Debout au milieu du petit salon de la maison familiale, je lançai un regard inquiet vers la vers petite montre à mon poignet. Trois heures moins dix. La convocation indiquait le premier rendez-vous, celui d'Elios, à quatre heures et quart. Sachant qu'il ne nous fallait une bonne demi-heure pour nous rendre à la base militaire où se déroulait le dépistage , nous étions largement dans les temps même en avance. Pourtant je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter. Je m'approchai de la table du salon, avant d'arranger la petite corbeille de fruit qui trônait en son centre. M'emparant d'un abricot, je commençais à le déguster alors qu'Elios descendait les escaliers en trombe, me rejoignant d'un pas pressé. “ Allons-y. ” lâchai-je à mon petit frère, un sourire chaleureux sur le visage. Nous possédions le même nom ; aussi, il avait été normal que nous nos rendez-vous se succède de quelques minutes. J'avais bien entendu décidé de l'accompagner, détestant l'idée qu'il se rende là-bas par lui-même, et réconfortée par sa propre présence, inutile de se mentir. Je ne voulais qu'il me voit stressée aujourd'hui, il devait déjà l'être bien assez pour nous deux. Je pénétrai à ses côté dans la petite voiture. Direction la base militaire non sans d'abord lui glisser un nouveau sourire rassurant.

La salle était bondée, l'air étouffant. Mon cœur s'emballait au fil des noms qui défilaient, sentant que mon tour allait approcher. A côté de moi, Elly semblait encore plus nerveux ; ou du moins était moins bon à cacher son stress. Je peinai à trouver l'air ambiant, comprimée parmi les foules de personnes qui s'entassaient dans la petite salle d'attente. J'attrapais un des magazines mis à disposition pour passer le temps. Je n'avais pas envie de lire, mais qu'allais-je faire d'autre ? Me préoccuper de l'examen sanguin qui allait suivre, me soucier des conséquences, imaginer le jour où je serais découverte et chassé à mon tour ? Je préférais m'intéresser aux dernière histoires d'amour de Lana Del Rey, au moins en feuilletant les tabloïds, j'étais sure de ne pas penser trop. Mais au bout de quelques minutes, la voix d'Elios sonna dans la pièce, brisant le silence pesant qui s'y était installé. “ Je le sens vraiment pas ce dépistage. ” Je relevai doucement les yeux vers lui, le foudroyant d'un regard accusateur. Ce n'était sûrement ni le lieu ni l'endroit pour parler d'une telle chose. S'y opposer ne ferait qu'attiser les suspicions, puisque qu'en théorie les mutants devaient être les plus réfractaires. C'était eux qui avaient le plus à perdre dans l'histoire. Je me replongeai dans mon magazine, mais Elly décida de revenir à la charge. “ C'est peut-être un piège ... ” Je soufflai bruyamment tout en relevant le regard vers lui. Il avait sûrement raison, il avait généralement raison. Pourtant je tâchai de garder le moral, car après tout, que pouvions nous y faire ? Une fois de plus cela ne ferait qu'attirer l'attention vers nous. “ Elios. ” sifflai-je sèchement, d'un ton de réprimande. Il avait beau parler tout bas, je craignais que quelqu'un nous entende, nous accuse. Mais il insista, fermant d'un coup sec mon magazine entre mes mains. “ On devrait partir !  ” Fuir. C'était là l'idée qui me semblait la plus douce à ce moment présent, mais nous ne pouvions pas ; à quoi bon. Il fallait faire face, et qui, que savait, peut être foncé droit dans la gueule des hunters. Mais l'heure n'était pas à la fugue. Malgré tout, Elly continua, sauta sur ses pieds alors que tous les regards se braquait sur lui. “  On aura qu'à dire qu'on a eu un problème, ou qu'on pouvait pas se déplacer, ou qu'on était en voyage, peu importe, on trouvera un truc ... ” “ Stop ! ” lâchai-je entre mes dents, un peu plus fort, et un peu plus sèchement que je ne l’aurais voulu. “ Arrête Elly, rassied-toi et arrête ta comédie. ” soufflai-je tout bas, plus doucement cette fois-ci. “ Mon chaton, on ne peut pas s'enfuir comme ça, c'est inévitable. D'une manière ou d'une autre on devra y passer. Alors ne rend pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà, d'accord ? ” Je tâchai de lui adresser un sourire rassurant, très peu convaincant.