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 + ignorance is your new best friend. (erabbie)

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MessageSujet: + ignorance is your new best friend. (erabbie)   + ignorance is your new best friend. (erabbie) Icon_minitimeSam 13 Juin 2015 - 8:20

weight of your world
eremon & abbie


Ma patience a des limites. De franches limites.

Je dis pas ça pour embêter mon monde. Je dis simplement qu’il y a un certain nombre de choses que je peux tolérer avant d’exploser. En l’occurrence, toutes ces choses ne sont pas graves. Faut pas penser tout de suite aux paroles déplacées au bar, ou à l’arrogance de certains clients, certains collègues. Pas besoin de penser nécessairement aux pochtrons et aux abrutis de première catégorie qui nous emmerdent à longueur de journée. Hunters, Thaddeus et compagnie. Y a des choses plus simples, de la vie de tous les jours, qui vous la rendent déjà assez compliqué et assez chiante. Comme le fait de renverser son bol de café sur ses genoux. De se prendre les pieds dans la pile de linge sale et de se casser la gueule dans le salon alors qu’on est en retard, précisément ce jour-là. Ne plus trouver ses clés au moment de verrouiller la porte, laisser le chat s’enfuir en la laissant ouverte, et découvrir au moment de prendre la voiture qu’un couillon de première compagnie s’est garé beaucoup trop collé-serré avec ma caisse, et qu’il va falloir que je choisisse entre emboutir son pare-choc et aller bosser en bus ou à pied.

Bref, y a des journées comme ça où rien ne va, et où il ne manque plus qu’une petite goutte d’eau pour faire déborder le vase. Cette goutte d’eau, j’l’attends toujours. Et pourtant, j’ai passé une putain de journée de merde. Le genre de journée que j’vais oublier avec un pot de glace chez Mila, ou des spaghettis bolo’ chez Siward. Mais là, j’ai pas jeté mon dévolu sur eux. En rentrant du boulot, j’suis passée devant le bar où bosse Eremon. J’ai regardé la date du dernier message qu’il m’a envoyé, et je sais qu’on ne s’est pas parlé depuis. Parce que nos dernières conversations se résumaient à : « Tu viens boire un verre ? » « Je peux pas, désolé. Une autre fois. » J’vous la fais pas mot à mot, mais l’idée, c’est ça. Et j’ai réalisé que les trois dernières fois où j’avais essayé de le voir, j’m’étais fait rembarrer, jetée comme une merde ou reléguée au stade de vieille chaussette, selon les versions. Alors, ça m’a foutu les boules. Faut l’avouer, aussi étrange que ça puisse paraître, c’est cette drôle de petite goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’pensais qu’il finirait par revenir, comme un ami revient toujours. Mais il persiste à m’éviter, persiste à m’ignorer. Et y a pas grand-chose, dans la vie, pour me gonfler plus que ça.

J’suis allée au bar où il travaille, normalement, et on m’a dit qu’aujourd’hui il travaillait pas. J’aurais pu m’décourager. Abandonner, rentrer chez moi maltraiter ce gros tas d’chat que j’kiffe quand même, mine de rien. Mais là, c’est Eremon que j’ai envie d’aller maltraiter. Et son indifférence commence légèrement à m’courir sur le haricot. J’sais pas si c’est par rapport à lui ou par rapport à moi, mais quoi qu’il en soit, ça mérite quelques explications.

Les gens réalisent pas la dangerosité du simple fait de m’donner leur adresse. Après, j’peux venir leur mener la vie dure, jusqu’à ce qu’ils craquent. Et si j’ai pas l’droit à des explications avec mister Dickens, c’est ce qu’il risque très franchement de se passer. Faut pas déconner non plus, m’voyez. J’suis une personne, moi, pas un jouet qu’on jette quand on a fini de s’amuser avec — sans allusion salace, bien entendu.

Alors, j’arrive chez lui. J’arrive et j’cogne sur la porte, une fois, deux fois, trois fois. J’pourrais cogner indéfiniment jusqu’à ce qu’il m’ouvre, j’en serais parfaitement capable, juste histoire de le faire chier, je pourrais même cogner non-stop d’une main et sonner non-stop de l’autre, pour bien le faire chier, et bien lui montrer que c’est important, urgent, et que c’est moi. Mais je m’arrête à trois coups, et il a bien intérêt à venir m’ouvrir, Charming — j’crois pas que j’l’aie jamais surnommé comme ça en face, disons que c’est mon surnom intérieur pour un gars franchement pas mal, avec des allures de prince charmant parti retourner le monde pour sauver la princesse, même si le rendu final ressemblait à un échec total.

Je pose mon doigt sur le judas. Histoire qu’il n’ait pas la bonne idée de regarder, de me voir, et de décider de ne pas m’ouvrir. On ne sait jamais, avec les hommes. Ils peuvent être si imprévisibles.

Et je toque à nouveau. Une fois. Deux fois. Je sais pas s’il est sur le trône ou sous la douche, mais il en met du temps à répondre.

« Je sais qu’t’es là Dickens. Promis, j'viens juste pour parler. »

En vrai, j’en sais rien. Mais je le pressens, j’le devine, comme un lion pressent qu’les moutons sont dans la bergerie. Mauvaise comparaison, peut-être, mais l’idée y est, et le reste, j’m’en tamponne sans ciller.

Allez Charming. Ouvre-moi, qu’on démarre les hostilités.


hors jeu :

(c) elephant song.
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Daisy Moriarty
Daisy Moriarty

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MessageSujet: Re: + ignorance is your new best friend. (erabbie)   + ignorance is your new best friend. (erabbie) Icon_minitimeLun 15 Juin 2015 - 21:36

losing my mind losing control.
ABBIE HOEAXFIELD & EREMON DICKENS
Life's too short to even care at all, I'm losing my mind losing my mind losing control, These fishes in the sea they're staring at me. A wet world aches for a beat of a drum. If I could find a way to see this straight I'd run away To some fortune that I, I should have found by now I'm waiting for this cough syrup to come down, come down. Life's too short to even care at all. I'm coming up now, coming up now out of the blue. These zombies in the park they're looking for my heart. A dark world aches for a splash of the sun ~ cough syrup .

Avachi devant la télévision, Eremon avait tout du gars pathétique par excellence. Dans le fond c’était à peine s’il savait ce qu’il regardait et ça n’avait pas beaucoup d’importance. Il pouvait rester la nuit entière à fixer son écran sans se soucier de ce qui était vraiment en train de se passer dedans. Autrefois, les journées de repos étaient agréables, il en profitait pour se détendre, mais là ? Il n’était pas sûr d’arriver vraiment à se détendre. Il était hanté par trop de souvenirs dont il aurait voulu se défaire, il était maudit par un poison qui semblait couler dans ses veines et qu’il ne savait pas comment arrêter. Il était brisé par les épreuves de la vie et l’envie de se reconstruire n’était même plus présente. Il avait déjà trop perdu et il n’arrivait pas à voir ce qu’il y avait à gagner maintenant. Alors, il se laissait couler sans chercher à comprendre, il ignorait l’aide qu’on voulait bien lui apporter et sans doute que c’était mieux ainsi. Pour lui comme pour les autres. Surtout pour les autres. Cette rage en lui, cette violence à laquelle il n’était pourtant pas habitué, elle menaçait d’exploser à tout moment. Il avait blessé Astoria sans le vouloir. Maintenant, c’était un sentiment de culpabilité qui venait se rajouter à toutes les choses négatives qu’il accumulait en lui. Pourquoi est-ce que les hunters l’avaient laissé vivre pour qu’il devienne ce qu’il était à présent ? Il ne pouvait s’empêcher de penser que tout aurait été beaucoup plus simple si seulement ils l’avaient tué, si seulement ils l’avaient achevé. Le torturer, l’utiliser dans le but de trouver un vaccin à la mutation, ça ne les avaient pas déranger une seule seconde, ils n’avaient absolument aucune pitié alors pourquoi ne pas se contenté de le tuer ? C’était une question qu’il n’arrêtait de se poser, une sombre pensée qui était le reflet parfait de l’état de son esprit en ce moment. Ils l’avaient complètement détruit, plus que jamais il était au fond du gouffre et il n’avait pas la moindre envie de se relever. Son combat semblait fini. Il avait lutté pendant des années, depuis la mort de Lyanna, il n’avait pas baissé les bras, parce qu’il y avait toujours eu une bonne raison de continuer. Loeven, Talisa, Astoria. Aujourd’hui, ils n’étaient plus que des souvenirs dont il voulait se détacher. Loeven était parti, il était loin d’ici et il avait eu raison de partir, au moins peut-être qu’il était en sécurisé, encore en vie quelque part, encore entier contrairement à lui. Talisa était morte et l’image de la jeune femme sans vie hantait à présent son esprit et brisait chaque jour un peu plus son cœur. Astoria, elle n’avait plus rien à faire à ses côtés, elle était mieux sans lui, plus en sécurité et elle méritait une vie meilleure, une vie dans laquelle il ne viendrait pas injustement laisser son poing s’abattre au coin de sa joue, incapable de contrôler les démons sommeillant en lui. Il n’avait jamais voulu agir de la sorte, il regrettait son geste, mais il s’était senti parfaitement incontrôlable, c’était à peine s’il avait eu conscience ce qu’il faisait avait que sa main ne heurte le visage de la jeune femme. Il n’était pas ce genre de type, il ne voulait pas être ce genre de type, alors rester tout seul dans son coin était de loin la meilleure chose à faire. Il se fichait des messages qu’on pouvait bien lui envoyer, des inquiétudes qu’on pouvait bien avoir à son sujet. C’était mieux comme ça, alors il restait muet.

Devant sa télévision, c’était à peine s’il esquissait le moindre geste. Il n’avait pas envie de bouger et sans doute que s’il levait les fesses de son canapé ce serait pour attraper la première bouteille d’alcool trainant dans un coin de l’appartement. Se bourrer la gueule était devenu l’un de ses passe-temps favoris. Au moins, ça lui permettait d’oublier la dure réalité pendant quelques heures, le réveil était toujours difficile, gueule de bois oblige, mais complètement saoul, ses problèmes semblaient beaucoup plus léger. Il n’avait pas trente-six moyens pour s’occuper l’esprit et oublier pendant un temps toutes les merdes de sa vie. Le boulot ça l’aidait, au moins, il était concentrer sur autre chose. Aussi surprenant que ça puisse être venant d’un gars comme lui, les tâches ménagères aussi ça lui permettait de se vider l’esprit, si bien que l’appartement était bien mieux rangé aujourd’hui qu’il ne l’était avant qu’il ne se retrouve entre les mains des hunters. L’inactivité c’était ce qui le torturait le plus et malheureusement, il était souvent particulièrement inactif. Là devant sa télévision, alors qu’il ne bougeait pas ne serait-ce que le petit doigt, alors qu’il ne se concentrait pas sur ce qui se passait dans l’écran, il avait tout le loisir de laisser ses pensées les plus sombres tournoyer encore été encore dans son esprit. Mais il n’avait pas la force de bouger, plus il réfléchissait à sa situation, plus il se retrouvait paralysé et là après une journée de repos il avait eu, plus que l’occasion de broyer du noir sur son canapé ou dans n’importe quelle autre pièce de son petit appartement. Il était plongé dans le noir, la seule lumière dans la pièce venait de la télévision, simplement parce que, lorsque la nuit était tombée, il n’avait pas eu le courage de se lever pour allumer la lumière, il n’avait pas besoin de la lumière pour broyer du noir de toute façon. Quelques coups contre la porte l’arrachèrent à ses pensées, le ramenant dans une réalité qu’il avait pratiquement oubliée, si bien que la lumière de la télé dans le noir lui fit mal aux yeux. Il passa ses mains contre son visage, les coups contre la porte continuèrent. Enfin, il décida de se lever de son canapé pour aller vers la porte, allumant la lumière au passage. Plissant les yeux un instant car ébloui par cette dernière. Une voix se dit entendre derrière la porte. Abbie, il n’était pas dans son assiette mais il pouvait encore reconnaitre le son de sa voix. Elle voulait parler, mais de quoi ? Est-ce qu’il avait envie de parler lui ? C’était une autre histoire. Dans un soupire, il se décida cependant à ouvrir la porte pour se retrouver en face de la blonde. « Et de quoi est-ce tu veux parler Abbie ? » De lui ? De ses problèmes et de la raison pour laquelle il ignorait tous les messages qu’il pouvait recevoir ? La raison était pourtant évidente, il n’avait pas envie de parler, il n’avait pas envie de se retrouver confronter à qui que ce soit. Il voulait qu’on lui fiche la paix, persuadé que c’était mieux ainsi, est-ce que c’était si difficile que ça à comprendre ? Il fallait croire que oui, ou peut-être que c’était juste trop difficile à accepter pour ceux qui tenaient encore à lui, parce qu’il y en avait, contrairement à ce qu’il pouvait penser.
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MessageSujet: Re: + ignorance is your new best friend. (erabbie)   + ignorance is your new best friend. (erabbie) Icon_minitimeSam 20 Juin 2015 - 0:03

i break down as you walk away
eremon & abbie


J’ai beau faire ma grosse maligne, j’aime pas qu’il m’ignore comme il le fait. J’aime pas l’indifférence de manière générale, en fait. Je hais l’idée que certaines relations puissent être vouées à se crasher, qu’elles soient amicales ou plus qu’amicales. En l’occurrence, avec Eremon, c’est simplement amical. J’ai jamais pensé à lui rouler un patin, ou à m’envoyer en l’air avec lui. On était bien trop occupé chacun de notre côté, même si faut avouer qu’il est pas vilain garçon. Enfin, rien à voir avec c’que je disais au départ. La question n’est pas là, la question c’est : j’déteste la manière dont il me traite. On peut pas rayer les gens de sa vie comme ça du jour au lendemain, pas alors que rien ne le prédestinait. C’est impossible, n’est-ce pas ? Alors, j’ai ramené mes fesses, parce que c’est bien ce que je fais de mieux : venir faire chier les gens chez eux, alors qu’ils réclament le calme. Et j’attends qu’il m’ouvre. Parce que j’espère qu’il a assez de respect et d’estime pour m’ouvrir.

Et finalement, il ouvre.

Il n’y a qu’une lumière pour éclairer tout son appart’, si on exclut celle que fait la télé. Parce que pour moi, ça compte pas, c’est juste une lumière de dépressif ou d’insomniaque. Ou de geek. Enfin, rien de péjoratif. Mais dans ma tête, ça compte pas. J’le vois juste en ermite, dans un appartement plutôt clean, à première vue. Mine de rien, il range. Mais j’suis pas là pour le materner. Oh non, pas là pour ça. Autre chose à penser. D’autres douleurs à me préoccuper. J’suis là parce que j’ai mal, mal qu’il m’ignore, mal qu’il fasse comme si j’existais plus. Et la froideur avec laquelle il m’accueille me donne la véritable envie de lui foutre une putain de paire de claques. Parce que contrairement à pas mal de gonzesses de mon entourage, le problème, quand j’ai mal, c’est que j’me mets pas à pleurer. Je fais chier, je gueule, et je frappe. Et c’est ce qui risque d’arriver si Eremon m’tourne encore une fois l’dos. J’suis pas un putain de truc dont on se sert que quand on en a envie. Un ami, c’est pas ça, bordel de merde.

« Commence pas à t’la jouer grand dépressif qui a des problèmes qui m’dépassent. »

Rien de tel pour me faire chier. Rien de tel pour m’énerver. Et tu veux pas m’énerver, quand même ?

« Tu m’parles comme avant, d’ta journée. T’as bien réussi à zapper sur au moins un programme qui t’a plu, non ? »

C’est une accusation qui pique. Mais à c’que j’en vois, j’ai pas l’impression qu’il ait fait grand-chose d’autre de sa vie, aujourd’hui.

Instinctivement, je suis prête à mettre mon pied dans l’encadrement de la porte pour l’empêcher de refermer. S’il s’énerve, je suis prête à lui en décocher une bonne, histoire de lui remettre les idées. Y a pas grand-chose qui m’arrêterait, en fait, dans cette perspective. J’ai simplement envie qu’il remette un peu les pieds sur terre.

« Après, si tu veux un sujet de conversation sérieux, puisque t’as l’air d’être trop bien pour parler de choses banales et quotidiennes ces derniers temps, on peut aussi parler d’pourquoi tu m’ignores comme si j’étais qu’une pauvre conne d’ado qu’tu pouvais laisser sur l’bord de la route et qu’allait même pas s’en rendre compte, ou oser v’nir protester. »

Asshole.

Tu l’as cherché. Maintenant, ben réponds-moi, si t’es un homme. Et viens pas m’fermer la porte au nez, sinon j’te jure que j’l’enfonce à coups de pieds, et qu’après ça, c’est ta tronche que j’vais enfoncer à coups de savates.

J’ai pas peur de sa réaction. Il peut bien gueuler, il peut bien me cracher qu’il a jamais eu la moindre affection pour moi, je sais que c’est des conneries. Quand t’as aucune affection pour quelqu’un, tu viens pas chercher le soutien comme il l’a fait. Son indifférence m’emmerde, parce que je sais qu’elle n’est pas fondée sur de la haine.

Alors sérieusement, mon vieux. Enfile tes couilles, qu’on règle ça une bonne fois pour toutes.


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Daisy Moriarty
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MessageSujet: Re: + ignorance is your new best friend. (erabbie)   + ignorance is your new best friend. (erabbie) Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 14:58

losing my mind losing control.
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Life's too short to even care at all, I'm losing my mind losing my mind losing control, These fishes in the sea they're staring at me. A wet world aches for a beat of a drum. If I could find a way to see this straight I'd run away To some fortune that I, I should have found by now I'm waiting for this cough syrup to come down, come down. Life's too short to even care at all. I'm coming up now, coming up now out of the blue. These zombies in the park they're looking for my heart. A dark world aches for a splash of the sun ~ cough syrup .

Rester enfermé toutes la journée chez lui à broyer du noir, ça ne menait clairement à rien, mais qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre ? Il n’avait aucune motivation, sa vie était devenue vide de sens depuis son séjour chez les hunters. Il était complètement perdu, c’était à peine s’il était capable de se reconnaitre. Il se demandait souvent comment sa vie avait pu prendre une telle tournure, quand on revenait quelques années en arrière, sa vie avait été si différente de ce qu’il avait aujourd’hui. Il aurait tellement voulu remonter le temps, être capable de faire des choix différents qui auraient fait que jamais, il n’aurait mis les pieds dans la ville de Radcliff. Venir ici avait été l’une des plus grosses erreurs de sa vie depuis Oswin. Il avait l’impression d’être prisonnier de cette ville à présent, parce  qu’il avait la sensation qu’il n’y avait rien qui l’attendait ailleurs. Il n’y avait plus rien ici non plus si ce n’était la folie d’une ville contrôlé par un homme qui avait totalement perdu la raison. Mais Radcliff n’était peut-être pas la seule ville du monde à souffrir d’un tel fléau, Lancaster ne devait pas être la seule personne au monde à détester assez les transmutant pour faire ce qu’il faisait. Ici où ailleurs, est-ce qu’il y avait vraiment une différence ? La question n’avait de cesse de tournoyer dans l’esprit du jeune homme et sans doute que tant qu’il ne franchirait pas les frontières de Radcliff pour aller voir ce qu’il y avait de l’autre côté, il n’obtiendrait pas réponse à sa question. Maintenant, il ne pouvait même plus quitter Radcliff, l’explosion de la mairie avait eu des conséquences, et maintenant, en plus d’un couvre feu, on leur imposait une mise en quarantaine. Impossible de quitter la ville. C’était n’importe quoi. C’était Radcliff, c’était l’œuvre de Thaddeus Lancaster, probablement l’homme qu’Eremon détestait le plus au monde à présent. Cette ville, c’était n’importe quoi. Au moins, enfermé dans son appartement à broyer du noir, il avait l’impression d’être coupé de cette ville de fou, quand il n’avait pas à mettre le pied dehors, il se portait forcément mieux. Le travail lui occupait l’esprit, mais quand il quittait le bar il se retrouvait confronté à toute la merde de Radcliff, qui inéluctablement le ramenait à toute la merde qui composait sa vie. Dans le fond, il n’y avait rien qu’il puisse faire pour se débarrasser de ses pensées les plus sombres, tôt ou tard elles finissaient par revenir et avec elles, se dégageait en lui une haine qu’il ne savait pas comment contenir. Il devenait fou lui aussi et s’isoler du reste du monde était certainement une bonne chose. Ça lui éviterait au moins de faire du mal à ceux qui comptaient pour lui. Il n’avait pas envie de parler à qui que ce soit. Il n’avait pas envie de s’expliquer sur son récent comportement. Il avait juste envie qu’on le laisse tranquille. Mais sans doute que c’était déjà trop demander, pourtant il n’avait pas l’impression de demander la lune, mais, juste un peu de paix. Alors, il devait bien admettre que faire le mort après qu’Abbie ait cogné à sa porte était une idée qui lui avait traversé l’esprit. Mais il connaissait la jeune femme, elle n’allait pas abandonner si facilement. Alors, il avait ouvert cette maudite porte.

Elle avait l’air remontée et il n’avait pas besoin de ça. Si elle avait passé une mauvaise journée, elle aurait pu choisir quelqu’un d’autre pour aller défouler ses nerfs. Sérieusement, il n’était pas d’humeur en ce moment. Il n’était plus d’humeur à grand-chose de toute façon. Il avait des problèmes qui la dépassaient certainement, lui-même ça le dépassait complètement alors qu’est-ce qu’elle attendait de lui ? Qu’il lui parle de sa journée apparemment ? Mais il n’avait rien à dire là-dessus, il avait passé la journée enfermé chez lui, il avait commandé de la pizza pour le déjeuné et une autre pour le dîner, entre ça, il avait bu plusieurs bière et fumé tout un paquet de cigarette, le tout en regardant de la merde à la télévision. C’était ça qu’elle voulait savoir ? Franchement, ça n’avait rein de très passionnant. Si elle voulait vraiment se faire chier, elle aurait pu trouver un autre moyen que venir écouter les histoires d’Eremon Dickens, le mec qui ne fait rien de ses journées de repos, à part se pourrir la santé devant la télévision.  « Franchement ? Nan, j’ai rien trouvé de très passionnant et pourtant j’y ai vraiment passé la journée entière. » Voilà qui résumait assez bien la palpitante journée qu’il avait eue. Il n’avait rien de plus à ajouter là-dessus. Il n’avait aucun détail passionnant à raconter, elle perdait son temps avec lui. En remarquant son pied dans l’encadrement de la porte, il décida de se pousser pour la laisser entrer. Il alla chercher son paquet de clope, comme pour s’en servir d’excuse pour justifier qu’il se soit poussé de la sorte. Il ne tarda pas à en allumer une. Il en avait bien besoin. Et il faudrait qu’il pense à aller en acheter d’autres paquets le lendemain, ça partait trop vite en ce moment. Il soupira. C’était des explications donc qu’elle voulait. il aurait voulu se contenter de répondre que c’était compliqué, mais il savait d’avance que ce n’était pas le genre de réponse qu’elle pourrait accepter. Pourtant, dire que c’était compliqué, ça résumait assez bien les choses. « Ecoute Abbie, c’est pas contre toi. » C’était plus pour elle. Parce qu’il était incontrôlable, pas bien et qu’il n’était plus conscient de ses limites. Ce qui s’était passé avec Astoria, il ne voulait plus que ça se reproduise. « C’est pas la grande forme, j’ai besoin de me retrouver seul. C’est mieux comme ça crois-moi. » C’était mieux pour tout le monde, même si elle ne s’en rendait peut-être pas compte. Il n’avait pas envie de lui faire du mal, si à elle, ni à personne d’autres, ou du moins, pas à ceux qui ne le méritait pas. Mine de rien, au delà de sa cette rage qui coulait dans ses veines, il avait toujours une envie folle de se venger, d’Oswin, de Thaddeus, de ceux qui avaient fait de lui ce qu’il était aujourd’hui. C’était absurde et ça ne changerait rien à la situation, mais cette envie était bien là en lui, quoi qu’il fasse pour essayer de lutter, cette envie ne se taisait pas. Il était dangereux, c’était un fait dont il se rendait bien compte à présent.
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MessageSujet: Re: + ignorance is your new best friend. (erabbie)   + ignorance is your new best friend. (erabbie) Icon_minitimeSam 22 Aoû 2015 - 0:27

they say we are what we are
eremon & abbie


Je crois que si j’avais pas foutu mon pied dans l’encadrement de cette satanée porte, il se serait empressé de me la claquer au nez après m’avoir dit qu’il n’avait rien vu d’intéressant à la télé. Il n’a clairement pas envie que je sois là, et pas besoin de me faire un dessin pour que je le comprenne. Là n’est pas le problème. Le problème, c’est que j’ai pas vraiment tendance à lâcher l’affaire. Surtout quand il s’agit du bien-être des gens qu’j’aime bien. Ils s’comptent sur les doigts des mains, alors c’est pas non plus comme si je passais ma vie à faire ça avec tout le monde, non ?

Il s’éloigne de la porte, et j’sais pas vraiment si c’est pour éviter de me faire mal au pied ou pour aller se chercher la clope que je le vois tirer d’un paquet. En tout cas, je sais que c’est pas vraiment pour m’inviter à rentrer. J’ai bien compris le message. L’hostilité, les propos cinglants, et même tout simplement ce qu’il dit. C’est clair, c’est net. Abbie, casse-toi, on veut pas de toi ici. Sauf que tant qu’à être dans les “je fais ce que je veux”, j’ai le droit de dire ce que je veux aussi. Et moi, je veux rester.

Je sais, je suis chiante. Je pense qu’on me le sort au moins trois ou quatre fois par jour, au bas mot, et sans vouloir me jeter des fleurs. Y a rien de très flatteur à ça. Mais moi, ça me plaît. Disons qu’avec ça, personne ne peut venir ensuite me dire que je suis hypocrite avec les gens que je déteste. Quand j’les déteste, j’leur dis. Quand j’les aime, un peu moins. Et je sais pas quoi dire à Eremon pour qu’il comprenne. Je sais pas s’il va falloir que je finisse par lui écrire sur une pancarte et la lui foutre sous le nez, ou la planter sur son putain de canapé pour qu’il soit obligé de la voir quand il veut venir y poser son cul. Je crois qu’il comprend pas que ça m’amuse pas de me faire jeter comme une merde quand je viens le voir, et de me faire ignorer quand j’essaie de l’appeler, ou de le contacter de quelque manière que ce soit. Je sais pas s’il a conscience que je fais pas ça parce que je suis masochiste, mais parce que, merde, je tiens à lui. Et que je supporte pas de le voir comme ça.

« Bla, bla, bla. Bullshits. »

On m’a pas vraiment appris la subtilité. J’ai été élevée dans une communauté où on faisait soi-disant pas grande différence entre les hommes et les femmes, mais où fallait quand même se tailler sa place au couteau quand on n’avait pas de pénis. Alors moi, j’y suis allée à la machette. Et j’ai jamais eu peur d’être vexante. Je me fous royalement de le vexer. Tout ce que je veux, c’est une putain de réaction. Rien qu’un petit quelque chose de sa part.

« Avant, quand c’était pas la grande forme, tu venais en parler. Ou même si t’en parlais pas, t’étais bien content d’avoir un peu de compagnie. C’est quoi le problème ? »

J’suis pas dramatique, sinon j’lui demanderais s’il m’aimait encore. Ou m’appréciait. Pas grande différence, dans ma tête.

« Qu’est-ce que j’t’ai fait, hein, Eremon Dickens ? Tu fais chier. T’as toujours été là. Et soudain, c’est comme si tu disparaissais de la surface de la Terre. Je pige pas. Si c’est pas contre moi, alors c’est quoi le truc, hein ? »

Je le scrute. Je crois que j’ai l’oeil noir, je crois que je vais me faire envoyer chier. Pour changer. Mais la seule chose dont je suis vraiment sûre, c’est que je supporte plus cette situation. Je supporte plus d’être mise à l’écart sans raisons.

« C’est parce que t’es devenu plus susceptible qu’avant ? Tu veux pas t’énerver contre moi, t’as peur que je rentre pleurer sous ma couette après ? Ou c’est que t’as peur de me faire du mal, à force de t’énerver ? »

J’ai refermé la porte derrière moi. Je crois que j’ai pris un ton un peu trop insolent. Que je le provoque un peu trop. Mais j’m’en fous. J’m’en fous complètement.

« J’ai pas peur de toi. »

Au contraire. Toi, je t’aime. Et j’ferais ce qu’il faut pour que tu te souviennes que je peux être là. Quels que soient les prétendus risques que je prends en te brusquant de la sorte.

J’ai pas peur de toi.


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Daisy Moriarty
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MessageSujet: Re: + ignorance is your new best friend. (erabbie)   + ignorance is your new best friend. (erabbie) Icon_minitimeDim 6 Sep 2015 - 20:04

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ABBIE HOEAXFIELD & EREMON DICKENS
Life's too short to even care at all, I'm losing my mind losing my mind losing control, These fishes in the sea they're staring at me. A wet world aches for a beat of a drum. If I could find a way to see this straight I'd run away To some fortune that I, I should have found by now I'm waiting for this cough syrup to come down, come down. Life's too short to even care at all. I'm coming up now, coming up now out of the blue. These zombies in the park they're looking for my heart. A dark world aches for a splash of the sun ~ cough syrup .

Il y avait quelque chose que personne autour d’Eremon ne semblait vouloir comprendre. Il voulait qu’on le laisse tranquille. Il avait cette impression que, de toute façon, personne ne pourrait l’aider à gérer tout ce qui n’allait pas en ce moment dans sa vie. Pourquoi est-ce qu’on s’entêtait à vouloir l’aider comme ça ? Parce que c’était ce que faisaient les amis. Peut-être. Mais lui, il avait blessé Astoria et pourtant, la seule chose qu’elle avait voulu elle, c’était l’aider, alors il avait du mal à accepter les mains tendues qu’on pouvait lui tendre. Et puis il n’avait pas envie de parler de tout ce qui n’allait pas. Il ne voulait pas revenir sur ce qui s’était passé quand il avait été retenu par les hunters, franchement, parler de ce qu’il avait vécu, comment est-ce que ça pouvait l’aider ? D’après lui, ça reviendrait juste à remuer un couteau dans une plaie béante. Il n’avait pas envie d’en parler. Il voulait oublier, juste oublier. Ça n’avait pourtant pas l’air possible non plus, ça continuait de le hanter jour après jour, mais au moins, tant qu’il se terrait dans le silence et la solitude, il n’avait pas besoin de raviver la flamme du souvenir. Il ne savait pas ce que voulait Abbie, mais franchement, il n’avait rien à lui offrir. Il n’était même pas de bonne compagnie. Elle perdait son temps avec lui, elle avait forcément mieux à faire ailleurs. Là où il ne pourrait pas lui pomper l’air. Là où il ne pourrait pas la frapper si elle titillait un peu trop ses nerfs devenus particulièrement fragiles. Il voulait qu’elle parte et l’idée de lui claquer la porte au nez était tentante, mais elle avait pris les devant, alors autant la laisser rentrer. C’était plus sage que de lui casser le pied en forçant sur la porte. Elle finirait par partir en voyant à quel point il était devenu chiant. C’était peut-être un espoir vain qu’il nourrissait, mais il fallait tenter d’y croire. Il n’avait rien à lui dire. Pas ce soir. Sans doute pas avant plusieurs millénaire puisqu’il était persuadé qu’il ne s’en sortirait plus jamais. Il était devenu pessimiste, comme pour ne pas arranger son cas. Il n’y avait plus rien à tirer de lui et Abbie n’allait pas tarder à s’en rendre compte si elle comptait vraiment tenter d’avoir une conversation avec lui. Il fallait qu’elle rentre chez elle. En plus, le couvre-feu devait déjà être passé, alors qu’est-ce qu’elle faisait encore dans les rues de la ville ? Elle faisait partie de ses personnes qui se fichaient bien de ce que monsieur le maire voulait et elle avait bien raison. Enfin, mieux valait ne pas trop s’opposer aux volontés de Lancaster. C’était dangereux. Eremon était bien placé pour le savoir. Il était tombé amoureux de sa fille et c’était lui qu’on avait accusé pour son meurtre. Il avait été la proie facile, celui que Thaddeus avait pu user à son grès pour faire tout ce qu’il voulait. Thaddeus était le roi des cons et c’était lui qui régnait sur la ville. Ne pas respecter ses décisions était un choix presque évident, tellement c’était la tyrannie qu’il faisait régner, mais c’était également un risque à ne pas prendre à la légère.

Il laissa échapper un soupire suite à la réflexion de la jeune femme. Elle se fichait bien de ce qu’il avait à dire apparemment. Elle était comme ça, plus têtue qu’une mule. Le problème, c’était qu’un avait envie d’être seul. Pourquoi est-ce qu’il fallait que ce soit si difficile à comprendre ? Il l’avait dit et puis il suffisait de le regarder pour comprendre qu’il était passé en mode ermite qui n’avait pas envie de voir du monde. Quand bien même elle ne connaissait pas la version officieuse de ce qui lui était arrivait, elle devait bien connaitre la version officielle, les quelques mois qu’il avait passé en prison pour le meurtre de Talisa Lancaster. La fille du maire, sa petite amie. Est-ce que ça ne suffisait pas à expliquer qu’il ait envie de rester seul ? Apparemment non. Sans doute que rien ne serait jamais suffisant pour convaincre Abbie. Peut-être qu’il devait vraiment lui expliquer ce qui lui était arrivé pour qu’elle comprenne. Et encore, est-ce qu’elle ferait partie de ceux qui lui diraient que se renfermer sur lui-même n’était pas la solution à son problème ? Un beau discours qui n’avait pas de ses à ses yeux. Parce que c’était toujours plus facile à dire qu’à faire. « J’étais en prison, ça peut expliquer pourquoi j’ai disparu de la surface du monde. » Il était sorti, mais qu’est-ce que ça changeait hein ? Il avait l’impression d’être toujours coincé, enfermé dans un endroit dont il ne pourrait jamais sortir. Parce qu’il devenait fou, parce qu’il avait tout perdu. Il n’était pas libre. Il ne le serait jamais, parce que ce qu’ils lui avaient fait là-bas, ça ne partirait jamais. Cette folie qu’ils avaient fait naitre en lui, c’était ça qui était devenu sa prison et il n’avait aucun moyen d’en sortir. « Peut-être que tu devrais avoir peur. » Parce qu’il ne savait pas de quoi il était capable, parce qu’il avait parfois l’impression d’être un tout autre type. Pourtant, il n’avait jamais été du genre bagarreur, ça avait été un type cool, le genre qui ne se prenait pas inutilement la tête et voilà ce qu’on avait fait de lui maintenant. « Ils ont dit que j’avais tué ma petite-amie. J’suis peut-être pas un type fréquentable. » Mais on l’avait libéré après. Parce qu’ils avaient toujours su qu’il n’était pas coupable. Mais, il avait été le transmutant qui tombait au bon moment. On l’avait innocenté mais il n’était pas sûr que ça puisse faire grand-chose. « Y a pas mal de gens ici, qui disent qu’y a personne qui va en prison pour rien. » C’était une ville conservatrice, qu’on le dise innocent ou pas, ça n’avait pas d’importance, il avait été en prison, c’était forcément mauvais pour les gens d’ici, en plus il était étranger, il cumulait les fautes sans doute. « Je suis mieux seul avec moi-même. Et toi tu serais mieux chez toi. Le couvre-feu est passé. Tu voudrais pas te retrouver en prison accusée de Dieu seul sait quel crime quand même ? » Les accusations allaient bon train à Radcliff et elles étaient souvent erronées. Juste prétextes pour punir les transmutants. Ils ne s’en laissaient pas. Cette ville c’était l’enfer et pourtant, il n’osait pas même le pied dehors. A quoi bon ? Ce qui arrivait à Radcliff, c’était une épidémie qui se répandait partout dans le monde. L’enfer se généralisait et il n’y avait plus nulle part où aller maintenant.
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MessageSujet: Re: + ignorance is your new best friend. (erabbie)   + ignorance is your new best friend. (erabbie) Icon_minitimeMer 30 Sep 2015 - 5:13

J’ai toujours soutenu que y avait que deux types de personnes dans la vie. Ceux qui se morfondent et se lamentent quand ils ont des problèmes, et ceux qui au contraire se bottent le cul et continue à vivre. J’osais espérer qu’Eremon faisait partie de la deuxième catégorie. Mais visiblement, j’me trompais. Que voulez-vous ; ça arrive même aux meilleurs.

Il me fait chier avec ses raisonnements à la con. Il m’emmerde avec ses petits sermons, son jeu de gars solitaire et fier, d’ermite dangereux de ce qu’il pourrait bien me faire. Qui sait, p’t-être que depuis la dernière fois c’est devenu un grand méchant loup, peut-être qu’il pourrait me sauter à la gorge et me vider de mon sang, juste comme ça, sur un coup de tête. Mais il oublie un truc, le louveteau. J’suis pas un putain d’agneau. J’vais pas pleurer comme une fillette s’il lève la main avec l’intention de me frapper. Si jamais il ose faire ça, il comprendra pas ce qui va lui arriver. Il pigera que moi aussi je sais cogner. Et qu’en plus de ça, j’suis rapide. Bougrement rapide.

J’peux pas m’empêcher d’avoir un sourire railleur au coin des lèvres quand il argue qu’il est peut-être dangereux. J’y crois pas. J’arrive pas à avoir peur. J’arrive même pas à faire semblant. Tout ce que j’essaie de faire, c’est de ne pas sourire, histoire qu’il n’ait pas l’impression que j’me moque. Mais même ça, j’y arrive pas. Je crois que je suis pas faite pour faire semblant. J’crois que j’suis faite pour me foutre de la gueule du monde, et être une putain de plaie qu’on arrive pas à guérir, dont on n’arrive pas à se débarrasser. J’crois que je suis faite pour emmerder tous ceux qui me connaissent. Mais j’me suis toujours dit qu’au moins, comme ça ils se rendraient compte qu’ils étaient encore en vie. Chacun sa manière de penser. Moi, pour faire réagir les chiens, j’les pique avec un bâton. Pas parce que c’est drôle. Pas parce que je suis cruelle. Simplement parce qu’il faut quelqu’un pour leur rappeler qu’ils ont encore des pattes pour marcher et une gueule pour aboyer. Même s’ils se croient muets et impotents depuis longtemps. Et ils bondiront, écumants, toutes griffes dehors. Ils me blesseront peut-être, mais au bout du compte, quand ce sera terminé, ils ouvriront les yeux. Et ils verront qu’ils sont debout, et qu’ils ont crié. Que demander de plus ? Faut savoir se satisfaire de ce qu’on a, et de ce qui nous reste, au lieu de pleurer à ce qui n’est plus. Ça sert à rien de se retourner. À force de jeter des coups d’œil derrière son épaule, on n’en voit plus l’mur qui vient devant, et qu’on aurait pu éviter. Eremon, il a pas pigé ça. Et moi, c’est mon rôle de chieuse d’aller le titiller pour lui rappeler. Regarde devant, gros bêta, ou tu finiras par te prendre les pieds dans le tapis et te casser la gueule encore un peu plus bas.

« Je tremble. » Ou pas. C’est juste histoire de me foutre de sa gueule, après avoir roulé des yeux. Il m’fait pas peur. Pas plus qu’avant d’avoir ouvert la bouche. P’t-être encore moins. « J’sais que tu l’as pas tué, et tu sais que je sais qu’on sait tous les deux qu’c’est vrai et qu’t’es allé en prison à tort. T’es nul comme menteur. Et puis si t’étais pas un type fréquentable, crois-moi, j’me serais déjà occupée personnellement de t’empêcher de nuire. » Et je sais qu’il sait que je rigole pas. Même si j’ai un sourire aux lèvres, même si j’le taquine. J’arriverai pas à le sortir de sa torpeur, parce qu’il veut pas en sortir. Mais ça coûte rien d’essayer. J’ai toute la nuit.

Et puis il croit m’intimider avec le couvre-feu. Il croit que les règles, j’m’en soucie. Ou il essaie de s’en persuader. Que j’suis devenue sage en même temps que lui est devenu lâche et distant. « C’est l’hôpital qui se fout de la charité. » Que j’me retiens de glousser, par respect pour sa douleur et son mépris tragédiens. « Mais parlons-en. » Puisqu’il y tient, parlons-en. J’fais un pas vers lui, j’essaie de faire disparaître mon sourire, de pas trop me foutre de lui. Parlons-en. « T’oserais quand même pas me faire retourner dans la rue pour rentrer chez moi alors que je risque de me faire arrêter ? T’as encore un cœur, j’le sais, girl instinct. J’suis venue à pied tu sais. » Vrai. J’ai plus osé sortir ma caisse de sa place de parking devant l’immeuble, depuis que j’ai dû défoncer le pare-choc de l’autre, tout à l’heure. Et puis j’avais besoin de prendre l’air.

Je recule d’un pas. D’un autre. Je sais qu’il va pas changer d’avis. Et que de le prendre au piège avec son petit jeu ne changera absolument rien. J’m’en fous. Tant que je suis là, j’suis pas dehors. Tant que j’suis ici, j’peux l’embêter tant que je veux. J’abandonnerai pas la partie. Jamais d’la vie. S’il croit qu’il se débarrassera de moi en essayant de me faire peur, il s’fourvoie, le p’tit gars. J’suis pas impressionnable. Dommage pour lui.

Va falloir trouver mieux.
Beaucoup mieux.
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