| Sujet: C'est de l'Art ... (+ Riley) Lun 12 Oct 2015 - 22:53 | |
| Il observait silencieusement la petite brune qui lui faisait face, un sourire serein sur les lèvres. Ce genre de sourire doux sans être tendre, taquin sans être moqueur. Il observait Riley en faisant tourner sa cuillère dans son café, seul le léger tintement de l’ustensile avec le bord du récipient se faisant entendre entre eux deux. L’air était doux pour le mois de mars, mais il ne pouvait s’empêcher de frissonner dès qu’un coup de vent leur passait dessus. Ils venaient de commander ce qu’ils voulaient, Stone ayant rejoint la jeune femme il y avait de ça quelques minutes à peine, comme à son habitude plus en retard qu’en avance. Le silence n’avait été rompu que par la formule de salutation de Stone à son arrivée et par la réponse de Riley. La jeune fille, une sophomore, avait visité sa galerie il y avait quelques temps déjà avec sa classe, mais malgré la différence l’âge notoire qui les séparait, ils s’étaient déjà revus plusieurs fois en dehors du cadre scolaire. Oublions les sombres histoires de viols éventuelles qui pourraient naitre dans les pensées du lecteur, Stone n’étant ni un violeur, ni un tueur, ni quoi que ce soit dans ce style. Certes, il avait une légère propension à se fourrer dans des histoires pas toujours très nettes, claires et légales, mais ça ne faisait pas de lui en criminel. Un voleur peut-être parfois, mais plus par goût du risque qu’autre chose et certainement pas à cause de la nécessité. Bref, ils étaient là, attablés à la terrasse d’un café, leur boisson encore chaude devant eux. Stone repensa à la première fois (et aussi la dernière) où la classe de Riley était entrée dans la galerie. Il avait accepté seulement et uniquement parce que le professeur, un vieux ronchon lui avait fait du forcing depuis son installation à Radcliff. Il avait fini par accepter, blasé, se disant que ce ne serait qu'un passage rapide et douloureux de son existence, qu'il avait connu pire qu'une bande de gamin irrespectueux. Il avait vite revu son jugement. Ils étaient irrespectueux, bruyants, touche-à-tout, ne se sentant absolument pas concernés par les instructions du professeur qui ne cessait de répéter « ne touchez à rien ». Stone n'avait jamais pensé à l'idée de mettre des panneaux « Don't touch, please » parce que cela lui semblait évident, qu'on ne touchait pas les œuvres à vendre, pour ne pas les abimer, par respect envers lui et l'artiste évidemment et parce que … Ça ne se faisait pas point. Mais ce n'était pas des adultes civilisés et responsables qui avaient envahi sa galerie, mais une bande de lycéens qui étaient là par obligation. Certes, la plupart s'étaient comportés de manière correcte, mais les rares petits co*s présents avaient complètement gâché la bonne impression qu'aurait dû faire la classe de Riley à Stone. Mais elle, elle, elle l'avait fait rire. Parce qu'elle avait dit tout haut ce que lui pensait tout bas et ne pouvait se permettre de formuler tout haut. Elle l'avait dit d'une telle manière que cela lui tirait encore un sourire aujourd'hui. « Ça se vend aussi cher que ça ? » Ce à quoi Stone avait répondu que oui, cela se vendait aussi cher que ça et que cela pouvait monter bien plus haut, selon les œuvres, les artistes et les galeries exposantes. Il avait vu les visages des jeunes se changer en des expressions diverses et variées toutes plus amusantes les unes que les autres, sorte de revanche de Stone sur ces enfants que rien ne semblait plus surprendre. Sauf les prix de l'art. Parce que l'art n'a pas de prix, c'est bien connu. Sauf quand il s'agit de faire des profits. L’Homme est hypocrite, on en dira ce qu’on voudra, c’était la pensée de Stone, pessimiste. Il était le genre d’homme à voir le mauvais côté des gens, des choses et des évènements avant le bon. Le trentenaire se renfonça dans son siège, détendant ses épaules crispées. Il n’arrivait pas à trouver le bon côté des derniers évènements dans la situation actuelle et sa nature presque nerveuse ne le laissait pas en paix. Si on rajoutait le fait que Stone était une sorte d’électron libre qui adorait voyager partout et se sentir libre, il trouvait leur situation horrible. Cette pause café avec Riley était donc la bienvenue et il l’avait acceptée avec joie. Tout pour se changer les idées. L’adolescente était plutôt douée pour ça et il n’avait aucun mauvais souvenir de sa compagnie. - Alors cette œuvre d’art elle avance ?Le ton, ironique, n’était pas tourné vers elle, mais plus vers toutes ces personnes se sentant investie d’un besoin compulsif d’acquérir tout ce qui avait l’appellation « d’art », du moment que c’était cher et que cela semblait représenter quelque chose.
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