Sujet: Long time no see ! [Momorius] Jeu 16 Juil 2015 - 14:40
Long time no see !
ft. Marius Caesar
« Règle n°7 du mutant qui survit : Savoir entretenir les vieilles relations »
Un tas de gamins rêvent de voyager dans le monde entier, de voir de nouveaux visages, d'apprendre de nouvelles langues ou simplement pour pouvoir craner dans la cour de récré en exhibant les dernières photos de vacances... Étant la fille de deux chercheurs en biochimie et autres sciences du vivant, j'avais eu l'occasion dès mon plus jeune âge de voir le monde. Si l'Irlande et la Finlande n'avaient plus de secret pour moi grâce à mes origines moitié viking, moitié leprechaun torché au whisky, j'avais pu voir la porte de Brandebourg avant mes cinq ans, les pyramides d’Égypte à sept, les châteaux hantés d’Écosse à huit, et la splendide Florence à onze ans. Et vous savez quoi ? C'est lassant, à force. Tant gamine, mon plus gros problème était de ne pas pouvoir m'attacher à qui que ce soit lorsque j'arrivais dans une école, puisque je savais pertinemment que deux mois plus tard, il me faudrait repartir. Alors j'étais toujours la petite nouvelle, qui devait essayer de s'adapter à la langue, et comme les gamins sont tous de petits crétins prétentieux, j'avais droit à toutes les railleries. Pas que ça m'est particulièrement marqué, mais je m'en serais bien passée.
Parfois, je me faisais quelques amis et tentais de garder le contact par la suite. Ce n'était jamais très évident, bien sûr, et j'ai longtemps eu pour seul ami mon frère, Aedan. Au moins, je me consolais en me disant que si j'échouais dans la musique, je pourrais me reconvertir dans le tourisme international ! Seulement parfois, on fait des rencontres assez atypiques... J'avais à peine quatorze ans quand nous arrivions à Paris, une capitale qu'on m'avait fait miroiter pendant des mois... Tout ça pour ça ? Ok le Louvre c'est sympa, St Michel c'est tranquille et la tour Eiffel ça en impose... Pour le reste, je m'en serait bien passé ! Du monde partout, des gens qui vous bousculent sans ménagement, des métros en grève... Heureusement que nous voyagions souvent en voiture ! Je fus placée avec mon frère dans un excellent collège parisien. Autant dire un établissement pour petits bourg' tellement friqués qu'ils en oubliaient les bonnes manières. Seulement cette fois c'était différent. Mes parents avaient un gros contrat à négocier, et un projet d'un an à mener. Un an pour apprendre à parler à peu près correctement le français, ça me paraissait insurmontable.
Un soir, nous fûmes tous conviés chez les Caesar, dont le groupe pharmaceutique était en tête pour obtenir les travaux de mes parents. On m'avait dit de bien me tenir... Je me tenais bien... Jusqu'à ce que l'un de leur gamin, Marius, ne décide de me prendre à parti pour faire ses conneries. Dès lors, on pouvait dire adieu à la gamine réservée. Après tout pourquoi me priver ? Je participais allègrement, mais ce n'est pas moi qui me prenait des baffes à la fin du repas ! Mon père à moi était un genre de papa gâteau... Avec de la guimauve et beaucoup de chantilly sur le dessus...
Mais pourquoi je raconte tout ça ? Et bien parce qu'après un an passé à Paris, entre dîners d'affaire, soirées mondaines et deux trois visites touristiques, je repartais pour ma chère contrée irlandaise, perdant ainsi de vue tous ceux que j'avais rencontré là bas, à commencer par Marius et son frère. Comme pour tous les autres, j'en oubliais de garder le contact, et je passais à autre chose. C'était plus facile de se détacher que de rester accrochée. Et si je songeais à tout ça maintenant... C'est parce que j'étais clouée dans un lit d'hôpital et que ça me frustrait royalement.
C'est à ce moment précis que j'aurais volontiers mis les voiles pour Paris, pour retrouver mon camarade de bêtise et lui dire « tiens t'as vu ? Moi aussi j'ai des blessures de guerre ! ». Bon ok, les anti-douleurs ne m'aidaient pas vraiment à avoir des idées cohérentes. J'avais envie d'évasion, de voyage, chose qui ne m'était pas arrivée depuis longtemps... Mais d'un autre côté, j'avais mes raisons. Quelques jours auparavant, alors que je sortais d'un bar que je fréquentais un peu trop, deux hommes m'avaient abordé... Et la suite, c'était un trou noir. Je m'étais réveillée dans un entrepôt qui empestait l'urine et l'essence, face aux mêmes deux types qui s'étaient mis à me poser un tas de questions : Où étaient mes petits copains mutants, d'où je tenais mon don, ce genre de choses... Auxquelles je n'avais aucune réponse. Sans l'aide de Roy, ce type étrange à l'amabilité proche du zéro absolu, je me serai faite tuer ou pire : Vacciner. Je devais avouer que même s'il m'avait plantée toute seule devant l'hôpital, je lui devais une fière chandelle ! Après tout, il m'avait sauvé la vie et j'entendais bien payer ma dette un jour ou l'autre. Et au fond je le trouvais amusant, ce gars-là... Dans une certaine mesure...
Toujours est-il que je me retrouvais donc à l'hôpital, en pleine nuit, couverte de sang et manquant de tourner de l’œil. L'adrénaline avait fini par cesser de faire effet, et je ressentais à présent pleinement chaque blessure que j'avais sur le corps. Diagnostique ? J'avais trois côtes cassées, les cordes vocales endommagées, pas mal de bleues et de contusions, et la marques brûlantes des chaînes sur mes poignets. Autant dire que faire passer ça pour un accident, c'était impossible.
"Mais puisque je vous dis que je vais bien, c'est bon ! Pas la peine d'en faire un fromage !" Je lançais au médecin venu m'ausculter pour la quinzième fois en un jour.
Peu avant lui, mon agent artistique était venu prendre de mes nouvelles, accompagné de deux policiers venus prendre ma déposition... Vous m'faîtes marrer, les gars... Si je vous dis que mes deux agresseurs sont morts, c'est moi qui irai en tôle, et très peu pour moi ! J'inventais alors une histoire, comme quoi je m'étais enfuie et avais entendu une explosion peu après, ce qui expliquais pourquoi on avait pas retrouvé les deux gugus après l'incendie... Pas sûre qu'ils me croient, mais pour le moment j'avais surtout envie qu'on me foute la paix.
Quand enfin le médecin se décida à me laisser, je soupirais en regardant le plafond. Encore deux jours à passer ici à me reposer, passer des examens pour voir si j'étais vraiment entière... Super... Je détestais les hôpitaux, j'y avais passé bien trop de temps quand j'étais gamine. Finalement, ne tenant plus en place, je sortie de ma chambre, habillée d'une ravissante chemise de nuit en papier blanc qui me donnait l'air d'une gamine portant un costume raté de fantôme à Halloween et, armée de ma perfusion, je partis en quête d'un distributeur de confiseries. Pas eu ma dose de sucre du matin, moi... J'avançais au rythme effréné d'une grand mère de quatre vingt cinq ans, et glissais une pièce dans l'appareil pour récupérer un gros paquet de M&Ms. Parfait !
Je n'avais pas particulièrement envie de retourner dans ma chambre, qui me déprimait plus qu'autre chose, et décidais de partir à l'aventure dans l'hôpital. Que dalle. C'était blanc, aseptisé, mort... Et finalement, je n'avais plus qu'à me résoudre à retourner me coucher pour bouquiner. Je retournais alors vers ma chambre... Et me rendais alors compte que je n'avais absolument pas retenu le numéro. Super. Je tentais de refaire le chemin en sens inverse, jusqu'à me retrouver face à deux portes dans l'incapacité de déterminer laquelle était celle de ma chambre. Et puis merde ! J'entrais dans la première en espérant qu'il n'y avait personne... Me retournais... Et me retrouvais face à un jeune homme qui avait l'air à peu près aussi mal en point que moi. Enfin non il avait carrément l'air plus mal en point.
"Oh pardon ! Je suis vraiment désolée, je me suis trompée de chambre... Enfin pour être honnête je ne sais plus laquelle est la mienne..."
Bravo, Moira. T'as l'air d'une conne écervelée, bien ! J'aurais pu tourner les talons et continuer à chercher, mais je n'avais vraiment pas envie de retourner me coucher.
"Wouaw... Vous avez l'air dans un sale état, mon vieux... C'est monnaie courante ici, on dirait ! Vous en voulez un ?"
Je m'approchais alors et lui tendais mon paquet de M&Ms, histoire de lui montrer que je compatissais. En le voyant de plus près, je fronçais les sourcils, perplexe.
"On ne se serait pas déjà vu quelque part ?"
J'avais une impression de déjà vu en le regardant, mais entre le fait d'être à moitié shootée par les médicaments et son état à lui, je n'étais sûre de rien...
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Sam 25 Juil 2015 - 11:17
Mes doigts glissent sur les commandes, j’ai le visage crispé de douleur alors que je m’obstine sur ma psp, essayant de négliger les élancements qui parcourent toute ma main droite actuellement bandée. On ne me l’a pas clairement dit mais à ce qu’il parait, ce n’est pas très intelligent de ma part de solliciter mes doigts comme ça et je ne suis pas sérieux et il faudrait que je grandisse et… bref, le topo habituel. Oui mais voilà : en dehors des quatre bouquins d’algèbre, de mes playmobiles et de mon portable, je n’ai pas grand-chose d’autre pour passer le temps quand Martial n’est pas là. Ni mon père. Je fronce les sourcils, fais un faux mouvement et ma voiture s’écrase sur le bas côté, explose et hurle un game over qui m’exaspère. Mon père. Putain. Je ne sais toujours pas quoi en penser, et pourtant ça va faire au moins deux semaines. Et je suis toujours à l’hôpital soi-disant parce que je ne saurai pas me reposer convenablement dans mon appart et que mon cœur doit être gardé sous surveillance le plus longtemps possible. Foutaises. Conneries. J’ai pas besoin d’être surveillé par qui que ce soit. Et pourtant je suis encore là, pour la simple raison que Martial me l’a demandé. Et merde. Je repose ma console, glissant le curseur vers le lecteur mp3 pour mieux faire résonner dans ma chambre quelques lourdes basses de métal. Les infirmières ont abandonné le combat sur ce terrain là quand j’ai commencé à chanter lorsqu’elles m’ont forcé à éteindre ma musique. Il faut croire qu’entre le métal et Marius, le plus agréable pour les oreilles étaient sans contestation possible le premier.
En suivant le rythme de la tête, inconsciemment, je réponds à mes sms, j’attrape le premier bouquin de ma pile. Une biographie de mon mathématicien préféré, Evariste Galois avec quelques unes de ses plus grandes démonstrations. Non, ce n’est pas du foutage de gueule, même si on tient compte de l’origine de ce bouquin : un cadeau du Padre. Je ne sais pas trop quoi en penser. Parce qu’il a visé dans le mille, le con, en m’achetant ce pavé. Déjà, même si on ne s’imagine pas trop en me voyant que mes livres de chevet sont des bouquins d’algèbre, et bien… ça en est vraiment. J’adore les maths, depuis tout petit. Si je n’étais pas aussi têtu, j’irai même jusqu’à dire que j’adore la physique aussi. Mais ce serait aller trop loin dans l’intellectuel alors je me borne à assumer mon attrait pour les maths. Et Galois. Putain, ce mec était tellement un génie… Ne me demandez pas de lire du Zola ou du Proust, la seule chose que j’ai envie de répondre lorsqu’on me parle de Marcel c’est prout. Mais mettez moi des équations sous les yeux et je vais frétiller d’impatience à l’idée de les résoudre lorsque personne ne sera là pour me regarder. Les maths, c’est mon jardin secret. Autant je n’hésite jamais à frimer avec mon habileté en sports – quels qu’ils soient d’ailleurs -, je n’hésite jamais à draguer, charmer, me vanter, fabuler, exagérer sur mes multiples talents et mon petit accent français, autant… je n’ai jamais mis en avant mes facilités en maths. Comme si c’était une honte. Dans un sens, c’en est une, parce qu’à n’en pas douter mon père aurait débarqué immédiatement et m’aurait forcé à bosser en maths ou… wait. Il savait que j’aimais les maths, il me l’a dit. Et… il est définitivement incompréhensible. Et je préfère lire la démonstration d’un théorème sur les fractions continues que de me prendre un mal de crâne à essayer de le comprendre. J’attrape un crayon et je commence d’ailleurs à gratouiller quelque chose dans la marge lorsqu’un bruit me fait relever la tête.
"Oh pardon ! Je suis vraiment désolée, je me suis trompée de chambre... Enfin pour être honnête je ne sais plus laquelle est la mienne..." Hein ? « Bah… c’est la mienne, ouais. » Je ne sais pas trop comment réagir. Je repose mon bouquin en me redressant dans mon lit. Je lui souris, parce que c’est comme ça que j’accueille les gens en temps normal. Un sourire un tantinet dragueur, d’ailleurs, charmeur, mais il ne faut pas m’en vouloir, c’est moi au naturel. "Wouaw... Vous avez l'air dans un sale état, mon vieux... C'est monnaie courante ici, on dirait ! Vous en voulez un ?" Un quoi ? Oh… Un M&Ms. « Ah ouais, trop ! Tiens, viens, j’peux pas trop me trainer j’ai une jambe dans le plâtre, mais viens, entre, fais comme chez toi. Enfin… ouais, comme chez toi, vu que t’as déjà commencé en plus ! » Je lui fais un clin d’œil en rejetant ma couverture et en essayant de m’asseoir sur le bord du lit et en me penchant pour tirer le fauteuil qui accueille plutôt mon frère en général. J’attrape un M&Ms (vert, les meilleurs) et commence à le mâcher en me demandant aussi pourquoi elle me regarde. "On ne se serait pas déjà vu quelque part ?" Bonne question. Y’a une impression de déjà vu de mon côté aussi. J’hausse les épaules, dans toute cette classe et nonchalance qui me caractérise. « J’sais pas trop. On a déjà couché ensemble peut être ? Moi c’est Marius, Marius Caesar. Ta tête me dit aussi quelque chose. »
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Sam 25 Juil 2015 - 23:22
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J'avais la poisse. C'était un fait établit, qui ne souffrait aucune démonstration, bref on aurait pu appeler ça un axiome, si ma vie avait été suffisamment logique pour être un principe mathématique. En réalité, elle était à peu près aussi anarchique et incohérente que la théorie du chaos. Minute... Depuis quand je me mettais à penser comme ça ? Moi qui avais toujours trouvé les cours de sciences rasoir, je commençais à me dire que ça devait vraiment venir des anti-douleurs qui me faisaient voir des papillons de toutes les couleurs.
Bref. J'avais la poisse, mon état de santé le prouvait. Seulement parfois, le karma, qui était un petit plaisantin et s'éclatait depuis quelques temps à me piétiner pour me faire bouffer le gazon, avait décidé que pouf ! « Tiens ! Aller ! Le deus ex machina c'est pas que pour le théâtre antique, et en plus tu vas voir ça sera cool ! » Parce que si on m'avait dit un jour que je croiserais à nouveau Marius, je n'y aurais pas cru. Et encore moins ici, à l'hôpital de Radcliff.
Mais tout d'abord revenons en au moment où j'entrais dans sa chambre, l'ayant confondu avec la mienne. Il ne refusa pas les M&M 's que je lui tendais, et m'invita même à venir m'asseoir.
« Ah ouais, trop ! Tiens, viens, j’peux pas trop me trainer j’ai une jambe dans le plâtre, mais viens, entre, fais comme chez toi. Enfin… ouais, comme chez toi, vu que t’as déjà commencé en plus ! »
Bon ok, ça c'était pas faux. J'avais limite déjà commencé à poser mes valises avant même de lui avoir demandé si ça l'emmerdait que je sois là. Je m'installais alors dans le fauteuil qu'il me présentait, pas fâchée du tout me poser mes fesses tellement j'avais mal. Je me battais un moment avec tous les fils qui pendouillaient à mon bras droit, et haussais un sourcil en fixant le gars qui me faisait face. Minute... C'est quoi ce clin d'oeil de BG, là ? Si tu veux jouer à ça je peux te faire les yeux de biche et je suis sûre de gagner ! En revanche, c'est plutôt sa jambe dans le plâtre, son teint tout pâle et sa main bandée qui attirèrent mon attention. A croire que lui et moi avions eu affaire aux mêmes gens, hin ! J'en aurais presque ris tant c'était con.
"Entre bras cassés, autant se soutenir, hin !"
Je plongeais alors la main dans le paquet de M&M's et les grignotais un à un, jusqu'à que le gars aussi me regarde étrangement.
« J’sais pas trop. On a déjà couché ensemble peut être ? Moi c’est Marius, Marius Caesar. Ta tête me dit aussi quelque chose. »
Je manquais alors de m'étouffer avec mes bonbons et toussais pendant dix bonnes secondes avant de capter la première partie de la phrase. WHAT ? Couché ensemble ? Bon ok j'avais eu un paquet d'aventures ces dernières années, mais avec lui ? Pas que je me souvienne !
"Heu... Alors à moins que tu aies une liste sans fin de conquête et que j'ai été inconsciente à ce moment-là, je ne crois p... Attends... Marius ? Genre mini Marius le casse cou ?"
Oui. Mon accent français était toujours dégueulasse, et cette façon que j'avais de prononcer le « r » de Marius me hérissait le poil. Mais je n'en revenais pas. Marius, ici, à Radcliff. Je me souvenais encore de ces soirées passées à repeindre les miroirs de la salle de bain chez ses parents avec du sirop et de la chantilly, de cette propension qu'il avait à mettre son père en pétard, de cette ignorance glaciale venant de sa mère qui avait toujours tant choqué mes parents... Venant d'une famille de bisounours extrêmement soudés, c'était une chose qui m'échappait depuis le jour où j'avais rencontré Marius.
"Mais c'est dingue, ça ! T'as poussé, dis donc ! Je suis Moira, tu te souviens de moi, hin ? Vu les conneries qu'on a faites ensemble, j'espère bien que tu t'en rappelles !"
C'était la première fois depuis quelques jours que j'arrivais à rire et sourire sans me forcer. Et bon sang que ça faisait du bien ! Si ce n'est que ça me faisait un mal de chien, mais bon passons.
"Mais... Qu'est ce que tu fais à Radcliff ? La dernière fois c'était à Paris, mais ça date... Ça fait longtemps que tu es là ? Et Martial ? Il est ici aussi ?"
Je n'avais pas non plus oublié Martial, pour d'autres raisons. Nous avions partagé cette passion commune pour la musique, fait nos classes de violon ensemble au conservatoire... Et l'ayant perdu de vue j'ignorais si lui aussi avait eu la chance d'en faire sa profession. Mais je me souvenais du caractère irascible de son paternel, et quelque chose me disait que ce n'était certainement pas le cas.
"Si je m'étais attendue à te croiser ici... Qu'est ce qui t'es arrivé ?"
Mauvaise idée de poser cette question. Même s'il acceptait de me répondre, il me renverrait sûrement la question. Et si mes côtes cassées pouvaient passer avec l'excuse d'un accident, mes poignets à vif étaient plus que suspect. Et puis je lui avais sûrement posé assez de questions en une minute. Grignotant mes M&M's, je détaillais Marius. C'est fou ce qu'il avait pu changer tout en restant le même. Il était devenu pas mal du tout, le gamin ! Quoi que gamin... Il allait falloir que je m'habitue à oublier qu'il n'était plus un ado...
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Mer 29 Juil 2015 - 19:38
"Entre bras cassés, autant se soutenir, hin !" J’éclate de rire en avalant un nouveau M&M’s et en m’étouffant (manger et rire en même temps est un art dans lequel je n’excelle pas encore). « Bras cassés, plutôt jambe dans mon cas ! » je rétorque avec un petit sourire amusé. J’espère qu’elle a de l’humour, parce que sinon ça ne va pas être drôle. Je n’aime pas quand les gens n’ont pas d’humour, comme mon père par exemple, parce que ça rend directement les discussions beaucoup trop sérieuses et plates à mon goût. Et propices à l’engueulade. Mais bon, on a déjà changé de sujet donc ce n’est pas trop grave parce que de toute évidence, on partage une conviction commune : on s’est déjà vu.
Quand une jolie fille me demande si on ne se connait pas de quelque part, je ne sais pas, j’ai le réflexe de me demander si on n’est pas sorti ensemble, ou si on n’a juste pas couché ensemble une fois. C’est sûrement stupide, mais voilà, c’est ce qu’on appelle un réflexe et ça ne se contrôle pas. Et avec cette rousse, et bah, c’est la première chose qui me vient à l’esprit. Elle est jolie en même temps, totalement mon style. Et je lève intérieurement les yeux au ciel à cette pensée : la dernière rousse à avoir été dans ma vie, c’est Astrid. C’est peut être lié. Peut être. Si peu. Je soupire en piochant un nouveau M&M’s dans son paquet. Ca, ils n’ont pas encore trouvé de prétexte pour m’interdire d’en manger, et pourtant je suis certain que mon père cherche activement comment me pourrir davantage la vie. Je sais que je suis injuste avec lui, je sais ou du moins j’essaye de penser qu’il veut vraiment faire des efforts, construire quelque chose, le livre en est la preuve, mais… voilà. Je prends le temps de regarder la fille pour me changer les idées. Rousse, donc. Jolie, aussi. Mais ça je l’ai déjà constaté. Salement amochée. Mais ça me semble totalement prévisible dans un hôpital. Et… en train de s’étouffer à son tour. « Quoi ? J’ai dit quelque chose de stupide ? » J’hésite entre rire et m’offusquer. Je dis beaucoup de choses de stupides, oui, je sais, mais là, je ne pensais pas avoir dit quelque chose de suffisamment con pour la faire mourir de rire ou de désarroi, on n’a pas encore statué. "Heu... Alors à moins que tu aies une liste sans fin de conquête et que j'ai été inconsciente à ce moment-là, je ne crois p... Attends... Marius ? Genre mini Marius le casse cou ?" Je fais mine d’être outré en croisant les bras sur ma poitrine – une fraction de seconde avant que ma main ne se rappelle à mon bon souvenir, merci main. « Inconsciente ? Dis tout de suite que je suis moche ! Et oui, Marius… » Mini-marius ? Français ? Je fronce les sourcils, toute susceptibilité au placard. Parce qu’elle me connait effectivement et que je suis aussi censé la connaître. Et que si elle a dit mini-marius, c’est qu’elle me connaissait il y a un bail et donc qu’on n’a potentiellement pas couché ensemble. C’est d’ailleurs ça qui me met la puce à l’oreille. Le fait qu’elle m’appelle mini-marius, hein, pas que l’on n’ait pas couché ensemble.
"Mais c'est dingue, ça ! T'as poussé, dis donc ! Je suis Moira, tu te souviens de moi, hin ? Vu les conneries qu'on a faites ensemble, j'espère bien que tu t'en rappelles !" Moira ? « Moira ? La rousse coincée du cul que j’ai décoincé du cul ? Enfin… tu vois ce que je veux dire. » C’est finement dit, je sais, mais passons. « Bien sûr que je me souviens de toi ! On a fait de sacrées conneries, mes parents doivent encore s’en souvenir ! » J’éclate de rire. C’était sympa, comme époque. J’avais quoi… onze ? douze ans ? C’était avant l’internat, avant que mon père décide qu’il en avait marre de moi et que ce serait mieux qu’il m’envoie de l’autre côté de la France. J’éclate de rire, donc. Et le rire est mon état naturel, je ne suis décidément pas fait pour faire la tronche, pas fait pour déprimé. Merci, Moira, merci de me faire rire, parce que lorsque je ris, je suis pleinement moi. "Mais... Qu'est ce que tu fais à Radcliff ? La dernière fois c'était à Paris, mais ça date... Ça fait longtemps que tu es là ? Et Martial ? Il est ici aussi ? Si je m'étais attendue à te croiser ici... Qu'est ce qui t'es arrivé ?" Et forcément, après les retrouvailles, les questions. Ce que je fais à Radcliff ? Etrange question, sauf si elle ne lit pas les magazines people (ou du moins ne les a pas lus il y a genre deux ans et demi, lorsqu’on a fêté les 10 ans de l’Affaire Malaria). « On a déménagé ici il y a genre douze ans, t’sais, t’as pas entendu du scandale Malaria ? Et du coup, ouais, forcément, Martial est dans le coin. Quand y’a un jumeau Caesar quelque part, y’a forcément l’autre pas très loin. Mais toi… qu’est ce que tu fous là ? Qu’est ce que tu es devenue, d’ailleurs ? Tu fais quoi dans la vie ? Tu fais toujours du crincrin comme Martial ? Même si lui il a du arrêter, d’ailleurs… » Et vas-y comme je t’esquive la question sur ce qui m’est arrivé. Tout en finesse Marius, tu es génial. Merci, merci, je sais. « Et surtout, qu’est ce qui t’est arrivé ? » Marius, tu es con. La question m’a échappé. Ouais, je crois aussi, j’aurais peut être du me la fermer, là. Parce que toute mon esquive devient totalement inutile si je lui balance la même question dans la tronche, même si j’ai une super bouille d’ange (et un reste de cocard… certes).
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Dim 2 Aoû 2015 - 10:54
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« Règle n°7 du mutant qui survit : Savoir entretenir les vieilles relations »
Vous savez ce qui est cool dans le hasard ? C'est que parfois, il fait vraiment bien les choses. Quand vous retombez par hasard sur un dvd que vous pensiez avoir prêté ou perdu, quand vous arrivez par hasard à brancher correctement ce foutu lave-vaisselle qui n'avait jamais fonctionné avant... Ou encore quand vous recroisez des gens à plus de quinze ans d'intervalle. Et très honnêtement, je n'aurais jamais reconnu Marius s'il ne m'avait pas donné son nom. La dernière fois que nous nous étions vus, j'avais tout juste 15 ans et lui 12, il s'en était passé du temps depuis ! Il n'avait plus ses joues rondes de gamin et ça me faisait presque bizarre de le voir avec du poil au menton... C'est un peu comme ces gens que l'on imagine pas vieillir ou avec une autre couleur de cheveux... Vous avez beau les regarder maintenant, l'image du passé reste ancrée. Donc tant pis pour toi mon p'tit Marius, je continuerai à garder en tête ta bouille toute ronde.
De toute manière, en deux minutes il m'a prouvé une chose : Y a que le physique qui a changé, parce que pour le franc parlé et l'humour, c'est toujours Marius ! Je ne peux m'empêcher de rire lorsqu'il me corrige à propos de sa jambe cassée et non son bras... L'art et la manière de tout prendre au pied de la lettre ! En revanche, je faisais moins la maline en m'étouffant avec mes M&M's... Maintenant que je savais à qui j'avais affaire, cette remarque me semblait franchement étrange... La dernière fois que j'avais vu Marius, il était encore en âge de regarder la bande à Picsou à la télé... Quoi qu'il n'y a pas d'âge pour regarder ça, finalement.
« Inconsciente ? Dis tout de suite que je suis moche ! Et oui, Marius… »
J'éclatais de rire à nouveau, plus à cause de son air bougon que du reste.
"Moche ? Oh non ça va, t'as plutôt bien vieillis !"
Voilà. Moira, la finesse et la spontanéité incarnée. Le jour où je prendrais des pincettes, faudra penser à me secouer ou me donner des baffes ! Moi qui tirais la tronche depuis plusieurs jours en me demandant quand j'allais sortir d'ici, je retrouvais enfin un semblant de bonne humeur en me rappelant toutes les conneries qu'on avait faites avec Marius. Et je crois bien que si nous avions du les citer, nous en aurions oublié quelques unes... En revanche, c'est moi qui tirais la tronche, cette fois... Comment ça la rousse coincée du cul ? Mais je t'embête, mon p'tit pote ! Bon... Dans un sens il n'avait pas tort, il m'avait connu à une époque où j'avais encore peur de parler aux gens au risque de les blesser, et où j'étais à peu près près aussi sage et inoffensive qu'un... Bébé loutre. A peu de choses près. Ca avait bien changé, depuis...
"Dis-donc... Tu veux que je te rappelle la fois où tu étais allé te planquer après que ton père ait découvert que tu avais mis de la grenadine dans son super vin millésimé ? Tu faisais pas le malin ! D'autant qu'au final... C'était notre faute à tous les deux !"
Je peinais à me retenir de rire en me souvenant de ça. A chaque fois qu'on nous prenait à faire une connerie, mes parents se contentaient d'un regard gêné et me demandait gentiment d'arrêter... A des années lumière des engueulades que Marius avait du subir.
"Je crois que ce qui a le plus marqué les miens, de parents, c'est la fois où tu avais échangé la chantilly et la mousse à raser... Bizarrement personne n'en voulait... Enfin sauf mon frère, qui nous en veut encore, je crois..."
J'aurais pas du dire ça... Repenser à mon petit frère me donnait à chaque fois la nausée, tant j'éprouvais de culpabilité et de rancoeur à son égard. La dernière fois qu'on s'était vus s'était tellement mal passée qu'elle me hantait encore. En quelques années, il était passé de mon petit frère préféré à... Un inconnu décidé à faire la peau aux gens comme moi. Super chouette, l'ambiance en famille !
Je n'eus pas le temps de penser à ça davantage, car déjà nous enchaînions sur la présence de Marius à Radcliff. Maintenant qu'il en parlait, je me souvenais de cette histoire de vaccin contre la malaria qui avait fait pas mal de bruit... Et de morts. Je n'avais jamais vu mon père dans un tel état de rage, d'ailleurs.
"Aaah oui ! Je m'en souviens ! Ton père avait écarté le mien du projet parce qu'il le trouvait « trop prudent », et parce que ses recherches prenaient trop de temps... Quand on a entendu parler de l'affaire, j'ai cru que mon père allait redescendre à Paris pour lui balancer ses recherches à la figure !"
Et ça craignait, à l'époque... Ca avait fait beaucoup de bruit et je n'avais pas vraiment réalisé l'ampleur de la chose... Pas tout de suite.
"Et donc vous êtes venu vous exiler ici... Ca doit te changer de Paris ! Ici on ne bouffe pas de pattes de grenouille ! Plus sérieusement, je fais toujours du violon, pas du crincrin ! J'en ai même fais mon métier, je suis concertiste, aujourd'hui ! Ca paye bien mieux que la plupart des boulots bien rangés ! Par contre tu me surprends, pour Martial ! Il avait le talent pour réussir ! Pourquoi est ce qu'il a arrêté ?"
Et puis finalement... Marius esquiva ma dernière question en me la renvoyant. Dis donc, gamin... Tu m'as prise pour une bille ? J'esquissais un sourire en secouant la tête d'un air désespéré.
"Tu sais qu'on appelle ça de l'évitement ? Renvoyer une question à laquelle on ne veut pas répondre... T'as peur de quoi ? Ou alors t'as honte ? C'est une fille qui t'as mis dans cet état-là ?" J'éclate de rire, imaginant Marius le casse cou en train de se faire démolir par un plus petit gabarit que lui... "Non sérieusement si t'as pas envie d'en parler... Je vais pas en faire un flan. Et ça tombe bien parce que moi non plus j'ai pas des masses envie de parler de mon état ! Comme ça on est quitte !"
Qui a dit que j'étais chiante, comme fille ? Au contraire, j'étais plutôt arrangeante ! Ok j'aurais bien aimé savoir ce qui lui était arrivé... Mais je n'allais pas lui mettre le couteau sous la gorge, et je me voyais mal lui dire « oh tu sais, j'ai été enlevé par des chasseurs de mutants qui m'ont fracassée et ont voulu me vacciner, et un type bizarre est venu me sauver ! Ah parce que oui, je suis une mutante, tu savais pas ? »... Ca puait grave, comme entrée en matière. J'avais pour habitude de ne jamais dire à qui que ce soit que j'étais une mutante, à moins d'avoir la certitude d'en avoir un autre en face de moi. Les deux dernières personnes non mutantes à avoir eu connaissance de ma mutation, c'était mon frère et Griske... Alors bizarrement je me méfiais, maintenant.
Je préférais encore parler de tout et n'importe quoi avec Marius que de nous chamailler sur un truc aussi bête que notre état de santé. Et surtout sans être sûre qu'il n'était pas du côté de ceux qui tiraient à vue sur les mutants. Ca m'aurait fait mal, ça c'est sûr... Alors je détournais la conversation en remarquant le ballon sur la table de chevet de Marius.
"Et toi, alors ? Toujours dans le hand ? On ne te voyait jamais sans ton ballon, quand on était gamin, on dirait que ça n'a pas chang... Non... Je rêve ! "
Mon regard venait de tomber sur un truc étrange dépassant de sous l'oreiller de Marius. Ca avait une couleur indéfinissable, ça avait l'air d'avoir vécu des jours meilleurs, ça ressemblait vachement à de la peluche... Et parce que j'étais incapable de bien me tenir plus de deux minutes, j'attrapais le dit truc non identifié et le tirait vers moi. Et finissais pliée en deux de rire. Et rire comme un cachalot quand vous avez trois côtés cassées ça fait super mal.
"Ahahah ! Tu l'as toujours ! T'as toujours ce vieux machin tout usé ! Regarde moi ça, il lui manque presque un œil ! C'est comment déjà, son nom ? Albert ? Norbert ? Non... Je sais plus..."
Aaah ça oui pour être chiante j'étais chiante. On ne me referait pas, et de toute manière Marius me connaissait trop bien pour avoir cru un instant que je ne l'emmerderait pas avec ça. C'est vrai, quoi... Qui se promène avec un vieux lapin en peluche à plus de vingt cinq ans ? Quoi ? Ah... On me fait signe que j'ai moi-même une collection de peluche dans mon lit... Oui bon personne n'est parfait, hin... Surtout pas moi...
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Mar 4 Aoû 2015 - 20:51
Ca y est ! Je m’en souviens, j’ai réussi à replacer sa tête dans le temps et dans l’espace et du coup, elle ne ressemble plus à un Picasso mais bien à une amie d’enfance. Moira. Putain, Moira, j’avais oublié jusqu’à son existence tant elle avait totalement disparue de ma vie lorsque nous avions déménagé aux US. Et elle avait déménagé avant, d’ailleurs, je crois. Je ne sais plus. Ce n’est pas vraiment l’important. Sur mon visage, la petite lumière doit s’être allumée sans qu’au rideau ne passe devant dans mes yeux bleus. Je m’en souviens maintenant. Une amie, une coincée à la base que j’ai assez rapidement convertie à ma manière de voir les choses. Ses parents devaient bosser avec les miens, sur un projet pourri, tiens, peut être l’affaire Malaria, ça ne m’étonnerait pas, et du coup on se les tapait au moins une fois par mois dans un dîner d’affaire aussi long qu’exaspérant. De toute manière, à chaque fois que mes parents étaient impliqués dans un dîner, il devenait automatiquement chiant, alors bon… Bref. Et avec Moira, on se déchaînait dès qu’ils avaient le dos tourné. Je ne sais plus combien de conneries on a pu faire. Et j’éclate de rire lorsque je les recherche dans ma mémoire. De toute évidence, je ne suis pas le seul : "Dis-donc... Tu veux que je te rappelle la fois où tu étais allé te planquer après que ton père ait découvert que tu avais mis de la grenadine dans son super vin millésimé ? Tu faisais pas le malin ! D'autant qu'au final... C'était notre faute à tous les deux !" Je ris encore même si je me souviens que si je ne faisais pas le malin, c’était surtout parce que j’avais été privé de hand, de sortie, de… de tout en fait, pendant au moins deux semaines. La torture. C’est sûr qu’entre ses parents et les miens, j’aurai signé un échange sans hésiter une seule seconde. "Je crois que ce qui a le plus marqué les miens, de parents, c'est la fois où tu avais échangé la chantilly et la mousse à raser... Bizarrement personne n'en voulait... Enfin sauf mon frère, qui nous en veut encore, je crois..." Là, encore, je repars dans un éclat de rire, j’en ai les larmes aux yeux. La tronche de son petit frère, c’était à mourir de rire. Il était beaucoup trop calme, le pauvre, et beaucoup trop naïf ! Même Martial avait vu le coup venir lorsque j’avais poliment demandé à mon père de ne pas mettre de chantilly sur ma glace. Non, mais sérieusement, moi demander poliment un truc, c’était suffisamment explicite pour lui mettre la puce à l’oreille, non ? Et bien non, même pas ! « Ce qu’il était con, ton frère, quand même ! T’imagines même pas l’horreur que ça a été lorsque vous êtes partis ! Je crois que je me souviendrai de la gifle que m’a foutue mon père toute ma vie ! Je crois que c’est la première fois qu’il m’a giflé devant des gens, un truc de dingue ! » Pour m’en souvenir, je crois que je m’en souviens. Je reproche énormément de choses à mon père, la liste serait trop longue si je devais l’énumérer, mais il ne m’a jamais vraiment frappé. Les gifles, c’était lorsque je déconnais beaucoup trop et qu’il n’avait pas le temps de prendre sur lui. Les gifles, c’était la preuve que je le poussais suffisamment à bout pour l’atteindre et passer à travers son armure et son indifférence. Me souvenir de tout ça… j’en pleure de rire. Bon sang, Moira, c’est juste énorme de la retrouver là, dans l’hôpital, en aussi mauvais état que moi, et de toute évidence toujours autant sur la même longueur d’onde que moi. La conversation continue, elle me demande ce que je fous là, à Radcliff.
Je me calme, je calme mon fou rire le temps de remettre mes idées en place et de lui répondre. Ah… Radcliff. Malaria, tout ça, tout ça… Que de bons souvenirs là aussi, je crois que je n’ai jamais autant poussé mon père à bout que pendant cette période, que pendant les mois qui ont précédé notre déménagement. Les conférences de presse, les avocats, les interviews, les documents secrets que je voulais dévoiler, juste comme ça, à la presse… c’était que du bonheur. On m’offrait sur un coussin tous les éléments pour détruire mon père, je n’allais pas non plus les dédaigner, ça n’aurait pas été poli. Malaria. Les années noires de Caesar Pharmaceutique, l’âge d’or de la fracture Marius – Hippolyte. "Aaah oui ! Je m'en souviens ! Ton père avait écarté le mien du projet parce qu'il le trouvait « trop prudent », et parce que ses recherches prenaient trop de temps... Quand on a entendu parler de l'affaire, j'ai cru que mon père allait redescendre à Paris pour lui balancer ses recherches à la figure !" A ce point ? Je lui lance un petit sourire amusé. « Oh putain, faut trop que mon père croise le tien, et que je les relance sur le sujet, ça va être juste d’enfer. » Oui, je sais, c’est méchant. Je sais aussi que ça ne se fait pas. Mais mon père est mon père. Et Malaria est malaria : il y a eu des morts, il y a eu des familles en deuil mais mieux encore, il y a eu mon père au bord du précipice. Mais bon… voilà. Je lui renvoie ses questions pour mieux changer de sujet : Hippolyte Caesar reste et restera toujours un sujet sensible chez moi. Affaire Malaria ou pas pour adoucir la chose. "Et donc vous êtes venu vous exiler ici... Ca doit te changer de Paris ! Ici on ne bouffe pas de pattes de grenouille ! Plus sérieusement, je fais toujours du violon, pas du crincrin ! J'en ai même fais mon métier, je suis concertiste, aujourd'hui ! Ca paye bien mieux que la plupart des boulots bien rangés ! Par contre tu me surprends, pour Martial ! Il avait le talent pour réussir ! Pourquoi est ce qu'il a arrêté ?" J’éclate de rire une nouvelle fois lorsqu’elle me reprend, comme Martial d’ailleurs, sur le crincrin et… J’arrête de rire. Pourquoi est ce qu’il a arrêté ? Elle est sérieuse, là ? « Non mais t’as vu mes parents ? Tu crois vraiment qu’ils auraient laissé leur fils prodige faire du violon toute sa vie ? Oh, non, trop de déshonneur sur la famille, un violoniste, c’est vraiment de bas étage ! » Je suis cynique, mais aussi lucide : si j’ai pu faire de ma passion mon métier, c’était parce que mes parents voulaient se débarrasser de moi et qu’ils étaient bien trop déçus pour attendre quelque chose de mieux de ma part. Après, je ne sais pas trop si le violon manque à Martial. Oui, bien sûr, mais… il les a choisis ses études de droit, non ? Je me demande parfois si, si j’avais été un peu moins… moi, mon père l’aurait laissé continuer. Je ne sais pas trop. Je ne préfère pas réfléchir. Et en parlant de réfléchir… je n’ai pas vraiment envie de répondre à sa question sur comment j’ai atterri à l’hôpital.
Et quoi de mieux pour éviter une question de la lui renvoyer ? Okay, ce n’était pas très, très malin. Mais bon. On ne m’a jamais demandé d’être malin. De quoi ? Mes parents ont osé le faire ? Et à peu près tout le monde ? Non, jamais entendu. "Tu sais qu'on appelle ça de l'évitement ? Renvoyer une question à laquelle on ne veut pas répondre... T'as peur de quoi ? Ou alors t'as honte ? C'est une fille qui t'as mis dans cet état-là ? Non sérieusement si t'as pas envie d'en parler... Je vais pas en faire un flan. Et ça tombe bien parce que moi non plus j'ai pas des masses envie de parler de mon état ! Comme ça on est quitte !" Elle a éclaté de rire et… elle aussi ne veut pas répondre. Tant mieux, ça m’arrange, parce que moi non plus. Je lui fais un petit sourire complice, pioche un nouveau M&Ms dans le paquet et suis son regard lorsqu’elle regarde le ballon sur la table de nuit. "Et toi, alors ? Toujours dans le hand ? On ne te voyait jamais sans ton ballon, quand on était gamin, on dirait que ça n'a pas chang... Non... Je rêve ! " Elle rêve ? Non.
Non. Non. Non. Avant que je ne puisse faire le moindre mouvement, elle s’est déjà jetée sur mon oreiller pour en extirper une oreille et le petit corps qui suit l’oreille. J’essaye de l’attraper mais elle récupère mon lapin pour mieux le mettre hors de portée. « Putain, rends moi ça ! » Si jamais quelqu’un d’autre que Moira ou Martial le voit, je suis mort. Non, à la base, c’était surtout si quelqu’un d’autre que Martial le voit, je suis mort. Et bien voilà, j’agonise. Mon lapin. En peluche. Mon doudou. Mon Chester. Et elle rit, elle se marre comme une baleine la débile. Moi, j’hésite entre rire aussi et m’énerver. "Ahahah ! Tu l'as toujours ! T'as toujours ce vieux machin tout usé ! Regarde moi ça, il lui manque presque un œil ! C'est comment déjà, son nom ? Albert ? Norbert ? Non... Je sais plus..." Ca y est, ça m’énerve ! Je me penche sur le bord du lit pour lui arracher des mains. « Il s’appelle Chester ! Et rends le moi ! » Mon précieux trésor récupérer, je me rends compte du ridicule de la situation. Je vais bientôt avoir vingt sept ans. Et elle trente. Et on se dispute mon lapin en peluche. J’ai envie de disparaître, j’ai envie de…
Je m’écroule par terre dans un hurlement de douleur. Je mets quelques secondes à comprendre. Non, je ne me mets pas à hurler comme ça, pour un rien. Non, je ne suis pas tombé du lit. Oui, je suis bien de l’autre côté de la pièce, sans savoir comme je suis passé de là, à de là. « Oh putain de bordel de merde. » J’essaye de me relever, sans grand succès. Je suis assis comme un con. Je sais que je suis un mutant. Mais en théorie, contrôler sa densité n’a jamais permis à quiconque de se téléporter. Je suis petit être débile, mais quand même pas à ce point là. « C’est toi qui as fait ça ? » Je panique un peu, je dois bien l’avouer. Je suis un mutant, ça je l’ai intégré. Mais ce serait bien que ma mutation ne change pas tous les quatre matins, d’autant plus qu’à la base, Moren m’a quand même vacciné.
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Mar 11 Aoû 2015 - 17:41
Long time no see !
ft. Marius Caesar
« Règle n°7 du mutant qui survit : Savoir entretenir les vieilles relations »
Ce qu'il y a de bien quand on retrouve un vieil ami avec qui on a des années à rattraper, c'est qu'on se marre bien en évoquant nos vieilles conneries. Ce qui était moins cool, en revanche, c'était rire en ayant trois côtes cassées. J'étais à la fois heureuse de pouvoir enfin faire autre chose que tirer la tronche, mais je le regrettais à chaque respiration, et appréhendais déjà l'engueulade du chirurgien quand il me verrait. Mais pour l'heure, j'étais bien trop heureuse de retrouver Marius ici, à Radcliff ! Lui et son frère étaient probablement les seules choses que je regrettais de Paris, à vrai dire. Ça et les pains au chocolat. Le mec qui a inventé ça est un génie ! Y a vraiment que les français pour faire ça... Ils râlent et sont impolis, mais ce qu'ils cuisinent vaut bien tout le whisky d'Irlande !
Je regardais Marius un moment. Il s'était passé quoi... 12 ans ? 15 ans, même ? Le temps passait à une vitesse, à tel point qu'on arrêtais de courir après au bout de quelques mois, on oubliait et puis on passait à autre chose. Pendant tout le projet malaria, nous avions passé notre temps entre Paris et Galway, avec mes parents, si bien que j'avais du connaître Martial un peu plus longtemps. Mais quelques mois ou années de plus ne suffisaient pas à combler un vide de plus d'une décennie. Je n'avais pas retrouvé de gens aussi passionné que Martial avant de rencontrer William, et il avait fallu que j'attende d'arriver à Radcliff pour trouver en Seth une personne à peu près aussi cinglée que Marius. Et entre temps ? Bon sang ce que j'avais pu m'emmerder, par moment ! L'art et la manière de ne pas tenir en place, finalement.
« Ce qu’il était con, ton frère, quand même ! T’imagines même pas l’horreur que ça a été lorsque vous êtes partis ! Je crois que je me souviendrai de la gifle que m’a foutue mon père toute ma vie ! Je crois que c’est la première fois qu’il m’a giflé devant des gens, un truc de dingue ! »
Je calmais brusquement mon rire et lui lançait un regard plus froid. Je n'aimais pas parler de mon frère. Chaque fois, je me rappelais ce gamin si gentil, rêveur, qui aimait tant que je lui raconte des histoires, que mon don fascinait, qui me suivait partout et qu'encore aujourd'hui j'aurais défendu envers et contre tout... Et je me rappelais aussi qu'à l'adolescence il avait commencé à s'éloigner de moi, à me regarder de travers et allant jusqu'à me traiter de monstre... Qui avait souffert de son handicap auditif dont j'étais responsable, chose que je ne m'étais jamais pardonnée. Mais plus que ça, je me souvenais qu'il avait rejoint les rangs des hunters, qu'il traquait les gens comme moi et que je pouvais devenir sa cible si on lui en donnait l'ordre. Autant je pétais de trouille face à Roman Griske, autant je lui tenais tête en me foutant de sa gueule... Mais avec mon frère ? Je me serais écrasée, peu importe les griefs qu'il pouvait avoir envers moi. Il connaissait mes faiblesses, mes peurs par cœur... Et je l'aurais laissé jouer avec ça comme un brave petit chiot obéissant. Ah elle était belle, la grande gueule ! Je croisais les bras, grimaçant en sentant ma foutue perfusion me rentrer dans la main, et bougonnais.
"Hè ! N'insulte pas mon frère, petit con !" Puis j'esquissais un sourire, je connaissais assez Marius pour le savoir aussi délicat et courtois qu'un tank lancé à pleine vitesse. "Sérieux ? Wouaw... Ton père fait vraiment froid dans le dos... J'ai jamais vu un type aussi... Antipathique, en fait ! Ou alors ça doit être l'habitude du mien, qui fait souvent peur aux gens à sauter partout..."
A vrai dire, mon père et le sien c'était un peu le jour et la nuit. Le mien était parfois fatiguant, à courir partout, à s'extasier devant le moindre truc inutile, ou encore à se lancer dans des grandes explications scientifiques que lui seul comprenait... Etant gamine, je me souvenais que les balades en forêt se soldait pas des « Moira ! Regarde ce magnifique insérez ici nom latin imbuvable »... Et c'était parti pour deux heures d'explications. Mais pour rien au monde je n'aurais voulu échanger ça contre les parents de Marius. Jamais je n'avais vu un gamin autant en conflit avec ses parents et en souffrir à ce point. Je me rappelais vaguement avoir dis à mes parents qu'on aurait peut-être du l'adopter... Oui j'étais jeune, à l'époque, c'est bon, hin ! Et puis malgré tout ça, nous riions, parce que ces interminables dîners étaient à mourir de rire. Et je riais d'autant plus lorsqu'il me sortit que si nos pères se recroisaient ça serait amusant !
"Ahahah ! Non... Vaut mieux pas, je crois que mon père répéterait en boucle au tien « je vous l'avais dis ! Je vous l'avais dis ! »"
La discussion s'enchaîna sur sa présence à Radcliff et mon étonnement face à l'abandon de Martial... Et finalement je comprenais mieux ! Il n'avait pas abandonné, on l'y avait forcé ! Comment un parent pouvait à ce point cracher sur le talent de son propre fils ? Ca me dépassait ! Dès mon plus jeune âge, lorsque mes professeurs avaient dit à mes parents que j'avais l'oreille et l'acharnement pour y arriver, ils m'avaient poussé à continuer, et jamais je n'avais regretté. Je n'osais pas imaginer dans quel état Martial devait être, le jour où on lui avait refusé un avenir de musicien... Combien de fois m'avait-il dit que nous irions jouer ensemble sur les scènes du monde entier ? Je sentais la colère monter, ça n'aurait pas du me toucher à ce point, mais nous nous étions tant encouragés l'un l'autre que je me sentais presque coupable d'avoir réussi et lui d'avoir eu l'herbe coupée sous le pied.
"Tes parents sont des cons finis. Il n'y a pas de sous métier, être musicien c'est mettre sa sensibilité au service du public... Être PDG de n'importe quelle entreprise c'est privilégier la froideur de l'argent au détriment des sentiments, j'vois pas en quoi c'est mieux ! Alors oui. Désolée si je leur manque de respect, mais comme on dit chez moi : Ton père pue du cul !"
Quoi ? J'étais vulgaire ? Et alors ? J'avais horreur d'entendre qu'on bridait un talent, ça m’insupportai. Qu'on demande gentiment à une casserole d'arrêter de chanter, ok. Qu'on étouffe dans l’œuf une brillante carrière, c'était autre chose. J'avais toujours eu l'espoir de croiser Martial pendant un concert, maintenant je comprenais un peu mieux pourquoi ça n'était jamais arrivé.
Fort heureusement, la suite de la conversation fut autrement plus tranquille et drôle. Déjà, Marius n'avait pas envie de parler de ce qui lui était arrivé, et moi non plus. Pas que je ne lui faisais pas confiance mais... Bon ok j'avoue, je ne lui faisais pas confiance. J'aurais pu, quinze ans plus tôt, mais tant que je n'aurais pas la preuve qu'il n'était pas chez les hunters, je ne pouvais pas courir le risque de lui dire que j'étais une mutante. Et pourtant, j'aurais bien aimé en parler à quelqu'un... Seth, ramène tes fesses à l'hôpital, bordel !
Ah... Donc ce vieux machin tout rapiécé avec une couleur qui laissait à désirer s'appelait Chester... Mon dieu Marius, que tu peux me faire rire... Je riais comme une baleine en essayant de différencier la tête du postérieur du lapin... Jusqu'à ce que Marius me l'arrache des mains et disparaisse. Simplement, proprement. Ooook ? C'est quoi le délire ? Je me tournais en entendant un bruit sourd et Marius hurler. Il était à l'autre bout de la chambre, et sa jambe ne semblait pas avoir apprécié la chute. Je rêve ? Marius était un mutant ? Quoi qu'il n'avait pas l'air de trop maîtriser la chose, c'était peut-être récent ?
"Mais... Mais non ! J'ai rien fais ! Comment tu voudrais que je fasse ça, je suis pas magicienne !"
Alors je ne réfléchis pas. Je retirais ma perfusion, de toute manière elle était pratiquement vide et je douillais avec ou sans. Je me levais, titubant légèrement et m'approchais de Marius pour l'aider à se relever. J'en oubliais presque que je portais la tenue la plus sexy du monde, à savoir une chemise d'hôpital en papier par dessus un... Adorable pyjama avec des canards. Personne n'est parfait !
"Ca va ? Tu veux que j'appelle une infirmière ? J'suis désolée, je pensais pas que... Enfin je veux dire, tout le monde n'a pas un téléporteur dans son lapin en peluche !"
Je lui faisais un clin d'oeil et l'accompagnait pour qu'il puisse se rasseoir sur le lit.
"Heu... La question va te sembler bizarre, hin... Mais... Tu es un mutant, toi aussi ?"
Et merde. Le toi aussi était parti comme un pet, j'avais l'air conne. D'un autre côté je risquais quoi ? Si Marius était un mutant nous étions dans le même camp, non ? Enfin je crois...
"Et merde, j'me suis vendue... Rassure-moi c'est bien toi qui as fais ça, hin ? Si tu me dis que tu vas me faire la peau parce que j'ai admis en être une moi aussi, tu veux bien me laisser deux minutes d'avance le temps que je sorte ? Je tiens à ma vie, en fait..."
Je me suis déjà faite fracasser hier, pas envie de recommencer, je pensais.
"Mais... Si c'est toi qui as fais ça, ça fait longtemps que tu peux voyager comme ça d'un coin à un autre ? C'est trop cool ! J'adorerais savoir faire ça ! Et lire dans les pensées des gens... Et jouer avec le feu... Et... Non en fait y a trop de mutations trop cool !"
Et merde, voilà que je parlais comme mon père, à m'emballer en disant que toutes les mutations étaient géniales. Et j'avais un instant oublié que Marius n'était peut-être pas si enjoué que ça, au final...
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Mar 18 Aoû 2015 - 1:16
Elle me rend ma bonne humeur. Pour être franc, ça n’allait pas fort, je me contentais de survivre jusque là en bouquinant et en me changeant les idées avec quelques démonstrations mais là… putain, Moira, elle gère sa mère. C’est dingue comme les amitiés d’enfance peuvent se volatiliser et se rematérialiser en un claquement de doigt, sur une rencontre fortuite au milieu d’un hôpital. C’est dingue mais c’est génial, c’est dingue, totalement taré, mais j’aime ce genre de folie, beaucoup plus que celle qui pousse des psychopathes à flinguer des gens aussi beaux gosses que moi. En un clin d’œil, on se téléporte il y a genre quoi, douze ans ? plus même ! Et on ne se téléporte pas à n’importe quel endroit : BAM, me voilà devant nos parents en colère, entre l’amusement de ceux de Moira et la gifle que m’assène mon père dans toute son indignation devant la connerie que je viens de faire. Putain, qu’il était con. Pas qu’il soit plus intelligent maintenant, mais à l’époque, c’était tellement épique, nous étions sur la pente ascendante de l’insolence, je repoussais de plus en plus les limites en me demandant à quel moment mon père allait sincèrement vouloir me frapper et ma mère daigner me remarquer. J’éclate de rire en me remémorant la tête de son petit frère. Il avait beau avoir mon âge, j’avais l’impression qu’il en avait quinze de plus tellement il n’était pas drôle, le con. "Hè ! N'insulte pas mon frère, petit con !" Ca me fait rire encore plus, j’ai bien envie de lui dire que j’insulte son frère autant que je veux mais déjà on embraye sur un autre sujet beaucoup moins drôle vu que j’ai vaguement évoqué la gentillesse et la douceur de mon enfoiré de père. "Sérieux ? Wouaw... Ton père fait vraiment froid dans le dos... J'ai jamais vu un type aussi... Antipathique, en fait ! Ou alors ça doit être l'habitude du mien, qui fait souvent peur aux gens à sauter partout..." Antipathique, c’est juste totalement le terme, ouais, même si je préfère dire connard.
Je pense forcément à sa dernière visite. Putain le con. Son cadeau, son… écoute ?, je n’arrive toujours pas à savoir à quoi il joue. J’ai juste envie de le baffer, en fait, j’ai juste envie de ne plus le voir, de me cacher sous ma couverture, de… Un petit lutin agite ses bras dans ma tête : youhou Marius ! Moira est toujours là ! Ecrase ton père et concentre toi ! Merci petit lutin. De rien crétin. Je crois que les antidouleurs, ou le peu qu’on m’autorise à m’injecter, ont un effet nocif sur ce que j’appelle avec outrecuidance cerveau. Ouais, je connais le mot outrecuidance. C’est parce qu’à la base, je croyais que ça avait un rapport avec le droit de cuissage (la seule chose que j’ai retenu des bouquins d’histoire que mon père nous forçait à lire) alors bon… Bref. Moira. Ses questions. Ma connerie. Martial. Ce qu’on fait dans la vie. On rattrape vraiment le temps perdu à une vitesse telle qu’on serait criblé d’amendes sur l’autoroute : j’adore le concept.
"Tes parents sont des cons finis. Il n'y a pas de sous métier, être musicien c'est mettre sa sensibilité au service du public... Être PDG de n'importe quelle entreprise c'est privilégier la froideur de l'argent au détriment des sentiments, j'vois pas en quoi c'est mieux ! Alors oui. Désolée si je leur manque de respect, mais comme on dit chez moi : Ton père pue du cul !" J’éclate de rire. Encore une fois. Heureusement que Kingsley ne m’a pas cassé de côtes, bordel, sinon j’aurai été mal. J’éclate de rire tout en me sentant mal. Martial, le violon, le violon, Martial… je n’aime pas trop aborder ce sujet parce que je me suis toujours senti super coupable d’avoir pu faire – et abandonner sans explication – ma passion alors que Martial, lui,… bah Martial quoi. « T’excuses pas, va ! Bien au contraire, c’est pas moi qui vais te contredire sur cet enfoiré, tu sais très bien ce que j’en pense. » Mes parents sont des cons finis, je le sais. Ca fait super mal, même à vingt-sept ans, mais s’il y a bien une chose que je suis incapable de faire c’est de les défendre. Défendre Martial, toujours, jusqu’à la mort, mais défendre mes parents… la grosse, grosse, grosse blague. La blague digne de celle de l’aveugle qui rentre dans un bar. Sauf qu’on rit jaune dans le cas de la première, et qu’on pleure de rire pour la deuxième.
On achève le sujet, on passe à autre chose, on parle de moi, d’elle, de ce qui nous fait atterrir ici et… NON. Non, non, non, je proteste. Chester ! Je l’attrape dès que possible en souhaitant disparaître avec mon lapin et… Je hurle de douleur alors que je m’écroule au sol, de l’autre côté de la chambre. J’ai le souffle coupé, le cœur qui bat la chamade mais ce n’est pas le pire : c’est quoi ce bordel, putain ? C’est elle ? "Mais... Mais non ! J'ai rien fais ! Comment tu voudrais que je fasse ça, je suis pas magicienne !" Je panique un peu, là, en serrant Chester contre moi. J’essaye de me relever, voilà déjà Moira qui m’aide. Je remarque presque pas – dommage pour elle, y’a le presque – son magnifique pyjama alors qu’elle me ramène à mon lit. "Ca va ? Tu veux que j'appelle une infirmière ? J'suis désolée, je pensais pas que... Enfin je veux dire, tout le monde n'a pas un téléporteur dans son lapin en peluche ! Heu... La question va te sembler bizarre, hin... Mais... Tu es un mutant, toi aussi ?" Hein ? « J’adore ton pyjama » C’est la première connerie qui me vient à l’esprit. Martial raisonne encore un peu, parfois, dans mon crâne. Et faut dire qu’avec Astrid et Kingsley et la douleur qui se diffuse dans ma jambe… j’ai pas trop trop envie de m’étendre sur le sujet. Même si son aussi pousse à la confession. J’adore ton pyjama : voilà, c’est neutre, c’est classe. Et ça attire son regard sur mon tee-shirt iron-man et le caleçon assorti. "Et merde, j'me suis vendue... Rassure-moi c'est bien toi qui as fais ça, hin ? Si tu me dis que tu vas me faire la peau parce que j'ai admis en être une moi aussi, tu veux bien me laisser deux minutes d'avance le temps que je sorte ? Je tiens à ma vie, en fait..." Je secoue la tête en considérant Chester d’un autre œil. Martial m’a interdit de parler de ma mutation, bordel. Mais Chester m’a… téléporté. Ou plutôt, je me suis téléporté vu que de toute évidence, c’est ni Chester mon lapin, ni Moira mon lapin qui s’est amusé. Bordel. "Mais... Si c'est toi qui as fais ça, ça fait longtemps que tu peux voyager comme ça d'un coin à un autre ? C'est trop cool ! J'adorerais savoir faire ça ! Et lire dans les pensées des gens... Et jouer avec le feu... Et... Non en fait y a trop de mutations trop cool !" J’hausse les épaules en me réinstallant sur le lit, en décalant mon bouquin, en cherchant la pompe à morphine comme dans les films que je n’ai pas, bien évidemment. Putain de cœur à la con, putain de père à la con qui surveille. Putain de médecins, aussi.
« Attends, là, Momo, je comprends rien. J’imagine que c’est moi, si c’est pas toi. Ou alors on a fumé sans s’en rendre compte et on plane totalement. Mais… putain de merde, j’ai jamais fait ça avant. Putain. C’est flippant, là, bordel. » J’ai envie d’être trop enthousiaste et tout, mais je ne pense qu’à Kingsley, je ne pense qu’à Martial, je ne pense qu’à Astrid. Putain, mais pourquoi ça m’arrive à moi, ça, hein ? « Putain, vaccin de merde, c’est de la connerie leurs trucs, en théorie, ça supprime les mutations, hein ? Parce que là, j’ai l’impression que ça a juste fait un putain de puzzle avec mes gènes et toute la connerie. J’suis pas un téléporteur, bordel ! En théorie, je joue juste au sumo... » Je flippe. Je flippe à mort. Je sais que c’est cool, je sais que je vais adorer cette mutation, que je vais pouvoir aller foutre une raclée à Kingou et tout, mais pour le moment : je flippe à mort. Parce que déjà que j’arrivais pas des masses à contrôler l’autre, la normale, la naturelle, j’ai juste l’impression qu’on m’a collé un troisième bras en mode tiens, cadeau, maintenant tu vas pouvoir te branler tout en buvant une bière et en lisant ton bouquin de maths. Bordel. C’est flippant, voilà tout. Et je verrai demain l’utilité du truc, pour le moment, j’ai juste envie de serrer Chester contre moi et de hurler un MARTIAAAAAAAL pour qu’il vienne tenter de comprendre avec moi ce qui se passe. Putain.
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Mar 25 Aoû 2015 - 0:31
Long time no see !
ft. Marius Caesar
« Règle n°7 du mutant qui survit : Savoir entretenir les vieilles relations »
La dernière fois que j'avais vu Marius, il faisait deux têtes de moins que moi et avait encore une voix de gamin et pourtant, j'avais l'impression que rien n'avait changé. Bon à deux-trois centimètres près et de la classe en plus. Mais pour ce qui est de cette façon de parler et de cet humour, il n'avait pas changé, à mon grand soulagement ! J'aurais été très déçue de retrouver un type morose et sérieux, assommé par les réprimandes de son père au point d'en être devenu... Quelqu'un d'autre, finalement. Je n'avais jamais trop compris pourquoi les gens fuyaient après lui avoir parlé cinq minutes. Bon ok, la blague d'un aveugle qui rentre dans un bar et se prend une table, ça ne faisait rire que lui. Et... Moi. Oui, j'avoue, mon humour déplorable allait de paire avec le sien, ce qui m'avait toujours manqué chez mon propre frère. Et je trouvais ça d'autant plus dingue de retrouver Marius ici, après toutes ces années ! Surtout dans un coin aussi paumé !
Et puis nous évoquions nos souvenirs, surtout nos innombrables conneries et les merdes que nous avions pu faire subir à nos parents... D'Artur qui me sommait d'arrêter, de Martial qui souriait malgré lui... De ces deux attitudes presque opposées que j'adoptais avec un jumeau puis l'autre... Les conneries que je faisais avec l'un, la passion que je partageais avec l'autre. Bon et le petit faible que j'avais toujours eu pour Martial, mais chut, c'est secret. On en vint à reparler des parents de Marius, et malgré son rire, je me mordais la lèvre. Je me demandais toujours comment on pouvait en arriver à se point de rupture avec ses parents, et je me rappelais alors les mots si durs que mon frère avait eu à mon égard, cinq ans plus tôt... Le sang ne faisait pas tout, on ne pouvait pas toujours correspondre à l'image que les autres se faisait de nous.
Bon... Ce sujet de conversation devenait un peu trop sérieux à mon goût, et je ne résistais pas à la tentation de dévier un peu sur autre chose... Jusqu'à trouver cette espèce de chose immonde que Marius avait planqué sous son oreiller. Sérieux... Chester, quoi... Ce vieux tas de chiffon qui avait vaguement l'allure d'un lapin... Enfin j'aurais pu continuer longtemps à le détailler si Marius ne s'était pas tout bonnement volatilisé. Et alors que j'aidais Marius à se rasseoir sur le lit – on avait l'air de deux petits vieux en fin de vie, mais passons – il commençait à... S'énerver ? Paniquer ? Aucune idée. En tout cas il était d'un vulgaire ! J'aurais du comptabiliser le nombre de putain et bordel en l'espace de deux minutes ! Et ce con continuait à paniquer... C'est bon, pas la peine de s'affoler, c'est qu'une mutation ! Quoi que... Je prenais pas ça un peu trop à la légère, finalement ?
Et surtout, je ne pigeais rien de ce qu'il était en train de me baver... Pas un téléporteur ? Un sumo ? Minute... Ce n'était pas sa vraie mutation ? Et c'était quoi cette histoire de vaccin ? Non... Marius, t'as pas fais ça ! T'as pas cédé aux hunters, quand même ! J'étais farouchement opposée aux vaccins depuis le début, et je grinçais des dents dès que j'entendais un mutant en parler. C'était à peu près aussi aberrant que de se faire refaire le nez ou les seins, à mes yeux ! Et je me retenais de demander à Marius s'il comptait se faire poser un 90D et le nez de Barbra Streisand dans la foulée, histoire de continuer dans les aberrations...
"Hè oh attends... Deux minutes, tu veux bien ? On va remettre les choses dans l'ordre tout de suite, mais d'abord tu te calmes."
Et puis comme je voyais bien qu'il paniquait et qu'il n'avait pas l'air d'avoir l'intention de me planter une seringue dans l'épaule ou un flingue dans la bouche... J'allais jouer les super sorcière, moi aussi. Quand j'étais gamine, mon frère faisait des cauchemars presque toutes les nuits. Et nous étions si proches que nous refusions d'être séparés, nous partagions toujours la même chambre, les mêmes jouets, tout. Alors quand il se mettait à paniquer dans son sommeil, je me précipitais jusqu'à son lit et le rassurais grâce à mon pouvoir. Il me suffisait de trouver la fréquence de résonance de son oreille, de son corps, pour l'apaiser et l'aider à se rendormir. C'était un phénomène qui n'avait rien de magique, ça relevait simplement de la physique : A l'instar d'un morceau de musique capable de vous soulever les tripes, j'arrivais à faire moduler ma voix de façon à le calmer.
Alors... J'avais perdu la main, c'est vrai... Ces dernières années, j'utilisais plus souvent mon don dans un but destructif, pour faire du mal, blesser, nuire... Parce que je n'avais plus envie d'aider qui que ce soit et que blesser les autres comme j'avais été blessée... C'était plus facile, moins contraignant... Mais là, ce n'était pas le moment de lui casser les oreilles, à l'estropié. Je m'éclaircissais la gorge un moment et, lorsque je me mis à parler, ma voix avait pris une couleur différente, comme si elle vibrait avec chaque élément présent dans la pièce. Comme si je cherchais à entourer chaque particule de l'air d'une chaleur apaisante. Tout en douceur, chaque mot que je prononçais devait lui donner l'impression de s'enfoncer dans une énorme guimauve sucrée. Finalement, l'avantage de ce don, c'était de profiter de l'effet planant d'une drogue sans avoir à en subir l'addiction. Oui. J'étais à peu près aussi efficace qu'un rail de coke, charmant non ?
"Voilà... On va mettre les choses à plat, tu te calmes, tu restes tranquille et ça va bieeeen se passer... Déjà on va mettre le hola sur les putain et les bordel, c'est pas très joli et quand on est poli on dit coureuse de remparts. Tu n'as qu'à imaginer... Que tu es sur le pont des arts, tu te souviens de cette fois où on avait balancé la moitié des cadenas accrochés dessus dans l'eau ?"
C'était bête, je sais, mais il fallait qu'il se calme un peu pour pouvoir retrouver ses esprits, d'autant qu'il avait vraiment l'air perturbé. Je sentais l'air vibrer autour de lui, c'était palpable.
"Ca va mieux ? Tu veux bien me dire ce que c'est que cette histoire de vaccin ? Enfin non, commençons par le début. C'est quoi ta mutation, à l'origine ? Parce que jouer au sumo... Là j'avoue que je vois pas trop où tu veux en venir. Tu en as eu marre et tu as cédé au vaccin ? On dirait bien que ça t'a joué des tours !"
Je me forçais à rire, mais ça ne me faisait pas rire du tout. Le NH24, 25, 30 ou quarante douze, rien à foutre. Ca restait une pourriture pour les gens comme nous, et j'espérais, bêtement, que Marius ne se l'étais pas injecté lui-même...
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Ven 18 Sep 2015 - 10:51
De base, je déteste, mais alors je déteste vraiment les hôpitaux. Déjà parce que c’est là que ma carrière dans le handball a volé en éclats et ensuite parce qu’à six ans, j’ai failli y crever et que c’est depuis mes six ans justement que j’ai cessé d’être le fils de ma mère pour ne devenir qu’un petit meuble, ou une plante verte particulièrement fanée et répugnante qui ne méritait même plus son regard. Alors les hôpitaux, merci bien, je ne peux plus les voir en peinture. De base, donc, je déteste les hôpitaux. La venue de mon père hier n’a rien arrangé. Mais Moira, putain mes retrouvailles avec Moira… l’hôpital gagne quelques points inespérés. Rien n’a changé entre nous, j’ai l’impression, si ce n’est notre taille et notre classe naturelle (surtout la sienne parce que je suis certain que déjà à l’époque, j’étais diablement sexy). Rien n’a changé entre nous et surtout pas notre maturité, je m’en rends particulièrement compte lorsqu’elle saisit une oreille de Chester et qu’elle éclate de rire. Il ne me faut pas longtemps pour réagir et… pardon ? Je pousse un cri de douleur en me retrouvant de l’autre côté de la pièce. Je panique. Je panique totalement parce que je ne comprends pas ce qu’il se passe, là. J’ai été vacciné, j’ai été vacciné il y a je ne sais pas combien d’heures, de jours et… c’est quoi ce bazar, là ? Moira m’aide à me rassoir sur le lit, j’essaye de lui expliquer entre deux putain et bordel ce qui se passe dans ma tête. C’est la panique. La panique totale : je ne comprends rien à ce qui m’arrive et surtout… si c’est une nouvelle mutation, qu’est ce qu’elle fout là ? Et comment je l’ai eue ? Et si Kingsley me retrouve, je vais juste mourir. Mon cœur se prend pour un dieu du chaos, j’en ai même presque du mal à respirer. Normalement, je peux juste faire joujou avec mon poids, je peux pas disparaître et… réapparaître. C’est vraiment n’importe quoi, et Moira qui prend ça avec tellement de… j’ai mal à ma jambe mais ça passe presque au second plan. Je panique. Et elle qui semble… "Hè oh attends... Deux minutes, tu veux bien ? On va remettre les choses dans l'ordre tout de suite, mais d'abord tu te calmes." Non, non, je ne me calme pas. J’écarquille les yeux avant de me prendre la tête entre les mains. Je veux mon frère, je veux mon jumeau, je veux celui qui sait ce qu’il faut me dire pour que je me calme. « C’est pas normal, c’est pas normal » Je marmonne dans ma langue maternelle, à la recherche d’une cohérence et… la voix de Moira est étrange. Elle me prend aux tripes, est comme une main qui se pose sur mon épaule et me dit que ça va aller. "Voilà... On va mettre les choses à plat, tu te calmes, tu restes tranquille et ça va bieeeen se passer... Déjà on va mettre le hola sur les putain et les bordel, c'est pas très joli et quand on est poli on dit coureuse de remparts. Tu n'as qu'à imaginer... Que tu es sur le pont des arts, tu te souviens de cette fois où on avait balancé la moitié des cadenas accrochés dessus dans l'eau ?" Je prends sur moi pour me calmer mais je n’en ai même presque pas besoin : ça se fait tout seul. Je relève la tête pour regarder Moira dans les yeux, alors que mes doigts se serrent sporadiquement sur Chester, comme à la recherche d’un point d’appui tangible. "Ca va mieux ? Tu veux bien me dire ce que c'est que cette histoire de vaccin ? Enfin non, commençons par le début. C'est quoi ta mutation, à l'origine ? Parce que jouer au sumo... Là j'avoue que je vois pas trop où tu veux en venir. Tu en as eu marre et tu as cédé au vaccin ? On dirait bien que ça t'a joué des tours !" Son rire sonne faux, moi je ne sais pas si je dois disparaître ou m’énerver, si je dois me rouler en boule dans un coin ou appeler Martial.
Et le silence, pendant quelques secondes, me tapote l’épaule et me fait remarquer que Moira attend de toute évidence une voire plusieurs réponses. Je ne sais pas par où commencer. « Je… qu’est ce que tu m’as fait ? Oh, peu importe… je… » Je commence par prendre mon inspiration, ça me semble être un bon début. Avant de me passer une main nerveuse dans mes cheveux, histoire de les décoiffer un peu plus. Comme à chaque fois que je suis mal à l’aise. « Martial veut pas que ça se sache donc j’sais pas si… » Je sais que j’ai l’air d’un gamin pris en flagrant délit de… de quoi ? J’en sais rien, j’en sais tellement rien. J’ai confiance en Moira, plus qu’en quiconque, mais j’ai encore plus confiance en Martial même si… « J’sais pas, je comprends rien. Y’a… bientôt six ans, j’ai découvert que je pouvais contrôler ma densité et ça marchait plutôt bien mais… » Six ans. Quand j’ai arrêté le hand. Mais elle ne le sait pas. J’ai l’impression d’avoir l’air d’un gamin mais j’ai aussi l’impression d’être brutalement adulte, là. J’ai envie de raconter des conneries, mais ma mutation… c’est du sérieux. Surtout après Moren. Et Martial. Putain, Martial… « Dès qu’il y a eu le vaccin, j’me suis débrouillé pour en acheter une dose mais de toute évidence, c’est totalement foireux, leur bazar… je comprends pas… ça fait chier cette affaire… » Pourquoi j’ai pris le vaccin ? Je n’ai pas envie de lui dire. Je suis certain qu’elle ne va pas comprendre et je n’ai pas envie qu’elle pense que Martial est responsable de tout ça. C’était mon choix, de toute manière. Et ça ne regarde que moi. Comme le fait que cette vaccination n’est pas la plus récente et qu’on m’a tabassé la deuxième fois. « Et toi ? C’est quoi ton truc ? » Je me force à décrisper mes doigts et à lâcher Chester. « T’as une idée de pourquoi je… pffuit… »
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Dim 27 Sep 2015 - 13:16
Long time no see !
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« Règle n°7 du mutant qui survit : Savoir entretenir les vieilles relations »
J'aurais pu trouver la situation amusante. Vraiment, j'aurais pu me marrer, me moquer de Marius qui paniquait comme un con parce qu'il venait de brusquement se téléporter à l'autre bout de la pièce mais... Ça me semblait trop grave pour le faire. Son inquiétude était palpable et communicative, et je sentais qu'il vivait très mal le fait d'avoir hérité d'une mutation totalement aléatoire et différente de celle qu'il avait d'habitude d'utiliser. Pourtant je pensais en connaître long sur le phénomène mutant ! Mon père, cet espèce de hippie accro à la théorie de l'évolution, avait passé des années à m'aider à contrôler mon don, à m'expliquer d'où il venait et en quoi ça faisait de moi quelqu'un de différent mais pas nécessairement monstrueux... En revanche, il n'était toujours pas parvenu à expliquer pourquoi certains humains naissaient avec ce gêne, et je n'avais encore jamais entendu parler d'une mutation qui évolue de la sorte.
Et voilà qu'il se mettait à baragouiner en français... Compte pas sur moi pour te suivre, mec, j'ai l'accent le plus pourri de la planète ! Aussi, la seule chose que je pouvais faire pour l'aider, c'était justement faire usage de ma mutation pour le calmer. J'avais bien conscience que c'était une aide artificiel, que j'incitais son corps à se détendre et que ce serait sûrement passager, mais entre sa panique communicative et les bips de plus en plus rapides de l'électrocardiogramme à côté de lui... J'avais fini par me dire que c'était sûrement la meilleure solution. Lorsqu'il fut calmé, ma voix retrouva son timbre ordinaire. J'étais toujours convalescente, et même si je connaissais ma mutation par cœur – au bout de vingt cinq ans, l'inverse aurait été étonnant – je préférais ne pas en abuser et risquer de m'épuiser davantage.
Marius me demanda alors ce que je lui avais fais, sur un ton si agressif que j'en pinçais les lèvres. Surtout ne dis pas merci, hin ! Ah les jeunes... Et lorsqu'il remit sur le tapis son excuse habituelle, à savoir Martial ceci, Martial cela – avec les années je n'avais toujours pas oublié – je haussais un sourcil.
"Tu sais, Marius... Ça va bientôt faire quinze ans qu'on ne s'est pas vus, mais ça ne change rien pour moi : Ce que tu me confies, je ne vais pas aller le crier sous les toits. Et puis ton frère n'est pas là, ça restera entre nous !"
Bon ok, j'étais très curieuse d'en savoir plus, mais je savais à quel point Marius attachait une importance capitale à ce que lui disait son frère. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, puisque je pardonnais tout au mien et était prête à exhausser le moindre de ses désirs. Marius consentit finalement à me parler un peu plus de sa véritable mutation, et je l'écoutais attentivement sans dire un mot. Seulement, je ne pu retenir ce claquement de langue désapprobateur lorsqu'il parla du vaccin. Maudit soit le type qui avait inventé cette horreur... Contrôler sa densité c'était génial ! Pourquoi avoir honte à ce point de ce qu'on est ?
"Tu l'as fais de ton plein gré ? Ou bien on t'a... Aidé à te décider ?"
Je parlais du vaccin, bien sûr. J'avais du mal à contrôler le ton acide de ma voix, mais j'étais et resterais farouchement opposée à cette pratique. C'était comme priver n'importe qui d'un membre, ça n'avait aucun sens... A l'extrême limite, que l'on vaccine un pyrugiste cinglé qui aurait décidé de réduire la planète en cendres, ça passait. Qu'il soit armé d'un lance-roquettes ou d'une mutation potentiellement létale, un terroriste reste un grand malade.
"Je ne suis pas biologiste, t'es pas pharmacien, mais nos paternels si. Les vaccins qui plantent, les remèdes qui ne sont pas au point, on en voit régulièrement, et si tu veux mon avis... Ils ont balancé ça sur le marché sans même être sûr que ça serait sans danger ! Il doit y avoir des effets secondaires, ou un truc du genre... Enfin si je puis me permettre ça reste plutôt cool comme effet, non ? Tu aurais pu... Je sais pas, te retrouver avec un bras en plus ou pire ! Paralysé ! Je n'ai jamais été vaccinée et c'est pas demain la veille que ça arrivera, quand je vois les dégâts que ça fait..."
Et malgré tout, je ne comprenais pas pourquoi Marius était perturbé à ce point... Il avait la trouille ou il était simplement contrarié ? Aucune idée, je ne le connaissais pas non plus assez pour lire ça sur son visage.
"C'est temporaire ou définitif, leur saloperie ?" Demandais-je à mi voix en frissonnant.
L'agacement que j'avais pu ressentir en apprenant que Marius avait cédé au vaccin venait de laisser place à un étrange sentiment de compassion. Il avait l'air plus mal qu'autre chose, finalement... Finir à l'hôpital pour une obscure raison et découvrir en plus de cela un nouveau don, ça ne devait pas être évident à avaler. Perdue dans mes pensées, je sursautais quand Marius me demanda en quoi consistait mon don.
"Oh heu... Je devais avoir cinq ans quand c'est arrivé, j'ai découvert que je pouvais faire... Vibrer ma voix avec tout ce qui m'entoure. Le genre casser des vitres ou briser des tympans, quoi... C'était pas l'éclate, au début, je ne pouvais pas ouvrir la bouche sans provoquer des saignements de nez à tout va... Je crois que sans l'aide de mes parents je n'aurais jamais pu contrôler ça. En revanche, autant te dire que s'il y en a bien un qui me fait la guerre là dessus, c'est Artur..."
J'évitais de préciser qu'à une époque, j'avais tout de même songé à me faire retirer les cordes vocales, tant je paniquais à l'idée de voir quelqu'un tomber dans les vapes juste en lui disant bonjour... Suite à cela, Marius me demanda si j'avais une idée de pourquoi il arrivait à se téléporter. Je haussais les épaules avec une expression de profonde incertitude.
"Franchement... Non. Enfin je veux dire à part que le vaccin soit foireux, je ne vois pas ! Et même, ça n'a pas de sens ! Comment un truc censé te retirer ta mutation pourrait t'en donner une nouvelle ? Ou alors ton corps s'adapte et mute encore... Wow... Ça devient trop scientifique pour moi, là..."
Déjà que le principe de gêne différent des autres m'échappait un peu...
"Je pense que tu as tout intérêt à profiter ce nouveau don pour essayer de le maîtriser, plutôt que de chercher à t'en débarrasser... Et je ne dis pas ça parce que je suis contre le vaccin, je dis surtout ça parce que si c'est à cause de lui que tu peux te téléporter... Imagine ce que ça pourrait faire si tu te revaccinais ? Si c'était encore pire ?"
Je n'étais pas certaine d'avoir envie d'imaginer ça, finalement... Peut-être que je me trompais, et que la faculté à se téléporter de Marius n'était qu'une nouvelle évolution – ce qui en soi était bien plus cool qu'un effet secondaire – mais je me méfiais. A mes yeux, la moindre fiole d'un liquide indéterminé terminée par une foutue aiguille était un instrument de mort et de torture.
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Mar 6 Oct 2015 - 19:57
Je parle couramment anglais, je n’ai plus aucun problème sur ce plan là depuis des années, j’ai même appris la langue à vitesse éclair lorsqu’on a débarqué aux US. Ca pourrait étonner les gens qui me connaissent un minimum, d’ailleurs, vu l’amour que j’ai toujours montré pour les études, le travail voire simplement la curiosité que je peux avoir envers ce qui me demande un minimum d’efforts sans être lié au Hand. Donc voilà, je parle anglais couramment – merci à mon connard de père à ce propos – mais lorsque je panique, lorsque je suis totalement déboussolé ou perturbé, c’est instinctif : le français déboule pour hurler et courir de partout en agitant les bras. Comme maintenant. Mes c’est pas normal s’entrechoquent dans ma bouche alors que j’ai envie de m’arracher les cheveux. Et aussi vite qu’elle a débarqué, ma panique s’échappe, mon rythme cardiaque se calme, je me détends sans trop comprendre ce qui pourrait me permettre de me détendre dans une situation comme celle-ci. Le bizarre, je commence à l’appréhender, entre ma mère qui me considère comme mort depuis bientôt vingt-et-un ans, mes gènes qui déconnent et toute cette merde qui nous environne à coup de Hunters et de Mutants. Le bizarre, je gère un peu. Mais un changement de mutation… ils sont sérieux, là ? J’ai envie de me rouler en boule dans un coin, j’ai envie d’appeler mon frère, j’ai envie de prendre Chester dans mes bras et d’en mordiller les oreilles en attendant que ça passe. Mais comme je suis un grand garçon et que je tiens quand même à comprendre, je prends sur moi. Et je tente de répondre aux questions qu’elle m’a posées. Sauf qu’il y a un problème : mon frère m’a dit et redit de ne pas en parler. Et s’il y a bien une seule personne au monde que j’écoute sans râler, sans chipoter, sans réfléchir, c’est bien Martial. "Tu sais, Marius... Ça va bientôt faire quinze ans qu'on ne s'est pas vus, mais ça ne change rien pour moi : Ce que tu me confies, je ne vais pas aller le crier sous les toits. Et puis ton frère n'est pas là, ça restera entre nous !" Je la foudroie du regard. Il n’est pas question de mon père, là, mais de Martial. S’il dit un truc, je le fais, qu’il ne soit pas là ou pas. Ca ne change vraiment rien même si… Il était là, justement, lorsque Kingsley m’a… Je lâche un soupir. Tendu. Nerveux. Je me prends la tête entre les mains. Bon sang, il faut qu’on m’explique, il faut qu’on me… Une inspiration. J’ai confiance en Moira. Pas autant qu’en Martial mais… c’est une amie d’enfance. Elle me connait plus que je ne le voudrais. Et elle est plutôt sexy. Et c’est une amie d’enfance. Une mutante aussi. Y’a… bientôt six ans, j’ai découvert que je pouvais contrôler ma densité… Je commence à lui raconter. En résumé. En très résumé, même. Ce dont je n’ai jamais parlé à qui que ce soit. Etrangement, ça… fait du bien de mettre un mot sur ce que je vis depuis presque six ans. Entre ma mutation, le silence, l’incompréhension. Je ne maîtrise pas grand-chose et mes deux vaccinations… je mens, bien sûr. Pas question de lui dire que je n’en suis pas à mon premier vaccin et même pas question de lui dire que je n’ai pas été foutu de me défendre contre un connard en costard. Pas que j’en aie honte mais… borde… je suis pitoyable. Et Cressy qui attend un gosse de moi, et Astrid qui… "Tu l'as fais de ton plein gré ? Ou bien on t'a... Aidé à te décider ?" Je fronce les sourcils et crée de toute pièce le sourire sur mon visage.
Comme si j’étais capable de sourire, là. « Parce que tu crois vraiment que quelqu’un au monde serait capable de me faire faire un truc que je ne veux pas faire ? » J’ai toujours été doué pour mentir. Sauf lorsqu’il y a une vague histoire de raton-laveur qui débarque pour me piquer mes pancakes, dans ces cas là, les gens sont un peu sceptiques. Mais j’ai toujours été doué pour mentir, et pour être convaincu de ce que je raconte même lorsque c’est absolument stupide. Comme la fois où j’ai soutenu, droit dans mes bottes, que c’était un canard qui avait bouffé ma copie d’allemand, au lycée. Un canard. Sans me démonter. Sans même sourire mais avec cet air très sérieux qui avait le don d’agacer le proviseur. Et pareillement, je suis très sérieux lorsque j’invente une quelconque drôlerie dans mes propos et que je me marre. Sans vraiment y mettre du cœur. « Wow, Moira, parle de moi là, je me suis foutu ce vaccin dans les veines comme un grand garçon. Ne me dis pas que t’as toujours peur des aiguilles quand même ?! » Je tente de reprendre pied, d’arrêter de me noyer, de dédramatiser la situation. Pourtant… je flippe toujours autant, il ne faut pas croire. Je suis juste doué pour simuler. Mais si je commence à pouvoir me téléporter, ça va devenir incontrôlable. Vraiment incontrôlable. « Nan, réponds pas, pas envie de savoir. Mais ouais, je sais que les vaccins peuvent foirer. Tu veux que je te rappelle Malaria ? Nan mais… putain… si j’avais su… » Si t’avais su quoi, Rius ? La bonne blague. Si j’avais su qu’Astrid me planterait, si j’avais su que le pote de mon frère était un psychopathe, si j’avais su que ma mutation, c’était que de la merde pour se défendre ou même attaquer… Je force mes doigts à se décrisper des oreilles de Chester que je me convaincs même à relâcher et à remettre sous mon oreiller. "C'est temporaire ou définitif, leur saloperie ?" J’hausse les épaules. « Aucune idée. Définitif j’espère. Dans tous les cas, dès que je sors d’ici, j’en achète un autre, rien à battre. J’vais passer pour un junkie tiens… » Je lâche un petit rire. Ca ne va pas lui plaire ? Rien à battre. C’est une connerie d’additionner les vaccins, vu mon cœur pourri ? Rien à battre. Je préfère changer de sujet : et elle, c’est quoi son truc bizarre ? C’est quoi son histoire ? « Oh heu... Je devais avoir cinq ans quand c'est arrivé, j'ai découvert que je pouvais faire... Vibrer ma voix avec tout ce qui m'entoure. Le genre casser des vitres ou briser des tympans, quoi... C'était pas l'éclate, au début, je ne pouvais pas ouvrir la bouche sans provoquer des saignements de nez à tout va... Je crois que sans l'aide de mes parents je n'aurais jamais pu contrôler ça. En revanche, autant te dire que s'il y en a bien un qui me fait la guerre là dessus, c'est Artur... » Artur ? M’étonne pas, c’est un p’tit con qui aurait sûrement adoré avoir le grand, le noble, le talentueux, l’enfoiré d’Hippolyte Caesar en paternel. Je préfère ne pas trop penser à lui pour tenter de comprendre ce qu’elle veut dire, niveau mutation. Ca a l’air d’être le gros bordel avec son truc de voix et de tympans. Le Marius qui adore la physique commence déjà à calculer à quelle fréquence elle doit moduler sa voix pour entrer en résonnance avec le verre, mais le Marius stupide préfère se dire qu’en fait, ouais, contrôler sa densité ou se téléporter c’est sûrement moins galère. Moins utile, mais plus discret. Comme les cheveux blonds comparés aux cheveux roux. Mince, mais alors, Moira elle accumule les tares ? Tais-toi, ferme-la Marius. D’accord. Il faut que j’arrête d’osciller entre le sérieux et la stupidité la plus complète et que je me concentre sur un seul état d’esprit. Mais j’aime être stupide, ça m’évite de me prendre la tête pour un vaccin si foireux qu’il a du être produit par Caesar Pharmaceutics et un génome si bordélique qu’on dirait un kamoulox de compétition. J’aime être stupide, c’est tellement plus simple que de donner à fond pour espérer répondre à des attentes qu’on est incapable d’atteindre tout simplement parce que son père est un putain d’enfoiré et de surdoué. Je me reprends la tête entre les mains, n’arrivant pas à faire la part des choses.
Et la question, hasardeuse, qui vient statuer sur mon esprit : les antidouleurs c’est vraiment mauvais pour ma réputation, je préfère être sérieux. T’as une idée de pourquoi je… pffuit… Très clair, bravo Marius, tu viens de gagner un point en élocution. "Franchement... Non. Enfin je veux dire à part que le vaccin soit foireux, je ne vois pas ! Et même, ça n'a pas de sens ! Comment un truc censé te retirer ta mutation pourrait t'en donner une nouvelle ? Ou alors ton corps s'adapte et mute encore... Wow... Ça devient trop scientifique pour moi, là..." Ouais, ben c’est trop scientifique pour moi aussi si ça peut te rassurer, Moira. Je pense à Cressy et ses milliers de doctorat dans tous les domaines du monde et surtout dans des domaines qui pourraient intéresser mon père. Peut être qu’elle pourrait répondre, tiens. Sauf que je n’ai pas non plus trop envie de lui en parler donc… "Je pense que tu as tout intérêt à profiter ce nouveau don pour essayer de le maîtriser, plutôt que de chercher à t'en débarrasser... Et je ne dis pas ça parce que je suis contre le vaccin, je dis surtout ça parce que si c'est à cause de lui que tu peux te téléporter... Imagine ce que ça pourrait faire si tu te revaccinais ? Si c'était encore pire ?" Elle est sérieuse, là ? Bon au moins, c’est clair et net, elle est contre le vaccin. Comme si je ne l’avais toujours pas compris. Contre le vaccin, et pour le contrôle de mon don ? Mais pourquoi ? Martial n’aimait déjà pas trop le précédent, mais pouvoir me… téléporter ?, c’est pire encore. « Nan, mais question que j’apprenne à contrôler c’te merde… » Pas question du tout. Surtout que si j’apprends à faire joujou avec, je risque de me faire surprendre par Moren et… Non. Non il n’en est pas question. « Moira, nan, ce que je veux c’est juste… que ça disparaisse, que ça me laisse tranquille. J’suis déjà le vilain petit canard de ma famille, pas question qu’en plus je m’éclate à me téléporter, même si ça pourrait être méga stylé. Et en plus, ça sert à quoi, hein ? Et c’est même pas… moi. Encore jouer au sumo, c’était marrant parce que je pouvais faire des salto arrières et tout, c’était fun, mais là… nan, ça sert à rien. Je veux juste être normal. Juste normal. J’ai un putain d’ADN foireux ma parole. Entre ça, mon allergie pourrie aux fruits rouges, mon… » Cœur ? Je me ferme brutalement. Sujet clôt : « Si ton truc il est aussi galère, pourquoi t’es contre le vaccin ? Surtout si Artur est difficile vis-à-vis de ça… tu tiens plus à ta mutation qu’à ton frère ? »
Moira Kovalainen
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Lun 12 Oct 2015 - 22:18
Long time no see !
ft. Marius Caesar
« Règle n°7 du mutant qui survit : Savoir entretenir les vieilles relations »
Je venais de mettre les pieds en terrain miné. Le regard glacial de Marius me suffit à comprendre qu'une chose n'avait pas changé chez lui, hormis sa connerie : C'était sa totalement dévotion vis à vis de son frère. A croire que si Martial lui avait demandé de se jeter par la fenêtre, il l'aurait fait... L'entente fraternelle c'était beau, mais fallait ptet pas abuser non plus. Autant dire que le sujet était clôt avant même d'avoir été ouvert, et je poussais un léger soupir de lassitude. Qu'il pouvait être borné, ce crétin... Ça tombait mal, car je l'étais moi aussi. Et je haussais un sourcil, incrédule, lorsqu'il affirma que personne ne pouvait le forcer à faire quoi que ce soit. Parfait, mec, tu viens de me donner la réponse que j'attendais : Ce n'est pas toi qui a choisi de te faire vacciner. Si ça avait été le cas, il n'aurait certainement pas eu besoin de faire le fanfaron comme ça. Et tout sonnait faux. De son sourire à ses mots. Je ne voulais pas lui faire la guerre pour quelque chose qui semblait le perturber au plus haut point, mais je ne comprenais pas qu'il refuse de me dire la vérité alors qu'au fond, je voulais simplement l'aider. C'était bien les mecs, ça... Jamais disposé à se faire aider par une nana !
A mon tour je le foudroyais du regard lorsqu'il mis ma phobie sur le tapis. J'avais oublié qu'il était au courant pour ce... Détail. Et je m'en serais bien passée, car moins les gens le savaient, mieux je me portais. A part lui et Artur, je doutais que qui que ce soit le sache. Oui j'avais une peur bleue des seringues... J'avais passé plusieurs mois avec les bras bardés d'aiguilles étant gamine, et j'en gardais un souvenir plus que traumatisant. La simple vue de ce genre d'engin me retournait l'estomac, me filait des frissons incontrôlables, et je me mettais généralement à pleurer comme une gamine en suppliant qu'on ne me pique pas avec. Seulement je ne contrôlais pas ce genre de chose. Ca me terrorisait, autant qu'un arachnophobe aurait été pétrifié devant une minuscule araignée. Aussi, plutôt que de confirmer ou infirmer la remarque Marius, je me contentais de me recaler dans mon fauteuil en croisant les bras sur ma poitrine.
"Vas t'faire foutre, Caesar..." , marmonnais-je entre mes dents serrés.
Et il continua sur sa lancée, la panique le rendant de moins en moins cohérent et de plus en plus désagréable. Si je me souvenais de l'affaire malaria ? Et comment ! Alors quoi ? Si t'avais su t'aurais réfléchis ? Tu sais pas réfléchir plus de deux minutes sans que ça te file mal au crâne, crétin ! S'il avait été vacciné de force, je ne pouvais pas vraiment dire grand chose à part le plaindre... Mais s'il l'avait fait de son plein gré, c'était vraiment le roi des cons. Pas seulement pour l'avoir fait, mais aussi et surtout pour ne pas s'être renseigné avant. Abruti... Aucun médicament, même le plus banal pouvait provoquer des effets secondaires. Et encore, je le trouvais chanceux. Pouvoir se téléporter, c'était quand même mieux que de se retrouver sourd, paraplégique ou complètement cinglé. Aussi, quand il recommença à faire le con, haussant les épaules en affirmant qu'une fois sortit il irait se procurer une autre dose, j'eus un petit rire méprisant.
"Soit tu dis ça pour te donner une contenance, soit t'es vraiment complètement con. Tu viens de découvrir que ton dernier vaccin a un effet kiss cool incontrôlable et tu veux remettre ça ? Et si le prochain vaccin faisait encore pire ? Tout ce que tu vas gagner à force c'est te faire descendre par un enfoiré de hunter... Et ça serait vraiment pas cool..."
Bon ok je jouais super mal la nana détachée de tout ça. Ça s'entendait dans ma voix que j'étais inquiète. Retrouver un vieil ami pour me dire qu'il deviendrait rapidement la cible favorite d'une bande de chasseur, ça ne me rassurait pas des masses. Même si à l'heure actuelle Marius me tapait sur les nerfs, je l'appréciais bien trop pour lui souhaiter quoi que ce soit de négatif. Sauf peut-être un coup de pelle dans la tronche, histoire de lui remettre les idées en place.
Il me renvoya alors la balle, me demandant quel était mon petit talent caché à moi, et j'y répondais de bonne grâce. Autant lui prouver qu'on pouvait parfaitement vivre avec une mutation aussi galère que la mienne et bien s'en sortir. La seule différence, c'était que je vivais avec depuis vingt cinq ans, pas six. J'avais eu le temps de m'y faire et surtout, j'avais eu le soutien de mes parents. Je doutais que ce soit son cas, puisque j'avais pu constater que sa mère n'était pas capable de soutenir grand chose et que son père était passé maître dans l'art de lui saper le moral h24. Mais lui, il avait son frère... Etait-il réellement certain que Martial n'aurait pas pu l'aider d'une autre manière qu'en lui disant de museler sa mutation ? J'essayais alors de le convaincre avec tous les arguments que j'avais en poche, mais rien à faire. Nous ne partagions pas le même point de vue sur la chose, c'était maintenant plus que clair. Je savais depuis longtemps que Marius se voyait comme quelqu'un d'inférieur au reste de sa famille... Mais j'étais loin d'imaginer qu'il se voit sous un jour aussi négatif. Et je trouvais ça triste. Horriblement triste. Il était peut-être hyperactif et concon sur les bords, mais ça n'en faisait pas pour autant un monstre ou une mauvaise personne. Et ce n'est certainement pas un gêne mutant qui allait changer ça. Qu'est ce qu'il croyait ? Qu'être vacciné changerait sa vie ? Que ça en ferait quelqu'un d'autre ?
Alors il me répliqua qu'il ne voulait surtout pas apprendre à contrôler cette... Merde, comme il l'appelait. Tout ce qu'il voulait, c'était que cette saloperie lui foute la paix. En un sens je pouvais le comprendre, mais il y avait un moyen bien moins invasif que le vaccin. Et on appelait ça le contrôle. D'autant que je parlais en connaissance de cause, et pas seulement vis à vis de moi. William aussi avait découvert sa mutation étant gamin. Je ne l'avais jamais entendu en parler en mal, il l'acceptait comme faisant partie de lui, mais il ne voulait pas s'en servir, ne voulait pas être différent. Il avait délibérément choisi d'apprendre à parfaitement maîtriser sa mutation pour ne plus avoir à l'utiliser du tout. Et en cinq années de vie commune, je ne l'avais vu s'en servir qu'une fois. Lorsqu'il m'avait montré en quoi elle consistait.
"Je connais quelqu'un comme nous qui a fait un autre chose. Qui a justement appris à se contrôler pour « endormir » sa mutation. C'est une question de volonté. Tout ce que tu cherches à faire, c'est fuir ce que tu es, et au final tu finiras toujours par être rattrapé par ta propre nature. Je cherche pas à te convaincre d'aller crier sous les toits ta fierté d'être différent. Je veux simplement t'aider, Marius. Le contrôle, c'est la seule solution valable. Si je n'avais pas appris ça, je te causerais en écrivant sur des post-it pour éviter de te flinguer les tympans."
A présent je ne plaisantais plus du tout. Ca me fatiguait de devoir me battre. Et je m'apprêtais à changer de sujet, pour repartir sur une conversation plus légère et badine, lorsqu'il eut la réflexion qui me fit tiquer. J'écarquillais les yeux, mes pupilles réduites à deux petits points perdus au milieu de mes iris bleus, et me raidissais sur mon siège. Comment osait-il juger ma relation avec mon frère, alors que je m'interdisais depuis tout à l'heure de lui dire que sa dépendance au sien frisait le ridicule ? Le coup parti tout seul.
Je lui assénais une grande claque, que je ne regrettais pas car elle me soulageais d'un poids. La respiration sifflante, je fixais Marius avec autant de colère que de peine dans le regard.
"Tu connais rien de tout ça... Toi t'as un jumeau sur qui tu as toujours pu compter, moi j'ai du faire face à un frère qui déteste cette partie de moi... Et tu veux savoir quoi ? Je tiens à mon frère plus qu'à n'importe qui et n'importe quoi sur cette Terre. Seulement j'suis pas une lâche. Je vais pas m'écraser simplement parce qu'il est jaloux et parce que la société nous demande d'avoir l'air normaux. Crois-moi j'y ai songé, au vaccin. Et je me suis rendue compte que lutter contre l'évolution ça servait à rien. On est né comme ça, on n'y peut rien. C'est comme toi qui est blond, moi qui rousse, c'est du pareil au même. Alors ne me redis plus jamais que je tiens plus à ma mutation qu'à mon frère."
Je me levais vivement, oubliant par la même occasion que j'étais toujours blessée, notamment ces petits bouts de côtes qui tentaient de se frayer un chemin jusqu'à mes organes. Sous la douleur je me pliais en deux, comme si on venait de m'enfoncer un poignard dans l'abdomen. Je toussais, manquais de m'étouffer et portais une main à mes lèvres pour empêcher le sang qui remontait de mon estomac de souiller le lino. Eh bah v'là autre chose... A m'énerver, je devais avoir fais bouger quelque chose, et j'en payais le prix fort maintenant.
"Putain... C'est bien le moment, tiens..."
J'attrapais un mouchoir sur la tale de nuit pour essuyer ma main et ma bouche, et me laissais retomber dans le fauteuil avec une grimace. Quelle idée j'avais eu d'arracher ma perfusion tout à l'heure... Je la voyais qui m'attendait sagement à un mètre de moi, mais je n'avais pas le bras assez long pour l'attraper.
"Tu veux bien me passer ma perf, s'il te plaît ? Pas la peine d'appeler un médecin, je vais survivre."
Puis je soupirais, retrouvant peu à peu mon calme.
"Ecoute... J'suis désolée, j'aurais pas du m'emporter comme ça. J'crois qu'on a pas du tout le même avis sur la question, et ça serait vraiment con de se faire la guerre pour ça, tu crois pas ?"
Je rendais peut-être les armes un peu facilement, mais je trouvais ça idiot de nous disputer comme des chiffonnier alors qu'on ne s'était pas vu depuis près de quinze ans.
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Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Dim 18 Oct 2015 - 0:11
"Vas t'faire foutre, Caesar..." Au moins, ça a le mérite d’être clair. Presque trop clair, même, je m’en veux presque immédiatement de m’être foutu de la tronche de Moira vis-à-vis de sa phobie. J’ai une moue d’excuse : je ne voulais vraiment pas mal faire, bien au contraire. Je voulais juste reprendre le contrôle de la discussion, me remettre dans le bain, reprendre pied pour arrêter de me noyer dans ma panique et mon malaise. Raté Marius, retourne à la case départ, ne récupère pas de dollars et va t’faire foutre, Caesar. J’enchaîne, essayant de ne pas m’attarder sur le sujet, essayant de lui faire comprendre que oui, j’étais au courant que les vaccins pouvaient être de sacrées merdes, bonjour Malaria, mais que… non. Si j’avais su, j’imagine que j’aurais fait le même choix dans tous les cas. Pourquoi ? Parce que me vacciner, la première fois, c’était la meilleure solution vis-à-vis de mon frère. Et que la dernière, ce n’était peut être pas volontaire mais… je sais que dès que je mets un pied – et deux béquilles – en dehors de ce merdier d’hôpital, il est certain que je vais me procurer une nouvelle dose de vaccin par tous les moyens pour me la réinjecter et effacer ça. Le petit rire de Moira me fait mal. Très mal. Le mépris comme ça, je ne le vois en général pas chez mes amis, que chez mon père. "Soit tu dis ça pour te donner une contenance, soit t'es vraiment complètement con. Tu viens de découvrir que ton dernier vaccin a un effet kiss cool incontrôlable et tu veux remettre ça ? Et si le prochain vaccin faisait encore pire ? Tout ce que tu vas gagner à force c'est te faire descendre par un enfoiré de hunter... Et ça serait vraiment pas cool..." C’est à mon tour de lui cracher un « Va t’faire foutre, Kovalainen », écho volontaire. Je n’en ai rien à faire, je veux juste être tranquille, je veux juste ne pas avoir à me prendre davantage la tête avec tout ça. Les enfoirés de Hunter, y’en a déjà un qui a voulu me descendre. Non. Pire. Qui a voulu que ce soit mon frère qui me descende. Ou une connerie dans le genre. Je me mords la lèvre pour m’enfoncer dans le déni et ignorer ce souvenir, le reléguer tout au fond de ma mémoire. Oui, va te faire foutre, Moira, je suis totalement con. Et je n’en ai rien à faire qu’elle soit inquiète, je n’en ai vraiment rien à faire. Je préfère plutôt changer de sujet. Brutalement.
Ma curiosité me guide, je veux savoir ce qu’elle sait faire, elle. C’est compliqué. Trop compliqué pour moi, ce n’est pas du tout du même level que mon pouvoir de sumo. Et comme par hasard, qui lui fait la morale ? Ce petit con d’Artur. J’ai jamais pu le saquer, son frère. Toujours parfait, toujours poli, il était pire que Martial dans le genre et encore plus exaspérant à jouer au parfait petit garçon devant mon père, comme pour mettre en avant que moi j’étais une déception et que lui aurait du être adopté par les Caesar. Bullshit. Petit con. Je serre les dents, Et forcément, la discussion se perd et revient sur le vaccin. Ca me fout les boules, sérieusement. J’ai peur : encore ma densité, j’avais un certain contrôle de base pour qu’elle ne me fasse pas chier mais là… je ne veux pas apprendre à me téléporter, je veux juste être… normal. Alors non, il n’est pas question que j’apprenne à contrôler cette merde, il n’est même pas question que je l’accepte : je suis déjà la tare de la famille, il vaut mieux que je me vaccine et que je me revaccine le nombre de fois qu’il faudra pour faire disparaître tout ça. Et j’en ai rien à foutre sur un troisième bras me pousse dans le dos ou si j’en crève. Vraiment rien à foutre. "Je connais quelqu'un comme nous qui a fait une autre chose. Qui a justement appris à se contrôler pour « endormir » sa mutation. C'est une question de volonté. Tout ce que tu cherches à faire, c'est fuir ce que tu es, et au final tu finiras toujours par être rattrapé par ta propre nature. Je cherche pas à te convaincre d'aller crier sous les toits ta fierté d'être différent. Je veux simplement t'aider, Marius. Le contrôle, c'est la seule solution valable. Si je n'avais pas appris ça, je te causerais en écrivant sur des post-it pour éviter de te flinguer les tympans." Je la regarde droit dans les yeux, avec une moue moqueuse, et agacée il ne faut pas se le cacher. Fuir ce que je suis ? Elle n’a pas tort. Je suis ce que je suis parce que je ne suis qu’un petit con, et qu’à cause de moi, à cause de ma mutation, Astrid ne veut plus de moi. Astrid est en danger. Astrid, Astrid, Astrid. Sans compter Martial. « Bah vu le nombre de conneries que tu sors parfois, faudrait que tu songes aux post-it… » Je fais le malin, je fais le con, je suis même sûrement blessant. Mais je n’en ai rien à faire pour le moment, même si dans deux minutes je vais regretter mes mots. C’est comme face à Kingsley, c’est une réaction de défense que de la repousser lorsqu’elle s’approche un peu trop près de la vérité. Tout ce que tu cherches à faire, c’est fuir ce que tu es. Elle n’a pas tort… je suis le vilain petit canard de la famille. Je marmonne un « Désolé, c’est juste que… » C’est juste que j’ai un ADN de merde, j’ai un ADN foireux. Elle doit être l’une des rares à me connaître maintenant et à m’avoir connu lorsque j’étais gosse. En milieu naturel, face à ma mère pour qui je n’existais pas, face à mon père et son regard glacé, continuellement déçu, continuellement désapprobateur, quoique je puisse dire ou faire. Elle doit être l’une des rares personnes en dehors de Martial à savoir à quel point je suis loin d’être aussi véritablement narcissique que ce qu’on pourrait croire. Je m’arrête de justesse, juste avant d’évoquer mon cœur. Ca, au moins, elle ne le sait pas encore. Tant mieux. Comme pour Martial, il n’est pas question qu’elle l’apprenne. De toute manière, je ne veux pas que les gens le sachent. Qu’Astrid soit au courant, déjà… J’esquive ma fin de phrase, j’embraye sur le sujet le plus évident : si sa mutation est aussi difficile à maîtriser, si son frère lui fait des misères vis-à-vis de ça, pourquoi elle est aussi têtue et contre le vaccin ? Je ne comprends pas.
Je sais que ma relation avec mon frère est un peu plus forte que celle entre deux frères et sœurs normaux. Je sais aussi, parce qu’on m’en a souvent fait la remarque, que je suis peut être un peu trop dépendant de mon jumeau. J’angoisse lorsque je n’ai pas de nouvelles pendant une semaine complète, j’ai besoin de savoir où il est, j’ai besoin de l’avoir au téléphone, j’ai besoin de lui parler, j’ai besoin d’avoir son assentiment, j’ai besoin de sa confiance, de sa présence, de sa fierté et du regard qu’il peut poser sur moi. Je sais que Moira et Artur, ce n’est peut être pas la même chose mais je sais aussi, enfin, que si on me donnait le choix entre me couper un bras ou perdre mon frère, ce serait le bras qui partirait à la poubelle. Sans la moindre hésitation, je serais même capable de me charcuter tout seul. Et je ne conçois pas que ce ne soit pas la même chose pour Moira et Artur.
La claque me prend au dépourvu. « Putain ! » Le juron bien français m’échappe totalement alors que je la regarde avec de grands yeux. Sans comprendre. Sans comprendre du tout pourquoi elle vient de me gifler. Les gens me disent souvent qu’ils hésitent entre m’embrasser et me gifler lorsqu’ils voient ma tête à claques. Moira, de tout évidence, est plutôt partante pour la deuxième option et moi, je suis tellement surpris que je ne sais pas comment réagir. « Tu m’expliques là ? » "Tu connais rien de tout ça... Toi t'as un jumeau sur qui tu as toujours pu compter, moi j'ai du faire face à un frère qui déteste cette partie de moi... Et tu veux savoir quoi ? Je tiens à mon frère plus qu'à n'importe qui et n'importe quoi sur cette Terre. Seulement j'suis pas une lâche. Je vais pas m'écraser simplement parce qu'il est jaloux et parce que la société nous demande d'avoir l'air normal. Crois-moi j'y ai songé, au vaccin. Et je me suis rendue compte que lutter contre l'évolution ça servait à rien. On est né comme ça, on n'y peut rien. C'est comme toi qui est blond, moi qui rousse, c'est du pareil au même. Alors ne me redis plus jamais que je tiens plus à ma mutation qu'à mon frère." Hein, hein, hein ? « Mais t’es totalement con ? » Elle se relève d’un coup, je la suis du regard. « Wow ! Moira ! On est peut être né comme ça mais… mais je veux pas perdre Martial, moi. Et t’imagines si mon père était au courant ? Déjà que je dois pas lui faire davantage d’effet qu’une bouse de vache, alors bon… et c’est sans parler de ma mère… C’est pas une question d’être né comme ça ou d’être lâche, c’est une question de ne pas se retrouver tout seul. Je te comprends pas… J’vois pas le problème de s’écraser, je peux pas imaginer Martial s’éloigner de moi… Sérieusement, je te com.. »
Elle tousse, s’étouffe, je fais un mouvement pour me lever et l’aider, ma jambe se rappelle à mon bon souvenir. "Putain... C'est bien le moment, tiens..." Je la regarde d’un air anxieux. Avant de me rendre compte de la conversation qu’on a, de la dispute qui plane au dessus de nous. La mutation, c’est de la merde. Et ça fout la merde aussi. « Ca va ? Tu veux que… que j’appelle quelqu’un ? » "Tu veux bien me passer ma perf, s'il te plaît ? Pas la peine d'appeler un médecin, je vais survivre." Je me penche en avant pour essayer de l’attraper et de la le lui refiler. "Ecoute... J'suis désolée, j'aurais pas du m'emporter comme ça. J'crois qu'on a pas du tout le même avis sur la question, et ça serait vraiment con de se faire la guerre pour ça, tu crois pas ?" J’hausse les épaules en me réinstallant sur le lit, en attrapant Chester – maintenant qu’elle l’a vu, ce n’est pas dramatique si elle le revoit. J’entortille ses oreilles autour de mes doigts. « Je crois aussi, ouais… désolé si je te... si je t’ai blessée. J’suis toujours aussi con, hein, voilà une chose qui ne change pas ! » Un petit sourire, pour faire la paix. Je n’aime pas me disputer, je n’aime pas blesser les gens, j’aime encore moins foutre en l’air avec des sujets sérieux mes retrouvailles avec une amie d’enfance. « Et du coup, t’es dans le coin depuis longtemps ? Pour longtemps ? Pas question qu’on reperde contact, hein ? T’façon, avec ma jambe dans le plâtre, j’vais être privé de tournage pendant j’sais pas combien de mois donc bon… » Oups. Crétin. Autant Chester m’a permis d’esquiver la question concernant le hand, autant je viens de lui mettre devant les yeux un panneau clignotant lui indiquant un changement de conversation intéressant. J’essaye de faire diversion : « Bref, je suis dans le coin. Toujours sexy et célibataire. Toujours con, aussi, comme tu as pu le voir. Et toujours collé à mon frère. Il sera ravi de te voir, j’suis sûr, d’ailleurs ! »
Moira Kovalainen
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SUR TH DEPUIS : 30/04/2015
Sujet: Re: Long time no see ! [Momorius] Mar 27 Oct 2015 - 10:56
Long time no see !
ft. Marius Caesar
« Règle n°7 du mutant qui survit : Savoir entretenir les vieilles relations »
« Vas te faire foutre, Kovalainen »
Et bam ! Retour à l'envoyeur ! Je l'avais pas volée, celle-là. Un point partout, la balle au centre, ça devait lui parler, ce genre de choses ! Bordel qu'on avait l'air con, tiens ! Si vous retrouviez un ami que vous n'aviez pas vu depuis quinze ans, que feriez-vous ? Vous rattraperiez le temps perdu, lui offririez un verre ou une connerie du genre... Marius et moi, on faisait dans l'exotique : S'insulter et se mettre des tartes, c'est tellement plus moderne... Maintenant, je m'en voulais de lui en avoir mis une – même si, soyons honnête, il l'avait méritée – et surtout je continuais à me demander comment la conversation pouvait avoir à ce point dégénéré. Même vexée par sa remarque au sujet des post-it, je continuais sur ma lancée sans relever. Il fallait vraiment que je songe à calmer mes ardeurs sur le sujet, que j'apprenne à ne pas m'enflammer pour un rien... Que je prenne exemple sur mon frère, tiens ! Un modèle de calme et de retenue... Que je n'avais pas vu depuis cinq ans, accessoirement. Il avait toujours été le gamin posé et réfléchi... Là où je m'étais transformée en une boule de nerfs à l'adolescence. Trop de retenue pendant trop d'années, ça ne m'avait pas fait que du bien.
Et finalement, je me calmais brusquement alors que Marius reprenait la parole. Parce qu'il avait raison... Ô combien raison ! Je n'avais pris en compte que la moitié des paramètres, et il avait mis le doigt sur le plus important : Le soutien familial. J'avais des parents très ouverts d'esprit et surtout un père qui m'avait aidé pendant des années à contrôler ma mutation. Je n'avais jamais eu peur de dévoiler mon don à mon entourage, parce que j'avais leur soutien et leur bienveillance. Même Artur, qui me regardait de travers, n'avais jamais été plus loin que quelques remarques. Je ne concevais pas que l'on puisse voir son propre enfant comme un immonde cancrelat simplement parce que c'était un mutant. Seulement, je me souvenais de ces interminables repas d'affaire entre ma famille et les Caesar... Sidérée par l'absence totale d'intérêt de la mère et la froideur teintée de mépris du père. Définitivement, Marius avait raison : Je n'imaginais pas une seule seconde son père avoir l'ouverture d'esprit et la patience suffisantes pour apprendre à Marius à contrôler sa mutation.
Et forcément, tout cela jouait énormément dans notre perception actuelle de la condition mutante : Comment pouvait-il voir ça positivement quand tout le poussait à rejeter en bloc ce qu'il était ? Quand bien même trouvais-je cela complètement con, je ne pouvais nier qu'il avait de bons arguments.
"Je... J'avais pas du tout pensé à ça, désolée... Mais au final, ce n'est pas toi que tu dois blâmer pour être comme ça... Disons que... J'ai mes raisons d'être comme ça."
Je comprenais parfaitement qu'il refuse de se retrouver seul, surtout de voir son frère s'éloigner de lui... Mais je ne pouvais décemment pas lui dire que l'une des raisons pour lesquelles je tenais à ma mutation, c'était parce qu'elle m'était vitale pour retrouver William. Déjà parce je n'avais pas du tout envie de parler de ça maintenant, mais surtout parce qu'il aurait fallu que je lui raconte toute l'histoire. Je n'avais pas envie d'y passer la journée, on avait bien d'autres sujets plus joyeux à évoquer ! D'ailleurs, je ne pu m'empêcher de sourire en l'écoutant s'excuser maladroitement. A croire que là-dessus, lui et moi étions pareils : Aussi délicats et mesurés que des pachydermes.
"T'en fais pas, vas... Après tout, c'est moi qui t'en aies mis une... On est deux cons, ça non plus ça n'a pas changé, tiens !"
Et je le remerciais d'un sourire lorsqu'il changea de sujet pour des choses bien plus banales et beaucoup susceptibles de tourner en dispute. Pourtant, je plissais les yeux, sans comprendre. Des tournages ? Quels tournages ? Il faisait la star avec son ballon, maintenant ? Prise au dépourvu, je répondais néanmoins à ses questions.
"Heu... Non, ça ne fait que quelques mois que je suis ici. J'ai tellement déménagé quand j'étais gamine que j'ai toujours la bougeotte, tu vois le genre... Pour le moment je n'ai pas prévu de bouger, et puis avec cette connerie de blocus, comment tu veux sortir ? C'est dingue, quand même... Oh d'ailleurs !"
Me dépêtrant avec les fils de ma perfusion, que j'avais maladroitement raccrochée au cathéter planté dans ma main, j'ouvrais le tiroir de la table de chevet sans me gêner et, au milieu des... Playmobils, console et autres trucs, trouvais un bloc de papier et un stylo. Je griffonnais mon numéro dessus et le tendais à Marius.
"Voilà ! Note-moi le tiens, comme ça on aura plus aucune raison de ne pas rester en contact !"
Et je profitais alors qu'il soit occupé à me donner son numéro pour relancer cette histoire de tournages.
"Au fait... C'est quoi, cette histoire de tournage ? C'est plus le hand, ton truc ? Parce que si tu es dans le cinéma, je vais garder précieusement ton numéro, ça vaudra sûrement de l'or, un jour !"
Je lui fis un clin d'oeil amusé, loin de me douter que je touchais une corde sensible. Après tout, comment aurais-je pu deviner qu'il n'avait pas arrêté le hand par choix mais bien par contrainte physique ? Mais avant qu'il n'ait pu répondre, il avait déjà enchaîné sur autre chose. Si je souriais au début, lorsqu'il évoqua Martial, je me tassais dans mon fauteuil en rougissant. Petit con... Il devait sûrement se souvenir que j'avais longtemps eu un faible pour son jumeau. Pour ma défense, un bon musicien avec une belle gueule, qui y résiste ? Ok, ce n'était absolument pas un argument.
"Ahaha, t'es con... Ça fait des années qu'on ne s'est pas vus, pas sûr qu'il se souvienne de moi ! Et puis comment ça t'es toujours célibataire ? Une bouille mignonne comme la tienne ? Tu me surprends ! T'as pas encore trouvé ta perle rare ?"
Tiens ! Débrouille-toi avec ça ! Pas de raison que je sois la seule mal à l'aise, tiens. Et c'est à croire que nous n'aurions pas le temps de trop tergiverser là dessus, car j'entendais une porte claquer dans le couloir. Je me tournais pour voir une infirmière sortir de ma chambre et se diriger vers celle de Marius.
"Ah... Je crois qu'on va venir me déloger... Tu me planques sous ton lit ? J'm'ennuie comme un rat mort, dans ma chambre, et le médecin est bizarre..." Demandais-je en lui faisant le regard le plus triste dont j'étais capable.