Let's be alone together

Camden & Alexis

Alexis avait bosser à la petite épicerie qu'elle tenait ce matin afin de pouvoir aller à son rendez-vous. Encore un, une à deux fois par semaine la blondinette se devait de suivre sa thérapie. Elle savait bien que c'était bénéfique pour elle, elle ne savait pas trop comment, mais elle attendait que les solutions lui arrivent. Peut-être était-elle trop naïve pour quitter ces conneries. En tout cas, ces journées étaient chargées en ce moment, l'étudiant qui travaillait pour elle avait décidé de démissionner afin de se consacrer à ses études. Chose qu'elle pouvait comprendre et accepter, mais maintenant, c'était de trouver un remplaçant qui était plus compliqué. Qui voulait d'une si maigre paye ? De si peu d'heures ? Sa lèvre était légèrement gonflée à force de se faire mordiller toute la journée. Le stress de la jeune femme augmentait trop pour sa petite personne.

C'est en sortant de sa voiture que la jeune femme sût qu'elle allait passer une mauvaise journée. A peine sortie, elle avait déjà tuer une paire de chaussures grâce à une belle merde de chien. Super ! Pensa-t-elle avant de mettre dans chaque de ses oreilles, ses écouteurs. Elle tomba sur une musique qu'elle avait vu dans une série ; Jackie & Wilson de hozier. Quelque chose qui bougeait, elle ne pouvait s'empêcher de danser sur son chemin du parking à l'hôpital. Dès qu'elle passa les portes coulissantes, elle s'arrêta de danser pour aller directement à l'ascenseur. Passant devant les infirmières, elle les salua. Dès qu'elle entra, elle entendit un « bonjour » de ce grand brun qui était là avant elle. D'un sourire, elle lui rendit son boujour. Alexis n'avait pas besoin de regarder les boutons, ce geste était un automatisme ; service consultations/psychologues/psychiatres. Les portes firent un drôle de bruit lorsqu'elles se fermèrent. Cet ascenseur n'était pas vieux mais il n'était pas tout jeune non plus.

Une glissade tout à fait normale, puis des bruits métalliques se firent entendre. Des micro-secousses avant de faire place à une plus sévère. Plus de lumières et sans même accorder un regard à l'homme qui était là, Alexis frappa dans la porte de son pied. « Non !  Continues ton chemin stupide ascenseur ! » Bien entendu, c'était mort. Il était bien en panne, décidé à ne plus bouger pour un certain temps. Cependant, comme toutes personnes normales dans ces situations, Alexis tambourina à la porte de l'ascenseur de sa main cette fois. « Hého ! Quelqu'un m'entends ? » Elle attendit quelques instants avant de constater que non, personne ne les entendait, ou tout au moins que personne ne répondait à son appel. Etant donné que les lumières étaient éteintes, que plus rien ne marchait, Alexis ne tenta même pas d'appuyer sur le petit bouton ayant une alarme dessiné dessus. Ils ne savaient pas au niveau de quels étages ils étaient coincés. Par réflexe, Alexis prit alors son téléphone de sa main valide avant de le jeter hargneusement dans son sac. « Fais chier ! » jura-t-elle avant de se tourner vers l'homme. « J'ai pas de réseau, vous pouvez voir si vous en avez ? » dit-elle. Ils pouvaient à peine se voir dans ce noir. Ils n'étaient que des voix inconnues. Des inconnus bloqués dans un fichu ascenseur, dans une boite de métal qui ne savait pas faire son boulot. Le stress des derniers jours finirait par exploser, Johnson n'était pas une fille si facile. Elle n'aurait pas assez de nerfs pour se calmer. Et ça pouvait prendre toute sorte de formes... Il ne fallait juste attendre laquelle.

Let's be alone together

Camden & Alexis

Réseau, c'était mort pour eux deux, personne ne répondait  lorsqu'il appuya sur l'interrupteur relié au service qui devait les sortir de là. Bref, Alexis allait devoir se coltiner ce gars. Gars qui elle commençait à le comprendre, débitait des faits scientifiques pour se rassurer. Sauf que la jeune femme, elle n'appréciait pas ça du tout. Elle le regardait incrédule lui dire que si jamais un mutant avait la capacité de traverser les murs, pourrait venir les chercher. C'est à ce moment-là où elle se stoppa et le regarda dans les yeux. « Si jamais un mutant se présente dans ce fichu ascenseur, par je ne sais quels pouvoirs, je hurle... Et... Camden, tu ne veux pas que je me mette à hurler. » Lui dit-elle en le regardant droit dans les yeux sans une once de sympathie. La chose était rendue possible par le téléphone qui les éclairait un peu. C'était peut-être son incertitude envers eux, les fous qui la faisait réagir ainsi. Pauvre petit, et dire qu'il allait peut-être resté avec elle pendant des heures et des heures.

Exaspérée, la jeune femme se plaqua contre la paroi la plus proche. Au début, elle ne posa que ses omoplates, et au fur et à mesure elle se laissa doucement glisser vers le sol. « Au moins, j'aurais quelque chose à dire à mon psy, on m'a enfermé avec un taré qui est fou de science et qui m'angoisse... » ironisa-t-elle. Prenant sa tête dans ses mains, elle tentait de calmer son cœur qui battait bien trop vite, de faire le vide. C'était peut-être le fait de ne pas savoir si elle était proche du sol ou non, ou peut-être de ne pas savoir qui était ce Camden. Avait-il un don ? Si oui, pouvait-il lire dans ses pensées ? Les joues pales d'Alexis prirent alors une couleur plus rosée. Non, sinon, il aurait déjà eu un problème avec ses pensées. « Excuse-moi, c'est juste que là, vaut mieux pas me dire qu'il n'y a eu que 2,12 accident mortels dans des ascenseurs. Les proba, c'est mignon, mais attire pas la poisse sur nous. Veux-tu ? » Elle avait parlé tout en relevant la tête. Le noir régnait toujours autour d'eux. Deux pauvres âmes qui allaient devoir se supporter. C'est incroyable comme la mémoire peut choisir ces moments. Coincée dans un ascenseur à l'hôpital de Radcliff, et  se souvenir alors d'un vieux cours qu'elle avait eu et d'une citation qui l'avait marqué... « L'enfer, c'est les autres. » C'était certainement dans ces cours de français du lycées qu'elle avait du apprendre ça, mais n'étant pas une lumière, elle n'avait pas songer à apprendre qui avait dit ça. Dans le noir, les sens s'éveillent, la vue se perd et l'ouïe, le touché et les autres, prenaient une place plus importante. C'est ainsi qu'elle entendit le souffle de Camden, l'homme qui n'était pas loin. « Calme-toi, tu respires comme un bœuf et si tes propabilités son bonne, t'es en train de réduire mon existence. » Elle n'était déjà pas de bonne humeur, elle n'avait aucune envie d'être là, et le pauvre petit s'en prenait plein a tête. « Oh et l'être ronchon que je suis et qui te servira de seul interlocuteur pour nos prochaines minutes, c'est Lex. » Elle n'avait plus besoin de le regarder, c'était trop compliqué de chercher son téléphone. « Enfin, Alexis mais je t'épargne la recherche du surnom débile... »

Let's be alone together

Camden & Alexis

Il était très simple de faire tourner ce jeune homme en bourrique et Alexis s'amusait bien à ça. C'était sa façon à elle d'être angoissée. Lui, récitait les probabilités de mort et elle, martyrisait le pauvre petit. C'était bien la seule chose dont elle était capable en ce moment. Camden, de façon très subtile, il faut le reconnaître, amena le sujet du psy. Malgré le noir, les bruits étaient plus exagérés et Alexis fronça ses yeux, soupira et tourna la tête vers le porteur de voix. « Et donc vous, vous bossez ici, si je ne m'abuse ? Un matheux à sa place dans un hopital, non ? » Et s'il bossait réellement ici, comme elle le supposait, il n'était pas très tendre avec les patients le petit. Il ne savait même pas les ménager. Comme si elle allait lui expliquer pourquoi elle venait voir le psy. Viens, on déballe nos vies, on se fout à poil et wouhou ! Fiesta... non, mais vraiment. C'était pas croyable.

C'était ce même ascenseur qui l'avait amené lors de sa rechute. Il était grand et lumineux ce soir là. Alexis était inconsciente, enfin presque. Parfois, lorsque les infirmiers ou les médecins appelaient, elle arrivait un peu à émerger et puis elle retombait dans le noir. Dans ces moments-là, la lumière lui faisait mal aux yeux, tant qu'elle ne pouvait les garder ouverts trop longtemps. C'était dans cet ascenseur qu'elle avait été envoyé en cure de désintox et c'était dans ce même ascenseur qu'elle s'était retrouvé plusieurs fois lors de son séjour, quand ses cauchemars la prenaient par surprise et que sa chambre lui faisait bien trop peur pour y rester.

L'acier de l’ascenseur venait lui glacer le sang, ce qui lui fit du bien vu que la jeune femme bouillonnait. Elle n'en pouvait plus de trop cogiter comme ça. C'était même incompréhensible. Ils étaient trop cons à l'extérieur pour comprendre qu'un des ascenseurs était en panne ? Puis, s'il fallait qu'elle reste ici, elle allait finir par devenir claustro. Rien allait dans sa vie et cette péripétie était un bel exemple. Même si elle n'avait pas envie de parler avec le jeune homme et s'était tût pendant un certain long moment, elle reprit la parole. « Tu bosses ici et tu ne me connais même pas, je suis déçue, je pensais vraiment m'être fait un réputation...  Enfin, ici, pas au dehors. » Elle eut un petit rire sadique qu'elle ne laissa pas longtemps s'échapper. Passant sa main droite dans ses cheveux, elle se remit bien contre la paroi. C'était fou comme être suspendu dans le vide la prenait aux tripes. Son ventre était comme broyé dans tous les sens, réduit à se rouler sur lui même. C'était compliqué à décrire. Même sa main ne lui faisait pas tant mal, alors qu'elle avait eu une interdiction d'avoir quelques dérivés de morphine que ce soit. « Toi aussi, t'as le ventre en compote ou c'est juste moi ? » Dit-elle pour détendre l'atmosphère. « Non parce que, tu vois dans les films, y a toujours un truc qui se passe mal dans les ascenseurs qui tombent en panne comme ça, sans qu'on ait voulu quoi que ce soit... » Le stress remontait en elle et elle parlait, afin de pouvoir se calmer.

Let's be alone together

Camden & Alexis

CLIC et zou, Alexis aurait réellement dû se taire. Elle n'était pas l'une des personnes les plus chaleureuses lorsqu'elle était angoissée, mais autrement c'était un vrai diamant. Le pauvre Camden la rencontrait dans l'un des pires moments d'une vie. La vie ne tient alors qu'à un fil et à ce stade, on ne pense plus à comment on agit ou réagit, on a juste envie de ne pas tomber, une seule envie c'est l'ouverture de ces portes. D'un mouvement rapide est sec, ils surent qu'ils avaient descendus de plusieurs mètres. Le bruit des parois métalliques avait pendant une dizaine de seconde à peine, envahit l'espace. Le cœur d'Alexis avait loupé quelques battements et le tempo était plus comme une discothèque qu'une musique classique. Dans un réflexe de survie, la blonde s'était foutu dans un coin de l'ascenseur et s'était tenu aux parois comme elle le pouvait. Un cri était sorti de ses lèvres et ses yeux s'était crispé, fermés de terreur. La vie ne tient qu'à un fil. Lorsqu'elle comprit, physiquement et mentalement que l’ascenseur s'était arrêté et qu'ils n'étaient pas morts, elle relâcha son étreinte. « Vous allez bien? » dit la voix faiblarde du jeune généticien. Lui aussi avait dû voir sa fin de près. Alexis avait encore du mal à se remettre de son aventure, chacun de ses membres tremblaient à des rythmes différents. Les larmes étaient montés aux yeux, son système allait bientôt exploser. « Je... Oui, ça va... et toi ? » tenta-t-elle de dire. Ses mots étaient étouffés, étranglés dans sa gorge où une boule s'était formée ou agrandie, elle ne savait plus. On ne saura jamais comment le jeune homme avait réussi à parler, mais il arriva à sortir une longue phrase, sur le hasard. Sans qu'elle besoin de lui parler, elle acquiesça de petits bruits coincés dans sa bouche.

Ses genoux vinrent se rapprocher de son corps, ses mains s'étaient enlacées et ses bras avaient entourés le tout. En boule, elle se balança d'avant en arrière pour trouver un équilibre, une balance. Cependant, elle sentit que la gade dans laquelle elle était vibrée. Alors, elle dû s'arrêter. Elle se mit à répéter un mantra qu'elle avait lu dans un magasin pour le bien de soi. Encore un truc périmé qui gisait sur une table pour aller au psy. Elle se répétait alors silencieusement « The sun, the moon, the truth. » C'était les trois choses qui ne pouvaient être longtemps cachés. Il était dit que c'était un mantra bouddhiste et qu'il fallait absolument respirer entre chaque appellation.  Après quelques minutes à réciter ces mots, ses membres se calmèrent et elle put alors ouvrir la bouche sans avoir peur des conséquences. « Désolée. » Dit-elle, c'était un mot qu'elle adorait. Chaque jour, elle était obligée de le dire. Ce n'était même plus penser, c'était un mécanisme chez elle. « Pour un matheux, tu saurais pas comment nous faire sortir de là ? Et maintenant, je veux bien de ton mutant pour nous faire sortir de là. Qu'il existe ou non. » Ravalant sa fierté, Alexis parlait calmement, ses yeux étaient fermés et son menton était posé sur ses genoux. « Juste fais nous sortir de là, s'il te plait. »