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 (diondra), space and time, take violent things and make them kind

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

ADMIN - master of evolution
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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: (diondra), space and time, take violent things and make them kind   (diondra), space and time, take violent things and make them kind Icon_minitimeMer 1 Juil 2015 - 1:03


maybe there are no good guys, just survival
mama take this badge from me, i can't use it a n y m o r e. it's gettin' dark, too dark to see, feels like I'm knockin' on Heaven's door. mama put my guns in the ground, i can't shoot them anymore. that c o l d black cloud is comin' down. forever man, and it wouldn't be luck if you could get out of life alive. w/diondra alvarez & cesare demaggio.

La paralysie était née de plus qu’un seul sentiment : l’incompréhension, l’inutilité, l’incapacité à atteindre ce qui lui avait semblé être une évidence. Cesare ne parvenait plus à mettre ses idées en place dorénavant, se contentant la plupart du temps de rester cloitré dans les chambres de motel qu’il partageait avec sa sœur – c’était même elle, qui, souvent, allait chercher de quoi manger pour leur permettre de subsister. Lui qui avait pendant longtemps, tenu à accomplir ces tâches du quotidien pour faire prendre à sa sœur le moins de risque possible : désormais, le mutisme était sa plus loyale compagne, accompagnée d’une morosité qui s’était profondément incrustée à son être. Dehors, les choses continuaient, les événements se précipitaient, et les parents DeMaggio resserraient leur étreinte autour de l’ingrate progéniture qu’ils avaient laissé fuir dans la nature – tout ça, pour le sport, un semblant d’équité dans une ville qui ne respectait plus rien. D’où il observait le monde courir, le jeune homme ne savait plus où étaient les bons, où étaient les mauvais : l’univers avait été régi par des lois immuables pendant toute sa vie – les dégénérés tuaient, les chasseurs sauvaient l’humanité inconsciente de la menace. Les mois qui couraient flouaient toujours un peu plus cette ligne si droite à une époque : elle n’existait plus maintenant, et tout ce que les songes de Cesare pouvaient faire, c’était filer à toute allure dans son esprit, sans jamais le laisser se reposer. Depuis les événements de la Fête des Fondateurs, l’étau de Thaddeus Lancaster s’était refermé sur Radcliff : et ce qui avait pu être une volonté anodine s’était transformé en véritable suicide pour Aria et Cesare. Eux qui avaient décidé de rester en ville pour tenter de faire une différence, faire quelque chose de concrets, étaient aujourd’hui pris au piège par la quarantaine qu’on avait dressé à toutes les frontières de la ville. Les inquiétudes ne franchissaient pourtant jamais les lèvres, et l’aîné de la fratrie se contentait de construire des hypothèses et idées dans sa tête, plutôt que de les prononcer à haute voix. Il n’avait pas envie d’avoir quoique ce soit à faire avec cette ville, ou les personnes qui gravitaient dedans : pourtant, ses instincts demeuraient là, tordant ses entrailles à chaque fois qu’il apprenait quelque chose sur les événements qui se déroulaient en ville. Ses tripes lui dictaient d’autres réactions que celles qu’il aurait voulu avoir – impassible jusqu’au bout, après n’avoir que trop laissé son empreinte sur le monde. Etait-ce à cause de lui, qu’Isolde était devenue une terroriste qui ne pensait qu’à faire le maximum de dégâts, sans même penser aux cendres et aux traces de sang qu’elle laissait derrière elle ? Inlassablement, la question revenait à l’esprit du jeune homme, à chaque fois qu’il avait le malheur de reconnaître la marque du nouveau groupe – Insurgency – sur tout ce qui se déroulait en ville. Des explosions de partout, irrémédiablement, la réponse musclée de Thaddeus Lancaster : qui était la victime dans tout ça, qui était le coupable ? Ces doutes, il était incapable de les prononcer à haute voix, de les confier à Aria – elle aussi, peut-être bien, finirait par porter le poids de ce qu’il avait eu à faire pour la sortir de son enfer personnel. Il l’avait fait sans regret, mais les conséquences de ses actes étaient là, sans cesse ravivées par les volontés irréfléchies d’Isolde. Isolde. Cesare s’était accroché au devoir de sortir de sa vie le plus brusquement qui soit – ce n’était pas faute d’avoir eu envie, encore et encore, de la confronter à ce que devenait sa rébellion ; presque un mouvement criminel, qui amènerait tout autant de victimes que les hunters, avec le temps.

Elle était mieux sans lui, il le savait désormais ; il en avait l’intime conviction, et à chaque fois que le doute parvenait à s’immiscer jusque dans son cœur, il se rappelait des dernières paroles de la blonde. L’existence d’un être, quelque part, portant la malédiction des DeMaggio, parce qu’il avait eu le malheur de s’attacher à quelqu’un, de laisser autrui entrer dans sa vie. Quelles avaient été les chances pour qu’Isolde tombe enceinte, si vite d’un homme qu’elle abhorrait désormais, dans un monde si chaotique ? Les mois qui couraient alourdissaient un poids à la conscience de Cesare : de ses yeux noirs observant le reste du monde, il ne pouvait s’empêcher de regarder le temps courir, les mois s’allonger, l’irrémédiable approcher. Egoïste jusqu’au bout, impulsif jusque dans ses veines, il avait parfois espéré qu’Isolde perde le bébé dans sa vendetta – peut-être que ça l’aiderait elle, mais ça lui enlèverait surtout à lui le poids d’une responsabilité qu’il ne voulait pas. DeMaggio et paternité ne faisait pas bon ménage, son enfance toute entière en était la preuve : qu’aurait-il comme héritage, cet enfant, de toute manière ? Un père qui avait du sang sur les mains, une mère qui en avait tout autant ; deux camps opposés, rencontrés avec force dans un univers constitué de mensonge, de tromperie et de trahison. Juger n’était pas son droit, comme le lui avait inlassablement rappelé l’Isolde haineuse et rancunière à laquelle il s’était confronté – ça n’avait jamais été son intention, il avait pourtant espéré l’avoir sauvé pour autre chose, que pour avoir encore plus de cadavres, encore plus d’âmes et de sang sur sa conscience. De nouveaux visages étaient venus s’insinuer dans ses rêves, leurs voix se transformant en pleurs de bébé au cœur de la nuit : les hantises de Cesare devenaient dévorantes. Paralysantes. Et ses songes à eux seuls n’étaient qu’inlassables tortures : comment pouvait-il vivre ainsi ? Trop souvent, il était incapable de se préoccuper de sa sœur, le sang de son sang, car tout ce qui accrochait ses pensées était un écran de télévision ou une page de journal, tous les deux amenant des nouvelles de plus en plus désagréables. Où était Aria, à l’instant précis ? Depuis combien de temps était-elle partie ? Le frère aîné, indigne, s’avérait incapable de le dire ; avec le temps, la menace des parents devenait de moins en moins oppressante ou effrayante. Aria recouvrait une liberté illusoire, et Cesare cessait de piquer une crise à chaque fois qu’elle disparaissait de son champ de vision – peut-être était-ce là tout ce que les parents DeMaggio avaient attendu. L’imprudence de leur gibier, pour leur sauter à la gorge. Leurs enfants s’étaient cependant préparés, plus qu’ils ne seraient prêts à l’accepter : trop occupés à rejeter les dons qui étaient les leurs, ils avaient tourné en rond, tâtonné dans le noir, à la recherche d’une lumière qu’ils venaient tout juste de trouver. Chasseurs ou transmutants, transmutants ou chasseurs ; ils jouaient des deux, si aptes à s’adapter au monde alentours – seule la survie importait, la place laissée autrefois aux remords n’existait plus. L’instinct de survie était, effectivement, plus fort que tout. Le crépuscule se transformant dans des couleurs bleu foncées, Cesare attrapa sa veste, l’enfilant sur ses épaules avant de quitter la chambre et les odeurs de renfermé qui y planaient. Il n’était pas bon de rester enfermé comme ça, lui avait inlassablement répété Aria, sans pour autant comprendre ce qui enchainait son frère à la captivité. Il s’essayait à apaiser ses doutes et ses inquiétudes au moins une fois par semaine, en disparaissant pour plusieurs heures.

Lors de celles-ci, ses activités étaient toujours les mêmes : chercher la chevelure blonde d’Isolde dans la foule, le visage familier de Skylar, ou la voix reconnaissable entre mille de Diondra. A aucune il n’avait adressé la parole depuis longtemps déjà – peut-être que certaines avaient fini par croire qu’il était définitivement sorti de leurs vies. A pieds, mains dans les poches, Cesare prit le chemin habituel, vers un coin de la ville que Dina fréquentait habituellement : contrairement à Isolde, la défiante à l’état pur, Diondra se contentait encore de se mêler dans la foule – quitte à respecter un couvre-feu parfaitement arbitraire qui, visiblement, lui tapait sur les nerfs. Contrairement à ce qu’elles pouvaient penser, toutes trois étaient des créatures fonctionnant par habitude, leurs attitudes dictées par ce qui leur semblait familier : et c’était ce que Cesare avait appris, pister, traquer, observer des gens, ses proies pour mieux les cerner. Aucune ne l’avait remarqué – pas même Isolde et Dina, lors des nombreuses occasions où il les vit se rencontrer, faire connaissance, partager sans doute des croyances similaires. Dina était une transmutante, elle aussi – l’avait été du moins, avant que tout ne bascule pour elle. Une bénédiction, aurait volontiers dit Cesare, à une époque. Une malédiction pour la jeune femme : il lui était encore difficile de comprendre comment quelqu’un pouvait voir un tel pouvoir contre-nature être l’extension de son être, il avait simplement appris à cohabiter avec le sien. Isolde allait entrainer Diondra dans sa chute – la simple perspective de laisser la blonde s’enfoncer dans le cercle vicieux qui faisait son quotidien désormais le répugnait, mais pas moins que l’idée de revenir dans sa vie, d’une quelconque manière. Avec ou sans lui, elle était un cas désespéré ; elle préférait pourtant sûrement se construire sans lui, sans les doutes qu’il avait mis à haute voix, et la simple idée qu’elle avait son enfant dans son ventre. Tant de choix qu’il respectait, et avait choisi d’accepter le jour où il avait sacrifié des dizaines de vies simplement pour sauver la sienne. Quelque chose qu’elle ne comprendrait jamais – peu importe. Avançant dans le froid hivernal, ignorant l’humeur festive autour de lui, Cesare ne gardait en vue que son objectif : Diondra, se frayant un chemin parmi les gens qui se pressaient sur les trottoirs, tous peu désireux de rester dehors après le couvre-feu. Le DeMaggio ne faisait pas exception, surveillant la montre à son poignet à chaque tournant qu’il faisait, chaque pas l’éloignant de son lieu de refuge. D’Aria. Il avait pourtant pris une décision pour ce soir – ce soir, il entrerait en contact avec Dina, d’une façon ou d’une autre. La curiosité, l’impérieux besoin d’agir prenait le pas sur la passivité, l’observation minutieuse d’un monde : après tout, ce n’était sans doute pas le propre de l’humain, d’observer les autres sans vouloir intervenir. Quelques mètres devant lui, l’Alvarez entra dans un des bars du coin : elle n’en ressortirait pas de sitôt. Le chasseur ralentit donc l’allure, s’octroyant le luxe d’inspecter son téléphone, toujours hanté par l’attente fébrile d’un signe de vie de la part de sa sœur – elle restait la priorité, l’ultime priorité vers laquelle il était prêt à bondir au moindre danger. Elle était tout ce qui lui restait, la seule qui continuait de graviter dans sa vie, coûte que coûte. Une minute passa, suivie d’une autre – une poignée toute entière, avant qu’il ne pousse la porte du bar lui aussi : il repéra la chevelure brune de Diondra accoudée au comptoir, visiblement déterminée à se vider la tête. Peut-être attendait-elle quelqu’un, ou peut-être était-ce simplement le destin, qui donnait un petit coup de pouce aux choses. C’était des retrouvailles après tout, des retrouvailles bien spéciales : où croyait-elle qu’il était, aujourd’hui ? Stupide, il ne s’était jamais posé la question, se détournant d’une vie sur laquelle il avait dessiné une croix définitive, en faisant exploser ce bâtiment – en tuant tous ces gens. Le doute ne vint pas supplanter la volonté, au moment où Cesare s’appuya au bar, juste à côté de l’exotique, pour faire signe au barman. « J’vais prendre comme elle. Double. » prononça-t-il d’une voix neutre, comme si Dina et lui se retrouvaient après quelques jours, dans des circonstances tout à fait normales – son regard, fuyant, cherchant n’importe quel refuge hormis les yeux familiers de la brune, fut sans doute celui qui livra le plus de vérité. Se soumettre au jugement de Diondra était une épreuve qu’il avait fuie jusque-là, quelque chose qu’il devait affronter, maintenant. C’est ainsi qu’il finit par tourner la tête vers elle, l’observant, retenant un soupir nerveux entre ses lèvres. « Ça fait un moment. Le temps passe vite, même ici. » il ne passait pas assez vite, pourtant, pour certaines choses. Comme cette situation pourrie, qui devenait de pire en pire, au fil du temps. Son premier instinct avec la jeune femme aurait été de partager un sourire, un signe de complicité comme autrefois : tout sourire mourut au coin de sa bouche – le temps passait si vite qu’il ne savait même plus quelle Diondra il allait trouver là.
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