Mission Sauvetage

Theodore & Malachi

Il les avait prévenu, et pas qu’une fois pourtant, que le terrain, c’était pas nécessaire son truc. Déjà, quand on ne supporte pas le bruit des armes à feu, qu’on est incapable plus de cinq minutes parce qu’on a qu’une jambe et demi et que, enfin, on a aucune formation pour ce genre de choses, cela complique grandement la tache. Sauf que voilà, Sheldon avait demandé à tout le monde de participer aux missions de sauvetage, et tout le monde, ça l’incluait nécessairement dans le lot. Par participer, Malachi entendait, la plupart du temps, gérer la logistique pré et post opération de sauvetage : ça il savait faire, et plutôt bien même. Mais quand Camilla, une jeune mutante dotée de capacité de prescience, avait débarqué dans le bureau dans lequel il discutait avec Théodore, leur annonçant qu’elle savait où était Elizabeth Blackstone, il n’eut pas vraiment le choix : ils n’étaient que tous les trois aux QG ce soit, et il était hors de question de risquer la vie d’une gamine de 17 ans pour sauver Elizabeth. La pyrurgiste, uprising des premières heures, n’avait plus donné signe de vie depuis plusieurs jours, alors qu’elle était l’une des plus actives de l’organisation. Théodore et Malachi la connaissaient bien, elle se situait juste en dessous d’eux dans la hiérarchie, et faisait partie d’une des équipes d’opérations extérieures les plus efficaces : elle subtilisait des documents d’informations sur les mutants de la ville pour les détruire, et son plus gros coup consistait à l’incendie « accidentel » d’un des plus gros stock de NH25 de la région. Thaddéus avait été fou ce soir là.

Alors forcément, quand Théodore avait enfilé son armure de grand sauveur de l’humanité transmutante, Malachi avait du suivre, bon gré mal gré : Théodore était bien plus habitué au terrain que lui, mais il ne pouvait pas aller dans un repère de chasseurs tout seul, sauvé une mutante dont on ne savait pas dans quel état elle se trouvait, et tout cela après le couvre feu. La plus basique des règles sur ce genre d’opérations était de ne pas y aller seul. Ils seraient donc deux. Su-per.  Il avait prévenu Evangeline qu’il rentrerait bien plus tard que prévu, et avait indiqué à Moira et Clarke ce qu’il comptait faire : si elles n’avaient pas de nouvelles d’ici trois ou quatre heures, elles pourraient prendre les mesures qui s’imposaient, à savoir prévenir Evangeline et Sheldon. Mais pas avant. Malachi gara sa moto juste à coté de la voiture de Théo : il était vécu lui aussi tout de noir, un gilet par balle sous sa veste en cuir. Il était nerveux, c’était le moins que l’on pouvait dire. La seule chose qui le rassurait, c’était d’être avec Théodore pour ce genre de situation : c’était lui qui guiderait l’opération, il ne ferait que couvrir ses arrières, du mieux qu’il pouvait…

- On y est … Comment veux tu que nous entrions là dedans ? J’ai vu déjà deux gardes à l’entrée…  Je peux m’en occuper, mais pour la suite …

La plupart du temps, il restait derrière son ordinateur à faire en sorte d'effacer les traces des mutants que le groupe aidait. Ça n'était pas une tâche facile pour autant juste parce qu'il restait assis à son bureau bien au chaud. Il fallait creuser loin dans le réseau parfois, pour s'assurer que rien, absolument rien ne pourrait relier la personne à leurs activités ou les mettre en danger avec leur nouvelle identité. Croyez bien que parcourir le deep web des heures durant et de pianoter sans relâche sur son clavier n'était pas toujours de tout repos mais c'était là qu'il était encore le plus efficace et puisqu'Ellie ne pouvait plus l'aider autant à présent qu'elle était aussi sur le terrain, ma foi, il ne pouvait pas se dire qu'il ferait tout le lendemain, il avait sa tâche trop à coeur pour ça et une vie sociale quasi inexistante. Personne n'allait regretté qu'il passe sa soirée au QG plutôt que dehors bien que récemment, ce fait là semblait remis en cause avec la présence de Jia dans le tableau mais passons. Il était là depuis déjà deux bonnes heures à essayer de trouver de nouvelles identités pour certains mutants qui s'apprêtaient à quitter la ville mais il y avait une nouvelle qui maintenait une partie de son attention ailleurs. En effet, Elizabeth n'avait plus donner de nouvelles depuis trois jours déjà et la connaissant, ça n'était pas un bon signe. Il avait tenté de suivre sa trace sur les quelques caméras qu'il pouvait hacker pour trouver un début de piste sur sa localisation ou au moins comprendre pourquoi cette dernière était passé au silence radio mais pas de quoi avoir de réelles réponses sur le sujet. De quoi le frustrer considérablement et il était donc content de tomber sur Malachi en venant se chercher sa nouvelle dose de caféine, au moins avec le jeune homme, il pourrait discuter un peu et cesser de trop penser à ça même si avec tout ce qui se passait en ce moment à Radcliff, une disparition de trois jours ne pouvait rien annoncer de bon.

Enfin c'était sans compter sur l'irruption de la jeune Camilla qui vint leur apporter une nouvelle plus que capitale. Évidemment, une fois qu'elle eut fini de leur faire part de son histoire, Theodore savait déjà ce qui lui restait à faire. Il fallait aller l'aider. Il ne pouvait pas laisser la jeune femme aux mains des hunters et même si en l'état, la chance n'était clairement pas en leur faveur, ça ne voulait pas dire pour autant qu'il fallait la laisser à son sort et Sheldon avait été clair sur ce sujet là d'ailleurs. Il savait que son camarade le suivrait à contre-coeur, n'ayant pas réellement envie de se retrouver sur le terrain, ce qu'il comprenait d'ailleurs -ça n'était pas pour tout le monde après tout- mais en effet, y aller en solo ne serait qu'une mission suicide et il n'était pas le moment de se faire prendre. Tant pis pour le couvre-feu mais il fallait agir, utiliser l'élément de surprise contre ceux qui retenaient la jeune femme et après avoir enfilé sa veste par dessus sa chemise, il quittait le QG en compagnie du professeur, chacun dans son véhicule pour ne pas éveiller les soupçons. En arrivant à l'endroit indiqué, une drôle d'impression le saisit, les lieux dégageant un panorama des plus sinistres mais pas le temps de s'attarder là-dessus, le temps était une variante essentielle dans cette mission. « Il faudrait déjà pouvoir trouver un moyen de repérer où elle est ou le reste des types. Une fois qu'on en saura plus sur ça, on trouvera une solution. Je crois avoir repéré une porte sur le côté du bâtiment, ça nous fait un bon point d'entrée. » répondit-il au jeune homme tout en s'assurant que la première balle de son arme était bien dans la chambre et la sécurité retirée. Il préférait ne pas en avoir besoin mais vu qui ils avaient en face, mieux valait prévenir qu'arriver les mains vides....

Mission Sauvetage

Theodore & Malachi

Malachi s’était spontanément mis légèrement en retrait derrière Théodore, alors qu’ils fixaient ensemble l’entrepôt dans lequel leur amie était surement enfermée. Théodore avait surement un œil bien plus expert que le sien, et ses réflexions ne firent que confirmer cette impression. Le professeur remonta son col contre ses joues, visiblement nerveux : si ne se sentait pas à sa place ici, et aurait préféré déguerpir vite fait, bien fait. Mais si Elizabeth était là, il devait tout faire pour la sauver. Il se frotta les mains pour se réchauffer les doigts, avant de souffler dans un nuage de buée :

- Je vois. Ce que je te propose, c’est de m’occuper des gardes… Ne me regarde pas comme ça. Le grand blond, là bas. Il doit être tout nouveau, il est proprement terrorisé, il brille de peur comme un phare dans la nuit. Il ne lui faut qu’un tout petit coup de pouce pour qu’il déclenche une crise d’angoisse. Avec un peu de chance si il s’effondre, son binôme va demander de l’aide pour le déplacer… Au pire, on saura combien ils sont, au mieux, ils seront suffisamment occupés pour que l’on puisse passer par l’entrée que tu as repéré… on va voir ça très vite.

Les deux hommes se rapprochèrent de l’entrepôt à pas de loup, toujours à couvert. Malachi se sentait particulièrement vulnérable, totalement désarmé, mais au final, ce n’était pas plus mal : si il se faisait chopper, il pourrait faire croire à une panne de moto fortuite, et l’absence d’arme sur lui appuierait son air totalement inoffensif. La motiopathie du professeur avait l’avantage d’être une capacité visuelle, et non de contact, et le mutant n’avait pas besoin de s’approcher de sa cible pour l’atteindre. Tout ce dont il avait besoin, c’était de la voir, et de se concentrer :

- Fais sonner mon portable quand je peux te rejoindre … Je ne peux pas lâcher le type des yeux, sinon mon influence va diminuer rapidement … Allons y …

Toujours pas rassuré, le mutant attaqua la prise de contrôle de l’aura du chasseur blond, qui faisait les cent pas devant la grande porte, alors que son collègue pianotait tranquillement sur son portable. Malgré les quelques dizaines de mètres qui les séparaient, Malachi n’eut pas à faire beaucoup d’effort pour accentuer le mal aise de l’homme armé : le type devait être d’un naturel nerveux, parce qu’il n’eut pas à aller chercher bien loin pour voir le type blémir, et se mettre à haleter. Les symptômes classiques d’une crise d’angoisse, alors que son collègue levait le nez de son smartphone pour s’approcher de lui. Le blond s’adossa au mur en coulant un regard paniqué vers son l’autre chasseur qui s’approchait, ses lèvres articulant des paroles que Malachi ne pouvait pas entendre de là où il était. Tout ce qu’il voyait, c’était la seconde aura se teindre d’inquiétude et d’un peu de panique. C’était très bien ça, la panique. Malachi le vit sortir son talkie de sa poche – ça s’utilisait encore ça, des talkies ? – pour contacter quelqu’un, surement à l’intérieur. Ça voulait dire qu’ils étaient au moins trois, sinon plus. Il espérait vraiment que Théodore ne tomberait pas nez à nez avec l’un deux, parce qu’il ne pourrait pas vraiment retenir plusieurs personnes uniquement en les faisant mourir de trouille … Malachi resta prostré un moment dans son, vérifiant fébrilement son téléphone portable alors qu’une horde de chasseurs sortait de l’entrepôt comme une meute de chiens aux abois autour du chiot en peine. Malachi lui envoya une autre décharge d’angoisse, et la couleur lui était pénible à observer. Il n’aimait pas faire ça, mais c’était peut être le seul moyen de sauver Ely …

Il comprenait Malachi, son envie d'être partout ailleurs plutôt qu'ici. Et cela ne changeait évidemment rien sur sa perception de lui. C'était très humain après tout de vouloir fuir le danger, c'était ce qui nous avait permis d'évoluer jusqu'ici rappelons-le. Mais pour cette fois, il fallait surmonter cet instinct là car la vie d'une autre était en jeu et ils ne pouvaient pas restés sans rien faire lorsque l'une des leurs était en danger. La situation s'annonçait complexe, principalement parce qu'ils étaient en infériorité numérique évidente mais surtout parce qu'ils n'étaient même pas certain que c'était bien Ely qui se trouvait là. La présence de gardes indiquait bien entendu qu'il y avait en principe quelque chose à garder mais ça pouvait tout aussi bien être un piège, bien qu'il en doutait car le don de Camilla n'avait pas connu de faille jusqu'à présent. Mais pas le temps de tergiverser des heures, il fallait agir et vite. La proposition du professeur surpris le banquier mais il esquissa rapidement un sourire alors qu'il s'expliquait sur le plan qu'il comptait mettre en place afin de distraire les gardes afin de leur permettre d'entrer dans le bâtiment pour venir au secours de leur amie. « Bonne tactique. » lui concéda-t-il alors avant qu'ils ne se rapprochent encore un peu des types et de l’entrepôt le plus discrètement possible.

Par chance, le pouvoir de son partenaire allait s'avérer être plus qu'utile pour eux puisqu'il pouvait en effet créer une diversion en s'en prenant au pauvre type qui faisait le pied de grue pour le moment, lui offrant une fenêtre de manoeuvre afin de se rapprocher de l'entrée. Acquiesçant à ses propos, il vérifia encore une fois son arme puis la présence de son portable dans sa poche. « Reste prudent. Ne t'épuise pas non plus, j'aimerais autant ne pas avoir à te secourir toi aussi, niveau demoiselle en détresse, y a plus séduisant. » lança-t-il en plaisantant alors qu'il s'éloignait déjà vers l'entrée en contournant les gardes par la gauche, espérant que son petit trait d'humour allait au moins aider à le détendre un peu face à la situation qui restait évidemment périlleuse, surtout que Malachi lui n'était pas armé. Mais comme dit plus haut, au moins s'il venait à se faire prendre -ce qu'il n'espérait pas- il n'aurait pas l'air menaçant, ce qui pourrait s'avérer faire toute la différence face aux hunters. Une fois en place, il attendit que le dernier des types se ruant hors de l’entrepôt soit sortit depuis quelques secondes pour se glisser à l'intérieur. La pénombre n'aidait pas vraiment à se repérer mais assez rapidement ses yeux s'accoutumèrent à cette dernière et il s'engouffra dans le bâtiment, arme devant lui, prêt à faire feu si besoin. Tentant de voir si un bruit pouvait lui indiquer dans quelle direction chercher Ely, il sortit son portable et prévint Mal qu'il pouvait le rejoindre, les gardes étant tous dehors visiblement. Il le félicita pour son petit numéro au passage et quand ce dernier le rejoint, il ne fit pas plus de cérémonie, le temps jouait contre eux. « J'ai entendu du bruit par là, je pense que c'est elle, il reste un type avec. Tu crois que tu peux l'avoir lui aussi ? » demanda-t-il au jeune homme, ne voulant pas l'épuiser non plus, se doutant que la concentration que demandait l'utilisation de son pouvoir devait être épuisante à force, surtout qu'il venait de le faire sur un groupe assez nombreux de personnes.

Mission Sauvetage

Theodore & Malachi

Le motiopathe resta tapi un moment dans sa cachette de longues minutes, alors qu’il maintenant la tension sur les émotions du chasseur en mauvais état : il était assez surpris, pour tout vous dire, que son don lui fasse un tel effet, malgré la distance qui les séparait. Peut être que l’impact d’émotions négatives était nécessairement plus important que celui des bonnes, à moins que le chasseur soit un sujet particulièrement sensible : c’était possible, mais il avait un peu de mal à imaginer un homme doué d’une sensibilité à fleur de peau être capable de séquestrer une jeune femme dans un hangar glauque sans le moindre souci. Quand son téléphone vibra, il le décrocha pour écouter les nouvelles de Théodore. Il avait réussi à rentrer dans le hangar, ce qui était une réussite en soi, mais apparemment, Il ne pourrait pas récupérer Ely sans son aide. Malachi soupira, ses épaules totalement baissées, avant de secouer la tête : ce que lui demandait Théo était proprement impossible, il ne pouvait que très difficilement influencer deux personnes à la fois, alors deux personnes n’étaient même pas dans la même salle. Il resta silencieux un moment, avant de répondre à voix basse :

- … Je peux. Simplement si je dois prendre le dessus sur celui qui est avec Ely, ça veut dire que je n’aurais plus aucune influence sur celui de dehors à partir du moment où il n’est plus dans mon champ de vision. Il sera mal encore … cinq minutes, puis il va se calmer. On a pas une fenêtre d’action très, très limitée … Mais je suppose qu’on a pas le choix…. J’arrive.

Il resserra son blouson contre lui, puis se faufila sur les pas du responsable de la section informatique. Au loin, il entendait encore l’écho des râles saccadés du chasseur en plein bad trip. Il avait peut être exagéré sur ce qu’il lui avait infligé, mais il imaginait bien qu’à sa place, le chasseur lui aurait fait subir quelque chose de bien, bien pire. Il se glissa dans l’encadrement de la lourde porte de métal que Théo avait laissé ouverte pour lui, le cherchant du regard, avant de le rejoindre, accroupi derrière une étagère remplie de pièces métalliques qu’il ne reconnaissait pas :

- Tu as vu où elle était ? parce que pour … Agir, il faut que je le vois, sans ça, je ne sers absolument à rien …

Il se frotta les yeux, la poussière qui recouvrait le moindre meuble irritait ses yeux déjà sensibilisés par l’utilisation de ses capacités : si ses iris n’avaient pas encore tournés au bleu électrique, il sentait bien que ce n’était qu’une question de minute pour qu’il ne ressemble absolument plus à un humain inoffensif. Ils devaient agir, vite, très vite, sans quoi la situation allait rapidement devenir ingérable. Il tendit l’oreille, mais en dehors du bruit des hunters à l’entrée, il n’entendait rien, rien du tout.

- Tu es sur d’avoir entendu quelque chose ? Je ne vois même pas où elle pourrait être …