Une pétale de rose ne peut avoir de couleur que celle du cœur de la fleur. Mon cœur donne telle la couleur d’une pétale que l’on ne voit pas sur ma peau ? Suis-je une fleur ? C’était souvent ce que me disait maman quand j’étais enfant. Une belle fleur… pure et innocente. C’était charmant. Je ne savais pas vraiment ce qu’était la vie d’une adulte à cette époque. Il faut grandir pour le savoir mais ils me préservaient. Les déménagements n’avaient jamais réellement d’importance pour moi. Un autre lieu. Je n’avais jamais été une enfant sociable aux petites classes ou même pendant les garderies. J’étais seule dans mon coin avec une sensation qui me donnait envie de n’être avec personnes d’autres. C’était étrange mais je me sentais seule même avec les autres humains. De Dublin au Kentucky, rien n’avait réellement changé sauf les décalages horaires en somme. J’étais restée la même petite fille que l’on regardait souvent bizarrement comme si j’étais une sorte de paria mais non en fait, je voulais rester seule. Les gens et mes parents y compris n’avaient jamais réellement compris pourquoi je ne me mêlais pas aux autres. Je ne l’ai jamais réellement compris non plus. Dans un sens, c’est la vie. Non ? Je ne voulais pas me faire d’amis. Je voulais être seule. J’avais tout ce que je voulais. Des parents, une maison et Twitty, mon ourson en peluche. En fait, la vie était belle… j’étais sagement sur le bord de la route avec ma baby sitter, assise sur le trottoir en serrant mon ourson dans mes bras. C’était plus vite un doudou mais il avait une forme d’ours. Je le serrais fort, fort en attendant le retour de papa et maman. Ils étaient en route, je le savais. Ils venaient de nous appeler pour me prévenir qu'ils passaient me prendre. Ils approchaient au tournant de la route. Je montais alors en voiture comme toujours. Mon ourson et un plaid à la main. Nous partions quelques jours en weekend. J'avais une valissette prête et je ne comprenais pas. Ce n'était pas prévu. Un voyage à l'improviste après tout. J'allais voir la mer et les poissons ? Et là, la voiture allait vite. Papa et Maman semblait bizarre, paniqués même. Ils roulaient vite,  vite. Ils semblaient fuir. Cela secouait et je m'accrochais de toutes mes forces à ma ceinture. J'avais peur. Je ne comprenais pas. Nous prenions plusieurs tournants différents par ici et par là. Et cela me basculait un peu dans tous les sens et puis... paf. Plus rien. J'ouvris les yeux quelques minutes après, un peu coincée, je regardais autour de moi. Je cherchais d'abord papa et puis maman... Je la voyais donner son dernier souffle alors qu’elle avait été éjectée hors de la voiture. Je ne savais que dire ou même que faire sauf regarder ça, stoïque.  Sous le choc. Je ne savais comment réagir ou même enfin… j’étais perdue. J'avais mal aussi... très mal à la jambe mais c'était superficielle. J'allais garder une cicatrice surement. Cela avait pris une semaine avant que je ne redise un mot ou que je regarde quelqu’un. Ils s’inquiétaient aux services sociaux. Cette pauvre fille totalement perdue et orpheline. Je les entendais tout bas me voir en pitié alors qu’ils pensaient que je n’écoutais pas ou même que j’étais trop loin. J’avais toujours eue l’ouïe fine. Personne ne voulait d’une enfant fragile, encore sous le choc. Pas dans l’immédiat. J’étais bien trop secouée. Ils m’avaient envoyé dans un orphelinat, Radcliff. Je ne connaissais pas grand monde au début. J’étais toujours cette enfant solitaire, orpheline maintenant. Je revoyais encore maman qui me regardait alors que son cœur s’arrêtait mais je savais au plus profond de moi que cela ne serait pas ce qu’elle voulait pour moi. Peu à peu, je m’ouvrais, je n’avais plus personne. Cet enfant enfin lui. Il était un peu plus vieux que moi, beaucoup plus. Il jouait aux jeux des grands. C’est peut-être pour ça que j’y étais attaché. Je me sentais en sécurité avec lui, en confiance. Il n’était pas humains mais je m’en fichais. Je n’avais plus que lui en quelques sortes. Mais un jour… ce grand jour. Tout changea pour moi. Enfin… le voulais-je ? Car au fond, j'étais seule et même si c'était faux car au fond... dans un endroit inconnu se trouvait ma jumelle, je l'ignorais bêtement. Je n'étais pas au courant de son existence et encore moins de son état de mutante ou de celui de mon père avant sa mort. J'ignorais tellement de la vie. En fait rien de ce que je savais de moi n'était vrai. Il était bien bon que je l'ignore avant longtemps.

J’avais 13 ans, mes cheveux tressés en natte par une jeune fille qui partageait mon lit superposé. Elle était un peu plus âgée et avant des yeux verts. Aussi vert que l’herbe enfin dans mon esprit enfantin, c’était le souvenir que j’en gardais. L’on m’avait demandée de me faire jolie. Les habits du dimanche comme ils disaient. Je n’étais pas vêtue de guenille en général mais je ne portais pas du prada pour autant. J’avais réussie à trouver une belle robe dans les armoires de l’orphelinat. Les dons des autres personnes riches comme ils disaient parfois chez mes camarades. C’était une belle robe d’été, toute simple. On était en hiver mais je m’en fichais. J’adorais l’été. La seule saison qui me redonnait le sourire. « Dites, pourquoi je dois me faire jolie ? », avais-je demandée à la jeune femme qui passait me prendre à ma chambre pour me guider vers les bureaux. « Par ce que tu vas rencontrer tes nouveaux parents, Alleyah ! », cette jeune femme était belle. Je me souviens encore bien d’elle, son beau sourire et ses cheveux d’une couleur flamboyante. Elle semblait avoir la trentaine, peut-être plus. Je ne la voyais pas souvent. « Ah bon ? », m’étonnais-je à demander, le cœur serré car je ne voulais pas quitter cet endroit. Je m’y sentais bien. J’avais pris mes aises et puis… il était là. Il était dans mon esprit… ma famille. Enfin je ne voyais que lui du haut de mes 13 ans. « Oui, ils sont gentils, tu verras ! », mais bon, je voulais bien y croire mais ce n’étaient pas mes parents non plus. Mes parents étaient morts dans un accident de voiture. Je n’étais pas stupide. Je ne voulais qu’eux même si c’est la vie. C’était ainsi. Je finissais par le comprendre avec les années. L’on ne peut contrôler le destin si ce n’est en l’acceptant et allant de l’avant. Mais je ne voulais pas partir. Oh non. Cependant… je n’avais pas le choix.

Et les premiers mois avec cette famille furent rudes pour moi. Très même. Je ne l’acceptais pas. Je m’énervais aussi parfois. Je me rebellais et j’avais du mal à les penser : mes parents. Je prenais leurs noms, j’étais leur enfant mais je ne voulais pas accepter leur amour. Cela changeait rapidement surtout avec ma mère adoptive. C’est d’elle dont je m’étais rapprochée et ne rigolez pas mais c’était le premier jour… ou j’étais devenue une vraie femme. Je ne comprends rien à cela. On n’avait jamais réellement pris le temps de m’expliquer toute la vie d’une femme. Les changements. Et ce jour-là, elle avait été là. J’avais 14 ans et je commençais réellement à m’accepter en tant que Robertson. Pourtant je rêvais encore de Noah. Je le revoyais parfois dans mes rêves. C’était une illusion mais oui. Je voulais le voir, j’y pensais. C’était une part de ma famille. J’avais beau accepter le maintenant, je me refusais de tourner la page malgré les années qui passaient. Mais ne me restait que le visage d’un enfant. Mais je me construisais un avenir en parallèle au passé. Je voulais devenir docteur au début et plus les années passaient et plus je devenais ambitieuse et plus j’en voulais. J’avais envie de quitter la ville et de faire de grandes études. Je voulais devenir excellente mais cela dit… une fois que mes années au lycée furent terminée, j’avais le choix entre les plus grandes universités des Etats-Unis… Yale, Harvard, Princeton et même Berkeley mais une annonce bouleversa tout. Ma mère adoptive était atteinte de l’Alzheimer. Je me devais d’être là pour elle. Choisissant alors de rester dans l’université certes bas de gamme mais la plus proche pour construire mon avenir, je ne quittai jamais la ville. Je restais là pour l’aider. Je voulais tout faire pour aller et je faisais tout pour elle. Naviguant entre mes études, un petit job d’appoint qui ne me prenait que quelques heures par semaines et le temps à passer avec Mary, ma mère adoptive alors que mon père adoptif n’était pas souvent là pour elle ou pour nous. Il bossait surtout et le contact était toujours aussi difficile entre lui et moi. Il n’était pas méchant mais nous ne communiquions pas beaucoup. Je savais qu’il était fortement touché mais bon. Je n’y arrivais pas. Je ne l’avais jamais appelé papa. Je cassais la baraque dans mes études. Vraiment oui, pendant quelques années sans internat, il venait le moment d’être en plein dans l’action. C’est un peu là que ma vie se bouscula à nouveau. Depuis des années, j’avais une connaissance à la fac. Kirby. Une belle jeune femme de mon âge. Elle était totalement différente de moi. Impulsive, colérique. Elle gardait rarement son calme puis elle n’était pas toujours prête à tout pour son prochain. Un brin bordélique aussi. Cette jeune femme était mon négatif si nous étions des piles électriques et j’étais le positif. Mais elle avait un frère. Ce type assez étrange au début qui me faisait peur par moment. Surtout par ce qu’il avait ce regard… enfin c’était étrange mais un soir, tout changea un peu alors que j’allais un peu moins bien que d’habitude, c’était le soir de l’anniversaire de la mort de mes parents et il m’avait parlé. Tout avait en quelques sortes changées. Il avait été cet épaule. Peu à peu, nous développions une sorte d’affection qui nous rendait dans une relation plus qu’amicale. Nous évoluions même. Il m’a demandé en mariage peu de temps avant le début de mon internat. J’étais fiancée mais pas emballée. Je me sentais vide. Je ne me sentais pas heureuse. Notre relation se dégrade depuis et surtout un fameux soir dans les alentours de noël quand j’avais croisée cet enfant totalement défiguré par un mutant. Il semblait… c’était horrible. Il m’avait dit de lui en dire plus, j’avais refusée en haussant la voix plus forte que lui. Cela ne lui avait pas été. Les mutants sont souvent un sujet de discorde entre nous même si j’en ai peur… j’éprouve de l’affection pour eux par moment. Enfin… je me sens triste pour eux. Il ne comprend pas ça. Et notre relation ne tient qu’à un fil. Ou une bague de fiançailles plus vite. Je prépare même le mariage pour faire plaisir à Mary et Kirby mais c’est le cœur lourd. Pourtant je me sens un peu mieux depuis 4 mois mais je n’arrive pas vraiment à savoir pourquoi ou même ce qui fait que. C’est étrange. Cette rencontre, elle m’intrigue. Il m’intrigue ce client du bar. J’ai peur ne pas bosser tous les soirs mais je suis motivée à bosser entre deux gardes de nuits à l’hôpital juste pour le croiser. Je sais qu’il se passe un truc, je n’arrive pas à savoir quoi. Cet homme, il m’attire étrangement. Ce n’est pas qu’une histoire physique. C’est bien plus encore.