le braquer au maximum jusqu'à ce qu'il reparte, fasse demi-tour, ou, pire, qu'il ne prenne le parti de voir en toute cette histoire sa culpabilité à elle, et à elle seule. Elle devait donc se restreindre, faire attention à la façon dont elle abordait les choses, dont elle s'exprimait, dont elle reniait avec lui. D'autant plus que, lui, malgré tout, il n'avait commis aucun acte aussi impardonnable que cette balle tirée en pleine tête de sa mère. A lui, à défaut de pardonner, peut-être pouvait-elle tenter de comprendre, et de s'apaiser, un peu. Et le moins que l'on pouvait dire, c'était qu'elle ne s'y était sans doute pas exactement prise au mieux, jusqu'à maintenant ...
« Je ne sais pas, peut-être que dans cette configuration, tu m'apparaissais plus ... humain. Plus vulnérable, aussi. Et de cette façon, je n'avais pas à directement te regarder droit dans les yeux ... » A sa réponse, elle nota qu'au moins, il se souvenait de son prénom. Observation puérile et stupide s'il en fallait. Bien sûr qu'il se souvenait de son prénom ! Ce n'était pas comme s'il s'était déjà montré irrespectueux avec elle, ou que leur histoire ne s'était résumé qu'à une simple histoire de cul n'ayant duré que le temps de faire la galipette et puis s'en va ! Essayer d'aller voir ailleurs ... « Oh, crois moi, si je pouvais ... » Cela avait sans doute été si facile à faire pour lui, à l'époque. Sloane, elle, n'avait plus exactement la possibilité de succomber à cette option, présentement. Elle baissa les yeux jusqu'au sol, bien malgré elle. Sans doute une ou deux secondes, pas plus, mais le réflexe instinctif avait tout de même été là, et s'était manifesté, bien malgré elle. Sloane faisait face, sans ployer sous l'effort, sans se détourner, sans fuir, c'était bien connu, du moins, jusqu'à récemment. Et Mason, lui, ayant été absent durant cette fameuse période de changements et de transitions, ne pouvait que se souvenir de celle qu'elle avait été, avant. Oh, oui, si elle pouvait ... Mais, justement, elle ne pouvait pas. Quant à continuer à discuter ici ... « Ce commissariat pullule de leur présence, à eux, les Hunters, comme ils s'appellent eux-même. J'en viens même à me demander, parfois, s'ils n'ont pas collé des micros et des mouchoirs espions dans mon bureau. ... J'ai pris du galon tu sais. Je suis inspecteur de police, maintenant. Ils sont censés être sous mes ordres, mais ça ne marche pas comme ça avec eux. » Toujours bras croisés, ses doigts se contractèrent d'eux-même, poings serrés, l'ongle venant dangereusement taquiner la chair de la paume. Sa mâchoire se serra, aussi, alors que son souffle vint comme s'obstruer dans ses voies respiratoires, durant un bref instant. Et puis, elle se décolla du mur, porta une main à son ceinturon, sur la crosse de son arme de service, qu'elle avait sur elle en permanence, droit du grade oblige, le tout en allant vérifier si chaque stalle était vide, si chaque recoin de la pièce était dépourvue de la moindre âme qui vive, à l'exception de celle de Mason et de la sienne. Une fois sûre et certaine qu'ici, il n'y avait qu'eux, elle revint vers lui, s'installant presque à ses côtés, tout en laissant un bon mètre d'écart. « Nous sommes seuls, il n'y a personne d'autre. Et ils n'iraient sûrement pas mettre des micros ici, avec les bruits de chasse d'eau et de ... Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est le lui le plus sûr qui soit, ici, si je veux pouvoir ... Si on veut pouvoir discuter ensembles. » Elle appuya ses mains, vers l'arrière, sur le rebord du lavabo voisin, en penchant la tête légèrement de côté. Son ton s'était nettement moins fait incisif, presque las, fatigué, éreinté. Et elle s'en rendit compte. C'était presque comme si elle lui soufflait le chaud et le froid en plein visage, de quoi le déconcerter, après 12 années de séparation et d'absence. Ce qui la fit réagir. « "Il faut qu'on parle !" La phrase clichée par excellence ! ... Crois le ou non, ça m'est égal ... » ou pas ... « Crois le ou non, mais ton retour est ... Ce n'est pas entièrement une mauvaise chose. Me concernant. »
Dernière édition par Sloane McNally le Sam 12 Déc 2015 - 21:48, édité 1 fois
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Sujet: Re: Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason Mer 9 Déc 2015 - 2:33
this fire won't go out though just a flicker it may be
THIS BURDEN WEIGHS, OUR DEMONS WE MUST CARRY
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i am nothing without pretend, i know my faults. can't live with them. i know my thoughts but i can't hide them. i don't need another friend when most of them i can barely keep up with them. perfectly able to hold my own hand but i still can't kiss my own neck. i wanted yo give you everything but i still stand in awe of superficial things w/sloane mcnally & mason leinster.
La guerre ; il l’avait plus côtoyée que certaines personnes, en connaissait la saveur, l’allure, l’atmosphère pesante et étouffante. Il n’avait que trop souvent cohabité avec celle-ci, lui laissant une voie grande ouverte jusque dans les tréfonds de son âme – Mason n’aurait pas dû, Mason aurait dû s’abstenir, choisir un chemin différent, n’pas se perdre en cours de route. Ne pas partir presque impatiemment, gagné par le désir de donner un sens à sa vie, alors même qu’il n’avait pas encore pris le temps d’évaluer ses forces ou ses faiblesses. Soldat déchainé, il s’était jeté droit dans la gueule du loup, semblable à une cette pathétique brebis en soif de liberté dont certaines histoires parlaient – celle-là même qui finissait irrémédiablement par se faire bouffer entièrement par tous les monstres à l’extérieur de son monde, de ces illusions qui avaient toujours été siennes. Aussi triste ce bilan pouvait-il être, il était indéniable pour quelqu’un comme le Leinster : fut un temps, il avait été cette stupide bestiole arpentant les contours les plus sauvages de l’espèce humaine, s’y croyant apte, mais s’effondrant pernicieusement, patiemment, derrière le voile des apparences confortées par sa fierté. En rentrant à Radcliff, le jeune Mason avait cru pouvoir tourner la page, chasser ses démons et avoir le temps qu’il voulait pour soigner ses blessures – qu’elles aient été physiques ou mentales. Il avait eu tort, et le champ de bataille s’était rappelé à lui à ce moment-là, quand il avait touché une certaine épiphanie, frôlé le paradis du bout des doigts ; ces trucs compliqués qui se pointaient sur un chemin d’existence de manière totalement imprévue : l’amour, la famille, un harmonieux sentiment d’appartenance. Il avait tout eu, pour mieux tout perdre, bien avant de passer la porte de l’appartement minuscule et miteux où ils avaient vécu les uns sur les autres, Sloane, lui et Willow. Et la brune n’avait sûrement jamais pris le temps d’observer, d’évaluer le personnage auquel elle avait affaire : la facilité avec laquelle il pouvait se retrouver à se vautrer au fond de son canapé, pour se morfondre avec une bouteille entre les doigts – la vidant, avant même d’aller se coucher aux heures les plus avancées de la nuit. La façon qu’il avait, d’pouvoir délaisser Willow comme ça, comme si elle n’avait rien signifié, jamais. L’aisance avec laquelle il lui faillait, avait failli en tout ce en quoi il avait cru à une époque – rares étaient les souvenirs qu’il conservait de ses parents, mais aucun de ceux-ci n’étaient joyeux, baignés d’un sentiment de sécurité quelconque, du réconfort de compter d’une quelconque manière. Même avec elle, même avec Sloane, il n’avait que rarement parlé de ses géniteurs, les laissant volontiers de côté aussitôt qu’il s’était fait à l’idée qu’ils n’avaient été que des connards de première, et qu’ils n’avaient jamais mérité ni sa nostalgie, ni ses regrets, ni sa tristesse. Jamais il n’aurait voulu devenir ça, pour qui que ce soit ; ce spectre à l’aura de malheur, ce visage ressortant parmi les souvenirs poussiéreux pour n’être associé qu’à du désarroi. Peut-être était-ce finalement ce qu’il était devenu, par la force des choses – l’temps qui passe et qui exige paiement, l’incompréhension qui se transforme peu à peu en haine vivace. Dans son esprit, c’était toujours mieux que le monstre d’égoïsme et de hargne qu’il avait commencé à devenir, piégé à Radcliff, ses démons chargés sur ses épaules et personne à qui en parler. Sloane avait été la première à lui montrer la lumière, l’importance d’exister, la façon dont deux âmes pouvaient se révéler indispensables l’une à l’autre. Il savait, quelque part, qu’il avait tout brisé – qu’une fois les illusions parfaitement atteintes, parfaitement formées, il les avait faites voler en éclats. Elle le détestait sûrement et c’était bien pour ça qu’il avait espéré de toutes ses tripes qu’elle ne soit pas là.
Et pourtant, elle faisait partie de ces rares – toujours et encore, ces rares visages qui appartenaient à ceux qui s’accrochaient à la vie du Leinster. Y’avait le désert aride et vide de vie, et puis Sloane. Ses souvenirs avec Willow. Quelques autres personnes. Et Letha. Somme toute, on pouvait aisément dire que Mason Leinster n’était pas homme à laisser beaucoup de gens pénétrer dans sa vie, son intimité la plus infime, les tréfonds de ses songes et de ses ressentiments. Comme Sloane des années plus tôt, quand ils s’étaient rencontrés : tous les deux bêtes blessées, ils s’étaient trouvés au fil de leurs errances, s’étaient apprivoisés, avaient léché et pansé les maux de l’un et de l’autre. Elle était irremplaçable, survivant à sa mémoire malgré les kilomètres, malgré les années de silence – il avait facilement jugé que ce serait plus facile, pour elles deux, pour lui – malgré tous les faux-pas qu’il avait commis en les pensant bien faits. A Radcliff, il n’savait plus : aujourd’hui sa ville natale n’était plus qu’un vaste champ de ruines, une étendue de gravats fumants qui symbolisaient à la perfection, les champs de bataille qu’il avait tant fuis en tentant de se reconstruire. La guerre était venue à lui, finalement, et elle avait fait des ravages dans son dos, là où il avait cru pouvoir laisser une terre stérile de tout mal, une fois qu’il ficherait le camp. Des erreurs, il en avait commises dans son existence : putain, c’était comme si sa vie n’était constituée que de ça, de faux pas qu’il venait automatiquement à regretter tout de suite après, ou même avec un peu de temps. C’était toujours un fait immuable ; y’avait rien qu’il regrettait plus pourtant, que l’fait d’avoir laissé Sloane comme ça. D’avoir laissé Willow derrière lui. D’s’être fait bouffer par les monstres dans ses entrailles tout autant que par une lâcheté silencieuse qui lui avait dit que tourner le dos était toujours mieux que de s’accrocher, au risque de tout déchirer en lambeaux. Il n’pouvait s’empêcher de s’dire que ç’avait été le mieux à faire, qu’il n’pouvait pas se permettre d’imaginer qu’il aurait pu rester, faire comme si de rien n’était, et ne pas plonger plus profondément encore dans les abysses. Mais y’aurait sûrement eu de bien meilleures façons de faire les choses. Mais à quoi bon vivre dans l’passé ? Le ressasser encore et encore ? C’était presque devenu un credo pour lui, le besoin qu’il avait eu de tourner la page pour ne surtout pas sombrer, sombrer et encore sombrer – comme une thérapie en soit, même lorsqu’il se mettait à boire quelques verres pour se passer les nerfs, il s’appliquait toujours à trouver une raison présente pour justifier cela, plutôt que les relents d’un jadis qui lui revenaient en pleine gueule. Mais toute conquérante dérangeante qu’elle était, Sloane avait sûrement toutes les raisons d’se pointer ici, de l’mettre aux pieds du mur, quand bien même ce mur-là était celui des chiottes dans lesquelles il avait décidé de prendre une pause on ne peut plus intime. N’importe qui d’autre, et il se serait fait plaisir de l’envoyer valser avec un coup de pied au cul : mais elle avait d’la marge, elle pouvait lui en foutre, des gifles dans la gueule avant qu’ils soient à égalité dans l’échelle des trahisons et des douleurs partagées. Ouais, ç’avait été mieux qu’il disparaisse de sa vie, mais c’n’était pas pour autant qu’elle n’avait pas le droit de lui rendre la pareille, maintenant qu’elle en avait la chance. Au moins, y’avait toujours un brin de bonne-conscience en lui, quelque chose à même d’accepter n’importe quel courroux, si tant est qu’il soit juste et mérité. « Pas b’soin de sortir l’artillerie lourde. J’suis venu faire mon job, et une fois qu’il sera fait, j’repartirai d’ici. Sans faire de vague. Alors t’en fais pas, va. » Il n’se mettrait pas pour autant à la supplier, à pleurer à genoux ou à expliquer ses choix et ses faux-pas : ils n’pouvaient pas réécrire les douze dernières années d’leur vie, et la flic savait déjà qu’il n’était pas revenu pour elle, pour lui faire plaisir ni même pour connaître sa fille.
Il savait trop bien qu’il débarquait onze ans trop tard pour ça, et qu’il n’avait pas l’droit d’exiger quoique ce soit de ce niveau-là – et même, c’n’était pas comme s’il s’estimait, même aujourd’hui, comme la personne la plus équilibrée du monde, le type à même de réclamer sa paternité sur une petite fille qui avait sûrement construit une simili-existence équilibrée. Mais c’était Radcliff qui n’tournait pas rond : irrémédiablement, tout le monde autour de Willow, toutes les rues qui s’étendaient à ses pieds, tous les gens qu’elle croisait quotidiennement. Sa fille avait grandi avec les blablas de Lancaster dans les oreilles, et ça, ça le débectait plus encore que la hargne de Sloane, ses sarcasmes ou les piques dont elle n’devait pas manquer. Jamais il n’se mettrait à sous-estimer des talents de parent de la jeune femme – qui lui en donnerait le droit de toute manière ? – c’n’était pas pour autant que Radcliff se révélait un tant soit peu être un environnement saint pour Willow. Ou pour n’importe qui. Surtout un transmutant. Et considérant ce qu’il était… eh bien, disons que Mason avait profité des heures de trajet à venir jusqu’ici, pour faire le calcul dans sa tête – à cause de lui, y’avait de fortes chances que leur fille soit une transmutante - une dégénérée comme ils le disaient si bien, si aisément dans cette ville, comme si c’n’était pas un terme hautement dégradant en soit. Et Sloane connaissait le terrain, Sloane parlait comme si elle avait déjà pris le temps d’analyser chacun de ses collègues, leur façon de penser et leurs intentions – en effet, les chiottes c’était sûrement le meilleur endroit (avec, peut-être le placard à balais) pour avoir une discussion un tant soit peu libre dans ce bâtiment. Et encore, n’importe qui pouvait passer la porte à n’importe quel moment : et la méfiance qui régnait partout autour, dans l’air, dans les regards que tous s’échangeaient, n’aidait en rien. « J’parierais qu’ils ont même pas besoin de mettre des mouchards ici. Le mec qui passe la serpillère doit bosser pour eux, ou quelque-chose comme ça. » marmonna-t-il, dans une expression claire et nette de toutes les idées qu’il s’était déjà faites sur la petite ville du Kentucky qu’il avait tant connue, à une autre époque. Au fond, à part mener campagne – une lutte excessive – contre les dégénérés, Lancaster ne faisait rien ; rien pour la ville, rien pour ses habitants. Sûrement rien pour l’école dans laquelle Willow allait, et rien pour le poste de police qui tombait quasiment en ruines et manquait cruellement de moyens. Une excellente tactique pour garder un contrôle sur tout : n’surtout pas donner de meilleures façons de s’informer pour tous ceux qui voudraient rassembler des éléments contre le maire de la ville. Heureusement, pour l’heure en tout cas, Mason et Letha survivaient encore grâce au soutien de Washington, l’argent qu’ils mettaient en jeu pour leur permettre d’agir, les méthodes d’informations dont ils disposaient et ainsi de suite. Si Sloane s’était laissée aller jusqu’au lavabo, il aurait pu s’appuyer contre celui qui avoisinait son lieu de stationnement : il n’en fit rien, arpentant quelques pas jusqu’au mur qu’elle avait quitté il y a peu, contre un pan relativement proche de l’endroit où elle se trouvait – de quoi avoir une conversation somme toute discrète, mais pas de quoi les rapprocher trop sensiblement, comme si y’avait encore de quoi prendre des pincettes. Avec ça comme avec tout le reste, ici à Radcliff. « Qu’est-c’qu’y va pas Sloane ? » finit-il par lâcher, ses bras croisés et son visage trahissant une certaine inquiétude – sourcils froncés, facies fermé comme s’il cherchait à l’analyser. Même après douze ans, il n’avait pas vraiment b’soin de trop se forcer, de trop chercher : elle restait un livre ouvert pour lui. Et pour que Sloane considère que c’n’était pas une si mauvaise chose qu’il soit revenu, l’Apocalypse devait se préparer partout autour d’eux. « Si tu veux, j’peux le dire – faut qu’on parle, on peut pas faire comme si on se connaissait pas de toute manière. Et crois-moi, t’es vraiment pas discrète pour cacher quand t’es contrariée par quelque chose. » plus une remarque, une façon de relever des petits détails trompeurs qu’un véritable reproche – sa haine, sa hargne et ses reproches, il les réservait à beaucoup de gens ; tous n’se trouvaient pas là, ils étaient à l’extérieur de cette pièce, gravitaient un peu partout à proximité comme des parasites, mais n’ressemblaient en rien à Sloane, à cette présence, la saveur d’antan, mélangée à l’amertume des temps présents, et des réalités de c’qu’ils étaient, douze ans plus tard, parfaitement adultes et conscients de tout ce qui se jouait sous leurs pas.
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Sujet: Re: Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason Mar 15 Déc 2015 - 1:19
There was only them & their disgrace
Wolf mother, where you been ? You look so worn, so thin. You're a taker, devil's maker, let them hear you sing. Wolf father, at the door, you don't smile anymore. You're a drifter, shapeshifter, let them see you run. Where the sun would set, trees were dead and the rivers were none. And there was no sound, but only them. Only them and their disgrace ...
Dans ses bras à lui, elle s'était sentie en sécurité. Elle avait cessé d'enchaîner les nuits passées à ne pas pouvoir réellement récupérer. Les nuits traquées encore et encore jusqu'à trouver le sommeil, à force d'insomnies et d'angoisses et de stress juste avant de dormir. Elle n'était sans doute jamais parvenue à s'endormir naturellement jusqu'à ce qu'elle le rencontre. Plus jeune, elle avait besoin de s'épuiser au sport pour pouvoir s'écrouler de sommeil dès la tête posée sur l'oreiller. Avec lui, cela s'était fait naturellement. Pas besoin pour elle d'employer des techniques, de duper son propre corps, et de produire des artifices pour que Morphée l'accueille en ses bras. A ses yeux, cela voulait tout dire. Même si tous deux avaient fini droit dans le mur, plus parce que lui avait lâché le volant et avait sauté hors de l'habitacle de la voiture que parce qu'ils étaient d'irresponsables chauffards, et bien Sloane se disait qu'elle n'avait pas commis d'erreur en voyant en lui quelqu'un de différent, quelqu'un d'à part. Du moins raisonnait-elle ainsi, aujourd'hui. Parce qu'entre temps, elle s'en était posée des questions, encore et encore. Elle avait sans doute tout remis en cause, et tout remis en doute, le concernant, parfois puérilement, parfois stupidement. Elle n'était pas foncièrement quelqu'un d'injuste et les exagérations n'étaient pas vraiment de mises chez elle. Mais sans doute avait-elle été un peu loin en le plaçant provisoirement dans certaines catégories avant de l'en retirer vite fait, tout comme elle avait sans doute déraillé un peu en montant de toutes pièces certaines théories censées expliquer ce qui avait fini par se produire entre eux. Mais elle avait eu besoin de réponses, et puisqu'il n'était plus là pour lui en fournir, et que, elle, en n'ayant rien vu venir, ne pouvait pas exactement rassembler toutes les pièces du puzzle, elle avait fait avec les moyens du bord. Les moyens du désespoir, aussi. Elle aurait pu laisser couler, ou pas. Ou pas, parce qu'il n'avait pas s'agit d'une amourette à ses yeux. Cela n'avait pas été juste trois fois rien, et pas seulement parce qu'il y avait eu une naissance à la clef, celle de Willow. 5 ans ensembles, ce n'était pas rien, quand même. Elle avait commencé une vraie vie d'adulte, avec lui. Elle avait débuté sa vie professionnelle avec lui. Avait fait de grands pas vers l'inconnu à son bras, même si il ne l'avait tout de même pas cueillie fraîche jeune femme insouciante, naïve, et avec des rêves utopiques plein la tête, bien au contraire. Elle ne pouvait finalement pas remettre en cause le fait qu'il avait ressenti quelque chose pour elle à un moment donné, parce qu'elle savait qu'il n'était pas de ceux qui s'éternisent là où il n'y a aucun sentiment réciproque. Se faire chier et tomber dans une existence ne l'attirant pas et ne lui convenant pas, non, ce n'était pas du Mason tout craché, selon Sloane. Elle avait dû aller de l'avant, par nécessité et par obligation. Par orgueil et amour propre pour elle-même, d'abord. Parce que se morfondre et se faire plaindre, ce n'était pas son genre. Pas plus que de rester à terre sans se relever, ou d'accepter de reconnaître publiquement qu'elle s'était prise un bon uppercut et qu'elle était en situation d'échec total. Et puis, il y avait eu Willow à faire entrer dans l'équation, et lui offrir, en plus d'un père porté disparu, une mère irresponsable, incapable de se prendre en main et d'assurer, cela aurait juste été la planter droit dans le mur, elle aussi. Sloane avait fait un travail sur elle-même, en quelque sorte, sans accepter de tout prendre sur elle, de tout mettre dans le même panier, de se blâmer elle et elle seule. Sauf que l'édifice partait en miettes, chaque jour qui s'écoulait, inexorablement. Si la façade extérieure devait encore bien sauver les apparences, preuve en était qu'on ne l'assaillait pas de questions pour savoir comment elle allait, en prenant un air inquiet et vraiment préoccupé, ce qu'il y avait derrière en revanche ne payait plus autant de mine qu'avant, loin de là. Les Hunters, eux, devaient bien se douter que tout n'allait plus aussi bien qu'avant, pour elle, sauf qu'elle n'en avait strictement rien à f*tre de ce qu'ils pensaient d'elle, et n'en avait pas plus à leur accorder concernant le fait de se savoir démasquée, à leurs yeux.
« Qui ne travaille pas pour eux, ici ? Cette ville est gangrenée de leur présence, jusqu'à la moelle ... Plus sérieusement, ils ont viré la fille qui faisait le ménage ici, avant. Le type qui la remplace est muet, je crois. Mais pas sourd. »
Sloane ne le réalisait que maintenant, mais pas un instant elle n'avait pensé au fait que, peut-être, Mason pourrait être de leur côté, à eux. Certes, il débarquait tout juste de nouveau ici, mais cela ne sous-entendait en rien qu'il était totalement neutre. Des Hunters, il en vient de partout, ces derniers temps. Comme dans la savane, quand les carcasses s'amoncellent, les charognards rappliquent tous ... Et même s'il était comme eux, même s'il était dans leur camp, ça ferait quoi ? Il pourrait bien la balancer sur ce qu'elle allait dire, mais dans le fond, elle n'avait presque plus rien à perdre, si ce n'était son boulot, et le droit de pouvoir continuer à voir sa fille. Un petit quelque chose en elle la convainquait brusquement que, même s'il était Hunter, il ne ferait rien que la menace de la présence de leur fille dans sa vie, n'est-ce pas ? Et puis, ce n'était pas exactement comme s'il pouvait la tenir responsable d'avoir refilé le gène X à Willow : Sloane avait fait les tests, elle était clean. Et elle se laissait encore plus aller en arrière. Elle se laissait encore plus aller en arrière, mains appuyées sur le lavabo, sa tête s'approchant un peu plus de ce miroir auquel elle tournait le dos en faisant face à Mason, dans cette positions. Elle se laissait encore plus aller en arrière face à sa question. Qu'est-ce qui n'allait pas, c'est ça ? Peut-être serait-il plus aisé de commencer par ce qui allait, la liste serait très courte. Pour ainsi dire, Sloane n'était même pas sûre de pouvoir la compléter décemment. Et cela ne lui ressemblait pas. D'être défaitiste, de broyer du noir, de voir les choses sous l'angle négatif et sombre. Ce n'était pas son genre non plus de se coucher devant des ordres de corruption et de délit de justice, et pourtant, elle le faisait. Elle n'était plus réellement elle-même, ne savait pas où elle en était, et était même surtout complètement paumée, défaite, angoissée, coupable, tout ça tout ça ... Et finalement, elle se retournait, s'observant elle-même dans le miroir, fuyant brusquement ce regard qui était le sien, à lui, ne cherchant pas même à capter son reflet à lui dans la surface réfléchissante. Fuir son regard, ça n'avait jamais été non plus elle, ça. Sloane ne fuyait pas les gens, elle les affrontait, parce qu'elle était censée ne pas avoir peur d'eux, de leur jugement, de ce qu'ils pouvaient bien penser d'elle. Mais ça aussi, c'était visiblement tomber aux oubliettes, à moins que ça n'ait plutôt été piétiné. Mais c'était Lui, merde. Lui, il ne l'avait jamais jugée, ni même critiquée, du moins, pas vraiment, même s'il avait dû se dire qu'elle était un peu con d'avoir essayé maladroitement de le retenir de partir, de fuir, le résultat final étant quand même qu'il avait fini par réussir à faire ce qu'il avait décidé, la laissant comme un rond de flan, dans l'incompréhension totale. Elle pouvait bien le regarder en face, non ? Il n'allait pas la bouffer. Enfin, si, peut-être ? ... Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Mais elle lui devait au moins la vérité en face à face, comme toujours, non ? Quoi qu'elle avait après tout engager la conversation en le prenant en traître ... Elle se retourne, tête baissée, en soupirant, pour se donner le temps de réfléchir, de trouver par où commencer. Mais tout se bouscule, et tout semble si intimement lié, qu'il est soudainement bien complexe pour elle de trouver le bon bout afin de bien dérouler la bobine de fil. Elle se redresse un peu, son arme de service tapant doucement contre l'émail du lavabo, alors qu'elle relève la tête, et ouvre de nouveau les yeux.
« Je n'ai jamais réussi à rien te cacher, à toi, parce que je n'en avais ni besoin ni envie. Tu me connaissais de toute façon trop bien pour te laisser duper, j'imagine ... Et puis ... Et puis, ici, personne n'a le moindre doute sur le fait que ce que je suis contrainte de faire me déplaît. ... Ce qui va pas, Mason ? ... Ce qui va pas, c'est que je perds pieds, que ma vie est un immense bordel ! » Elle n'a pas crier, alors que l'une de ses mains ramène anxieusement une partie de ses cheveux en arrière, en partant du front. Elle n'a pas crier, mais il y a l'énergie du désespoir dans ses paroles. « C'est la merde Mason ... Et ... Et j'suis paumée. Je fais n'importe quoi, et j'aimerais réellement réussir à me persuader à 100% que j'ai pas d'autre choix, mais on a toujours le choix, n'est-ce pas, et une partie de moi peut pas s'empêcher de s'en rappeler. Et ça complique encore plus tout ... »
Elle quitte son appui, pour assumer. Pour assumer de réussir à se tenir debout, seule, sans appui, malgré tout, même si ses jambes perdent un peu de leur force en faisant un, deux, trois pas en sa direction, et en maintenant un écart qu'il semble désirer. De toute façon, elle se voit mal lui sauter au cou, ou se plaquer contre son torse en chialant. Y a des limites à la connerie, et au changement radical de caractère venant de sa part, quand même. De toute façon, être proche de lui, physiquement, ce serait du 50/50 : impossible de lui mentir, de fuir son jugement, et en même temps, la possibilité de savoir qu'il n'irait nulle part, qu'il l'écoutait à 100%. Elle ne croise pas les bras sur sa poitrine, pour ne pas se renfermer sur elle-même, mais cela la démange un peu. Réflexe de survie et de protection, sans doute. Ses mains se joignent alors anxieusement ensembles.
« Après que tu nous ais ab... après que tu sois parti, je me suis retrouvée seule. Seule pour poursuivre ma vie, et pour élever Willow, aussi, seule, parce que tu te doutes bien que j'ai pas eu plus de soutien de la part de qui que ce soit comparé à avant, quand on n'était pas ensembles ... Willow a été ... Willow a été une merveilleuse petite fille, pleine de choix, de vie, de peps. Un rayon de soleil. La chose la plus précieuse en mon monde. Mais je ne te cache pas que ça a été épuisant, mais tout ce que j'avais, tout ce que j'ai fais, ça a été pour elle. Pour lui offrir un avenir, une enfance que je n'avais pas eu, qu'on n'avait tous les deux pas eu d'ailleurs. J'étais sa seule famille, et je devais compenser ton départ et la perte de mon père, à si peu de temps d'intervalle. Pour ne pas faire d'elle ce que j'étais devenue, une orpheline. Je n'avais qu'à la regarder, qu'à la voir, même si elle te ressemblait physiquement bien plus qu'à moi, et j'étais envahie d'une force et ... Je l'aime. Je l'aime plus que tout, c'est mon joyau, mon bébé ... Et quand ... » Quand le gène X s'est réveillé chez Willow ... Sa gorge se serre un instant. Okay, elle n'y arriverait pas, pas comme ça, en retardant l'issue fatidique en lui racontant tout de A à Z. Il fallait faire plus direct, pour qu'il l'écoute, et ne parte pas dans des hypothèses histoire de direct aller à la ligne finale, lassé de son brouhaha et de ses digressions. « On m'a pris Willow Mason. Je l'ai perdu, on me l'a arrachée des bras sans que je réalise ce qui se passait réellement. J'ai cru que ... J'ai cru que je faisais ce qu'il fallait, mais j'ai signé un pacte avec le Diable. Ou avec Alexander Callahan, mais c'est pareil. Et j'en paie le prix chaque jour un peu plus, pour elle. Pour qu'il ne lui arrive rien, pour qu'elle ... Pour qu'elle soit épargnée ... Voilà ce qui ne va pas Mason, j'ai échoué, j'ai merdé, j'ai ... J'ai trahi Willow ... »
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Sujet: Re: Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason Lun 11 Jan 2016 - 1:03
this fire won't go out though just a flicker it may be
THIS BURDEN WEIGHS, OUR DEMONS WE MUST CARRY
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i am nothing without pretend, i know my faults. can't live with them. i know my thoughts but i can't hide them. i don't need another friend when most of them i can barely keep up with them. perfectly able to hold my own hand but i still can't kiss my own neck. i wanted yo give you everything but i still stand in awe of superficial things w/sloane mcnally & mason leinster.
Regarder en arrière, ça n’avait jamais été son truc : comme un instinct d’survie incrusté dans sa mémoire depuis les débuts de son existence. Se lamenter sur les épreuves d’sa vie, aurait irrémédiablement détruit Mason avant même qu’il n’ait atteint l’âge de profiter de son futur : quels parents abandonnaient leur gosse sur les bras de laborantins étranges sous prétexte qu’ils étaient incapables de comprendre ce qui pouvait bien se passer avec leur progéniture ? C’était ça qui avait été l’élément premier d’l’existence du Leinster : encore aujourd’hui, le nom qu’il portait le rimait à rien, rien d’autre que c’patronyme dont on l’avait affublé à la naissance, la base d’une identité que les autres connaissaient, sans jamais rien savoir sur ce qu’il pouvait signifier, ou c’qui se pouvait se cacher derrière les apparences. Leinster – il s’était mal vu le prêter à qui que ce soit, le donner à des enfants qu’il aurait lui-même : dès trop jeune, le transmutant avait affronté la vie comme personne d’autre, et avait dû faire avec. Faire avec – avec sa décision de s’engager dans l’armée, et l’avalanche de conséquences que cela avait amené sur sa vie. Faire avec les images qu’il avait rapportées d’ici et d’ailleurs, des visions cauchemardesques d’autres territoires déchirés par la guerre – bien d’autres malheurs, manifestement, qu’ceux qu’il avait lui-même connus dans sa petite ville natale qu’avait été Radcliff. Combien de fois le jeune homme avait-il essayé d’voir les choses ainsi, de positiver sur le monde qui gravitait autour de lui, avant d’se rappeler pourquoi il était là, c’qu’y pouvait se passer ici et ailleurs. Finalement, sûrement que son autrefois l’avait plus façonné qu’il n’était prêt à l’admettre : tout c’que l’agent qu’il était aujourd’hui, avait réussi à accomplir, ç’avait été s’construire une simili-existence sur les cendres de tout c’qu’il avait lui-même détruit, les choses qu’il avait laissées derrière lui en espérant qu’elles s’porteraient mieux comme ça. Ou bien, tout simplement ; on n’lui avait jamais véritablement fait comprendre qu’il pouvait avoir un quelconque bon impact dans la vie d’quelqu’un après tout – personne, jamais ; pas avant Sloane du moins. Qu’est-c’qu’y avait fait qu’ils s’étaient trouvés, naturellement, tous deux errants égarés sur le chemin de la vie ? Elle aussi, trainait ses boulets d’existence, ses secrets honteux, les histoires ténébreuses d’une famille déchirée, défaite, au cœur d’laquelle elle s’était retrouvée sans le vouloir. Tous les deux, ils avaient partagé quelques petits éléments de ce qu’ils étaient, ils s’étaient acceptés, acclimatés, adaptés, apprivoisés. Aimés. Il n’pouvait pas le contester, il n’pouvait pas le nier ; Mason n’en avait jamais eu aucune envie, quand bien même ç’avait sûrement été l’sentiment qu’il avait laissé comme ça, éparse, trainant dans son sillage alors qu’il faisait son chemin hors de Radcliff. Hors de tout ce qu’il avait toujours connu, ce paysage du Kentucky avec ces mêmes visages, ces mêmes impressions, le lourd sentiment de malédiction planant ici et là : après tout, sûrement n’aurait-il jamais dû remettre les pieds dans c’t’endroit aussitôt avait-il laissé l’armée derrière lui, sa blessure au genou encore lancinante et handicapante. Il n’aurait jamais rencontré la brune ; il n’lui aurait jamais brisé l’cœur, trahi l’âme ou il n’savait quoi encore – car au fond, il avait encore aujourd’hui du mal à imaginer c’que ça avait pu faire, qu’il sorte de la vie de la jeune femme alors même qu’il avait toujours été si dispensable à la vie des autres. Les autres l’avaient été aussi ; mais pas Sloane – elle avait été une exception, peut-être était-ce ça, la différence.
Faire comme si l’passé n’avait jamais eu d’empreinte sur lui alors, avait été le domaine dans lequel il avait tant excellé : Mason, toujours traçant sa route droit devant, prompt à rencontrer de nouvelles personnes, à sympathiser avec celles-ci, le sourire accroché aux lèvres, l’allure polie. C’avait été tout lui, à Washingon – et guère plus ; parce qu’au fond, qui savait là-bas d’où venait le jeune Leinster fraichement débarqué pour entrer dans les rangs du FBI à l’âge de vingt-six ans ? Y’avait ses supérieurs évidemment, qui avaient maintes fois analysé son expérience exemplaire à l’armée. L’avaient interrogé sur sa famille, et avaient souvent posé des questions au sujet de sa transmutation. Mais Letha… Letha, ç’avait été différent – presque comme s’il n’y avait jamais eu de vérité autre que celles offertes par la surface des choses, entre eux ; pourtant, il en avait sues, des choses sur elle – la tragique histoire qui l’entourait elle, au sujet d’son mari et de sa famille. Mason avait même réussi à faire preuve de bien peu d’empathie à l’égard de la rousse désespérée accrochée au souvenir de son mariage et de sa famille, des années plus tard. Mais elle – il n’lui avait jamais vraiment rien confié, certainement pas toutes ces histoires qui entouraient le périmètre de Radcliff, englobaient les années passées ici-bas – celles-là même qu’il avait été tant déterminé à laisser derrière lui. Sloane, Willow, les recherches sur sa mutation, l’armée, la guerre. La guerre était pourtant partout désormais dans sa ville natale : lui qui n’aurait jamais imaginé un endroit comme celui-ci être gangréné de la sorte par les conflits, il s’retrouvait une énième fois à être un soldat au beau milieu d’un champ de bataille. Lui non seulement, mais aussi Letha. Et Sloane. Et tous les gens qu’il avait pu connaître autrefois : à chaque fois qu’il croisait quelqu’un, il y avait à nouveau ce réflexe qui revenait s’incruster dans ses chairs – un instinct de survie – lui dictant d’toujours s’interroger sur son camp, ses motivations, ses ambitions, ses envies. Son passé ; toujours l’passé et sa marque indélébile sur l’âme. « Tu sais, j’me suis toujours dit que cette ville était remplie de connards. Mais à c’point… au point d’laisser un type comme Lancaster prendre les rênes du pouvoir ici ? » la question était rhétorique somme toute, emplie d’une ironie vibrant à chaque mot qu’il prononçait : clairement, dans toute son existence, le Leinster n’avait jamais eu la moindre patience pour la politique, la politesse à l’égard des autorités, ces trucs là qu’il avait toujours jugé parfaitement inutiles et obsolètes. C’était à peine s’il s’était déjà rendu à l’hôtel de la ville pour voter – mais Radcliff était aujourd’hui tombée bien plus bas que tout c’qu’il aurait pu imaginer. Car ouais, bien contre son gré, demeurait un certain attachement en lui, à l’égard de c’t’endroit maudit – ces rues où il avait grandi, ces visages qui lui semblaient vaguement familiers, le croisement de ces artères qui débouchaient sur ce magasin en particulier. Il aurait voulu passer la frontière et n’plus rien reconnaître, n’plus rien ressentir – pourtant, ç’avait été tout l’inverse. Il avait fui Sloane et ses erreurs à l’égard de la jeune femme. Il avait fui Willow et la simple idée qu’il avait laissé sa fille, douze ans plus tôt, à grandir sans père. Il avait soigneusement évité la rue où ils s’étaient acheté tous les deux, leur premier appartement. Même la Castellanos, il l’aurait volontiers laissée d’côté, si son job ne lui avait pas exigé de travailler avec elle. Ouais, définitivement, contrairement à tout c’qu’il croyait, tout c’qu’il voulait, Mason était d’ceux qui fuyaient leur passé plus volontiers qu’ils ne l’affrontaient. Qu’il en soit ainsi : quelque part, le transmutant portait déjà en lui l’impression qu’être ici, ferait tourner la roue du destin, et qu’il s’prendrait en pleine face les conséquences de ses actes. Sloane, ici, maintenant, furieuse et rancunière, n’était que la surface de l’iceberg : qu’est-c’qu’il se passerait si Willow apprenait sa venue en ville et décidait de le rencontrer ? Et pour quoi ? Lui cracher sa haine à la figure et lui dire qu’elle préférait vivre sans père ? Le pousser à assumer un rôle qu’il avait lâchement déserté depuis trop longtemps déjà ? Ugh, soudainement, l’envie de quitter cette minuscule pièce se fit oppressante ; il avait besoin d’un café, ou d’une aspirine. Ou des deux combinés.
Mais il lui d’vait bien ça, à Sloane, de rester ; rester ici dans ces chiottes où elle l’avait coincé, ou ici à dévisager les traces évidentes du temps qui avait passé, de son absence et de la solitude qui s’imprégnait partout sur le faciès de la brune. Car derrière les couches de hargne, de colère, de culpabilité, d’ils n’savaient quoi, il y avait probablement l’même bilan pour l’un comme pour l’autre. En claquant la porte entre lui et elle, Mason les avait condamnés tous les deux à une certaine part de solitude. Non pas qu’ils soient des âmes sœurs vouées à s’retrouver et à n’pouvoir aimer personne d’autre que l’autre – il n’voyait pas les choses comme ça, n’les avait jamais vues comme ça, pas même à travers les prunelles de la jeune femme. Mais parce qu’ils s’comprenaient, s’étaient toujours compris, lus, analysés en quelques œillades franches et honnêtes. Parce que quoiqu’il arrive, la génétique leur avait créé une fille qu’ils partageaient, cinquante/cinquante, peu importaient les lois d’la société. « J-j’vois pas d’quoi tu parles, Sloane. » qu’il marmonna pourtant, circonspect, alors qu’elle balbutiait des paroles dont il était bien incapable de comprendre le sens – certainement n’était-ce là qu’un moyen pour la brune de déverser sa rage et son impuissance, certes, mais c’n’était ni les années, ni la distance, qui rendaient Mason incapable de trouver de quoi lui répondre. C’était elle, elle qui tournait autour du pot, ou s’parlait plus à elle-même qu’à lui, comme face à un miroir qui reflétait un trop vieux visage. Mais elle enchaina bien vite, sortant de force le transmutant de ce simple état de stase qui lui avait permis de juste observer les dégâts : les mots, les mots que Sloane lâcha comme ça, en un torrent d’informations, eurent pourtant l’effet de réveiller tous ses instincts. Il aurait pu passer une éternité à être extérieur à tout ça, à simplement regarder le visage de son interlocutrice au souvenir du bon vieux temps, persuadé qu’il la connaissait encore par cœur, et qu’elle le connaissait aussi encore, malgré tout. Mais à ses tempes, ne résonnaient plus les litanies d’antan, surtout les mots de Sloane, leur impact disgracieux, et le sang battant contre ses tempes. Sans s’en rendre compte, Mason s’était redressé, abandonnant lui aussi le lavabo glacial, ou le pan de mur, ou le coin de monde – il n’savait même plus – contre lequel il avait été appuyé, jusque-là. « Qu’est-c’que tu veux dire, t’as perdu Willow ?! » la détresse de la jeune femme, les doutes tyranniques qui affaissaient son visage, il ignorait tout, mû par chacune des pulsations rageuses de son cœur contre ses côtes. « J’veux dire, quoi, hein, tu l’avais mise dans un tas d’chaussettes et le lendemain tu la trouvais plus ?! C’est quoi cette histoire ? » l’envie avait été là, un instinct plus qu’autre chose, de crier pour supplanter le brouhaha d’explosions qui se provoquaient les unes les autres dans son cerveau. Callahan – le patronyme tomba comme une pierre de plomb au fond d’un océan abyssal. « Quoi, quoi avec Callahan hein ? Merde Sloane, j’suis allé voir le type y’a même pas quelques heures et toi tu viens m’balancer des histoires sans sens. Quoi Callahan et quoi Willow hein ?! » oui oui, sûrement qu’ça l’impatientait, et que la sympathie d’antan s’était envolée au profit d’un Mason bien moins abordable. L’instinct gagnait, la protestation de ses tripes, parce que subitement, plus rien n’faisait écho à la réalité et plutôt que de fuir celle-ci, il voulait foncer droit dedans. « Arrête de parler avec des putains d’énigmes ! Qu’est-c’que t’as fait avec Callahan, et elle est où Willow ? » ses prunelles étaient déterminées, accrochées au faciès de son interlocutrice, le sondant à la recherche d’une réponse qu’elle n’lui fournissait pas. Il n’ne avait sûrement pas l’droit, d’exiger tant, de gueuler avec tant de hargne – tant pis, il le faisait malgré tout. « J’peux… j’peux pas faire ça, Sloane. » souffla-t-il finalement, accrochant ses deux mains à sa nuque tandis que déjà, il se mettait à faire les cent pas dans la petite pièce où ils se trouvaient. « J’suis venu pour faire un job, ici, moi. J’suis certainement pas v’nu de bon cœur. Et j’apprends quoi ? Qu’t’as mêlé notre fille à des gens comme Callahan ?! J’veux dire, qu’est c’qu’y peut BIEN justifier ça, hein ?! » c’n’était même pas se réclamer une légitimité, adresser une critique sur les talents de parent de Sloane – c’était remettre en question ses instincts, c’qu’elle était dans ses fondements. Callahan était une ordure du premier ordre, un hunter – voilà avec quoi elle avait pactisé, comme ça, sans crier gare. L’ennemi pouvait revêtir bien des visages, c’était vrai, une expérience de guerre qu’il aurait dû garder à l’esprit, pour sûr.
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Sujet: Re: Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason Lun 25 Jan 2016 - 0:34
There was only them & their disgrace
Wolf mother, where you been ? You look so worn, so thin. You're a taker, devil's maker, let them hear you sing. Wolf father, at the door, you don't smile anymore. You're a drifter, shapeshifter, let them see you run. Where the sun would set, trees were dead and the rivers were none. And there was no sound, but only them. Only them and their disgrace ...
Rejeter toutes les fautes sur autrui, c'était lâche. C'était d'ailleurs non seulement lâche mais aussi trop facile. Se dédouaner perpétuellement revenait à dire que l'on était dénué de capacité de raisonner et d'agir par soi même, qu'on laissait éternellement les autres faire les choix pour nous, décider de ce qui serait et de ce qui ne serait pas. Tout assumer, à l'opposé, ne devait guère être mieux. On s'érigeait alors en martyr, alors évidemment, on n'avait de cesse de s'en prendre plein la gueule. De chuter encore et encore, de ne jamais réellement se relever. Sloane avait refusé de choisir entre l'un et l'autre, mais elle n'y avait jamais non plus songé. Elle avait fait comme la grande majorité, elle avait assumé ses erreurs et en avait rejeté quelques unes sur les autres, tout en ne manquant pas de comprendre que certaines erreurs ne lui incombaient pas personnellement, et ce bien qu'elle doive en assumer les conséquences. Pour simple exemple, ce n'était pas elle qui avait choisi de venir vivre ici, à Radcliff, au delà de toute logique d'instinct de survie et de santé mentale. Elle vivait en ces lieux depuis qu'elle était née. C'était là que sa mère avait accouché, là, aussi, qu'elle avait été abattu. Inola, qui avait de nombreuses fois voyagé, de par de nombreuses obligations éprouvées par sa propre mère, veuve de guerre, comme on dit, avait donc finit par s'échouer là. Là où elle n'avait pas connu le bonheur immense, mais là où elle n'avait pas non plus été des plus malheureuses, du moins jusqu'à ce qu'elle rencontre un sombre crétin qui avait fini par la tuer. Quant à Cassidy, le père de Sloane ... Disons que la naissance de sa fille ne l'avait pas poussé à s'établir à Radcliff. Sa gloire à lui avait été à New York, où il avait lui aussi fini par perdre la vie. D'une certaine façon, Sloane pouvait considérer que ses deux parents avaient été assassinés. Inola par un petit-ami jaloux, possessif, brutal, violent et déraisonnable. Cassidy par des Islamistes intégristes et terroristes qui avaient défoncés les deux tours jumelles avec des avions. La jeune femme n'en faisait pas étalage. C'était suffisamment tragique comme cela. Et puis, exploiter le malheur des gens, cela n'avait jamais été sa tasse de thé, alors, exploiter son propre malheur à elle, pensez donc ... Elle avait reçu les honneurs de la nation, lorsque son père, porté disparu pendant de très très longs mois, avait fini par être déclaré décédé. Oui, elle avait reçu les condoléances de la ville de New York, elle avait eu le droit à l'Amazing Grace des cornemuses. Mais cela ne lui avait pas ramené son père, tout comme cela n'avait jamais ramené personne, d'ailleurs. Sans réellement l'avouer, Sloane s'était toujours sentie dans l'incertitude quand à savoir de quel parent elle avait été la plus proche. Sa mère et son père ne lui avaient jamais mené la vie dure, bien au contraire, mais ils n'avaient jamais été des parents conventionnels. Peut-être parce qu'elle n'était que l'exemple de ce qui pouvait advenir lorsque, bourrés de chez bourrés, à une fête, dans ce cas précis à Noël, vous copulez sans protection ni contraceptif ... Sa mère n'avait pas eu la vie plus aisée qui soit, ayant elle aussi perdu son père. Quant à Cassidy ... Il avait bravé la mort des centaines de fois avant de la trouver dans l'exercice de ses fonctions. Peut-être qu'il y avait une fin préférable à une autre. Sloane n'y avait jamais songé : la mort était la mort, et elle s'était retrouvée orpheline. Dans des circonstances telles que celles-ci, sans doute aurait-elle dû se barrer de Radcliff. Elle y avait pensé, plusieurs fois, durant son adolescence, jusqu'à ce qu'elle rencontre Mason. Puisqu'il vivait ici, lui aussi, elle n'avait plus pensé à ça, à partir. Et quand il était parti, elle était restée, trop déboussolée, les premiers temps. Elle avait été seule, ici, à quelques exceptions près. Le monde alentour n'aurait donc pas représenté un grand changement, alors, à quoi bon ? Et puis, ensuite, quand elle avait un peu recouvré ses esprits, elle avait dû s'occuper de Willow, et, bien trop vite, elle s'était retrouvée prise au piège. Partir était à présent hors de questions, en tout cas, tant que sa fille était à la merci de Callahan, elle ne pourrait que continuer à demeurer ici. Les espoirs d'une vie meilleure, ailleurs, devait donc attendre. Et il n'était pas temps de faire le bilan pour savoir de qui était-ce majoritairement la faute que Sloane soit encore coincée dans ce cloaque. Il ne serait sans doute jamais temps de faire ce bilan, nombre des protagonistes n'étant plus de ce monde et ne pouvant donc plus se défendre. Quant aux autres, ceux qui étaient encore en vie, leur destinée était encore en action, et on ne juge pas le travail inachevé, n'est-ce pas ?
« Je n'avais pas voté pour lui. Mais la démocratie, c'est comme le poker : on est plus souvent perdant que gagnant, surtout quand on est entourés par une belle bande de cons ... Et je n'étais qu'inspectrice de police. A mon niveau, j'ai fais tout ce que je pouvais, dans ma condition. J'avais juste la majorité de la population et bon nombre de mes collègues contre moi, en fait ... » Mais elle avait tout de même voté. Juste pas pour Lancaster, quoi. Voter était un droit, mais Sloane percevait également ça comme un devoir, étant donné que toutes les femmes et tous les hommes sur cette terre n'avaient pas cette chance. Le seul souci, c'était que certains utilisaient visiblement leur droit de vote pour voter avec leurs pieds ...
Et peut-être aussi que Sloane s'y prenait avec les pieds pour dialoguer avec Mason. Après tout, en sa faveur, ce n'était pas comme s'il s'agissait du sujet le plus facile à aborder, ou comme si elle n'avait pas perdu l'habitude de tout partager de ses emmerdes et de ses préoccupations avec qui que ce soit. Ou encore avec Mason. Pourtant, elle n'avait jamais éprouvé de difficultés à se livrer à lui, à cœur ouvert, du temps où ils étaient ensembles. Sans passer son temps à se plaindre, elle avait tout de même voulu se montrer à nue, face à lui, avec ses failles et ses faiblesses, pour la première fois persuadée qu'il ne lui arriverait rien, qu'avec lui, elle était en sécurité. D'une certaine façon, c'était resté vrai, jusqu'au bout. Il ne l'avait pas trahie en se moquant de ses soucis, ou en exploitant ses failles. Il était juste parti, avec tout ce que cela impliquait, et ce sans se retourner. Cela avait été abrupte, très douloureux, plus que pénible, cela lui avait brisé le cœur, mais, dans tout ce marasme, au moins avait-elle eu la certitude qu'elle n'était pas tombée sur un connard aussi fini que son ex beau-père : Mason ne lui avait pas tiré une balle, oui, même si la douleur avait sans doute dû être la même, au début. On est bien naïve quand on est amoureuse, et on devient vite déraisonnable et irrationnelle quand on se fait piétiner le cœur et l'âme. Alors, oui, elle s'embrouillait. Elle n'était ni direct ni claire, sans doute. Mais à moins d'être d'une froideur et d'un détachement sans équivalents, sans doute nul n'aurait su ou pu faire mieux qu'elle. Du moins, c'était à espérer. Parce que, d'ordinaire, Sloane laissait les digressions inutiles aux autres. Sa droiture et sa franchise étaient connues, et c'était sans doute pour ça qu'on n'avait jamais tenté d'acheter sa loyauté, de lui verser des pots de vins ou d'essayer délibérément de la mettre dans sa poche. Elle ne s'était jamais laissée aisément corrompre, et, dans un sens, Callahan avait juste su profiter d'une ouverture inattendue. Il n'avait pas œuvré pour qu'elle vienne jusqu'à lui en tirant les ficelles. Le hasard et le destin avaient sans doute simplement joué dans son sens à lui, et malheureusement pas dans son sens à elle. Encore une fois, les étoiles lui avaient été contraires. De là à virer défaitiste et à baisser les bras, ou encore à rejeter entièrement la faute sur autrui ... Elle essayait de se montrer mesurer dans ses émotions. Tout comme elle essayait de ne pas sombrer. Mason ne lui apparaissait plus comme la personne la mieux indiquée pour craquer ou pour l'aider à rester debout. Il avait perdu cette place il y avait déjà plus d'une décennie de cela. Elle la lui avait offerte sur un plateau, et il avait juste décidé d'envoyer voler tout ça, de tourner le dos, de se barrer. Pour rien, ou pour ses raisons à lui, des raisons toutes personnelles qu'il avait bien gardé pour lui. Mais elle essayait tout de même de tenir son rang, de rester debout. De ne pas s'effondrer, de ne pas pleurer, même si cela aurait pourtant été si facile, et sans doute si utile pour relâcher un peu la pression. Mais face à sa réaction ...
Face à sa réaction, Sloane prenait une bonne douche froide. Ou bien ne serait-ce pas plutôt une douche écossaise ? Elle avait senti un poids glacé s'effondrer sur ses épaules lorsqu'il avait commencé à employer ce ton, associé à ces termes. Un poids glacé qui lui faisait bouillir le sang. Peut-être qu'il était dans son plein droit. Dans son plein droit d'être furieux, de ne pas savoir se montrer mesurer, à l'instant initial de la révélation. Mais peut-être aussi qu'il se permettait des choses dont il n'avait plus entièrement le droit. Comme de s'en prendre à elle, comme si elle n'était qu'une mère indigne et incapable, une mère qui avait délibérément laissé tomber Willow. Une mère qui ne méritait pas d'être qualifiée de mère. Voilà qu'il sous-entendait, semblait-il, qu'elle avait aussi peu de considération pour leur fille que pour un paquet de linge sale. Merci bien, mais elle savait encore où se situaient importance et valeur. Elle n'était pas de ces mères alcooliques qui laissent leur gamin dans un coin sans s'en préoccuper plus que ça, qui choisissent de continuer à s'enfiler des verres plutôt que de prendre soin de leur enfant. Ces mères superficielles qui dépensent leur argent en fringues inutiles plutôt qu'en nourriture pour leur progéniture. Et puis, comment pouvait-elle savoir que Mason avait à peine quitter Callahan, ou presque ? Elle n'était pas au courant de la teneur de son agenda, pour la simple et bonne raison qu'ils ne vivaient plus ensembles, et qu'elle avait cessé d'être quelque chose pour lui sans doute avant même qu'il ne tourne le dos et ne se casse de ce qui était leur chez eux de l'époque. Oui, c'était ça, il avait perdu le droit de la juger et de la critiquer. Mais pas forcément de vouloir le meilleur pour Willow, le meilleur pour leur fille. Ce qui n'empêchait en rien que sa réaction était ... Loin d'être celle à laquelle ce serait attendu Sloane. Mais avait-elle vraiment songé à ce qu'il pourrait bien lui dire en de telles circonstances ? Elle n'avait pas passé toutes ces années à l'attendre, regard fixé sur la porte d'entrée, dans l'espoir infini de le voir passer le seuil, avant de se diriger vers elle et de l'enserrer dans ses bras, tout en faisant ensuite tournoyer leur fille dans les airs. Ce genre de délire fantasmagorique était digne des pires scenarii de films, bien kitch et clichés, invraisemblables et purement tires-larmes. Elle se retenait d'exploser, de porter la main à son arme et de le braquer pour lui intimer l'ordre de se calmer. Les suspects violents et récalcitrants, c'était ainsi qu'elle les matait. Pas en leur tirant dessus, cependant, puisqu'elle ne laissait même pas ces dérives là à ses subalternes. Il ne manquerait sans plus qu'elle lui colle son arme de service sous le nez pour que tout parte définitivement en vrille. Lui coller une droite serait également mal venue, et pourtant, Sloane était loin d'en manquer d'envie. L'intention était là. De lui intimer l'ordre de se taire, de lui intimer le respect. Raison pour laquelle, sans doute, malgré elle, sa main glissa sur la crosse de son arme, sans toutefois passer à l'acte et s'en saisir.
« J'ai rien fait avec Callahan ! Il m'a piégée, c'est complètement différent ! Il m'a piégée, en me faisant croire qu'il y avait quelqu'un sur cette terre prête à m'aider, à me soutenir, alors qu'au final, il voulait juste la prendre au piège dans son p*tain de labo ! »
Et voilà que Monsieur se retirait du combat. Sans coup férir. Sans prendre la peine de feindre un seul instant avoir ne serait-ce qu'un petit quelque chose d'un chevalier servant. Sans prendre la peine de laisser les illusions prendre place : ce ne serait pas de lui que Sloane obtiendrait du soutien. De son aveu même, Mason n'avait eu aucune envie de revenir ici. Il n'avait donc visiblement jamais été dans ses intentions de prendre des nouvelles de sa fille, de se soucier de son devenir. Willow aurait très bien pu crever la bouche ouverte qu'il n'aurait rien fait, donc ? Au moins, le message avait le mérite d'être clair. Cependant, il ne pouvait visiblement pas s'empêcher d'en remettre une couche, de la placer dans la position de la mère indigne, qui laisse leur fille dans des emmerdes jusqu'au cou juste pour son petit plaisir ou parce qu'elle n'en a rien à cirer. Le rôle du parent indigne, ce n'était absolument pas à elle de l'endosser. Elle, elle se saignait les sangs pour que Willow survive, qu'il ne lui arrive rien. Elle reniait sur toutes ces choses si précieuses à ses yeux, à savoir sa dignité, sa droiture, son côté juste et loyal à ce qui se fait. Elle reniait sur sa propre existence, se refusait à partir de cette ville, à refaire sa vie, à songer un seul instant à vivre pleinement sa vie. Elle se sacrifiait depuis toutes ces années, sans jamais en faire porter le blame à sa fille, sans jamais se plaindre, sans jamais appeler à l'aide, à une exception prêt. Une exception de trop. Mais visiblement, elle n'avait pas saisi le message. Elle avait tendu une perche à Mason, et il l'avait repoussée vers elle, juste entre les deux yeux et au niveau du cœur.
« J'aurais dû m'en douter ... T'en as rien à faire de tout ça, en fait. Ton intention, c'est de résoudre ton truc, là, et te barrer aussi vite que tu es revenu. ... Comment ai-je pu croire que ... Que malgré tout, je pouvais piétiner ce que je pense de toi pour espérer ton soutien et ton aide ? ... » Elle ne fit pas les cent pas, non. Ce rôle était réservé à Mason, et si elle s'y mettait aussi, on en arriverait vite à l'imitation parodique de deux félins en cage, près à se bondir dessus pour s'éventrer et s'égorger, sans doute. Elle s'était retournée vers un lavabo, pour lui tourner le dos, pour se calmer, pour cesser de vouloir lui faire la peau. Et sa main vint percuter le rebord du mobilier, pour s'en prendre à elle-même plutôt qu'à lui. Le choc la fit grincer des dents, alors qu'elle aurait sans doute un splendide hématome dans quelques heures, en plus des éraflures qui ne tarderaient pas à laisser poindre, de ça et de là, des gouttelettes microscopiques de sang. Mais il fallait lui faire face, quand même. Lui faire face et refuser de le laisser maîtriser et dominer les choses. Si ce n'était pour elle, elle devait le faire pour Willow. « J'ai tout fait pour elle, tout. Je l'ai bercée durant ses multiples cauchemars, j'ai fais des nuits blanches à la veiller en lui promettant que je tirerais sur la première terreur nocturne qui essayerait de s'en prendre à elle. Je l'ai serrée si fort contre moi, pour étouffer ses hurlements, je l'ai laissée me griffer jusqu'au sang, et m'agripper les poignets de toutes ses forces. J'ai pris des congés pour rester avec elle, jour et nuit, alors qu'elle était victime de migraines qui la tétanisaient sur place, je suis devenue son unique contact avec le monde extérieur, jusqu'à ce que je n'en puisses plus et que je craque ! Je lui ai encore plus été dévouée que je t'ai été dévouée à toi, quand tu ... [...] C'est une transmutante, Mason. » Une voix qui se brise, malgré tout, et une simple larme qui cascade sur les formes de l'une de ses joues. Un aveu déchirant. Une vérité qu'elle avait eu du mal à regarder en face, mais dont elle n'avait pas pu longtemps détourner le regard. « C'est une transmutante, et je suis juste humaine. Je suis humaine, et je suis sa mère. Je suis censée pouvoir la protéger de tout, régler tous ses soucis, mais je suis juste humaine, inutile et incapable d'avoir été d'un grand secours pour elle. Et je me battais seule, parce qu'évidemment, je n'avais pas plus de gens auprès de moi que je n'en avais avant de te rencontrer. Je me battais seule, et, un jour, il y a eu Callahan. Callahan et ses belles paroles, Callahan qui me promettait de pouvoir m'aider. La pire erreur de ma vie. Pire que d'avoir pensé que toi et moi, on avait enfin fini notre périple d'emmerdes quand on s'est rencontrés ... Je regrette chaque jour un peu plus de lui avoir fait confiance. J'échangerais ma place avec elle en une seconde, je descendrais un à un tous les Hunters de cette p*tain de ville si j'étais sûre qu'elle n'en assumerait pas les conséquences. J'étais la seule personne qu'elle avait, et j'ai pas su la protéger. Et maintenant, Callahan multiplie les exigences, non sans me rappeler combien j'ai à perdre si je me refuse à lui. Mais tu t'en fous, de ça, après tout ? T'es parti, toi ... Tu sais quoi, finis ta putain de mission et casses-toi. Parce que je suis bien mieux à m'auto-flageller seule plutôt qu'à te laisser voir à quel point je fais pitié, à quel point j'ai été stupide, à quel point moi aussi, à mon tour, j'ai laissé tomber Willow. »
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Sujet: Re: Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason Lun 25 Jan 2016 - 2:12
this fire won't go out though just a flicker it may be
THIS BURDEN WEIGHS, OUR DEMONS WE MUST CARRY
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i am nothing without pretend, i know my faults. can't live with them. i know my thoughts but i can't hide them. i don't need another friend when most of them i can barely keep up with them. perfectly able to hold my own hand but i still can't kiss my own neck. i wanted yo give you everything but i still stand in awe of superficial things w/sloane mcnally & mason leinster.
Y paraissait qu’c’était comme ça qu’la vie se faisait ; on grandissait, connaissait cet âge un peu stupide et insouciant de l’adolescence. Et puis on devenait adulte, et s’construisait une vie bien à nous. Avec une baraque parfaite, une voiture soigneusement garée dans l’allée, un job recommandable, et un petit paquet de gamins pour la prospérité. Tout ça, il savait qu’jamais il n’y goûterait, qu’y’avait quelque chose dans sa génétique, ou le chemin de sa vie, qui faisait qu’il était physiquement incapable d’y songer. Même avec Sloane, tout l’bonheur éphémère qu’elle lui avait apporté, l’insouciance qu’il avait lue dans ses yeux et qui s’était reflétée dans ses prunelles à lui ; même avec le petit corps de Willow serré contre lui le jour de sa naissance. Y’avait eu quelque chose, qui était mort en Mason avant d’pleinement exister. Etait-ce de sa faute à lui ? Il n’avait jamais cherché d’coupable en particulier, n’avait jamais excessivement maudit ses parents, pour l’avoir balancé comme une chose encombrante sur l’chemin parfait de leur vie parfaite de banlieusards. La haine, quelque part, ça n’avait jamais vraiment fait partie d’sa vie, ou d’lui ; et il avait vécu avec l’assurance que ça n’avait pas gangréné son cœur à jamais. Mais au fond, il n’était pas allé bien loin : à trente-sept ans, le bilan était là. Mason Leinster, incrusté dans sa solitude jusqu’aux derniers instants d’son existence – tout juste capable de s’accrocher, corps et âme, à une femme qui vivait tout autant dans le passé que lui, et pleurait encore un époux qu’elle avait désespérément cherché. Des années après – malgré la distance, malgré le silence, malgré tout c’qu’il aurait pu changer, tout c’qu’il aurait pu lui donner, lui-même. Peut-être que des promesses en l’air, des cendres de c’qu’il aurait lui-même enflammé, un beau jour, sans crier gare, comme il l’avait fait avec Sloane, avec Willow, avec Radcliff tout court. Alors finalement, les kilomètres, l’obligation du job, l’ambiance oppressante de cette ville, c’n’était pas le pire. Sûrement qu’il l’avait su, sans se l’dire, sans s’l’avouer, si prompt à n’pas rester sur place, à plonger tête la première dans un job dont il n’avait cure, et qu’il savait déjà voué à l’échec. Il avait fallu que ce soit elle, qui vienne jusque-là, pleinement consciente qu’elle n’avait sûrement rien à attendre de lui ; qu’y’avait plus rien à rattraper dans l’type qu’il était devenu, le jour où il avait décidé d’les abandonner, comme ça, sans crier gare. Qu’aurait-il pu faire d’mieux ? De différent ? Jamais ils n’auraient eu l’existence idéale des autres, l’entente parfaite et la photo d’famille idéale à exposer sur un mur avec toute la fierté du monde. Ça n’avait jamais été Mason. Ça n’avait jamais été elle non plus, probablement : avec du recul, était-ce possible de faire plus détruits, plus brisés qu’eux deux, s’rencontrant pour la première fois au milieu des décombres encore fumants de leurs vies ? La guerre, probablement que ça lui avait toujours plus ressemblé que tout ce qu’il aurait pu avoir avec Sloane, avec leur fille – toute perspective idéale offerte par une porte de sortie qui n’aurait été qu’illusoire. Voilà, c’était ça qu’il s’était dit ; qu’ça n’avait d’toute manière jamais été voué à durer. Les choses étaient comme ça, elles lui échappaient toujours, irrémédiablement, glissaient entre ses doigts en laissant toujours plus de plaies béantes à mesure qu’il s’y accrochait. Autant n’pas l’faire, n’pas essayer, ne pas combattre les statistiques qui les avaient déjà désignés, depuis le départ, condamnés à n’être rien. Rien d’autres que ceux qui aspireraient à un futur qui n’leur appartiendrait jamais.
N’avait-elle pas compris, en douze ans de vie ? En cinq années, à le regarder dans le blanc des yeux, alors qu’ils construisaient des simili-plans d’avenir ? Il avait, après tout, construit le berceau de leur fille, au beau milieu d’une nuit noire accompagné d’une bouteille de whisky, vociférant après le manuel d’instructions – seul, tandis que Sloane passait toute une nuit à la maternité. Et pendant combien d’temps, au juste, Willow avait-elle simplement dormi dans un coin d’leur chambre ? Combien d’temps auraient-ils vécu comme ça ? A moitié, des parasites s’contentant du minimum, s’persuadant qu’ils auraient mieux, un jour, peut-être, s’ils continuaient à s’entêter. L’espoir, comme ça, raccroché aux yeux clairs d’une nana parmi tant d’autres, l’exception qu’il n’avait jamais connu ou espéré connaître, ça n’avait jamais été pour lui. Etait-ce ça, l’problème ? L’fait, inéluctable, indiscutable et dégueulasse, qu’il n’y avait pas cru comme elle y avait cru ? Quelque part, y’avait une justice dans l’fait qu’il se soit si brusquement fait plaquer par Letha, ces derniers temps. Un juste retour des choses, une vengeance de la part de la gente féminine à laquelle il n’avait que trop souvent crevé le cœur – parfois, sans y penser. Sans s’poser de question. Et en croyant que c’était la meilleure chose qu’il pouvait faire. Sloane, leur fille, Letha… et combien d’conquêtes éconduites juste après une nuit à s’envoyer en l’air ? Les relations avec les autres, ç’avait toujours été son talon d’Achille – et peu importaient les belles histoires romantiques, les confessions qu’ils s’étaient faites, l’espoir, la McNally n’avait pas été la différente dans tout ça. Elle n’l’avait pas soigné, n’avait pas pansé ses plaies ou inversé tous les dommages causés par des années d’misère. Putain, en fin d’compte, peut-être bien qu’il s’était baladé chargé de bagages plus lourds à porter qu’il n’l’avait imaginé ; un cavalier sans cœur, voué aux affres de la solitude depuis avant même qu’il n’s’en rende pleinement compte. Il avait fallu, qu’il provoque toute cette dévastation sur son passage, avant d’réaliser ça, des dizaines d’années trop tard. Peut-être bien, alors, ouais, que la rancœur avait sa place dans l’échange de leurs mots, la tension palpable entre leurs regards qui se cherchaient, s’analysaient, quand bien même ils ne le voulaient pas vraiment. Est-c’que la vie n’lui avait pas appris les bases, au moins, à la flic qu’elle était ? Cherchait-elle vraiment en lui, un quelconque espoir, quelque chose en quoi croire après tout ce temps, tout c’qu’il lui avait fait ? Si proche qu’il était d’elle, à arracher ces confessions comme si les jours, les mois et les décennies n’avaient pas couru à toute vitesse, il y crut pendant un instant, la traitant d’idiote dans un coin de sa tête. Pourquoi est-ce qu’il fallait que la vie n’lui ait pas appris ça, au moins ? Qu’il était une enflure, et que c’était sans espoir lui pour. Washington, ça n’l’avait certainement pas changé – pas autant qu’il l’avait espéré, du moins. L’âge non plus, sa presque-quarantaine ne s’accompagnait pas d’une épiphanie quelconque, une sagesse de laquelle il avait toujours été tristement destitué. Alors en l’état actuel, comment pouvait-il prétendre de quoique ce soit, hein ? Que pouvait-il faire ? Que devait-il faire ? C’était comme s’il était soudainement réceptif à la moindre des propositions de son interlocutrice ; comme s’il était prêt à se calquer sur un modèle qu’elle avait envisagé de lui. Rien qu’parce qu’il lui devait bien ça, après tout ça. Le naturel, pourtant, il était toujours là, si prompt à reprendre le dessus ; Mason, le Mason qui l’avait tant blessée, le Mason qui avait tant abusé d’elle, avant d’la laisser, derrière une porte claquée. Qu’elle le haïsse et qu’ils en finissent – ç’aurait été tellement plus simple. Plus simple, qu’ils l’assignent lui, dans une autre ville dont il n’avait cure et dans laquelle il n’avait semé aucune ex. Ou plus simple qu’elle ait un jour, décidé d’aller voir du paysage, embarquant Willow avec elle vers d’autres destinations. Mais non, non – la vie avait sa façon d’faire, sa façon d’être. Ils se retrouvaient au pied du mur, toujours c’même mur de conneries et d’emmerdes duquel ils n’étaient que trop familiers. Et tout ça, pour quoi, hein ?! Etait-ce cette protestation-là, qui le rendait si virulent, froid à l’égard de la jeune femme ? Que lui confiait-elle, au juste ?! Et pourquoi – pourquoi ?!
Qu’elle pense donc ça, qu’il n’était qu’ça, que bon à ça ! Faire son job, et s’casser sans se retourner – à mesure que Sloane avait déversé cette rage si indispensable dans ses paroles, Mason avait encaissé, le visage fermé, l’œil furieux. Jusqu’à c’que le mot transmutant n’sorte dans la discussion ; brisant son cœur, quelque chose, un relent d’humanité toujours en lui. Il s’y était attendu, n’s’y était pourtant pas préparé : et qu’pouvait-il faire à tout ça ? Supporter de plein front la confusion de son interlocutrice parce que c’était tout c’qu’il méritait ?! Ou ouvrir la bouche, dire quelque chose pour justifier, expliquer, diffuser la tension et l’incompréhension qui dévorait la brune en face de lui ?! Willow était une transmutante. Willow avait découvert ses pouvoirs. Et Sloane avait été seule, complètement paumée et dépassée pour les affronter. Et Sloane pleurait, d’une unique larme qui suffit à remuer une lame glacée entre les entrailles du Leinster. Ses mâchoires crispées, c’était comme s’il avait perdu toute sa verve, toute sa vigueur – ouais, il avait hurlé, vociféré. C’était c’qu’il faisait, c’qu’il avait si souvent fait, pour une raison ou une autre. On l’disait sanguin, il savait que c’était pour d’autres raisons, d’ces facettes monstrueuses en lui que même la McNally avait préféré n’jamais voir ou affronter. Et sur son visage à lui, passa une main soudainement glacée, tremblante dans chaque fibre – secouée de spasmes qu’il ne parvenait pas à maitriser ; Mason, c’n’était pas un maître des émotions, et du contrôle de ses états d’âme. Et que devait-il dire, hein ?! La gorge sèche, langue pâteuse, l’hésitation enserrant sa gorge, il la dévisagea, n’semblant en rien attendri par la détresse de sa vis-à-vis. « Qu’est-c’que t’aurais voulu que j’fasse, Sloane ? Que j’revienne, douze ans plus tard, la bouche en cœur pour demander à voir ma fille ?! » alors même qu’il était un poison, qu’il l’avait toujours été – et qu’c’n’était pas pour rien qu’il était parti ?! « Je-j’sais pas quoi te dire ! J’ai pas l’intention d’réclamer un droit que j’ai pas, Sloane, de perturber Willow alors même que- » qu’il avait été le connard qui avait passé l’pas de la porte sans se retourner. Après tout, qu’est-c’qu’elle lui avait raconté, à leur fille, pendant ces douze années où il n’avait été qu’un spectre entouré de silence et de distance ? Il avait laissé tomber, lui, ouais, lâchement laissé tomber ; pas b’soin de Sloane et de ses mots assassins pour le savoir. « Je… je suis un transmutant, moi. » et est-c’qu’il allait se ramasser une gifle, pour cette révélation si tardive ? Ils avaient passé cinq ans à s’aimer, à tout s’livrer – avait-elle cru. Aujourd’hui, là, maintenant, droit dans ses yeux, il lui livrait de but en blanc qu’ça n’avait pas été le cas pour lui. Jamais. Pour personne. Pas pour elle, pas pour Willow. Ouais, définitivement, il avait un problème ; il était endommagé, quelque-part dans sa conscience, pour avoir gardé ça. « J’ai jamais pensé qu’elle le deviendrait – que, qu’ça pouvait se transmettre comme ça. » ses parents à lui n’en étaient pas, évidemment. Et le regard fuyard, le visage envahi par des préoccupations qu’il n’avait sûrement jamais eues, Mason ne ressemblait plus à Mason ; plus à la créature fatiguée, épuisée, esseulée, qu’il avait toujours été, aussi loin qu’il s’en souvienne. Toujours seul, à porter ses fardeaux – quitte à laisser ces rares choses précieuses derrière lui, dans son sillage, comme s’il s’en foutait. « Je-j’sais pas c’que j’aurais dû faire différemment, Slo. Tu sais très bien c’que j’étais devenu, tu f’sais juste semblant d’pas le voir. » et il était incapable de dire en des mots clairs et concis, qu’ç’avait été une bonne chose qu’il se casse, pour tous les résultats qu’ils avaient amassés aujourd’hui. Peut-être avait-il mis en place, les pavés qui le menaient ici et maintenant, dans ces chiottes, sous une couche de merde incommensurable. « J’aurais pas dû… vous laisser comme ça, derrière. J’veux dire, des fois… des fois j’ai pensé à appeler, ou faire quelque chose. Mais… » il secoua la tête, dans un soupir on ne peut plus explicite ; le temps était passé plus vite, tellement plus vite qu’il n’l’avait vu couler. Quelques mois, et puis quelques années. Et puis trop d’années, pour qu’y’ait quoique ce soit de réparable. « J’sais que tu dois pas avoir une très haute opinion d’moi. Alors ouais, j’suis juste venu faire un job ici. Parce que j’avais pas l’intention d’prétendre quoique ce soit d’autre que ça. J’avais pas envie d’te forcer à faire quoique ce soit, ou d’forcer Willow à connaître le type qui l’a laissée derrière. » il n’connaissait que trop bien le sentiment. « Mais ça… Sloane. Callahan. Je-je-j’peux pas n’rien faire. J’sais pas c’qu’il te fait faire, ou comment il croit t’tenir en laisse pour ça mais- » mais quoi ? Dans sa tête, il y eut tout un calcul qui se fit à toute vitesse, ses deux mains plaquées sur ses hanches, dans l’expression habituelle de ces instants où il réfléchissait, presque plus stratégique qu’on ne pouvait l’imaginer de lui. « On va trouver un truc. » ouais, il n’pouvait pas dire mieux. C’est pas comme si les mots, les belles déclarations, avaient un jour pu être son domaine d’expertise. Ça, au moins, elle devait bien le savoir, et s’y attendre – parce que comme pour beaucoup d’choses, il n’avait pas vraiment changé sur ça non plus.
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Sujet: Re: Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason Jeu 4 Fév 2016 - 0:51
There was only them & their disgrace
Wolf mother, where you been ? You look so worn, so thin. You're a taker, devil's maker, let them hear you sing. Wolf father, at the door, you don't smile anymore. You're a drifter, shapeshifter, let them see you run. Where the sun would set, trees were dead and the rivers were none. And there was no sound, but only them. Only them and their disgrace ...
Sloane avait encore le temps, avant de souffler ses 40 bougies. 6 ans, pour être exacte, même si, bon, ses 35 ans se rapprochaient tout de même. En 5-6 ans, bien des choses pouvaient survenir. 5 ans, et quelques, c'était précisément le temps qu'avait duré son histoire avec Mason. 5 ans qui lui avaient un peu semblé hors du temps, ou du moins suffisamment différent pour marquer une frontière, une ligne médiane, entre l'avant et l'après. Mais dans le fond, plus les semaines passaient, plus elle remettait tout cela en question. L'amour rend aveugle, et con, et stupide, et naïf. Oui, quelque chose comme ça. Fermer les yeux et faire comme si rien ne s'était passé semblait des plus impossibles quand il existait en ce si bas monde des preuves concrètes de la véracité de cette histoire. Ne serait-ce qu'une future ado allant sur ses 13 ans, déjà. Willow ... En tant que jeune mère, Sloane s'était majoritairement vu considérée comme une vraie jeune mère, pas encore entièrement fixée dans la vie active, et plus que jeune que nombre d'autres femmes connaissaient elles aussi les joies et les affres d'une première maternité. En plus de cela, elle avait eu un enfant sans être mariée, mais à Radcliff, on le lui avait plus ou moins pardonné pour le simple fait qu'à l'époque de la naissance de Willow, Mason était encore là. Suite à son départ, en revanche ... Mais elle avait tenu le coup, parce que cela ne lui ressemblait pas trop de se laisser piéger par la vie et de se désespérer. A cette époque du moins ... Elle avait traversé les années en tremblant quand même, Sloane, et en ayant un paquet de stress, d'anxiété et de fureur à dépenser. Elle avait trouvé refuge dans le sport, solution de facilité lui ouvrant grand les bras, parce qu'elle avait de toute façon toujours été sportive, et que ce genre de péché mignon, ça vous fait toujours plus de bien que de mal, niveau hygiène de vie, santé, et maintien d'une silhouette dont on n'aurait pas à avoir à pâlir. Elle avait tapé, encore et encore, dans punching ball, punching ball et autres instruments sportifs du même genre. Elle avait couru, encore et encore, en poussant la poussette de Willow devant elle, les premiers temps, puis en s'arrangeant pour se dépenser pendant qu'elle était à l'école ou au jardin d'enfants. Elle s'était dépensée au stand de tir, avait fait tout ce que requérait son boulot en terme d'engagement sportif. Tout ça pour offrir à sa fille une maman la plus en forme possible, et également pour se priver de défoncer les murs à coups de poing quand les vrais ennuis étaient arrivés. Oui, à côté de l'abandon par Mason, cela avait été une douce petite tape sur la joue, bien amicale, la tape. Voir Willow être plongée dans les affres de la transmutation, ça, ça avait été pire qu'un revers : ça avait été comme une droite, en pleines dents. Et comme elle ne pouvait alors pas se permettre de chuter, mais juste de vaciller ... Et pendant tout ce temps là, le sujet Mason était revenu lui taper à l'arrière du crâne, de façon lancinante, encore et encore, alors qu'il aurait été plus aisé pour la jeune femme que ce ne soit pas le cas. La concernant, elle, elle avait fini par ne plus rien attendre de son ex, mais, concernant sa fille ... Concernant sa fille, en revanche, elle s'était dit qu'elle n'avait pas le droit d'entièrement faire table rase, et de tuer dans l’œuf la moindre possibilité. Sans lui faire miroiter quoi que ce soit, elle ne lui avait jamais claqué la porte au nez face à la moindre de ses questions, même lorsqu'elles étaient orientées vers son père.
« A vrai dire, j'en sais rien Mason ... Y a eu tellement d'options qui me sont venues à l'esprit, avec les années. J'ai jamais voulu en évacuer la moindre, pour ne pas priver Willow de quelque possibilité que ce soit. Et puis, après tout, je suis quand même la jeune femme paumée qui continue encore de sentir quelques fois son cœur louper un battement quand un type de la carrure de son père passe le seuil d'une porte. » Essuyant d'un revers rapide de sa main saine la larme orpheline qui cascadait sur sa joue, l'inspectrice finit par se masser l'autre main, qui continuait déjà à la lanciner, non sans esquisser un haussement d'épaules, à l'évocation de son père. Peut-être que ça pouvait sembler être une digression, un truc qui n'avait pas sa place dans la conversation, mais cela contribuait à comprendre qui elle était, et à quel point on peut en venir à croire des trucs stupides quand votre vie manque de sens et de stabilité saine. Mason avait connu son père. Juste comme ça, mais quand même. Et quand Cassidy avait été porté disparu, Mason était encore là, aussi. « Cassidy n'a jamais donné signe de vie, et ses restes n'ont jamais été authentifiés parmi les gravas des deux tours. Les autorités ont fini par déclarer qu'il était mort, et on a enterré un cercueil vide ... Toi, par contre, je te savais vivant, du moins, jusqu'aux dernières nouvelles. ... Crois moi, à l'heure actuelle, Willow n'est plus vraiment en état d'être perturbée par quoi que ce soit ... »
Effectivement, Willow n'était pas en état pour quoi que ce soit, de toute façon. Dans son état, elle était végétative, et à chaque reprise, quand Sloane obtenait le droit d'aller lui rendre visite, l'inspectrice de police n'avait définitivement pas la sensation que le moindre vrai contact émotionnel et concret s'établissait pour Willow. Quant à ce qu'elle ressentait, elle, évidemment que cela n'avait rien de réjouissant, de bien reluisant ou de très glorieux. Principalement parce que Sloane savait pertinemment que c'était elle, et personne d'autre, qui avait placé sa fille dans cette situation. Et si ce n'était pas elle qui donnait les ordres, c'était tout de même elle qui avait précipité Willow dans les griffes dévastatrices d'Alexander Callahan. Sloane n'avait pas le comportement le plus belliqueux et meurtrier qui soit, mais il lui arrivait fréquemment de vouloir coller un balle dans le crâne de ce pourri. Ce qui la raccrochait à la réalité, présentement, lui évitant de laisser pleinement son esprit divaguer vers Willow, et la situation dans laquelle elle se trouvait, c'était cette main qui lui faisait mal. Sloane n'ayant aucune envie de la voir doubler de volume, elle se lançait vers cette petite trousse à pharmacie qui était censée se trouver dans les toilettes. Simple consigne réglementaire. Seulement, les consignes, à Radcliff, on s'asseyait aisément dessus, sans sourciller. A toutes les échelles, en plus, preuve en était le fait que le compartiment sensé accueillir cette pauvre trousse de premiers secours était presque entièrement vide, deux-trois pansements se battant en duel avec une bande adhésive Coban, en mauvais état. Une bande qu'elle utilisa quand même, en se l'enroulant du mieux possible autour de la main qu'elle avait laissé percuter le lavabo, il y avait quelques minutes à peine. Mais au moment où elle allait en ranger les reliquats, Mason se décidait à lui balancer une bombe en pleine figure, au sens figuré plutôt qu'au sens propre, même si Sloane s'en sentit presque autant soufflée que si elle s'était réellement pris une déflagration en pleine figure. Tant et si bien qu'elle laissa purement et simplement la bande Coban choir à terre. Son instinct de flic prenait le dessus. Frapper Mason serait sans doute bien plus aisé, parce qu'il n'en viendrait quand même pas à essayer de lui casser le bras ou le poignet, pour y échapper. Ce serait sans doute aussi la réaction la plus rationnelle s'il fallait générer une échelle répertoriant toute réaction un brin violente face à ce genre de relation. Mais Sloane n'avait pas jamais frappé Mason à sa connaissance, du moins, jamais pour de vrai, bien qu'il y avait tout de même eu ces fois où, pour plaisanter, elle avait joué à ces jeux de main jeux de vilains, comme on dit. Mais ce ne fut pas ce qu'elle fit. Non, bien au contraire, laisser le recours aux poings à d'autres, la jeune femme choisit purement et simplement de dégainer son arme. Franchement, de toutes ces histoires de transmutants et de Hunters, elle en avait plus que par dessus la tête. Et, là ... Là, elle n'en revenait pas, purement et simplement, et sur le moment, elle se sentait agressée. Trahie. Humiliée, aussi, un peu. Elle se retrouvait face à une facette de Mason dont elle aurait pu ne jamais soupçonner l'existence si et seulement si, à quelques instants, tout de même, son cerveau ne s'était pas mis en ébullition pour tenter de comprendre ce qui arrivait à Willow, et d'où cela pouvait bien émaner, bien qu'elle ne soit en rien spécialiste de la génétique et de l'hérédité. Sans parler du fait que, n'étant dans les petits papiers de personne, pour ainsi dire, elle en était rendue à devoir être abreuvée, comme tous les autres simples humains, des infos que les Hunters et leur propagande voulaient bien diffuser, les canaux clandestins pour avoir une autre version étant plus qu'obstrués et contrôlés. Quand à Uprising, elle ne leur faisait pas suffisamment confiance pour prendre leur version à eux pour argent comptant. Mais même si le fait que Mason puisse avoir lui aussi été un transmutant lui soit passé à quelques reprises par la tête, jamais elle n'avait pensé qu'il en avait parfaitement été conscient, et qu'il le lui avait caché. Alors, oui, elle se sentait menacée, sans parler du fait qu'elle ignorait totalement de quoi il était capable, au niveau de sa mutation, et dans un ordre plus général. Elle n'avait rien vu venir de son départ, et avait fini par réaliser qu'elle ne le connaissait pour ainsi dire pas autant qu'elle l'aurait pensé. Voilà qui rajoutait une pierre à son édifice.
« Recules ... » Recules ? Après tout, c'était elle qui s'était rapprochée de lui, depuis qu'elle avait dégainé son arme et qu'elle en pointait le canon en direction de Mason. Mais cela n'empêchait pas le fait qu'elle voulait qu'il recule, qu'il s'éloigne de la porte de sortie et qu'il se retrouve le plus tôt possible dos au mur, à l'autre bout des toilettes. Là où il se retrouverait acculé quand elle, elle aurait plus loisir de se mouvoir et d'agir comme elle pouvait vouloir le désirer. « Nan, tu te trompes. Tu te trompes, parce que pour savoir ce que tu étais devenu, encore aurait-il fallu que je saches qui tu étais réellement. Mais, visiblement, t'as jamais entièrement été honnête avec moi, en voici une preuve supplémentaire ! Et pour être clairvoyante, et tout comprendre, il aurait aussi fallu que je ne sois pas à ce point amoureuse de toi, à l'époque ! .... Pendant tout ce temps ... Pendant tout ce temps, tu m'as menti, là où, moi, je t'ai jamais rien caché de mes faiblesses et de mes tords, de tout ce qui pouvait contribuer à ... Contribuer à ce que tu saches avec qui tu vivais, auprès de qui tu dormais, la nuit; contribuer à savoir à qui tu avais fais un enfant ... Recules ! »
Elle l'écoutait continuer à s'expliquer, alors même qu'elle finissait par ne plus être aussi réceptive. Le timing foirait sur toute la ligne, parce qu'alors qu'elle obtenait enfin des informations, aussi maigres et décousues puissent-elles être, elle finissait par ériger un mur entre eux, ou plutôt elle finissait par le braquer de son arme. Et dire, que, pendant toutes ces années, elle aurait été prête à écouter, pas forcément à accepter ou à comprendre, mais à écouter, au moins, quand Mason était désespérément loin de là, lui ... Il avait pensé à appeler, hein ? Il se disait finalement qu'il aurait dû s'y prendre autrement au lieu de les abandonner, c'est ça ? ... Peut-être qu'il essayait juste de lui dire ce qu'elle voulait entendre, maintenant qu'elle le pointait de son arme, alors même qu'il savait qu'elle savait très bien se servir d'un flingue. Elle continuait d'avancer, non sans sentir sa main blessée la lancer, et non sans réaliser qu'elle manquait de cette assurance lui étant habituelle, sa prise autour de son arme tremblant quelque peu. C'était dans un instant comme ça, alors qu'il commençait enfin à se confesser, qu'elle devrait sans doute lui dire que Willow n'était pas le genre d'enfant qui lui aurait retourné une claque, ou aurait refusé de le voir, de créer le moindre lien avec lui. Mais elle n'en fit rien, bien qu'elle sentait sa résolution se faire la malle, peu à peu. Braquer ainsi Mason n'était pas aisé. Elle devrait soudainement ne plus le voir qu'en tant que transmutant, alors même qu'il restait physiquement Mason ? ... Toute leur vie commune défilait devant ses yeux, et Sloane sentait le poids des années peser sur ses épaules, consciente que, si elle devait brusquement tout remettre en question, elle ne le supporterait pas, parce qu'elle devait déjà rester debout en endurant tant de choses. Elle voulait lui tirer dessus, pour le faire taire, tout autant qu'elle sentait son arme la brûler, et ses jambes marcher comme sur un sol tapissé d'une hauteur d'un mètre de coton. Et, puis, brusquement ...
« Il me muselle ... Il m'oblige à ... A laisser les Hunters vaquer librement à leurs occupations, en leur facilitant la tâche, en regardant ailleurs, en les faisant sortir de tôle, en falsifiant les dossiers, en leur jetant dans les pattes le moindre transmutant que je démasque. Je suis à sa botte, un parfait toutou obéissant, sur lequel on peut s'essuyer les pieds. C'est ça, ou je ne revois plus Willow. C'est ça, ou il lui fera subir qui sait quoi. Elle n'a plus tout son esprit, ils l'ont lobotomisée, ou droguée, ou autre chose, mais le résultat est le même. C'est avec ça, qu'il me tient, avec elle. Et s'il était là, avec nous, pour sûr il m'ordonnerait de te descendre, ou de t'immobiliser en te dégommant les jambes ... » Il avait voulu savoir, alors elle le lui avait expliqué, c'est tout. « Jures le. Jures le sur je sais pas quoi, puisque je suis pas dans ta tête, et que j'ai aucune idée de ce que Willow représente pour toi. Mais jures le. Jures le que c'est pas un mensonge, que t'es pas en train de recommencer à me duper, à me trahir. Jures le. Jures que tu vas m'aider. Jures que t'es sincère, et que tu vas m'aider à lui faire la peau. Parce que si tu le fais pas ... Si tu le fais pas, je vais finir par disjoncter, par faire un carnage, et je me fais aucune illusion, je n'en réchapperais pas, et Willow n'aura plus personne. ... Jures le ! » Une supplique, alors qu'elle ne craquait pas, ne pleurait pas, mais que ses nerfs lâchaient quand même, et que son regard ne laissait aucun doute sur son état émotionnel, sur le bord du rasoir, le canon de son arme toujours pointé vers Mason. Une arme qu'il pourrait aisément diriger vers le sol, parce qu'elle ne pouvait pas mettre sa force partout : et pour se contenir, et pour résister à tout geste de sa part pour la désarmer.
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Sujet: Re: Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason
Will they watch her grow, their child of wolf ? ⚔ Mason