Sujet: One more drink for the two fools we are (Sloane) Dim 16 Nov 2014 - 23:06
Guess it's not the best time for a chat... or it is ?
"Sloane & Malachi "
- Danny, un autre s’il te plait.
Le barman acquiesça avec un petit sourire : quand le gallois décidait de se cuiter, il le faisait dans les règles : avec du whisky pur malt directement importé de son comté natal. D’ailleurs en général, il devait lui appeler un taxi derrière, et il ne venait récupérer sa moto que le lendemain avant d’aller en cours, une gueule de bois aussi dure que sa prothèse lui cognant sur les tempes. Mais il n’avait pas l’alcool foncièrement mauvais, alors il le laissait faire ; tout le monde savait ici que le petit prof avait perdu sa femme il y a des années et que, de temps en temps, une cuite lui faisait du bien quand la nostalgie était trop forte. En plus, quand il était saoul, il acceptait parfois de sortir son instrument – son saxophone, hein-, pour faire un bœuf avec les musiciens qui jouaient parfois dans le bar, sur la petite scène au fond de la pièce. Ce genre de petite intervention plaisait aux habitués, et souvent, il y avait un idiot pour décider de payer une tournée après un petit concert. C’était bon pour les affaires de toute façon.
Malachi ne fit pas attention au petit sourire satisfait du barman, bien trop concentrer sur le fond de son verre où roulait une ultime goutte d’alcool ambré. Ce n’était que son premier verre, mais il n’avait rien mangé depuis le midi, alors il n’aurait pas besoin de dix litres pour s’enfoncer dans la torpeur cotonneuse de l’ivresse. Il était terriblement troublé par son diner de la veille avec Julia, qui n’était que Pandora sous l’apparence de sa propre femme défunte. Vivre quelques heures avec un avatar de celle-ci l’avait totalement retourné, bien plus qu’il l’aurait imaginé, et il avait même failli ne pas faire classe aujourd’hui, tant il avait passé une nuit agitée à cogiter plus que de raisons. Il savait que ce qu’il avait fait, engager une actrice pour simuler un souvenir lointain, n’était pas ce que l’on pouvait appeler un comportement sain. Et pourtant, il avait terriblement envie de la rappeler. De payer à nouveau pour voler quelques heures à la mort. Il ne devait pas faire ça. Cela virerait à l’obsession. Et Julia n’était pas Evangeline, elle ne le serait jamais. Elle finirait par le décevoir, et il ne se remettrait pas. Il devait l’oublier, considérer tout cela comme une parenthèse délirante, un rêve, et nier jusqu’à sa réalité. Voilà, nier, c’était très bien. Le déni, il savait faire.
Danny lui servit son Whisky dans un verre glacé, comme il lui avait appris à le faire, puis laissa sur son bout de comptoir ruminer en paix. Pour l’instant, personne n’était venu troubler ses réflexions déjà bien altérées par le manque de sommeil et le malt. Finalement, quelqu’un finit par prendre le tabouret à côté du sien au comptoir. En temps normal, Malachi lui aurait lancé un regard suffisant pour que son pouvoir donne une sensation de malaise suffisamment puissante pour que ladite personne sans aille sans même savoir ce qui lui prenait, le cœur serré. Mais bon, son don faisait la grêve en ce moment, alors il allait devoir faire contre mauvaise fortune bon cœur. Sans même lever les yeux sur la nouvelle arrivée, il leva deux doigts vers Danny à nouveau :
- … Et un verre de je sais pas quoi pour la demoiselle, ce qu’elle veut. C’est mon jour de générosité.
Avec un peu de chance, elle serait suffisamment reconnaissante pour ne pas entamer la conversation …
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Dim 30 Nov 2014 - 16:30
one more drink for the two fools we are
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man, boy. but for now it’s time to run.
Tu marches. Mains vissées dans les poches, regard avide qui navigue. À travers les rues, entre les passants. Tu marches sans but précis ; t'erres plus que tu marches, à vrai dire. Tel un automate. Tu scrutes, t'étudies chaque âme qui te frôle. Comme à la recherche de quelqu'un, de quelque chose. Tu sais pas trop, tu sais jamais. T'es qu'une éternelle indécise, Sloane. Et ta vie n'est qu'une succession de trucs qui t'arrivent. Deux-trois instants. Des bribes de vie sans importance cruciale. Et lentement, ça te bouffe du dedans. Cette lancinante impression d'exister plutôt que de vivre. De faire semblant de tout. De jouer à vivre, plutôt que de vivre tout court. Pourtant, t'as un but dans la vie. T'as ce truc qui te motive, qui te réveille, qui t'électrise. La chasse. Chasseuse, c'est ce que tu es, c'est ce qui te définit. C'est le moteur qui te fait avancer et c’est probablement la raison pour laquelle t'es encore debout jusque-là. Enfin, tu crois. Tu l'as Lui, aussi. Il t’a peut-être expédiée à des milliers de kilomètres mais, au fond, tu sais qu'il est là pour toi, qu'il couvre tes arrières. Ça sonne tout con, mais t'as pas besoin d'être dans la même ville que lui pour sentir sa présence. Y'a un lien fort qui vous unit et c'est magique, presque mystique. Mais y'a des soirs comme ça, des soirs comme ce soir où le manque se fait trop pressant, oppressant. Des soirs où tu tuerais presque pour une cuite. Sauf que t'es sobre, Sloane, t'es sobre. Et que tu t'es juré de ne plus reprendre une goutte d'alcool. Toi, sobre, ça sonne comme une mauvaise blague à tes oreilles. Et pourtant, tu lui as promis, et tu te l'es promis. Parce que t'en avais assez de n'être que cette junkie, ce cliché de petite fille riche qui fait des caprices. Parce que te reconstruire a pris du temps. Beaucoup trop de temps pour tout foutre en l'air maintenant. « Et un verre de je sais pas quoi pour la demoiselle, ce qu’elle veut. C’est mon jour de générosité. » Tes pas t’ont menée dans ce bar miteux, ce repaire à âmes esseulées. Tu n’as pas l’intention de boire ; de toute façon, l’alcool, ça n’a jamais vraiment été ton problème, mais tu t’es sevrée de tout quand même et pour de bon. C’est plus un automatisme qu’autre chose : parfois, t’aimes bien traîner dans des bars, t’imprégner de l’atmosphère, l’absorber. T’y envelopper comme dans un doux cocon. Un cocon qui empesterait la cigarette et l’alcool bon marché. Revivre un peu le passé. Y’a même des fois où t’arrives à prétendre que t’es bourrée. Des soirs où tu regardes un verre et tu sens le liquide ambré parcourir ta gorge, couler le long de ton œsophage, réchauffer tes entrailles. Tu fermes les yeux et, l’espace de deux secondes, t’arrives à te projeter dans ce fantasme. Tu tournes la tête, lève les yeux. Et tu souris d'un sourire contrefait au joli garçon qui te fait face, prenant quelques secondes pour le jauger, pour le juger. Il a l'air plutôt sain d'esprit, tu trouves. Pas le physique et l'attitude de l'habituel lourdingue qui cherche une nana à lever pour la soirée. Non, tu ne crois pas qu'il soit là pour ça. Y'a quelque chose de brisé dans son regard, quelque chose qui t'intrigue. « Un truc fruité. Pas d’alcool. » que tu demandes au barman, en faisant glisser ton jeton des alcooliques anonymes, ta petite médaille de mérite, sur la table. Il acquiesce d’un petit signe de la tête et d’un fin sourire, avant d’aller préparer ta commande. « Vous ne devriez pas boire tout seul ; l’alcool et la mélancolie, c’est une mauvaise combinaison. » Loin de toi l’idée de jouer les moralisatrices, c’est juste te manière à toi un peu particulière de le remercier pour le verre. T’as trop longtemps observé les ravages de l’alcool, t’en es la preuve vivante. Le produit parfait.
Spoiler:
Et voilà ! Un grand pardon pour le retard. La magie des cours, toussa toussa. En tout cas, j'espère que ça te plaira.
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Lun 1 Déc 2014 - 16:43
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"Sloane & Malachi "
Un jus de fruit. Quel drôle d’idée à cette heure tardive un jeudi soir. Pourtant le barman ne sembla pas s’en émouvoir, et Malachi, et bien … Il n’était pas du genre très empathique non plus, et encore moins avec quelques verres dans l’estomac. La jeune femme lui avait adressé un sourire qu’il interpréta comme timide, auquel il ne répondit pas. En général, une fois servie, les filles s’éloignaient, rejoignaient leur groupe de copines ou leur mec, toute contente de pouvoir boire à l’œil. Il ne faisait pas ça dans une démarche de conquête ou autre, simplement qu’en fin de mois, il avait souvent encore un peu de blé à claquer, et n’ayant pas de grand projet dans la vie, et bien… Epargner le paraissait vain. Alors il s’achetait des livres, un costume de facture italienne, ou payait un coup à boire à une inconnue. C’était une dépense comme une autre, au final.
Le barman fit glisser leurs deux boissons auprès de chacun, et il leva son verre vers la jeune femme, le regard éteint. Ses yeux d’habitude presque fluorescents étaient sombres, et leur turquoise habituelle avait laissé place à un bleu marine sombre, pareil à deux océans menacés par la tempête qu’il y avait sous son crâne. Il ruminait, encore et toujours, ce passé dont il ne pouvait faire le deuil, et qui l’obsédait ce soir un peu plus qu’un autre. Ce n’était pourtant pas une date d’anniversaire, aucun évènement particulier… et pourtant ses souvenirs lui étaient revenus à la gueule comme un foutu boomerang. Alors il avait opté pour la facilité, cette fois ci. Un peu d’alcool, puisqu’il avait oublié de renouveler l’ordonnance pour ses somnifères.
« Vous ne devriez pas boire tout seul ; l’alcool et la mélancolie, c’est une mauvaise combinaison. »
Il releva la tête vers la jeune femme qui venait de lui adresser la parole, pas totalement sur du comportement qu’il devait adopter : était ce juste une phrase dite comme ça, pour la conversation, ou essayait-elle vraiment de lui dire de ne pas picoler ? Il posa son verre devant lui, fixant l’inconnu en haussant un sourcil, avant de répondre d’une voix bien plus nette qu’il ne l’était lui-même :
- Je ne bois pas seul, nous sommes bien une vingtaine dans cette salle. Et puis, quelle autre occasion de boire que lorsque l’on a besoin de chasser quelques pensées désagréables ?
Il ne cherchait même pas à cacher son désarroi, il l’avait probablement écrit en gros sur le front. Et à vrai dire, il s’en foutait un peu : il ne la connaissait pas cette fille, et il ne reverrait probablement jamais. Alors à quoi bon faire semblant ? Il n’avait rien à lui cacher. Rien à lui prouver non plus.
Un des clients s’approcha du jukebox au fond du bar pour mettre en route un cd de Ray Charles. Les premières notes lentes et langoureuses de Georgia in my mind s’échappèrent du vieil appareil, et Malachi plissa les yeux comme un gros chat que l’on viendrait de gratter entre les oreilles. Il adorait cette chanson, en sus de toutes les autres de l’artiste. Il reprit une gorgée de son eau de feu avant de demander à Sloane :
- Et vous, qui vous vous satisfaites d’un jus d’orange, quel étrange état d’esprit a guidé vos pas jusqu’ici, seule. Vous attendez quelqu’un peut être ?
La question n’était pas intéressée, juste polie. Il n’était pas du genre à draguer dans les bars. Il n’était même pas du genre à draguer tout court, il se sentait totalement hors course dans ce domaine. Il n’avait pas essayé de séduire quelqu’un depuis ses dix huit ans et sa rencontre avec sa défunte femme. Alors forcément, le professeur n’était pas rouillé de ce côté-là, son était était plus celui de la fossilisation ….
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Lun 29 Déc 2014 - 23:41
one more drink for the two fools we are
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man, boy. but for now it’s time to run.
Ton dernier verre remonte à cinq ans ; t’as l’impression que c’était dans une autre vie. Y’a cinq ans, t’étais un désastre, une parodie. Tu perpétuais le cliché de la pauvre petite fille riche, de celle qui a tout et rien à la fois. De la gamine à la dérive, handicapée des sentiments, qui boit et empile les conneries, histoire d’attirer l’attention de ses parents. Papa absent, effacé, toujours occupé. Maman arriviste, s’agrippant aux crochets de papa. Et toi, au milieu. Sloane. La gamine infernale, qui préférait déconner, s’exprimer par ses actes de rébellion plutôt que par des mots. Chez les Saint-James, les émotions sont taboues. On privilégiera toujours le silence et les crises de nerfs en solitaire plutôt que de s’exposer. Les sentiments sont une faiblesse et être faible mène à ta perte ; c’est un peu votre devise. Ne t’autorises jamais à ressentir et si, par le plus grand des malheurs, il t’arrive d’éprouver une once d’humanité, refoule-la. Si tu veux ressentir, laisser libre court à tes émotions, fais-le à l’abri des regards indiscrets, dans le plus grand des secrets. Tu grimaces un sourire, en te rappelant soudain ces quelques conseils de ta génitrice. Les seuls qu’elle n’ait jamais daigné te donner. L’air confus qu’il adopte, l'incompréhension lisible et compréhensible te fait bientôt regretter tes paroles – qui, dans ta tête ressemblaient plus à une manière peu orthodoxe de dire merci en offrant un conseil assez judicieux, plutôt qu’à des remontrances. Sa réplique, qui elle sonne comme une manière douillette et polie de t’envoyer bouler, ne fait qu’accentuer ton impression d’avoir fait une bévue. Tu ne peux t’empêcher d’esquisser un sourire devant l’hostilité apparente dont fait preuve l’inconnu. En même temps, tu le comprends : toi aussi, tu serais hostile si une nana venait te faire la morale alors que tout ce que tu veux, c’est de te bourrer la gueule en paix. « Vous avez raison, désolée. Merci pour la boisson, j’vous laisse retourner à votre verre. » que tu lui lances, avant de boire une gorgée de ton petit cocktail et de retourner à tes occupations. Le jukebox se met soudain à cracher les premières notes de Georgia On My Mind et la voix du légendaire Ray Charles te transporte dans un univers merveilleux, où tout est d’un blanc cotonneux et délicieusement tendre. La musique— pas cette espèce de daube commerciale abrutissante et redondante qui passe constamment de nos jours et réduit tes pauvres tympans en bouillie, non, la bonne musique, celle qui te colle un sourire béat aux lèvres et te flanque les frissons ; cette musique-là a toujours eu un effet magique sur toi. Le don de te transformer en une personne entièrement différente. L’espace d’un instant, tu n’es plus assise à ce bar miteux. Tu n’es même plus dans cette ville. Tu fermes les yeux, autorise un mince sourire à s’immiscer sur ton visage et laisse ton esprit naviguer vers des contrées lointaines. Tu t’imagines une vie, tu deviens quelqu’un d’autre. Cette nana qui hante ton cerveau, l’ombre de celle que tu aurais pu être. Quelqu’un d’heureux. Non, tu ne t’apitoies pas sur ton sort. Ou peut-être que si, un peu, même si tu exècres ceux qui passent leur temps à ressasser le passé. Ceux qui se content de clamer que c’était mieux avant au lieu d’agir, de faire en sorte que le présent leur convienne. Ta vie n’est pas parfaite, tu en es consciente. Mais elle te rend heureuse, tu crois. T’as pas besoin de quelque chose d’exceptionnel, juste de quelque chose de bien. Pourtant, ce soir, c’est comme si ton corps réclame de l’exceptionnel. Comme si chaque parcelle de ton âme assoiffée est en quête d’aventures. Tu pensais que la chasse comblerait ce désir ardent, cette addiction folle à l’adrénaline. Tu commences à croire que tu t’es trompée. Soudain, ton interlocuteur coupe court à tes rêveries en te questionnant sur la raison de ta présence ici, et une multitude de possibilités s’offrent à toi. Ton cerveau s’active, ton esprit navigue. Tu pourrais mentir. Enjoliver ta vie, la rendre plus intéressante, un peu plus épicée qu’elle ne l’est en réalité. Ou plutôt, moins épicée et plus ‘normale’. Mais tu rejettes cette idée presque instantanément. Tu fais pas dans le normal, Sloane, t’as jamais su faire. « Je ne fais que passer. »
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Mar 30 Déc 2014 - 22:31
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"Sloane & Malachi "
Mal’ n’était pas vraiment vindicatif. Il pouvait paraitre un peu désagréable, à la rigueur un peu froid, mais il était rare qu’il emploie un ton foncièrement méchant. Depuis la tendre enfance, il n’avait jamais eu une once de méchanceté. Son apparente rudesse n’était qu’une façade, une carapace cachant cette timidité un peu désuète pour un homme, mais qu’une femme avait trouvé absolument charmante, un jour. Il haussa les épaules dans un geste lent ; le sourire de l’inconnu ne l’encourageait pas à être plus hargneux que cela :
- Pas besoin de s’excuser, je suppose que je ne suis pas de la meilleure humeur qu’il soit...
Quand la musique de Ray s’éleva dans les airs, Malachi eut tout le loisir d’observer la jeune femme réagir presque instantanément : comme lui, elle semblait apprécier la musique plus classique, moins … pop que celle qu’on pouvait entendre à la radio. Elle ferma les yeux un moment, un petit sourire étirant ses lèvres pleines. Elle était très belle, quand elle souriait, surtout un sourire aussi spontané que celui là. Si il avait eu ses pouvoirs, songea t’il, il aurait eu le loisir d’admirer ses émotions s’animer dans sa poitrine à cette instant. Son aura se serait probablement coloré d’une onde dorée, chaude et lumineuse, comme il pouvait souvent en observer quand une personne profitait d’une morceau de musique de qualité. Il aurait vu cette boule de lumière s’agiter dans la poitrine de la jeune femme comme un soleil miniature, et l’aurait surement contemplé avec envie : cela faisait bien longtemps que sa propre « orbe » n’avait pas pris cette teinte, celle du bonheur simple et sans complexe. Il n’osait même plus regarder la sienne dans le miroir, dans le matin. De toute façon, il ne pouvait pas agir sur ses propres émotions, alors à quoi bon se faire du mal.
Cela dit, ne plus avoir son don avait un avantage : il ne se mettait plus à fixer la poitrine des gens sans aucune raison apparente, en tout cas pour eux. Cela lui évitait quelques quiproquos avec les dames notamment. Alors il évita soigneusement de s’attarder sur le buste de la demoiselle, pour lui préférer ses yeux. Ils avaient quelque chose de fragile, d’un peu éteint ce soir, malgré leur clarté évidente. Elle n’était probablement pas de l’humeur la plus festive, elle non plus. Cela dit au moins, en étant à coté de lui, elle ne risquait pas de se faire embêter : les habitués savaient d’expérience que s’ils s’approchaient de lui pour lui chercher des noises, ils ressentiraient un puissant mal être, une sensation d’angoisse insoutenable, qui les forcerait à sortir de l’établissement en retenant des sanglots. Enfin, c’était arrivé à un type, une fois, sans trop qu’ils sachent le pourquoi du comment, et depuis, personne n’osait l’embêter, ou quiconque semblait l’accompagner. Comme Sloane.
Il termina son verre tranquillement, pas tout à fait satisfait de la réponse de la jeune femme. Passer oui, mais combien de temps, comment, pourquoi ? Oh, au final, était ce vraiment important ? De toute façon, il n’y changerait pas grand-chose.
- Ça tombe bien, moi aussi.
Ce n’était pas tout à fait faux, de toute façon, il n’attendait personne ce soir, si ce n’est cette chère, tendre ivresse qui l’enroberait comme du coton. Mais elle tardait à venir, ce soir. Alors autant s’occuper autrement.
- Vous aimez la musique ? vous jouez d’un instrument ?
Il ne connaissait même pas son nom, mais il avait envie d’effleurer la surface de cette inconnue, d’apprendre des choses parfaitement inutiles sur elle, pour mieux les oublier demain. N’était ce pas ça la vie, au final ? Apprendre et oublier, indéfiniment ? Avant qu’il ne puisse reprendre la parole, le barman se rapprocha d’eux, écoutant probablement leur pseudo discussion depuis le début, pour assurer à Sloane, qui n’avait absolument rien demandé, que Malachi était un super saxophoniste. Et pourrait lui faire le solo de n’importe quelle chanson de son choix, si elle le voulait, oui oui oui. Les joues du professeur rougirent un peu, sans qu’il ne fasse de commentaire. Allait elle vraiment lui demander de jouer quelque chose ? Si elle le faisait, il décida qu’il s’exécuterait. Sinon … Il retournerait boire, dans son coin, et ne l’importunerait plus …
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Dim 22 Fév 2015 - 0:58
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tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man, boy. but for now it’s time to run.
« Ça tombe bien, moi aussi. » Tu souris, ta curiosité désormais aiguisée par une réponse aussi évasive que la tienne. À première vue, il te ressemble un peu. Ça fait à peine dix minutes que vous discutez, mais tu dois avouer qu'une partie de toi se reconnaît en lui. Y'a quelque chose de brisé dans son regard, et par conséquent quelque chose de beau. Car oui pour toi, et c'est peut-être ton instinct autodestructeur qui parle mais, tout ce qui est brisé est beau et il y a comme un quelque chose d'irrémédiablement attirant dans la souffrance. Quelque chose de familier aussi, qui te donne envie de creuser. Vous avez tous les deux l'air d'être des loups solitaires. Des outsiders, qui préfèrent ruminer en silence plutôt que de s'épancher. T'as jamais aimé parler de tes problèmes; c'est pas ton genre. Une perte de temps, un effort vain. Toi, t'es la nana qui préfère enfermer ses sentiments à double tour, à tout faire pour les éviter. Exactement comme on t'as conditionné à le faire. 'Fuis-les, fuis-les comme la peste. Fuis-les comme le monstre proverbial qui rôde sous ton lit.' Au fond, t'as beau t'évertuer à t'en distancer le plus possible, t'as beau le nier, le renier, l'occulter, t'es que le parfait produit de ta génitrice. La digne héritière de son empire de vanité et de faux-semblants. Et c'est peut-être ça, finalement, qui te ronge petit à petit de l'intérieur. Qui te donne envie de crier à t'en époumoner, à t'en arracher le cœur. Ce n'est pas ta faute, c'est ta chair, ton sang, comme chanterait Benjamin Biolay. Il va falloir faire avec, ou plutôt sans. Pauvre petite louve égarée. Au fond, c'est d'un ridicule, mais t'es juste qu'une énième nana complètement flippée. T'as vécu si longtemps entre les mailles de la société, à naviguer d'univers aseptisés en univers aseptisés, à contrôler tes émotions plutôt que d'apprendre à t'exprimer, que t'as tout simplement peur d'avoir oublier comment on fait. Comment les gens normaux sont censés se comporter. Les conventions sociales, et toutes ces conneries. C'est drôle, mais sans menaces, sans ta meilleure amie Ironie ou un flingue à portée de main, tu sais même plus comment communiquer. T'es même pas sûre d'avoir su le faire un jour, Sloane. T'es plutôt convaincue de pas être calibrée pour ces choses-là. Et jusque là, ça te convenait, enfin, tu crois. Ce mode de vie, tu t'y es adaptée, accommodée. Et la vérité, c'est que ce serait juste beaucoup trop flippant maintenant de tout chambouler. Un ange passe, et tu décides de laisser le silence reprendre ses droits. Juste le temps de le toiser, de l'observer. Mentalement, tu t'amuses à lui inventer une vie, un petit jeu auquel tu aimes bien t'adonner, histoire de passer le temps. Tu tentes de deviner les raisons qui l'ont conduit jusqu'ici, poussées à venir noyer sa douleur dans l'alcool. Simple peine de cœur, ou quelque chose d'un peu plus profond ? En général, t'as une sorte de don pour décrypter les personnalités. Un sixième sens, plutôt pratique pour ton métier. Sauf qu'avec lui, ça colle pas. Y'a comme quelque chose qui cloche, ce qui n'a pour effet que d'accentuer ta curiosité. Et t'as bien envie de percer la bulle de mystère qui semble le protéger. Spleen baudelairien ou simple petite déprime, petit manque chronique ou besoin viscéral et lancinant, le fait est que ce soir, t'as une furieuse envie de t'évader. Ce soir, l'insouciance a fait de toi sa prisonnière et tu te sens d'humeur à te laisser prendre au jeu, à te laisser enivrer par cette une furieuse envie de rire et de t'amuser. D'oublier, de t'oublier. Et quel meilleur moyen de s'évader, si ce n'est se fondre dans une autre personne ? Ce soir, tu décides que tu ne seras plus Sloane, la chasseuse. Ce soir, juste l'espace de quelques heures, tu décides de dissiper les apparences. Adieu, carapace protectrice de sarcasmes et de rigidité qui commence à devenir si lourde à porter. Adieu, tendre amie, juste pour le temps d'une soirée. Ce soir, tu décides de réapprendre à vivre un peu. T'as presque l'air innocente, assise à ce comptoir. À siroter ton petit cocktail de fruits sucré, à gentiment taquiner un parfait inconnu. Comme si de rien n'était. Comme si rien, absolument rien, ne pouvait ternir tes pensées. Soudain, les lèvres de ton interlocuteur s'activent et tu comprends après le bref silence et le regard qu'il te lance qu'il t'a posé une question. Ton cerveau a besoin d'une demi-seconde pour faire les liens, reconstituer la question. Un truc en rapport avec la musique ? Peu importe : la voix caverneuse du barman achève de t'extirper de ta torpeur et vient à ta rescousse. Alors, tandis que le barman se met à louer les talents de musicien du bel inconnu assis à tes côtés, tu t'accoudes au comptoir, les mains jointes sous ton menton, l'écoutant patiemment vanter les mérites de son ami. Malachi. T'aimes bien comme ça sonne et, dans ta tête, tu t'amuses à décomposer les syllabes qui composent son prénom tout doucement, en accentuant bien sur chacune d'entre elles. Maaaaa-laaa-chi ; c'est rigolo à prononcer, ça sonne comme une contrée exotique. Un super saxophoniste, d'après Danny. Le meilleur. Capable de se lancer dans un solo endiablé sur simple commande. « Oh, vraiment ? » que tu déclares alors au barman, un air de malice naissant sur les traits de ton visage. Un air qui s'intensifie face à l'expression embarrassée qu'adopte désormais le dénommé Malachi. Il est mignon, quand il est gêné. « Eh bien, pourquoi pas un autre petit morceau de notre cher ami Ray ? » que tu proposes, un air de défi animant maintenant ton regard. Très vite, la foule de deux - constituée du barman et de ta personne - se mue en une véritable foule. Une masse de clients plus ou moins éméchés et avides de se détendre en écoutant un petit solo improvisé. Quelques minutes suffisent pour que l’effervescence se généralise. L'impatience monte, la foule gronde presque, et les premiers applaudissements d'encouragement - auxquels tu te joins, un sourire satisfait aux lèvres - ne tardent pas à se faire entendre.
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Dim 22 Fév 2015 - 13:42
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Malachi n’en finissait pas de rougir, le nez dans son verre, la chaleur montant progressivement sur ses joues. Il n’était clairement pas assez saoul pour se mettre à jouer comme ça, sans complexe. Mais en même temps, c’était lui qui apportait son saxophone à chaque fois qu’il venait picoler. C’était un peu chercher le bâton pour se faire battre. Il n’oserait jamais assumer de dire qu’il aimait ça, s’asseoir sur un tabouret au rembourrage à moitié défoncé pour se donner en spectacle devant une foule tout aussi avinée qu’il l’était. Il n’avait une âme d’artiste que lorsque celle-ci était grisée, c’était un peu ironique, non ? Sobre il n’était qu’un homme de science, Pinté il devenait poète. Pourquoi pas après tout.
Il ne leva la tête qu’en entendant la voix légèrement grave de sa voisine, qui sans répondre à sa première question avait en revanche bien entendue les fanfaronnades du barman. Elle avait haussé légèrement un sourcil, l’air vaguement amusé. Etait ce drôle de l’imaginer, lui, comme un bon musicien ? Peut être n’avait il pas la tête de l’emploi, après tout il n’était pas très noir pour un jazzman. Bouh, le vilain cliché, c’était presque raciste ça. Pourtant ça avait l’air de l’intéresser, puisqu’elle lui proposa de remplacer le jukebox, et de remettre une chanson de Ray Charles. Il fit la moue, reprenant une gorgée d’alcool fort pour vider complètement son verre à nouveau : Il en connaissait pas mal de Charles, mais laquelle serait la plus parlante pour elle ? Il la fixa un instant sans rien dire, ses yeux cherchant dans les sien un éclat, une émotion, un feeling qu’il pourrait exploiter. Seulement dans les iris couleur chocolat chaud de la demoiselle, il ne vit que sa propre tristesse, et son propre spleen qui lui explosait à la figure. Une sorte de solitude à la fois subie et assumée, dont il ne sut déterminer si c’était la sienne ou celle de l’autre. Il secoua la tête, puis se pencha un peu pour attraper la housse de son instrument, alors que les quelques clients habitués s’approchaient d’eux, faisant racler les pieds de leurs chaises sur le sol en s’avançant. Il plaça l’embout sur le bec de son instrument, le caressant doucement comme on caresse la joue d’une femme, puis tourna la tête vers l’un des ivrognes qui se tenait encore vers le Jukebox :
- Tom, met la chanson 47 steuplait. Et donne pas le titre, on fait la surprise.
Un gros rouquin hocha la tête puis se pencha maladroitement sur la boite à musique, alors que le barman servait un dernier shot à Malachi, qui le but cul sec pour se donner du courage, alors qu’il évitait soigneusement le regard de Sloane. Il s’agissait de ne pas se laisser déconcentrer bêtement maintenant. La voix mélancolique de Ray Charles s’éleva aux premières notes de piano, alors que les lèvres du brun se posait sur son instrument délicatement. Il ne leur ferait pas l’affront de chanter, il se contenterait de suivre la musique :
« My mother told me before she passed away, Said, "Son, when I'm gone, don't forget to pray 'Cause there'll be hard times, Lord those hard times - Who knows better than I? »
Ses doigts couraient sur les touches du saxophone qui brillait dans la lumière bleutée de l’endroit. Ses joues se gonflaient légèrement à chaque impulsion qu’il donnait à la musique, alors que de son instrument sortait une mélodie mélancolique et langoureuse, le chant d’un homme seul dans sa tourmente. Il avait les yeux mi clos alors qu’il jouait, se tenant un peu courbé sur son engin, comme s’il n’y avait qu’eux deux dans la pièce. Lui et son Saxo. Il appréciait juste la musique, et l’alcool qui lui montait peu à peu à la tête. Il avait demandé la chanson 47, parce que c’était la version longue, celle où la voix du jazzman s’éteignait pendant un moment pour ne laisser que les cuivres et le piano prier à sa place. Parce qu’il fermait les yeux, Mal’ ne voyait pas les têtes dodeliner autour de lui, au rythme de sa musique. La plupart des gens s’était arrêté de parler pour l’écouter jouer, certains avec la joue sur le poing, d’autres le regard rivé dans le fond de leur verre, comme s’ils y cherchaient une quelconque vérité. Le barman sourit : ce n’était pas la chanson la plus gaie de la terre, mais en même temps, il était rare que l’historien se lance dans une envolée festive ; il appréciait néanmoins ces petits moments un peu hors du temps, où chacun n’avait qu’une seule occupation : écouter.
La voix du crooner reprit pour la dernière minute de la chanson, alors que la frange sombre des cils du musicien se relevait vers son auditoire. Il croisa le regard de Sloane, parmi tant d’autres. Elle avait vraiment quelques choses dans les yeux, un truc cassé, qui l’empêchait de détourner le regard. C’était troublant, mais il décida de mettre ça sur le compte de l’alcool et de la solitude. Quoi d’autre, de toute façon ?
"Lord, one of these days, there'll be no sorrow When I pass away, And no more hard times, Yeah, yeah, who knows better than I? Yeah, Lord, who knows better than I?"
Une dernière note, et quelques applaudissements et sifflets appréciateurs. Malachi hocha la tête dans un remerciement muet, alors que déjà on lui en réclamait plus. Il sourit à demi, fit un geste vers Danny pour avoir un verre, d’eau cette fois. Jouer ça donnait soif, mais pour de vrai. De toute façon il avait suffisamment bu pour avoir cette sensation cotoneuse, sans devenir totalement con. Il n’avait pas besoin de plus ce soir. Il but une gorgée, puis invita la populace à s’écarter. Il rejouerait, promis, mais plus tard. On n’abuse pas des bonnes choses, non mais. Ça ronchonne, mais tout le monde se recule. Encore une réminiscence, surement, de son utilisation habituelle de son don. En quelques minutes, ils étaient à nouveau juste tous les deux au bar. Mal’ posa son verre sur le comptoir, demandant presque timidement à la jeune femme.
- Ahem … C’était joli ?
« Joli ». Ca faisait très enfantin dit comme ça. Mais il n’avait rien trouvé de plus brillant à dire. Tant pis, tant qu’elle avait apprécié, c’était l’essentiel …
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Mar 24 Fév 2015 - 0:23
one more drink for the two fools we are
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man, boy. but for now it’s time to run.
Tes applaudissements s'intensifient alors que Malachi vous concède enfin un petit morceau; satisfaite, tu t'autorises même un timide 'woooo' d'encouragement, noyé parmi les sifflements et autres onomatopées de soutien. Puis ça commence. Et tu te balances, tout doucement. Presque instinctivement, la musique prend possession de ton être et tu te laisses volontiers porter par son doux courant apaisant. Ça démarre par la tête, que tu dodelines lentement en rythme. Puis ça s'infiltre, ça parcourt le reste de ton corps tout entier, ça l'électrise. Ça te fait tapoter le comptoir du bout des doigts - plus ou moins dans le tempo, tu te foires sur deux-trois mesures - puis ça te fait fermer les yeux, l'espace de quelques secondes suspendues, durant lesquelles tu laisses un mince sourire transparaître sur tes lèvres. Tu fermes les yeux, et t'as l'impression d'être chez toi. Dans ton appart', face à ta platine adorée. T'entendrais presque le crépitement si particulier qui en jaillit à chaque lancement de vinyle; t'adores ce crépitement. Prenez Sloane. Ajoutez-y une bonne dose de mélancolie, ainsi qu'une pincée de nostalgie. Mélangez le tout avec la voix envoûtante de Ray Charles et vous obtenez une gamine de dix ans. Une gamine un peu moins sauvage, un peu moins farouche. Beaucoup plus idéaliste et plus encline à fantasmer, à laisser son esprit fertile naviguer vers diverses contrées. Une gamine qui pourrait passer des heures, là, suspendue dans le moment, à rêvasser un futur idéalisé. À s'imaginer tantôt ballerine, petit rat d'opéra rebelle, ou tantôt pianiste, artiste torturée aux mille et une facettes. Ouais, là, assise sur ce tabouret, à secouer doucement la tête en signe d'approbation, tu l'écoutes. Et t'as l'impression d'avoir dix ans, Sloane. Tu manques de te casser la gueule sur les éclats de vie oubliée, parmi les décombres de tes souvenirs passés, tandis que tu retombes en enfance vitesse grand V. Là où tu n'as jamais su t'exprimer correctement, la musique a toujours eu le don de le faire pour toi. Et la grande handicapée des sentiments que tu es se réjouit de constater, jour après jour, qu'il n'y a pas une seule émotion au monde que la musique ne puisse transmettre. Pas un seul sentiment que les délicates touches d'un piano ou les cordes subtiles d'une guitare ne puisse exprimer à ta place. Là où certains préfèrent mettre des mots sur leurs maux, toi, tu privilégies largement le pouvoir cathartique et délicieusement planant de la musique. Cependant, à ton grand dam, ton âme d'artiste s'est faite bouffé par la vie, cette espèce de gloutonne égoïste, machine à détruire les rêves de petites filles modèles. C'est peut-être pour ça que t'as toujours été attirée par le talent ; y'a quelque chose d'exquis dans le fait d'observer un artiste faire sa petite tambouille magique. Un truc d’envoûtant. Si fascinant que tu pourrais aisément passer des heures à épier quelqu'un exercer son art. C'est comme une thérapie, en beaucoup moins cher, beaucoup moins chiant et beaucoup plus grisant. L'éclairage, l'atmosphère, la passion : tout y est. Tu te croirais presque dans une salle de cinéma, tes compagnons de non-beuverie endossant le rôle de spectateurs attentifs et envoûtés. Malachi, celui du film, du spectacle. Il ferme à demi les yeux, se concentre. Juste lui et son instrument. Il irradierait presque, dans toute la splendeur de sa simplicité. Ô, temps, suspend ton vol. Tu souris, comme hypnotisée. Un vrai sourire, pas une de ces contrefaçons que tu lui as servi un peu plus tôt dans la soirée. Ce soir, tu te sens d'humeur à sourire pour de vrai, à laisser tomber les masques. Parce que, mine de rien, c'est épuisant de constamment devoir jouer les nanas increvables. Puis, l'espace d'un instant, son regard croise le tien. Il s'y plonge pour à peine deux secondes mais, pour une raison obscure, t'es tentée d'effacer ton sourire dans la demi-seconde qui suit. De supprimer cette démonstration de vulnérabilité, de l'étouffer dans l’œuf tant qu'il est encore temps. Mais t'abandonnes assez vite l'idée. Tu préfères aller au contraire de ton jugement et soutenir son regard, continuer à profiter de l'instant. Parce que putain, tu dois avouer que ça fait un bien fou de ne plus sentir cet immense poids sur tes frêles épaules. Même si ce n'est que pour quelques minutes. Silence. Lumières. Fin de la projection, merci d'être passés. À une autre fois, peut-être ? La foule dissipée, monsieur l'artiste reprend sa place à tes côtés comme si de rien n'était, et tu ne peux réprimer le petit rire amusé qui suit sa demande. Soudain, en guise de réponse, tu fais mine de t'écarter tandis qu'il reprend sa place, les mains levées en l'air, comme pour te protéger d'un rayon de soleil un peu trop fort. « Oh, non, pas si près ! T'irradies tellement de talent que j'aurais trop peur de me brûler. » Puis tu ris, plus amusée par ta propre bêtise qu'autre chose. Et par cette faculté magique qu'il a de passer de rock-star du saxophone à petite bête apeurée, en quête d'approbation. Le tout en moins d'une minute. La phrase a été prononcée sur le ton de la rigolade, mais loin de toi l'idée de minimiser la portée de sa petite prestation; il est doué. Tu t'es dit qu'il serait peut-être tant d'abandonner le vouvoiement poli; t'es jamais très à l'aise quand il faut vouvoyer. Trop de solennité, trop de révérence et de déférence. T'as toujours l'impression d'avoir passé la cinquantaine quand tu vouvoies quelqu'un, ou de t'adresser à la marquise de je ne sais où. « Alors, qu'est-ce qu'il se passe, maintenant ? » Tu laisses deux secondes s'écouler, le temps de mieux te visser dans ton petit tabouret et de reprendre une gorgée de jus de fruits. « C'est le moment où la nana, après être irrémédiablement tombée sous ton charme devant l'étendue de ton talent, ne peut s'empêcher de te sauter au cou ? C'est ça, pas vrai ? Vous avez toute cette petite routine avec Danny, ici présent -- tu marques une brève pause, lançant un regard amusé au susnommé -- et les filles tombent dans le panneau à chaque fois, hein ? » Toujours ce même ton plaisantin. Peut-être un peu plus piquant qu'auparavant. Mais jamais méchant, pas ce soir.
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Jeu 26 Fév 2015 - 22:22
Guess it's not the best time for a chat... or it is ?
"Sloane & Malachi "
Elle n’avait pas éclaté de rire. Elle avait tout juste gloussé légèrement en entendant sa question. Rien d’explosif, rien de tonitruant, non, juste un petit rire délicat, précieux. Il le devinait rare, tout comme le sourire qu’elle lui offrait à présent. Il était un peu moins … social que ceux qu’elle avait pu avoir auparavant : ses yeux se plissaient légèrement, mais ses fossettes ne semblaient pas figées, mais se creusaient joliment. A nouveau, il se dit pour lui-même que cette femme était particulièrement jolie, tout en reprenant une gorgée d’eau. Il lui était reconnaissant de sa petite blague : il n’aimait pas trop les compliments sérieux et dithyranbiques. Au moins là elle plaisantait, ça lui permettait de ne pas trop se mettre la pression. Il nota également avec un peu de satisfaction qu’elle était passée au « Tu » également. La jeune femme semblait baisser lentement la garde, et surtout son petit jeu de musicien timide ne devait pas y être pour rien : il ignorait pourquoi, mais en général, les femmes étaient plus enclines à avoir une bonne opinion des artistes en général et des musiciens en particulier. Peut être un fantasme sur leur pseudo sensibilité, l’idée que si ils étaient si doux avec leur instrument, ils le seraient également avec leur partenaire. Surement des conneries de stéréotypes, mais bon, si ça lui permettait de continuer de discuter avec elle … Elle était une agréable compagnie, malgré son air sauvage. Sa question le fit d’ailleurs sourire légèrement : « qu’est ce qui se passe maintenant ? » . Je ne sais pas, on se jette l’un sur l’autre, on s’étreint, on s’embrasse, on se casse et on part à l’autre bout du monde en moto et on revient jamais ?
- Tu, vous … voudrais bien me dire ton prénom ? Parce que je ne le connais même pas du coup …
Il avait parlé tout doucement, presque à voix basse, comme si il lui confiait un secret. Quand elle reprit la parole, c’était pour lui parler de sa pseudo tactique de drague, avec Danny comme wingman. C’était assez marrant d’imaginer ça, surtout pour une espèce de vieux garçon veuf comme lui. Il n’avait pas cherché à séduire une femme depuis quoi ? Presque quinze ans, et c’était sa future femme par-dessus le marché. Et puis, à l’époque, il ne jouait pas de saxophone, uniquement du piano, et encore, il n’était pas foncièrement bon. Il avait repris la musique sérieusement une fois marié, parce qu’Evangeline aimait beaucoup ça. Il avait même composé pour elle, avec plus ou moins de succès. Il battit des cils, se rendant compte qu’il avait probablement du se perdre dans ses pensées une bonne dizaine de secondes, alors qu’elle attendait une réponse. Il se passa la main dans les cheveux, un peu gêné à nouveau. Heureusement qu’il était un peu imbibé, ses inhibitions étaient elles même un peu moins réactives. Alors il répondit, toujours à voix basse, son beau regard bleu se voilant d’un peu de nostalgie :
- Oh tu sais, la seule qui a bien voulu faire semblant et jouer le jeu est morte depuis quelques années déjà … Et puis il est rare qu’il y ait une présence féminine remarquable dans cet endroit saturé de testostérone…
C’était un compliment qu’il venait de lui faire, en fait, mais il ne voulait pas avoir l’air d’un gros lourd. Il ne savait pas draguer, il ne l’avait jamais fait, et quand bien même, elle n’était probablement pas là pour se faire emmerdé par un estropié un peu grisé. Si la soirée était agréable pour lui, il voulait qu’elle le soit pour elle aussi. Si ses dons avaient été encore actifs, il aurait surement cajolé l’aura de la belle jeune femme pour la faire se sentir bien, tellement bien, et l’aurait faite se sentir légère, libérée de tous ses soucis, aussi pesants pouvaient ils être… Sauf qu’il en était incapable aujourd’hui, et c’était bien dommage. Alors tout ce qu’il pouvait faire, c’était la divertir, tant qu’elle le tolérait. Si elle montrait des signes d’impatience, il n’insisterait pas, promis, juré. Ne voulant pas que sa confidence ne plombe la conversation, il reprit d’un ton léger :
- Et puis le Saxophone, c’est pas très séduisant. Enfin je veux dire, on gonfle les joues comme des hamsters, on fait des grimaces, on devient tout rouges… enfin, dans le noir comme ici, ça va, mais sur une vraie scène, c’est une catastrophe. Le piano, ça fait plus d’effet, mais bon, c’est moins facile à transporter, n’est ce pas ?
Bouh, ce que tu étais bavard ce soir Malachi, un vrai moulin à paroles. En tout cas, par rapport à ton habitude, tu aurais surpris plus d’un des tes amis. Etait ce l’alcool qui te rendait si loquace, ou as-tu peur que si tu te tais, le silence s’installera et qu’elle, a contratio, partira en te laissant tout seul comme un con ? Vas savoir mon ptit Mal, vas savoir. Pour l’instant, elle ne s’est pas envolée, elle te regarde, alors profites en, ça fait longtemps qu’un regard aussi intense ne t’a pas fixé comme ça …
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Sam 28 Fév 2015 - 23:50
one more drink for the two fools we are
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man, boy. but for now it’s time to run.
Ce soir, tu pourrais être n’importe qui. Tu pourrais être l’une de ces filles dans ta tête. Celles qui ont un nom, celles qui ont une âme, celles à qui tu t’es amusée à construire une personnalité complète et entière lors de tes moments d’introspection, entre deux missions. Il y a Rose, ton strict opposé : la nana un peu fleur bleue, beaucoup cul-cul la praline. Ouais, tu pourrais être Rose. Tu pourrais sourire, battre des cils en replaçant une mèche de cheveux derrière ton oreille et éclater démesurément de rire à chacune de ses blagues, beaucoup trop fort, beaucoup trop longtemps. Mais la simple idée de toi, en l’une de ces idiotes gloussantes qui portent leur désespoir sur leurs manches te donne la gerbe. Alors, tu pourrais être Ingrid. La séductrice. L’aguicheuse, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Ingrid, c’est toi. Une version un peu plus désinhibée de toi. Ingrid, c’est celle qui ose, celle qui tente, qui défi, avec un éternel air supérieur plaqué sur le visage. Ingrid, elle suinte l’innocence d’un enfant avide de découvrir le monde, et l’indécence de celles qui n’ont plus rien à perdre. Ingrid, c’est tout ce que tu aurais voulu être, mais n’est pas totalement. Tout ce que la vie a freiné, arrêté, stoppé en plein vol en te faisant entrer en collision force 8 avec un obstacle massif. Ce soir, une myriade de possibilités, un infini de personnalités s’offre à toi et tu dois avouer que t’en as toujours un peu beaucoup rêvé. T’échapper, t’évader, sortir de toi pour te réfugier dans quelqu’un d’autre. Une autre personne, une nouvelle personne. Une entité scindée, parfaitement distinguée de celle que tu es. Or, ce soir, comme tous les soirs, tu décides de ne pas mentir. Non pas que tu ne sois pas douée pour ça – avec tes parents, t’es passée maître dans l’art de la dissimulation – ou que cela te pose un quelconque problème moral ; c’est juste que tu n’en vois tout bonnement pas l’intérêt. Pour être honnête, t’as jamais compris pourquoi les gens s’évertuaient à inventer des histoires toutes plus abracadabrantes les unes que les autres pour s’extirper d’une situation difficile. Toi, t’es une partisane de la vérité pure et dure. L’honnêteté, sans détours. La vie est beaucoup trop courte pour s’encombrer et tout le monde finit toujours par découvrir la vérité. Mentir, c’est épuisant. Ca mène aux clashs, aux drames et éventuellement aux larmes. Et tout ça, ça te fatigue. Ça te draine monstrueusement et ça te donne envie d’arracher quelque chose. Alors, tu ne mens pas. Sauf en cas extrêmes, sauf quand Jay en a besoin. Sauf avec tes parents, à qui tu ne révéleras probablement jamais ta condition de hunter. Non pas que tu craignes leur réaction – ou peut-être que si, un peu ; mais plus parce que t’es convaincue qu’ils s’en foutent royalement. Au fil du temps, t’as bien retenu la leçon, à coups d’anniversaires oubliés et de récitals manqués : tu n’es pas leur priorité et, pour ta mère, tu ne l’as même jamais été. Alors, ce soir, tu es… « Sloane. » que t’extirpes, dans un souffle. Simple, net. Sans fioritures. Rose aurait gloussé, Ingrid, du regard, l’aurait aguiché. Mais toi, t’es Sloane. La version édulcorée. Celle qui sourit, mais pour de vrai. Celle qui est d’humeur à être inspirée, plutôt qu’à buter. Sa voix est plus douce ; tu ne le remarques que maintenant. Tu sais pas si c’est une tactique vaine pour te faire approcher, ou si sa petite prestation l’a juste essoufflé. Tu décides de croire la deuxième option. Il a pas l’air d’être un Casanova et ce qu’il ajoute ne fait que te conforter dans ton idée. Il bafouille, il est gêné. Il déblatère sur la non-utilité d’un saxophone pour draguer, juste après une petite confidence qui semble lui avoir échappé. « J’sais pas, certaines pourraient trouver ça charmant. » que tu rétorques finalement, amusée. Après un petit ‘oh’ murmuré, t’as décidé de faire abstraction du coup de la femme décédée ; t’as jamais été douée dès qu’il faut remonter le moral, et t’as pas envie de plomber l’ambiance. Ce soir, t’as envie d’être transportée. Pas déprimée. « Alors, qu’est-ce que tu fais dans la vie ? » que tu demandes, en terminant enfin de siroter ton cocktail. T’as beau être une complète buse pour communiquer, même toi, tu sais que y’a pas plus bateau pour faire la conversation. Mais t’as quand même tenté. Aussitôt demandé, aussitôt regretté. Tu sais pertinemment qu'il risque de te retourner la question, et t'as pas vraiment envie de lui avouer ta tendance à cogner sur du transmutant. Pas maintenant. Pas tout de suite. Encore un peu.
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Lun 2 Mar 2015 - 16:31
Guess it's not the best time for a chat... or it is ?
"Sloane & Malachi "
Sloane. C’est joli, Sloane. Ça glisse sur la langue, c’est doux à l’oreille du mélomane. Par le genre de prénom que l’on crache, que l’on éructe, que l’on maudit. Non, plutôt un nom à murmurer, à cajoler, à chanter même dans une chanson. Il décida qu’il appréciait ce prénom, beaucoup. Elle avait soufflé ça sans la moindre expression, mais c’était la première information tangible qu’il avait sur la jeune femme. Là où certains auraient déjà partagé la moitié de leur existence en conversation lapidaire, comme si leur vie dépendait de la moindre rencontre fortuite, elle en revanche prenait tout son temps. C’était pas grave, Mal’ comprenait cela aussi. Après tout, lui avait il dit grand-chose sur lui-même ? Y avait il grand-chose à en dire, au final ? Alors il acquiesça avec un sourire à cette confidence, soulagée qu’elle ne s’arrêta pas à la sienne, plutôt glauque. Qu’est ce qui lui était passé par la tête de lui dire ça ? Si Viktor avait été là, il lui aurait probablement taper l’arrière de la tête du plat de la main en s’excusant auprès de la jeune femme du caractère lugubre de son ami. Le véto aurait surement râlé de le voir se dénigrer aussi, considérant qu’il était incapable d’avoir une conversation normale avec une femme du même âge que lui. A croire qu’il n’était en confiance qu’avec ses élèves ou les vieilles dames, bref, celles qui ne pourront pas le voir comme un partenaire éventuel. T’es vraiment pas net Mal, qu’il dirait.
L’irlandais finit son verre d’eau –il en avait fini avec l’alcool pour ce soir, sinon il allait être malade- avait de répondre tranquillement à la jeune femme :
- Je suis prof, au lycée de Radcliff et à l’université public du Kentucky. J’enseigne l’histoire.
En temps ordinaire, il aurait tiré une petite satisfaction à expliquer à Sloane qu’il était l’un des plus jeunes enseignements d’université de l’Etat, qu’il partait très souvent partout dans le monde pour faire des conférences sur l’histoire de l’évolution du génome humain. Mais bon ce soir il n’était pas sobre, et en plus il n’avait pas envie de la ramener. Il préférait continuer d’observer la jeune femme, détournant parfois le regard juste avant qu’il ne croise le sien, histoire de ne pas passer pour un obsédé ou je ne sais quoi. C’était d’ailleurs déstabilisant pour lui de ne pas réussir à détacher le regard de cette jeune femme. Elle était belle, bien sur, mais de belles femmes, il en connaissait pas mal, et ça ne lui faisait aucun effet. Chez elle, si. Il y avait quelque chose chez elle qu’il n’arrivait pas à déterminer qui l’empêchait de se resservir un verre d’alcool fort et de rouler sous la table. Comme s’il devait garder un certain standing pour mériter sa compagnie. Vraiment très, très bizarre, songea t’il. Il n’osa même pas lui retourner la question. Il avait bien mis deux heures à connaitre son prénom, c’était pas en deux minutes et un verre d’eau qu’il allait avoir son pedigree entier …
Les minutes, les heures même peut être passèrent, il ne sait pas vraiment, alors qu’ils échangeaient quelques silences, puis quelques commentaires sans importance sur les habitués du bar, toujours eux même accoudés à celui-ci. De loin, Danny observait l’étrange scène de ses deux solitaires qui semblent presque s’apprivoiser mutuellement : la rencontre d’une louve et d’un chat. C’était presque marrant, songeait il en réprimant un bâillement, lorgnant vers la vieille horloge qui tenait comme par l’opération du saint esprit au dessus de l’encadrement d’une porte. Une heure du matin, l’heure pour tout le monde de retourner au bercail. Il appuya sur tous les interrupteurs, les lampes crachant une lumière crue sur les buveurs, éclairant leurs visages pâles et fatigués pour les exposer à leurs camarades. De quoi faire déchanter bien des séducteurs, tant la lumière des néons ne les présentait pas à leur avantage.
- Okay les gars, c’est l’heure d’aller au lit ! et si vous êtes trop imbibés, rentrez en taxi ou à quatre pattes, je refuse d’avoir votre mort sur la conscience !
Le ton était enjoué, mais ferme : le barman ne comptait pas attendre qu’ils finissent leur verre, leur conversation ou les deux pour aller se pieuter. Malachi regarda l’horloge à son tour, et sauta de son tabouret d’un mouvement presque assuré. La terre se mit à tourner légèrement alors qu’il se tenait sur ses pieds, mais ça allait. En revanche, il allait devoir laisser sa moto à l’entrée du bar, il n’était pas en état de conduire. Et il ne se pardonnerait jamais d’abimer son trésor mécanique. Il osa jeter un coup d’œil en direction de Sloane, comme pour voir ce qu’elle allait faire. Et qu’allait elle faire, justement ? Sortir, lui souhaiter une bonne soirée, et disparaitre ? N’allait il donc plus jamais la revoir ? c’était une possibilité. Très probable, d’ailleurs. Elle avait posé son verre sur le comptoir, et ils s’éloignaient de leur coin tranquille pour passer la porte du bistro au même moment. La fraicheur de la nuit lui colla la chair de poule sur les avants bras. Il faisait pourtant bon, mais en comparaison avec la chaleur étouffante du débit de boisson, le choc thermique était notable. Et Sloane allait s’en aller. Peut être ne la reverrait il peut être plus jamais. Tiens, deux fois qu’il se le disait en à peine quelques minutes. Il devait vraiment être saoul, et cette idée, qu’elle s’évapore, ne lui plaisait pas. Alors, avant même que son cerveau embrumé ne fomente la moindre stratégie, il s’entendit dire :
- Je pourrais vous … tu, te jouer du piano, si tu veux. Et j’ai plein de thé chez moi, il vient d’angleterre, il est délicieux. Et puis ce n’est pas loin, on y en en quelques minutes. Et je suis pas un serial killer, non plus. Mais si tu voulais pas je comprendrais et je partirais sans même insister.
Waaaah c’était très subtile et plein de finesse ça Mal, bravo. La meilleure proposition de la terre, elle ne pourrait que dire oui. Mais … Si elle disait oui ?
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane) Mer 25 Mar 2015 - 13:53
one more drink for the two fools we are
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man, boy. but for now it’s time to run.
Un rire -- un rire franc, sincère ; un rire qui te donnerait presque l'air heureuse et innocente -- s'évade d'entre tes lèvres. Un rire taquin, un peu moqueur, que tu n'es pas parvenue à contenir en entendant sa réponse, ton cerveau tentant instantanément de l'imaginer en prof d'histoire. C'est peut-être sa prestation de blues-man qui t'a trompée, mais t'as un mal fou à l'imaginer en tenue plus ou moins formelle, derrière un bureau, à essayer de transmettre son savoir à une bande d'ados blasés. Non, toi, tu l'imaginais... tu sais pas. Baroudeur, rêveur. Un truc qui impliquerait qu'il soit moins guidé, plus libéré. Puis finalement, t'hausses doucement les épaules et tu te dis que ça colle plutôt bien au personnage. « J'suis désolée, pardon. C'était pas méchant. C'est juste que c'était pas ce que j'imaginais. » Vos yeux se croisent encore une fois et ton rire s'éteint, laisse place à un petit sourire mutin tandis que tu soutiens le regard. Tu joues toute seule à celui qui tiendra le plus longtemps le regard. C'est un truc que t'aimes bien faire, parfois. T'as appris qu'en général, les gens étaient mal à l'aise face à un regard trop assuré. Et toi, t'es le genre de nana que ça éclate de mettre les gens mal à l'aise. De les sortir de leur zone de confort. C'est peut-être aussi une tactique pour le déconcentrer, tourner le jeu en ta faveur en lui faisant un peu oublier de quoi vous parliez. Comme ça, y'a moins de chances qu'il se pose des questions sur ta vraie vie. C'est toi qui gagne : il abandonne la victoire et finit par détourner les yeux brièvement. Tu continues de l'observer ; faut avouer qu'il est mignon quand il est gêné. T'as l'air débile à sourire autant, Sloane ; on dirait une gamine. Mais ça t'amuse. Ça te fait oublier. Miraculeusement, il ne retourne pas la question et, intérieurement, tu soupires. Soulagée. Pour une raison obscure, t'as pas vraiment envie de lui déballer toutes tes névroses. T'as plutôt envie de prétendre que t'es normale comme nana, équilibrée. Sauf que t'as pas non plus envie de lui mentir. Les minutes passent, les heures s'écoulent et la conversation continue. On s'apprivoise, on se découvre. On se sourit comme deux adolescents attardés, bouffés par les hormones. Puis soudain, les lumières s'allument. C'est fini. Tu plisses les yeux, légèrement aveuglée et suit les pas de Malachi qui saute de son tabouret. Tu fais de même. Tu poses ton verre, tu dis au revoir à Danny et te cale sur les pas assurés de Malachi. Le vent te frappe au visage, tu frisonnes un peu, tu te dis que t'aurais peut-être dû emporter une veste, tu t'apprêtes à faire tes adieux, mais il te devance. A nouveau, tu laisses échapper un petit rire amusé à sa proposition. T'hésites deux secondes, puis tu finis par acquiescer. « De la musique et du thé. (...) Sounds like a plan. » que tu lâches tout doucement. Sans vraiment réfléchir, tu t'agrippes à son bras, place le tien dans le sien et te laisse guider en direction de chez lui.
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Spoiler:
On peut enfin passer à un autre RP. Mille pardons pour le décalage de réponse.
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Sujet: Re: One more drink for the two fools we are (Sloane)