Sujet: painful betrayal (kingsrius) Dim 14 Juin 2015 - 23:10
painful betrayal
Je cours depuis maintenant une demi-heure sur le tapis de la salle de sport. Je sens qu’il va bien me falloir encore deux heures pour me détendre. Et je sens aussi que ça ne va pas suffire. New-York… New-York a été un désastre. Mon rythme s’accélère, mon cœur aussi, le capteur placé sur ma poitrine s’emballe mais je refuse de m’arrêter. De toute manière, le bip-bip-bip qui marque mon rythme cardiaque ne résonne qu’à mes oreilles par le biais du casque que j’ai branché. New-York, p#tain. J’ai failli réussir. Non, pire encore, j’ai réussi à lui prouver et à me prouver que je valais mieux que ça, mieux que ce que je lui avais montré et j’ai compris, aussi, qu’Astrid était spéciale. Et forcément, tout a explosé le lendemain. Mon rythme cardiaque accélère encore, mais je refuse de m’arrêter. J’ai voulu prendre de ses nouvelles. Elle n’a pas voulu me voir. J’ai voulu aller la voir. Je me suis fait jeter à l’entrée de l’hôpital. Je cours, encore, plus vite. Le tapis défile sous mes pieds, mon cœur s’affole. Moi aussi. Je suis un raté, un p#tain de raté. Et ma mutation n’est qu’une c#nnerie qui blesse les gens, qui ne sert à rien, qui n’aide en rien. C’est juste un jouet égoïste, et même moi, l’éternel immature, ça ne me fait plus rire.
L’accident me revient en mémoire, de la colère d’Astrid à la voiture qui la percute. De moi qui allège instantanément mon poids, accélère, me précipite à une vitesse inhumaine et qui augmente tout aussi brutalement ma densité pour la protéger d’une moto qui n’a pas fait attention à l’accident qui vient de se produire. Elle a compris que j’étais un mutant, ça s’est tout de suite vu, mais ce n’est même pas ça qui m’a fait mal. Ni ça, ni la magnifique flopée de bleu que j’ai eus sur le côté qui a encaissé le poids du véhicule pourtant déjà ralenti – sans ça, je serais mort. Non, ce qui m’a fait le plus mal, c’était de la voir blessée à cause de moi. Je suis un p#tain de raté. Mon père a toujours eu raison finalement. Et voilà, des larmes dégringolent de mes yeux bleus alors que je descends du tapis pour aller me défouler, déjà tout en sueur, sur un sac de sable. Mes mains tremblent lorsque j’enfile les mitaines de combat, à défaut d’avoir des véritables gants de boxe. J’ai couru pour m’épuiser, je frappe pour me défouler. Je ne l’ai pas vue depuis l’accident. Silence radar, niet, rien. Je sais juste que ce n’était pas trop grave et qu’elle refuse de me parler. De me voir. Je crois que c’est mort, maintenant, totalement mort. Et que c’est encore et encore de ma faute. Je frappe, je frappe, je frappe à coups rapides sur le sac de sable avant de m’arrêter, au bord de la crise de douleur, et de l’enlacer pour interrompre son balancement et me cacher le visage. Depuis quand je suis aussi triste et sérieux, hein ? Depuis qu’Astrid est là, bordel. Non, depuis qu’elle n’est plus là. Je regarde l’heure à l’horloge murale. Dix-neuf heures. Ca fait quatre heures, au total, que je me suis enfermé dans la salle de sport qui ne s’est pas vidée pour autant. J’attrape ma serviette, m’éponge un peu le front, la nuque, mes cheveux poisseux de sueur, essaye de calculer la vitesse de mon cœur qui est au bord de l’apoplexie. Lorsque je rejoins les vestiaires, je balance mes gants et la serviette sur mon sac, pars à la recherche de mon savon et m’enferme par automatisme dans une cabine de douche. Je pue. C’est horrible comme je pue. Mais ma concentration n’est focalisée que sur une chose : je suis un raté et j’ai perdu Astrid. Ah… bien Marius. Joli constat.
Une quinze minutes, je sors propre, me rhabille, attrape pour téléphone pour checker mes messages. Et mon cœur fait un triple salto dans ma poitrine. Aussitôt, d’ailleurs, c’est la métamorphose. SMS d’Astrid. SMS d’Astrid P#TAIN. Je m’assois et ne prends même pas le temps de respirer que déjà je le lis. Elle veut qu’on se voie. Oh. P#tain. Je réponds, fébrile, que c’est quand elle veut et où elle veut. Et que j’espère qu’elle va bien. Et que… oh p#tain. J’ai les doigts qui tremblent comme une pucelle devant un mec à poil. Dans la minute qui suit j’ai la réponse. Ce soir ? Sérieux ? Dans une heure ? Parfait. Où ça ? J’ouvre grand les yeux. Elle se fout de moi ? J’hausse les épaules : c’est comme elle veut, de toute manière elle me dira pourquoi là bas, elle me dira forcément pourquoi elle veut qu’on se voie à côté de la base militaire. Je l’imagine une fraction de seconde en uniforme de soldats et j’éclate de rire. Nan mais sérieux… va falloir que je la charrie à ce sujet. Parce que bon… elle est sérieux ?
Lorsque je sors des vestiaires, lorsque je sors du club de sport le sac sur l’épaule, c’est le jour et la nuit avec mon attitude lorsque je suis arrivé quatre heures et demi plus tôt. Tout à l’heure, je devais ressembler à mon père niveau tête de crétin pas content, là, je sifflote je ne sais même plus quel air en sautillant sur place. Elle veut qu’on se voie. Dans un endroit chelou, certes, mais bon, si j’ai déjà couché en plein air, ça doit être pas mal excitant sur un terrain militaire, avec la pression des mines et tout… Bon d’accord je m’emballe un peu trop. Mais je suis moi, et quand je suis moi de bonne humeur, je deviens débile. Et là, p#tain là, je suis d’excellente humeur. Voire plus. Lorsque je rejoins ma moto, j’hésite un instant. Dans une heure, le rendez-vous. J’ai pas le temps de rentrer chez moi, mais si j’y vais maintenant, j’aurai facile un quart d’heure d’avance. J’hausse les épaules : autant prendre un sandwich, dragouiller la caissière, et grignoter là bas. Comment ? Pourquoi est ce que je dois forcément draguer quelqu’un au passage ? Mais parce qu’elle est mignonne et qu’elle… bon d’accord.
Il est presque vingt heures trente, au final, lorsque j’atteins le point de rendez vous. Je gare ma moto, ouvre juste ma veste de cuir mais dépose mon casque sur le guidon en scrutant les alentours pour tenter de voir des phares de voiture. Elle va venir en voiture ? Après son accident ? Je fronce les sourcils et regarde mon portable, jouant à Candy Crush pour faire passer le temps. La demi pile, des phares m’illuminent et m’arrachent un large sourire. Je fais des grands signes de bras pour attirer son attention. Elle gare la voiture, je range mon téléphone. Elle sort de la voiture et…
« Qu’est ce que tu fous là, Pingou ? » C’est quoi ce bordel ? « Ne me dis pas que t’as un rencard dans le coin, parce que j’ai déjà réservé. »
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Sujet: Re: painful betrayal (kingsrius) Jeu 18 Juin 2015 - 19:47
Let me show you what pain is ...
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Kingsley était sur les dents. Il s’était préparé à l’intervention de ce soir avec un soin tout particulier, quand il avait découvert l’identité de sa proie, et quelle proie : Marius Caesar en personne. Ce petit fils de … bref, était un mutant. Il avait des doutes depuis des mois, malgré les certitudes de Martial, mais à présent, il en était sur. Mieux que ça, il avait des preuves : la petite Blake l’avait appelé, pas plus tard que la veille, totalement paniqué. Il était vaguement au courant que ces deux là avaient entretenu une relation, bien qu’il ne comprenne pas ce qu’une jeune femme aussi raisonnable pouvait trouver à un attardé pareil … Heureusement, cela n’avait pas duré, et mieux encore, elle avait découvert plusieurs indices confirmant l’anomalie de Marius : une résistance à la douleur, apparemment et une sorte de régénérescence accélérée. Cela ne permettait pas à Kingsley de donner un nom scientifique à la maladie de Marius, mais il savait une chose : il devrait le neutraliser sans prendre le moindre risque, à distance, sans tenter le moindre affrontement au corps à corps. Le chasseur était du genre prudent, malgré que la perspective d’attraper ce petit attardé lui fasse bouillir les veines. Ce bon à rien parasitait la vie de son frère depuis longtemps, s’immisçant dans la sienne par la même occasion. Combien de fois l’avait il trouvé à errer le nez en l’air dans les couloirs du cabinet alors qu’il entrait avec des clients ? Allez expliquer à un gros investisseur de la cause hunter que l’énergumène qui squatte le canapé de l’entrée est un jeune cascadeur qui s’ennuie entre deux tournages.
Mais ce soir, oh oui, ce soir, ce serait différent. Il allait effacer le sourire insupportable de sa petite face de con prétentieux. Il avait tout prévu : des armes à feu, un bon tazer, et bien entendu, des seringues d’anti mutant … Et un bon traquenard. Pour ça, rien de plus facile que de manipuler le véritable cerveau du jumeau Caesar : son entrejambe. Il avait demandé à Astrid de donner rendez vous au jeune homme ce soir, non loin de la zone militaire : cette dernière était presque entièrement contrôlée par des hunters, ou des sympathisants. Mais ça, les locaux n’en savaient pas. Astrid avait émis quelques réserves sur la réussite de ce plan, songeant surement que le mutant ne serait pas dupe. Cependant, Kingsley était confiant : le garçon viendrait. Il viendrait se jeter entre ses griffes, qu’il avait aiguisées tout spécialement pour l’occasion.
Le soir même, Kingsley s’était vêtu de ses habits de circonstance pour cueillir Marius : un beau costume sombre, bien taillé, qui lui permettrait une certaine liberté de mouvement. Il avait attendu dans la pénombre que la voiture du flambeur se gare, qu’il s’éloigne du volant et l’avait laissé patienté un peu. Il ne voulait pas aller trop vite, et surtout, il fallait que ce dernier ne soit pas sur ces gardes. Cependant, il savait que Marius n’était pas un grand angoissé, et que lui faire face ne l’émouvrait pas plus que ça. Il avait avancé sa grosse berline à quelques mètres du mutant, en plein phare. Il éteint le moteur, pour sortir lentement de la voiture : à cause des phares, Marius ne l’avait surement pas reconnu, à moitié aveuglé. Par contre, il n’avait pas pu s’empêcher de l’ouvrir, comme toujours, lui intimant de ne pas lui faire foirer son rencard. Sombre crétin. Sans même prendre la peine de lui répondre, il leva son bras gauche en direction du mutant et tira : une petite fléchette s’enfonça un peu en dessous de la gorge de Marius un endroit particulièrement conseillé pour diffuser les tranquillisants au plus vite. Le somnifère fit son effet en quelques secondes, et ce dernier s’écroula sur le capot de sa voiture dans un gargouillis réjouissant. Kingsley n’avait plus qu’à l’amener tranquillement jusqu’à l’intérieur. Il tira le corps étonnement léger du mutant jusqu’à la banquette arrière de sa berline, et s’avança dans le camp militaire, montrant son badge de membre des forces de l’ordre à chaque point de contrôle : merci M. Le Maire, il avait à présent tous les droits en ces lieux. Il demanda à utiliser une des salles d’interrogatoire, et les soldats échangèrent un regard entendu : c’était une requête assez habituelle de la part de l’avocat, mais qui faisait toujours froid dans le dos, quand on savait pourquoi il la formulait. Kingsley était considéré comme un des chasseurs les plus exigeants et sadiques envers « ses » mutants.
Il installa un Marius encore endormi, ou en tout cas totalement amorphe sur une chaise en métal froid, et attacha ses poignets dans son dos : si il avait la bonne idée d’utiliser une super force ou quoi que ce soit, il ne se libèrerait pas sans s’être arracher un bras. Un fois son prisonnier solidement neutralisé, ses chevilles elles aussi étreintes, il installa proprement ses petits gadgets sur la table en face de lui : des aiguilles d’une taille impressionnante étaient remplies d’un liquide d’un vert pâle peu engageant : à coté, des pinces, des tenailles et autres scalpels reflétaient la lumière blafarde du néon qui grésillait au dessus de leurs têtes. Sa table installée, King regarda sa montre : il n’était que 21h30, la nuit ne faisait que commencer …
- Allez allez on se réveille petite monstruosité ...
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Sujet: Re: painful betrayal (kingsrius) Dim 21 Juin 2015 - 17:18
painful betrayal
Je patiente impatiemment. Mais qu’est ce qu’elle fait, hein ? Et pourquoi ce silence ? Et pourquoi elle me fait attendre ? Et bon sang, ce que je peux avoir hâte de la voir. Ces jours de silence m’ont tué, totalement. Et son dernier SMS me fait revivre. Vraiment. J’en ai les mains qui tremblent alors que je tue le temps à coup de bonbons et de nounours sur un jeu stupide de mon téléphone. Et lorsque les feux d’une voiture m’illuminent enfin, je ne tiens plus. Bon sang, bon sang, c’est elle. Ca ne peut qu’être elle. La lumière m’éblouit trop pour que je reconnaisse sa voiture, trop pour que je m’aperçoive directement que la silhouette qui vient de sortir de la voiture n’est pas celle de ma rouquine préférée mais belle et bien la silhouette d’une autre connaissance. Que j’apprécie beaucoup, beaucoup, beaucoup moins. Qu’est ce qu’il fait là, lui ? Et elle est où Astrid ? Je regarde mon téléphone. Il arrive pile à l’heure de mon rendez vous. Elle doit être en retard. Je fronce les sourcils. Ce mec, je le connais et il m’énerve. Il me fait presque peur parce que quelque chose en lui me rappelle mon père. C’est peut être pour ça, aussi, surtout, que je le déteste. Kingsley Machin. Putain, c’est quoi ce bordel ? Dès que j’ai repris mes esprits, j’attaque. Dégage, Pingou, trouve toi un autre endroit pour ton rencard. D’ailleurs, lui, avoir un rencard ? Avec sa main droite, ouais. Je ne suis peut être pas objectif, mais par définition, je n’aime pas les cons. Et en plus, il travaille avec Martial, il voit Martial plus souvent que moi et ça m’énerve. Je sais que je suis un peu possessif avec mon frère et un peu rapidement jaloux en ce qui le concerne. Mais voilà. Je serre les poings et il ne répond même pas, l’imbécile ! Pire, il lève son bras gauche, je suis sûr qu’il va me faire un bras d’honneur et que… Aïe.
Je fronce les sourcils quand un moustique vient de me piquer au niveau de la gorge. Non, en dessous. Ou… Ma main tombe sur un objet non identifié que j’enlève et… Quoi ? Mes jambes flanchent et je m’écroule totalement sur le capot de la voiture. Hein ? C’est quoi ce bordel ? J’essaye de me redresser et je m’écroule complètement cette fois, me sentant à peine sombrer dans une inconscience totalement artificielle.
- Allez allez on se réveille petite monstruosité ... J’ai mal à la tête. Et envie de vomir. J’ai mal à la tête, les oreilles qui bourdonnent, la tête dans le c#l, en bref. Pourtant, je n’avais pas de soirée hier, parce que j’étais censé voir As… Je me réveille en sursaut en respirant brutalement. Et je ne comprends rien à ce qui est en train de m’arriver. La panique commence à venir me dire bonjour, et il n’y a personne pour la virer de mon esprit : putain, mais il s’est barré où le videur ? Je papillonne des yeux pour tenter d’y voir plus clair. Bon, allez Marius, fais une liste, tu aimes bien les listes. Les listes des filles de ta classe que t’as déjà embrassées, la liste des surnoms que t’as donné à ton père, la liste des magasins que tu as volés, la… J’essaye de respirer, mais il faut dire que l’ambiance ne m’aide pas. Et que mes bras attachés dans le dos n’aident pas non plus des masses. Je suis au poste de police, c’est ça ? Pourtant, c’est pas leur habitude d’attacher les chevilles aussi et… Mon regard encore un peu dans les vapes tombe sur l’homme en face de moi. J’ai de plus en plus de mal à respirer, là. « Kingsley ? C’est quoi ce… C’est quoi ce bordel ? » Okay, je sais que c’est pas le fol amour entre nous, mais bon sang, c’est quoi cette mise en scène ? Je lance un regard inquiet aux trucs joliment répartis sur la table devant. Et j’essaye de dégager mes mains. Je m’agite, je remue les épaules, sans trop de succès. Bonjour Panique, prends tes aises dans mon cerveau, Humour et Sérénité sont partis boire un verre dans la taverne d’à côté. « Kingsley, tu… » Calme toi, Marius. Tu es le fils d’un PDG. Ton nom est connu. Très connu. Voilà, c’est sûrement ça. Et de base, tu ne pouvais pas blairer ce clampin. J’ai totalement laissé tomber le Pingou, preuve que je ne comprends pas tout, preuve aussi que je suis totalement paniqué. « Si c’est de l’argent que tu veux, t’aurais du enlever Martial, c’est lui le fils héritier. Moi je suis rien. Juste le beau gosse de la bande. » Ouais, okay, si Humour et Sérénité se sont cassés comme de gros lâche, forcément la Provocation est restée et a définitivement squatté le canapé. Une façon comme une autre de se défendre. En plus, c’est totalement stupide. Pourquoi est ce que l’associé-super-pote de mon frère m’enlèverait, hein ? « Bon allez, détache-moi, mec, c’est plus drôle là. » Voilà, c’était juste une blague, hein ? Sans savoir pourquoi, je repense à ce que m’a dit Martial sur les Hunter. Je ne suis peut être pas le fils préféré, ni l’héritier, ni le plus fortuné des Caesar mais aux dernières nouvelles je suis le seul mutant de la famille. Je m’agite encore. J’ai mal aux épaules, là, et ce fils de p#te a sacrément serré, davantage que les flics de base. Je regarde à nouveau la table pas très loin et je la vois d’un nouvel œil. « Putain Moren ! »
Le petit con se réveillait. Bien très bien excellent même. Kingsley se congratulait : il ne connaissait pas le poids exact de Marius mais il avait réussi à doser le calmant avec maestria. Il n’avait pas eu à trop attendre avant qu’il sorte de sa torpeur. Il est encore un peu groggy, mais la peur qui passe dans son regard est aussi plaisant pour le chasseur qu’un bon verre de vin. Marius prend lentement conscience de sa situation, de sa situation, et de l’ascendant que le grand blond a sur lui. Ce n’était pas bien dur à comprendre : il y avait un homme libre, en pleine possession de ses moyens, adossé au mur, et une bête enchainée, neutralisée, à sa merci. Sauf que le chasseur n’était pas connu pour sa pitié envers le mutant, loin s’en fallait. Il avança d’un pas lent, feutré, en direction de Marius qui commençait à s’agitait, testant les liens qui l’entravaient : pas de chance pour lui, Kingsley avait appris à bloquer les articulations de telle sorte que les nœuds soient inextricables.
Marius ouvrit la bouche une première fois, l’appelant par son prénom en le fixant d’un air abasourdi : première erreur : Kingsley ne le considérait pas comme méritant d’avoir le droit de l’interpeler directement, comme ça. Il serra les dents, ses pupilles se rétrécissant ostensiblement : même attaché, Marius faisait le mariole. Dommage que lui-même n’ait aucun sens de l’humour. Marius continuait de s’égosiller, mais le chasseur n’y prêtait pas attention : il vérifia le verrou de la porte, que l’heure sur l’horloge dans le dos de Marius soit bien synchronisée avec celle sur son propre portable, redressa la pointe d’un couteau que les remous du corps du mutant avait décalé de quelques centimètres vers la droite : il ne supportait pas l’asymétrie. Finalement quand finalement le mutant se mit à beugler son nom tout en jurant, le sang de King ne fit qu’un tour : avec une vitesse effarante, il retourna une gifle d’une violence inouïe au jeune homme. Son ton se fit froid, métallique. Inhumain :
- Pas de familiarité entre nous Marius, je ne me souviens pas t’avoir invité à prendre la parole.
Il avait craché son nom comme on expulse un morceau de fruit pourri, alors que son regard le dardait comme celui d’un serpent qui allait attaquer. Ses propres crocs étaient suintants d’un venin tout aussi dangereux que celui des cobras indiens : une haine si pure, si viscérale que s’il ne la contrôlait pas, il aurait déjà égorgé le mutant depuis bien longtemps. Mais cette mort aurait été trop rapide, trop facile. Ce petit con s’était pavané en tortillant son petit derrière de dégénéré dans son bureau, bien conscient d’être en terrain hunter, comme pour prouver qu’il ne les craignait pas. Qu’il n’avait pas peur.
Kingsley allait lui apprendre à avoir peur. Oh oui, il allait savoir ce que c’était.
Il s’approcha à nouveau de Marius, lui tournant autour sans vraiment arrêter ses pas lents, mesurés, comme s’il réfléchissait déjà à la façon dont il achèverait le mutant. Mais il existait tellement d’activités tellement amusantes avant de lui porter le coup de grâce…
- Sais- tu pourquoi tu es ici Marius ? non, ne répond pas, laisse le peu d’esprit qu’il te reste au repos, tu en auras besoin pour plus tard. Si tu veux vivre en tout cas. Tu es là parce que tu n’as pas été très malin Marius. Non que tu te sois un jour fait remarquer pour ta fulgurance intellectuelle, loin de là … Mais il faut dire que sur ce coup-là, tu as été sacrément con.
Son sourire de carnivore s’étira légèrement : le sourire du chasseur n’était pas de ceux qui apportaient de la chaleur chez son interlocuteur. Il ressemblait plus au rictus d’un molosse près à vous dévorer.
- Mademoiselle Blake a eu la présence d’esprit de m’appeler après votre petite escapade new yorkaise : la petite était terrifiée, le sais tu ? Jamais elle n’aurait imaginé avoir cotoyé un Monstre de si près. Et vois tu, je n’apprécie que moyennement que les parasites de ton genre s’en prennent aux jeunes femmes qui n’ont rien demandé.
Une nouvelle gifle cingla l’autre joue de Marius avec une telle force que les pieds de sa chaise grincèrent sur le sol de béton froid. Kingsley abaissa son visage à hauteur du visage du mutant, son sourire dément toujours plaqué aux lèvres :
- Tu peux crier autant que tu veux petit Marius, personne ne t’entendra, personne ne viendra te chercher, ni ton cher Papa, ni ton frangin adoré. Tu es seul face à moi, et cela ne fait que commencer. * il se redressa avant de jeter un coup d’œil aux instruments de torture à coté d’eux, l’index sur les lèvres, comme en proie à un énorme doute* A quoi tiens tu le plus Marius, à tes doigts, ou à tes dents ? tu es encore si … entier, je ne sais même pas par où commencer.
Putain Moren ! C’est un cri de détresse, d’exaspération, de colère. C’est un cri, un peu de tout. Parce que… j’ai peur de comprendre ce qui se passe. L’avantage qu’il y a à être con en permance, c’est que les gens oublient parfois qu’à la base, je suis quand même le fils et le frère de deux surdoués. Et que j’ai récolté quelques neurones. Et même si la plupart du temps, je les envoie au coin et les remplace par de la bière ou de la vodka, ils sont là. Poussiéreux, fatigué, oisifs, mais ils sont là. Et là, ils carburent, dopés à la panique. Putain Moren, c’est un cri, un sos qui retombe à plat sur le sol lorsque le Moren en question bouge plus vite que je ne m’y attendais et qu’une claque résonne dans la pièce, vibre sur ma joue, dégringole. Heureusement que je me suis arrêté pour pisser tout à l’heure, sinon je n’ose même pas l’état dans lequel serait mon froc actuellement. - Pas de familiarité entre nous Marius, je ne me souviens pas t’avoir invité à prendre la parole. Je blêmis. Je flippe, totalement. Les coups, j’ai l’habitude d’en recevoir. Mais généralement, j’en donne un paquet en retour. Et là, et là, je ne peux pas réagir. Juste écarquiller de grands yeux bleus perdus devant ce que je ne veux pas comprendre. Pourquoi, bordel, pourquoi moi ? Qu’est ce que j’ai fait de mal ? « Mais t’es totalement taré ma parole ! » En temps normal, je lui aurais fait remarquer que s’il ne veut pas de familiarité, il n’a qu’à me vouvoyer, m’appeler Monsieur Caesar et me lécher les bottes. Mais en temps normal, je ne suis pas attaché à une putain de chaise dans ce qui semble être un putain de bunker souterrain ou une connerie dans le genre. J’ai du mal à respirer. La panique, oui, je sais. Mais j’ai quand même du mal à respirer. Et Kingsley qui me regarde comme si j’étais de la merde, j’ai vraiment l’impression de voir mon père. Sauf que mon père se contente en général de m’ignorer après m’avoir giflé. Sauf que mon père, mon père ne veut plus me voir et moi non plus je ne veux plus le voir, et que mon père ne m’attacherait jamais à une chaise. Je tire sur mes liens, mais je n’ai pas d’autre résultat que de m’esquinter la peau. J’aurai du faire une fac d’espionnage, bordel.
Mais c’est trop tard, là. Parce que Moren s’approche. Cette fois, je décide d’arrêter de me chier dessus et de le regarder droit dans les yeux. Et de le foudroyer du regard. Genre avada kedavra. Ca ne marche pas : tant pis. - Sais- tu pourquoi tu es ici Marius ? non, ne répond pas, laisse le peu d’esprit qu’il te reste au repos, tu en auras besoin pour plus tard. Si tu veux vivre en tout cas. Tu es là parce que tu n’as pas été très malin Marius. Non que tu te sois un jour fait remarquer pour ta fulgurance intellectuelle, loin de là … Mais il faut dire que sur ce coup-là, tu as été sacrément con. Je fronce les sourcils. « Je suis toujours sacrément con. J’suis désolé, tout le monde n’est pas une lopette comme toi, y’en a qui ont d’autres talents. » Je sais qu’il faudrait que je me la ferme. Parce qu’en dehors de ma connerie, j’ai pris le temps d’écouter. Et de comprendre. Martial m’avait mis en garde, pourtant. Putain. Martial a toujours raison. Martial a toujours raison, Marius ! Pourquoi t’as arrêté de l’écouter, hein ? C’était une mauvaise idée d’utiliser ton pouvoir de superhéros. Bien, Marius, maintenant t’es dans un sacré merdier, tout ça parce que tu n’as pas écouté Martial.
Je serre les dents. Serre les poings. Arrête un instant de gigoter pour me concentrer sur ma joue qui me brûle. Et je continue à le fixer d’un regard mauvais. Il sourit ? Et bien je vais lui faire manger ses dents quand j’aurai trouvé le moyen de me libérer. Il y a toujours un moyen de se libérer. Dans les films, les superhéros se débrouillent toujours pour se libérer. - Mademoiselle Blake a « Astrid ? » « … d’esprit de m’appeler après votre petite escapade new yorkaise : la petite était terrifiée, le sais tu ? Jamais elle n’aurait imaginé avoir côtoyé un Monstre de si près. Et vois tu, je n’apprécie que moyennement que les parasites de ton genre s’en prennent aux jeunes femmes qui n’ont rien demandé. J’ouvre grand les yeux, laisse une larme de douleur s’échapper de mes paupières lorsqu’il me gifle une nouvelle fois. Il a dit quoi là ? « Astrid ? Mais qu’est ce qu’elle vient faire là dedans ? » J’ai envie de reculer lorsqu’il s’approche, j’ai envie de hurler, j’ai envie de le frapper, de le griffer, de le tuer. Astrid, qu’est ce qu’elle vient faire ici ? « Putain connard, je te jure, tu touches à un seul de ses cheveux, je te tue, je te fais bouffer tes couilles, je t’étrangle avec ton intestin, je… » Je m’arrête surtout de hurler, à bout de souffle. Je me débats de plus en plus. Je n’en ai rien à faire d’avoir mal, mais merde, pourquoi il a parlé d’Astrid ? - Tu peux crier autant que tu veux petit Marius, personne ne t’entendra, personne ne viendra te chercher, ni ton cher Papa, ni ton frangin adoré. Tu es seul face à moi, et cela ne fait que commencer. A quoi tiens tu le plus Marius, à tes doigts, ou à tes dents ? tu es encore si … entier, je ne sais même pas par où commencer. Ma parole mais c’est un vrai psychopathe ce type ! Je me doutais bien que ce n’était qu’un connard – il en avait la tête – mais à ce point… Putain de bordel de merde ! Mes doigts ? Mes dents ? Mais… Mais…
Je prends le temps de me calmer. Un peu. Parce que je flippe, autant pour Astrid que pour moi, autant pour les heures à venir. Je prends tellement le temps de me calmer que je sais exactement ce qu’il convient de lui répondre. J’ai du être un lama dans une autre vie. Je suis une réincarnation du grand père de Serge le Lama. Parce que je le regarde d’un air mauvais, je lui fais un petit sourire. Et je lui crache à la gueule. Touché ! La joue, 150 points pour Marius. La prochaine fois, faut viser les yeux et ce sera 500 points. S’il y a une prochaine fois. Il faut que je réfléchisse. Et c’est dur. « Ce sera tes couilles, si t’en as. Espèce de lâche, p’tite bite. Détache moi et ça va être toi qui vas crier, tu vas voir. T’es totalement taré, Kingsley. » Je sais que je ne vais rien arranger à m’énerver comme ça. J’essaye de me souvenir les derniers cours de Mika, mon prof ès mutation. Tout ce que j’ai retenu, dans l’affaire, c’est que je ne comprends pas des masses ma mutation. Gestion de ma densité. C’est bien mignon, je peux manger des dizaines de pancakes, mon poids sur la balance sera toujours le même. Et puis, la densité, c’est même pas le poids, c’est… Je plisse les yeux. La densité, c’est plus badass encore. Parce que si je l’augmente suffisamment, j’imagine que je peux devenir plus dur que du granite. Et qu’il essaye de me faire mal. Bon le problème, aussi, c’est que si j’augmente trop ma densité, je ne suis pas con, je sais que mon cœur lâchera. Parce qu’il ne deviendra pas plus fort pour autant, et pour battre lorsque tu pèses des centaines de kilo… Je plisse les yeux. Ouais, la densité pour devenir indestructible, je garde ça en dernier recours. Surtout que la chaise risque de flancher elle aussi. « De nous deux, connard, c’est toi le monstre. Et Martial va venir, j’en suis sûr. » Là, je mens. Totalement. Parce que je ne sais même pas où je suis.
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Sujet: Re: painful betrayal (kingsrius) Mer 24 Juin 2015 - 21:56
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Marius n’était pas le premier mutant à traiter Kingsley de taré, et ne serait probablement pas le dernier non plus. Le chasseur n’y prenait plus garde à vrai dire, puisque la majorité de ceux qui avaient prononcé ces mots étaient morts et bien morts, alors que lui vivait toujours. N’était ce pas une preuve suffisante pour affirmer que c’était eux, les fous ? Le sourire de Moren s’étira un peu plus alors Marius l’assassinait du regard, les yeux étant bien les seuls choses qu’il pouvait bouger, avec cette foutue langue. Ce muscle devait être hypertrophié chez Marius, tant il l’utilisait à tort et à travers. Cette voix caquetante insupportait le chasseur, son vocabulaire l’horripilait, et il n’arrivait pas à comprendre que cette espèce de raclure de bidet puisse être le frère d’un être sensé et respectable. Aussi, il éprouva une satisfaction jouissive en voyant sa petite gueule répugnante se décomposer entendant le nom d’Astrid. Il l’interrompit, bien sur, ce garçon là n’avait aucun sens de la politesse, mais le fait de voir le sang quitter progressivement son visage valait bien toutes les grossièretés du monde. Oui, Astrid l’avait vendu, l’avait dénoncé, pour le bien de la communauté et surtout pour sa propre sécurité, et elle avait eu bien raison de faire ça.
- Et oui Marius, cette chère, douce, délicate Astrid est venue me voir, spontanément, pour me faire part de ses inquiétudes vis-à-vis de ta … condition … *un éclat inquiétant traversa ses iris* Elle est avec moi, de mon coté, je ne vois pas pourquoi je lui ferais du mal … Toi en revanche …
Il laissa sa phrase en suspens, laissant bien à Marius le temps de réaliser la raison de sa situation. Astrid Blake, son ancienne copine, celle qu’il aimait, apparemment, l’avait trahi, l’avait dénoncé à ce qui se faisait de plus dur parmi les chasseurs. Elle aurait pu le vendre à un « gentil », façon Ezekiel Blackwel et autres Martial pas bien vindicatifs, mais non, elle avait préféré se confier à celui qui leur arrachait les doigts, les vidait de leur sang pour en faire des rats de laboratoire. Il n’était peut être pas le pire, mais il ne faisait pas partie des agneaux. Il essuya le crachat qu’il venait de recevoir sur la joue d’un revers de manche, et son sourire se fendit d’un rictus délirant, façon joker. Marius voulait jouer ? très bien, il jouerait ? Mais ils n’avaient pas le même genre de gadgets pour faire mumuse.
- Tu parles beaucoup et bien fort pour un type incapable de se défendre, Marius… C’est bien beau d’aboyer quand on ne peut même pas mordre.
Il s’éloigna d’un pas, tourna le dos à Marius pour se saisir de quelque chose sur la table, qu’il passa d’une main à l’autre en le soupesant, sans que Marius puisse voir ce dont il s’était emparé. Il rangea l’objet dans sa poche intérieur de veste pour empêcher que le mutant devine ses intentions, puis fit trainer la seconde chaise sur le sol dans un bruit de raclement jusqu’à Marius, pour s’asseoir à l’envers, le dossier supportant les coudes de chasseur. Tranquillement, ce dernier pris l’une des mains de sa proie, la plaqua fermement la paume sur la table, lui immobilisant le poignet d’une poigne de fer.
- Marius marius marius… En plus d’être vulgaire, tu es maintenant un menteur… un menteur qui se ment à lui-même…. Et c’est un péché ça, Marius.
Kingsley soupira en secouant la tête, sa main droite enserrant toujours le poignet du jeune mutant. Il fixa le plafond comme s’il s’adressait muettement au Seigneur le temps d’une rapide prière, avant de reprendre à voix basse, fixant Marius sans vraiment le voir :
- Et les pêcheurs doivent être punis. Fermement. Et ton existence entière est un affront à la grâce de Dieu.
Il glissa sa main libre dans le revers de sa veste costume pour en sortir un objet étincelant qu’il planta dans la main de Marius avec une violence inouïe.
Kingsley venait de poignarder la main de Marius avec un couteau de cuisine sans le moindre frémissement d’hésitation.
Marius Caesar
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Sujet: Re: painful betrayal (kingsrius) Sam 27 Juin 2015 - 18:56
painful betrayal
Oh putain de bordel de merde, Marius, tu t’es foutu dans un beau merdier. J’entends déjà, en langage plus fleuri que la réalité, ce que me dirait mon frère s’il débarquait, là, maintenant tout de suite. Je panique de plus en plus, et la réaction normale d’un Marius face à la panique – en dehors de la panique elle-même mais ça, vous vous en seriez doutés tous seuls – c’est la provocation gratuite, stupide et totalement improductive. Et malgré ma bouille d’ange et mon sourire freedent, j’excelle dans ce domaine. Ma panique, lorsqu’il parle d’Astrid, passe un cap et je deviens comme fou. Astrid, Astrid, pas ma Astrid bordel ! Qu’il touche à un seul de ses cheveux et je lui ferais goûter ses parties en les assaisonnant de tout mon imagination, qu’il ose la blesser de quelque manière que ce soit et… - Et oui Marius, cette chère, douce, délicate Astrid est venue me voir, spontanément, pour me faire part de ses inquiétudes vis-à-vis de ta … condition Elle est avec moi, de mon coté, je ne vois pas pourquoi je lui ferais du mal … Toi en revanche … Je me tais. Brutalement. Parce que j’ai beau être con, je comprends quand même ce qu’il me raconte et ce qu’il sous-entend. Il sait que je suis un mutant, c’est un Hunter et c’est Astrid qui m’a… qui m’a vendu ? Vraiment ? Genre maintenant on vend les mutants pour que des psychopathes les séquestre et… et c’est quoi la suite, la torture ? Je blanchis, je pâlis, je suis trop choqué, trop paniqué même pour parvenir à être en colère contre qui que ce soit même si je sais que dans quelques secondes je vais haïr Astrid autant que je l’aime. Parce que oui, c’est dit, je l’aime. Putain. Et moi qui pensais que c’était réciproque, et moi qui… Calme toi Marius.
Il faut impérativement que je me calme, parce qu’actuellement je ne sers à rien. Je me tais, le souffle coupé par cette trahison. Je me tais et j’en profite pour faire taire mon cerveau, ma panique et mobiliser mes neurones survivants. Et je crache. Bravo Marius, t’as touché la joue et tu viens de gagner le droit de l’énerver davantage encore. Cracher sur quelqu’un, c’est assez fort psychologiquement parlant. La plupart du temps, je me contente de cracher par terre pour montrer mon dédain, ou juste parce que j’ai trop de salive en réserve. La dernière fois que j’ai craché sur quelqu’un, c’était mon père. Et il avait réagi aussi froidement que l’homme devant moi. Ce qui me fait comprendre que même si j’avais conscience d’être dans la merde, et bien j’étais loin de la réalité. - Tu parles beaucoup et bien fort pour un type incapable de se défendre, Marius… C’est bien beau d’aboyer quand on ne peut même pas mordre. Putain, mais c’est qu’il n’a pas tort, le con. « Va te faire foutre, bâtard. » Putain, c’est vrai que j’aboie. Mais en même temps, c’est tout ce que je peux faire. A quoi ça sert d’être un mutant si je ne peux rien faire avec mon super pouvoir, hein ? Lorsqu’il s’écarte, je ne peux pas m’en empêcher : je continue. « C’est ça connard, casse toi, recule loin, ça ne me fera que du challenge supplémentaire pour continuer à te cracher dessus. Je parie que je peux atteindre tes yeux au prochain coup. C’est ça, dégage, et… » Ce n’est pas que je suis à court d’inspiration, c’est que… qu’est ce qu’il fout, là ? Le voilà qui traine une chaise, qui se rapproche de moi. Il a pris quelque chose sur la table. Je tends le coup pour voir quoi, il passe derrière mon dos, je me retourne du mieux que je peux, sans cacher mes yeux angoissés. « Qu’est-ce tu fous, Moren ? Qu’est-ce… » Libre ! Pendant une fraction de seconde, j’ai cru que c’était bon, que la fête était finie, que la blague avait assez duré et qu’il me détachait. Une seconde. Son poignet enserre le mien et j’ai beau faire, avec un bras dans le dos je n’arrive à rien. D’autant plus que ma panique s’amuse à rendre mon don incontrôlable, et que mon bras trop léger ne me laisse aucune force autre qu’une vitesse totalement inutile. « Lâche moi, ne me touche pas, ne… » Il plaque ma main sur la table. - Marius marius marius… En plus d’être vulgaire, tu es maintenant un menteur… un menteur qui se ment à lui-même…. Et c’est un péché ça, Marius. Quoi ? Mais qu’est ce qu’il commence à raconter. « Et baiser ta sœur, c’est un péché aussi ? Désolé. » Je me mords la langue. Tais-toi Marius, tais-toi. C’est un taré ce mec, c’est… « Qu’est ce que tu comptes faire ? Lire mon avenir ? Mon avenir c’est foutre un coup de pied dans tes parties, bâtard, et te faire mettre en taule ou en asile pour les dix années à venir, et… » - Et les pêcheurs doivent être punis. Fermement. Et ton existence entière est un affront à la grâce de Dieu. Mais qu’est ce qu’il bave, ce con ? Et…
Dans les films, quand le héros se prend une balle, un couteau ou une connerie dans le genre, on a l’impression qu’il vient de manger des épinards : il fait la grimace, crache un bon coup et repart. Dans la vraie, vie… je hurle. Autant de surprise, d’horreur que de douleur. Je hurle, je me crispe, je suffoque parce que tout mon corps réagit avec violence à l’agression. Des larmes perlent à mes yeux, ma respiration s’accélère, je n’arrive pas à quitter le couteau du regard. Ni à ignorer le sang qui perle de la lame. Qui s’agglutine dans ma paume en forme de coupe. Je détache mon regard de ma main pour fixer Kingsley. « Mais… mais ça fait mal ! » Judicieuse remarque, Marius. « Mais t’es un grand malaaade ?! » D’abord Astrid, puis ça… La colère succède à la stupéfaction. Putain, j’adore les épinards comparés à ça. Je ne sais plus parler : je hurle. « Mais qu’est ce qui t’a pris ? Qu’est ce que ça te fait que je sois un x-men, hein ? J’ai pas demandé à être comme ça moi ! T’as voulu être con et moche ? Et bien c’est la même chose ! Si t’es un frustré de la vie, va baiser des lamas, rase toi la tête, fais toi un kif mais sois pas un psychopathe ! » Ma conception de la vie vient de prendre un rude coup. Parce que des gens qui se prennent des couteaux dans la main, à moins d’être maladroit ET d’avoir la poisse, ça n’existe que dans les films que je tourne. Et même en tant que cascadeur, on ne m’a pas demandé de subir ça. Et… ma densité augmente brutalement. La chaise grimace sous mon poids, gémit de douleur, craque. Ma densité augmente encore, des étoiles noires apparaissent dans mon champ de vision au fur et à mesure que mon cœur défaillant peine à envoyer le sang partout dans mon corps. Ma densité diminue brusquement à son tour. Je tente un truc. Que je n’ai jamais fait. Je diminue encore ma densité, mon cœur bat à tout allure, fier comme un paon, crétin comme moi. J’essaye de bouger mes chevilles, encore et encore, à toute vitesse et en fermant les yeux pour me concentrer, j’essaye d’augmenter ma densité une nouvelle fois. Et la force d’inertie fait son office : la chaise hurle, mes jambes alourdies percutent la structure fragilisée et réduisent l’ensemble en morceaux. Et, malin comme je suis, je m’écroule avec une main en sang transportant un couteau et un cœur qui bat à toute vitesse, qui menace de flancher, qui se bat avec peine pour ne pas rendre les armes. Bravo Marius : ce que tu viens de faire n’a servi à rien. Je tente de me relever, les jambes flageolantes, les yeux brillants de ces larmes de douleur qui dégringolent mes joues.
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Sujet: Re: painful betrayal (kingsrius) Mar 30 Juin 2015 - 22:55
Let me show you what pain is ...
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MKingsley avait effectué son geste avec une précision implacable : il savait qu’il n’avait pas touché à une artère importante, ni même à un tendon. La plaie était béante, impressionnante, mais ne mettrait pas la vie de Marius en danger. En revanche, elle lui ferait un mal de chien pendant des jours, peut être des semaines, et il devrait contrôler qu’une infection ne noircisse pas les chairs. Enfin, si il s’en sortait ce soir. Marius avait hurlé, exactement de la façon dont il aimait entendre les monstres hurler : de douleur bien sur, mais aussi de surprise et d’horreur. Il savait maintenant qu’il ne jouait pas, que ce n’était pas une mauvaise blague de son frère pour lui donner une bonne leçon. Il était sérieux, bien sérieux quand il énumérait tous les supplices qu’il avait prévu de lui infliger. Bien sur, le mutant avait d’abord continué de l’insulter, cherchant à le provoquer dans une tentative que le chasseur trouvait au mieux médiocre, et sincèrement pathétique. Il avait un véritable arsenal autour de lui, et si Marius faisait un seul geste suspect, il lui ouvrait la gorge avec un couteau de boucher, qu’il soit le frère de Martial ou pas. D’ailleurs, il ne considérait même plus son captif comme un membre de la famille de son meilleur ami : un tel déchet ne pouvait qu’être un sombre bâtard, il n’avait ni l’honneur ni la stature de son paternel ou de son ainé. Tout au mieux, sa mère avait du se faire engrosser par un de ses chiens de mutants juste après avoir couché avec le patriarche Caesar, et les deux semences avaient donner deux enfants. Oui, voilà, Martial était un enfant de Dieu, d’un mariage pur et respectable, et Marius n’était qu’un rejeton du péché, une raclure de Satan. Et pour cela, il devait être éliminé.
Il ne put retenir un ricanement, proche du gloussement, quand Marius cessa de sangloter pour le fixer d’un regard hagard, et lui préciser que, en effet, une lame dans la main, ça faisait mal. Décidément, ce garçon était une flèche. Ou alors une vache, parce qu’il se mit à meugler, sa voix montant parfois dans les aigus quand il avait le malheur de remuer un tout petit peu le couteau dans la plaie. Littéralement. Kingsley se contenta de lever les yeux au ciel en entendant Marius débiter ses insultes, qu’il considérait comme digne d’un gosse de quatre ans. Peut être que le cerveau du mutant avait stoppé son développement à ce stade cela dit, ça expliquerait bien des choses le concernant. Il le giffla à nouveau, avant d’essuyer sa main morveuse avec le carré de soie qui ornait sa poche de veste.
- C’est tout ce que tu as ? Moi qui espérais que l’adrénaline te rende un peu plus … Spirituel. Tu es une véritable déception. Non pas que cela te change vraiment de d’habitude, n’est ce pas ?
Kingsley savait que Marius avait toujours été une énorme déception pour son père, qui ne manquait pas une occasion de se plaindre du comportement de son fils. Kingsley jeta un coup d’œil indifférent à la main ensanglantée de Marius et songea que, s’il continuait à beugler comme un bovin, il verserait de l’alcool sur la plaie et craquerait une allumette au dessus de ses doigts. Juste pour voir ce qui pourrait se passer. Le craquement douloureux des pieds de la chaise du captif le sortit de ses pensées macabres, alors qu’il se saisissait dans un reflexe félin d’une des armes sur la table, un colt déjà chargé, prêt à faire feu. Cependant, il serait fortement contrarié de devoir éliminer le mutant d’une manière si … expéditive. Il fixe Marius qui se balance d’avant en arrière en grimaçant et en gémissant, la main toujours punaisée à la table, jusqu’à ce qu’il parvienne à casser la chaise, et à tomber à la renverse. Si Kingsley n’était pas autant sur ses gardes, la situation l’aurait probablement beaucoup fait rire : cette tentative de … de quoi, en fait ? aucune idée, en tout cas c’était ridicule, n’avait rien donné. Il avait toujours le couteau au travers de la paume, il suait comme dans la bouche de l’enfer, et à présent, il pleurait. Kingsley adorait entendre, voir les mutants pleurer. C’était pour lui presque aussi agréable à l’ouïe que le carillon des cloches le dimanche matin, juste après un baptême. Vraiment, un jour il les enregistrerait, ces pleurs, et s’en ferait une compil pour aller courir. Ça avait quelque chose de… Stimulant.
- C’était presque utile, presque….
Avec une certaine douceur, il aida Marius à se redresser un peu, puis le rassit sur une autre chaise, la sienne, en l’occurrence, le tenant cependant suffisamment éloigné des armes pour qu’il ne soit pas tenté d’essayer de s’en emparer.il reprit d’une voix tranquille
- Je vais chercher quelque chose au fond de la pièce, derrière toi. Pas de bétise hein Marius ? si tu lèves tes fesses de cette chaise, je te coupe ton autre main. Tu sais que je ne plaisante pas, n’est ce pas ? Bien.
Il se détourna du mutant, sans totalement le perdre de vue, et fit rouler un chariot contenant une énorme bassine d’eau à la couleur douteuse et à l’odeur plus écoeurante encore. Il souleva le récipient dans un ahanement d’effort, pour le poser juste sous le nez du mutant :
- On va jouer au jeu des questions et des réponses maintenant Marius. Je pose une question, tu réponds. Si tu réponds de travers ou trop lentement, je t’enfonce la tête dans l’eau. Elle est là depuis un moment, alors je te conseille d’être réactif et honnête. Sinon tu le regretteras.
Il s’installa à coté de Marius, et lui agrippa une poignée de cheveux entre ses doigts fermes, enfonçant ses ongles dans son cuir chevelu par la même occasion :
- On va commencer par un truc facile : en quoi consiste ton abomination, à part péter des chaises ?
Chaque seconde est un coup de massue sur mes épaules, sur mon crâne, sur ma confiance en moi et ma vitalité habituelle. Je hurle, je crie, j’insulte, je crache, je me débats tant verbalement que physiquement mais rien n’y fait : je suis comme un animal blessé pris au piège qui ne parvient pas à s’échapper et qui se blesse davantage en s’obstinant à tenter de le faire. Je dois être un peu stupide. Ou du moins un peu plus stupide que ce que je pensais. Dans tous les cas, alors que je fais état de mes capacités intellectuelles dans des remarques dictées par le choc, l’horreur et la douleur, je me surprends à contempler, tétaniser, ma main ouverte. Et bien ouverte. Puis je recommence à hurler des insanités, seule réaction normale dans une situation comme celle là. Non mais vous pensez quoi, ou plutôt il pensait quoi ce connard ? Que j’étais un superman incognito ou un Chuck Norris ? Il ricane, le bâtard, mais qu’il se plante une lame dans ma main pour voir si ça réveille.
Si la gifle que m’assène à nouveau Kingsley n’a plus aucun effet, ses mots en revanche… - C’est tout ce que tu as ? Moi qui espérais que l’adrénaline te rende un peu plus … Spirituel. Tu es une véritable déception. Non pas que cela te change vraiment de d’habitude, n’est ce pas ? Je suis hors de moi, paniqué, je tente de réfléchir, je tente une action désespéré, j’invente, j’essaye de me débattre et de fuir ce pauvre taré parce que je commence vraiment à avoir peur pour ma vie. La chaise craque sous mon poids, je m’écroule. Je suis une déception. Même ma mutation en est une puisqu’à mon image, elle ne sert qu’à amuser la galerie. Je suis une déception, je pleure de douleur et de dépit lorsque je prends brutalement conscience de plusieurs choses : je ne suis plus un gamin. Et je vais certainement mourir parce que j’ai une mutation de merde, un humour de merde, que j’ai la poisse et qu’Astrid m’a vendu au meilleur ami psychopathe de mon frère jumeau. - C’était presque utile, presque…. Je ne sais même pas quoi dire parce qu’il n’y a rien à dire. Lorsqu’il me relève, je suis trop hébété et abruti par mon cœur et cet usage bizarre de ma mutation pour tenter quoique ce soit. Lorsqu’il me rassoit sur la chaise, j’essaye de me concentrer. Allez Marius, t’es un battant, t’es un dur. T’es un chieur, surtout. Alors il faut que je me bouge et que je n’arrête pas un seul instant de me débattre. Ce n’est pas parce que je me suis révélé être une déception que j’ai arrêté d’emmerder mes parents, ce n’est pas parce que mon cœur s’est dévoilé dysfonctionnant que j’ai arrêté totalement le sport et les sensations fortes. Alors je ne vois pas pourquoi j’arrêterais maintenant d’être aussi têtu qu’une mule, d’être aussi têtu que mon connard de père. Je reprends mon souffle, ralentis les battements de mon cœur. Attends qu’ils soient redevenus normaux. - Je vais chercher quelque chose au fond de la pièce, derrière toi. Pas de bétise hein Marius ? si tu lèves tes fesses de cette chaise, je te coupe ton autre main. Tu sais que je ne plaisante pas, n’est ce pas ? Bien. J’en ai rien à foutre, Kingsley, tu ne le comprends pas ? J’en ai rien à foutre de tes menaces, j’en ai strictement rien à faire. J’vais pas me laisser trouer et saigner sans rien faire, tu comprends ? J’ai un frère, j’ai un gosse, j’ai une connasse de copine, donc j’en ai rien à foutre de tes menaces. Je serre les dents. Qu’est ce que ferait Martial à ma place ? Aucune idée. Qu’est ce que ferait mon père à ma place ? Il attaquerait. Il parlerait pour mettre Moren plus bas que terre comme il sait si bien le faire d’un regard et de deux phrases. Le problème, c’est que je ne suis ni mon frère, ni mon père. Encore heureux. Lorsque Kingsley revient dans mon champ de vision, je suis étonnamment calme. En fait, à partir du moment où j’ai pensé à mon gosse…
- On va jouer au jeu des questions et des réponses maintenant Marius. Je pose une question, tu réponds. Si tu réponds de travers ou trop lentement, je t’enfonce la tête dans l’eau. Elle est là depuis un moment, alors je te conseille d’être réactif et honnête. Sinon tu le regretteras. Je le regarde sans décrocher un mot. Mâchoire crispée, visage fermé, regard noir. Comme face à mon père en somme : braqué. Buté. Lorsqu’il plante ses doigts dans mon crâne pour maintenir ma tête, je me retiens in extremis de lui planter dans l’œil le couteau que j’ai récupéré. Pas maintenant faut croire. Que j’attends qu’il soit encore plus con. Et je n’ai jamais frappé quelqu’un comme ça. On ne dirait pas : je ne m’en sens pas des masses capables. En fait, je n’en mène pas bien large. J’ai mal. - On va commencer par un truc facile : en quoi consiste ton abomination, à part péter des chaises ?
Calme, Marius, calme. « Lâche-moi connard. » Bon. Voilà. Chassez le naturel il revient au galop. J’essaye de me souvenir des conseils de notre garde du corps et chauffeur lorsqu’on avait dix ans. Des conseils si jamais on nous embêtait. Frappez d’abord les parties et ensuite le nez, enfin les côtes. Bien. Bonne idée. « J’suis un mix entre un lama et un clown, tu ne t’en es toujours pas rendu compte ? » Je me crispe d’appréhension, tourne la tête dans sa direction en bondissant sur mes jambes pour chercher à lui planter le couteau quelque part avec une magnifique maladresse. En quelques instants, je me retrouve debout, face à Kingsley, à heurter le chariot sur lequel reposait la bassine, un couteau dans une main, un trou dans l’autre. J’ai l’air con, je le sais. Mais en même temps : qu’est ce que vous voulez que je fasse, moi, petit Marius ? Je suis un ex-handballeur, pas un Jackie Chan. Tout ce que je connais des arts martiaux, c’est ce que j’ai du apprendre de bien codifié pour les films dans lesquels j’ai tournés. « Mais si je suis un lama-clown, toi t’es qu’un putain de petit crétin prétentieux. Et tu ne sais toujours pas si je vais te cramer ta race ou transformer tes couilles en bonbons. Qu’est ce qu’elle t’a raconté Astrid ? » J’ai la main qui tremble. Les couteaux, hormis ceux que je lançais sur le parquet pour tuer les araignées, je ne m’en sers que lorsqu’il faut que je fasse la cuisine, c'est-à-dire jamais.
Dans les films, les héros font parler les méchants jusqu’au deus ex machina de la fin. Alors on va dire que je vais tenter cette stratégie parce que je ne sais pas quoi faire d’autre. Et que j’ai mal. Très mal. Trop mal. Je n’aurais peut être pas du me relever si c’est pour m’évanouir. J’augmente un peu ma densité pour me stabiliser debout par mon poids. « Tu fais moins le malin, hein ! J’suis sûr que tu as envie de faire dans ton froc. » Parce que c’est mon cas.
A bien y penser, Kingsley pensait de plus en plus que le principal défaut de Marius, en dehors de son ADN défectueux, était que mère nature l’eut doté de cordes vocales, et d’une quantité de neurones tout juste suffisante pour qu’il soit en mesure de les utiliser. Ses cordes vocales hein, pas ses neurones. Parce qu’il avait beau faire le fier, le type courageux et inatteignable, le cadet des Caesar n’en menait pas large, et il suffisait de voir la façon dont ses membres tremblaient, et la quantité de larmes dans ses yeux bouffis. King était un prédateur, un loup qui sentait le gout métallique de la peur de ses proies sur le bout de la langue et cette odeur excitait son appétit plus que n’importe quelle piece de viande fraiche. C’était Marius son beefsteack, et il ne le laisserait pas s’échapper de sitôt.
Le chasseur fit claquer sa langue contre son palais en signe de son déplaisir à entendre les insultes infantiles du mutant. Qu’il était bruyant mes aïeux, une véritable dinde, à se secouer en glougloutant des parjures, c’était fatiguant, même pour cet ange de patience et de destruction qu’était le chasseur. Il était de plus en plus tenté de lui couper la langue ou de le bâillonner pour avoir un peu la paix. Sauf qu’un muet, c’est moyennement utile pour récolter des informations. Un peu de sang froid, il devait en avoir encore un peu pour lui faire cracher les informations qu’il voulait de lui. Après, il le dépècerait de la totalité de ses muscles buccaux, un par un. Mais avant ça, il eut à éviter une tentative désespérément maladroite de riposte du mutant, qui s’était redressé sur ses pieds en titubant, son couteau à la main, le sang coulant de la plaie rendant son emprise glissante, incertaine. Kingsley ne parut même pas surpris, tout juste agacé : il était un tueur d’élite, entrainé depuis l’enfance à faire face à ce genre de situation, qu’espérait il ? lui faire peur ? L’impressionner ? Il avait craint des petites filles de 8 ans plus sérieusement que le petit Caesar… D’ailleurs, il ne bougea presque pas, se contentant d’un pas sur le coté pour esquiver Marius et le voir s’effondrer contre le chariot dans un couinement pitoyable. Les lèvres de Kingsley s’étirèrent dans un sourire mauvais :
- Je suis terrorisé, je tressaille, je palis à ta vue, pâle copie de ton géniteur. Astrid m’a dit que tu étais … un gros lourd. Littéralement. Mais ne t’inquiète pas, je vais régler tes petits problèmes de gènes rapidement … Reprenons, veux tu ?
Replaçant sa main sur le crâne de Marius, l’autre tordant son poignet sans aucune douceur, il le repoussa sur sa chaise sans ménagement. Marius avait raison sur une seule chose : il ne savait pas vraiment quelle était la nature de son don. Marius était peut être un pauvre con, mais un pauvre con potentiellement dangereux. Et à huit clos, Kingsley refusait de prendre le moindre risque. Après avoir arraché le couteau des mains du mutant dissipé, le chasseur remonta ses manches en soupirant :
- Tu me forces à devenir désagréable Marius, moi qui étais ouvert à la conversation, aux confidences… Et avec ça, tu m’ennuies avec tes petites histoires de cœur … Pensais tu vraiment qu’une fille comme Elle aimerait vraiment un type comme … Toi…
Le ton de Kingsley s’était fait doucereux, venimeux. Acide. Ca s’insinuait en vous, ça vous collait comme l’odeur de la friture ou de l’huile de moteur. Sauf qu’en plus, ça faisait mal.
- Tu ne veux pas parler, tant pis, on va s’y remettre tranquillement. On a le temps tu sais ? tout notre temps…
A ces mots, il enfonça la tête de marius dans la bassine d’eau croupie. Longtemps. Assez longtemps même, suffisamment pour que l’aiguille des minutes fasse deux tours, et que les épaules du mutant se mettent à tressaillir sous l’effet du manque d’oxygène. Kingsley ne le laissa se redresser que pour se décaler d’un pas, et chercher une seringue remplie d’un liquide blanchâtre. Du sérum temporaire, plus communément appelé HN24. Alors que Marius respirait de longues goulées d’air sec, il lui planta la seringue dans l’épaule avec un petit sourire sadique. La substance avait toujours des effets … intéressants sur les cobayes qu’il avait déjà eu.
- Je repose la question : En quoi consiste ta monstruosité, Marius ? Si tu me mens, je serais dans l’obligation de te faire du mal… et peut être même que je ferais de la peine à Astrid aussi, à cause de ton fichu caractère…
Je suis désespéré. Et en colère. Et beaucoup trop de choses pour que ce soit pertinent et intéressant de faire la liste, prenez plutôt un dictionnaire de synonymes à l’entrée panique pour vous faire une idée. Je suis désespéré : et lorsque je chancelle, debout sur mes guibolles avec un couteau dans la main, faut bien dire que je ne sais pas trop quoi en faire sur le moment. J’ai l’air stupide. Parfois, quand on est gosse, on s’amuse à s’imaginer en héros. Ne faites pas cette tête, on l’a tous fait, moi le premier. En même temps, je me suis vu mousquetaire, résistant, superman, homme des cavernes. Généralement on ne s’imagine pas trop au bord des larmes dans une pièce glauque face à un taré… ou alors, ça veut dire qu’on a un sacré problème ; bref. Rien ne m’a préparé à ça. Mon cœur bat à toute vitesse dans ma poitrine, battant les percussions de la bande son sur un rythme effréné. Je tremble mais je garde le menton haut. Pas question que je lui concède quoique ce soit, même si je suis mort de trouille. J’ai beau avoir des bases en arts martiaux, j’ai beau avoir été un prodige du hand, ça ne me sert à rien dans le cas présent. Même ma mutation ne sert à rien, même mes dons en maths, même mes insultes, même ma cleptomanie. Tout ce qui fait que je suis moi ne sert à rien. Alors je tente ce que je peux, je crache, j’insulte, je parle. Et si ça ne lui fait rien – fort probable que ça ne serve qu’à l’agacer – au moins ça me maintient un peu à flots. Tu fais moins le malin, hein ! Ouais, je m’entends parler ne vous inquiétez pas. Je ne crois rien de ce que je raconte, tout ce que je veux, c’est de ne pas perdre pied. - Je suis terrorisé, je tressaille, je palis à ta vue, pâle copie de ton géniteur. Astrid m’a dit que tu étais … un gros lourd. Littéralement. Mais ne t’inquiète pas, je vais régler tes petits problèmes de gènes rapidement … Reprenons, veux tu ? J’arque un sourcil en lui crachant dessus – dommage, que le col : « J’imagine que si j’ai pas envie, tu n’en as rien à faire ? » Pâle copie de mon géniteur ? Parfait alors, j’ai rien de lui et je ne veux pas lui ressembler, tu ne pouvais pas me faire plus joli compliment, connard. J’essaye de me défendre sans aucun résultat. Putain. C’est horrible de se sentir aussi… inutile. J’en pleurerais de frustration : je sers vraiment à rien. Et sa main sur mon crâne, quelque part, elle est totalement méritée. Comme le serait ma main dans sa gueule, mais ça c’est une autre histoire. Sans aucune douceur, mon poignet est obligé de lâcher le couteau alors que je me débats tout ce que je peux sans parvenir à faire autre chose que de m’effondrer sur la chaise. - Tu me forces à devenir désagréable Marius, moi qui étais ouvert à la conversation, aux confidences… Et avec ça, tu m’ennuies avec tes petites histoires de cœur … Pensais tu vraiment qu’une fille comme Elle aimerait vraiment un type comme … Toi… J’ouvre les yeux. De toute façon, finalement, j’ai plus rien à perdre. « Ouvert à la conversation, toi ? C’est comme ça que tu discutes avec les gens en les droguant et les blessant ? M’étonne pas que ton meilleur ami doive être ton psychiatre. T’es bien comme mon père, tiens. Et Astrid m’aime, alors boucle là. » Je mens, je mens comme un arracheur de dents. Je me débats psychologiquement pour m’en sortir parce que bien regardée, ma vie vole en fumée : les toiles qui la composent ne sont plus que des lambeaux qui se consument lentement. Astrid me vend à un psychopathe, Martial a pour meilleur ami un psychopathe… Ce n’est pas tant le ton ou les mots de Kingsley qui font mal, c’est plutôt… leur vérité. Et c’est peut être pour ça qu’à nouveau, j’attends plus que je ne me défends, presque apathique pendant une demi-douzaine de secondes, suffisamment d’ailleurs pour qu’il prenne le dessus. - Tu ne veux pas parler, tant pis, on va s’y remettre tranquillement. On a le temps tu sais ? tout notre temps… Tout notre temps ? Je ne crois pas… l’eau est dégueulasse.
Mais me fait à nouveau l’effet d’une gifle assénée avec violence dans le peu d’amour-propre que je possède. Je suffoque, je ferme les yeux, je m’agite sans aucune puissance parce que mon corps est trop fatigué pour suivre le réveil de mon esprit. Et je lutte, aussi, pour ne pas ouvrir la bouche, pour ne pas respirer, pour ne pas ingérer une goutte de cette eau viciée et dégueulasse, et… j’ai les poumons en feu, de l’eau plein les narines et plein la bouche lorsque Kingsley cesse le supplice. Je vomis aussitôt sur ses chaussures, parce que je me suis tourné de justesse. Dommage, j’ai pas pu repeindre sa chemise. Je tousse, je crache de la bile, j’essaye de saliver un maximum pour me rincer la bouche. Et lorsque je lève les yeux c’est pour voir qu’il a vraiment une dent contre moi. Je le connais, ce sérum. Je fronce les sourcils. « Quoi ? » Un sourire se creuse sur mes lèvres. Pour le coup, il ne m’épargne rien, me hait vraiment, mais se trompe sur toute la ligne. J’ai déjà été vacciné. J’ai déjà été privé de mon pouvoir et vu que Martial le souhaite, ça ne me fait pas peur. Ca va juste me faire chier, un temps. Parce que son putain de vaccin, il ne sert à rien. La piqûre dans l’épaule me fait comme une… bah tiens, c’est marrant ça, comme une piqûre de rappel. Et me réveille davantage encore. Je suis marrant comme mec, je plonge et je ressors la tête de l’eau tout aussi brutalement. Je déprime, je me reprends, je garde espoir et je fonds en larmes en moins de temps qu’il n’en faut pour cligner des yeux. - Je repose la question : En quoi consiste ta monstruosité, Marius ? Si tu me mens, je serais dans l’obligation de te faire du mal… et peut être même que je ferais de la peine à Astrid aussi, à cause de ton fichu caractère… Je secoue la tête.
Et je ne peux pas m’empêcher d’exploser de rire. Il ne m’a pas rattaché, parce qu’il s’est rendu compte que : 1- ça ne servait à rien vu mes compétences extraordinaires et 2- ça doit quand même le saouler de perdre du temps pour ça. Aussi, je profite de cette accalmie pour remettre mes cheveux trempés d’eau et de sueur en place, et pour éclater de rire. « Repose ta question autant de fois que tu veux, ma monstruosité n’existe plus, bâtard ! C’est pas du sucre que tu m’as injecté, tu sais, même si j’aurai bien aimé. Donc ta question, tu sais où tu peux te la mettre ? » Je crache à nouveau, mais vers le sol cette fois. « Et Astrid, t’as pas intérêt à toucher à un cheveu de sa tête. Sinon, c’est moi qui serai dans l’obligation de te faire du mal. » Bon, d’accord, en l’occurrence je ne suis pas très menaçant et je ne dois donc pas être très crédible. Mais bon, voilà. « Et puis, j’imagine que ce serait un péché de faire du mal à une humaine, hein. Et encore plus une gentille qui te livre des dangereux mutants qui ont le pouvoir de te faire méchamment chier. » Je me tais brutalement, pas parce que je manque d’inspiration mais parce que je commence à avoir mal à la tête. Comme la dernière fois que je me suis auto-injecté le vaccin. Il n’y a pas si longtemps, en fin de compte. « Et toi, en quoi consiste ta monstruosité ? »
Marius venait, sans le savoir, d’accomplir quelque chose que Kingsley n’aurait pas cru possible : il était à deux doigts de réussir à lui faire perdre son sang froid. En général, les monstres faisaient les gros yeux, crachaient, feulaient, se débattaient pendant, quoi, les quinze première minutes ? Après une paire de claques et une salve de menaces, la plupart d’entre eux s’effondraient, terrifiés par la forcé de la haine du chasseur. Mais non, Môssieur Caesar résistait, Môssieur Caesar continuait à lui cracher dessus à lui donner du « connard » et du « cinglé ». A vrai dire, si il avait été sur de pouvoir le faire sans avoir à en subir les conséquences, il n’aurait pas continué à perdre son temps avec ce pauvre démon de Marius : Il lui aurait ouvert la gorge avec son couteau préféré, ou simplement tirer une balle dans le crane. Ensuite, il l’aurait regardé se vider de son sang, sans un mot, avec pour simple plaisir de voir la vie quitter lentement son corps, à travers son regard qui se serait éteint lentement.
Mais encore une fois, son nom de famille sauvait Marius de son triste destin. C’était assez scandaleux, au final, que Kingsley ait des scrupules uniques parce que cette anomalie était le fils et le frère de deux personnes qu’il respectait énormément. Heureusement, il pouvait continuer à faire mal à Marius sans le tuer. Cette décision ultime revenait à son paternel, qui ferait le bon choix, à n’en pas douter. En attendant, il se ferait une obligation personnelle de faire fermer à Marius sa très, trop grande gueule. Après avoir manqué, de peu malheureusement, de noyer le mutant dans la bassine d’eau glacée, Kingsley renifla dédaigneusement alors que Marius lui vomissait sur les chaussures. Ce garçon n’ait définitivement aucun savoir vivre. Pire encore, il osait lui rire au nez. Les ailes de celui de kingsley frémirent : comment pouvait il oser, encore, lui répondre. Il avait envie de le tuer, ou plutôt de lui couper la langue et de la lui enfoncer au fin fond de la gorge. Il avait envie de lui faire mal, vraiment, vraiment très très mal. En plus, il se remettait à cracher comme un lama. Ça avait fini par l’insupporter.
- Alors premièrement, espèce de sous homme à l’apparence à peine plus infecte que ton ADN …
Ce coup-ci, Kingsley saisit les cheveux trempés et poisseux de Marius, non pas pour le noyer, mais pour lui exploser le front contre le bois de la table, dans un « BONG » retentissant. Il plaqua la tête de Marius contre cette dernière, écrasant sa joue droite contre le bois humide, son autre main tenant la nuque du jeune homme comme un rapace agrippant un lapereau.
- Ma question, je la répèterais jusqu’à ce que ta mort s’en suive. Et je fais du mal à qui le mérite, en temps voulu. MA cause est juste, mon combat est divin.
D’ordinaire, Kingsley ne prenait même pas la peine de justifier ses actes. Mais Marius le mettait dans un tel état d’agacement que lui répondre était le seul exutoire qui l’empêchait de lui exploser le crâne.
- Mon péché est d’aimer un peu trop poursuivre la tâche que le Seigneur m’a confié. Celle de supprimer les erreurs de la nature de ton espèce, votre race dégénérée, qui n’aurait jamais du poser ses pieds viciés sur Terre.
Kingsley lacha la tête de Marius, puis se mit à jouer avec son couteau de boucher, piquant le bout de son index sur la pointe de la lame, jusqu’à faire perler un peu de sang sur la pulpe de son doigt. Il se retourna vers Marius pour reprendre avec un ton étonnamment léger et tranquille
- J’aurais déjà pu te tuer depuis déjà plus d’une heure Marius, tu te rends compte d’à quel point le temps passe vite ? Je pense que je ne fais tarder à passer à l’acte, ça me démange, mais ça me démange … ça fourmille dans le bout de mes doigts. Mais je ne peux pas faire ça tout seul, tu te doutes bien. Je vais appeler quelqu’un, il ne va pas tarder… Il aura surement de quoi s’occuper de toi …
Avec un ricanement discret, il sortit son téléphone portable pour écrire un texto du bout du pouce. Il s’étira, avant de se repositionner derrière Marius, son couteau dans la main, l’autre reprenant sa place dans la chevelure de Marius, alors qu’il reprenait d’une voix presque douce :
- Alors, en attendant … une nouvelle douche ou une réponse ?
J’imagine que j’ai bon nombre de défauts mais il faut bien reconnaître une chose : très rares, voire trop rares sont les personnes à avoir réussi à me faire baisser la tête quand j’ai décidé de regarder en l’air. Et s’il faut être plus clair, l’une de mes rares qualités est mon obstination. Non, vous n’y êtes pas, vous pensez que ce mot cache juste un gosse têtu qui refuse de terminer son assiette mais vous vous trompez méchamment. Parce que ce gosse, vous le laissez deux heures devant son assiette, il craquera ou ses parents craqueront. Moi, j’étais capable plutôt d’envoyer mon assiette contre le mur et de faire ça avec les quinze qui allaient immanquablement suivre jusqu’à ce qu’on n’en ait plus sous la main. Mon obstination elle peut presque passer pour de l’acharnement. Et là, ça me maintient à flots tout en me coûtant cher, j’en suis conscient. Et de toute évidence, Kingsley ne qualifierait pas ça de qualité si on lui demandait vu les traits de son visage, ce qui ne peut déclencher chez moi qu’un sourire amplifié. C’est ça connard, pète moi la tronche, je continuerai à t’insulter, à me débattre psychologiquement tant qu’il y aura une langue dans ma bouche pour s’agiter (ma langue si possible, taisez vous les mauvaises langues justement). Mon obstination, donc, qui ne m’a presque jamais quitté. Presque. Parce qu’il faut bien se l’avouer, il faut bien que je me l’avoue : je suis au bord de la rupture. Toutes les bravaches que je lance maintenant ne sont que des façons de me dire que je suis encore là, que je suis encore moi, qu’il ne peut rien me faire et qu’il ne me fera rien. J’ai la main en sang, j’ai la tête en feu, j’ai un goût immonde dans la bouche, j’ai… je suis humilié, piétiné, réduit à cracher de la bile et à être à quelques micromètres des larmes et des supplications et pourtant je continue à l’insulter. Pourquoi, pourquoi je suis comme ça, bon sang ? Qu’est ce qui fait que je reste aussi… moi malgré tout ? C’est presque pas normal j’imagine. En même temps, j’ai pas beaucoup d’autres éléments de comparaison donc bon… Je me perds. Et je le regarde droit dans les yeux dès qu’il commence à parler. - Alors premièrement, espèce de sous homme à l’apparence à peine plus infecte que ton ADN … J’hausse un sourcil, simulant l’attention insolente que j’offrais à mes enseignants lorsqu’ils tentaient de m’intimider avec des menaces d’heures de colle ou de renvoi… comme si j’allais m’écraser devant eux, les cons. Bref, j’hausse un sourcil dans l’expression la plus pure de la moquerie et du désintérêt total mêlé de dédain. Ses mains saisissent mes cheveux et dans un mouvement fracassant que je ne peux pas anticiper mon front s’écrase contre le bois de la table. La douleur se diffuse rapidement, supplante celle de ma main, disparait pour laisser place à un choc bourdonnant à mes oreilles. Ma joue râpe contre le bois trempé, je m’agite sans que ça n’ait, étonnamment, aucun impact sur sa poigne de fer. « Lâche moi ! » Je crachote sans grand conviction. - Ma question, je la répèterai jusqu’à ce que ta mort s’en suive. Et je fais du mal à qui le mérite, en temps voulu. MA cause est juste, mon combat est divin. Je m’agite davantage. J’ai du mal à articuler. « Aussi divine que le croquemitaine, ouais ! » - Mon péché est d’aimer un peu trop poursuivre la tâche que le Seigneur m’a confié. Celle de supprimer les erreurs de la nature de ton espèce, votre race dégénérée, qui n’aurait jamais du poser ses pieds viciés sur Terre.
Dès qu’il lâche ma tête je me redresse du mieux que je peux. Je ne pensais pas ça possible. Je ne pensais pas possible qu’un mec autre que mon père pourrait m’amener au bord de la rupture. Je fatigue, sérieux je fatigue. Et alors qu’il joue devant moi avec un couteau, je m’aperçois que je n’ai même plus envie de tente quoique ce soit. J’ai juste envie qu’il… qu’il ne me fasse pas mal avec. Je ferme les yeux. « Je crois qu’il doit y avoir de la friture sur la ligne alors, t’as pas du comprendre le message, j’suis vraiment désolé pour toi. » Ca n’a rien de très spirituel mais c’est tout ce que j’ai trouvé et j’espère que personne ne m’en voudra. Je tousse. Je tremble. Beaucoup trop, en fait, pour le masquer ne serait-ce qu’une seconde. Et trop vite, d’ailleurs, il continue de parler pour me forcer, j’imagine, à lui répondre sinon je risque de perdre la partie. - J’aurais déjà pu te tuer depuis déjà plus d’une heure Marius, tu te rends compte d’à quel point le temps passe vite ? Je pense que je ne fais tarder à passer à l’acte, ça me démange, mais ça me démange … ça fourmille dans le bout de mes doigts. Mais je ne peux pas faire ça tout seul, tu te doutes bien. Je vais appeler quelqu’un, il ne va pas tarder… Il aura surement de quoi s’occuper de toi … Hey ? Son ricanement trouve son écho dans le mien, même si j’imagine qu’ils sont très différents tous les deux. « Parce que tu n’es pas le seul psychopathe du coin ? » C’est un ricanement désespéré. Je ne suis pas au bord de la rupture : il y a déjà une fêlure dans mon armure d’insolence et de répondant. Je lorgne sur son téléphone, je tente de prendre appui quelque part pour me relever mais ma main explose de douleur avant même que mon gros derrière ne puisse décoller de ma chaise. - Alors, en attendant … une nouvelle douche ou une réponse ? Je lâche un gémissement et je serre les dents, plissant les yeux sous la douleur. J’ai envie de pleurer. J’ai pas envie de retourner dans la bassine mais… il n’y a qu’une personne qui a réussi ou failli réussir à me faire courber l’échine et ce n’est pas ce petit blond prétentieux à la con. Je serre les dents, je pense à Martial, je pense à mon père, je pense à mon gosse. Et Astrid. « Une réponse ? J’ai mieux : une confidence. Si ça se trouve, vu que tu fais tant de péchés, tu vas devenir comme moi. Peut être que c’est ma punition pour être un mauvais fils, peut être que ce sera la tienne pour être… comment t’as dit ? trop zélé ? » Ca m’amuse comme idée, tiens, à croire que je reprends du poil de la bête. « Tu t’écorcheras si ça t’arrive ? Ou quitte à être pécheur, tu céderas devant ton fantasme de toujours, baiser ta mère, histoire de ne pas crever puceau ? »
|► [justify]Kingsley avait terriblement hâte que Martial arrive. Celui-ci lui avait répondu, lapidairement, qu’il était en chemin. Dans son message, Kingsley n’avait pas précisé que son prisonnier était un familier de son partenaire : il préférait lui faire la surprise et surtout, il voulait le mettre devant le fait accompli. Après tout, ce serait trop dommage que Martial refuse de voir son frère ainsi, enfin à la place qu’il méritait : au fond du trou, dans la fange. Il voulait qu’il arrive vite aussi, parce qu’il le sentait, il était à deux doigts de tuer Marius, et il craignait que ce geste soit mal vu par les Caesar, en tout cas sans leur approbation préalable. Mais il n’en doutait pas, les caesar feraient le bon choix : ils venaient d’une ancienne lignée de chasseurs, pure, noble, qui ne faillirait pas à sa tâche pour des soucis sentimentaux. Une mauvaise herbe, on l’arrache, point barre.
Le fait que le mutant n’arrive plus qu’à crachouiller ses insultes tira un sourire rayonnant au hunter. Marius s’agitait comme un gardon hors de l’eau et, oh, il adorait ça. Il perdait pieds lentement, malgré son air bravache, sa voie tremblait, se faisait plus hésitante, moins vindicative. King le sentait, il était à deux doigts de craquer, il ne lui restait plus grand-chose dans le ventre. Ses répliques devenaient plates, alors qu’il fixait son couteau avec terreur. Enfin une réaction saine de sa part, ce n’était pas trop tôt, peut être se montrerait il enfin un tout petit peu raisonnable. Il tremblait comme s’il était à un rien de la crise d’épilepsie, à moins que cela soit la crise d’angoisse, totalement justifiée d’ailleurs, qui ne l’aurait pas été, à sa place ? Le ricanement de Kingsley fit écho à celui de Marius, alors qu’il lui susurrait doucement :
- Tu n’as pas idée du plaisir qu’ont certains à faire parfois tellement pire que moi… Quand on me demande pitié, je me montre miséricordieux, il m’arrive de tuer sans douleur, proprement … Certains ne savent pas le faire… Peut être que mon camarade est de ce genre, le sais tu ? Tu verras bien …
Le chasseur regardait sa montre alors que Marius rassemblait son courage pour une dernière estocade verbale, qui fit mouche. Les pupilles du chasseur se rétrécirent jusqu’à devenir deux têtes d’épingles minuscules, perdues dans ses iris bleus qui se voilèrent comme un ciel soudain orageux… Sa main se crispa sur son couteau alors que la mutant débitait ses horreurs avec un air tout à fait satisfait. Et il était parvenu à ses fins. Kingsley était à présent enragé, et se jeta sur lui comme un prédateur affamé.
- JE VAIS TE TUER CAESAR, PUIS JE TE DECOUPERAI POUR TE JETER DANS LA GAMELLE DE MES CHIENS ? TU M ENTENDS CAESAR, TA VIE SE TERMINE ICI ET MAINTENANT.
Il balaya la chaise sur laquelle Marius était assis pour se pencher sur ce dernier à présent à terre, le couteau à présent collé contre la glotte du mutant. La s’enfonçait sensiblement à mesure que la respiration courte du pauvre hère gonflait sa gorge. Kingsley sourit comme un dément, à la manière d’un masque de tragédie grecque :
- Tu l’ouvres moins espèce de démon quand ça devient sérieux. Vas y petit oiseau chante, au moindre son, je t’égorge comme un porcelet.
Avant que Marius n’ait le temps de faire quoi que ce soit, on toqua à la porte, et Kingsley aboya un ordre expéditif : le garde lui signifia seulement que son « invité » était au check point, et qu’il n’allait pas tardé à arriver. Le hunter soupira comme un enfant à qui on demande d’éteindre sa console pour aller faire ses devoirs, congédiant le garde d’un geste de la main, alors que l’autre desserrait son emprise sur la lame, et la pression sur la gorge de Marius.
- Si ce n’est pas de la chance ça, je ne sais pas ce que c’est. Allez lève toit, il te faut être présentable pour quand il arrive.
Il l’attrapa par le col, le redressant sans prendre la moindre peine pour lui éviter de nouveaux chocs, le jetant sur la chaise à moitié disloquée.
- Ce que tu as dit est intolérable Marius, proprement intolérable *Il fit deux fois l’aller retour de la pièce sombre, le doigt sur les lèvres, comme s’il avait oublié quelque chose.* Je ne peux pas laisser passer ça, tu comprends ? ce serait trop facile. Mais il faut que je fasse vite, avant qu’IL n’arrive…
Finalement, le chasseur attrapa une matraque rangée sagement à coté des autres armes, et arma son bras comme s’il tenait une batte de baseball. Un sourire sadique, encore.
- Promis, ça me fait autant de mal qu’à toi.
Un craquement, odieux. La matraque venait de percuter le tibia gauche du mutant avec une violence inouie, presque aussi ignoble que celle dont il avait usé pour lui transpercer la main. La jambe du mutant pendait à présent lamentablement sous son corps, comme celle d’un pantin. King jeta l’arme dans un coin, puis s’adossa contre le mur, remettant ses manches et son col de chemise en place, malgré les taches de crachats ensanglantés faites par Marius :
- Je suis sur que tu as hâte de savoir qui va arriver. Il doit être dans le couloir, tu vas a-do-rer, j’en suis sur…
Mon portable émit un son inattendu. A cette heure, qui pouvait bien m’envoyer un message ? Grommelant, je scrutais le message du chasseur sans hausser le regard. Des mots plutôt mystérieux, mêlant une petite surprise à mon intention… une note que mon regard impassible balaya sans pour autant se sentir enjouée par ces quelques mots. Je n’avais nulle envie de m’y rendre, mais pour assurer à mon double jeu un maximum de crédibilités, je répondis au message, me demandant quel bougre avait bien pu finir entre les mailles de son filet. Un visage parmi d’autres auquel je serai marqué comme ceux le précédant, et que je ne pourrais oublier. Ce pas, il me faudrait un jour le franchir, au lieu de sans cesse le repousser, jusqu’à plus tard. Ce ne serait jamais le bon moment, jamais le bon instant pour franchir le cap. Qu’est-ce que j’attendais pour placer mon opinion, forte et sans appel, au lieu de désespérément attendre le bon moment ? Il n’y en aurait jamais, les conséquences demeureraient les mêmes. Autant tout casser sur mon chemin, briser les nœuds et s’en aller. Que père essaie de me ramener ! Qu’il essaie donc.
Le bureau fermé à double tour, mes pas m’ont conduit jusqu’à la voiture garée pour démarrer, sortir du garage et me rendre sur le lieu du rendez-vous. Gestes mécaniques, précis, habituels, quelques armes se dissimulaient sous la fente habilement cachée du coffre. En apparence vide, dans la doublure, des petits joujoux pour effectuer les tâches ingrates. Les bonnes habitudes ne changeaient pas, jamais. Si des fédéraux m’attrapaient, la hiérarchie me sortirait bien vite de l’embarras. Notre monde est corrompu, jusqu’à la moelle, jusqu’à la justice. Bien peu que nous puissions craindre, pour trouver des alliés, il suffisait d’un claquement de doigts. Pour avoir un ennemi également. Baignant entre les deux eaux, autant me rapprocher de chacun pour prendre avantage des deux partis. Un jeu dangereux auquel je participais, et dont je maîtrisais chaque ficelle et chaque corde. En me rapprochant du lieu, je savais que je ne pourrais que jouer un certain rôle, celui que l’on m’avait toujours enseigné, ni plus ni moins. Ma voiture s’est garée, et j’en suis descendu. N’ayant rien à craindre, je n’ai emporté qu’un révolver glissé sous mon costume porté toute la journée au travail. Somme toute, une banalité à toute épreuve pour ceux me connaissant. Face au gorille gardant l’entrée, j’ai montré patte blanche, annonçant mon arrivé, le laissant vérifier auprès de son chef que tout était en ordre. De simples formalités auxquelles j’étais habitué, pour éviter tout problème, et tout malentendu. Autorisation obtenue, je me lançais dans le couloir sombre jusqu’à cette porte où j’entendais des bruits étranges. C’était là. Sans avoir la moindre idée de ce qu’il se tramait, je devinais pourtant au bruit qu’il ne s’agissait pas de quelque chose d’ordinaire, ou de commun.
J’entrais. Je reconnus tout de suite la silhouette que les dures épreuves de torture avait maculées de sang ; Main, jambe, visage, il ne semblait avoir été épargné nulle part, souffrant tous les fronts, certainement interrogé pour une raison que j’ignorais. Mon frère. Kingsley. Kingsley, Marius. Impassible, la scène semblait irréelle. Et pourtant. J’aurais pu être choqué, attristé, heureux, rien de tout cela, affichant un visage impassible, d’un chasseur habitué à voir ce genre d’attraction se dérouler sous ses yeux. La remarque à l’encontre du maître des lieux fut acide, et sèche. Comme souvent, comme toujours, comme à chaque besogne qu’il y avait à accomplir.
« Hey Kingsley ? Tu te crois malin à présenter mon frère ainsi ? »
Ton froid, humeur macabre. La scène ne m’amusait guère. Être mis devant le fait accompli, tout en provoquant une famille de chasseurs en ficelant l’un des leurs sans leur autorisation ? Voilà qui pouvait être passible de conflit diplomatique inexcusable, qu’il soit mutant… ou non. Marius ne m’avait-il pas fait part qu’il avait pris le vaccin pourtant ? Un problème dont je me serai bien passé…
« S’il y a des conséquences, je doute qu’Hippolyte soit enchanté de l’apprendre… »