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 Dis, tu veux passer sur le billard ? (winifred)

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Jedikiah Grimwood
Jedikiah Grimwood

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MessageSujet: Dis, tu veux passer sur le billard ? (winifred)   Dis, tu veux passer sur le billard ? (winifred) Icon_minitimeDim 26 Avr 2015 - 20:07



L’avantage, lorsqu’on est militaire ou agent de sécurité, c’est que puisqu’on reste debout toute la journée dans une attitude d’attention constante – c’est du moins ce qui est noté sur le contrat, j’dis ça, j’dis rien – et bien on ne travaille pas sept jours sur sept, mais seulement quatre. Et encore, les grosses semaines. Le reste du temps, je le passe en général à dormir, boire, gérer mon petit trafic,  m’entraîner au dojo ou dans une salle de sport quelconque et à jouer au billard ou aux fléchettes dans des bars histoire de me faire rapidement et facilement un peu de liquide à dépenser en bière. Bref. Je sors de mon appartement les mains dans les poches, casquette vissée au crâne, bien décidé à gaspiller mon temps libre dans un bar justement. De toute manière, j’ai un rendez vous pas très légal en début d’après midi pour réceptionner quelques colis pas très légaux non plus, donc ça ne sert à rien que j’aille suer sang et eau dans une salle de sport pour le moment.

D’un claquement de doigt très certainement impoli mais je n’en ai rien à faire, j’attire l’attention du serveur qui s’empresse de me rejoindre, se demandant tout aussi certainement si à force de commander, je vais me décider à lui donner un gros pourboire. Il peut toujours aller voir sur le trottoir si y’a quelqu’un d’intéressé, pour le moment, moi, j’ai juste envie de boire. Et de jouer. « Dis moi le mioche, le billard, là bas, on peut titiller les boules ou il est juste pour décorer ? » Son air désemparé me fait rapidement comprendre que mon accent colombien, non content de faire chanter mes voyelles, s’est aussi démerdé pour me rendre totalement incompréhensible. Et je répète avec plus d’application et d’exaspération. Et il me répond que je peux tout à fait y jouer et qu’il sera ravi de me montrer que… Je lève les yeux au ciel, lui balance un billet, me dirige vers les tables vertes pour me détendre. Si j’ai de la chance, je vais même pouvoir attirer quelques pigeons pour bien les plumer avant de les faire rôtir à point.

Avec nonchalance, je me laisse tomber dans la première chaise encore debout que je croise, pour mieux étendre mes jambes sur la table qui lui fait face, chasser du talon quelques éclats de verre et masser ma mâchoire légèrement endolorie par un mauvais coup reçu. Je sais que dans quelques minutes, le gérant du bar va venir me demander des comptes, mais pour une fois, je ne suis pas celui qui a donné le premier coup. Ce n’est tout de même pas ma faute s’ils étaient nuls au billard, ces trois crétins. Et c’est encore moins ma faute, s’ils ont voulu parier, s’ils ont perdu leur fric, s’ils ont voulu parier une deuxième fois et qu’ils ont perdu tout leur fric, une deuxième fois, non ? Bon, d’accord, ils partaient avec un désavantage certain puisqu’ils étaient contre moi, mais en même temps, la vie est pleine de risques, et faut savoir les prendre et les assumer. Non ? Ca a été simple, si simple, de jouer pendant deux trois coups le rôle du débutant pour les attirer dans mes filets, faire monter les enchères et les plumer l’un après l’autre, consciencieusement. Après, j’avoue être peut être allé trop loin dans la provocation lorsqu’un dernier coup parfait les a mis sur la paille. Et ma petite insulte en espagnol n’a pas du aider non plus à les calmer. Et mon sourire narquois a peut être achevé de les enflammer. Mais je ne suis pas responsable s’ils ont perdu leur self-control, non ? J’avoue, c’est vrai aussi que je n’aurai peut être pas du lui exploser une chaise sur le dos, à celui là. Il avait l’air de douiller sévère après. C’est fragile ces petites bêtes.

Je bascule la chaise sur ses deux pieds arrière, pour mieux considérer la bière rescapée du massacre et la terminer à petites gorgées. C’est marrant, tout de même, comme quelques insultes, deux-trois coups, un KO et deux bras esquintés peuvent faire peur aux gens et réduire de moitié la fréquentation du bar. Les gens sont vraiment des lopettes parfois. Et tout ça pour un billard. C’que les gens sont c#ns parfois, et c’que l’argent peut être gagné facilement, aussi. Mon sourire s’accentue, je me redresse, donne un coup de pied dans une chaise renversée, évite une bière brisée au sol et vais m’adosser au comptoir pour demander à courageux serveur qui s’apprête à tout venir nettoyer s’il n’a pas une poche de glace en rab, histoire de m’occuper quand même de cet œil au beurre noir qui menace de se pointer sur mon visage, avant de m’appuyer au bar et de faire face à la porte de l’établissement. C’est marrant, donc, comme une simple petite bagarre peut faire fuir la clientèle. Au moins, on a plus d’air maintenant. Et puisqu’ils sont déjà en train de nettoyer les verres brisés et de décaler la chaise amochée, d’ici une trentaine de minutes, on n’y verra plus rien. D’ailleurs, la jolie blonde qui vient de rentrer, elle ne doit pas trop comprendre ce qui vient de se passer. Lorsqu’elle s’approche suffisamment, je capte son regard sur les débris. « Vous en faites pas, les crétins se sont cassés. Aucun respect ces jeunes, j’vous jure… » Je lui lance un petit sourire amusé, avant de récupérer ma bière. Mon œil au beurre noir et ce bleu sur ma joue doivent totalement décrédibiliser mes propos mais puisque j’en suis conscient et que j’en joue, et bien… je m’en fiche.



Dernière édition par Alejandro Velasquez le Mar 5 Mai 2015 - 15:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dis, tu veux passer sur le billard ? (winifred)   Dis, tu veux passer sur le billard ? (winifred) Icon_minitimeMar 5 Mai 2015 - 14:52

Citez trois de vos qualités.
Enthousiaste à l’idée de te renvoyer ce formulaire à la gueule.
Maîtrise du sourire hypocrite, cachant mes pulsions meurtrières.
Plutôt bonne à réprimer ces pulsions mentionnées ci-dessus.


Citez trois de vos défauts.
Difficilement capable de supporter ta tronche de cake, deux minutes après t’avoir rencontré.
Incapable de fermer ma gueule quand je suis sexuellement harcelée.
Indécise. J’ai déjà changé d’avis à propos de ce job de merde.


Le formulaire n’est rempli qu’à moitié lorsque le stylo est nonchalamment abandonné sur le comptoir. Elle a besoin d’un travail, elle en a bien conscience, mais ce n’est pas au point d’accepter la première proposition qui se pointe. Encore moins quand le patron potentiel face à elle se cure le nez avec le doigt qui vient de servir de gratte-fesse et la salue avec un « comment tu vas ma chérie ? » particulièrement … révulsant. (Elle n’aurait jamais dû sortir sans sa bague.) (Cela n’aurait pas forcément changé grand-chose, cela dit.)

Non, décidément, elle ne finira pas de remplir ce formulaire et c’est sans regret qu’elle étire un dernier sourire aussi faux que les seins de Pamela avant de sortir de la boutique. Un formulaire pour être vendeuse. Et puis quoi encore. Un doctorat pour être coiffeuse ?

Un frisson de dégoût lui parcourt l’échine lorsqu’elle pense au fait que, de toute façon, elle l’aurait eu ce job, simplement parce qu’elle a des seins. C’est bien là la seule chose qui ne change jamais de ville en ville et de pays en pays. Il y a toujours un pervers pour lui rappeler que les hommes sont des porcs. (Elle remercie le ciel d’avoir omit la jupe au profit du jean, aujourd’hui.)

Ses ray-ban fixées sur le nez, elle disparait au coin de la rue. Elle ne sait pas où elle va, mais elle sait que rentrer à la maison n’est pas une option. Avoir Damjan dans les pattes lui rappelant qu’elle doit trouver un travail, n’est pas bon pour sa bonne humeur. Mais l’heure tourne et elle sait que d’ici quelques minutes, les rues se rempliraient, le bruit l’assourdirait et elle passerait un mauvais moment dans les plus sombres recoins de son esprit et … disons qu’elle est loin d’être enthousiaste à l’idée.

C’est comme ça qu’elle se retrouve au cimetière. Le bruit de la ville n’est pas loin, mais elle arrive à le bloquer. Là. Assise devant la pierre tombale de ses grands-parents. C’est suffisant. Mais c’est la première fois qu’elle revient depuis l’enterrement de sa grand-mère. Elle se sent un peu conne.

« Hey. » (Un peu est un euphémisme.)

Il paraît que ça se fait, de parler aux morts, dans un cimetière. Ou de prier. Mais Fred ne sait pas prier. Et Fred a parfois du mal avec les mots. C’est malheureux. Mais c’est comme ça.

Petite, lorsqu’elle venait passer les vacances à Radcliff avec sa famille, ils arrivaient avec deux heures de retard et la première chose qu’elle faisait avec son frère, c’était s’asseoir sur le canapé pour bouffer les mars laissés exprès sur la table du salon. C’était la manière qu’ils avaient, avec mamie et papy de se dire bonjour, pendant que les parents vidaient la voiture. C’est difficile de s’asseoir sur le canapé et de bouffer des mars, dans un cimetière. Quand elle y pense, elle n’a pas mangé de mars depuis la dernière fois qu’elle a vu sa grand-mère en vie. A l’enterrement de son grand-père.

(Huit ans. Elle devrait aller s’en acheter un, en rentrant.)

Tout ça pour dire que … elle ne sait pas quoi faire. Elle ne sait pas quoi dire non plus. Qu’est-il coutume de dire dans ces moments-là ? Quand on parle tout seul devant une pierre tombale ?

« Oh, je suis mariée ! »

Elle tend sa main gauche, comme pour montrer sa bague, mais elle se rappelle qu’elle ne l’a pas mise aujourd’hui et que, de toute façon, la pierre tombale ne réagirait pas. Sa main retrouve sa place sur son genou.

« Ouais … Bref, longue histoire. Je crois que vous l’auriez bien aimé. Surtout toi mamie. »

C’est un peu perturbant pour Fred de se dire que, si sa grand-mère l’avait rencontré, elle aurait eu droit à un commentaire du style « dis-donc il est beau gosse. C’est aussi bien proportionné en bas qu’en haut ? » Mortifiée rien qu’en y pensant, elle éclate de rire malgré tout. C’est comme ça qu’elle réalise que ses grands-parents lui manquent. Elle a beau habité leur ancienne maison, elle ne percute que maintenant, en lisant leurs noms. Elle en est réduite au silence. Elle n’avait pas envie de parler, de toute manière.

Le temps passe. Elle le voit passer. Elle voit le soleil descendre et teinter le ciel d’un orange qui lui rappelle qu’elle est en vie, que certains ne le sont plus, qu’un nouveau jour est pour demain et que le cimetière n’a pas une atmosphère qui lui correspond. C’est trop … mort serait un mot choquant, non ? C’est pourtant le plus approprié. Elle reste quand même, jusqu’à ce que la nuit se soit installée, que les criquets lui pètent les tympans et jusqu’à ce que son portable se mette à vibrer dans son sac et que la musique de Star Wars ne se mette à raisonner entre les pierres tombales. Elle ne décroche pas.

(Parler à Damjan n’est toujours pas au programme. C’est un chieur quand il s’y met.) (Elle a appris, par l’intermédiaire de Viktoria, que c’est un trait familial)

L’heure la dérange. Il est trop tôt. Elle sait que le bar devant lequel elle se trouve va être bruyant, que les mâles ô combien viriles vont trouver intelligent le fait de poser leur verre sur le bar comme des forcenés, parce que péter un verre et se couper la main par la même occasion, c’est ce qui fait rêver une femme. Elle sait qu’il va y avoir une partie de billard qui finira en concours de chien qui aboiera le plus fort. Et elle sait qu’une bagarre finira par éclater. Le tout la soule d’avance. (Ce sont des clichés perpétué par les films de tous les pays qu’elle refuse d’effacer de son esprit, parce que cliché ne veut pas dire mensonger).

Lorsqu’elle ouvre la porte, prête à repartir immédiatement, elle est pourtant surprise de voir le bar vide et les dégâts encore visibles lui font presque lever les yeux au ciel. Si prévisible. Et elle en déduit que le seul mec encore présent est celui qui a « gagné » ce concours de Mr. Viril. Cool pour lui. Ça veut dire que le bar sera désert pour un petit moment. Cool pour elle. Elle s’approche lentement du bar, évite quelques morceaux de verre et le pied d’une chaise et force un sourire lorsque Mister Viril lui adresse la parole. C’est là qu’il faut rire, non ? Dommage.

« Et si eux sont les crétins, vous êtes le bon samaritain c’est ça ? »

Elle s’assoit au comptoir où l’attend déjà son verre habituel (doit-elle en conclure qu’elle vient trop souvent ? S’il y avait de l’alcool à l’intérieur, elle s’inquièterait.), bien consciente de tourner le dos à son interlocuteur, mais elle s’en fiche. Elle n’est pas vraiment là pour mettre en place tout ce que ses parents lui ont appris de la politesse. (En voilà un cliché mensonger. Tous les Canadiens ne sont pas gentils en permanence.)

« Nous sommes tous sauvés. » continue-t-elle en cachant un sourire au serveur.

Ce n’est pas qu’elle n’a pas envie de parler, c’est qu’elle aimerait éviter les gros lourds et rien que par la manière dont il s’est introduit, Mr. Viril a tout l’air d’en être un.  Mais il a encore toutes ses chances pour lui prouver le contraire et, son verre à la main, Fred se tourne vers lui pour lui laisser l’occasion de le faire.
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Jedikiah Grimwood
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MessageSujet: Re: Dis, tu veux passer sur le billard ? (winifred)   Dis, tu veux passer sur le billard ? (winifred) Icon_minitimeSam 16 Mai 2015 - 8:58



Je ne suis plus trop le bienvenu dans l’établissement, ça se sent. Et pourtant, le patron du bar n’a toujours pas appelé les flics. Tant mieux. Ca me dérangerait d’avoir à m’expliquer avec des poulets et ça me dérangerait encore plus de m’écraser devant une plaque et un uniforme. Dans tous les cas, je m’installe au bar pour commander une bière, ignorant les chaises renversées, les débris de verre, les quelques gouttes de sang que je laisse dans mon dos. La baston, c’est fait, je me suis bien défoulé, maintenant je me concentre sur ma mâchoire un peu malmenée dans l’opération et qui risque de virer au bleu d’ici mon prochain tour de garde. Question discrétion, il va vraiment falloir que je revoie quelques concepts de toute évidence.

Je sifflote, sirotant ma bière, attendant la poche de glace que j’ai demandée pour la plaquer sur mon visage et tenter d’amoindrir le bleu et l’œil au beurre noir que je ne vais pas manquer d’avoir. Et en attendant, je regarde le reste du bar presque désert. Etrangement, je suis au centre de l’attention et je lâche quelques sourires à mi chemin entre la nonchalance et l’insolence, à peu de chose près au niveau de la provocation amusée. Qu’est ce qu’ils veulent ces troufions ? Que je leur fasse la leçon à eux aussi ? Ils ne sont plus trop nombreux mais bon : ça pourrait rester amusant de se faire un petit combat à cinq contre un, ça fait longtemps que je n’ai pas testé ce genre de déséquilibre. Mon sourire amusé s’accentue davantage à cette pensée, et je m’apprête à leur lancer l’idée lorsqu’une nouvelle personne franchit le pas de la porte du bar. Intéressant. Je l’observe sans trop de discrétion – j’ai vraiment du louper une leçon – et l’interpelle dès qu’elle approche du bar, juste pour lui donner des pistes de compréhension quant à ce qui vient de se produire. Si jamais elle n’avait pas déjà tilté. « Et si eux sont les crétins, vous êtes le bon samaritain c’est ça ? » Je fronce les sourcils, cherchant dans sa voix autre chose que du sarcasme moqueur. Soit elle a un caractère de m#rde, chose fort probable, soit elle n’a pas d’humour – chose encore plus probable –, soit elle a passé une sacrément mauvaise matinée et c’est sur cette dernière option que se porte mon choix. J’hausse les épaules sans me démonter une seconde. « Ouais, on peut dire ça comme ça, même si je me serai plutôt considéré comme un professeur. » Je lui offre un sourire amical, avant de me retourner en direction du bar pour poser ma bière et appuyer sur la joue la poche de glace qui vient – enfin – d’arriver. Oh, et j’en profite pour remercier le serveur sans y penser. Il parait que ça se fait. Surtout lorsqu’on vient de démolir la moitié de l’établissement.

« Nous sommes tous sauvés. » Tiens, elle continue de parler ? Bonne idée. Ca veut dire que, un, elle a passé une si mauvaise journée qu’elle est psychologiquement prête à parler au premier bourrin venu, et que deux, elle a plus de c#uilles que les trois crétins auquel j’ai fait bouffé la poussière. Je lui tends une main amical, avec toujours ce même sourire légèrement moqueur aux lèvres qui donnent aux gens l’impression que je me fous de leur tronche mais qui est simplement ma manière d’être de bonne humeur. « Alejandro. Désolé, je fais pas de cartes de visites, donc généralement je sauve pas sur demande. » Je fais signe au serveur de me resservir une bière. « Qu’est ce que tu fous dans un bar en pleine journée ? Tu cherches des bons samaritains ? » Je lance la conversation, on va bien voir où ça va retomber. Dans ma tronche, si je me suis foiré, dans une bière et un toast si elle est moins chieuse qu’elle n’en a l’air.

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