Sujet: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Dim 26 Juil 2015 - 23:58
all we had and all we lost - Lorcan & Salomé
CRACKLE BONES
La foule déambulait entre les attractions, masse compacte dont s'extrayait de temps à autre une ou deux personnes qui parvenaient à cheminer jusqu'aux stands les plus bondés à cette heure du soir. S'employant à ne jamais jeter un oeil sur sa gauche, vers le stand de pizzas et autres snacks qui se tenait juste à côté du sien, c'était avec de grands sourires que la brune servait verre de vin chaud sur verre de vin chaud aux clients emmitouflés. Elle n'avait pas bronché lorsqu'une semaine plus tôt le patron lui avait appris qu'elle accompagnerait deux autres serveurs pour tenir le stand de boissons, ayant besoin de tous les bras disponibles en cette soirée particulière. L'occasion parfaite de vider son esprit bien trop encombré. Les fêtes de fin d'année avaient été loin d'être aussi chaleureuses que d'ordinaire au sein de la grande bâtisse des Callahans. Le repas de Noël s'était déroulé avec fracas, entre regards assassins de Matthias braqués sur sa personne et joutes verbales animées par le père et le jumeau tout au long de la soirée. Tout continuait à décliner, lentement mais sûrement. Désormais éloignée de ses plus proches amis, c'était sa famille qu'elle voyait se déchirer doucement. Elle qui avait songé que tous les regards se tourneraient vers elle, inquisiteurs, se trouvait confrontée à la mésentente permanente régnant entre le chef de famille et son cadet. Elle ne l'avait pas vu venir. Elle avait pensé qu'ils se retrouveraient plus soudés que jamais suite à l'accident. Mais chacun renforçait sa carapace dès lors que les conversations s'engageaient. Elle lisait dans le regard vitreux de son paternel la douleur de cette situation qu'il ne comprenait pas, lui qui s'était toujours efforcé d'assurer la cohésion entre les quatre autres. Et elle fuyait. Plus que jamais. Seule au coeur de la foule, noyant son esprit dans la tête de chaque personne, s'imprégnant des pensées qu'elle captait au vol sans chercher à contrôler quoi que ce soit. Pour le temps que cela durerait, Salomé aimait autant ne plus réfléchir du tout, oublier les souvenirs les plus pénibles, et profiter de ces quelques heures artificielles que lui offraient les soirées à servir au bar. Ce soir ne faisait pas exception. Dansant légèrement sur place pour se réchauffer, au rythme de la musique diffusée par les hauts parleurs disposés aux quatre coins de la ville et dont l'un d'entre eux se trouvait positionné juste derrière son stand - lui broyant les tympans au passage - la brune accepta sans rechigner la cigarette que lui proposait son collègue. Un vague regard circulaire pour s'assurer que ses parents ne se trouvaient pas dans le coin, comme une adolescente en plein délit de tabagisme, ses yeux tombèrent brièvement sur une tête brune qui s'activait à quelques mètres d'elle. Stoppant le mouvement de sa main qui s'apprêtait à actionner le briquet qu'on lui avait tendu, la brune resta une fraction de seconde immobile. Pour détourner rapidement la tête dès lors que Lorcan se retourna. La brune se mordit l'intérieur de la joue en reposant brutalement la cigarette sur l'arrière du comptoir de bois monté spécialement pour l'occasion, s'empressant d'emplir deux verres à l'intention d'un couple fraîchement arrivé. Ne manquant guère de rire avec eux à la blague de l'un des serveurs - qui était par ailleurs aussi lourde que l'intégralité des pensées que Salomé passait en revue dans sa tête depuis près d'une heure. Avec un soin tout particulier, la brune se servit à son tour un verre fumant, laissant le vin lui brûler âprement la gorge et les épices lui picoter la langue. Ce ne fut qu'en voyant le regard interloqué du troisième serveur lorsqu'elle reposa le gobelet que la brune se rendit compte qu'elle l'avait avalé d'une traite. S'efforçant de se rappeler de ne pas se comporter en public comme à la maison, elle s'engouffra un peu plus profondément encore dans l'esprit des personnes l'entourant. Pour faire taire ce soupçon de conscience qui lui ordonnait d'arrêter de boire, de ne pas reprendre cette cigarette ici, de cesser de glousser comme une idiote aux tentatives de drague débile de serveur con numéro un. Et qui lui demandait d'arrêter d'ignorer si soigneusement la présence du stand de nourriture à deux pas du sien. D'arrêter de ruminer toute sa rancune à l'égard de Lorcan en faisant mine de ne pas le voir dès que son regard avait le malheur de passer sur lui. Mais la télépathie, si incontrôlée, ne laissait plus de place à la voix de la raison.
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Lun 27 Juil 2015 - 19:26
Quelle plaie, cette fête foraine ! Même si depuis des années Lorcan ne loupait pas une occasion pour s’y rendre, au moins pour hurler un bon coup dans un manège à sensation ou engager une bataille sans merci avec ses amis dans les auto-tamponneuses, il n’avait pas eu la moindre intention de s’y rendre cette année. Il s’était planifié une journée enfermé chez lui à essayer un jeu vidéo gracieusement prêté par Calista, mais son patron en avait décidé autrement : un de ses employés s’était cassé le bras et il fallait le remplacer ! Tous les autres du restaurant avaient déjà été réquisitionnés et il ne restait bien sûr plus que Lorcan. Lorcan qui se retrouvait par cette journée pourrie à faire des pizzas, des frites et des sandwichs (oh glorieux plan de carrière !) dans un cabanon glacial, coincé entre le stand de vin chaud et celui de marrons grillés. Dans d’autres circonstances il en aurait pris son parti et aurait fait de son mieux pour profiter malgré tout de la journée, mais même les boissons à l’œil et les sucreries à profusion ne parvenaient pas à adoucir son calvaire. Il ne voulait pas être là, ce n’était pas si difficile à comprendre ! Tous les évènements un peu traditionnels qu’il adorait depuis des années avaient été ruinés en beauté, il n’avait pas envie de détruire ses souvenirs de la fête foraine de Radcliff comme il avait détruit ceux de la fête des fondateurs, de la fête de Noël, de son anniversaire à Aspen et lui, et du réveillon du nouvel an. Il avait vraiment terminé l’année en beauté ! Après le fiasco total de la fête des fondateurs, les fêtes de fin d’années avaient été moroses, mais l’apothéose avait été atteinte à son anniversaire, quand il avait fait en sorte que sa jumelle ne le regarde plus jamais de la même façon. Depuis, il évitait tout ceux qui avaient un lien plus ou moins direct avec Aspen, ce qui englobait à peu près tout son carnet d’adresse.
Plus de vie sociale et plus aucune envie d’en avoir de toute façon, de rares contacts avec les êtres humains quand il allait au boulot ou à la fac, et ça lui convenait très bien. A chaque fois qu’il croisait le regard de quelqu’un, il revoyait l’expression horrifiée d’Aspen, et il sentait une part de lui se détruire encore un peu davantage. Ca faisait un mois et cinq jours qu’il l’évitait, soit exactement trente-six jours et quelques heures de torture, à ignorer ce qu’elle faisait, ce qu’elle pensait, ce qu’elle ressentait. Il en avait perdu le sommeil, il en était devenu fou, et ça n’irait pas en s’arrangeant maintenant. Et il fallait qu’il se cogne ces fichues pizzas en souriant benoitement aux clients, alors que sa plus grande envie était de leur enfoncer ses boules de pates dans la gorge pour qu’ils cessent d’affluer en masse. Ils s’étaient donnés le mot ou quoi ? Pas moyen de se défiler du stand, même pas une seconde. Pas moyen d’esquiver la corvée … Pas moyen de se soustraire au regard qu’il sentait peser sur sa nuque de temps à autres. Ou qu’il imaginait peser sur lui, ce qui était sans doute pire, parce qu’il n’avait pas encore réussi à le croiser une seule fois, ce regard. C’était la première chose qu’il avait remarquée en arrivant, et si ça avait au moins l’avantage de lui faire oublier Aspen et toutes les horreurs associées, ça ne l’aidait vraiment pas à améliorer son humeur ! Salomé se tenait à quoi … deux mètres de lui ? Elle était au vin chaud et lui aux pizzas. Et il entendait son rire éclater à intervalles réguliers, sa voix qui s’élevait pour répondre des choses qu’il ne parvenait pas à saisir mais dont il imaginait parfaitement le sens. Il avait tourné la tête, rongé par la curiosité, dès que son rire avait retenti pour la première fois, et il avait été estomaqué. Pour la première fois depuis des mois, elle semblait parfaitement heureuse. Il était au trente-sixième dessous et elle se bidonnait avec ses collègues ! Il y en avait même un qui la déshabillait du regard, ce dont elle ne semblait même pas s’offusquer. Il y avait erreur sur la personne ! Pourtant c’était bien elle, et tous les regards qu’il lui avait lancés avaient confirmé ce qu’il avait compris la première fois. Elle était bien là, ce n’était pas une hallucination, et elle était bien plus heureuse que lui d’y être. Tant mieux pour elle ! Il n’en avait rien à carrer de toute façon. Et pourtant. Pourtant ça rendait sa journée encore moins supportable que de savoir qu’elle se marrait à côté de lui en flirtant sans vergogne. Il s’approcha du garde-manger, tout juste accolé au stand de Salomé, et attrapa une boîte de tomates avant de tourner la tête, pile poil quand elle s’enfilait un verre de vin chaud, cul sec. « Mollo sur l’alcool, ou tu vas finir par rouler une pelle à ton pote devant tous tes clients. Mauvais exemple pour les gosses, Callahan. »
Salomé Callahan
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Lun 27 Juil 2015 - 20:00
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La brune dut se faire violence pour ne pas jeter le contenu de son verre au visage de son interlocuteur lorsqu'elle l'entendit s'adresser à elle. La provenance de sa voix avait inévitablement attiré son attention, bien malgré elle. Elle avait envie de se mettre une grande claque à se laisser ainsi atteindre. Chaque mot la piqua profondément tandis qu'elle s'emparait avec une fausse nonchalance de son gobelet vide pour le remplir à nouveau, un sourire narquois aux lèvres, sans daigner lui jeter un seul regard malgré sa présence à à peine un mètre d'elle. Salomé ne voulait pas lui donner la satisfaction de la voir s'énerver, ni même de riposter et de rebondir sur sa remarque. Surtout pas après leur altercation passée. Elle ne rentrerait pas chez elle en chialant, pas ce soir, et ce fut donc la tête haute que la belle se tourna dans la direction du fils Wolstenholme, le regardant sans le voir - ou tout du moins, s'efforçant de le faire, en fixant le crâne chauve du cuistot qui se tenait derrière lui, sur sa gauche. Levant légèrement son verre avec un sourire mielleux à souhait, le portant à ses lèvres en en ingurgitant le contenu lentement, postée droite comme un piquet en face du mutant sans croiser son regard. C'était un comportement digne d'une collégienne, une provocation gratuite pas plus intelligente que celle que venait de lui lancer son ami de toujours. Elle gardait sur la langue le goût amer des mots de Lorcan qu'elle se répétait mentalement malgré elle, digérant l'humiliation s'en n'en l'aisser rien paraître. S'il leur était souvent arrivé de se chercher, jamais l'attaque n'avait été aussi directe. Aussi acerbe. La voix du brun avait rapidement couvert toute forme de pensées étrangères dans son esprit, tandis qu'elle s'efforçait de réinstaurer le contact à l'intérieur de la tête des personnes l'entourant. Parce que si elle commençait à réellement considérer la présence de Lorcan à ses côtés, et qui pour la première fois en plusieurs mois s'adressait à elle pour la descendre à coup de répliques blessantes, son sourire s'éteindrait sur ses lèvres sans qu'elle ne puisse le raviver. Déposant le gobelet vide tandis que le plastique crissait dans son poing serré, ses pommettes déjà rosies par le froid gagnant encore un peu plus de couleur, la brune finit par poser les yeux sur le visage de Lorcan. « Tu devrais essayer. Boire un verre, rouler une pelle à... » Un sourcil arqué en parcourant ses collègues masculins du regard avant d'hausser les épaules tout en arborant un sourire moqueur. « .. à qui voudra. J'te prête même mon pote s'il t'intéresse tant que ça. » Là, c'était pour son commentaire désobligeant sur le pseudo roulage de pelle, qui lui restait en travers de la gorge. Un air détaché recouvrant ses traits à ses derniers mots tandis qu'elle recommençait à s'activer pour préparer une énième tournée de vin chaud, c'était en assumant totalement son rôle de garce que Sally posa brutalement un verre fumant sous les yeux de Lorcan. « Allez, à ta santé. Parce que là, t'as vraiment une sale gueule. » Un air consterné sur les traits avant de sourire à nouveau. Et ça, c'était pour le coup du mauvais exemple, Wolstenholme.
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Lun 27 Juil 2015 - 21:11
Il ne savait pas ce qui l’avait poussé à provoquer Salomé comme ça, mais il sut au moment où les mots franchissaient ses lèvres que c’était une mauvaise idée. Il aurait mieux fait de continuer à l’ignorer, mais il fallait qu’il laisse un peu exprimer la colère qui bouillait en lui et comme il ne pouvait pas franchement s’en prendre à ses clients … Il n’eut même pas le plaisir de la voir s’énerver, elle se contenta de se servir un autre verre et de le toiser avec moquerie. Enfin, elle ne le toisait pas vraiment, et le fait qu’elle ne le regarde même pas dans les yeux augmenta encore sa frustration. Mais se furent ses paroles qui eurent le plus d’effet. Il l’avait mérité ? Rien à faire. Il la fusilla du regard, ignorant de son mieux les ricanements qui s’élevèrent du côté des serveurs, et même le petit geste d’invitation qu’un des trois fit à son encontre. C’était une blague ? La journée n’était pas assez pourrie pour qu’elle en rajoute encore ? Okay, il n’aurait pas du lui parler comme ça, mais il n’avait fait qu’énoncer une vérité, un truc qui crevait les yeux à toute la foire. Si ça la vexait tant que ça qu’il le dise à haute voix, elle n’avait qu’à rester un peu plus discrète ! Il attrapa le verre qu’elle avait déposé devant lui, tiquant quand elle évoqua sa santé. Une brusque bouffé de chaleur l’envahit, suivie immédiatement d’une sueur froide qui déclencha un tremblement irrépressible le long de son dos, tandis que son rythme cardiaque augmentait d’un cran. Sa main dérapa, le vin chaud se renversa à moitié, et il s’empressa de boire le reste avant qu’il ne s’ébouillante complètement. « Peut-être que je devrais, parce que visiblement ça te réussit bien. Toi t’es complètement radieuse, ça fait plaisir à voir. Ils y sont tous passés, tes collègues, pour te rendre le sourire comme ça ? » Et c’était reparti pour les injures, sa seule arme de défense depuis qu’il avait perdu son unique alliée. Comme si ça l’amusait vraiment, qu’elle le déteste encore plus qu’avant. Il ne lui avait pas reparlé depuis la fête des fondateurs, et pourtant ce n’était pas faute de l’avoir souhaité. Surtout après Aspen. Mais c’était un peu tard, maintenant. Il reposa ses mains bien à plat sur le comptoir, s’y appuya plus que nécessaire pour les empêcher de trembler, et inspira profondément en tentant de calmer cette sensation bien trop familière qui se déployait en lui. Panique. « Wolstenholme, bouge-toi ! » La voix de son patron dans son dos le fit sursauter, et il s’agrippa à la lanière de son tablier. « Putain de merde. » Lâcha-t-il en s’échinant sur le nœud du tissu, ses doigts refusant de lui obéir. Quand il y parvint enfin, il le jeta sur le comptoir, au milieu des boîtes à pizza vide, et il bouscula tous ses collègues pour s’enfuir du cabanon aussi vite que ses jambes le lui permirent. Il attrapa au passage une bouteille de bière qui traînait là, et disparut à l’arrière, où il s’accroupit par terre, les mains toujours serrées sur la bouteille, sans pouvoir les empêcher de trembler pourtant, ni empêcher son cœur de s’affoler, et sa panique d’augmenter. « Putain de putain de merde … » Ca ne passait pas. Qu’est-ce qu’il devait faire pour que ça passe ??
Salomé Callahan
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Lun 27 Juil 2015 - 22:11
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Elle aurait dû rire, se moquer, rester dans son rôle de parfaite enfoirée lorsque la main de Lorcan trembla autour du verre en le renversant à moitié. Ce détail qui passa inaperçu auprès de ses collègues ayant déjà regagné leur activité frappa la brune sans qu'elle ne sache bien pourquoi. Malgré son peu de sérieux apparent, sa concentration était belle et bien implantée dans son cerveau, analysant chacun des faits et gestes du brun. Même si l'alcool ingurgité commençait à se ressentir, et ne cessait de faire grimper en flèche sa température corporelle. La brune ôta rapidement sa veste qu'elle jeta dans un coin tout en remontant sur ses bras les manches de son pull, peu réceptive au froid tant qu'elle demeurait à portée du récipient bouillant d'alcool. Et elle l'observa à nouveau du coin de l'oeil achever de vider son verre, et sans en foutre partout cette fois-ci, avant de subitement regretter de ne pas l'avoir agrémenté d'un peu d'arsenic. Juste un soupçon, suffisant pour le voir s'étouffer une fois sa dernière vacherie envoyée à la serveuse. Un éclat foudroyant anima ses prunelles tandis qu'elle se repostait de nouveau en face de lui, mauvaise. « T'es jaloux, Wolstenholme ? Aucune fille n'a envie de se vider de son sang dans tes draps, alors tu viens m'emmerder ? » Descendant d'un cran encore dans la bassesse, le brouhaha couvrant suffisamment ses paroles pour que le mutant en soit l'unique auditeur, la brune l'avait fixé avec ténacité tandis que ses traits se durcissaient légèrement. C'était sans doute dégueulasse de remettre sa mutation sur le tapis, mais insinuer qu'elle avait un comportement de traînée n'était pas vraiment plus légitime, si ? Continuant à faire tournoyer la louche au milieu de la marmite, se laissant distraire malgré elle par ses piques, Sally hocha la tête à l'adresse d'un nouveau groupe tout en s'empressant d'emplir leurs verres avec un sourire totalement feint. Les mains de Lorcan se plaquèrent soudainement sur le comptoir, et elle ne put s'empêcher de l'observer à nouveau, s'humectant les lèvres sans parvenir à lui balancer la moindre saloperie. Il y en aurait eu, pourtant, des choses à se dire sur son visage pâle et ses doigts tremblants. Sur ce sursaut lorsque son patron le rappela à l'ordre, et sa maladresse avec son tablier. Les verres à la main, Salomé restait totalement immobile, son sourire déclinant sur ses traits en tentant de garder dans son champ de vision un Lorcan qui s'éloignait déjà. Il lui fallut quelques secondes pour se décider à réagir, réceptionnant l'argent dans ses paumes et remplissant la caisse avant de s'élancer à sa suite sans y réfléchir.
Lorsqu'elle se retrouva à l'arrière, son regard ne tomba pas immédiatement sur Lorcan, se tournant à l'opposé en pensant qu'il serait déjà loin lorsqu'elle arriverait. La voix de son ami la fit immédiatement pivoter sur ses talons, ses yeux s'abaissant tandis que son coeur sursautait. Les pensées dans sa tête s'étaient arrêtées bien trop brutalement, lui donnant la nausée tandis qu'elle fermait les yeux une seconde pour annihiler un vertige. Les mots de Lorcan envahissaient sa boîte crânienne, sa panique semblant tellement forte que l'air en devenait tendu autour d'eux. En deux pas, elle oubliait presque sa rancune, parcourant l'espace les séparant pour s'accroupir en face de lui. C'était spontané, irréfléchi. Instinctif. Ses paumes se posèrent sur les mains tremblantes du mutant, les enveloppant dans leur chaleur sans comprendre ce qui lui arrivait. Sans chercher à comprendre. « Et ben, je te bouleverse tant que ça ? » Simple humour, sans aucune once de sarcasme y persistant. Elle était naturelle, pour la première fois depuis des heures. Les doigts tremblants de Lorcan sous les siens l'angoissaient cependant, et elle osa enfin refixer son regard dans ses prunelles, appréhendant sa réponse. « Écoute, j'm'en fous si tu veux encore me faire la gueule quand on y retournera. Mais en attendant, dis moi ce qui t'arrive. Et c'est pas une question, Lorcan. » C'était un ordre, pur et dur. Parce que l'appréhension qui la saisissait ne présageait rien de bon.
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Mar 28 Juil 2015 - 18:50
Les mots de Salomé tournaient en boucle dans la tête de Lorcan, assassins et accusateurs. Et comme si ça ne suffisait pas, l’image sanglante qu’elle avait fait naître dans sa tête venait se superposer avec l’air épouvanté d’Aspen. Il n’avait vraiment pas besoin de ça, il connaissait la vraie nature de ce qui se tapissait en lui, mais venant de Salomé, cela prenait une ampleur encore plus écrasante. Ses paroles s’étaient gravées au fer rouge dans sa mémoire, révélant avec une dure franchise ce qu’elle pensait de lui, au fond. Exactement comme Aspen. Mais il avait été assez inspiré pour ne pas attendre qu’une fille vienne se vider de son sang dans ses draps, comme elle disait. Ce genre de truc ne pourrait pas arriver, au moins pendant un certain temps. Ca aurait du être rassurant, de se répéter ça, mais ça ne marchait pas. Ses mains tremblaient quand même, les sueurs froides se multipliaient, et il avait envie de vomir ce vin chaud dégueulasse que Salomé lui avait servi. Elle l’aurait empoisonné que ça ne l’aurait même pas surpris … Il aurait préféré ça, mais il reconnaissait trop bien les symptômes pour s’attacher à un tel espoir. Il leva la tête en entendant des pas s’approcher, et grimaça en reconnaissant Salomé. Elle ne pouvait pas le laisser tranquille deux minutes ? Il fallait qu’elle vienne jusque là se foutre de lui ? Il s’attendit au pire quand elle s’accroupit en face de lui, et il se savait bien incapable de répliquer quoi que ce soit, mais elle garda pour elle toute réflexion désagréable, et posa ses mains brûlantes sur les siennes, glacées. Il aurait même pu se marrer de sa question s’il ne s’était pas senti aussi mal. « Pas tant que ça … » Il détourna les yeux pour ne pas avoir à soutenir son regard inquisiteur, et essaya de fixer son attention sur la bouteille de bière. Ce qui lui arrivait ? C’était toujours aussi simple qu’au premier jour. Les raisons étaient innombrables mais les principales se résumaient en quelques mots, ou en quelques noms. Le visage horrifié d’Aspen flasha une nouvelle fois devant ses yeux, suivi par celui, intransigeant, de son père, et enfin par celui de Salomé, avec l’expression dégoûtée qu’elle avait eue quelques secondes plus tôt en prononçant les mots fatidiques. Cet enchaînement eut un effet terrifiant sur Lorcan, qui se sentit blêmir encore un peu. Il aurait voulu disparaître sous terre, loin de cette fête foraine, loin de la foule, loin de Salomé. Il aurait donné n’importe quoi pour être ailleurs, seul, sans cette terreur qui le pétrifiait. « Je te jure que j’ai pas du tout … Je veux pas saigner qui que ce soit, ok ? Je peux plus faire ça. C’est fini, ça. Je te jure que c’est fini. » Il avait désespérément besoin qu’elle le croie, il s’y attachait avec l’énergie du désespoir, mais il avait bien du mal à surmonter l’angoisse qui lui opprimait la cage thoracique, et ses arguments n’étaient pas des plus intelligibles. « Il m’arrive rien, ça va passer. Ca finit toujours par passer. » Grogna-t-il, le souffle court. Il se passa les mains sur le visage, appuya ses paumes sur ses yeux, sans que cela ne chasse quoi que ce soit. « C’est une sacré saloperie, le NH24. Mais ça marche du feu de dieu. » Voilà. C’était ça, qui lui arrivait. Il l’avait compris depuis des jours, mais malheureusement le fait de l’avoir compris n’avait aucun effet sur les crises d’angoisse qu’il se tapait depuis qu’il s’était injecté cette merde.
Salomé Callahan
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Mer 29 Juil 2015 - 22:26
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Elle se sentait conne. Terriblement. Quelle idée de lui balancer une remarque pareille, sérieusement ? Mise à part cette sensation fugace d'être parvenue à avoir le dessus, cela n'apportait rien de bon. Depuis quand avait-elle envie de le blesser à ce point ? Si la brune n'était pas certaine d'être la seule instigatrice de cette confession, elle ne s'en sentait pas moins coupable. Ce fut dans un élan de compassion soudain que l'une de ses mains quitta celles de son ami pour se déposer doucement sur sa joue, captant son regard profondément, comme pour y déceler toutes les failles et les compenser avec le peu de force qui lui restait. « Je sais Lorcan, t'as pas à me promettre quoi que ce soit. Je sais, c'est tout. » Il n'avait nul besoin de lui jurer sur tous les saints qu'il n'en avait pas envie, le poids de sa mutation n'avait pas besoin de lui être expliqué pour qu'elle sache pertinemment qu'il ne voulait pas en faire l'usage. Si elle l'avait haï pour en avoir fait l'emploi sur son jumeau, si elle avait pu le maudire en ressassant le spectacle humiliant de Noeh défaillant et s'écroulant, le Lorcan de ce soir n'était plus le même que par cette nuit-là. Elle en était persuadée. Les mois lui avaient enseigné à quel point ces ignominies pouvaient se lier intimement à leurs émotions. Et en cet instant précis, elle aimait croire que jamais le mutant n'avait voulu faire de mal à son frère, et que sa seule colère en était la reponsable. Peut-être se leurrait-elle. Peut-être que son corps fatigué accueillait l'alcool ingurgité d'une manière plus apaisante que d'ordinaire. Mais face à ce portrait affaibli de Lorcan, elle ne pouvait lutter plus longtemps. Ses paroles cherchaient à trouver leur sens dans son esprit, sans qu'elle ne se doute encore de leur réel signification. Reposant ses mains sur ses propres genoux, étourdie par la situation qui lui échappait, la télépathe releva un regard suspicieux lorsqu'il lui assura que cela passait toujours. Le silence ne fut que de courte durée, et ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il prononça le nom du coupable de son état. Des milliers d'interrogations l’assaillirent subitement, tandis qu'elle détournait un instant le regard pour s'assurer que personne ne pouvait les entendre. « Tu l'as pris. » A peine une question. Bien sûr qu'il l'avait pris, il venait de le dire. Mais la brune peinait à réaliser que son ami avait enfin réalisé ce qu'il planifiait depuis leur petite séance télépathique. « T'aurais dû me... » Elle se stoppa instantanément. Le lui dire ? Elle qui n'avait pas été plus habile que lui pour renouer un contact qu'elle pensait perdu à jamais ? Qu'aurait-elle pu y faire ? Le fossé qui s'était creusé entre eux depuis leur dernière rencontre lui revint clairement, elle qui l'avait oublié pour l'espace d'une minute. « Tu... Tu n'as plus .. T'en es débarrassé ? » Totalement dépassée par la situation, elle se retrouva sur les genoux en une fraction de seconde, ses mains à elle commençant à trembler légèrement. « Depuis combien de temps tu le prends, Lorcan ? C'est ça qui te met dans un état pareil ? » Elle revoyait son étourdissement, cette manière malhabile de quitter le cabanon, et elle sentait tout particulièrement sa peau glacée sous la sienne, ces détails prenant tout leur sens. « C'est toi que tu vas saigner à ce train là. » Relevant les yeux vers lui tout en l'observant soigneusement, elle mordilla nerveusement sa lèvre tandis que ses propres émotions lui revenaient en pleine gueule. « Putain, j'suis désolée. T'aurais du pouvoir m'en parler. Ce qu'on a été cons. » Sa voix s'étouffa légèrement tandis que sa gorge se nouait subitement. Oh que oui, ils l'avaient été. Les conséquences s'imposaient à elle sans qu'elle ne parvienne à y faire face, mais rapidement ses traits décomposés par la nouvelle regagnèrent une certaine assurance. Ce masque si sûr d'elle qu'elle avait eu l'habitude d'arborer dans les pires moments, parce qu'elle devait être forte pour les autres Salomé, à défaut de parvenir à l'être pour elle même. « On va te sortir de là Lorcan, j'te laisserai pas tomber. » Déjà, leurs noms retentissaient de l'autre côté du bois, leurs collègues mécontents de leur pause improvisée commençant à se manifester. Le regard de la brune, perturbé, se tourna aux alentours avant de se fixer sur un point précis. « On peut pas rester là. » S'emparant sans négociation de la main de Lorcan, elle se redressa en parant à une éventuelle chute, prête à le soutenir s'il peinait à se relever. Les yeux fixés sur le labyrinthe de glace, bien calme pour l'un des rares moments de la journée et qui accueilleraient gracieusement leurs deux âmes torturées.
Spoiler:
El laberinto
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Sam 1 Aoû 2015 - 22:20
Salomé s’était considérablement radoucie, et la fureur que Lorcan avait provoquée semblait s’être définitivement éteinte. Elle le croyait, quand il disait qu’il ne voulait saigner personne … Elle le croyait et il voulait croire qu’elle ne disait pas ça uniquement pour lui faire plaisir. Elle aurait pu cent fois rebondir sur les horreurs qu’il lui avait jetées au visage, plutôt que de se pencher vers lui avec cet air inquiet. Il ferma les yeux une seconde quand elle posa la main sur sa joue, ce contact ayant un pouvoir étrangement apaisant sur la panique qui enflait en lui. Ce répit fut pourtant de courte durée, et il fut incapable de garder pour lui la véritable raison de son état. Il avait besoin d’en parler, de décharger ce poids qui l’écrasait comme si c’était une véritable honte. Devant elle, c’était presque ça, parce qu’il l’avait fait dans son dos. Il avait gardé ça pour lui, depuis l’injection, et il n’avait eu l’intention d’en parler à personne. Bien sûr, Salomé était techniquement la seule personne à qui il aurait pu en parler et ils ne s’adressaient plus la parole, alors le problème était vite réglé, mais prendre le fameux vaccin magique … Il avait cédé à la facilité, il avait abandonné les efforts qu’il avait poursuivit constamment depuis plus d’un an pour essayer de garder le contrôle de ses pouvoirs … Mais le regard d’Aspen avait anéanti sa volonté et son courage, alors il n’avait pas hésité une seconde avant de s’injecter le NH24. Maintenant, il ne sentait plus ses pouvoirs s’exprimer en lui, c’est vrai, mais ce qu’il avait récolté en contrepartie n’était pas une vraie partie de plaisir non plus. La surprise de la révélation flasha dans le regard de Salomé, et il grimaça. Le lui dire ? Il aurait même voulu lui en parler avant de le faire, en tout cas c’était ce qu’il pensait avant, quand tout allait encore bien, quand ils en avaient parlé ensemble sans vraiment envisager de franchir le pas … Les choses avaient changé entre eux, et la façon dont elle avait stoppé sa phrase en plein élan montra qu’elle l’avait bien compris aussi. « Ouais, c’est fini. Je suis libéré, délivré. » Ca aurait pu être une tentative d’humour à deux balles, mais il ne parvenait même pas à sourire, encore moins à en rire. Son cœur battait toujours à une allure folle et il devait faire un effort gigantesque pour se concentrer sur Salomé et ne pas laisser ses pensées suivre le fil de ses peurs. C’était comme ça depuis l’injection, il lui arrivait de se retrouver tétanisé par la terreur, alors qu’il avait très bien (façon de parler) réussi à y faire face jusque là. Mais tout lui semblait soudain exacerbé, impossible à surmonter. Il était libéré de ses pouvoirs, c’est vrai, mais ne parvenait pas à être serein pour autant. Bien au contraire, le remède semblait pire que la maladie. Alors il fixait Salomé en essayant de ne pas penser à quoi que ce soit d’autre, en se raccrochant à sa présence à ses côtés. Ca, c’était un point positif, et comme c’était le seul ... « Je l’ai pris il y a … deux semaines je crois. C’est la première fois que je le prends, je suis pas en train de subir le manque, si c’est ça ta question. Y’a juste … un tas d’effets secondaires qu’ils écrivent pas forcément sur la notice. Et ça … » Il détacha une de ses mains de la bouteille, et la tendit devant lui. Elle tremblait encore, et il se raccrocha rapidement à sa bière après la démonstration faite. « C’est un effet parmi d’autres. Mais je ne me saigne plus. Plus du tout. Ca, c’est bien. » Ajouta-t-il en tachant d’avoir l’air convaincu. Il comprenait le choix des mots de Salomé, mais elle n’avait pas à s’inquiéter : il était heureux tant qu’il ne voyait plus la moindre goutte de sang. Et puis, il était même assez heureux que ce soit cette situation, plus merdique que jamais, qui avait finalement amorcé leur réconciliation. Comme elle le disait, ils avaient été cons. Mais ils le seraient resté longtemps s’il n’avait pas quitté ce cabanon, n’est-ce pas ? Il l’aurait insulté quand même, elle aurait répliqué quand même, et la scène se serait terminée en pugilat sans espoir que leur amitié reprenne. Il n’aurait jamais imaginé que le NH24 ait cet effet secondaire là. Il en fallait peu, quelquefois, pour que la roue tourne.
Mais il retrouvait enfin Salomé, sa meilleure amie, qui prenait les choses en main pour lui. « Merci. » Souffla-t-il. Elle ne réalisait sans doute pas à quel point il avait besoin de ça. Besoin d’elle. Il se leva tant bien que mal, chancela sur ses jambes, et s’accrocha à sa main pour ne pas vaciller. Il la suivit sans émettre de protestation : il ne pouvait pas retourner au boulot, et où qu’elle l’emmène, il ne pouvait que la suivre. Mais il s’arrêta une seconde en voyant où elle l’entraînait. « J’espère que t’es meilleure en orientation là-dedans qu’en forêt parce que je ne pourrais pas nous sortir de là vivants. » Fit-il, en souvenir d’une fois où elle les avait perdus en forêt après une course d’orientation particulièrement vicieuse de la part de leurs pères. Il pénétra quand même dans le labyrinthe – au moins ils y seraient tranquilles, même perdus – et c’est en distinguant leur reflet à travers une glace qu’il réalisa qu’il tenait encore la main de Salomé. Il la lâcha, s’adossa contre une des parois et se laissa glisser à nouveau au sol. Le sol c’était bien, c’était stable, ça ne tanguait pas. Ils sortiraient d’ici plus tard, il ne voulait plus faire un pas. « Ecoute, je … Je suis désolé pour la fête des fondateurs. J’ai fait des trucs qui … J’aurais pas du. Je me suis laissé emporter. » Cette fois, il ne la regardait plus. La honte de cette journée faisait presque concurrence au malaise qui ne l’avait pas encore quitté.
Salomé Callahan
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Lun 17 Aoû 2015 - 14:47
all we had and all we lost - Lorcan & Salomé
CRACKLE BONES
Libéré, délivré. La brune lui adressa un regard réprobateur, gardant un souvenir bien trop clair de la dernière fois où Lorcan avait cité du disney devant elle. Ou plutôt, le lui avait chanté à tue-tête directement dans le crâne, lui laissant durant plusieurs jours des relents de Prince Ali lui explosant parfois même les neurones en pleine consultation de patients. Pensées balayées tandis que Lorcan entreprenait de répondre à ses questions. Soutenant son regard tout en ne cachant pas les expressions spontanées s'inscrivant sur ses traits, telles que le scepticisme lorsqu'il lui expliqua ne pas subir le manque, puis une appréhension naissante au terme d'effets secondaires. Parfaitement défini par cette main incapable de se stabiliser sous ses yeux, tremblant si fort que la brune manqua de se détourner de cette vision là. Parce qu'il n'y avait rien de plus clair pour lui illustrer la fragilité dans laquelle le vaccin avait enfermé Lorcan, lui qu'elle n'avait jamais vu dans un tel état depuis toutes ces années à traverser la vie côte à côte. Soulagée de voir le brun reposer sa main sur le verre de la bouteille, lui évitant ainsi de baisser les yeux pour ne plus regarder, la télépathe se fit brutalement violence, regagnant quelques airs sûr d'elle afin de ne pas alarmer son ami. Il était sans doute déjà bien assez conscient de son état pour qu'elle n'ait pas à en rajouter une couche. Sa gorge se serra légèrement lorsqu'il lui annonça ne plus se saigner, littéralement, l'image du jeune homme tranchant la chair de son avant-bras refaisant immersion dans son esprit. Ce n'était pas ce qu'elle avait voulu dire, ramenant pourtant avec elle les souvenirs douloureux dénichés à même la mémoire du garçon quelques mois auparavant. « J'imagine que c'est une bonne chose, au moins. » Elle s'était empressée de répondre, comme pour ne plus avoir à y réfléchir plus longuement. L'entraînant à sa suite en sentant son rythme cardiaque s'accélérer, sous les effets combinés de l'alcool, de l'angoisse, et de l'empathie qui broyaient son coeur. Aidant tant bien que mal le fils Wolsentholme à parvenir aux portes du labyrinthe de glace, elle leva un sourcil à son adresse en entendant sa remarque. « Tu sais que t'as de la chance d'être mal en point. Je ne répondrai pas à cette insulte, Wolstenholme. » Un sourire au coin des lèvres. Parce que l'entendre ainsi ranimer de vieux souvenirs, bien que peu glorieux pour elle, ne manquait pas d'alléger un peu le poids qui pesait dans son estomac. Bien sûr, qu'elle parviendrait à les y orienter. Bien sûr, qu'ils sortiraient de là vivants. C'était avec cette conviction ridiculement inutile pour une simple attraction qu'elle y pénétra à ses côtés. Loin de s'imaginer à quel point tout changerait d'un instant à l'autre, quelques minutes plus tard.
Le reflet que leur renvoya l'une des glaces la força à détourner la tête, incapable de soutenir toute vision d'elle-même depuis des semaines. Les doigts de Lorcan toujours entremêlés aux siens se détachèrent, et elle l'observa glisser le long du mur en se rappelant soudainement dans quel état il se trouvait. Bien, ils resteraient donc ici. S'avançant pour prendre place à ses côtés, frissonnant une seconde au contact glacé du mur translucide contre lequel elle s'était assise. La suite, elle ne s'y attendait pas. Un bref coup d'oeil lui indiqua qu'il ne la regardait pas, ce qui était sans doute pour le mieux. Subitement mal à l'aise, la brune se contenta de fixer les rares silhouettes qui leur apparaissait par intermittence à l'autre bout du labyrinthe, vagues ombres perdues au milieu des allées impossibles. Elle avait été forgée dans la rancune, Salomé, animée par des désirs de vengeance envers chaque dégénéré dont elle apprenait l'existence, soigneusement entretenus par son père. Elle avait fait de chaque histoire mutante une affaire personnelle, s'entraînant ardemment dans le but de rendre une justice au nom de tous les humains peuplant cette Terre. Le tout avait encore gagné une autre dimension, bien plus viscérale, lorsque Noeh avait été la cible de l'un d'entre eux. Et Lorcan avait commis deux faux pas, ce soir là. Il avait déclenché chez elle une colère qu'elle avait cru définitive, tant sa rancoeur pouvait se révéler tenace. Mais pire encore. Il avait touché Noeh. L'heurtant par des mots qu'elle avait saisi dans son esprit comme dans celui d'Aspen, avant de le blesser physiquement. Et la brune à y resonger sentant son ventre se tordre, parce qu'elle s'était juré qu'aucun ne lèverait plus ne serait-ce que le petit doigt sur son frère, et qu'elle ne faillirait jamais plus à sa mission. Celle de le protéger, toujours. Le but de toute une vie, une vie ne tenant plus à grand chose. Enroulant ses bras autour de ses genoux tout en y enfonçant son menton pour laisser à ses pensées le temps de se calmer, elle garda le silence une bonne minute, incapable de prononcer le moindre mot. « Il a changé, mais dans le fond il reste le même. Je sais qu'il peut être chiant, putain de chiant même. Mais c'est Noeh. C'est mon frère. » Ces simples mots explicitaient sans doute assez ce qu'elle avait pu ressentir vis à vis de son ami pour s'être ainsi emporté contre son frère. Mais elle ne pouvait pas rester fâchée, Salomé, pas quand c'était son plus proche ami qui entrait en ligne de mire de ses foudres rancunières. C'était Lorcan, le seul qui savait, la seule épaule sur laquelle elle avait pu se reposer entièrement. Par rapport à l'accident. Par rapport à sa mutation. Et même si elle aurait menti en disant qu'elle ne lui en voulait pas, le lui dire n'aurait pas été plus véridique pour autant. « J'vais pas te dire que ça m'a plu, même si j'ai pu comprendre les premiers coups. » Prenant le soin de peser ses mots pour ne surtout pas regretter ce qu'elle pourrait dire, qu'il s'agisse de sa loyauté envers son frère ou de son attachement envers son ami. « Y'a des choses que je ne pensais pas.. t'entendre penser. Tu sais le plus chiant, avec cette merde ? C'est bien d'entendre les gens penser des choses. C'est pire que quand ils les disent. Quand c'est dans leur tête, c'est pas pareil. » S'évertuant à observer tout et n'importe quoi sauf Lorcan, elle se concentra sur une rainure de la glace leur faisant face. A retourner le film de la soirée dans sa tête, elle pouvait comprendre la rage de Lorcan, comprendre les coups, comprendre les mots durs. Mais pas tous. « Je m'en fous, que t'ais utilisé ce truc sur lui. C'était pas le cas au début, mais maintenant je peux oublier. C'est un vice, de toute manière. On ne peut pas contrôler ça. » C'était sûrement plus facile de voir les choses en revenant à la bonne vieille méthode des hunters. Considérer les mutations comme des tares rendant leurs détenteurs dangereux. « Il n'y a qu'à voir comme il est difficile de s'en débarrasser, même avec le NH24. » Crispant légèrement ses doigts sur ses jambes, elle finit par incliner légèrement la tête vers lui, détaillant ses traits fatigués. Et puis, la suite sortit d'elle-même. Parce qu'elle devait l'évacuer, si elle ne voulait pas y penser dès qu'elle poserait les yeux sur lui. Et elle comptait les y poser encore souvent, et pour longtemps. Hors de question de se détourner de lui encore une fois. « Tu t'es moqué de mon frère, Lorcan. Tu l'as traité d'infirme. Il a failli crever à cause d'un dégénéré, et t'as trouvé le moyen de le retourner contre lui. » Un soupir lui échappa, sans aucune exaspération cependant. Comme le soulagement d'enfin poser des mots sur ce qu'elle avait pu lui reprocher réellement. « Tu m'as vu en été. T'étais là. Tu m'as vue. Et t'as juste utilisé l'accident comme une putain de blague. Comme un moyen de le blesser. » Baissant légèrement les yeux, prononçant les mots plus difficilement qu'escompté. « Je sais que j'ai dit certaines choses aussi. Pour Aspen. Je suis désolée. J'aurais pas du parler de votre éloignement. Et j'ai jamais voulu parler d'elle comme d'une pute. J'étais tellement choquée par... eux. » Rien qu'à y penser, ça lui filait la nausée. Haussant légèrement les épaules, elle finit par le regarder à nouveau. « Tu m'as manqué, tu sais. Même si j'avais envie de t'arracher les yeux, tu me manquais quand même. » Replongeant son nez dans ses bras, peu à l'aise avec ce genre de paroles affectueuses, elle s'interrompit tout en laissant son regard le fuir une fois encore.
Spoiler:
Non, c'est pas long du tout.
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Mer 19 Aoû 2015 - 18:58
Les excuses que Lorcan venait enfin de prononcer patientaient depuis des mois sur le bord de ses lèvres sans qu’il ne trouve comment les prononcer, ni quand. Faire le premier pas dans une dispute, surtout dans une aussi spectaculaire et destructrice que la leur, ça n’avait rien de simple … Ca lui avait même paru insurmontable. Comment s’excuser quand il ne parvenait même pas à repenser à cette fameuse journée sans avoir envie d’enfoncer son poing dans un mur ? Comment s’excuser quand à chaque fois qu’il pensait à Salomé, il la voyait hors d’elle ? Et pourtant, il en avait eu besoin, de ces excuses. Il avait besoin que Salomé soit à nouveau son amie, la seule qui lui restait véritablement, et non plus une sorte de furie vengeresse capable de tout pour protéger son frère. Il avait bien failli ruiner à nouveau la journée, en l’insultant dans le cabanon quelques minutes plus tôt, mais elle lui avait offert une chance de rédemption et il n’était plus question de la laisser filer. S’il perdait Salomé après ça, il n’aurait plus rien. Sans même l’espoir de se réconcilier avec elle, il pressentait que le chemin de sa mère serait plus facile à suivre, malgré la répulsion que cela lui avait toujours provoqué. Salomé laissa le silence retomber pendant un moment avant de répondre, sans que Lorcan ne se résigne à lever les yeux vers elle pour sonder son regard et déterminer si oui ou non, elle acceptait ses excuses. Quand elle répondit enfin, ses mots n’étaient pas ceux auxquels Lorcan aurait pu s’attendre, mais ils illustraient bien la situation. Elle n’allait pas lui tomber dans les bras parce qu’il s’était enfin excusé, il ne s’y était de toute façon pas attendu, mais ils allaient peut-être enfin pouvoir parler de ce qui s’était passé. Se comprendre un peu mieux. « Je sais. » Il était très bien placé pour savoir, lui qui avait porté les premiers coups parce que Noeh s’en était pris à sa sœur. Ils protégeaient leur jumeau avant de penser à quoi que ce soit d’autre, c’était leur plus grande force, et leur plus grande faiblesse. Et c’était d’autant plus vrai pour Salomé, qui avait failli perdre Noeh quelques mois plus tôt.
Lorcan jeta un regard furtif à Salomé quand elle évoqua sa télépathie, et sa bouche se tordit en une grimace. S’il ne regrettait pas d’avoir frappé Noeh – il ne risquait pas d’avouer ça à Salomé – et s’il le referait si Noeh s’avisait encore d’insulter Aspen devant lui, il regrettait amèrement ses paroles. Les horreurs qu’il avait dites … et pensées. C’était le genre de chose qui lui faisait vraiment haïr la mutation de Salomé, de ne même pas pouvoir lui cacher le fond le plus noir de sa tête. Tout le monde avait ce genre de pensée, mais tant qu’elles ne franchissaient pas leurs lèvres, ça pouvait passer. Lorcan n’avait même pas le bénéfice de cette autocensure : Salomé voyait tout, et en direct. Quelle sacrée saloperie. Dans le fond, il lui en voulait de pouvoir tout savoir aussi facilement, sans aucun filtre sur ce qu’il souhaitait dissimuler. Mais elle était comme lui : elle n’avait pas le contrôle. Et il était injuste de la blâmer pour une mutation dont elle n’était pas responsable … « Pas de censure, dans la tête des autres, pas de politiquement correct, rien que les pensées brutes … J’espère que tu réussiras vite à fermer ton esprit à tout ça, parce que tu vas au-devant de beaucoup de déceptions. » Il soupira, tandis qu’elle reprenait la parole. Il lui fut reconnaissant qu’elle ne lui tienne pas plus rigueur que ça d’avoir utilisé ses pouvoirs, mais elle ne réalisait pas l’ampleur de ce qu’il avait fait. Ou si elle le réalisait, elle avait une capacité à pardonner bien plus grande que lui. « Moi j’oublierais pas. Je pourrais jamais oublier que j’ai utilisé ce truc sur lui, et que j’y ai pris du plaisir. Je te jure, je voulais le faire, et j’ai été tellement satisfait que ça ait marché … » Il crispa les poings, la fureur et la honte se mêlant en lui, lui donnant envie de disparaître. « On porte bien notre nom. Dégénérés. Je ne me suis jamais autant senti dégénéré que ce jour là. Je contrôlais que dalle, je ne pensais qu’à ce truc qui voulait s’exprimer avec tellement de force en moi, et si je m’étais laissé aller, j’aurais … » Il s’arrêta de justesse avant de dire l’imprononçable. Il aurait tué quelqu’un s’il ne s’était pas retenu. Sans doute pas Noeh ou Salomé, quoiqu’à un certain stade il avait ressenti tant de rage envers le jeune homme qu’il ne pouvait dire s’il se serait retenu, mais quelqu’un aurait fait les frais de ses pouvoirs. Il ne se cherchait pas d’excuse, il savait que le vice était en lui, qu’il faisait partie de lui, et qu’il ne s’en débarrasserait jamais … Mais c’était à cause de sa mutation s’il avait dit et fait tout ça. S’il avait été parfaitement humain, ou même si ses pouvoirs l’avaient simplement laissé tranquille cet après-midi là, il n’aurait jamais perdu son calme de cette façon. Il savait que Noeh avait souffert, et que son amertume n’était pas dirigée contre lui. Pourtant, il avait explosé, et sa vie était devenue un enfer à partir de ce jour. A chaque fois qu’il se regardait dans une glace, il se revoyait perdre le contrôle de ses nerfs … Et il voyait ensuite le regard d’Aspen. Ca, il le garderait en lui pour toujours, rappel implacable de sa monstruosité. Elle l’avait dit. Il n’était même plus digne d’être son frère, et il la croyait sans peine. « Je préfère cent fois le NH24 avec tous ses effets secondaires de merde, plutôt que de savoir ce que je peux faire quand on me chauffe un peu trop … et d’avoir peur tous les jours que ça recommence. » Il s’enfouit les mains dans les cheveux, plaquant ses paumes contre son crâne. Bon dieu qu’il détestait ça ! « Ce que j’ai pensé, et ce que j’ai dit, c’était sous le coup de la colère et de ma mutation. Mais je l’ai dit, et tu as pu constater que je le pensais vraiment, à ce moment là, mais … J’ai pas cessé de regretter, après ça. Je sais vraiment pas ce qui m’a pris, je sais ce que tu as traversé, et je sais que Noeh n’est pas responsable de ce qui lui est arrivé ! Je le sais, putain … » Répéta-t-il comme si cela pouvait soudain lui expliquer pourquoi il avait utilisé ce sujet tabou contre celui qui avait été son ami pendant de très longues années. Il n’avait jamais souhaité lui faire du mal auparavant, mais il n’avait pas hésité une seconde à sortir ce qui aurait du rester enfoui, pour être certain d’atteindre Noeh. Et Salomé. C’était incroyable qu’elle lui adresse encore la parole aujourd’hui.
Quand elle prononça le nom d’Aspen, Lorcan sentit la nausée revenir de plus belle, et il se raidit. Il avait juste saisi deux mots : Aspen, et éloignement … Non, ce n’était pas le sujet à évoquer, jamais. Lui mettre dans les dents qu’il s’était volontairement coupé d’Aspen, c’était aussi brutal et d’une cruauté gratuite que quand lui-même avait insulté Noeh. Les deux seuls points où ils étaient vraiment sensibles. N’importe qui d’autre devait parler de leur mutation pour les atteindre, mais entre eux … La mutation n’était pas le sujet sensible. Leur jumeau respectif, c’était le point à ne pas toucher. Jamais. Ils avaient tous les deux franchis la limite, sans aucun scrupule et avec la volonté de faire mal. Ca avait marché. « Ouais … Je t’en ai voulu d’entrer dans le jeu de Noeh alors que tu savais très bien pourquoi j’évitais Aspen. » Etait-ce son imagination ou est-ce qu’il n’arrivait même plus à prononcer le nom de sa sœur sans flancher ? « Mais t’as fait comme moi. Ca aurait été plus bizarre que tu ne dises rien alors que je m’en prenais à ton frère, j’imagine. » Il n’en attendait pas moins d’elle. Et alors qu’il fixait ses mains, il tourna la tête vers elle quand elle avoua, l’air gêné, qu’il lui avait manqué. Un sourire soulagé, parfaitement sincère, s’étala sur les lèvres de Lorcan. « Tu m’as manqué aussi. Tu ne peux pas savoir comme j’ai regretté … J’ai cru que je t’avais vraiment perdue. Tu aurais du venir me voir plus tôt pour m’arracher les yeux, on aurait mis moins de temps à se reparler. » Finalement, il n’était pas plus à l’aise qu’elle avec les grandes déclarations, et il ne put s’empêcher de plaisanter un peu, pour noyer ce qu’il avait dit juste avant. Mais s’être réconcilié avec elle lui faisait un bien fou, il ne s’était pas senti comme ça depuis son anniversaire, quand Aspen lui faisait visiter son appartement et qu’il croyait encore passer une bonne soirée avec elle. Il y avait au moins une partie de sa vie qui n’était pas complètement foutue … Salomé était un soutien dans le problème épineux de leur mutation, et Lorcan n’avait plus qu’une envie : lui raconter enfin ce qui l’avait poussé à se vacciner au NH24. « Aspen, elle … » Le bruit d’une explosion le coupa au beau milieu de sa phrase, suivie par un craquement assourdissant. Il y eu un silence de mort pendant une seconde, où Lorcan en oublia de respirer, puis le toit s’effondra sur eux.
Spoiler:
Mais c'est pas possible de faire court en fait trop de choses à dire
Salomé Callahan
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Dim 6 Sep 2015 - 23:01
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Un coup d'oeil furtif, une ombre passant devant ses iris avant de se détourner. Lorcan comprenait parfaitement l'horreur première de la télépathie. Elle aurait pu lui dire qu'elle en était bien avisée, que cela ne l'avait pas empêchée de se jeter tout droit dans la gueule des problèmes. Ouvrant son esprit en cessant totalement de lutter. Rendant les armes parce qu'après tout, une ou deux déceptions supplémentaires ne représenteraient rien de bien grave face au chaos qu'était devenue son existence. Elle avait absorbé chaque pensée, la plupart inconnues, sans même chercher à détecter leurs possesseurs au coeur des foules dans lesquelles elle se noyait. Laissant l'alcool brûler sa peau, embuer son regard pour ne plus voir, s'immerger dans le flou. C'était rassurant, le flou. Rien de concret. Aucun coin contre lequel se heurter. Assourdissant ses oreilles sous les basses dégueulant la musique à lui en broyer les tympans. Au bar. Sur le campus. Partout où le monde cherchait à s'oublier le temps d'une soirée, Salomé s'oubliait tous les soirs. Le film de ces vies insignifiantes envahissant son crâne endormi par les vapeurs d'alcool, la seule échappatoire qui maintenant les choses à leur place, qui l'empêchait de sombrer. Parfois, lorsqu'elle rentrait chez elle, il devenait plus difficile de réfréner l'abomination. Comme si celle-ci s'était habituée à occuper une place plus importante, et refusait d'obéir à la mutante. A cette esquisse de contrôle qu'elle avait construit. Qu'elle avait construit avec lui. Alors, elle capturait parfois malgré elle quelques bribes de réflexion issues de la tête de son père. Et de nouveau, des choses à effacer. Le cercle vicieux d'une existence qui ne se vivait plus qu'en teintes grisâtres. Sans saveur. Pinçant ses lèvres tandis que Lorcan lui expliquait quel bien-être cela lui avait procuré d'utiliser sa mutation, Salomé se contenta de baisser les yeux en sentant sa gorge se serrer. C'était dur à entendre, mais elle le savait déjà. Elle l'avait lu dans son regard satisfait, ce soir-là. C'était sans doute ce qui l'avait le plus mis hors d'elle, incapable d'accepter tout ce que cela voulait dire. Qu'une fois encore, un dégénéré s'en prenait à Noeh sous son nez, sans qu'elle ne puisse rien y faire. Que Lorcan était bien doté d'une abomination, elle qui n'avait jamais osé l'imaginer employer celle-ci, même dans les pires moments. Qu'elle l'était tout autant, pour être ancrée dans son crâne, pratiquement incapable de s'arrêter de l'écouter penser, comme les deux autres à ses côtés. Qu'ils n'étaient sans doute même pas dignes de regarder leurs jumeaux dans les yeux. De se regarder eux-mêmes, tels qu'ils l'étaient vraiment. Parce que si son ami ne terminait pas sa phrase, il n'était pas difficile d'en deviner la finalité. Tuer. Tuer quelqu'un, un innocent, par le biais de leur malédiction. La brune n'osait imaginer ce qui aurait pu se produire si elle-même avait été dotée d'un don pouvant se révéler si destructeur envers les autres. Elle ne se retenait déjà pas d'aller piller leur crâne, qu'en serait-il si ceux-ci se mettaient à disjoncter sur son passage ? Elle n'en contrôlerait rien de plus pour autant. C'était un mal contre laquelle le seul remède non létal semblait causer autant de problèmes. Leur seul espoir consistait-il donc à se laisser mourir ? Éreintés par ce que des abrutis s'obstinaient encore à qualifier de "don", ou doucement empoisonnés par le vaccin. Pour ne pas parler de la méthode radicale, décimés par l'amour familial leur épargnant une vie de vice dans une carcasse mutante. Un frisson piqueta ses bras tandis qu'elle reposait les yeux sur lui.
Il était dans un état lamentable, et l'entendre dire qu'il préférait le NH24 ne parvenait pas à l'en convaincre. Elle ne préférait pas qu'il le prenne, Salomé, en ayant devant elle les conséquences directes du vaccin. Elle n'avait pas envie de le voir comme ça, de le porter à bout de bras en attendant qu'il ne finisse par s'effondrer. Si une prise pouvait l'atteindre de la sorte, qu'adviendrait-il lorsqu'il en prendrait une seconde dose ? Puis une troisième ? Pourtant, elle ne pouvait pas le laisser perdre le contrôle. Parce qu'elle avait été éduquée pour empêcher ces viles créatures de nuire, quand bien même il s'agirait de ses voisins, de ses professeurs, de son meilleur ami. Si les choses n'étaient pas si faciles, puisqu'elle-même atteinte, et psychologiquement trop faible pour accomplir sa destinée, elle ne pourrait pas pour autant tolérer un dérapage. Lui-même ne se le pardonnerait jamais. La solution pourtant le consumerait à petit feu. Situation impossible. « La seule solution serait que tu arrives à te contrôler. Ils y arrivent bien, quand il s'agit de faire sauter des immeubles sur commande. Pourquoi tu n'arriverais pas à... te maîtriser suffisamment pour ne jamais en arriver là ? » C'était un maigre espoir. Tout ce qui était envisageable bien que pratiquement inimaginable. Comment contrôler quelque chose qui nous dépassait totalement, quelque chose que l'on n'accepterait jamais ? Ses mots à propos de Noeh adoucirent un peu plus la rancune de Salomé. C'était les mots qu'elle avait voulu entendre, savoir que ce presque-inconnu en lequel il s'était transformé ce soir là - à son instar - n'était qu'une nouvelle expression de sa mutation. Dans le fond il était toujours le même, redevenant mots après mots le Lorcan qu'elle aimait.
Évoquer Aspen lui fit craindre un instant de ranimer la colère de Lorcan, qui s'accompagnerait inévitablement de la sienne avant de repartir dans un cycle infernal. Tendant le dos en attendant son verdict, elle retint le soupir de soulagement qui manqua de lui échapper tandis que Lorcan s'adoucissait. Elle nota à peine cette défaillance dans sa voix en prononçant le nom de sa soeur, la suite étirant un sourire sur ses lèvres en parfait miroir de celui du garçon. L'humour acheva de la détendre tandis qu'elle laissait échapper un rire. « Tu me sous-estimes, si j'avais voulu t'arracher les yeux il n'y aurait pas été question de réconciliation après. » Un sourcil arqué de manière faussement hautaine, et la voilà qui souriait de plus belle. Son attention se rétablit cependant lorsque pour la seconde fois de la soirée Lorcan prononça le nom de sa jumelle. Encore bouche bée de ses précédentes paroles, un sale pressentiment germa en elle tandis que son sourire déclinait légèrement. L'assourdissement de l'explosion la tétanisa sur place, seul son regard se détachant du visage de Lorcan pour s'élever vers le toit, son coeur s'agitant avec fureur dans sa poitrine. Et puis, l'effondrement, brutal, presque inattendu tant le silence s'était instauré en répit. Un répit d'une seconde tout au plus, laissant à peine le temps à Salomé d'imaginer ce qui pouvait s'être produit. Ils avaient été élevés en chasseur, en tueurs de sang froid. Ils avaient acquis des réflexes, sacrifié une grande partie de leur jeunesse pour perfectionner leur agilité, leur endurance. Ils ne pouvaient pas mourir là, ensevelis sous des décombres sans doute à cause d'un putain de dégénéré ! Agrippant à deux mains les épaules de Lorcan pour l'emporter sur le côté avec elle sans réfléchir, dans un élan gonflé d'adrénaline, la tôle retombait déjà près de leur ancienne position lorsqu'elle s'immobilisa au sol. Ils avaient roulé sur à peine deux mètres, suffisant pour leur éviter d'y perdre un membre, insuffisamment loin pour ne pas se retrouver bloqués pour autant. Les tourbillons de poussière se disséminant dans l'air aveuglaient la brune, suffocant dans cet air irrespirable, un poids lui comprimant les côtes. Un instant, incapable de discerner quoi que ce soit, elle crut y être passée. S'être retrouvée ensevelie sous les décombres, le thorax écrasé par les débris, condamnée à y rester emprisonnée. Avant de tout bonnement discerner la silhouette de Lorcan au dessus de la sienne, de comprendre qu'il était celui qui l'écrasait de tout son poids. Fermant les yeux tandis que ceux-ci commençaient à la brûler, elle détourna un instant la tête en tentant d'apercevoir quelque chose. Rien. La fumée. Les lames d'acier continuant à tomber du ciel, le verre brisé de l'une des cloisons du labyrinthe l'accompagnant dans une pluie argentée. La brune tenta de prendre la parole, une toux s'emparant d'elle tandis que ses paupières se soulevaient à nouveau. Sa jambe droite l'élançait, seule sensation ressentie sur l'instant, ça et le corps de Lorcan qui l'empêchait de respirer. Ils ne pouvaient pas rester là. Tout son corps lui hurlait de repousser Lorcan, de l'aider à se remettre sur pied et de se barrer le plus rapidement possible. Elle entendait la voix de son père lui gueuler de se relever, de ne pas se laisser ainsi avoir, d'ignorer ses oreilles sifflantes et son regard perdu dans le brouillard de poussière. « Lorcan.. » La voix cassée parvint au seuil de ses lèvres, tandis qu'elle élevait l'un de ses bras pour le secouer légèrement. « Lorcan, tu m'écrases. » C'était absolument tout ce qu'elle était capable de formuler. Avant qu'à nouveau ses cils ne s'assèchent au contact du souffle brûlant des soulèvements de poussière, la contraignant à fermer ses yeux le plus fort possible.
Spoiler:
Le Lorcan qu'elle aimait en toute innocence hein. Comment ça j'abuse ? Okkkkkk mais j'aurais bien voulu voir ta tête quand même.
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Lun 21 Sep 2015 - 21:31
Parler de contrôle à Lorcan, ces derniers temps, c’était aussi impensable que de lui demander de cesser d’être mutant. S’il y avait eu une période où il pensait volontiers qu’apprendre à contrôler sa mutation était la seule chose raisonnable à faire, il avait changé d’avis depuis qu’il avait avoué la vérité à Aspen. Il ne voulait plus contrôler quoi que ce soit, il voulait juste s’en débarrasser. Il voulait redevenir normal, reprendre la place qui lui revenait dans sa famille et surtout dans le cœur de sa jumelle. Se contrôler, cela signifiait accepter qu’il était mutant, et pratiquer régulièrement cette monstruosité qui coulait de ses doigts si facilement. Se contrôler, cela signifiait s’entraîner sur lui ou sur d’autres, faire couler le sang encore et encore, jusqu’à ce qu’il tue pour de bon. Dans tous ses entraînements, il avait eu le droit à l’erreur. Il avait lamentablement échoué à des exercices de tirs, il s’était fait ratatiner par ses adversaires plus souvent qu’à son tour, il avait récolté des bleus, des plaies, des fractures même, mais jamais rien qui ne puisse se soigner. Et toujours en sachant qu’il ferait mieux après, qu’il apprendrait de ses erreurs. Des premières fois où il était rentré à la maison, vexé et jurant ses grands dieux que c’était bien fini, qu’il n’était plus question de reprendre l’entraînement si c’était pour se faire humilier à chaque fois, il en avait retiré des leçons essentielles. Malgré les échecs, il s’était endurci, et il s’était toujours amélioré. Mais pas cette fois. Salomé avait-elle vraiment envie qu’il devienne comme ces poseurs de bombes qu’ils avaient si bien appris à haïr ? Il pouvait devenir si doué qu’il lui suffirait d’y penser pour tuer un homme de deux fois son poids et sa taille. Une veine qui explose dans un recoin du cerveau, c’était sans doute d’une simplicité enfantine pour un hémokinésiste … Il en était parfaitement capable, mais il refusait de devenir comme ça. Plutôt subir les effets dégradants du NH24 à répétition, que d’accepter même de manière infime sa mutation. Il savait qu’elle pouvait comprendre ça, car si elle-même n’avait pas encore craqué et baissé les bras, c’était uniquement parce qu’elle n’était pas encore tombée sur celui qui la ferait flancher. Elle semblait avoir un certain contrôle sur sa télépathie, à ce qu’il pouvait en juger, et il avait l’impression qu’elle ne s’en sortait pas si mal depuis leur dernier entraînement, mais il suffirait qu’elle franchisse une barrière interdite pour faire exactement comme lui. Si elle perdait le contrôle avec Noeh, elle abandonnerait aussi facilement que lui tous ses efforts précédents. Il ne lui souhaitait pas que ça arrive un jour, bien entendu … Il allait lui présenter la raison de son refus catégorique à essayer d’apprendre à se contrôler, en ravivant par la même occasion la blessure encore trop vive du regard qu’Aspen avait posé sur lui, quand l’explosion retentit.
Le fracas avait été épouvantable, mais le silence qui suivit le fut encore plus, et Lorcan resta pétrifié sous la menace imminente, incapable de faire le moindre geste. Des années d’entraînement pour se préparer à un scénario de ce genre réduites à néant, et sûrement des générations de Wolstenholme se retournant dans leur tombe en contemplant la stupeur impuissante qui avait tétanisé le jeune homme. Plus tard, en y repensant, il espèrerait que son immobilité avait été due uniquement aux effets du NH24 ralentissant ses réflexes autrefois excellents, mais sans jamais savoir ce qu’il en était vraiment. Et ce fut uniquement grâce à Salomé qu’il eut la vie sauve, quand elle le tira brutalement en avant, évitant une chute de métal qui leur aurait été fatale à tous les deux. En une fraction de seconde, tout s’était effondré dans un nuage de poussière et en faisant un boucan de fin du monde. Il n’y avait plus ni de haut, ni de bas, plus de lumière ou d’obscurité, juste un tourbillon qui allait les engloutir et les recracher en enfer. Quelque chose heurta Lorcan par derrière, lui infligeant une douleur intense dans l’épaule et le bas du crâne, l’étourdissant suffisamment pour qu’il en perde un instant toute notion de temps et d’espace. Salomé s’effaça, tout comme Aspen et tous les tueurs familiers et autres poseurs de bombes, dans un brouillard douloureux où seul le bruit parvenait encore à ses oreilles comme un fond désagréable. Il essaya d’aligner ses pensées quand une voix se détacha du vacarme ambiant, une voix étonnamment proche d’ailleurs, ne manqua-t-il pas de noter dans un coin de sa tête. « Salomé ? » C’était sa voix, ça ? Un grincement de porte aurait été plus proche du son qui venait de sortir quelque part près de sa bouche, et qui n’avait rien du prénom qu’il avait essayé d’articuler. Une nouvelle fois, son nom fut prononcé, pas très loin, suivit de quelques autres mots … Qu’il mit un certain temps avant de comprendre. Tu m’écrases ? C’est quand il essaya de bouger qu’il comprit ce que ça signifiait. Il essaya de se redresser mais quelque chose de dur bloquait son dos, et il enfonça son coude dans quelque chose de décidemment moins solide que du béton. Il était en train d’écraser quelqu’un. Salomé. Mais il était également bloqué par quelque chose qui lui était tombé dessus, et se redresser n’était pas aussi facile que prévu. Il essaya de prendre appuis par terre plutôt que sur Salomé, mais à travers la pénombre et la poussière il ne voyait pas où s’arrêtait le sol et où commençait son amie, et la migraine qui frappait violemment l’arrière de son crâne ne l’aidait pas à focaliser son attention suffisamment pour l’aider dans sa tâche. Après quelques tâtonnements, il parvint quand même à poser sa main sur un sol plus dur et à se redresser un peu, provoquant dans le même mouvement un léger glissement de ce qui se trouvait sur son dos. Le poids changea de centre de gravité, manquant de le faire retomber sur Salomé. « T’arrives à respirer ? » Encore cette voix sifflante, et il manqua de s’étouffer tant ces quelques mots lui avaient coûtés. Salomé ne devait pas avoir gagné une grande liberté de mouvement, mais au moins il ne pesait plus de tout son poids sur elle. « Il faut que tu … » Cette fois il ne put pas empêcher une quinte de toux, qui lui donna la sensation d’avoir avalé un sac de sable. « Que tu bouges, j’arrive pas à me redresser. » Il avait bien conscience de ne pas beaucoup l’aider, mais il avait peur de tout faire effondrer s’il se redressait encore un peu. Il essaya de trouver un autre appui sur sa seconde main, la posant non loin du visage de Salomé. Il glissa un genou entre les jambes de la jeune femme en essayant de se mettre à quatre pattes … Mais le grincement qui en résulta le glaça jusqu’aux os et il se figea, n’osant même plus respirer. « T’es pas blessée ? Tu peux bouger ? » Sous-entendu : j’espère vraiment que tu vas bien mais il va falloir que tu bouges, chérie, sinon je t’écrase à nouveau.
Spoiler:
Salomé Callahan
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Mar 22 Sep 2015 - 18:42
all we had and all we lost - Lorcan & Salomé
CRACKLE BONES
Elle avait envie de lui dire d'arrêter de gigoter, que ça n'arrangeait en rien la situation, si seulement sa voix était parvenue à s'élever de nouveau. Et puis, quelque chose s'enfonça dans ses côtes, la forçant à ouvrir les yeux tandis que sa main s'emparait à l'aveuglette de ce qui venait de lui couper le souffle une nouvelle fois. Refermant vivement sa main sur ce qui n'était autre que le bras de Lorcan, au coude maladroitement planté à quelques centimètres de son estomac, la brune reprit son souffle sans desserrer l'emprise de ses doigts. Sa respiration bien trop amenuisée par le peu d'amplitude laissée à sa cage thoracique lui incendiait les bronches. Tandis que sa tête recommençait à faire tournoyer le peu de détails qu'elle parvenait à capter de l'oeil, sa poigne se desserra doucement, sa main achevant de nouveau sa course au sol, épuisée par l'effort que ce mouvement venait de lui coûter. Tous ses muscles semblaient tétanisés, incapables de s'assouplir pour la laisser bouger comme elle le souhaitait. Et puis, Lorcan, qui ne semblait pas capable de se déplacer. Elle se maudissait intérieurement, de se retrouver ainsi vulnérable, les sens annihilés là où l'adrénaline les avait pourtant toujours exacerbé, lui permettant de surpasser la peur, de ne pas se contenter de subir ce qui s'abattait sans relâche au dessus de sa tête. Et puis, elle s'en voulait de se lamenter intérieurement, de donner raison à cette partie de sa conscience la qualifiant de loque, d'incapable. Et si son père la voyait ? Et Matthias ? Que ferait Noeh si elle se contentait de se laisser bercer par l'assourdissement de la douleur, sans même chercher à sauver sa peau ? Et qui aiderait Lorcan à sortir d'ici, lui qui peinait à aligner trois pas sans flancher ? Pourtant, aucune pensée ne semblait suffisamment forte pour éveiller sa ténacité. Jusqu'à ce qu'au milieu des ruines, tandis que la poussière brouillait toute chose, quelque chose de plus étrange encore ne se produise. Sans doute qu'elle n'y aurait pas prêté attention, si son esprit embrumé n'avait pas subitement décidé de s'éveiller tandis que les mains de Lorcan se posaient de nouveau sur elle. Luttant pour ouvrir les yeux tandis qu'elle le sentait tâtonner avec hésitation, ses joues ne manquèrent pas de s'empourprer subitement sous les warning qui s'étaient animés dans son crâne. La proximité en elle-même n'avait rien eu de dérangeante, les entraînements au combat les ayant à de si nombreuses reprises placés dans des positions similaires, même si l'enjeu était alors tout autre. Mais ça, c'était une grande première, un Lorcan perdu dans sa recherche de stabilité, prenant appui de manière inappropriée sur une Salomé figée, spectatrice muette tandis que l'envie de disparaître sous terre commençait à devenir séduisante. La brune s'était raidie un peu plus encore sous le poids de son ami, des tas de mots au bord des lèvres, presque incapable de les prononcer tant sa gorge semblait se consumer intérieurement, trop embarrassée également pour lui notifier qu'il était désormais certain qu'il avait quelques problèmes d'orientation pour ainsi se tromper de terrain. Pinçant ses lèvres tandis que la main du mutant semblait enfin retrouver son chemin, un répit s'imposa à elle tandis qu'elle le sentait s'écarter légèrement. Son souffle superficiel parvint enfin à s'amplifier, douloureuse inspiration tandis qu'elle ramenait avec difficulté une main à son cou, le couvrant simplement de ses doigts comme si cela allait apaiser le feu qui ne cessait de s'y répandre. Oubliant presque l'incident précédent qu'elle ne manquerait pourtant pas de lui rappeler à l'occasion pour se moquer, lorsqu'ils seraient tirés d'affaire, lorsqu'ils seraient sains et saufs. Auquel elle repenserait peut être sans le vouloir, avant de rougir à nouveau devant le ridicule de la situation. La voix de Lorcan lui parvint faiblement tandis qu'elle luttait pour reprendre le contrôle de sa respiration. Venant placer ses deux poings entre sa poitrine et le torse de son ami pour maintenir une certaine distance et l'empêcher de retomber sur elle - et pour éviter tout nouvel écart malheureux - la brune se racla maladroitement la gorge pour tenter de reprendre la parole. Un simple « Ouais.. » s'extirpa hors de ses lèvres tandis qu'elle réprimait une quinte de toux venant lui chatouiller la trachée. Elle essayait de se concentrer sur les mots que Lorcan tentait de prononcer, entrecoupés d'une toux qui résonna aux oreilles de la brune comme un nouveau signal d'alarme. Il fallait vraiment qu'ils se bougent s'ils ne voulaient pas tout bonnement mourir d'asphyxie. Dépliant ses doigts pour laisser ses paumes couvrir le torse encore secoué par la quinte d'un geste spontané, comme si son abomination consistait à guérir et non à fouiller les pensées, la brune hocha la tête dans le vague, acquiescement muet sans doute à peine perçu par le garçon.
Demeurant strictement immobile tandis que Lorcan esquissait un nouveau mouvement pour se redresser, sentant sa main effleurer ses cheveux avant de se poser au sol, son corps entier se crispa de détresse en réponse au grincement qui résonna subitement au dessus d'eux. Son coeur s'était remis à pulser bien trop fort derrière ses côtes et son regard cherchait désespérément la source du vacarme. Ce ne fut que lorsque Lorcan reprit la parole qu'elle desserra légèrement ses doigts férocement accrochés à son haut, essayant encore et encore de maîtriser l'angoisse qui la saisissait. Tellement dangereuse, la dégénérée. Calmement planquée sous l'armure de chair de son ami, incapable d'esquisser le moindre mouvement. Bien loin de la gosse portée en guerrière par le père Callahan. Pourtant, le ton de Lorcan lui intimait de s'exaucer. De ne pas perdre davantage de temps. Leurs deux vies se jouaient, et peu importe s'il s'agissait une fois encore de ce putain de karma les condamnant encore et encore. Saloperies de monstres ou non, elle ne voulait pas mourir, elle ne voulait pas qu'il meurt non plus, et peu importe de quelles atrocités ils pourraient être capables en sortant d'ici en vie. « Je.. J'sais pas. » S'éclaircissant furieusement la voix sans se ménager, la brune essaya de replier légèrement sa jambe droite, celle-là même qui la lançait depuis quelques longues minutes, grimaçant en sentant la douleur mordre brutalement sa cuisse. « J'crois.. Je vais essayer de me dégager. » Terminées les lamentations. Terminée la faiblesse. Reposant ses mains à plat à l'aveuglette tout en prenant appui sur ses coudes, un gémissement meurtri teinté de colère lui échappa tandis qu'elle se redressait péniblement, manquant d'asséner un coup de boule à Lorcan au passage. Elle relevait tout juste le visage vers lui lorsque le manque d'oxygène lui fila le vertige, la contraignant à fermer de nouveau les yeux en sentant à peine son nez effleurer celui de son ami. Lorsqu'elle ouvrit de nouveau les yeux, Salomé discerna pour la première fois depuis le départ les traits flous de Lorcan sûrement bien trop près des siens. « Bouge surtout pas. » Et sans s'attarder plus longtemps, la brune entreprit de reculer à nouveau, en appui sur ses coudes tremblants, essayant de glisser son corps le plus habilement possible hors de cette position de plus en plus dangereuse - et déconcertante. S'éloignant doucement de Lorcan en tentant de ne pas le bousculer, quelques plaintes douloureuses s'évadant dès qu'elle sollicitait un peu trop sa jambe, la brune mit quelques secondes encore à se dégager entièrement. Ses paupières semblaient toujours tapissées de papier de verre lorsqu'elle se concentra pour dégager sa vue, reposant instantanément ses yeux à demi-aveuglés sur Lorcan dont la silhouette ne lui apparut pas plus clairement qu'un mirage au beau milieu du désert. Pourtant, une ombre le surplombait, sans doute ce qui l'avait empêché de se relever, et ce qui retint le plus l'attention de la télépathe. Se hissant sur les genoux tout en gardant une main au sol pour conserver un appui plus que nécessaire en attendant que la tête cesse de lui tourner, sa voix enrouée lui écorcha les lèvres. « Je vais essayer de t'aider mais... il va falloir que tu bouges très vite. » Ce fut à peu près tout ce qu'elle parvint à prononcer, plus ou moins clairement, en se penchant dans la direction de Lorcan. Un effort pour se redresser encore en plaquant une main sur sa cuisse endolorie, un juron poussé dans un cri étouffé par un nouveau fracas retentissant à plusieurs mètres d'eux tandis que de nouveaux débris venaient ensevelir tous les autres. Frottant vigoureusement ses paupières que la douleur avait légèrement humidifiées, la brune se déplaça tant bien que mal à quatre pattes pour finir par poser ses mains sur la carcasse d'acier qui écrasait le dos du mutant. C'était lourd. Sûrement trop, pour son état. Elle le sentit dès qu'elle commença à y imprégner une certaine pression pour jauger du poids des débris. Posant au sol le pied de sa jambe intacte pour prendre davantage appui, incapable de se relever entièrement sans prendre le risque de recevoir un fragment de charpente sur le crâne, la brune ménagea ses forces un instant en canalisant sa respiration. « Je tiendrai pas, j'tiendrai pas longtemps. » Et de nouveau cette brûlure dans ses poumons. Resserrant ses doigts sur le métal tout en puisant finalement jusqu'au fond de ses ressources, elle entreprit de le soulever légèrement dans un grincement qui lui vrilla les tympans. Son second pied finit par se poser au sol de manière incertaine dans une montée de larmes agressives alors qu'elle prenait le risque de se redresser un peu plus encore, priant ses muscles de ne pas lâcher, ses pieds de ne pas glisser. C'était à peine quelques centimètres de gagnés, tout ce qu'elle était capable de supporter sans flancher, une ultime montée d'adrénaline libérant Lorcan de quelques centimètres encore tandis que la poitrine de la brune se comprimait douloureusement dans l'effort, ses jambes prêtes à la lâcher d'une seconde à l'autre.
Spoiler:
c'est cadeau. j'ai l'impression d'être dans titanic.
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Mer 23 Sep 2015 - 21:59
Les mains appuyées sur le sol, Lorcan n’attendait plus qu’une chose : que Salomé se dégage rapidement et qu’il puisse retomber à plat ventre sans plus avoir à fournir d’effort. Ses bras commençaient déjà à le brûler, en même temps que ses poumons qui refusaient de s’emplir réellement à chaque inspiration laborieuse qu’il prenait. Que ce soit le manque d’oxygène ou les effets sournois du NH24, il se sentait d’une faiblesse criante. Il ne parvenait pas à réfléchir correctement, comme si son cerveau s’était embrumé et qu’il devait faire plus d’efforts pour produire une pensée cohérente. Il ne parvenait même pas à paniquer de la situation, ou à se demander ce qui avait bien pu se passer pour qu’ils en arrivent là. Un instant tout allait bien, et l’instant d’après le labyrinthe s’effondrait sur leurs têtes … Mais réfléchir à une cause demandait bien trop d’énergie pour qu’il y songe le moindre instant. Ils étaient sous les décombres, et il fallait que Salomé essaye de bouger pour qu’il puisse retomber et reposer ses bras. Il ne voyait pas plus loin que ça. L’après n’existait plus dans sa vision à très court terme, seule l’urgence de l’instant comptait. Il ne pouvait faire autrement que prendre les problèmes comme ils venaient, pour essayer de les résoudre dans la limite de ses capacités amenuisées. Mais il n’avait aucune idée de ce que Salomé faisait, et il avait l’impression que le temps s’était ralenti au point que chaque seconde devenait des heures. Il n’eut même pas conscience qu’elle posait ses mains sur son torse et qu’elle agrippait le devant de son pull quand les grincements retentirent au-dessus de lui, la douleur qui irradiait dans ses muscles inhibant toute autre sensation. Quand la voix de Salomé s’éleva enfin, il ferma les yeux une seconde, soulagé qu’elle réponde, soulagé qu’elle puisse bouger. Quand il les rouvrit, le visage de son amie était à quelques millimètres du sien, si proche qu’il sentit son souffle sur sa peau. Même à cette distance, elle semblait nimbée de brouillard, et il tenta de son mieux de distinguer ses traits, se raccrochant à cette vision familière pour repousser fatigue, douleur et désespoir. Elle lui intima de ne pas bouger, ce qu’il n’avait de toute façon pas l’intention de faire. Il avait une conscience bien trop aigüe du poids en équilibre précaire sur ses épaules, et sa seule crainte actuellement était de faire le mouvement de trop, qui réduirait cet équilibre à néant. Il n’avait aucune idée de ce qui se produirait alors. Peut-être rien. Peut-être une catastrophe qui les anéantirait tous les deux. Les muscles de ses bras étaient tétanisés et la souffrance commençait à devenir insupportable, mais il puisait au mieux dans sa volonté pour rester immobile. Et il gardait les yeux fixés sur Salomé, se concentrant sur elle pour oublier un peu le reste. Il distinguait ses yeux, rougis par la poussière, mais toujours alertes. Ses cheveux avaient perdu leur éclat brun, et étaient à présent d’un gris aussi uniforme que tout ce qui les entourait, lui donnant un air presque étranger. Sa bouche était … déjà trop loin pour qu’il l’aperçoive, car elle venait de se reculer légèrement, et était sortie de la courte partie encore relativement nette de son champ de vision. Il aurait voulu pouvoir se frotter les yeux pour effacer cette pellicule de poussière qui le brûlait et qui étriquait sa vue, au lieu de quoi il baissa le regard, n’ayant plus rien à quoi se raccrocher. Mais son ouïe n’avait pas souffert de l’explosion, et il ne manqua pas les gémissements étouffés de Salomé alors qu’elle reculait. « T’es blessée ? » L’inquiétude perça dans sa voix, et il regretta une énième fois de ne rien y voir. Il n’y avait pas de sang, pensa-t-il pendant un court instant avec soulagement, mais il se souvint un peu tard qu’il n’avait plus rien pour en juger. Si elle saignait, il n’en saurait rien tant qu’il ne l’aurait pas vue … Et il n’en était pas capable actuellement. Il ne savait même pas s’il allait pouvoir se sortir de là sans se faire écrabouiller.
Salomé s’était dégagée, et disparut complètement du champ de vision de Lorcan. Pendant un bref instant, il sentit une vague de panique intense le submerger à l’idée d’être seul, manquant de lui couper les bras. Comme si Salomé pouvait réellement s’être envolée parce qu’il ne la voyait plus et ne l’entendait plus … Cette seconde d’irrationalité ne dura pas, mais lui mit le cœur au bord des lèvres, et un réel soulagement l’envahit quand son amie reprit la parole. Ce soulagement fut pourtant de courte durée. Elle allait essayer de l’aider ? Mais comment ? Elle allait se faire écraser elle aussi si elle revenait près de lui. Et puis, lui demander de bouger vite, ça semblait un exploit au-dessus de ses forces … Il garda tous ses doutes pour lui et serra les dents, rassemblant sa concentration. « Okay, vas-y. » Elle eut un nouveau cri de douleur en se rapprochant, et il dut se retenir pour ne pas tourner la tête vers elle, l’inquiétude pour elle le rongeant presque davantage que la peur de créer un nouvel éboulement. Il frémit quand un grand fracas retentit derrière eux, et réajusta la position de ses mains sur le sol. La sensation qu’ils allaient crever ici devenait de plus en plus intense, à mesure que la douleur lui engourdissait tous les sens, et qu’il ne parvenait plus à réfléchir à grand-chose d’autre. Mais soudain, la charge sur ses épaules s’allégea légèrement, en même temps que la voix haletante de Salomé s’élevait à côté de lui. Cette fois il tourna la tête vers elle, délivré de son poids, les yeux écarquillés. Et maintenant, quoi ? Ils étaient coincés tous les deux. S’il bougeait, c’était elle qui se ferait écraser. Il prit une inspiration laborieuse et ramena ses jambes vers lui. Il fit appel à tous ses sens de chasseurs si longuement perfectionnés, à ces muscles qu’il avait entraînés sans relâche même après avoir abandonné l’idée de devenir hunter. Toutes les courses en forêt, toutes les falaises qu’il avait gravies juste pour le plaisir d’arriver en haut … Tout ça n’avait servi qu’à arriver jusqu’à cet instant précis. Il ne pouvait pas mourir comme ça. Même s’il ne pouvait pas respirer, même si ses bras le torturaient comme s’ils allaient se briser, il ne pouvait pas échouer. Il prit une impulsion, ramena ses bras devant lui, attrapa Salomé par la taille et la poussa en avant de toute la force de ses jambes. Ils retombèrent à peine un mètre plus loin, Lorcan une nouvelle fois affalé sur Salomé, mais c’était déjà suffisant. Il y eut un fracas épouvantable derrière lui tandis que les débris de métal que Salomé avait lâchés tombaient au sol là où il se trouvait une seconde plus tôt, et il poussa un cri de douleur quand un des restes lui heurta la cheville, mais le silence revint presque immédiatement. Ils étaient vivants. Lorcan dégagea sa cheville avec un juron étouffé, la douleur lancinante venant s’ajouter à celles de son crâne et de ses bras, mais ils étaient vivants. Cette fois, il roula sur le côté avant que Salomé ne dise quoi que ce soit, et il se coucha à côté d’elle, haletant. Ses muscles tremblaient encore de l’effort qu’il avait fourni, et il se sentait vidé de toute énergie. « Tu vas bien ? » Demanda-t-il en tourna légèrement la tête vers Salomé. « C’est fini, les putains de fête de Radcliff j’y remettrais plus jamais les pieds. » Grommela-t-il avant de jeter un regard autour de lui. « Si on en sort vivants. » Ajouta-t-il. Ils étaient cernés par les débris du labyrinthe, dans un nuage de poussière qui commençait peu à peu à retomber, mais ils étaient pris au piège. Il essaya de se redresser sur un coude, mais la douleur lui vrilla l’épaule et il se laissa retomber par terre avec un gémissement. « J’en ai marre, sérieux. Pourquoi je suis pas né télékinésiste ? Ca aurait été vachement plus utile que les conneries qu’on se traîne. Quitte à être un dégénéré, autant que ça serve à quelque chose. »
Salomé Callahan
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan) Mar 29 Sep 2015 - 20:29
all we had and all we lost - Lorcan & Salomé
CRACKLE BONES
T'es blessée. Les mots lui étaient parvenus sans qu'elle ne prenne la peine d'y répondre, trop occupée à se dégager pour juger utile de faire l'état des lieux de son corps. Parce qu'elle ne savait pas réellement quelle était l'étendue des dégâts, ses muscles semblaient tous plus ou moins endoloris sans qu'elle ne s'en inquiète outre mesure, et seule sa cuisse demeurait impossible à ignorer. Un simple grommellement incompréhensible en guise de réponse, et la brune avait pris place près de la structure métallique. Elle ne pouvait pas s'attarder sur ce que lui rappelaient incessamment ses nerfs, cela n'y changerait rien. Blessée ou non, elle devrait sortir d'ici, et analyser les potentielles balafres n'apporterait rien d'autre qu'une perte de temps. Et ils en avaient déjà bien assez perdu comme ça. Tout s'était déroulé très rapidement, subitement, au milieu de ce brouillard qui commençait à lui faire perdre la notion du temps. Chaque inspiration torturait ses bronches, allongeant les secondes, dissociant parfois deux ou trois pensées. L'élancement de sa cuisse ne cessait de battre la cadence au rythme de son coeur, imprégnant ses doigts tremblant d'un grenat brûlant qu'elle sentait à peine. Aveuglée, perdue dans les ravages de l'explosion, tout ce sur quoi la brune parvenait encore à se concentrer n'était autre que son ami, et sa position critique. L'acier mordait la paume de ses mains désormais fermement ancrée sur les débris, tandis que ses traits se décomposaient dans l'effort. Elle n'était plus en forme olympique, la belle. Certainement que son mode de vie n'était pas propice à la réalisation de telles prouesses. Ses muscles avaient perdu de leur force depuis ces mois à fuir les entraînements, et son corps entier ne semblait plus si vigoureux que l'année passée. C'était le genre de défauts qu'elle n'était pas prête à assumer, pas après avoir brillé des années durant dans ce domaine si cher à son coeur. La chasse. La survie. Sûrement que c'était encore une de ces merdes qui s'était amusée à détruire le toit au dessus de leur tête, et qui sait ce qu'il pouvait en être à l'extérieur ? N'était-ce pas la cohue, également ? Les questions s'imposaient à elle pour la première fois, insufflant suffisamment de colère dans son corps pour en exacerber la résistance. Ses chaussures glissaient légèrement dans la poussière tandis qu'enfin un grincement se faisait entendre, sans qu'elle n'ose tourner la tête pour observer la progression de Lorcan. Elle était trop concentrée. Elle ne devait surtout rien lâcher. Surtout pas maintenant, alors qu'il devait être en train de s'extirper de sa prison de métal. Suffocant sous les assauts de plus en plus insupportables de sa blessure, sa pulsation cardiaque montait crescendo à mesure que les secondes s'écoulaient et qu'elle se faisait violence pour ne pas défaillir. La libération s'offrit à elle dans la seconde suivante, inattendue, tandis que ses mains se détachaient brutalement de leur prise, ses pieds quittant le sol alors qu'elle se laissait emporter par l'élan de Lorcan.
Tout alla très vite. La surprise, d'abord, et puis le choc. L'impact au sol, lui courbant l'échine dans la douleur, tandis qu'un gémissement s'éteignait au bord de ses lèvres, forcé au silence par le poids de Lorcan s'écrasant de nouveau sur elle dans un cri douloureux. Inutile de se répandre en jérémiades que le mutant se déplaçait déjà, bien plus rapidement cette fois-ci, laissant la serveuse reprendre le contrôle de son souffle. La plainte du brun résonnait encore à ses oreilles lorsqu'elle tenta de se tourner vers lui. Se recroquevillant un instant sur le côté dans un craquement osseux, ses yeux se rouvrirent en sentant sa colonne se détendre très légèrement. Sûrement une vertèbre remise en place dans le mouvement. Pas la première ni la dernière fois. Ses yeux irrités cherchèrent à trouver ceux de Lorcan, s'arrêtant une seconde sur sa main à elle prête à écarter ses cheveux emmêlés de son champ de vision. Le sang avait déjà séché sur ses doigts, et elle n'eut aucun mal à comprendre d'où il pouvait provenir. Achevant de libérer sa vue, elle reporta son attention sur lui tout en frottant rapidement sa main contre son pull. Ce n'était sûrement rien de grave. Rien qui ne valait la peine d'être notifié. « T'inquiète pas, ça va. Et toi ? Tu tiens le coup ? » Si elle n'aurait jamais douté de sa résistance en temps normal, la donne était bien différente désormais qu'il était vacciné. L'idée de devoir le soutenir la tétanisait d'avance, incapable de s'imaginer tenir le coup jusqu'à la sortie sans perdre pied à son tour. Sa remarque sur les fêtes de Radcliff la conduisit à acquiescer silencieusement. « Bien sûr qu'on va sortir vivants. » Ce n'était pas tant qu'elle y croyait beaucoup plus que lui, plutôt ses tripes qui parlaient à sa place. « On n'a pas survécu en tant que dégénérés pour crever ici. » Sûrement pas pour crever à cause de toutes ces autres créatures inhumaines ayant à peine conscience de leur dangerosité. Car il n'y avait qu'eux pour profiter d'une fête afin de mettre en place leurs attentats. Lui et elle, c'était différent. Ils étaient certainement les mieux placés pour comprendre à quel point leurs mutations pouvaient être merdiques. Ils n'attaquaient personne. Ne bombardait aucun lieu public. Le regard de la brune s'électrisait à mesure que sa rage envers eux revenait à grand pas, éveillant ses instincts de hunter et tous ses réflexes. Prenant appui sur son coude pour se redresser à l'image de son ami qui retombait au sol, son coeur manqua un battement tandis qu'elle sentait l'appréhension lui nouer les tripes. « Et moi, métamorphe, tiens. Pour me changer en matelas à chaque fois que tu me tombes dessus. Parce que crois moi, t'es pas un poids plume, Wolstenholme. » Une main portée à sa nuque aux muscles raidis pour illustrer ses paroles. Un décor différent, et ç'aurait été typiquement le genre de phrase qu'elle aurait pu lui balancer sur le ton de la plaisanterie durant un entraînement. Mais c'était la vraie vie. Pas une mise en scène montée par leurs parents pour tester leurs habilités sur le terrain. « Je t'ai dit... je t'ai dit que je ne pensais pas tenir. Cet été. Que j'pensais pas tenir un an. » C'était sorti tout seul, entre deux dernières quintes de toux. Plissant les yeux en repliant sa jambe contre elle, analysant les alentours pour faire mine de parler avec nonchalance. Son ton à lui seul suffisait à exprimer ce que lui coûtaient ces mots. Parce qu'il avait été plus facile de faire mine de les avoir oublié entre deux verres de whisky. De ne plus avoir été sujette aux idées noires. Surtout pas devant Lorcan, lui qui avait déjà perdu sa mère de cette manière. Elle avait ruminé pourtant, énormément. La Fête des fondateurs avait tout remis en question, une fois encore, créant un bordel monstre en la privant de ses repères. Et une fois encore, elle avait pensé qu'elle ne tiendrait pas. Détail qu'elle tairait, sa fierté lui imposant une certaine contenance qu'elle n'était pas prête à abandonner. Son regard se reposa sur Lorcan tandis qu'elle tentait de se mettre sur les genoux en grimaçant le moins possible. « Maintenant, je le sais. J'veux tenir. Je veux pas que ça s'arrête là. Toi, moi, on peut pas lâcher comme ça. On n'a pas fait tout ça pour claquer là, sûrement à cause d'un dégénéré, encore, toujours. » L'amertume courait sur sa langue à l'évocation de ces choses. De cette chose qu'elle portait en elle. Elle ne s'était pas laissée détruire, elle avait outrepassé le venin des pensées morbides se distillant dans son esprit, apporté par l'abomination, comme si celle-ci n'avait d'autre but que de la pousser à s'ouvrir les veines. « Un dégénéré ne sert jamais à quoique ce soit. Peu importe la tare qu'il porte. Tu m'as dit que j'étais pas que ça. Pas qu'une dégénérée. Toi non plus, t'es pas que ça. Je sais tout ce que tu sais faire, Lorcan. Lève toi, viens. On n'a pas le temps de chialer là, on n'a pas été élevés pour ça. »
Sûrement qu'elle y allait fort, tentant de se secouer autant qu'elle essayait de lui insuffler un peu de sa rage. Sa main s'était emparée de celle de son ami, la seconde se posant sur son épaule pour l'aider à se redresser, en tentant de ne pas retomber à ses côtés. « Tout est enseveli. Y'a juste un passage à droite, là bas. » Une sorte de tunnel se découpant dans les décombres, maintenu ouvert par plusieurs fragments de charpente imbriqués les uns dans les autres. Le reste disparaissait sous les monticules d'acier et de verre, bien trop épais pour être déplacés, sans qu'aucun passage ne s'y dessine. Levant le regard vers le plafond qui disparaissait sous les quelques décombres en équilibre n'ayant jamais atteint le sol, son coeur recommença à s'agiter. « Il faut qu'on y aille, on va finir par se reprendre une truc sur la gueule. » Se déplaçant à quatre pattes vers la seule issue visible à peine deux mètres plus loin, pour éviter de reprendre totalement appui sur sa jambe, la brune se pencha pour en contempler l'intérieur. « Y'a de la lumière au bout, c'est ouvert. » Déjà les poutres recommençaient à trembler au dessus de leurs têtes. L'étroit passage commençait à sembler de plus en plus intéressant à mesure que le grondement métallique gagnait en intensité à quelques mètres au dessus d'eux. Il était trop bas pour parvenir à y circuler à quatre pattes, mais sans doute suffirait-il de ramper sur quelques mètres pour attendre l'autre côté, en évitant les bords tranchants dépassant de part et d'autre du chemin. Rien qu'ils n'aient pas fait des centaines de fois par le passé, lors des parcours du combattant du samedi soir organisés par leurs parents, forcés à se déplacer à plat ventre en appui sur leurs paumes de gosses pour ne pas passer pour la mauviette du groupe. « Viens, vite. » Un grand geste du bras en ignorant ses omoplates endolories, pour intimer à Lorcan de se dépêcher tandis que sa vue à elle peinait à se stabiliser entre eux, son souffle s'amenuisant alors que tout semblait prêt à définitivement s'effondrer. La panique l'envahit totalement lorsqu'elle agrippa son ami pour les précipiter tous deux à l'intérieur, jouant des épaules pour se frayer un chemin à plat ventre à côté de lui tandis qu'un brouhaha infernal s'élevait derrière eux, bouchant totalement l'entrée par laquelle ils venaient de s'engouffrer. Se retournant très légèrement pour jeter un coup d'oeil au dessus de son épaule, comprimée contre Lorcan pour la troisième fois de la soirée, son regard aguerri trouva le sien une seconde avant de se reporter sur la sortie. Il n'y avait que quelques mètres à parcourir, semblait-il, sans savoir si ce qu'ils y trouveraient se révélerait préférable à ce qu'ils venaient de quitter. Plus aucun retour en arrière possible, seul ce tortueux passage s'étendant sous leurs yeux.
Spoiler:
FREESTYYYYYLE
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Sujet: Re: event ≈ all we had and all we lost (lorcan)