It's happening so fast

Les gouttes de sueur perlaient sur le front de l'Indien, mêlé à la crasse et à la poussière du chantier sur lequel il travaillait. Le bruit des perceuses et autres outils rendaient la journée de travail particulièrement dur et harassante. L'astre solaire brillait de mille feux, baignant de ses rayons chauds les ouvriers qui bossaient dur pour des travaux à peine rémunérés. Il ne parlait à personne, ignorant les remarques misogynes et perverses sur les femmes qui passaient devant les hommes. Non pas qu'il était insensible au charme féminin, mais il venait d'un milieu où on lui avait toujours appris à les respecter, un aspect de la culture américaine qu'il n'appréciait pas du tout. Sa montre sonna enfin la fin de sa journée, laissant ses outils sur le sol gris et sale pour aller retrouver le confort de son appartement qu'il partageait avec sa petite-sœur. Kahl n'avait pas les moyens de se payer une voiture, préférant alors marcher ou prendre le bus pour se déplacer. Latika n'était pas là, se doutant bien que sa cadette profitait de sa nouvelle vie depuis sa prise du sérum. Cela ne faisait que quelques jours et pourtant, il voyait l'Indienne changer de comportement, négligeant même ses études pour les sorties et les fêtes étudiantes. C'est en sortant de la douche, serviette nouée à la taille, qu'il croisa sa sœur en compagnie d'une nouvelle amie. Il haussa un sourcil à la tenue un peu trop provocante de Latika, ne pouvant pas s'empêcher de faire une remarque acerbe. «On dirait qu'une télé-réalité t'as explosé à la gueule, tu vas vraiment sortir comme ça ?  » Demanda-il en observant le gant de toilette qui lui servait de mini-jupe. Jamais ô grand jamais son père aurait permis que sa fille sorte ainsi, la Suresh ayant troquée les saris indiens pour les robes courtes et les débardeurs moulants. Latika roula des yeux, son amie louchant exagérément sur le corps sportif de Kahl, apparemment charmée par la vision qu'offrait l'Indien à la jeune femme tout aussi vulgaire que sa sœur. Latika fit signe à son amie de l'attendre dehors, laissant les deux Suresh ensemble. « Arrête de jouer les moralisateurs, toutes les filles s'habillent comme ça ici ! Je te signale que avant j'étais un monstre, maintenant je profite et si t'es pas content, c'est la même chose. » Kahl fronça alors les sourcils, décontenancé par le venin qui émanait de la bouche de sa cadette. Dans un sens il comprenait sa réaction, elle avait vécue des années, cachée,, sans pouvoir avoir de contact humain sous peine de tuer quelqu'un. Cependant, il ne fallait pas non plus abuser. « Logique, sous prétexte que avant tu pouvais rien faire, aujourd'hui tu peux te permettre de jouer les traînées. Oui oui, tout à fait crédible.   » Il regretta aussitôt ses mots, mais n'eut pas le temps d'exprimer sa culpabilité. Latika secoua la tête, déçue, puis quitta l'appartement en claquant la porte, quel con.

Après cette petite altercation, le jeune homme éprouva le besoin de se vider la tête. Il quitta alors son domicile pour aller courir, en espérant laisser tous ses problèmes dans l'appartement. L'air était plus doux en fin d'après-midi, dans les environs de dix-sept heure. Le parc n'était pas trop bondé, quelques joggeurs et personnes profitant du climat dans l'herbe. Il portait un bas de survêtement gris et large, un débardeur moulant noir et des baskets aux pieds. Ses cheveux sombres étaient en bataille et il boudait son rasoir depuis quelques jours, ce qui lui donnait une allure ténébreuse qui semblait plaire aux filles d'ici. Il ne comprenait pas trop ce culte voué à l'apparence, tout était si simple en Inde qu'il en venait à être de plus en plus nostalgique. Il courrait dans une petite foulée, ignorant le monde qui l'entourait, oubliant la crise d'adolescence tardive de sa sœur, les mutants, les hunters et son boulot de merde. Perdu dans les méandres de son esprit, il se prit les pieds dans une racine apparente, s'écroulant de tout son poids sur la terre, vaincu. Sa chute déclencha l'hilarité chez un groupe d'ado qui s'étaient empressés de filmer la scène avec leurs téléphones. Il grogna, poussant alors un juron, bien énervé. Il n'était pas blessé, hormis son ego masculin qui venait de prendre un sacré coup. Les gens le regardaient, sans l'aider, putain d’égoïsme humain. Il releva la tête, les dents serrés. Payait-il ses paroles envers sa sœur ? Le karma pouvait être cruel parfois.

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Couché dans la terre, il marqua une pause bien méritée après une chute ridicule. Il ferma un instant les yeux, laissant l'air chaud lui caresser avec douceur le visage. Comme-ci la scène avait été mise sur pause, il profita de cet instant pour se détendre, le repos du guerrier sur le champ de bataille, en plein milieu de la foule hilare et moqueuse. Kahl faisait partit de ses gens qui en avait rien à foutre de ce qu'on pouvait penser de lui. Il ne cherchait pas à se démarquer, mais plutôt à se fondre dans la masse. Invisible, il aimait cette apparence ectoplasmique, se moquant de suivre les modes et les codes moraux hypocrites qui dictaient la majorité des gens. Il venait d'un pays si différent, un endroit où les gens souriaient par pur gentillesse, l'altruisme roi et loin de tout ce paraître et fausseté capitaliste. Le soleil de Mumbai lui manquait, sa famille et ses amis aussi. Tout ce qu'il avait construit là-bas avait finit par se détruire ou se détériorer ici, même ses années d'études ne lui avait pas apporté un boulot satisfaisant dans ce pays. Ouvrier, les mains abîmées, l'esprit lourd et torturé. Son passé n'était pas un cauchemar, mais un doux rêve qu'il pointait du doigt et qu'il revérait un jour. Il était temps de revenir à cette triste réalité, la vérité étant qu'il avait l'air surtout d'un con, couché à plein ventre sur le sol. Il n'entendit pas les réprimandes de la jeune femme envers les adolescents, bien trop occupé à tenter de retrouver ses forces et la motivation d'affronter les regards moqueurs et méprisants. Souris à la vie petit con. Ses yeux chocolats se rouvrirent avec douceur, les yeux plissés par le soleil qui l'aveuglait. La tête relevée, il tomba sur une jeune femme au sourire bienveillant et à la  chevelure de feu. Il resta ébahis à la regarder, un peu comme un idiot, comme un enfant devant le père Noël. Elle lui tendait une main secouriste, une poignée tendue aimable qu'il attrapa avec douceur pour se remettre sur ses pieds. « besoin d'aide pour vaincre cette méchante racine et se relever ? » Son sourire était magnifique et communicatif qui ne pu s'empêcher d'en faire naître un lui-aussi. Le visage voilé par une expression d'amusement, il retira rapidement la terre sur ses vêtements, s'éclaircissant la voix pour lui répondre sur le même ton amusé. « On ne peut pas toujours dompter la nature, heureusement, elle arrive toujours à nous surprendre ...   » Répondit-il en se grattant la tête, un fin de sourire aux lèvres.

Le parc se vidait doucement, laissant les deux au milieu de celui-ci. Il détailla rapidement la demoiselle, charmé par sa gentillesse, mais aussi par sa plastique tout aussi agréable à regarder. Un regard doux, rien de lubrique, il n'était pas un obsédé ou un pervers à la vue d'une femme. De plus, il n'avait rien d'un dragueur, plutôt maladroit avec la gente féminine. Il n'était pas timide, juste que les femmes américaines étaient un peu plus entreprenantes que les Indiennes en général. Elles étaient beaucoup plus sûr d'elles, plus franches et plus intimidantes. « Merci en tout cas, c'est rare de nos jours l'altruisme. » Mains dans les poches, il se tenait droit devant elle, posé. La chevelure incandescente de l'inconnue attirait son regard comme un papillon vers la flamme. Il aimait la diversité chez les Américains, un peu trop habitué aux cheveux couleurs de jais et aux yeux sombres. Sa peau de porcelaine contrastait avec la sienne qui était halée et bronzée. «J'ai le droit de connaître le prénom de ma sauveuse ? Moi c'est Kahl, enchanté. » Un sourire franc et sincère sur sa bouche. Il se gratta ensuite la tête une nouvelle fois, signe de nervosité évidente et difficile à cacher. « Peut-être que je pourrais vous offrir une glace pour vous remerciez ? Sans arrières pensées. » Il ne voulait pas passer pour un type lourd, il se doutait bien que cette belle rousse devait avoir son lot de pervers aux fesses, vu le langage fleuris de ses collègues de travail, il comprenait la méfiance des femmes aujourd'hui envers le sexe opposé. Il se gratta la barbe, attendant la réponse de la mystérieuse, s'attendant déjà à un refus, elle avait certainement mieux à faire que de perdre du temps avec un inconnu maladroit.

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C'était agréable ce petit moment de fin de journée, loin du bruit des machines de chantiers, loin des bêtises de sa petite-sœur et des petits tracas de la vie quotidienne. La brise légère de soirée caressait son visage, c'était plaisant et encore plus en compagnie de cette jolie jeune femme. « J'ai décidé d'aider mon prochain, c'est ce que je fais pour vivre ! » Un sourire rapide sur ses lèvres, sous-entendait-elle qu'elle travaillait dans le social ? Il était curieux d'en savoir plus à son sujet. Il n'avait plus vraiment l'habitude de fréquenter la gente féminine, surtout depuis qu'il avait posé les pieds sur le sol américain. Ces dernières années, il avait fait qu'un avec le célibat, enchaînant parfois des relations furtives et sans intérêts, n'étant pas vraiment un don juan ou un adepte des coups d'un soir. Il avait un peu le physique du grand connard ténébreux, mais il était tellement loin de cette image faussée par les stéréotypes médiatiques. Le parc était désormais calme, l'heure des responsabilités sonnaient, les enfants retournaient auprès de leurs parents, les femmes quittaient leurs jogging pour retrouver leurs tabliers de cuisinières. « Anika ! Anika Bristow ! » Charmé, il hocha la tête par politesse, pas décidé à oublier ce prénom pour le moment. Mains dans les poches, il dépassait d'une tête la rouquine, se sentant plus à l'aise au fil du temps qui passait. « Enchanté Miss Bristow. » Conclu-il pour l'étape des présentations d'usage.

Il était légèrement stressé et embarrassé face à Anika, formulant une demande d'invitation maladroite. Il avait envie de prolonger ce moment dans un endroit sympa, toujours ouvert à de nouvelles connaissances. Il n'avait pas beaucoup d'amis à Radcliff, sa vie se déroulant entre son appartement et son lieu de travail, briser la routine était bienvenue dans l'esprit de l'Indien. « pourquoi pas? Vous pourrez me raconter comment vous faites pour affronter toutes les racines qui croisent votre chemin! Y a-t-il toujours quelqu'un pour vous aider ? » Il fut presque surpris qu'elle accepte aussi vite, prouvant encore un manque de confiance évident chez le mutant. Sourire satisfait sur ses lèvres, il invita à Anika à ouvrir la marche, à ses côtés. « Hum je pourrais mentir et dire que c'est la première fois que je me casse la gueule, mais ça serait pas honnête. Mais je serais ravi de retomber une deuxième fois, surtout si je suis ramassé par vous de nouveau. » Un léger rire sortit de la bouche du jeune homme suite à sa phrase, reprenant alors. « Cliché comme réponse non ? » Amusé, il continuait de marcher d'un pas tranquille à côté d'elle, son regard chocolat venant par moment quitter l'horizon pour scruter les réactions de la rouquine. Kahl n'avait pas envie de l'ennuyer ou quoi, il espérait ne pas la retarder ou accaparer son temps. « J'ai deux questions, la première, où allons-nous ? Et la seconde d'où venez vous ? Vous n'êtes pas américain ! N'est-ce pas ?  » Il posa son regard mystérieux sur elle, ayant trouvé une personne encore plus curieuse que lui. Il ne pouvait pas être totalement franc sur sa venue ici, préférant rester discret sur sa véritable nature. Être mutant n'était pas vraiment une bénédiction aujourd'hui, vu qu'il était traqué par les chasseurs. Il fallait être réaliste, elle avait beau lui inspirer confiance, il devait être prudent et méfiant, pour lui, mais surtout pour sa sœur. « En effet, je suis d'origine et de nationalité Indienne, je viens de Mumbai. » Répondit-il avec une petite pointe de nostalgie dans sa voix, le regard rêveur à l’énonciation de son pays d'origine. Ses terres lui manquaient tant, ainsi que ses parents et ses amis. Riche en Inde, fils de l'ambassadeur, il subissait le capitalisme américain et s'était prit une grosse claque en arrivant aux Etats-Unis, loin de son ancien confort.  « Vous êtes du coin vous ? » Demanda-il  poliment, appréciant échanger avec elle.

Après plusieurs minutes du marche, ils s'arrêtèrent devant un petit bar à la sortie du parc, offrant une vue magnifique sur le domaine végétal qu'il quittait. L'air étant encore bon, la terrasse était encore ouverte pour accueillir les deux sportifs. Il tira une chaise pour Anika et s'installa ensuite face à elle.  « Voila la réponse à votre première question, l'endroit vous convient-il ? Ils font de supers cocktails. » S'exclama le brun en offrant une carte à Anika qui lui offrait de belles perspectives de saveurs fruités pour ses papilles. « Vous disiez aider les gens pour vivre, du coup je me demandais ce que vous faisiez comme travail.   » Il plongea son regard ténébreux dans celui de la belle, curieux et attentif. Finalement, la journée se terminait plutôt bien, oubliant même sa récente dispute et sa journée de merde.

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