STORIES ARE WHERE MEMORIES GO WHEN THEY'RE FORGOTTEN
I don't paint dreams or nightmares, I paint my own reality.
Elle embrassa sa joue. Se retourna, les yeux en larmes, avec le peu de dignité qu'il lui restait. Cette dignité, qu'un gamin de neuf ans ne pourrait jamais comprendre. L'argent n'achetait pas un être humain, mais simplement les mutants. La mutation était à vendre, le mur venait de tomber. L'URSS était tombée à la naissance de l'enfant, de par un système qui n'avait cessé de le ronger. Le mur était tombé, l'Occident finirait par venir massacrer les russes, disaient les rumeurs. Il fallait rejoindre le pays de la liberté, dans un élan de désespoir, elle emprunta un chemin. Sans se soucier de l'enfant qu'elle abandonnerait en chemin. Voilà ce qu'il était cet enfant russe hurlant à la mort.
« мать ! » Hurlait l'enfant dans le froid. Le gosse hurla ces mots, encore et encore comme un vulgaire vinyle rayé. Il suppliait du regard. Il implorait. Il s'écroulait alors que sa mère serrait la liasse de billets contre son cœur. C'était cela l'arrangement après tout : un mutant contre un passage aux États-Unis. Il serait cette enfant sans nom, ce gamin qui oublierait : ses malheurs, sa famille, ses origines et même son nom. Il oublierait la neige de sa ville natale dans ses chaussures trouées. Il oublierait les trafiques humains qu'il admirait sans comprendre. « Pourquoi ces filles jolies sont-elles maquillées ? » se disait l'enfant sans comprendre. Et le gosse allait voir ces femmes, qui se contentaient de rire à la question, et elles s'en retournaient travailler. Ce garçon au visage blanc oublierait ce qu'il foutait là, probablement parce qu'il ne s'en souviendrait pas. Une simple piqûre suffit à faire taire les larmes qui s'écroulaient sur le sol malfamé de cet espace portuaire. La police fermait les yeux, la patte graissée, mais un jour cela serait leur crâne qui serait gonflé sous les balles. La dignité humaine lui était retirée en ce jour. En ce premier jour sur le sol du pays de la liberté, il était possible de voir au loin briller cette statue au loin dans un monde orné de détresse. Elle ne brillait pas cette statue, elle se contentait de révéler la noirceur humaine. Cette partie de sa vie s'achevait sur une dernière note de poésie, la dernière fois qu'il sentirait la pluie tomber sur ses joues, le froid venir caresser son front et son corps frêle se transformerait. Il compterait les jours le gosse, bienvenue au pays des saloperies de la liberté : Jour 1.
« Des résultats ? » Ils l'observaient derrière une vitre, alors que le gosse discutait avec une femme : son infirmière. Le gamin était dans une salle isolée. La fenêtre donnait une impression de liberté fausse. Ce n'était qu'une imitation avec la parfaite copie de la météo extérieure. Les deux hommes observaient la vitre, l'un était en costume noir, l'autre portait une longue blouse blanche : le directeur ainsi que le médecin. Le médecin pencha alors le nez sur sa fiche technique, la tendant machinalement vers le directeur.
« Cela fait seulement trois semaines monsieur... » Le coupant machinalement dans sa parole pour répéter sa question avec une froideur laissant paraître un homme dont les émotions étaient vendues pour la haine de ceux qui ne portaient pas encore de nom. En plein Texas, il était impossible de deviner de quoi il était question aujourd'hui. Au fond d'une petite ville, naquit l'entreprise STANTUM. Une société privée qui avait pour objectif de s'intéresser aux premiers cas de gens dont l'anatomie se révélait différente. Il était là question d'une entreprise aux désirs non avoués, l'utilisation de la mutation à des fins monétaires. Un mutant n'était pas un monstre, mais un investissement. Le médecin se contenta de soupirer.
« Le jeune enfant semble en effet doté du gène X, c'est difficile à affirmer. C'est passionnant la facilité de cet enfant, une chose à part entière et j'ai nommé : la rêvomantrie ou rêvomancie. Il y a de cela une semaine, une infirmière s'est endormie dans la chambre et c'est là que l'enfant a démontré ce dont il était capable. Il semble apte à modeler les rêves, d'aliéner ces derniers et d'en tirer ce qu'il désir. Cela est impressionnant, nous avons testé cela sur plusieurs cobayes, et aucun n'est ressortie avec les mêmes symptômes. Il semble capable de suggérer un rêve, une simple idée, ou encore de manipuler » Il semblait tellement heureux, marquant une pause avant de se détourner à nouveau vers la vitre tintée.
« De plus, sa mémoire semble importante. Il est difficile d'expliquer cela, peut-être une conséquence de sa mutation ou une faculté secondaire. » Il avait faux sur ce deuxième point, mais le temps le prouverait. Le directeur croisa les bras en lâchant un soufflement avant de quitter la pièce en lâchant dans le vent
« Le nom du programme ? » Béatement, avec un sourire plein de joie comme si elle était sa merveilleuse, son objet, sa raison, sa nouvelle raison, le médecin lâcha dans un souffle
« Jekyll. ». Le directeur claqua la porte pour l'abandonner. Jour 22.
Il avait désormais 14 ans. Le gosse devenait grand et alors qu'il se trouvait dans sa chambre, en tailleur, il lisait chaque ligne, chaque mot de ce qui se trouvait sur son passage, balayant les passages, enregistrant les mots. Le gosse vêtu de blanc au crâne rasée continuait sa lecture avec ses yeux d'une couleur profonde et enivrante qui semblait plus intense à mesure qu'il faisait marcher son cerveau. L'enfant était fiché comme une « rêvomantrique », un nom qui n'existait pas, une mutation qui se banalisait. Néanmoins, un second caractère lui était affecté : l'hypermémoire. Une idée totalement fausse, il était simplement question d'une hypermnésie qui n'était pas diagnostiquée pour l'époque et que personne ne viendra remettre en question avec les années. L'adolescent imprimait chaque détail, aucun mot ne lui échappait, en réalité, il ne parlait pas moins de trois langues : sa langue natale, puis l'anglais et finalement le français. De l'autre côté de la vitre se trouvait toujours ce même médecin, alors que le directeur frappa violemment la porte pour joindre le médecin. Dans un élan de panique, le médecin afficha un sourire perdu et tenta de contrôler ses maux qui se voulaient faibles.
« Ce gamin se souvient d'absolument tout, c'est presque incroyable. Il arrive à lier des éléments, il compte les jours et est incapable de perdre la notion du temps. Ce gosse se pose des questions, et la solitude va finir par le perdre. Nous devons intervenir où ce finira par devenir dangereux et ces années pourraient se révéler futiles. Le programme est vaste, je propose de faire rencontrer les différents mutants sans pour autant prendre le risque d'un soulèvement. » Le directeur se contenta d'un sourire avant d'attraper violemment à la gorge le médecin.
« Ce programme me coûte des sommes considérables, vous n'êtes pas indispensable, et si vous êtes incapable de le maîtriser, alors je serais dans l'obligation de vous remplacer. » Il le lâcha alors violemment, renouant légèrement sa cravate avant de se diriger vers la sortie. Le souffle court, le médecin souffrait, plaçant sa main sur sa gorge, alors que dans un geste brusque il s'écroula à terre. Le crâne troué par une balle portée par une arme à quelques mètres. Dans sa main droite, le directeur tenait un revolver qu'il rabaissa en installant à nouveau la sécurité. D'une voix grave, suave et forte il se contenta de hurler un ordre
« Activation de la seconde phase ». Et il s'éloigna, en laissant le bon soin aux femmes de ménager de passer après lui. Jour 1835
16 ans. Le visage perdu, il se contentait d'avancer dans un monde infertile, ou plus rien ne semblait régner si ce n'est le chaos. Le gosse marchait, et pourtant quelques idiots trainaient ici, pourtant ces voix étaient dans sa tête. Il n'était que spectateur. Dans le fin fond d'une zone de guerre, d'un désert aride, la phase deux se révélait à son plus grand jour. Durant les deux dernières années, le jeune fut inondé par des journaux, des presses, de la propagande diraient certains. Le jeune dont la chevelure faisait enfin surface pour laisser place à un visage et un corps plus viril. Durant deux longues années, l'enfant fut victime de la publicité d'une belle nation, libre et indépendante dont le seul objectif était de protéger sa population, mais il était temps de noyer le gamin sous la haine. Désormais, le mutant marchait parmi les cadavres, les hommes délaissés au front par la peur et la mort. Une voix résonnait, lui demandant d'expliquer ce qu'il voyait.
« Je vois des cadavres, des morts, des âmes en peine. C'est un souvenir marquant, comme une terreur nocturne qui hante cet homme. Il semble tellement désespéré. Je ressens la peine de cet invidu, le malheur dans son regard à la vue de sa jambe en sang. Son arme est vide, ses camarades sont morts, et il respire encore le souffle court. Il va mourir » et brutalement il ouvrit les yeux. Un homme était allongé sur une table alors que son visage était entouré par les mains du brun. Le gamin retira alors violemment ses mains en ne supportant plus la peine qu'il en extirpait en faisant violemment valser la chaise sur laquelle son cul était posé. Le directeur entra finalement dans la pièce, silencieusement, avec un dossier à la main et un sourire trompeur jusqu'aux oreilles.
« Bonsoir Jekyll. » Dans un silence morbide, il observa l'homme.
« Je veux retourner dans ma chambre. » Dans un vulgaire souffle auquel le directeur ne s'opposa pas en lui libérant le passage. Ceci était un traumatisme post-guerre, et rien de plus. Comment le saurait-il ? Jekyll n'en savait rien. Jour 2555.
18 ans, 21 juin, 15 personnes fréquentés depuis ses neufs ans, 9 langues parlés, 1 guerre, 0 amies. La vie du jeune homme était fade dans cette ville. La haine aliénait le gamin qui détestait les mutants comme la peste après un virulent bourrage de crâne contre ces derniers. Il haïssait sa propre famille sans honte, qui était le pantin qui se trouvait désormais entre les mains du fils du directeur de STANTUM, puisque ce dernier était mort d'un AVC il y a que cela quelques mois de manière officielle pour le monde. Après la un de la découverte, la phase deux d'endoctrinement, il entrait dans la phase trois: l'apprentissage. Jour 5820
« En fait, vous êtes un peu en train de me faire un remake de Inception ? » Le gamin esquissa un large sourire face à cette réponse avant de répondre avec un sourire en coin. La blondasse qui lui faisait face dessinait sur une feuille de papier comme pour évoquer un certain stress ou peut-être une simple passion. Peut-être pas.
« Et pourquoi pas Freddy Krueger ? » La demoiselle semblait perplexe et le dé-clique la fit cesser son activité, mais sa remarque était pourtant plus réaliste et plus véridique.
« Je ne suis pas une admiratrice des films d'horreur. » Le jeune homme pouffa alors avec un regard inquisiteur.
« Je sais. » Le jeune homme observait la blonde qui lui faisait face et ne lui laissa pas reprendre la parole.
« La rêvomantrie est une chose particulière. Je peux à la fois réaliser vos fantasmes et vos plus grandes peurs. Le domaine du rêve est une chose extrêmement particulièrement, toujours proche du réel, mais il y aura toujours un détail anodin, pourtant anormal, qui vous démontrera que ce n'est qu'un rêve. Avec moi, la différence n'existe plus. Votre réalité se mélange à vos rêves et vos cauchemars. » Depuis ses 18 ans, le gosse avait étudié la psychologie par le biais de la société qui s'occupait de le former de sa plus tendre enfance. Éducation physique et culturelle, le gosse ne manquait de rien en grandissant avec la haine du mutant. Cette haine s'envolera bien vite pour une nouvelle cause : l’appât du gain individuel.
« Ce n'est qu'un rêve, je crois que je n'ai pas grand-chose à perdre. » Le gosse soupira alors, jouant avec un stylo dans ses doigts, pressant le stylo sur la table pour faire des cercles.
« Dans vos rêves, se cachent vos plus grands secrets, de manière inconsciente et la seule fuite est le réveil. Bien heureusement, faire dormir quelqu'un ne demande qu'une piqûre. » La demoiselle se leva brusquement de sa chaise avec un regard de dédain. Jekyll ne bougeait pas, il se contentait d'afficher un léger sourire.
« Finalement je vais m'abstenir, je préfère partir. » le gamin laissa échapper un sourire sarcastique en se redressant de sa chaise.
« Vous rêvez déjà. » Jour 7970
Entendant son téléphone vibrer. Il l'attrapa, avec vigueur en laissant la personne s'exprimer en première. Dans un lit, la tête enfoncée dans l'oreiller tandis qu'il émergeait lentement, avant d'entendre une voix excentrique et désagréable au possible l'agresser comme le ferait une mère poule voulant que son sale gosse rentre après une soirée beuverie.
« Jek' t'es ou bordel de merde ? La mission a foiré ? T'as les infos oui ou merde ? » Le gosse se redressa alors, complètement nu dans un lit qui n'était pas le sien en soupirant tandis que la voix aiguë à l'autre bout du fil se faisait de plus en plus emmerdante. Le gosse détourna le regard vers le lit, un mec complètement nu se trouvait dans ce même lit. Jekyll avait des goûts de luxe, et un goût prononcé pour les plaisirs d'un soir sans jamais s'attacher. La baise était devenue quotidienne, parfois des plans culs réguliers, mais de temps à autre il profitait d'une mission pour mêler travail et plaisir.
« Tu sais Écho, plutôt que de t'occuper de mon cul, tu devrais penser à la graisse qui s'accumule sur le tien. » Elle pouffa alors.
« putain t'es drôle toi. Le boss veut un bilan avant 10 h, donc ramène-toi avec les infos. » Le gamin se fit alors raccrocher au nez avec un grand sourire sur les lèvres. Observant le don de son amant pour y déposer sa main et se glisser bien plus loin que dans ses draps : dans ses pires cachotteries au fond ses rêves . Le gosse travaillait pour cette entreprise dont le but était l'argent avec un mépris profond de l'espèce mutante. Le gosse s'en foutait, il s'éloignait lentement. Les différents programmes, ceux qui furent endoctrinés, commençaient à hausser le ton. La fin de STANTUM approchait, et Jekyll comptait bien profiter des ressources de cette entreprise jusqu'à sa chute. Jour 8333.
Une réunion, les différents programmes tous installés à une table pour observer des bilans trimestriels et pour supporter les humiliations des programmes défaillants. Chaque mutant avait un objectif, un chiffre, s’il devenait obsolète, alors il était bon à archiver comme l’entreprise aimait le répéter. Jekyll ne fut jamais de ceux qui étaient inquiétés par son statut, puisque d’un naturel farouche et ayant parfaitement conscience de la décadence de l’entreprise. Le gosse avait une feuille blanche face à lui et notait cette même phrase, écrite en neuf langues différentes pour finalement retrouver sa racine au centre de la feuille de papier.
« Je n'aime pas mes rêves, mais je les raconte. J'aime ceux des autres quand on me les montre. » Jekyll leva les yeux au ciel, observant la paix vitrée du haut de ceux tours. Le ciel se couchait et donnait une couleur rougeâtre au paysage. Le gosse se redressa délicatement en voyant les lettres glisser le long du bureau comme des pétales de rose qui s’écroulaient sur le parquet. Attrapant une arme pour exploser la boîte crânienne de chaque individu qui se trouvait dans la pièce. Le brun soupira en passant une main sur sa nuque.
« J’aime mes rêves, mais j’aime encore plus ceux des autres quand on me les montre. » Le gamin se réveilla alors délicatement, ouvrant ses iris du fond de son lit, pour finalement s’enfoncer dans ses draps dans une plainte grave. Encore une fois, il se souvenait et contrôlait ses rêves, mais ne se souvenait pas de qui était avec lui dans ce lit. Jour 8351
Tous uniques, mais cela ne voulait en aucun cas dire que chaque mutant était indispensable. L’entreprise fut toujours précise, elle recrutait des cas pour mettre la main sur la mutation et finalement la mettre au profit d’une entreprise. La mutation était simplement une propriété, qu’il était possible de revendre et avec une valeur estimable. L’être humain entrait en jeu uniquement sur la facilité de coopération. Jekyll fut toujours conscient de son rôle, de sa position et du rôle qu’il devait occuper. Le gamin s’installa sur une chaise de l’amphithéâtre, le regard perçant vers la scène. Chaque membre de l’entreprise se tenait ici, les secrétaires, les médecins et les mutants qui occupaient la place d’honneur. C’était au mois d’octobre de l’année précédente. Le silence se fit entendre. Jouant avec un stylo entre ses doigts, Jekyll promenait son regard vers les inconnus, vers ceux qui éprouvaient du stress, qui transpiraient comme si c’était la fin du monde. Levant les yeux au ciel par exaspération avant de finalement entendre le directeur réclamer l’attention du public depuis son micro. Le silence fut lourd, quelques secondes sans un son.
« Un vaccin a été finalement trouvé contre les mutants. Si vous vous retrouvez vaccinés, vous devenez futiles, et si vous devenez futiles, je me verrais dans l’obligation de mettre fin à vos fonctions. Le vaccin écrasera les mutants rebelles, mais vous êtes l’élite. Les méthodes ne changent pas, vous êtes tous remplaçables dans cette pièce, alors ne vous pensez pas protégé par ma bonté divine » et il quitta la scène dans un silence morbide. Personne ne quittait l'entreprise, à la vie à la mort. C'était la mutation, ou rien. Jour 8660
STANTUM fit faillite. Un drame, une publicité mauvaise engendrée par une fuite dans le système qui vendit la mèche sur l'abus des jeunes mutants dès le plus jeune âge. L'état décida d'intervenir, faisant intervenir les autorités locales et supérieures pour parvenir à une fermeture définitive de l'établissement. Immorale, cette entreprise l'était, mais ce n'était qu'une manière comme une autre de traiter les mutants. Quel beau coup de pub que de prétendre défendre les mutants en prenant pourtant bien soin de faire la sourdre oreille.
« Putain Jek' tu fais quoi ? » Le gosse soupira mollement en entendant la question. Plantant une aiguille dans le bras de cet homme qui se retrouvait allongé sur le sol.
« C'est la graisse sur ton cul qui te fais poser des questions aussi connes ? » Elle afficha un soupir de désespoir tandis qu'il venait à placer ses deux mains sur les tympans du directeur qui ornait la table.
« S'il a réellement vendu nos noms à des hunters pour sauver sa tête, ça veut dire qu'il a forcément ça dans sa dans son inconscient et j'ai quelques heures pour trouver ce qu'il a réellement divulgué. Je ne suis pas un mutant qu'on s'amuse à traquer. Putain j'ai la tête d'une bête de foire Echo ? Sans déconner tu m'as pris pour quoi ? » Le gamin observa la demoiselle qui lui faisait face avec un sourire en coin.
« Dégage. Je vais faire le ménage, quand ils arriveront il restera aucune trace de nous. » Jekyll observa son amie s'éloigner alors que le bâtiment se vidait à vive allure. Cette rumeur affola les foules, quittant le navire en étant persuadé que la fuite allait suffire, mais le gamin préférait encore se préparer à ce qui l'attendait. Plongeant dans les pires cauchemars, dans les pires phobies d'un homme qui avait toujours considéré qu'il était le maître face à ses esclaves. Le gosse resta dans cette position, deux heures, pour finalement s'endormir à son tour dans une douleur qui vint lui dévorer son corps. Sa dernière action fut l'overdose de son employeur pour le faire taire. Le vaccin vint se glisser dans ses veines, coupant son souffle, l'agonie d'un moment. Et il se réveilla, sans sa mutation, perdant ses souvenirs, sa temporalité, mais avec un désir de grandeur d'autant plus grand. Il était peut-être tombé plus bas que terre, mais les plus grands chutèrent à de nombreuses reprises. Jour 8600, Dernier jour.
« Qu'auriez-vous fait à ma place ? Suppliez de m'achever ? Cracher à un hunter qu'il était un monstre serait une réaction immature digne d'une pouffiasse blonde. J'ai donc mis en avant mes talents, comme toujours. La mutation est un business, et si vous êtes trop con pour comprendre ce principe, je vous invite à cordialement retourner jouer avec Ken, sinon,
vous allez vous faire Kaner »
Le gamin observa la télévision. L'annonce fit l'effet d'une bombe, il était mort : l'homme le plus puissant du monde. Il était en train de se rhabiller, enfilant son pantalon dans ce salon – qui n'était toujours pas le sien – illuminé puisqu'en plein centre de la ville. L'ancien mutant n'avait rien perdu de sa rage, de sa colère ou de sa fureur de vivre en voulant devenir quelqu'un. Le brun voyait la perte de sa mutation comme un calvaire, mais il refusait de se limiter à la simple idée d'être un mutant. La psychologie lui offrait une nouvelle porte, jouant autant un double jeu avec les hunters qu'avec les mutants. Il était facile de se présenter comme celui qui analysait les comportements des dégénérés que des terroristes. Travailler pour le plus offrant. Jekyll ne voyait ce jeu que comme une nécessité à sa survie, il se moquait des conflits et se contentait de protéger les quelques personnes importantes dans sa vie. Perdant peu à peu le fil du temps, se demandant la date, incapable de supporter les mélanges de ses souvenirs, incapable de rêver et supportant des crises mémorielles, ces souvenirs qui revenaient comme une scène de film en boucle. Le psychologue se disait détaché de cette guerre, apportant un avis sans jamais éprouver de la haine contre l'une des deux races. Il sentit son téléphone vibrer, un SMS d'un hunter qui avait besoin d'aide pour faire parler un mutant. Le gosse serra les dents, pinçant sa lèvre inférieure avec dégoût. La pression des hunters se trouvait dans la facilité de traquer les derniers rescapés de STANTUM qu'il essayait de protéger. Combien de temps cela prendrait pour comprendre qu'il aidait les deux côtés sans – prétendue - distinction ? Il quitta cet appartement, en étant incapable d'affirmer le jour dont il était question. Jour d'hier, jour 8666.