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 Counting Stars ♣ Stephen

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MessageSujet: Counting Stars ♣ Stephen   Counting Stars ♣ Stephen Icon_minitimeDim 23 Juin 2013 - 1:09

You never told me what it was that made you strong, and what it was that made you weak.
Counting Stars
Il y avait quelque chose de rassurant à propos de cette librairie. Tu n’avais pas encore décidé si c’était grâce à son ambiance silencieuse mais chaleureuse ou grâce à son propriétaire qui était toujours en poste lorsque tu arrivais, qui te souriait sans un mot et qui te laissait aller fouiner partout jusqu’à ce que tu trouves ce que tu voulais. Tu t’installais alors dans le fond, pelotonnée dans une chaise qui avec le temps devenait confortable pour toi, et tu lisais. Tu pouvais lire pendant des heures, que ce soit sur des sujets compliqués d’informatique ou des romans d’amour. Tu pouvais lire des bandes dessinées, des livres qui te faisaient rire, de grosses encyclopédies compliquées. Le livre que tu avais entre les mains n’importait guère. Ta petite chaise branlante, le regard bienveillant du propriétaire, tous ces livres qui avaient une odeur bien particulière pour toi, cette petite boutique en tant que tel : c’était ça qui importait. Et, surtout, le sentiment de bien-être que tu ressentais à la seconde où tu y entrais et que tu échangeais ton sourire quotidien avec l’homme derrière le bureau. Vous n’aviez échangé que quelques mots, ce qui était bien étrange vu le nombre de fois où vous vous croisiez pendant une semaine. Tu avais l’impression de plus partager avec lui qu’avec n’importe qui d’autre, et pourtant, tu ne connaissais même pas son nom. Tu avais pris ton courage à deux mains et tu étais allée le voir pour lui proposer de changer le vieux truc qui lui servait d’ordinateur par l’un de ceux que tu avais chez toi. Tu lui avais organisé un programme plutôt simple d’utilisation à tes yeux qui permettait au propriétaire de savoir exactement le nombre de livres qu’il avait, où ils étaient et les transactions effectuées. C’était probablement votre plus longue conversation à vie, alors que tu lui expliquais comment tout cela marchait. Tu lui avais même laissé ton numéro de téléphone, si ça ne marchait pas. C’était ce que tu lui avais dit, bien évidemment, mais tu savais que si ça ne marchait pas, c’était probablement parce qu’il ne savait pas trop comment l’utiliser, et pas parce que ça allait planter. C’était ton programme, après tout, et tes programmes ne plantaient pas, un point c’est tout.

Tu lui avais déjà rendu service quelques fois et cela te faisait plaisir. Du moment qu’il te laisse toujours entrer dans sa librairie et t’asseoir sur la petite chaise branlante dans le fond, tu étais heureuse. De toute façon, l’informatique, c’était ton domaine et c’était ta façon à toi de le remercier pour tout ce qu’il avait fait pour toi. C’était étrange à dire, mais tu sentais que tu avais besoin de le remercier de te permettre de passer du temps dans sa librairie, d’avoir créé un espace où tu te sentais bien. C’était complètement stupide, mais tu n’arrivais pas à te départir de ce sentiment, de cette impression que tu étais en dette envers lui. Refaire son système informatique avait été un jeu d’enfant pour toi et cela t’avais permis de te sentir un peu moins mal de revenir si souvent dans sa librairie simplement pour lire. Pas que tu avais l’impression de le déranger, mais il avait l’air plutôt solitaire et tu ne savais pas si ta présence l’incommodait au fond. C’est juste que tu voulais qu’il se sente bien, lui aussi, un peu comme toi. Alors tu lui rendais service et tu revenais toujours le voir dès qu’il ne comprenait plus comment ça marchait, pour faire des mises à jour ou juste s’occuper de son ordinateur. Et, en échange, tu profitais de sa librairie, de cet environnement que tu avais fais tien et que tu adorais. Tu aimais y être, être entourée de toutes ces connaissances, tous ces volumes, vieux et moins vieux.

Tu n’avais jamais réellement réussi à cerner son propriétaire pour autant. Pas qu’il ait l’air bizarre ou rien, loin de là, mais tu ne savais rien de lui. Ou enfin, rien de concret. Tous ses petits gestes que tu observais de loin au quotidien t’en apprenaient un peu plus sur lui, mais les maigres récoltes que tu avais pu avoir sur ses manies et son comportement ne pouvaient pas t’en dire beaucoup sur son histoire. Tu aurais dû te méfier. En tant que mutante, tu ne pouvais pas te permettre de faire confiance à n’importe qui. Normalement, c’était l’attitude que tu employais avec un peu n’importe qui. Mais lui, étrangement, ce n’était pas un inconnu. Tu le « côtoyais » depuis plusieurs mois déjà et, bien que vous n’avez engagé aucune réelle conversation – après tout, tu ne te rappelle pas de lui avoir dit ton nom et tu te rappelles encore moins d’avoir entendu le sien, probablement parce que tu ne lui avais jamais demandé – tu lui faisais confiance. De toute façon, s’il avait su que tu étais une mutante et qu’il avait voulu attenté à ta vie, il l’aurait probablement déjà fait, et tu n’avais vraiment pas l’impression qu’il exploitait tes talents informatiques, surtout vu la simplicité de la tâche qu’il te demandait parfois.

Il n’y avait que vous deux dans la librairie cet après-midi-là. Tu y étais depuis presque une heure et demie et tu lisais un fascinant livre traitant du sens de la vie – rien de moins. Puis, comme ça, tu t’es dit que tu devrais peut-être aller lui parler. Parce que ça suffisait, les idées préconçues que tu pouvais te faire, et que c’était complètement stupide de croiser autant quelqu’un et ne pas savoir son nom, un peu de sa vie, son caractère, ses manies. Les trucs normaux, quoi. Alors tu avais fermé ton livre et tu t’étais timidement dirigée vers le bureau en avant.

« J’espère que je ne vous dérange pas… Mais je viens de remarquer que je ne vous ai jamais demandé votre nom, et que je ne me suis jamais présentée. Pose. Tu évalues un peu pour voir si tu peux continuer ou si c’est le temps de partir en courant de l’autre côté. Tu lui tends finalement la main. Abigail. Mais pour vous ça peut être Abby. »
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MessageSujet: Re: Counting Stars ♣ Stephen   Counting Stars ♣ Stephen Icon_minitimeMer 26 Juin 2013 - 15:11


J'avais repris le travail. Après de longues journées d'état stationnaire, entre deux, j'avais repris le travail. Peut-être était-ce l'odeur de mes livres, ou bien la lumière tamisée que laissait passer la vitrine, mais je me sentais mieux. A l'abri de mes vieux démons. J'avais moins envie de boire. Moins envie de sauter d'un pont. La librairie agissait comme un cocon protecteur de bouquins autour de moi, me retenant de retomber dans la dépression. C'était mon médicament à moi. Voir les étagères pleines à craquer s'étaler à perte de vue me combler. Au moins, dans ma vie, j'arrivais à faire quelque chose. Peut-être même que j'allais enfin être édité, après ma rencontre avec ce James. Peut-être que mes poèmes allaient être appréciés à leur juste valeur ? Assis devant ton bureau, les pieds posés sur la table, je tenais entre mes mains un livre passionnant. C'était la simple histoire d'un garçon doté de pouvoir. Depuis que j'étais tout gamin, j'étais passionné par ce genre de roman. Encore plus depuis que j'avais appris que tout cela existait vraiment. Ces histoires avaient un goût de réalité qui me plaisait plus qu'autre chose. Alors, je les dévorais, j'en achetais des tonnes pour remplir la librairie, mais personne ne semblait les apprécier autant que moi. A vrai dire, peu de gens prenait le temps d'y passer pour faire autre chose qu'acheter un manuel scolaire. Personne ne fouillait les rayons avec une frénésie à peine cachée. Personne n'avait ce sourire satisfait, quand on trouve le livre idéal pour passer une longue soirée d'hiver sous les draps. Personne, à part cette fille. Elle devait avoir la vingtaine, tout au plus, et des grands yeux émerveillés. Elle passait régulièrement à la librairie pour se poser sur la chaise branlante du fond, qui menaçait de s'écrouler à chaque coup de vent, et dévorer des bouquins à la pelle. Elle me rappelait un peu Sally. Un peu. A chacun de ses passages, je lui octroyais un sourire et un hochement de tête, salut qu'elle me rendait expressément. C'était là un de mes rares contacts humains de la journée. Elle avait même eu la délicatesse de me prêter un autre ordinateur que le tank que j'avais depuis plus d'une décennie, et avait installé un programme pour faciliter le rangement et le stockage de mes livres. C'était une très gentille attention, mais je n'étais définitivement pas du genre à utiliser un ordinateur. Trop compliqué, trop moderne, pour moi qui était resté coincé vingt ans en arrière. Il n'empêchait que j'avais fini par m'habituer à cette petite présence au fond de la librairie. J'avais toujours eu du mal à accepter des gens dans mon entourage proche, mais elle avait fini par devenir habituelle - ce qui était bon signe. Elle prenait toujours quelques instants pour mettre à jour mon PC - ou une autre quelconque manipulation que je ne comprendrais jamais. Cette fille était devenue un compagnon, sans même que je ne connaisse son nom.

« J’espère que je ne vous dérange pas… Mais je viens de remarquer que je ne vous ai jamais demandé votre nom, et que je ne me suis jamais présentée. » Relevant la tête, je croisais le regard de la jeune fille. Je ne l'avais même pas vu s'avancer jusqu'à mon bureau, absorbé à ma lecture. Si quelqu'un d'autre s'était aventuré à m'interrompre, j'aurais été de mauvaise humeur, mais à vrai dire, j'étais plutôt flatté qu'elle fasse le premier pas. Elle m'avait toujours semblé autant timide que moi. Cependant, sur le coup, je restais paralysé. Les conventions sociales et moi, ce n'était pas une histoire d'amour. Les politesses d'usage m'étaient étrangères. Les "bonjour" et autres "au revoir", je maîtrisais. Mais lorsqu'il s'agissait de choses plus personnelles, j'avais du mal. J'avais toujours eu du mal, même en étant un gamin. La jeune fille tendit une main frêle. « Abigail. Mais pour vous ça peut être Abby. » Je la regardais, les yeux grand écarquillés, cherchant quoi faire. Après un long instant de réflexion, je finis par tendre la main à mon tour, et la lui serra. Sa paume était chaude, la mienne, froide et moite. « C'est un très joli prénom. Ca vient de l'hébreu, non? » J'avais toujours eu tendance à observer l'étymologie des mots. C'était l'un des revers d'avoir suivi des cours de littérature à la faculté - tout devenait un jeu de mots pour moi. En quelques secondes, j'arrivais généralement à trouver l'origine d'un mot. Son prénom était forcément hébreu. J'avais déjà entendu mon professeur répéter inlassablement que la plupart des prénoms ont une origine religieuse ou hébraïque. Quittant momentanément mes pensées, je me rendis compte que, pour un premier contact pour un timide maladif, je ne m'en sortais pas si mal que ça. Je n'avais buté sur aucun mot, à part peut-être "joli", mais je comptais sur sa délicatesse pour ne pas le relever. « Je m'appelle Stephen. Ravi de faire ta c-connaissance. » Merde, j'avais bégayé. Retirant ma main de la sienne, je me remis convenablement assis, un peu gêné. C'était intimidant, pour moi, de parler aussi longtemps à quelqu'un d'autre qu'Evey, ou Eremon. Je jetais un coup d'oeil à mon bureau, cherchant frénétiquement un sujet de discussion, puisque ce je savais pertinemment qu'elle n'allait pas simplement revenir à sa place sans ajouter quelque chose. Mon regard se posa sur l'ordinateur qu'elle m'avait prêté, allumé. L'écran envoyait une lumière blafarde sur l'horloge en face. Eclair de génie. « Merci pour l'ordinateur. C'était t-très gentil de ta part. » Mon visage se décomposa cependant rapidement. « Mais j'ai du mal à m'y faire. Je viens d'une autre époque... » J'avais lâché cette phrase en un soupir. Il était vrai que tout ça m'était étranger. « C-C'est toi qui a crée le logiciel? » J'avais beaucoup d'admiration pour tous mes collègues artistes. Et je devais avouer que, même si la discipline m'était inconnue, je considérais que n'importe quelle création était impressionnante. C'était peut être là une déformation professionnelle, mais tant pis. Me rendant soudainement compte qu'elle m'avait déjà dit qu'elle avait préparé ça toute seule, je sentis mes mains devenir encore plus moites qu'elle ne l'était déjà. Un timide maladif en reste un toute sa vie.
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MessageSujet: Re: Counting Stars ♣ Stephen   Counting Stars ♣ Stephen Icon_minitimeVen 28 Juin 2013 - 7:41

You never told me what it was that made you strong, and what it was that made you weak.
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Le moment entre celui où tu as tendu ta main et celui où il l’a finalement attrapée t’a semblé être une éternité. Tu ne sais pas pourquoi, mais c’était important pour toi. Tu voulais apprendre à le connaître, tu voulais qu’il sache qui tu étais, tu ne voulais plus être l’inconnue sur la chaise branlante dans le fond de sa librairie. Il n’avait été qu’une présence pour le moment, qu’une ombre en arrière de son bureau, un sourire alors que tu entrais et que tu sortais, un pilier qui restait là, quoiqu’il arrive. Il répondait toujours à tes questions, aussi insignifiantes et stupides pouvaient-elles paraître. Alors, tu avais décidé que tu ne voulais plus qu’il ne soit qu’une présence. Tu voulais qu’il soit une personne à tes yeux, avec un nom, un caractère, des manies. Une personne en chair et en os dont tu savais deux ou trois choses. Et, sans véritablement savoir pourquoi, c’était devenu important pour toi, qu’il sache qui tu étais, qu’il puisse mettre un nom sur ton visage, qu’il puisse dire que tu étais sympa, ou quelque chose du genre, et pas seulement que tu étais la petite blonde qui lui avait prêté un ordinateur et bidouillé un logiciel de rangement pour lui. Alors quand il a serré ta main, tu n’as même pas remarqué qu’elle était moite et froide. Tu n’avais réussi qu’à lui offrir un beau sourire, juste contente que ça se passe relativement bien. « C’est un très joli prénom. Ça vient de l’hébreu, non ? »

Tu souris de nouveau. « Oui, je crois. Ma mère m’a dit que ça voulait dire « la joie de son père » ce qui est assez ironique vu comment mon père se foutait un peu de moi. » Mais quelle belle façon de commencer une conversation, vraiment, on voit tout de suite tes grands talents. Tu ne vas réussir qu’à le rendre encore plus mal à l’aise, c’est génial. Tu ris un peu, gênée. Tu n’avais généralement aucun problème avec les relations sociales, ne faisant pas confiance facilement mais étant normalement capable de te lier avec les autres. Ça te rassurait de voir qu’il avait l’air aussi mal à l’aise que toi. « Je m’appelle Stephen. Ravi de faire ta c-connaissance. » Peut-être encore plus mal à l’aise, vu comment il avait buté sur le mot connaissance. Stephen, alors. Ça te faisait vraiment étrange de mettre un nom sur son visage. Pour toi, il n’était que le propriétaire de la librairie depuis tellement longtemps que ça te faisait bizarre de le découvrir petit à petit. Tu te doutais cependant que ce n’était pas vraiment le genre hyper sociable à parler sans pouvoir s’arrêter. C’était quelque chose que tu appréciais à propos de lui, sa capacité à se taire lorsqu’il n’avait rien à dire, même si pour le moment tu savais que votre conversation ne voulait pas dire grand-chose, mais tu savais aussi que vous deviez partir à quelque part, que vous appreniez tout juste à vous connaître et que même si tu avais l’impression de le connaître depuis le temps que tu le vois, tu ne savais rien de lui et il valait mieux y aller en douceur.

« Merci pour l’ordinateur. C’était t-très gentil de ta part. Tu souris de nouveau, et tu t’apprêtes à répondre lorsqu’il ajoute une phrase. Mais j’ai du mal à m’y faire. Je viens d’une autre époque… » Tu ris un peu, compatissante. Tu pouvais bien comprendre. C’était facile pour toi, l’informatique, mais tu côtoyais tellement de gens qui n’y comprenaient rien que tu avais appris la bonne attitude à avoir, à savoir qu’il fallait mieux en rire qu’en pleurer. « Oh, ce n’est rien, vraiment. Votre autre ordinateur faisait tellement pitié que je me devais de vous changer ça. Est-ce que vous vous en servez un peu, au moins ? » Tu ne serais pas vexée si ce n’était pas le cas. Ça n’avait pas été compliqué à tout installer et, surtout, ça t’avais fait plaisir. Tu avais voulu le faire, et maintenant que tu étais là, tu étais fière du résultat, que ça serve ou non. Il y aurait toujours un peu de toi dans cette librairie maintenant, et quoi de mieux qu’un ordinateur pour te représenter, pensais-tu.

« C-C’est toi qui a créé le logiciel ? » Tu lui avais probablement déjà dit, mais comme le reste, ça ne te dérangeait pas de répéter, tu étais plutôt fière de ton travail malgré la simplicité du programme. « Oui, c’est moi. J’ai une petite entreprise d’informatique, vous savez, j’aime bien réparer les ordinateurs et créer des programmes. » Silence. Ce n’était certainement pas sur l’informatique que vous alliez avoir des conversations palpitantes. Tu oses t’asseoir sur le bord de son bureau, à l’opposé de lui, pour ne pas qu’il ait l’impression que tu entres dans sa bulle. Tes yeux parcourent son bureau, à la recherche d’un sujet de conversation qui pourrait vous toucher tous les deux. Ton regard est attire vers le livre qu’il avait déposé pour te parler. Tu le montres d’un hochement tête. « C'est à quel propos ? »

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MessageSujet: Re: Counting Stars ♣ Stephen   Counting Stars ♣ Stephen Icon_minitimeDim 30 Juin 2013 - 14:37


« Oh, ce n’est rien, vraiment. Votre autre ordinateur faisait tellement pitié que je me devais de vous changer ça. Est-ce que vous vous en servez un peu, au moins ? » Pitié ? Loin de me vexer, sa réplique me fit esquisser un sourire rassuré. Abigail - je ne pouvais pas me résoudre à l'appeler Abby, pour l'instant - avait une voix chaleureuse et agréable, qui, si j'avais du l'associer à un goût, ressemblait à du miel. Elle semblait toutefois tout aussi mal à l'aise que moi, ce qui m'apaisait légèrement. Loin de moi l'idée d'apprécier sa timidité, mais disons que je me sentais moins seul. « Pas facile. J'ai connu l'époque du bi-bop. Mais j'essaie. J'ai même installé une nouvelle version de Paint. » Fut un temps où j'essayais de faire des petits dessins pour aller avec mes poèmes, mais c'est une époque révolue. Ma capacité artistique se limitait à l'écriture, ce qui était déjà beaucoup. Les mots, plutôt que les pinceaux. «Oui, c’est moi. J’ai une petite entreprise d’informatique, vous savez, j’aime bien réparer les ordinateurs et créer des programmes. » Oh. Je réprimais un écarquillement d'yeux intempestif. Elle avait tout de même très jeune pour lancer une entreprise. Et même si elle était de la nouvelle génération, celle qui est née avec les ordinateurs et les smartphones, je trouvais impressionnant sa maîtrise en informatique. A son âge, j'étais beaucoup moins débrouillard. Je m'autorisais un sourire impressionné et un hochement de tête. « C'est impressionnant. » J'hésitais un instant à lui proposer de l'argent pour service rendu. Après tout, elle avait pris de son temps pour créer ce logiciel, et surtout de l'argent, pour m'avoir prêté un ordinateur. Ca coûtait sûrement plus de 50 dollars ? Je ne savais rien des prix actuels du marché. Quoi qu'il soit, je ne finis par rien dire. Si elle voulait de l'argent, elle m'en aurait réclamé bien plus tôt. A nouveau, un nouveau silence prit place.

« C'est à quel propos ? » J'haussai un sourcil, pas sûr de comprendre ce qu'elle me demandait. Suivant le regard d'Abigail, je constatais qu'elle faisait allusion au livre que j'étais en train de lire. La couverture rouge était toute abimée, les pages jaunes et raccornies et une légère odeur de rance en émanait. Je l'avais lu, des tonnes et des tonnes de fois. C'était devenu une madeleine de Proust. Ce livre me faisait rêver comme aucun autre. Je laissais un sourire heureux glisser sur mes lèvres, et je soupirais doucement, nostalgique. « "Jackson Xavere et les douze autres". C'est un roman d'Alison Sarhy. » Je doutais qu'elle sache quoi que ce soit sur cette auteure. C'était le genre de tout petit livre, édité par un tout petit éditeur, écrit par un tout petit écrivain. Alison Sarhy n'en n'avait pas publié d'autre, et était morte quelques années plus tôt. « Un petit garçon qui se rend compte qu'il a des pouvoirs magiques et qu'il doit accomplir une quête, le tout en étant poursuivi par des monstres mi humain-mi robot. Un peu idiot, mais c'est mon petit plaisir. » J'avais toujours été fasciné par les pouvoirs, et, à présent, par extension, j'étais fasciné par les transmutants. J'avais amenagé un petit espace, dans la librairie, avec les nombreux livres traitants sur eux que j'avais pu commander, trouver ou acheter. Certains collectionnaient les timbres, ou les étiquettes de cigare : un de mes loisirs était de me documenter le plus possible sur les transmutants. J'aimais l'idée que, quelque part dans le monde, quelqu'un guérisse un autre juste avec les paumes de ses mains. J'aimais l'idée qu'un autre éteignait un feu en faisant jaillir de l'eau depuis les nappes phréatiques. J'étais peut être toujours un peu un gamin, à l'intérieur. Il n'empêchait que rencontrer un dégénéré constituait un rêve que je n'avais jamais exaucé, et c'était triste. Constatant que je me refrognais un peu, je sortis momentanément de mes pensées pour relancer le sujet. « Je suis très fan des romans avec des pouvoirs. A droite, là bas, j'ai m-même un rayon sur les transmutants. » J'ajoutais un sourire bienveillant pour lui faire comprendre que toute cette obsession était plutôt positive. Je n'étais pas un hunter, et grand dieu, heureusement. La simple vue du sang me révulsait.

« C'est mon type de l-livre préféré. » Relevant la tête, je croisais le regard d'Abigail. « Prends donc une chaise. T-Tu voudrais du thé ? » Je me sentais soudainement plus à l'aise, comme si la simple évocation de mon amour pour les livres me calmait. Sans attendre sa réponse, je me levai de ma chaise pour aller dans la remise, mais n'y trouvait qu'une bouteille de soda light, quelques gobelets et un paquet de biscuits apéritifs. C'était déjà mieux que rien. Me hâtant, de peur d'avoir effrayé Abigail, je remontai et posai tout sur le bureau, tentant tant bien que mal de faire un peu de place. Un peu de compagnie, après tout, me ferait du bien. « D-Désolé de l'attente. » Je me rassis, me raclant la gorge. J'avais l'impression, tout de même, de transpirer de partout, ce qui était, à mon sens, légèrement gênant. « Et toi? Qu'est-ce tu aimes lire, à part des pages de code informatique ? »
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MessageSujet: Re: Counting Stars ♣ Stephen   Counting Stars ♣ Stephen Icon_minitimeVen 12 Juil 2013 - 7:16

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Tu sentais le malaise qui t'étreignait la poitrine s'envoler en douceur à mesure que vous discutiez. Pas que votre discussion ait quoique ce soit d'extraordinaire. Pas qu'elle soit transcendante par sa brillance et ses propos de haut niveau, non. Mais c'était une discussion et tu ne pouvais plus nier que tu avais enfin réussi à lui adresser la parole. Tu avais peur, au début, parce que tu pensais que, comme toi qui l’observais depuis un moment déjà, il s'était fait une idée sur toi. T'éloigner de cette idée préconçue t'effrayait pour la simple et bonne raison que tu voulais qu'il t'apprécie en tant qu'amie. Comme quelqu'un qu'il pouvait venir voir en cas de besoin, comme quelqu'un avec qui il appréciait échanger sur tous les sujets possibles et inimaginables. Ce n'est vraiment que lorsqu'on tente de faire bonne impression qu'on a parfois l'impression de s'emmêler les pinceaux. Tu ne voulais pas qu'il te renvoie à ta chaise branlante dans le fond, aussi confortable et sécuritaire pouvait-elle être pour toi. Maintenant que vous aviez commencé à vous parler, il aurait été bien mal avisé de vouloir t'empêcher de continuer cette conversation. Tu ignorais pourquoi lui, pourquoi maintenant. Pourquoi est-ce qu'un homme ayant plus ou moins l'âge de ton propre père pouvait te fasciner à ce point ? Il émanait une véritable bienveillance de lui et tu n'arrivais pas à te détacher de cette impression. C'était quelqu'un de bien, tu en avais été convaincue depuis la première fois que ton regard avait croisé le sien alors que tu entrais dans sa librairie. L'atmosphère et l'odeur de celle-ci avaient fini par te convaincre que tu n'avais rien à craindre en sa présence, absolument rien, et ce sentiment de sécurité que tu ressentais en sa compagnie bien que distante avant ce jour n'avait cessé de croître en toi. Tu avais un profond respect pour cet homme sans même le connaître. Apprendre à le faire à l'instant te rendait heureuse et le malaise s'en alla plus rapidement que prévu. Tu te sentais inexplicablement bien, comme si plus rien ne pouvait t'atteindre, comme si plus rien n'avait d'importance désormais. Peut-être que c'était son regard posé sur toi, la façon dont il bougeait, son sourire, tu ne le savais pas. Tout ce que tu savais, c'était que sa librairie ressemblait pour toi beaucoup plus à un chez-toi que ta maison natale en Angleterre.

« Pas facile. J'ai connu l'époque du bi-bop. Mais j'essaie. J'ai même installé une nouvelle version de Paint. » Paint ? Tu ne peux t’empêcher de rire un peu. Tu n’avais pas utilisé ce logiciel depuis quelques temps déjà, mais tu te rappelais très bien tes dessins maladroits lorsque tu étais petite et ta découverte de tous les boutons de ce dernier. Tu étais rapidement passée à un programme un peu plus compliqué, mais tu ne pouvais pas t’empêcher de garder un bon souvenir de Paint, même si sa simplicité te faisait toujours sourire lorsqu’on le mentionnait. « Paint, c’est très bien, il faut toujours commencer à quelque part, » renchéris-tu donc avec un sourire. Tu lui parles ensuite du programme que tu avais créé pour lui, et de ta petite entreprise d’informatique. Ce n’était pas grand-chose pour toi et tu avais de l’aide de Mika par exemple, mais Stephen paraissait tout étonné de voir que tu pouvais gérer tout ça à ton âge. « C’est impressionnant. » Tu hoches la tête en remerciement en observant la librairie à ton tour, ce qui était probablement sa réussite à lui. Tu avais lu plusieurs livres de celle-ci mais tu ignorais tout de son propriétaire, de la façon dont ces livres s’étaient retrouvés là, du nombre d’année de vie de sa librairie. « Et vous, vous vous occupez de votre librairie tout seul ? Ça a dû prendre du temps pour rassembler tous ces livres. »

Puis ton regard est attiré vers le livre qu’il lit et tu lui demandes c’est à quel propos. Peut-être que tu pourrais lui emprunter lorsqu’il en aura terminé. Tu remarques qu’il a l’air plutôt nostalgique lorsqu’il regarde à son tour son vieux bouquin, et tu souris de le voir aussi heureux et à l’aise. « "Jackson Xavere et les douze autres". C'est un roman d'Alison Sarhy. » Tu hausses évidemment d’un sourcil, n’ayant jamais entendu parler de l’auteure ou du livre. Heureusement, Stephen s’en doute aussi et te fait un petit résumé. « Un petit garçon qui se rend compte qu'il a des pouvoirs magiques et qu'il doit accomplir une quête, le tout en étant poursuivi par des monstres mi humain-mi robot. Un peu idiot, mais c'est mon petit plaisir. » Tellement loin de tes longues lectures remplies de codes étranges et de longs paragraphes qui ne font de sens qu’à ceux qui connaissent bien l’informatique. Pourtant, c’était le genre de livre que tu pourrais probablement lire dans tes temps libres, sur ta petite chaise branlante, lorsque tu ne lisais pas pour ton travail. Le genre de livre que, morte de fatigue, tu pourrais lire avant de t’endormir. « Ça m’a l’air excellent. Est-ce que ça vous dérangerait de me le prêter lorsque vous en aurez terminé ? » Tu n’étais pas trop sûre de sa réponse. Après tout, si c’était son livre préféré, il ne voudrait peut-être pas le passer à une parfaite inconnue comme toi. Mais comme de toute évidence tu avais plus de chance d’apprécier les livres qu’il lisait que le contraire, tu te devais bien d’essayer un peu.

« Je suis très fan des romans avec des pouvoirs. A droite, là bas, j'ai m-même un rayon sur les transmutants. » Tu le savais. Tu y voyais parfois James, un type qui ne te disait rien qui vaille au début, mais qui finalement s’est avéré relativement sympathique et moins étrange que prévu. Sa fascination pour les dégénérés comme toi te troublait un peu, mais après avoir discuté, il avait réussi à te convaincre que c’était pour les bonnes raisons et tu l’avais un peu lâché depuis. « Oui, d’ailleurs, j’en ai lu quelques-uns qui étaient très intéressants. » N’ayant pas vraiment l’occasion de parler à cœur ouvert de ton don avec d’autres transmutants, tu étais allée voir dans cette section de sa librairie pour en apprendre un peu plus sur toi et sur les autres qui t’entouraient. Tu savais que votre potentiel était illimité mais c’était parfois étrange de le lire en termes scientifiques. Il y avait des dons dont tu n’aurais jamais cru possibles et qui font paraître le tien bien inoffensif en comparaison.

Ça te rassurait de voir qu’il avait l’air à l’aise avec les transmutants et qu’il n’allait probablement pas te sauter à la gorge ou fuir en courant s’il apprenait que tu en étais une, toi aussi. Tu te disais que ce ne serait probablement pas une bonne idée de l’annoncer tout de suite, cependant, puisque vous vous connaissiez à peine, mais il n’avait pas l’air de vous détester, pas du tout. « C'est mon type de l-livre préféré. » Tu souris, pensive. Tu les aimais bien, toi aussi, même si cela te faisait toujours un peu peur de lire autant de choses sur toi-même que tu ne connaissais pas nécessairement. « C’est vrai que ce sont des livres vraiment fascinants. Ils ont beaucoup à nous apprendre. » Tu ne voulais pas aller trop loin dans ce sujet, parce que, te connaissant, tu finirais par lancer à Stephen que tu étais une transmutante, comme ça. Tu entendais d’ici la voix de Mika te mettant en garde. Tu lui faisais peut-être confiance, mais tu ne pouvais être sûre de rien, et plus tu le disais, plus de personnes le saurait, et cette information finirait par tomber dans les oreilles des Hunters, ce qui serait déplorable. Cependant, tu ne voulais pas que Stephen pense que ta petite réserve face à ce sujet était parce que tu ne les aimais pas, ou que tu étais une Hunter, carrément, parce que c’était très loin de la vérité.

« Prends donc une chaise. T-Tu voudrais du thé ? » Tu lèves les yeux vers lui pour croiser son regard. « Oui, bien sûr, ce serait merveilleux, » fais-tu en t’asseyant. Tu le regardes quitter son bureau et tu restes seule dans la librairie, à observer tous les livres autour de toi, ainsi que l’ordinateur que tu lui avais prêté. Tu joues un peu avec tes cheveux en l’attendant, plutôt contente de comment cette conversation avait fini par tourner. « D-Désolé de l'attente. » Tu souris pour effacer son malaise. « Et toi? Qu'est-ce tu aimes lire, à part des pages de code informatique ? » La question qui tue. Tu aimais lire tellement de choses qu’il était difficile de faire un choix. « Cela va vous sembler tellement guimauve gnian-gnian, mais j’adore les romans d’amour, peut-être parce qu’ils trouvent toujours une façon d’avoir leur happy ending. Ça fait rêver. » Tu avais l’impression de dire n’importe quoi, alors tu piques un fard et tu te penches pour attraper un biscuit sur la table, que tu grignotes par la suite.


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