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 bleeding scars ❅ (maiken)

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MessageSujet: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeJeu 6 Aoû 2015 - 21:17

 
bleeding scars

Life isn't always what you think it'd be
Turn your head for one second and the tables turn
And I know, I know that I did you wrong
But will you trust me when I say that I'll
Make it up to you somehow, somehow
____________________________________________________________

Felix les avait suivi, juste parce que c’était la chose à faire s’il ne voulait se foutre encore plus dans la merde. L’un d’eux avait cogné la porte de son bureau, juste avant 15 heures, et était entré avec un sourire étendu d’une oreille à un autre. Celui-là, Felix le connaissait bien. Il était entré dans la police quelques mois après lui, et ils s’étaient entendus comme larrons en foire. Plus comme aujourd’hui. Aujourd’hui, Felix l’évitait comme la peste, évitait sa présence, évitait ses invitations, évitait tout. Les choses avaient bien changées, après tout. Il y a quelques années, Felix était l’un d’eux, un hunter, un policier hunter. Ils étaient plusieurs, dans le commissariat, Felix les connaissait tous, ils avaient été ses amis, ses partenaires de chasse. Il y a quelques années, Felix aurait accueilli cet homme dans son bureau avec un grand sourire, une tape dans le dos, et ils auraient discutés de leur dernière chasse devant leur tasse de café noir. Mais oui, les choses avaient bien changées. Le monde de Felix avait été mis complètement à l’envers. Tout ce en quoi il croyait, tout ce qu’il croyait être – tout avait été balancé par la fenêtre. Felix Lecter, l’officier de police, le fils de son père, le hunter à la réputation de fer – tout ça s’était envolé. Felix n’était plus que l’ombre de ce qu’il était. Il avait été complètement vidé – il ne restait plus que l’enveloppe charnelle, plus qu’une coquille, une coquille gardant les apparences, une coquille qui l’empêchait de se faire tuer, qui empêchait Bea de se faire tuer, qui empêchait Maiken de se faire tuer. Car il savait que dès qu’ils sauraient, dès qu’ils sauraient qu’il n’était plus de leur côté, que son coeur n’y était plus, qu’il avait à présent bien plus envie de protéger les mutants – les dégénérés – que de les exterminer, tout serait terminé. Felix ne pouvait pas laisser cela se produire. Lui-même, il s’en fichait. Felix avait toujours été prêt à crever pour les siens. Mais il ne laisserait rien leur arriver, à eux. Il fallait donc faire le nécessaire. Et cela impliquait d’accepter l’invitation de ce type qui était entré dans son bureau, et qui lui avait proposé une ‘bonne petite chasse’ cette nuit-là, ‘comme dans le bon vieux temps’. Il avait dit à Felix que ça faisait bien trop longtemps qu’il n’était pas venu, qu’il ‘était devenu une mauviette, ou quoi ?’. Qu’est-ce que Felix pouvait bien répondre à cela ? Il fallait garder les apparences. Les apparences. Avec un peu de chance, il n’aurait qu’à les suivre, et à rester discret, et il n’aurait à tuer personne ce soir. Il priait que ce soit le cas. Car il savait qu’au moment fatidique, s’il devait braquer son arme sur un transmutant cette nuit-là, il savait qu’il n’aurait pas le courage de tirer. Parce que peut-être ne connaiterait-il pas ce transmutant-là, mais il verrait tout de même dans ses yeux le reflet de Bea. Le reflet de Sigrid. Le reflet de Maiken, les yeux plein de larmes, le fuyant en le regardant comme un monstre. Ça, Felix ne pouvait plus l’endurer. Peut-être était-il devenu une mauviette. Il s’en fichait. Il préférait aujourd’hui être mauviette qu’un meurtrier.

La nuit était encore pâle. Il ne faisait noir que depuis une heure ou deux, pas plus. Le vent hivernal s’imiscait sous sa veste, le laissant frissonnant. Il s’en fichait, scrutant la noirceur en priant ne rien y trouver. Les autres, trois autres, marchaient bruyamment, racontant les mêmes anecdotes de chasse qu’ils racontaient depuis des années, leurs rires crasses emplissant les rues désertes de Radcliff. On ne voyait presque plus personne dehors, ces derniers temps, avec les mesures de Lancaster. Felix en avait marre de cette ville. Plus que marre. S’il n’y avait pas Bea… et s’il n’y avait pas Maiken et Sigrid et la maigre chance qu’un jour il puisse les revoir… Voilà longtems qu’il serait parti. Mais il devait se battre, au moins pour eux. Pour leur sécurité. Il suivait les autres en silence, habillé de noir, sa tête recouverte d’un bonnet chaud et son menton enfoncé dans son manteau. Il priait, encore et encore, qu’il n’y ait personne, que les rues soient vides, que personne n’ait la mauvaise idée d’être dehors… “Les gars, regardez” dit soudainement une voix devant Felix. Il se figea, et regarda dans la direction que pointait le hunter. Une silhouette dans la noirceur, marchant rapidement, les yeux vers le sol. Et avant même que Felix n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, les trois autres accouraient vers la silhouette et l’entraînait dans la ruelle la plus proche. Felix serra la mâchoire et se mit à leur poursuite, retentant un juron. Jamais il ne pourrait juste se tenir là, tandis qu’ils maltraitaient cette personne, peu importe qui ce serait. Jamais il ne pourrait… Felix arriva à leur hauteur, et son sang se glaça en voyant la personne qu’ils avaient entraînés dans la ruelle, et qu’ils tenaient solidement par les poignets. Non. Non, non, non. Felix fixait les yeux familiers avec horreur. Pas elle. Surtout pas elle.

Il n’avait pas vu Maiken depuis la Fête des Fondateurs, quand il avait appris que Desmond avait été impliqué dans ces meurtres, quand elle lui avait dit de prendre une décision, quand elle lui avait dit au revoir pour de bon. Le jour où le temps s’était arrêté, le jour où Felix avait compris qu’il ne serait plus jamais lui-même avant de la retrouver. Il la fixait, dans cette ruelle sombre, et Felix pensait bien que sa tête allait exploser. Il n’entendait même pas clairement ce que les hommes disaient à Maiken – il ne perçut qu’un “ce n’est pas prudent de sortir après le couvre-feu, ma jolie” – le vertige le tenait solidement, le sol se dérobait sous ses pieds. Les options se mélangeaient et se percutaient dans son esprit. Il y avait tellement de choses qu’il aurait pu faire – mais il était incapable de penser correctement. Tout ce qu’il voulait, c’était sauver Maiken. Mais, comment ?  “Hey, Lecter.” Les mots le tirèrent de sa paralysie. Il leva des yeux vides vers l’homme qui venait de parler. “Qu’est-ce que t’en dis ? Qu’est-ce qu’on devrait faire avec notre petite rebelle ?” Et Felix ne trouva rien à dire, sinon fixer Maiken de yeux horrifiés.




Dernière édition par Felix Lecter le Ven 26 Fév 2016 - 16:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeMar 11 Aoû 2015 - 20:48

Cela faisait quelques mois que Maiken était entrée chez Uprising, et jusqu’à maintenant, les missions qu’on lui avait confiées restaient assez simples et basiques. Porter des messages à d’autres rebelles, répandre des informations pour contrer les hunters … Elle n’avait jamais pris de risque réel mais elle savait que chaque petite action comptait. Et elle savait qu’elle était loin de ressembler aux membres plus actifs, ou même aux mutants qui pouvaient utiliser leurs dons pour agir concrètement. Elle n’avait ni leur trempe, ni leurs capacités, mais elle se battait avec ce qu’elle possédait. Et elle possédait sa volonté de résister. Sheldon Smith l’avait bien remarqué, et ce soir, il lui avait confié une mission plus importante. Ce soir, elle devrait agir seule, sans l’aide de ceux qui l’avaient formée jusque là et qui l’avaient toujours protégée. Ce n’était pas grand-chose – aucune bombe à poser, à son grand soulagement ! – mais elle devrait sortir après le couvre-feu pour livrer des doses de NH24 et de UP à une petite planque de mutants en fuite. Un aller-retour à travers la ville, c’était tout ce que ça lui prendrait. Et Maiken avait beau savoir parfaitement que la punition pour se trouver dans les rues après le couvre-feu dépassait largement la faute commise, elle n’hésita pas à accepter la mission. Elle avait déjà vu une de ces planques, où les mutants se terraient comme des bêtes apeurées, leurs pouvoirs étant un fardeau trop lourd à porter pour qu’ils osent se montrer en plein jour, à la face des hunters suspicieux … Le moins qu’elle pouvait faire, c’était de les aider un peu. Elle avait envie de faire quelque chose de concret pour eux, même si cela signifiait prendre un peu plus de risques.

Enveloppée dans un manteau chaud, ses cheveux dissimulés sous un bonnet et son visage à moitié recouvert d’une écharpe en laine, Maiken transportait son précieux chargement dans son sac à main. Elle n’était qu’une citoyenne ayant oublié le couvre-feu, qui se hâtait de rentrer chez elle, et qui n’avait rien à se reprocher. Mais sa main était serrée sur la crosse d’un revolver, dans la poche de son manteau. L’arme était là principalement pour la rassurer : elle avait beau avoir pris des leçons de tir, et elle avait beau avoir écouté sagement les conseils – violents – d’Octavia, elle n’avait pas l’intention de faire feu sur qui que ce soit. Elle avait insisté pour qu’ils ne lui donnent pas d’arme, mais ils avaient insisté pour qu’elle ne sorte pas sans défenses. Et la voilà qui marchait d’un pas rapide dans les rues de Radcliff, en évitant les places trop éclairées, une arme dans sa poche et un sac plein de substances illicites à son bras … Presque prête à tuer un hunter s’il lui en tombait un sur le coin du nez ! Mais il n’y avait personne à cette heure-ci, la plupart des gens avaient bien compris les mises en garde de Lancaster et de ses sbires. Maiken s’approchait de la rue où se trouvait la planque, et déjà elle respirait un peu mieux, presque certaine d’y arriver sans encombre. Mais sa bonne étoile n’était pas au rendez-vous ce soir : une voix s’éleva soudain derrière elle, et elle vit apparaître quatre silhouettes au bout de la rue, qui se rapprochèrent d’elle comme une meute de loups autour d’une brebis blessée. Elle ne pouvait déjà plus s’enfuir : se mettre à courir aurait sûrement signé son arrêt de mort. Il ne restait plus qu’à prier pour qu’ils ne soient que des malfrats de bas étage qu’elle pourrait soudoyer avec son précieux chargement. Une fiole ou deux de NH24 en moins ne serait pas une perte trop importante, mais s’ils étaient des hunters … Là, elle était mal.

L’un des hommes l’attrapa violemment par le bras et la tira à l’écart de la rue, vers une venelle moins éclairée. Le cœur battant, Maiken essaya de se soustraire à sa poigne, mais ses efforts ne furent récompensés que par un rire gras de la part de son agresseur. Il resserra sa prise et lui attrapa l’autre poignet tandis qu’elle continuait de ruer. Dans la panique, elle en avait totalement oublié son arme, qui n’avait plus aucune utilité au fond de sa poche. Quelle belle rebelle elle faisait, incapable de se défendre quand il le fallait ! « Lâchez-moi ! Laissez-moi partir ! » Rugit-elle en faisant de son mieux pour paraître plus en colère qu’apeurée. Il fallait les impressionner, avoir l’air sûre d’elle. Ne pas montrer qu’elle était la victime, ne pas se laisser rabaisser. Ils ne lui faisaient pas peur. « Ce n’est pas prudent de sortir après le couvre-feu, ma jolie. » Le ton de l’homme, graveleux, laissa supposer à Maiken qu’ils n’étaient peut-être pas hunters. Ils cherchaient peut-être juste à s’amuser un peu – et finalement elle ne savait pas si c’était mieux.  « Hey, Lecter. » Maiken cessa immédiatement de se débattre quand elle entendit un des hommes lancer ce nom derrière lui. Lecter. Elle tourna la tête vers le quatrième homme, celui qui était resté un peu en retrait et à qui elle n’avait pas prêté attention, et elle se décomposa. Même sans lumière, elle reconnaissait son visage. Fermé, apathique … Hunter. Il n’y avait plus de doutes sur l’identité des quatre hommes, maintenant qu’elle avait reconnu Felix parmi eux.  « Qu’est-ce que t’en dis ? Qu’est-ce qu’on devrait faire avec notre petite rebelle ? » Le dernier mot la fit sortir de sa torpeur, et elle détacha son regard de Felix pour fixer l’homme qui venait de parler. Elle ne savait pas ce qu’elle ressentait à cet instant, elle se sentait atrocement vide. Même la peur semblait l’avoir quittée. Il était avec eux. Elle avait envie de pleurer, en réalité. « Je ne suis pas une rebelle, je travaille tard et je rentrais chez moi. Laissez-moi partir, vous n’avez rien à me reprocher. Je rentre juste chez moi. » Se défendit-elle, en fixant toujours l’un des hommes et en évitant soigneusement Felix. Elle voulait lui parler, mais sa langue restait collée à son palais. Devant ses semblables, elle ne le connaissait plus … Et elle n’était plus qu’une étrangère à ses yeux. Une rebelle. La peur revenait, sournoise, et elle se débattit de plus belle. Sans doute un peu trop, car l’homme qui la tenait finit par sentir l’objet dur dans sa poche, et y plongea la main … Pour en ressortir le revolver. « Et tu allais où, armée comme ça ? Dégommer les honnêtes gens qui patrouillent pour la sécurité de la ville, peut-être ? Y’en a d’autres dans ton genre qui ont essayé, ils ont eu des problèmes … » L’homme ne riait plus, à présent, et ses deux autres compères s’étaient rapprochés d’elle, menaçants, en voyant l’arme qu’elle portait. Maiken se sentit pâlir tandis que son cœur ratait un battement. « T’es une dégénérée, chérie ? » Elle sursauta en sentant le souffle d’un des hunters dans son cou et essaya de se dégager, mais il se tenait trop près d’elle, et l’autre ne lui permettait pas de bouger. « Non, je suis humaine. » Répondit-elle à contrecœur. Elle n’était qu’humaine, et pourtant elle ressentait l’humiliation d’une telle question. De quel droit demandaient-ils cela, et pourquoi se sentait-elle obligée de répondre ?
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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeVen 2 Oct 2015 - 1:24

 
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Life isn't always what you think it'd be
Turn your head for one second and the tables turn
And I know, I know that I did you wrong
But will you trust me when I say that I'll
Make it up to you somehow, somehow
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Felix avait de la difficulté à comprendre ce qui était en train de se dérouler. Quelles étaient les chances, après tout ? Quelles étaient les chances que sur toute la population de Radcliff, que ce soit sur elle qu’ils tombent ? Ce soir, pas le lendemain, pas la veille ? À cette heure, pas une heure auparavant, pas une heure après, pas même cinq minutes ? Quelles étaient les chances qu’ils tombent sur elle, ce jour-ci, à cette heure-ci ? Immenses. Incommensurables. Astronomiques. Impossibles. Impossible, se répétait Felix. Et pourtant ça l’était. Parce que c’était bien elle, Maiken, la belle Maiken, vêtue de noir, un bonnet sur la tête pour se protéger les oreilles du froid. La belle Maiken, plaquée contre le mur, entourée de trois hommes que Felix savait très bien être dangereux. La belle Maiken, qu’ils venaient de prendre pour cible. La belle Maiken, qu’ils n’hésiteraient pas à blesser, ou pire. La belle Maiken, qui serait peut-être tuée ce soir si Felix ne faisait rien. Il avait le choix. Le choix s’offrait à lui, en ce moment, sur un plateau d’argent. La voilà, la croisée des chemins, le voilà, le point de non-retour. Ce moment fatidique où il allait devoir choisir entre sauver Maiken et ne pas le faire. Choisir entre son ancienne vie, familière et rassurante, et une nouvelle, terrifiante. Choisir entre rester celui qu’il était, le fils Lecter, policié respecté, hunter de talent. Ou devenir quelqu’un d’autre. Felix. Juste Felix. Pas un hunter. Pas un meurtrier. Quelqu’un, tout simplement. Quelqu’un qu’il allai devoir découvrir. Il voyait déjà cette vie défiler devant ses yeux. Une vie de tourments, à courir et à mentir, à combattre et protéger. Ce qu’il avait toujours fait, en quelque sorte, protéger. Mais cette fois, ce ne seraient pas des inconnus, ce serait lui-même. Ce serait Bea. Ce serait Sigrid. Ce serait Maiken. Un choix déchirant et impossible, que Felix voulait à tout prix repousser le plus loin possible, parce que ça faisait mal rien que d’y penser, ça lui donnait des migraines effroyables, ça l’empêchait de fermer l’oeil. Il ne pensait pas que ce choix le rattraperait aussi rapidement. Mais il était là, devant lui, grand et souriant, attendant que Felix prenne sa décision.

Il faisait noir, très noir. Trop noir, peut-être. La voix de Maiken, résonnant dans ses oreilles, sans qu’il ne puisse décoder ce qu’elle dise. Ça faisait du bien d’entendre la mélodie de sa voix, en quelque sorte. Il avait toujours adoré, depuis leur rencontre dans ce parc, son ton suave, cette voix douce comme du miel, qui coulait et qui le faisait sourire bien malgré lui.  Mais aujourd’hui, Felix n’avait pas très envie de sourire. Parce qu’entendre Maiken signifiait qu’elle était là, à cet instant, maintenant. Qu’elle était là avec lui, dans cette ruelle sombre, et avec les autres hunters, et qu’elle était dans le pétrin. Et que son seul espoir, c’était lui. Son nom résonna dans la nuit. Lecter. Oui, Lecter, c’était lui. Ses yeux se tournèrent vers celui qui s’était adressé à lui. Ils étaient à plus d’un mètre de distance. Felix n’avait pas réalisé à quel point il s’était arrêté loin d’eux. Une distance. Comme si son subconscient avait voulu lui laisser une marge de manoeuvre, une possiblité d’échappatoire. Mais c’était trop tard maintenant. Ses coéquipiers l’avait rappelé à l’ordre. Et le voilà comme sous un projecteur, même dans la nuit d’encre. Sa voix était coincée dans sa gorge. Car avec le projecteur venait le regard de Maiken. Les deux iris semblèrent le transpercer totalement, l’empalant dans la noirceur, le laissant le souffle coupé, les jambes sciées. Elle l’avait vu. C’était le pire. Parce qu’il venait de lui donner raison. Il venait de lui montrer qu’il était l’un d’eux. Il était présent, il n’avait pas d’explication, pas d’excuse. Elle le voyait, vêtu de noir, comme un voleur, en compagnie de hunters, tard dans la nuit. Que devait-elle penser ? La seule idée torturait Felix. Il n’osait s’imaginer ce qu’elle devait penser de lui à présent. C’était comme si on lui piétinait sur le coeur. “Je ne suis pas une rebelle, je travaille tard et je rentrais chez moi. Laissez-moi partir, vous n’avez rien à me reprocher. Je rentre juste chez moi” se défendit Maiken, d’une voix légèrement tremblante. Felix se sentait comme en léthargie, incapable de bouger, incapable de parler. C’était comme si on lui avait enfoncé un couteau dans le coeur, et qu’on le tournait lentement pour le faire saigner. Elle était là, elle l’avait vu. Il n’y avait plus d’espoir à présent. Maiken avait été son rêve. Ce rêve venait d’éclater en morceaux.

Elle évitait son regard. Il ne pouvait pas la blâmer. Lui la fixait, juste parce qu’il était incapable de bouger. “Et tu allais où, armée comme ça ? Dégommer les honnêtes gens qui patrouillent pour la sécurité de la ville, peut-être ? Y’en a d’autres dans ton genre qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.” Felix entendait comme à travers un mur. Comme si la réalité n’existait pas vraiment.  “T’es une dégénérée, chérie ?” Le mot sembla le sortir de sa léthargie, et les yeux de Felix fusèrent sur son collègue. Il était près d’elle. Trop près d’elle. Les deux autres aussi. Felix sentit le rythme de son coeur s’accélérer. “Non, je suis humaine.” Encore plus près. Trop près, bien trop près. Felix fit un pas vers l’avant, coeur débattant tellement fort qu’il menaçait d’exploser. “Très bien. J’imagine dans ce cas que ça ne te dérange pas qu’on vérifie ?” Et soudainement, une arme pointée sur la scientifique. Felix la reconnut comme celle permettant de vacciner. Pas mortelle, mais affligeant des blessures non-négligeables aux humains. Felix voyait la terreur dans les yeux de Maiken, de la peur mélangée à de la méfiance. Puis le hunter se saisit du bras de la scientifique, et à ce moment Felix savait qu’il devait agir, qu’il ne pouvait plus être un simple spectateur. “Lâche-là” laissa-t’il tomber, bombe nucléaire dans le silence de la nuit. Sa voix, tendue par la colère et le désespoir, résonna. Les trois hunters se tournèrent vers lui, sourcils arqués. “Qu’est-ce que tu racontes, Lecter ?” Il avait les poings serrés, la mâchoire aussi. “Lâche-là tout de suite” répéta-t’il pour se faire clair. Puis vinrent les rires. Pas des éclats, plutôt des ricanements, amusés, vils, cruels. “T’es sûr que ça va, Lecter ? T’as l’air un peu pâle” rigola l’un des deux autres, de sa voix nasillarde. Mais l’autre, celui qui tenait Maiken, le fixait d’un air étrange. Felix le fixa en retour, refusant à présent de regarder Maiken. Il la sauverait, il ferait tout pour cela. Il le lui devait. “Tu la connais ?” demanda le hunter. Felix ne sut pas répondre, la gorge serrée. Car admettre cela, c’était admettre bien d’autres choses, des choses qu’il n’était pas sûr être prêt d’admettre. Le hunter arqua un sourcil. “Non ?” insista-t’il. “Très bien. Alors j’imagine que ça ne te dérangera pas si je fais ça.” Le fusil, soudainement braqué directement sur le front de la scientifique, arracha un cri de panique à Felix. “NON !” s’écria-t’il, se propulsant vers l’avant, poumons en feu. Non, non, non. Il devait la sauver, mais malgré tout, Felix ne pouvait se résoudre à faire l’irréparable – attaquer un autre hunter. Un autre rire. Le hunter regarda Maiken, puis à nouveau Felix. “Cette soirée devient de plus en plus intéressante, qu’en dites-vous ?”
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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeDim 11 Oct 2015 - 18:39

Maiken n’avait jamais été au contact de hunters en pleine chasse, les seuls qu’elle avait déjà croisés étaient en civil et leurs manières étaient celles de personnes tout à fait civilisées – seules leurs paroles étaient emplies de menaces. En plein jour, quand ils venaient la voir, ils ne faisaient que poser des avertissements, tout en exigeant des choses qu’elle pouvait leur donner. Ca n’avait jamais rien eu à voir avec ce qui se déroulait là. La brutalité de ces hommes, la violence qui émanait d’eux, étaient des choses dont Maiken s’était tenue loin jusque là, et contre qui elle ne pouvait rien. Parce qu’elle n’était pas de taille à lutter contre eux, et qu’en théorie elle n’aurait pas eu de raison de se trouver confrontée à ça. Mais la théorie venait d’être bousculée par la pratique, et en tant que membre d’Uprising, Maiken s’était mise à la place des mutants, traqués jour et nuit. Elle ressentait leur peur viscérale, et commençait à comprendre ce que cela faisait, d’être soudain certaine qu’elle ne passerait pas la nuit. La pression psychologique que les hunters avaient fait peser sur elle jusque là était bien différente de la terreur que ceux-ci lui causaient. Et le fait que Felix soit parmi eux renforçait son impression de désespoir, rendant ce tableau encore un peu plus cruel. L’homme attentionné qu’elle connaissait n’avait rien à voir avec ces brutes épaisses assoiffées de sang, même si elle l’avait repoussé précisément parce qu’il était censé leur ressembler. Censé. Cette petite nuance avait toujours fait la différence, jusqu’à ce soir. Même s’il était censé être un hunter violent, un tueur sans pitié, il ne l’avait jamais été avec elle. Mais il se tenait avec eux, son visage était à des kilomètres de celui qu’il lui avait toujours présenté, et il ne faisait désormais plus de doutes que oui, Felix Lecter était bel et bien un hunter. Et qu’elle, Maiken Holst, allait sans doute se faire tuer par sa bande de potes, si ce n’était pas par lui directement …

Mais elle n’avait pas l’intention de se faire tuer. Elle portait un sac plein de fioles qui justifiaient en elles-mêmes qu’ils la descendent sur le champ, comme ils aimaient tant le faire avec les mutants et ceux qui les aidaient, mais Maiken avait encore l’espoir de s’en sortir, de leur cacher son précieux chargement jusqu’à ce qu’ils la laissent partir. Elle ne savait pas encore si ce serait possible, mais après tout, elle était juste une humaine, rien de plus … Une humaine armée. Ca, ça ne leur plaisait pas. Mais les rues n’étaient pas sûres, ces derniers temps, et cela pouvait sans doute justifier qu’elle porte un revolver sur elle. Peut-être. « Très bien. J’imagine dans ce cas que ça ne te dérange pas qu’on vérifie ? » Elle ne comprit pas immédiatement ce qu’il entendait par là, mais quand elle vit l’arme qu’il sortit et qu’il braqua sur elle, il n’y eut plus de doutes. Ce n’était pas de balles dont était chargée cette arme, mais d’un sérum … NH24, probablement. Et bien qu’elle n’ait aucune envie qu’il presse la détente, elle était totalement prête à subir la vaccination, s’il n’y avait que ça qui pouvait la sortir d’affaire. Elle redressa les épaules et s’apprêtait à accepter son sort pour prouver son innocence, quand la voix de Felix claqua. « Lâche-la » Maiken tourna la tête en même temps que les hunters pour le contempler, bouche-bée. « Qu’est-ce que tu racontes, Lecter ? » Elle voulait bien le savoir, elle aussi. Elle avait du mal entendre. « Lâche-là tout de suite » Son ordre fit naître de nouveaux rires chez ses collègues, mais Maiken eut plutôt l’impression qu’une pierre glacée lui tombait dans l’estomac. Les hunters se foutaient de lui, comme si ce n’était qu’une bonne grosse blague, mais Maiken savait bien trop que ça n’avait rien d’une plaisanterie. Il avait ce regard dur et déterminé qu’elle lui avait déjà vu … Et qu’elle redoutait soudain. « Tu la connais ? » Maiken retint son souffle, mais Felix eut le bon sens de ne pas répondre. Quoique déjà, les hunters devaient connaître la réponse … Celui qui la tenait, et qui semblait moins abruti que ses deux autres collègues, avait une lueur inquiétante dans le regard. « Non ? Très bien. Alors j’imagine que ça ne te dérangera pas si je fais ça. » Il lui braqua soudain son arme sur le front, et elle frémit en sentant le canon glacial sur sa peau. « NON ! » A nouveau, Felix avait crié, et elle lui jeta un regard suppliant. Elle n’était pas sûre de survivre si le hunter appuyait sur la détente, à cette distance, même s’il ne s’agissait que de NH24, et elle avait désespérément besoin que Felix l’aide à se sortir de là. Mais elle savait également que c’était impossible, qu’il ne pouvait rien faire pour elle à moins de se mettre lui-même en danger. « Cette soirée devient de plus en plus intéressante, qu’en dites-vous ? » Maiken avait le cœur qui battait à une vitesse folle, mais malgré sa peur elle ne pouvait se résoudre à laisser Felix s’impliquer là-dedans. Elle savait ce qu’elle lui avait dit, et elle ne voulait pas qu’il fasse quoi que ce soit d’inconsidéré juste parce qu’elle avait parlé trop vite lors de leurs dernière discussion. S’il agissait précipitamment pour la sauver, c’était lui qui serait en danger. Elle n’avait jamais souhaité une chose pareille.

« Oui, on se connaît. Je suis amie avec sa sœur, Beatrix. Vous devez la connaître. » C’était la première chose à laquelle avait pensé Maiken, et elle espéra que cela aurait assez de poids face aux hunters pour qu’ils la laissent tranquille. Beatrix était une hunter elle aussi, non ? Ca pouvait justifier que Felix ne veuille pas qu’on lui fasse de mal. Elle détourna son regard de lui pour regarder le hunter qui la tenait. « Mais je suis humaine ! C’est Beatrix qui m’a donné cette arme, si jamais je tombais sur un dégénéré. Vaccinez-moi si vous voulez, ça ne me dérange pas. » Il fallait jouer à celle qui était du côté des hunters et des humains, et qui voulait prouver sa bonne foi. Elle soutint sans ciller le regard soupçonneux du hunter, mais elle était terrifiée, en réalité. Il n’avait pas ôté le canon de son arme de son front, et s’il tirait … Mais après quelques interminables secondes de silence, il retira son fusil, un sourire aux lèvres. « C’est vrai ça, Lecter ? » Demanda-t-il à l’attention de Felix. « Tu vois, il suffisait de le dire, plutôt que de t’énerver. » Ricana-t-il, avant de s’écarter légèrement. « Les amies de mes amis sont mes amies … Surtout quand elles sont aussi jolies que celle-ci. » De nouveaux les rires gras, mais Maiken préférait largement ça aux menaces voilées, et elle esquissa un sourire un peu forcé. Elle respirait mieux d’un coup, et entrevoyait le bout du tunnel … Pourtant, elle se raidit quand l’homme posa sa main sur sa joue et la fit descendre sous son écharpe, dans son cou. Elle eut un geste brusque pour se dégager, incapable de supporter ce contact indécent qui hérissait de dégout ses terminaisons nerveuses. « Oh ça va, laisse-toi faire, je suis sûr que Beatrix ne dira rien … Hein, Lecter ? » Mais Maiken ne voulait rien savoir, encore moins s’il commençait à demander son avis à Felix, et elle essaya de repousser l’homme – tout en tentant de ne pas avoir l’air trop dégoûtée par sa proximité. Mais ce faisant, il donna un coup de coude à son sac, qui laissa échapper un tintement de verre assez caractéristique. « Qu’est-ce que tu portes là ? » Le hunter avait beau être un rustre habité de pulsions des plus basiques, il semblait également doté d’un fort côté suspicieux, car son sérieux revint presque immédiatement, et il tira le sac de Maiken vers lui. Avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit, il l’avait ouvert et avait découvert les fioles de NH24. Par chance – s’il était encore possible de parler de chance – les pilules de UP étaient dans une petite boîte qui ne payait pas de mine, et qui passa inaperçue. Mais le NH24 était bien en vue, et le hunter comprit immédiatement qu’elle avait essayé de le berner. « Lecter ! » Aboya-t-il d’un ton furieux. « T’as vu ce qu’elle cachait, ta copine ? A ton avis, c’est ta sœur aussi qui lui a refilé cette cargaison ? Ou est-ce que c’est juste une putain de petite menteuse qui nous vient droit des rebelles ? » L’œil noir, mais un rictus amusé aux lèvres, l’homme lui colla son fusil contre le ventre, sous les ricanements de ses deux autres collègues. « Je me charge d’elle ou est-ce que tu veux le faire, Lecter ? Après tout, elle a trahi sa belle amitié avec ta sœur … et la tienne aussi. »
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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeMar 20 Oct 2015 - 0:11

 
bleeding scars

Life isn't always what you think it'd be
Turn your head for one second and the tables turn
And I know, I know that I did you wrong
But will you trust me when I say that I'll
Make it up to you somehow, somehow
____________________________________________________________

Felix se sentait comme s’il était en transe. Comme si on l’avait soudainement plongé dans un rêve cauchemardesque, où plus rien ne faisait de sens, où le reste du monde n’existait pas au-delà de cette petite ruelle sombre. Un rêve où tout lui glissait des doigts, où il était incapable de les retenir, coincé, paralysé, terrifié, et seul. Le cri de panique était sorti de lui-même. Felix ne l’avait pas prévu. Il était sorti, comme un appel à l’aide, un cri de désespoir sans destinaire. Un cri lancé à l’univers, qui disait tout et qui ne disait rien à la fois. C’était comme s’il demandait au reste du monde de lui venir en aide, mais le reste du monde n’existait pas. Il était maintenant au pied du mur, Felix. Les prochaines minutes était décisives, pas seulement pour lui, mais pour elle aussi. Maiken. Il ne pouvait pas encore le croire, que c’était elle qui était là, contre le mur de briques. Si Felix supprimait tout le reste, s’il supprimait ses collègues de la police, s’il supprimait le flingue pointé sur elle, s’il supprimait la peur et la colère et le désespoir et la confusion, s’il supprimait tout, sauf elle – comme elle serait belle. Il pourrait regarder son visage pendant des heures, se perdre dans ses yeux. Avoir envie de chasser la mèche de cheveux qu’il voyait sur sa joue, prendre ses mains refroidies par la fraîcheur de la nuit pour les réchauffer. Il la prendrait dans ses bras et l’emmènerait loin, très loin, de tout, de tout le monde, avec Sigrid, et enfin peut-être seraient-ils heureux. Mais Felix était loin d’avoir ce pouvoir. Il ne pouvait rien supprimer, c’était hors de son contrôle. Il ne pouvait pas enlever l’inquiétude dans les yeux de Maiken, il ne pouvait pas enlever le flingue, il ne pouvait pas enlever ces hunters. Pas par magie, en tout cas. S’il voulait faire ça, ça viendrait avec un tas de responsabilités, une grande décision qui influençerait tout. Qui changerait sa vie, tout simplement. Il ne pouvait pas rester immobile tandis que les autres s’acharnaient sur Maiken, mais il ne pouvait pas se résoudre à commettre l’irréparable. Comment réagiraient-ils ? S’il découvrait qu’il était lié à Maiken, lié à une humaine qui elle était liée à un groupe rebelle, ça en était fait. On l’interrogerait, on ferait du mal à ses proches, tout pour lui tirer les vers du nez. Felix ne pouvait pas se rendre jusque là. Il devait trouver une solution, et vite, car à présent, le temps était compté. Felix savait qu’il avait déjà sauté le pas en s’écriant comme il l’avait fait. Non, avait-il dit. Juste non. Non, ça pouvait dire bien des choses. Non, ne lui faites pas de mal. Voilà ce qu’il avait voulu dire. Mais les autres n’en savaient rien. La partie n’était pas finie. Alors que son esprit fonctionnait à vive allure, Felix sentit soudainement une dose d’espoir s’infiltrer dans ses veines, comme une piqûre d’adrénaline. Non, ça voulait dire bien des choses. Le regard de Maiken le suppliait, mais Felix ne se sentait soudainement plus aussi perdu – il avait regagné un peu de terrain, il avait soudainement un peu de contrôle sur cette situation impossible. Ses pieds étaient retombés sur terre, le rêve s’était terminé, il était de retour dans la réalité. Et il devait agir. Car lui seul pouvait sauver Maiken à présent.

Soirée intéressante, c’était une drôle de manière de décrire la situation. Felix ouvrit la bouche pour parler, déjà l’excuse au bout des lèvres, mais Maiken l’interrompit avant. Il la fixa, les yeux ronds, surpris qu’elle soit capable d’articuler un mot après l’autre avec un flingue au visage. La scientifique ne cessait de l’impression, et le coeur de Felix se serra en entendant ses mots tremblants. “Oui, on se connaît. Je suis amie avec sa soeur, Beatrix. Vous devez la connaître.” Felix referma les lèvres, reprenant un visage impassible. Il ne savait pas trop où Maiken voulait en venir. Mais elle avait probablement raison de mettre cette information sur la table – oui, Felix pourrait se servir de ça. Il eut envie de lui jeter un regard de remerciement, mais trop inquiet qu’il soit intercepté, le jeune Lecter demeura sérieux. “Mais je suis humaine !” continua Maiken. “C’est Beatrix qui m’a donné cette arme, si jamais je tombais sur une dégénéré. Vaccinez-moi si vous voulez, ça ne me dérange pas.” Felix admirait le courage de Maiken. Malgré sa peur, elle se tenait droite et fière, la voix claire et déterminée. C’était vraiment une femme extraordinaire. Felix gardait son regard sur elle, soudainement tendre, et il se laissa se perdre dans ses yeux, juste quelques secondes… “C’est vrai ça, Lecter ?” La voix de son collègue le ramena à la réalité. Felix acquiesça, se raclant la gorge. “Ouais. Elle travaille pour moi et Bea. Elle nous trouve des dégénérés – leurs noms, dossiers médicaux, tout. Elle a de la valeur, alors baisse ton flingue.” Le hunter eut un sourire, suivant la demande de Felix qui retint un soupir de soulagement. “Tu vois, il suffisait de le dire, plutôt que de t’énerver. Les amies de mes amis sont mes amies… Surtout quand elles sont aussi jolies que celle-ci.” Des rires gras, qui firent grincer les dents à Felix. Juste pour ça, il lui aurait foutu un coup de poing au visage. La tension était redescendue – enfin, pour eux, qui étaient soudainement redescendus de leurs impulsions meurtrières pour devenir de simples cons. La main du hunter se posa sur la joue de Maiken, et Felix dut se faire violence pour ne pas la lui briser. “Oh ça va, laisse-toi faire, je suis sûr que Beatrix ne dira rien… Hein, Lecter ?” Felix, mâchoire serrée, allait s’interposer, dire que oui, Beatrix aurait quelque chose à en dire, et que s’il ne voulait pas s’attirer des ennuis il reculerait – mais quelque chose l’interrompit. Un bruit de vitre.

“Qu’est-ce que tu portes là ?” Évidemment, que ça allait attirer son attention. Ce gars-là était le spécialiste de la suspicion – il soupçonnait toujours tout et tout le monde. Felix avait fait quelques affaires avec lui, et à chaque fois, ça avait été la même histoire d’accuser la mauvaise personne sur un instinct. Il ouvrit le sac de Maiken et Felix aperçut à l’intérieur des petites fioles de verre. Felix comprit immédiatement ce que c’était – après tout, il en avait vu pas mal au poste. Maiken était donc avec les groupes rebelles. Il savait qu’elle avait toujours été contre la cause hunter, mais de là à entrer avec les rebelles… Felix fixa les fioles, confus. “Lecter!” lança le type. “T’as vu ce qu’elle cachait, ta copine? À ton avis, c’est ta soeur aussi qui lui a refilé cette cargaison ? Ou est-ce que c’est juste une putain de petite menteuse qui nosu vient droit des rebelles ?” La réplique fusa avant même que Felix ne puisse y réfléchir. “Attention à ce que tu dis, Cohen.” Mais les mots passèrent inaperçus – son collègue continuait. “Je me charge d’elle ou est-ce que tu veux le faire, Lecter ? Après tout, elle a trahi sa belle amitié avec ta soeur… et la tienne aussi.” Felix ne pensait plus – ce n’était plus le temps de penser, après tout. Il ne pouvait qu’agir. La nouvelle de l’implication de Maiken avec les rebelles le bouleversait plus qu’il ne l’avouerait, mais il ne pouvait pas s’y attarder, pas maintenant. “Tu feras rien du tout, Cohen. Tu vas enlever ce foutu flingue de mon champ de vision et tu vas t’éloigner d’elle. Je t’ai dit qu’elle avait de la valeur.” Felix avait les yeux fixés dans ceux de son collègue, droit, sans flancher. Ça, ça lui venait de son père. Penser à Carlisle lui donna presque le vertige. “Maintenant, toi et les autres vous allez rentrer chez vous, je veux plus vous revoir jusqu’à demain matin, c’est clair ? Je vais m’occuper d’elle.” Silence. Felix comptait les battements de son coeur. “Barrez-vous, je veux pas avoir à répéter! Sinon le shérrif va en entendre parler demain, c’est clair ?” Ça sembla réveiller les deux autres hunters, qui étaient deumeurés silencieux. Sans un mot, ils quittèrent la ruelle, laissant derrière eux Maiken, Felix et Cohen, qui ne semblait impressionné par les mots de Felix. “Cohen, t'as pas compris –“ “Ouais, Lecter, j'ai compris. Mais je vais être très clair. Y’a quelque chose qui cloche dans cette histoire, et je compte bien découvrir ce que c’est.” Felix garda les yeux fixés sur lui, hésitant sur la prochaine chose à faire. Il pouvait bien inventer quelque chose. Mais quoi, ensuite ? Cohen ne se laisserait pas faire, c’était certain. Il continuerait d'enquêter, encore et encore. Alors Felix la seule chose qui lui semblait logique. Il frappa. Le nez. Le front. Le torse. Le cou. Le nez, encore. Les yeux. La bouche. Encore et encore et encore, jusqu'à ce que le monde ne soit plus qu'un trou noir, et il n'y voyait plus rien, il ne pensait qu'à frapper...

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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeVen 6 Nov 2015 - 20:40

Maiken ne savait pas comment elle avait réussi à trouver son excuse avec Beatrix pour se sortir du mauvais pas où elle se trouvait, mais ça semblait marcher et elle en était ravie. Même Felix était entré immédiatement dans son jeu, sans paraître surpris une seule seconde. Maiken évitait de trop le regarder, elle ne voulait pas que les autres hunters soupçonnent quoi que ce soit, mais elle lui était reconnaissante d’avoir pris son excuse comme ça et de l’avoir approfondie, y ajoutant des détails qui n’étaient même pas des mensonges. Elle avait bel et bien collaboré avec les Lecter en leur donnant des noms de mutants, et les hunters qui la soupçonnaient d’être une rebelle avaient sans doute allègrement profité des informations qu’elle avait fait filtrer hors de son laboratoire. Elle le regrettait, mais au moins ce mensonge pourrait lui sauver la vie ce soir … Enfin, c’était sans compter sur la malchance qui semblait planer sur sa tête, ce soir. Ils découvrirent trop vite les flacons de NH24 qu’elle cachait sur elle, et elle eut l’impression qu’elle venait de signer son arrêt de mort. Pour une rebelle, elle faisait pâle figure ! C’était sa première vraie mission, et il n’y avait rien de bien sorcier là-dedans, mais elle avait réussi à se faire pincer par des hunters presque immédiatement. Et bien entendu, il avait fallut que Felix soit des leurs … Elle ne voulait pas qu’il sache qu’elle était chez Uprising. C’était sans doute un peu idiot, elle l’avait repoussé et elle n’avait plus de comptes à lui rendre, mais il restait un hunter, et il restait l’homme qui l’avait aidée à se sortir des griffes de Beatrix Lecter. Elle avait de l’affection pour lui – beaucoup trop – et elle savait qu’il serait déçu en sachant ce qu’elle faisait. Elle, elle n’avait aucune honte à aider les rebelles contre les hunters, mais … Mais face à Felix, c’était différent. Qu’allait-il penser d’elle ? Pourtant, son regard n’exprima rien d’autre qu’une certaine incompréhension, avant qu’il ne soit rappelé par le hunter, qui semblait beaucoup s’amuser de la situation. Il était sans doute le seul à s’amuser, Maiken n’en menait pas large, et Felix était dans un sacré pétrin à cause d’elle …

« Attention à ce que tu dis, Cohen. » Felix avait essayé de mettre en garde ses collègues, et  Maiken apprécia son effort, mais cela ne servit absolument à rien. L’autre hunter – Cohen donc – n’avait rien envie d’entendre, il semblait trop content d’avoir trouvé une preuve pour l’accuser. Comme s’il n’avait attendu que ça depuis le début … Ou comme s’il avait très envie de jouer aux gros bras devant Felix. Il voulait clairement prendre la tête de cette opération, et rabaisser Felix plus bas que terre, ce qui fit remuer quelque chose au fond des entrailles de Maiken. En plus de la peur, elle ressentait une certaine colère, que ce hunter ose s’adresser ainsi à lui. « Tu feras rien du tout, Cohen. Tu vas enlever ce foutu flingue de mon champ de vision et tu vas t’éloigner d’elle. Je t’ai dit qu’elle avait de la valeur. » A nouveau, il prenait sa défense, et il ne s’encombrait même pas de trouver des excuses, il faisait juste marcher son autorité. Et vu la colère qui brillait dans ses yeux, Maiken ne doutait pas que les autres obéissent rapidement. Il avait un regard si noir qu’elle eut un frisson. Il prenait sa défense, il faisait ça pour elle, mais elle découvrait une part de lui qu’elle n’avait jamais vue. Comme la dernière fois, quand il s’était défendu en lui demandant ce qu’elle attendait de lui, seulement cette fois sa colère semblait démultipliée. « Maintenant, toi et les autres vous allez rentrer chez vous, je veux plus vous revoir jusqu’à demain matin, c’est clair ? Je vais m’occuper d’elle. » Elle vit les deux autres hunters échanger un regard mal à l’aise, mais Cohen fixait Felix avec une telle intensité qu’elle su qu’il ne bougerait pas. S’il était impressionné, il ne le montrait pas. « Barrez-vous, je veux pas avoir à répéter! Sinon le shérif va en entendre parler demain, c’est clair ? » Ce nouvel ordre fusa comme une balle de revolver, claquant dans le silence tendu qui régnait, et les deux autres hunters filèrent enfin sans demander leur reste. S’il y avait une hiérarchie parmi eux, Felix se trouvait sans nul doute bien au-dessus d’eux. Mais Cohen ne bougeait toujours pas. « Cohen, t'as pas compris - » « Ouais, Lecter, j'ai compris. Mais je vais être très clair. Y’a quelque chose qui cloche dans cette histoire, et je compte bien découvrir ce que c’est. » Il y eut un instant de silence, où Maiken retint son souffle. Elle ne pouvait détacher son regard des deux hommes, la tension entre eux étant presque palpable. Elle s’attendait à ce que Cohen fasse quelque chose, qu’il la menace à nouveau, qu’il fasse feu même, il semblait si soupçonneux qu’il en était bien capable. Il ne voulait pas obéir à Felix, c’était clair et net. Peut-être même qu’il allait attaquer Felix s’il croyait qu’il était en train de les trahir … Mais elle était si focalisée sur le hunter qu’elle ne vit pas partir le coup. Un poing s’écrasa sur le visage de Cohen dans un craquement sinistre, faisant sursauter la jeune femme. Cohen avait sans doute été aussi surpris qu’elle que Felix frappe le premier, parce qu’il ne réagit pas assez vite, et son adversaire eut le temps de le rouer de coup avant qu’il ne se mette à frapper lui aussi. Mais déjà ses mouvements étaient brouillons, et son visage en sang ne laissait plus rien voir qu’une charpie de chair écrabouillée. Tut était allé à une vitesse hallucinante pour Maiken, qui était restée pétrifiée devant ce spectacle. La violence inouïe qui s’étalait devant elle l’empêcha de faire le moindre geste. La bouche à moitié ouverte sur un cri muet, les yeux écarquillés, elle fixait la machine à tuer qu’était devenu Felix. Elle fixait ses poings qui martelaient Cohen, qui brisaient les os, s’enfonçaient dans les côtes, faisaient jaillir le sang. Chaque coup qu’il assénait résonnait douloureusement aux oreilles de Maiken, la pénétrant comme autant de secousses qui ébranlaient ses fondations. « ARRETE !!! » Elle n’avait pas conscience d’avoir crié, pourtant c’était bien sa voix qui venait de jaillir. « Felix, arrête, arrête ça, tu vas le tuer ! » Il n’arrêtait pas. Il ne semblait même pas l’avoir entendue. Ses coups pleuvaient avec la régularité d’une montre suisse, alors que Cohen ne bougeait plus depuis longtemps. Elle essaya d’arrêter son poing mais elle n’y parvint pas, et elle l’attrapa par l’épaule pour le secouer comme elle pu. « Felix ! Ecoute-moi ! Arrête, il ne bouge plus, ça suffit ! » Quand il s’arrêta enfin et qu’il laissa retomber Cohen par terre, elle le fixa avec horreur, détaillant son visage tuméfié et le sang qui coulait sur sa peau. Elle n’osait pas le toucher, elle n’osait pas s’approcher, bien trop terrifiée à l’idée de découvrir que Felix l’avait tué. Alors elle détourna les yeux, et les posa sur Felix. Mais ses poings étaient rougis, et elle ne parvenait pas à effacer de son esprit l’expression de rage brute qu’il avait eue quand il frappait … Elle était proprement terrifiée par l’homme qu’elle venait de découvrir. « Qu’est-ce que tu … » Elle tremblait de tous ses membres, et elle ne pouvait pas formuler l’horreur de ce qu’elle venait de voir. Ce n’était pas Felix, ça, c’était impossible.
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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeSam 5 Déc 2015 - 22:32

 
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And I know, I know that I did you wrong
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Felix se souvenait très bien de la première fois qu’il s’était battu. Quand il est adolescent, le jeune Lecter était loin d’être sage – c’était un jeune homme dynamique, le sourire toujours pendu aux lèvres, la mèche relativement courte, un peu au-dessus de lui-même, extrêmement conscient de lui-même, de sa force, de son charme, de ses capacités. Sa popularité avec la gente féminine quand il était à l’école était indéniable – il était le mauvais garçon, avec les cheveux sombres lui tombant devant les yeux, qui avait le torse bien défini sous ses t-shirts moulants, le jeune homme avec la bagnole et le père légèrement intimidant. Mais il était loin d’être un mauvais étudiant – il faisait de l’équipe de football, avait des bons résultats et savait flatter ses professeurs qui ne savaient tout simplement pas lui dire non. La magie des Lecter, que les gens appelaient ça, parce que Desmond était pareil après lui. Il était inatteignable, Felix – et il le savait très bien. Tous ceux qui tentaient de se mesurer à lui, de miner sa réputation ou de salir l’impression que tout le monde avait de lui échouaient lamentablement. Un en particulier avait une véritable dent contre Felix – lui n’avait jamais compris pourquoi – et s’était un jour mis en tête de lui foutre une raclée. Évidemment, l’autre n’avait aucune idée que Felix était plongé tête première dans son entraînement de hunter, et qu’il était plus redoutable que jamais en combat corps à corps. Felix l’a battu en moins de trente secondes. Ça n’avait été rien de plus qu’une bonne pratique pour Felix, qui était arrivé chez lui ce soir avec les jointures rouges et les avait fièrement montrées à Carlisle. L’autre type avait fini à l’infirmerie de l’école avec un nez cassé et une côte de brisée. Il avait hérité d’une suspension pour avoir provoqué la bataille – Felix s’en était tiré avec une simple retenue. Inatteignable. Frapper, ce n’était pas difficile pour Felix. C’était bien la chose la plus facile du monde pour lui. Pas besoin de penser, pas besoin de rien – ce n’était que manière de frapper le plus fort possible à l’endroit le plus fragile possible. Le nez, la bouche, le cou, le torse, l’entre-jambe. Il savait parfaitement où frapper. Et il le faisait bien. Tandis que Felix laissait ses poings frapper Cohen, encore et encore, sans s’arrêter, il se sentit entrer dans un espèce d’euphorie. Enfin, il faisait quelque chose de sensé, quelque chose qu’il contrôlait parfaitement, quelque chose à laquelle il n’avait pas besoin de penser. Ce n’était qu’entre lui, Cohen, et ses poings. C’était extrêmement cathartique pour le jeune Lecter, qui eut presque envie de rire tandis que ses poings se déferlaient sur le hunter. Il frappait, et il frappait fort. Il frappait pour Bea, et il frappait pour Desmond, pour Trisha,  pour son père, pour sa mère, pour Sigrid, pour tous ces gens qu’il connaissait, mais surtout il frappait pour Maiken. Felix sentait le sang s’éclabousser sur son visage, il ne voyait plus rien, il ne sentait plus, mais il s’en fichait royalement. Et puis soudainement, une voix jaillit du lointain. “ARRÊTE!!!” Mais Felix ne s’arrêtait pas. Il ne pouvait pas – il était hors de lui-même, il n’était plus Felix, il n’était qu’un corps physique destiné à en détruire un autre. “Felix, arrête, arrête ça, tu vas le tuer!” Il voulut répondre à la voix, mais sa gorge était coincée – et alors? Et alors, s’il tuait Cohen? Ça règlerait bien le problème. Et alors, s’il avait le sang de quelqu’un d’autre sur les mains. Il en avait déjà tellement, qu’est-ce qu’étais une personne de plus? Et ce n’était pas comme si Cohen était un sain, pas comme s’il était un innocent. C’était un homme cruel, vil, pathétique, un meurtrier de sang-froid sans considération pour le reste du monde – s’il méritait quelque chose, c’était bien de mourir, et de mourir violemment.

“Felix ! Écoute-moi! Arrête, il ne bouge plus, ça suffit !” Felix sentit une main sur son épaule – la main le remena sur terre. Soudainement, il se rappela à qui la voix qui lui parlait appartenait – Maiken. Il était en train de tuer un homme devant ses yeux. Si elle pensait déjà qu’il était un monstre, il était en train d’empirer la situation. Il avait tellement cherché un moyen de la convaincre qu’il n’était pas ce qu’elle pensait, et voilà qu’il se tirait monumentalement dans le pied. S’il tuait Cohen, jamais Maiken ne le croirait. Jamais elle ne lui ferait confiance. S’il franchissait la limite, c’était fini, tout était fini – il aurait perdu Maiken à jamais. Cette seule pensée suffisa à arrêter son poids à mi-chemin entre l’air et la mâchoire de Cohen qui était déjà en sang. Il s’arrêta, comme une statue de glace, fixant le visage tuméfié et sanglant de sa victime. Sa victime à lui. Il laissa tomber le corps qui s’écroula sur le tol comme une marionnette, sentant son propre corps commencer à trembler violemment. Ses mains étaient comme en feu – il les observa. Elles étaient rouge profondes, écorchées et brisées. Elles tremblaient comme des feuilles. Felix ferma les yeux, fit un en pas en arrière, tentant d’empêcher sa tête de tourner, tentant de ramener sa vision qui était embrouillée. Tranquillement, il revint à la réalité, et toute l’horreur qu’il venait de commettre s’écroula sur lui comme un bloc de ciment. Sa gorge était comme enflée, sa poitrine contractée, sa tête écrasée. Qu’avait-il fait ? “Qu’est-ce que tu…” Oui, qu’est-ce qu’il? Felix se tourna lentement, incroyablement lentement, vers Maiken. Des larmes brûlantes embrouillaient sa vision, il tenait ses mains sanglantes devant lui, tremblantes et horrifiantes. Il vit tout dans le regard de Maiken – une horreur sans nom. Un monstre, il était un monstre, un véritable monstre. Il le savait maintenant. “Maiken…” dit-il lamentablement, la voix lacérée, celle d’un autre. Son regard cherchait désespérément quelque chose dans celui de Maiken, quelque chose qui n’était pas là, qui était certainement perdu à jamais. Il réalisa qu’ils étaient seuls tous les deux, pour la première fois depuis des semaines – la chose qu’il avait tant désiré, qu’il avait tant imaginé – il avait trouvé des centaines de choses à dire, les bonnes choses, et voilà que tout était perdu maintenant. “Je…” Il tenta de respirer, mais il en était incapable. “J’voulais pas…” Qu’est-ce qu’il ne voulait pas ? Il ne voulait pas faire de mal à Cohen? Non, ça, c’était un mensonge. Il avait voulu le tuer. Et Felix s’était fait la promesse de ne plus mentir à Maiken. “J’voulais pas que tu vois ça. Que tu me vois comme ça. J’sais pas c’qui m’a pris. Merde. J’suis désolé.” C’était lamentable, il le savait. Horriblement lamentable. Felix secoua ses mains, comme pour les empêcher de trembler. “J’voulais pas qu’il sache… J’voulais… J’savais qu’il poserait les mauvaises questions. J’voulais te protéger.” Elle lui rirait au visage, ça c’était certain. De toute manière, la cause était perdue. C’était déjà fini.


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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeDim 20 Déc 2015 - 15:48

Cette scène était digne d’un cauchemar. Et Maiken aurait donné n’importe quoi pour pouvoir se réveiller et réaliser avec soulagement que ça n’avait rien de réel. Pourtant, elle ne se réveillait pas, et elle ne pouvait détourner ses yeux du carnage. Elle n’était pas habituée à la violence brute, Maiken. Elle avait beau vivre dans une ville où des gens se faisaient tuer tous les jours, elle avait beau être responsable de la mort de beaucoup de ces personnes, jamais elle n’avait été confrontée à la violence directe. Pas de cette façon, jamais. Elle avait vu des hunters, elle avait été menacée par eux, elle avait eu peur pour sa vie, pour celle de sa fille, elle avait même contemplé plusieurs fois des photos de mutants massacrés par des hunters … C’était une réalité, ça se passait juste à côté d’elle et elle ne l’ignorait pas. Elle n’était pas si naïve, elle savait à quel point le monde était violent et sans pitié, elle l’avait appris à ses dépends. Mais il y avait une différence entre le savoir, et le voir. Tout comme il y avait une différence entre fréquenter Felix dans des parcs en plein jour pour papoter de choses sans conséquences, et tomber sur lui au beau milieu de la nuit, avec d’autres hunters. C’était déjà quelque chose de désagréable, qu’elle aurait préféré éviter. Mais le voir se changer en cette machine à tuer, c’était encore bien différent … Elle venait de le voir en action, elle avait contemplé le hunter dans son intégralité. Maiken sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, elle avait envie de pleurer, sa gorge était serrée, et elle tremblait. De tous ses membres. Ce qu’elle venait de voir s’était imprimé sur ses rétines et elle ne pouvait s’empêcher de le voir et de le revoir, même une fois terminé. Elle entendait encore résonner dans sa tête le bruit écœurant des os qui se brisaient sous les coups de poings, et l’odeur du sang semblait imprégnée durablement dans ses narines, même s’il était plus probable qu’elle l’imagine plus qu’elle ne le sente. Et le pire, c’était de savoir que Felix avait fait ça volontairement. Naturellement. Qu’il ne s’était pas arrêté quand elle le lui avait demandé, comme s’il avait une tâche à effectuer et qu’il ne s’arrêterait pas tant que Cohen ne serait pas mort. L’avait-il tué ? Est-ce que c’était la raison pour laquelle il s’était finalement arrêté ? Elle n’en savait rien. Elle préférait même ne pas le savoir. Il avait frappé comme un forcené, il s’était métamorphosé devant ses yeux, et elle avait cru que rien ne pourrait l’arrêter. Surtout pas elle.

Mais il s’était finalement arrêté, le corps de Cohen était retombé au sol, et Felix s’était souvenu qu’il n’était pas seul. Il n’était pas dans une de ses chasses habituelles, il était avec Maiken. Il se tourna vers elle et elle se força à le regarder dans les yeux, alors qu’elle redoutait plus que tout ce qu’elle allait y voir. Mais le monstre enragé s’était volatilisé – à moins qu’il se soit tout simplement rendormi, à présent que sa tâche était accomplie ? Toujours est-il qu’elle ne vit rien de sa soif de sang dans ses yeux quand il la regarda. Ce qu’elle vit était peut-être aussi difficile à supporter : une honte sans borne, qu’il ne cherchait même pas à cacher. A travers son regard embué par les larmes, il la fixait avec désespoir. Elle ne pouvait prétendre qu’elle ne le voyait pas, elle le connaissait assez bien maintenant pour lire ses émotions. Elle en eut le cœur brisé, car son visage creusé par la souffrance se superposait avec celui du hunter qu’elle venait d’apercevoir, et rien n’était plus opposé que ces deux là. Qui vivaient pourtant dans la même personne. « Maiken… » Elle frissonna en entendant le son de sa voix. « Je… J’voulais pas… » Oh combien elle aurait voulu le croire, mais elle ne pouvait pas. Elle secoua doucement la tête. Il ne voulait pas ? Ils savaient tout les deux que c’était faux. « J’voulais pas que tu vois ça. Que tu me vois comme ça. J’sais pas c’qui m’a pris. Merde. J’suis désolé. » Elle baissa les yeux. Ca, elle pouvait bien plus aisément le comprendre, mais ça n’excusait pas son comportement. Elle avait toujours su qu’il était un hunter, et sans doute avait-elle eu besoin de le voir en action, au moins une fois … Pour savoir à quoi s’attendre de sa part. Elle ne voulait pas le voir ainsi, mais au moins elle était fixée à présent. Elle savait de quoi il était capable. « J’voulais pas qu’il sache… J’voulais… J’savais qu’il poserait les mauvaises questions. J’voulais te protéger. » Elle détourna les yeux, et ils retombèrent sur Cohen, toujours immobile sur le bitume, le visage atrocement tuméfié, couvert de sang, et elle eut un haut le cœur. « Je sais. » Murmura-t-elle d’une voix incertaine. Bien sûr qu’elle savait. Bien sûr qu’elle comprenait. Elle savait pourquoi il avait fait ça, mais elle ne parvenait pas à l’excuser pour autant. Elle s’accroupit à côté de Cohen et avança une main tremblante, mais elle mit plusieurs secondes avant d’oser le toucher, pour chercher son pouls. Elle était si nerveuse qu’elle ne parvint tout d’abord pas à le trouver, mais finalement, elle sentit le léger battement à travers sa peau, et elle soupira, soulagée. « Il est vivant. » Elle se releva et regarda Felix. « Tu ne l’as pas tué. » C’était une véritable délivrance, de savoir qu’il ne s’état pas changé en tueur, devant elle, pour la sauver. Elle ne l’aurait pas supporté. « Mais tu allais le faire. Si je ne t’avais pas arrêté, tu l’aurais tué. » Elle ne cherchait pas sa confirmation, elle en était certaine. Ca la tuait littéralement de penser à lui de cette façon. « Je sais que tu as fait ça pour moi, je … Je sais … Il savait ce que je faisais, et il m’aurait … » La pression retombait peu à peu et elle se mit à sangloter, incapable de retenir ses nerfs plus longtemps. Cohen l’aurait tuée s’il avait pu, et c’était Felix qui avait failli se changer en tueur. « Mais tu n’avais pas besoin de faire ça. De tuer, pour me protéger. Je ne veux pas que tu sois … comme ça. Pas pour moi. Mais c’est ce que tu es. C’est si naturel que tu … tu ne sais même pas comment t’arrêter. » Et elle ne savait plus comment arrêter de pleurer, elle avait l’impression de devoir se libérer de toute la terreur qu’elle gardait trop profondément en elle. Elle avait besoin de l’évacuer, elle avait besoin de la partager. Elle s’avança vers Felix sans réfléchir, et l’entoura de ses bras, avant d’enfouir son visage dans son torse, pour y pleurer librement. Elle lui en voulait, et elle avait peur de l’homme violent qui se cachait en lui, mais malgré tout … Elle avait besoin qu’il la serre contre lui et qu’il soit celui qui la protège, encore un peu.
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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeVen 8 Jan 2016 - 4:17

 
bleeding scars

Life isn't always what you think it'd be
Turn your head for one second and the tables turn
And I know, I know that I did you wrong
But will you trust me when I say that I'll
Make it up to you somehow, somehow

Felix était à bout de souffle, comme si on venait de lui retirer toute son énergie vitale, comme s’il venait de courir un immense marathon, comme si on venait de lui arracher quelque chose, l’empêchant de respirer normalement, l’empêchant de penser correctement. Son esprit était flou, horriblement flou – il ne se sentait plus trop lui-même, plus trop présent, plus trop les deux pieds sur terre. C’était un sentiment affreux, et il ne voulait que s’en débarasser mais il en était incapable. Le sol vacillait sous ses pieds, le monde tournait et tournait sans cesse. Il venait de faire quelque chose de mal. De très mal. Il n’avait strictement aucune idée de comment il allait se sortir de cette horrible situation – et seulement penser à cette situation le rendait anxieux, comprimait sa poitrine et l’empêchait de respirer. Il se sentait comme si on l’écrasait, toujours un peu plus, avec un peu plus de force à chaque seconde qui passait. Il se sentait comme s’il allait se briser sous la pression, comme s’il imploserait, comme si l’échappatoire n’était pas possible, n’était plus possible. Il aurait presque préféré rester dans cette transe dans laquelle il avait été plongé quand il ruait Cohen de coups – la réalité faisait bien plus mal. Surtout avec ce qu’il lisait dans les yeux de Maiken. La réalité, c’était un coup de poing en plein visage, c’était une balle en plein coeur. C’était affronter ce qu’il ne voulait pas affronter – les yeux de Maiken, le corps ensanglanté de Cohen par terre, le battement frénétique de son coeur. Il savait déjà que peu importe ce qu’il dirait à Maiken, rien ne pourrait excuser ce qu’il venait de faire. Il n’y avait pas d’excuses. Il avait fait cela de son plein gré, et s’il était totalement honnête, il n’hésiterait pas à recommencer si ça voulait dire la protéger. C’était ça, la vérité. Voilà qui il était. La violence faisait partie de lui, ça avait toujours été le cas. C’était comme ça, quand on grandissait chez les Lecter, c’était ça, être le fils de Carlisle Lecter. C’était d’avoir la violence au bout des doigts, prête à être utilisée, mais toujours pour ce en quoi il croyait être juste. Toujours pour rester fidèle à lui-même. Toujours pour protéger les siens. Jamais pour faire du mal juste pour faire du mal – non, il n’était pas comme ces hunters au coeur de pierre, qui n’hésiteraient pas à tuer une fillette en la sachant porteuse du génome X. Il n’était pas comme Cohen, il n’était pas comme Desmond – il avait échappé à tout ça, cette cruauté froide et sanguinaire. Felix avait de la pitié dans son coeur. De la générosité, de la compréhension. Il était mieux que les autres, et il le savait. C’était exactement ça qu’il avait toujours voulu montrer à Maiken – mais il ne pouvait pas nier qu’il était tout de même un hunter. Qu’il était ce qu’il était, et maintenant, le corps de Cohen en était la preuve vivante. Voilà qui il était. C’était à prendre ou à laisser, tout simplement – et Felix se doutait bien de comment cette histoire se terminerait. Il y aurait eu d’autres moyens que de tabasser un type devant ses yeux, faisant voler le sang, faisant craquer les os. Il aurait tellement voulu lui épargner ça. Mais c’était trop tard maintenant. Le mal était fait.

Elle regardait Cohen, qui gisait par terre tel un cadavre. Sans doute en était-il un. Il avait frappé fort, très fort, et très longtemps. Tuer un homme. Ce ne serait pas la première fois. Et sans doute pas la dernière, même si Felix espérait le contraire. Il avait tué, déjà. Des transmutants – des cibles. Il les avait toujours vu comme les méchants de l’histoire – les vilains qui allaient s’en prendre aux innocents si quelqu’un ne les arrêtait pas. Si lui ne les arrêtait pas. Felix Lecter, le sauveur de Radcliff. Comme c’était pathétique. Felix aurait bien éclaté de rire à cette pensée s’il n’avait pas autant honte de lui-même. “Je sais.” La réponse de Maiken sembla le ramener en vie. Il la dévisagea, incertain. Elle savait ? Elle savait qu’il n’avait voulu que la protéger ? Deux petits mots, et Felix sentit comme un souffle de vie s’emparer de lui. Si Maiken comprenait cela… Peut-être que tout n’était pas perdu. Peut-être. Ça n’excusait rien – et il ne voulait pas de son pardon, il ne le méritait pas. Mais si au moins elle saviat pourquoi il l’avait fait – pour elle – et qu’elle comprenait cela, Felix se sentait déjà mieux. Bien, bien mieux. Il la regarda s’accroupir près de Cohen, qui gisait silencieusement sur l’asphalte mouillée. Elle avait la main qui tremblait – il aurait voulu l’aggriper, et la serrer contre la sienne. La réchauffer. La garder en sureté. L’embrasser. “Il est vivant. Tu ne l’as pas tué.” Felix acquiesça, incertain de si ça le rendait véritablement heureux. Certes, il n’avait pas tué personne ce soir - mais que Cohen soit en vie demeurait toujours un problème. À son réveil, il pourrait facilement le dénoncer. Mais ça, c’était un problème pour plus tard. Maintenant qu’il était seul avec Maiken, il n’y avait qu’elle qui importait vraiment. “Mais tu allais le faire. Si je ne t’avais pas arrêté, tu l’aurais tué.” Il ne fit que la regarder doucement – il n’y avait rien à répondre à cela. De toute manière, ce n’était pas une question qu’elle avait posée. Sans doute connaissait-elle déjà la réponse. Felix la connaissait, en tout cas. Si Maiken ne l’avait pas arrêté, il aurait continuer de frapper. C’était aussi simple que cela. “Je sais que tu as fait ça pour moi, je… Je sais… Il savait que ce je faisais, et il m’aurait…” La voix de Maiken commençait à trembler, et Felix ne pouvait que la dévisager, ses mains toujours brûlantes. Oui, qu’il avait envie de lui hurler. Oui, je l’ai fait pour toi. Mais aucun son ne sortait de sa gorge. “Mais tu n’avais pas besoin de faire ça. De tuer, pour me protéger. Je ne veux pas que tu sois… comme ça. Pas pour moi. Mais c’est ce que tu es. C’est si naturel que tu… tu ne sais même pas comment t’arrêter.” Elle pleurait. Felix aussi. Les sanglots de Maiken envahirent la petite ruelle, mais les larmes de Felix roulaient silencieusement sur ses joues. Les mots de Maiken l’emplissaient, tout entier, et il se sentait paralysé. Paralysé parce qu’il savait très bien qu’elle avait raison, et qu’il détestait être cette personne qu’elle détestait – mais elle l’avait dit. Il était qui il était. Il ne pouvait pas changer ça. Même s’il changeait pour elle – et il était prêt à le faire – il ne pourrait pas changer tout le reste. Il resterait à jamais un hunter, il resterait à jamais un Lecter.

Puis Maiken s’avanca vers lui, et glissa ses bras autour de sa taille. Felix était tellement surpris qu’il arrêta de respirer – Maiken posa sa tête sur ton torse, et pleura. Il resta immobile quelques secondes, sous le choc, ses larmes séchant sur ses joues. Puis, aussi naturellement qu’il avait frappé Cohen, aussi naturellement qu’il était qui il était, Felix entoura Maiken de ses bras, et la serra contre lui. Son corps était secoué de sanglots, et la serra fort sans l’étouffer pour lui montrer qu’il était là, qu’il était juste là, contre elle, avec elle, et qu’il la protégerait contre tout et contre tout le monde. Sa main glissa dans ses cheveux, doux, soyeux, et il la serra encore et encore. Il détestait l’entendre pleurer, mais il était incapable d’arrêter de pleurer lui-même. Il déposa sa tête contre la sienne. “J’suis désolé” dit-il d’une voix cassée. “J’suis désolé, tellement désolé…” Il le répétait, encore, et encore, qu’il était désolé. Il était incapable de s’arrêter. Mais être désolé n’était rien. Ça n’effaçait pas ce qu’il avait fait, et ça ne l’excusait pas non plus. Alors Felix prit une longue inspiration, tenant toujours Maiken contre lui. “J’peux juste pas supporter l’idée qu’il t’arrive quelque chose. J’peux pas." Il ne voulait jamais qu’elle parte, plus jamais. “Mais c’est la seule manière que je connaisse pour me défendre. Pour défendre ceux qui sont importants pour moi. Et tu es… tu es tellement importante…” Il se ressaisit – il ne devait pas se laisser emporter. Après tout, aux dernières nouvelles, Maiken le détestait. Il la prit donc par les épaules, la poussant gentiment pour plonger son regard dans le sien, ses bras toujours autour d’elle, comme des murailles protégeant un château. “Dis-moi de partir. Dis-moi de foutre le camp et de ne plus jamais t’embêter. Et je vais le faire.” Et ils y étaient. Le point de non-retour.
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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeDim 7 Fév 2016 - 21:15

Après avoir assisté à ce massacre en bonne et due forme, Maiken aurait du fuir loin de Felix. C’était pour ça qu’elle avait mis de la distance entre eux la dernière fois, parce qu’elle n’aimait pas le hunter qui se cachait en lui et qu’elle ne voulait pas voir réapparaître … Elle l’avait vu au milieu de ses pairs, elle l’avait vu en pleine chasse et elle avait été la proie, et puis elle l’avait vu en proie à une crise de violence inouïe qu’elle n’aurait même pas pu soupçonner venant de lui. Chasseur, oui, elle le savait. Mais à ce point ? Elle ne l’aurait pas cru si on le lui avait dit, mais elle ne pouvait plus rien nier à présent. Elle savait vraiment qui Felix Lecter était.  Mais au lieu de fuir, elle venait de se glisser dans ses bras, elle avait elle-même provoqué le contact. Elle était trop épuisée, aussi bien physiquement que moralement, par toutes ces émotions trop extrêmes qui la hantaient depuis des mois et qui venaient de trouver leur apogée ce soir. Alors elle avait besoin des bras de Felix. Ces bras dont elle savait de quoi ils étaient capables, mais qui ne lui avaient jamais fait de mal, et qui avaient veillé sur elle pendant longtemps. Elle en avait assez d’être seule, de ne pouvoir compter sur personne, de ne pouvoir croire personne. Felix était entré dans sa vie de façon inattendue, elle avait eu du mal à lui faire confiance, mais elle y était parvenue peu à peu, avec réticences, mais grâce à la bonne volonté du jeune homme, elle avait réussi. Et pourtant, elle n’avait pas voulu voir au-delà de son appartenance aux Lecter et aux hunters en général. Ca faisait trop, beaucoup trop … Les hunters, elle ne les voulait pas dans sa vie. Mais Felix, elle ne voulait pas qu’il s’en aille … Et ce soir, elle avait juste besoin qu’il la prenne dans ses bras, qu’il soit là et qu’il la rassure.

Quand il referma ses bras autour d’elle, elle se détendit légèrement, comme si elle n’avait attendu que cela pour lâcher un peu de lest. Ses mains s’agrippèrent à lui, et elle inspira profondément son parfum. Il était mêlé de celui du sang de Cohen, mais elle repoussa cette idée bien loin d’elle. Elle était toujours secouée par les sanglots, mais déjà elle se sentait un peu mieux. Elle sentit qu’il passait sa main dans ses cheveux, dans un geste doux et rassurant. Ce genre de contact n’avait jamais existé entre eux, pourtant il lui sembla parfaitement naturel. Agréable, même. « J’suis désolé » Elle sentit sa poitrine vibrer contre sa joue quand il prononça ces mots. Elle avait envie de disparaître à travers lui, de ne faire plus qu’un avec lui, de ne plus penser à rien d’autre. Elle ne voulait pas qu’il s’excuse, ni même qu’il parle … Ou plutôt si, elle voulait qu’il continue de parler, elle aimait la sensation que cela faisait, mais elle ne voulait pas qu’ils aient une véritable discussion. Elle ne voulait pas penser. « J’suis désolé, tellement désolé… » Maiken serra encore un peu plus ses doigts sur le tissu de sa veste et ferma les yeux. Ses sanglots s’étaient calmés, à présent, sans aucun doute grâce à cette étreinte qu’elle avait attendue trop longtemps. Qu’il soit désolé, alors. Qu’il soit désolé mais qu’il la garde contre lui, c’était tout ce qu’elle lui demandait. « J’peux juste pas supporter l’idée qu’il t’arrive quelque chose. J’peux pas. Mais c’est la seule manière que je connaisse pour me défendre. Pour défendre ceux qui sont importants pour moi. Et tu es… tu es tellement importante… » Elle rouvrit les yeux à ces mots, incertaine quant à l’effet qu’ils provoquaient en elle. Elle ne s’attendait pas à ça. Elle ne savait pas quoi en penser. Mais une chose était certaine, c’était qu’elle était heureuse de l’entendre prononcer de telles phrases … Et pourtant, il ne lui laissa ni le temps d’y réfléchir, ni de les apprécier. Il l’attrapa par les épaules et la détacha de lui, et elle dut décrocher ses bras de son étreinte, bien à contrecœur. Elle leva les yeux vers lui, soudain anxieuse de ce qu’il pourrait bien lui dire en face à face. « Dis-moi de partir. Dis-moi de foutre le camp et de ne plus jamais t’embêter. Et je vais le faire. » Maiken déglutit difficilement. Ah. Ils y étaient, alors. C’était lui qui prenait le rôle du responsable, puisqu’elle avait jeté l’éponge en se plongeant dans ses bras malgré les circonstances peu adaptées. Mais elle était trop fatiguée pour vouloir songer à tout ça, et elle avait préféré laisser parler ses impulsions … Impulsions qui souhaitaient uniquement retrouver la chaleur rassurante de ses bras. Elle ne pouvait plus, maintenant. Il attendait une réponse et elle allait devoir la lui donner.

La jeune femme soupira. « Je t’ai déjà dit de partir. Et j’ai essayé de me tenir loin de toi … » Elle n’avait pas non plus cherché à le revoir, pour être strictement exacte, mais le sort en avait décidé autrement. « Si tu n’avais pas été là ce soir, je serais peut-être morte, ou en tout cas dans un sale état. » Poursuivit-elle. « Je ne vais pas te dire que j’ai aimé ce que tu as fait. Mais je crois que je comprends … Je comprends plus de choses qu’avant, tu sais. Sur les hunters, sur cette guerre. Je fais partie du groupe de résistance Uprising, et je sais que le monde n’est pas divisé uniquement en bons et en mauvais. » Elle avait eu soudain envie de lui avouer son allégeance, pour qu’il sache lui aussi tout sur elle. Il n’y avait pas de raison qu’il ignore quelque chose d’aussi important … D’autant que c’était la raison de sa présence ici. Sans Uprising, elle serait restée chez elle et rien de tout ça ne serait arrivé. « Mais je déteste toujours autant que tu sois un hunter, et ce que je viens de voir … Je ne pourrais pas l’oublier, c’est impossible. » Elle posa sa main sur la sienne, sur son épaule. Elle avait vraiment du mal à savoir ce qu’elle voulait lui dire, et encore plus à l’exprimer. « Mais je ne veux plus que tu t’en ailles. » Voilà, les mots étaient enfin sortis, avant même qu’elle ne se les avoue à elle-même. Et elle réalisa qu’ils étaient terriblement vrais, qu’elle les pensait au plus profond d’elle-même. « Je ne sais pas comment je vais faire, mais je veux te connaître suffisamment pour accepter ce que tu es, tout ce que tu es. J’ai … » Cette fois, les mots se bloquèrent au fond de sa gorge. Il y avait très longtemps qu’elle n’avait pas parlé à un homme de cette façon, et le souvenir de Joren était encore trop douloureux dans sa mémoire pour qu’elle parvienne à s’ouvrir sans difficultés face à Felix. « J’ai besoin de toi. » Et sans réfléchir une seconde de plus, elle s’avança pour poser ses lèvres sur celle du hunter.

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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeSam 27 Fév 2016 - 0:14

 
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C’était comme si le monde entier avait cessé de tourner, et qu’il n’y avait plus que lui et elle. C’était vrai, en quelque sorte. Il n’y avait qu’elle qui importait à cet instant. Rien d’autre n’importait, même pas le corps inconscient de Cohen sur le sol. Ce n’était pas important, pas autant qu’elle. Jamais autant qu’elle. Il la serrait contre lui, comme s’il avait peur qu’elle s’envole. Maintenant qu’ils s’étaient touchés, que leurs peaux étaient en contact, il ne voulait plus jamais la relâcher. Plus jamais la laisser partir. Comment le pourrait-il, après tout ? Elle était là, tout près. Tellement près. Il pouvait entendre le battement de son coeur. Il pouvait sentir sa respiration contre lui. Le tissu de son manteau, la douceur de ses cheveux, l’odeur de son parfum – tout lui parvenait d’une manière soudainement tellement intime qu’il avait peine à y croire. Il avait tellement cru l’avoir perdu à jamais. Il s’était convaincu que jamais, au grand jamais elle ne pourrait être sienne, parce qu’il ne voulait pas entretenir de faux espoirs, et que s’imaginer le pire était toujours mieux que de se les imaginer, pour finalement être déçu. Non, Felix était certain d’avoir perdu Maiken pour toujours – et voilà qu’il la tenait dans ses bras. L’émotion était vive, comme une plaie béante. Il lui semblait que simplement bouger le petit doigt pourrait tout compromettre. Alors il se permit de la serrer dans ses bras quelques instants de plus. Maiken. Toute la douleur, toute la peur des précédents instants s’étaient envolés. Ils reviendraient sans doute, quand le moment serait brisé. Mais il ne voulait pas penser à ça. Il ne voulait se concentrer que sur la plénitude, que sur le bonheur de la tenir contre lui. Juste au cas où ça serait la dernière fois. Il se souvenait de sa première rencontre avec Maiken – il s’en souvenait vivement. Il était encore un jeune homme, à cet époque, il lui semblait. Et elle, svelte et magnifique, assise sur ce banc dans le parc ensoleillé. Sigrid avait été là, jouant dans le parc innocemment. Il se souvenait de sa méfiance, de sa distance, de ses regards inquisiteurs. Il se souvenait qu’il ne pouvait arrêter de lui sourire, et qu’il avait tant voulu la rassurer – mais il était arrogant, un peu trop sans doute, une caractéristique qui semblait s’être envolé de sa personnalité depuis quelques temps. Le temps n’était plus à l’arrogance, mais à la vérité. Ils en étaient la preuve vivante. Mais il se rappelait parfaitement bien cette première rencontre, le début de cette histoire. Les menaces de sa soeur. Cette fois-là, dans le laboratoire. Il les avait raccompagnées, elle et Sigrid. Quelques semaines de légereté, où elle l’avait autorisé à l’emmener ici et là, à flirter avec elle. Il y avait cru. Puis il y avait eu la fête des fondateurs. L’annonce dans les hauts-parleurs. Il semblait à Felix que c’était le début de la fin – et que maintenant, alors qu’ils se tenaient dans la ruelle sombre, et que des grains de pluie commençaient à leur tomber sur la tête, il semblait à Felix que ce chapitre là se terminait. Peut-être se terminerait-il bien. Peut-être pas. Il avait lancé la question en l’air. Qu’elle lui dise de partir, il le ferait. Qu’elle lui demande de rester, il le ferait. Il avait juste besoin de savoir. Comme ça il pourrait avancer à nouveau, et débuter un nouveau chapitre de sa vie.

Un soupir s’échappa des lèvres de la jeune femme. Il comprenait qu’elle n’avait pas envie de répondre à son ultimatum. C’était une décision difficile à faire. C’était loin d’être juste de sa part de la lancer dans la gueule du loup de cette manière – mais il ne pouvait plus attendre. Plus maintenant. “Je t’ai déjà dit de partir. Et j’ai essayé de me tenir loin de toi…” Ses mains étaient toujours posés sur ses bras. Il aurait aimé pouvoir la ramener contre lui, et sentir ses cheveux contre son cou. Mais l’heure était aux réponses. “Si tu n’avais pas été là ce soir, je serais peut-être morte, ou en tout cas dans un sale état. Je ne vais pas te dire que j’ai aimé ce que tu as fait. Mais je crois que je comprends…” Il était incapable de détacher son regard de son visage – de ses yeux brillants, de sa peau pâle. Malgré la tension, malgré l’émotion, elle était à ses yeux la plus belle femme au monde. “Je comprends plus de choses qu’avant, tu sais. Sur les hunters, sur cette guerre. Je fais partie du groupe de résistance Uprising, et je sais que le monde n’est pas divisé uniquement en bons et en mauvais.” L’aveu arracha à Felix un regard de surprise – il avait oublié les fioles. Tout s’expliquait. Et pourtant il n’était pas en colère – bien sûr qu’elle voudrait prendre des moyens pour protéger sa fille. Faire quelque chose. Il ne pouvait pas prétendre connaître Maiken parfaitement, mais il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle n’était pas du genre à rester assise chez elle et à attendre que quelque chose se produise. C’était une drôle de sensation, de savoir qu’il y avait à présent tellement d’honnêteté entre eux – pendant tellement longtemps, leur relation avait été bâtie sur des mensonges et des secrets, et voilà qu’ils savaient tout l’un de l’autre. Le hunter et la résistante. Plus de murs. Plus de facades. “Mais je déteste toujours autant que tu sois un hunter, et ce que je viens de voir… Je ne pourrais pas l’oublier, c’est impossible.” La machoire de Felix se serra, et pour la première fois de leur échange, ses yeux se détachèrent de ceux de Maiken pour se river sur le sol. Il ne pouvait pas la blâmer. Il avait agi en animal. "Maiken, je..." Puis il sentit quelque chose toucher sa main – il releva les yeux, et réalisa que Maiken avait posé sa main sur la sienne. “Mais je ne veux plus que tu t’en ailles.” Les mots résonnèrent comme dans un rêve. Felix plaqua ses pupilles contre celles de Maiken, tandis qu’il sentit son coeur s’arrêter dans sa poitrine. Avait-elle vraiment dit cela ? “Je ne sais pas comment je vais faire, mais je veux te connaître suffisamment pour accepter ce que tu es, tout ce que tu es. J’ai…” Elle hésita. Felix saisissa la main qu’elle avait posé sur la sienne, la serrant contre la sienne, pour lui montrer qu’il était là, et que oui ça serait difficile, mais qu’il était là, pour elle, qu’il le serait toujours, et que c’était ça l’essentiel. “J’ai besoin de toi.”

Il eut à peine le temps de réaliser ce qu’elle disait, alors que sa poitrine se comprimait sous les battements effrénés de son coeur, qu’elle se penchait vers lui, et que leurs lèvres se déposèrent les unes contre les autres, doucement, délicatement. Il y eut un instant où Felix ne saisissait pas trop ce qui se déroulait, et où il resta là, immobile, les lèvres de Maiken contre les siennes. Un instant où il cessa de respirer, où tout cessa de bouger. Puis il y eut une sorte de déclic, et sa respiration revint, et il plongea tête première dans le baiser. C’était enivrant, délirant. Délicieux, passionné. Felix n’avait jamais rien ressenti de tel. C’était tellement naturel, et tellement parfait – il l’entoura de ses bras, l’attirant contre lui, une de ses mains se logeant au creux de sa hanche, l’autre sur sa nuque. Il ne pensait à rien d’autre qu’elle, et à ses lèvres dansant avec les siennes. Il en avait le souffle coupé, et pourtant il ne pouvait pas cesser de l’embrasser. Il avait tellement longtemps voulu faire cela – lui montrer ce qu’il ressentait, lui faire ressentir ce qu’il ressentait. Et il espérait qu’elle pouvait le voir à présent, à quel point il l’aimait – car il l’aimait irrévocablement, inexorablement.

Leurs lèvres se séparèrent finalement, au bout d’une éternité trop courte. Il ne voulait pas la regarder, pas tout de suite – alors il déposa son front contre le sien, toujours les yeux clos, pour savourer son essoufflement, pour graver à jamais dans sa mémoire la sensation de ce baiser. “Je t’aime.” Les mots sortirent sans demander leur reste. Il continuait à caresser ses cheveux. Il saviat que c’était sans doute stupide de dire cela. Téméraire, irréfléchi. Mais il s’en fichait. C’était ce qu’il ressentait. Il détacha son front du sien, pour la regarder dans les yeux, la belle, la sublime. Il souriait doucement. “Je sais que c’est dingue mais… c’est la vérité. Je t'aime." Il prit une seconde pour lui sourire bêtement. "Et je ne te demande pas de me le dire en retour, ou de faire quoi que ce soit… Tu n'as même pas besoin de me répondre. J’ai juste besoin que tu le saches. Je ne peux plus garder ça pour moi. Plus maintenant.” Et, avide de retourner dans cette ivresse, demanda un nouveau baiser en déposant à nouveau ses lèvres contre les siennes, juste pour voir si elle lui rendrait une deuxième fois.


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MessageSujet: Re: bleeding scars ❅ (maiken)   bleeding scars ❅ (maiken) Icon_minitimeDim 20 Mar 2016 - 14:05

Elle avait agi sans réfléchir, parce qu’elle n’en pouvait plus de trop réfléchir, de se poser des questions indéfiniment et de voir sa vie passer devant elle sans y participer. Maiken voulait que Felix reste auprès d’elle, c’était aussi simple que ça. Elle ne voulait plus qu’il disparaisse de sa vie, elle voulait qu’il soit là, à ses côtés, n’importe quand, toujours. Le reste appartenait aux points de détail, et elle aurait bien le temps de s’y pencher plus tard. Pour l’instant, ce qui comptait, c’était la décision qu’elle venait de prendre, ou plutôt la chose qu’elle venait de comprendre. Elle voulait Felix. C’était tout simple, et c’était un soulagement sans nom de se l’avouer enfin. Elle devait arrêter de se voiler la face, après tout … Depuis le temps qu’elle refusait d’accepter l’évidence, elle était libérée d’un sacré poids maintenant qu’elle avait tranché dans le vif. Et à présent, elle pouvait profiter. Oublier le temps d’un instant où ils se trouvaient, ce qu’ils faisaient, oublier que le monde continuait de tourner et qu’il faudrait y retourner … Parce qu’elle l’embrassait, et ça effaçait tout le reste. Elle découvrait le goût de ses lèvres, elle redécouvrait les sensations uniques d’un premier baiser, les frissons et les explosions, elle l’embrassait et il lui rendait son baiser. Il avait passé ses mains autour d’elle, et elle ne s’était jamais sentie aussi bien que dans cet instant où ils laissaient libre cours à leur passion l’un pour l’autre. Elle était en sécurité dans ses bras, elle était heureuse, elle était entière. Depuis Joren, elle n’avait connu personne qui la fasse se sentir aussi bien, comme si Felix avait le pouvoir de recoller les morceaux éparpillés de sa personnalité pour en faire quelque chose de mieux, de plus beau et de plus doux. Elle serait volontiers restée ici pour le reste de ses jours, à se perdre avec lui dans ce baiser qu’ils avaient tant mérité … Mais il prit fin, et Maiken s’accrocha à Felix comme pour lui interdire de trop s’écarter. Ce n’était pas encore le moment de laisser le froid et la nuit prendre place entre eux.

Il posa son front contre le sien, et elle poussa un léger soupir, de satisfaction tout autant que de frustration. Elle leva une de ses mains pour la passer délicatement sur la joue de Felix, les yeux toujours fermés, dessinant ses traits sans les voir, mais les imaginant à la perfection … « Je t’aime. » Les mots la transpercèrent comme un électrochoc, elle ouvrit les yeux et sa main se figea. Elle arrêta même de respirer, pour mieux réentendre cette phrase dans sa tête une nouvelle fois. Il recula légèrement pour décoller leurs fronts, et plongea ses yeux dans les siens. Elle y vit une certitude tranquille, et un amour qui suivait parfaitement les mots qu’il venait de lui offrir. « Je sais que c’est dingue mais… c’est la vérité. Je t'aime. » Maiken sentit ses lèvres s’étirer en réponse à son sourire béat, mais elle était trop soufflée par la surprise pour réussir à dire quoi que ce soit. « Et je ne te demande pas de me le dire en retour, ou de faire quoi que ce soit… Tu n'as même pas besoin de me répondre. J’ai juste besoin que tu le saches. Je ne peux plus garder ça pour moi. Plus maintenant. » Felix ne lui laissa pas le loisir de chercher quoi répondre – elle avait l’impression de ne plus savoir réfléchir correctement de toute façon – en posant à nouveau ses lèvres sur les siennes. Et une nouvelle fois, elle s’abandonna totalement à ce baiser. Sa main se glissa dans ses cheveux tandis que leurs lèvres reprenaient leur danse charnelle, et elle se pressa contre lui, la chaleur de leurs deux corps l’un contre l’autre semblant irradier tout autour d’eux. Quand le baiser prit fin, elle glissa ses bras autour de sa nuque et nicha son visage au creux de son cou. Elle ne pouvait pas lui rendre son "je t’aime", et elle se sentait mal à l’idée de ne pas pouvoir lui offrir ces mots avec autant de ferveur que lui, mais elle ne pouvait tout simplement pas. Ils étaient bloqués dans sa poitrine, physiquement bloqués, par l’image de Joren et par le souvenir de la déchirure que leur rupture avait causé, par tant de facteurs qu’elle n’aurait pu tous les citer. Elle ne désirait rien au monde d’autre que Felix, que ses étreintes, son amour, sa présence, mais elle ne pouvait pas dire ces quelques petits mots qu’il avait prononcés si facilement. « Merci. » Souffla-t-elle. C’était une réponse bien pauvre à ce qu’il lui avait déclaré, mais elle espérait qu’il comprendrait quand même. Elle le remerciait d’être là, d’être lui, et de l’aimer elle. Il lui donnait tout, sans hésiter, sans restriction, et cela lui faisait tourner la tête. C’était un peu effrayant, mais sûrement pas désagréable. C’était Felix Lecter, et bon sang, elle aimait ça. Elle embrassa le coin de sa mâchoire, puis le creux de son cou, encore et encore. « Je ne veux plus jamais que tu t’en ailles. Ne me quitte plus, Felix, reste avec moi. » C’était presque une supplique, c’était sa propre démonstration d’amour, un peu bancale, mais aussi passionnée que celle qu’il lui avait donnée quelque instant plus tôt. Mais que ce soit ce soir, demain ou les jours à venir, elle voulait être avec lui.
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