there's no remedy for memory

Un autre rendez-vous. Rakel, elle n’a plus rien à perdre. Elle a déjà perdu son mariage. Cette vie qu’elle avait avant, la seule chose à lui donner un peu d’humanité. Maintenant, elle n’a plus rien. Que la chasse. Que cette traque dont elle peut se défaire. Rakel. Elle ne connaît que la rage, que la sensation de cette perte dont elle ne peut se défaire. La Norvégienne, elle a été un patin entre les mains de son paternel. Entraînée à tuer. Entraînée pour tuer, endoctrinée depuis toujours. La rage. Le mal qui ronge son âme et dont elle ne peut se défaire à présent. Rakel, elle veut monter, elle veut plus qu’être un simple pion dans le monde, qu’un simple électron libre. C’est pour cette raison qu’elle tente de s’approcher, de lui, de Taddheus. Pour se faire. Elle doit se faire des ennemis. Elle doit être le réceptacle de la haine. De sa haine à lui. Ren. Elle lui a volé une cible, pour se faire valoir. Une cible coriace dont elle garde quelques séquelles, quelques marques sur sa peau opaline.

Elle se rend au point de rendez-vous. Elle doit le rencontrer, parce qu’elle doit s’occuper d’une cible avec lui et ça n’a rien de simple. Ils se doivent de faire quelques préparatifs. Ils se doivent de parler. De poser un plan. De prévoir et savoir. Rakel, elle n’a pas l’habitude. Elle ne sait pas. Elle ne sait pas comment faire équipe ou peu souvent. Avec Alec, quelques fois. Sans plus. Elle n’est pas des plus tendres. Elle n’est pas des plus sociables. Rakel, elle n’est que les effluves de sa rage dont elle ne peut se défaire. Elle n’est que le reste de son passé. Des éclats de verre. Des morceaux brisés.
Rakel, elle laisse ses phalanges glisser dans le fond des poches de son manteau. C’est sûrement la deuxième fois ou la troisième fois qu’il se rencontre. Elle ne sait plus. Ce n’est pas simple lorsqu’ils se retrouvent face à face. Lui qui n’aime pas faire équipe, avec une femme qui tente de se faire valoir. Elle a envie de faire plus. Elle veut faire plus que tuer dans l’ombre. Elle vaut plus.

Elle s’approche. Elle voit ce visage se dessiner et elle laisse un sourire se poser contre ses lèvres. Amusée. Le gamin. C’est ce qu’il est à ces yeux. Trop jeune pourtant de pouvoir. Elle s’approche et laisse sa langue glisser contre ses dents. « Je crains que tu sois obligé me voir encore quelques fois.» Rakel, elle sait que ça ne lui fait pas plaisir, mais elle se doit de l’utiliser pour arriver à ses fins. Elle n’a rien à perdre. Plus rien. Rakel. Elle n’a que la chasse. Que quelques effluves de souvenirs. Que sa fille. Que cette relation basée sur un foutu mensonge. Elle risque de perdre gros. Trop gros si Emily venait à apprendre, si Sirius en savait plus sur ce qu’elle a réellement fait pour avoir un enfant, pour serrer cette petite dans ses bras. « Il m’a demandé de venir te rencontrer ici.» Elle parle de Thaddeus. Rakel. Elle doit saisir cette chance. Celle de se faire valoir à ses yeux de et ne pas être une simple poupée dans l’ombre. Ce n’est pas ce qu’elle désire.
Un pas. Un pas de plus. Elle s’approche pour se poser près de lui, pour laisser son regard se glisser dans le fond de ses iris à lui. Dommage qu’il soit trop jeune. Dommage qu’ils ne puissent se supporter pour cause de pouvoir, d’envie de pouvoir. Ils se ressemblent pourtant. Un peu trop. Des machines. Elle a pourtant une faiblesse Rakel, celle qu’elle tente d’enfouir dans le plus profond de son être. « Content de me voir?» Un sourire qui passe contre ses lèvres et elle penche la tête sur le côté, laisse ses mèches blondes se perdent dans le vent et son regard se pose sur l’édifice derrière eux. Cet édifice avec trop d’importance.

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