| Sujet: l'art est immortel ~ PV Aloys de Miribel Mar 23 Juin 2015 - 22:30 | |
| La bâtisse se tenait fièrement devant lui, comme si le poids des années n'avait eu aucun impact sur l’infrastructure du bâtiment. Ciarán effleura la poignée qui se mit à grincer avant de céder face à son agresseur. La lumière tamisée correspondait parfaitement au cadre du lieu, chaque tableau était bien mis en avant par un jeu d'ombre et de lumière particulièrement développé. La luxueuse décoration contrastait avec l’extérieur du bâtiment faisant plus penser à un musé. Les yeux de l'irlandais scrutaient l'horizon à la recherche de son futur achat.
Malgré l'ancienneté des lieux, l'odeur se faisait relativement fraîche. Cela était probablement dû aux différentes plantes vertes espacées ça-et-là. L'endroit était relativement vaste, assez en tout cas pour y entreposer une importante collection de tableaux et de différentes œuvres d'arts. A lui seul le vase Égyptien entreposé au centre de la pièce évoquait la prestance de l'environnement. L'irlandais n'avait pas fait trois pas qu'il était déjà sous le charme du lieu. Après une courte marche, Ciarán posa ses yeux sur quelques peintures.
Le bois craquelé démontrait de prime abord, que la toile avait vécu quelques années. Ciarán esquissait alors un léger rictus. Il fit le tour de la toile en examinant de près la peinture afin d'en déterminer l'origine. La teinture du bois laissait penser à une toile du XIXè mais en y regardant de plus près, l'expert détecta des pigments qui n'étaient pas d'époque. Après quelques minutes il en était arrivé à la possible conclusion que le tableau dressé en face de lui était un faux. Une chance qu'il n'était pas venu en tant que Consultant du FBI, rien ne l'obligeait ainsi à dévoiler la vérité sur cette œuvre.
- Qu'en dites vous ? Lui demanda alors une voix féminine.
Ciarán- Pas assez de caractère selon moi rétorqua-t-il.
La trentenaire fut surprise, elle se demandait probablement quelle genre de fou elle avait face à elle. Ciarán évita de la désillusionner en lui expliquant la vérité et il se mit à inventer de fausses raisons. Tandis qu'il discutait de ce que l'art représentait pour lui, une toile particulière attira son attention. Il se remémorai rapidement l'un de ses premiers vols en apercevant une toile quasi-identique à son premier larcin. Il se souvenait s'être rendu dans une vieille demeure pour aller récupérer un tableau assez similaire. Ce vol avait été un pitoyable échec, il avait été pris la main dans le sac. Un comble pour un voleur. Sa carrière de voleur professionnel n'était pour ainsi dire pas sur la bonne voie. C'était sans compter son acharnement au sein du gang de Carmen, en quelques mois l'Irlandais avait énormément appris du monde criminel. Tandis qu'il se remémorait tous ses souvenirs, il était comme captivé par la toile et son interlocutrice ne tarda pas à s'en rendre compte.
- Vous avez du goût, il s'agit d'une ancienne toile, l'auteur n'est pas réellement connu mais personnellement je trouve que cette œuvre raconte énormément d'émotions..
Soudain, un homme se présenta à la vendeuse et celle-ci ne tarda pas à s'excuser pour rejoindre l'arrière de la riche galerie d'art. Seul avec ses pensées, Ciarán se mit à réfléchir sur son avenir et celui-ci se demandait si son contrat avec le FBI prendrait fin un jour. Il soupira à cette idée puis tourna les talons lorsqu'il fit face à une figure qui lui semblait familière. |
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Maxence Sanderson MEMBER - join the evolution. MESSAGES : 1211
SUR TH DEPUIS : 14/06/2015
| Sujet: Re: l'art est immortel ~ PV Aloys de Miribel Sam 27 Juin 2015 - 11:05 | |
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Cela fait deux semaines maintenant. Non, plus. Cela fait un certain nombre de jours maintenant qu’Aloys est sorti de l’enfer. Mais à ses yeux, il y est plongé pour l’éternité de sa courte vie à présent. Parce que si Aloys alterne entre déni, inconscience et résignation, il ne parvient pas à s’extirper de cette terreur qui le submerge à chaque fois qu’il pose un pied hors de son appartement. Pourtant, il ne doit pas vivre reclus, il faut qu’il aille au contact du monde, au contact des hommes, il faut qu’il retrouve sa place dans ce monde qu’il survolait. Cela fait deux semaines qu’il est libre, plus d’un mois et demi qu’il n’est pas retourné à l’hôpital en tant que médecin. Il n’ose pas, il n’ose plus exercer, comme si c’était son immortalité qui lui conférait ses connaissances en médecin et ses compétences de chirurgien. Ce qui est stupide, et Aloys en a bien conscience.
Cela fait deux semaines, Aloys gravit encore la côte qui le sort des enfers, se retenant à grand peine de regarder dans son dos au risque de rechuter dans l’abyme. Sa volonté est mise à l’épreuve et il remercie quelque part l’intransigeante éducation que lui a offerte son père dans les temps anciens. Un de Miribel ne ploie pas le genou devant son devoir. Et actuellement, son devoir est de se reconstruire, quoiqu’il advienne, quelles que soient les difficultés. Et sa reconstruction, Aloys ne le sait que trop bien, passe par l’art. Etendu devant lui comme les bras d’une mère voulant consoler son enfant. Si l’ancien immortel est parvenu à franchir le pas de sa porte pour se heurter au dynamisme de la ville, le voilà à nouveau figé devant la galerie d’art qui l’appelle pourtant d’une voix réconfortante. Il n’ose pas entrer. Il a peur de déranger, il a peur de sursauter, il a peur de ne pas être à sa place. Un soupir, ses doigts frôlent le montant de la porte pour se donner du courage et… « Bon, vous comptez entrer ou rester planté là toute la journée ? » La voix, agressive, extirpe brutalement Aloys de ses pensées. Il recule, il trébuche, il se retient à grand peine au premier support venu lorsque ses pieds dégringolent les marches et le supplient de se stabiliser. Il ouvre la bouche pour s’excuser mais déjà le couple importun a disparu dans la pièce. Son cœur bat la chamade à un rythme infernal et Aloys ferme les yeux pour se calmer. Bon sang, ce qu’il a eu peur. Il ne devrait pas être là, il ne devrait pas… mais c’est une galerie d’art, comme celle de Miribel. Et il sait que se promener dans une allée de tableaux et d’objets d’art venus d’une autre époque le projettera dans son domaine familial. Maigre consolation, réconfort de substitution, mais Aloys ne veut pas faire la fine bouche. Prenant son courage à deux mains, il entre.
Aussitôt, il est submergé par l’émotion. Il n’a pas eu de cours sur l’art, il n’a pas fait de grande école d’histoire de l’art mais en plus de 130 ans de liberté, Aloys a appris à développer sa sensibilité naturelle pour cette forme si particulière d’expression. Dès son enfance, il aimait le dessin, il aimait cette émotion transmise dans une courbe, dans une sculpture, dans une peinture figée et pourtant immortelle. Ses yeux couvent les tableaux, se plaisent à sourire devant une reproduction naïve d’une œuvre qu’il possède depuis plus de trois décennies. Pour sûr, le château de Miribel s’est constitué un patrimoine extraordinaire par le biais de son propriétaire légitime. De toile en toile, d’histoire en histoire, Aloys s’apaise et se replonge dans ce qui fait de lui un rêveur sensible. Lorsqu’il voit ce paysage, il se sent comme projeter sur les lieux même de l’inspiration de l’auteur. Lorsqu’il s’arrête devant… les yeux d’Aloys se plissent. Est-ce possible que ce soit… un frisson d’anticipation se fraye un chemin le long de la colonne vertébrale du belge. S’il reconnaît au premier coup d’œil la plupart des toiles d’exception, il est une certaine catégorie d’œuvre de second plan qu’Aloys connait tout aussi bien. Les siennes. Elles ne sont pas nombreuses, pour la simple raison que leur survie est toujours un mystère et une surprise, mais elles sont quelques unes en circulation. Un pas, puis deux, le voilà qui franchit la distance qui le sépare de ce vieux souvenir. L’écho d’un commentaire lui parvient et réussit l’exploit de lui arracher un sourire timide. - Vous avez du goût, il s'agit d'une ancienne toile, l'auteur n'est pas réellement connu mais personnellement je trouve que cette œuvre raconte énormément d'émotions.. Pas réellement connu, non. Les de Miribel ont toujours préservé son secret avec une minutie jalouse qui lui a permis d’errer longtemps sans que quiconque ne remarque son immortalité. Les rares toiles signées Aloys de Miribel qui sont en circulation ne le sont que parce qu’elles ont échappé à la surveillance de sa famille. Il n’est pas un secret honteux, il est juste un secret préservé coûte que coûte. Un secret dont ils vont bientôt être débarrassés lorsqu’il mourra. A nouveau, un frisson dégringole son épiderme. Suivi aussitôt d’un second lorsque le regard d’un deuxième vieux souvenir le frappe de plein fouet. Vieux.
Aloys ignore combien d’années se sont écoulées mais à l’échelle de plus de seize décennies, sa rencontre avec le gamin ne date que de quelques jours. Un soupir. La toile, le petit garçon… Aloys reste figé de stupéfaction. La galerie d’art produit vraiment l’effet escompté sur son âme puisqu’il se surprend à sourire à nouveau. Et il ne peut s’empêcher, même, d’engager la conversation d’une voix douce saupoudrée d’amusement. « Le petit d’Irlande ! Ce que tu as grandi. Tu ne comptes pas le voler cette fois, j’espère. » Ses sourcils se froncent d’un regard sévère. « Et j’espère aussi que tu n’as pas gardé cette fâcheuse habitude d’ailleurs. » Certes, entendre de tels mots dans la bouche d’un jeune adulte de vingt-huit ans peut surprendre, mais rares sont ceux qui savent que derrière cette silhouette se cache un centenaire.
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