Décrivez l'apparition de votre don et la façon dont vous le maitrisez à l'heure actuelle
Je n’aime pas raconter ce souvenir car il fut le début de ma descente aux enfers. C’est cette nuit là que tout commença. Parfois je me demande si être une simple humaine n’aurait pas été une meilleure alternative que le radar à monstres. Mais si vous y tenez vraiment alors allons-y, prenez du pop corn et régalez vous de la triste histoire d’une gamine qui a tout perdu.

Il faisait froid ce soir là dans les rues de Carrickart, une jolie petite ville perdue au bord des vagues dans le comté de Donegal, en Irlande. Si froid que je m’étais accrochée au bras de ma mère, tentant vainement de trouver un peu de chaleur dans les plis de son manteau. A cette époque tout était encore facile, il suffisait simplement de suivre le cours des choses, d’apprécier la vie comme elle se présentait. Nous étions sur le chemin du retour, celui que l’on prenait habituellement pour rentrer chez nous. Le doux son des vagues apaisait ma peur du noir. Cependant une lumière pâle attira mon attention au détour d’une ruelle. Je n’oublierai jamais le halo qui se dégageait de sa personne… Un homme sortit de l’ombre nous barra le chemin. « Donnez-moi tout ce que vous avez sur vous. »  Ma mère refusa tandis qu’elle faisait un pas en arrière, me protégeant derrière son propre corps. Il leva la main vers nous et serra si fort son poing que ses jointures blanchirent. Aussitôt ma mère tomba au sol, se tordant de douleur. Je ne compris que bien plus tard que cet horrible personnage n’était autre qu’un transmutant ayant la capacité d’infliger des douleurs atroces juste par son bon vouloir. J’entends encore ses cris lorsque je me retrouve seule dans les rues la nuit. Les images de son corps se tordant sous l’effet de cet homme ne me quitteront jamais. Elle fut prise de violentes convulsions tandis que j’étais là, à deux pas, totalement impuissante face à ce spectacle de désolation. Dans un élan de courage je me suis jetée sur notre agresseur, empoignant son bras de toutes mes forces. Je voulais simplement qu’il arrête, qu’il disparaisse comme on balaye un cauchemar.  Soudain il n’eut plus aucun bruit et l’homme sembla tout aussi surpris que moi. C’était un peu comme si son don s’était tari à la source. Il me lança un regard troublé, entre la rage et la peur avant de m’envoyer son poing à travers la mâchoire. Le choc fut si violent que j’eus l’impression que ma tête allait se décrocher du reste de mon corps. L'inconnu quant à lui disparu dans la nuit. Allongée de tout mon long sur le sol humide et froid je me traînai jusqu’à ma mère. Cette dernière n’émit aucun son et son corps ne bougea pas non plus. Saviez-vous que l’on peut mourir de douleur ? Qu’arrivée à un certain point, le cœur peut s’arrêter ? Cette nuit là je l’ai compris et j’ai perdu la seule personne qui m’ai véritablement aimé au cours de mon existence. C'est ainsi qu'à sept ans je me suis retrouvée seule avec un don qui n'aboutirait qu'à une malédiction.

Aujourd’hui tout a changé, la petite fille apeurée a disparu et j’ai appris à vivre avec le fait d’être différente. Pour les uns je suis un vaccin ambulant, pour d’autres, un radar à monstres tout droit tomber du ciel pour les aider dans leur quête. Que des conneries, moi j’vous dis. Ce sont tous des charlatans et l’on ne peut avoir confiance qu’en nous même. Je me fiche bien du nom qu’ils peuvent donner à mon pouvoir, ce n’est pas eux qui doivent vivre avec en permanence. J’ai la capacité d’arrêter n’importe quelle mutation par simple toucher, que ce soit de la télékinésie, une marée d’illusions, de la manipulation mentale en passant par la métamorphose. Je suis un peu l’antéchrist de notre ère. J’ai la capacité de tout arrêter, de les rendre humains durant un petit laps de temps. De leur faire comprendre que sans ça ils ne sont rien. Cependant depuis quelques temps, je sens que mon don me dépasse. Je perçois à la perfection chaque aura de n’importe quels transmutants à proximité, le problème ne vient pas de là, il se trouve ailleurs. Depuis l’anéantissement du groupuscule d’Elijah ce soir là, j’ai l’impression que mon don ondule à travers moi, comme si il dépassait mes mains. J’ai déjà pu constater que chez certains mutants et dans certaines situations précises, je n’ai plus besoin de les toucher pour inhiber leurs capacités. Il me suffit juste d’être à proximité. Evolution mes amis… méfiez vous de l’eau qui dort.

avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
Les hunters. Encore un mot inventé par les humains pour se sentir plus importants. Au final ils ne sont pas bien différents. Ce sont tout simplement les mêmes personnes avec une arme à la main. Les hunters sont des humains activistes, poussés par on ne sait quel idéalisme qui les emmène sur des pentes extrémistes. Ils ne valent pas mieux que les transmutants d’Elijah. Tous des moutons j’vous dis. Aussi étrange que cela puisse paraître, je travaille avec eux. Oui oui vous avez bien entendu. Une transmutante qui taffe avec des hunters. Douce ironie n’est-ce pas ? A leurs yeux je suis différente dans le bon sens. Pour reprendre les termes exacts de ces derniers, « Au fond, t’es pas un monstre, t’es plus un radar à monstre. » Voilà, voilà. Je pense qu’il n’y a rien à ajouter. Vous connaissez l’expression avoir le cul entre deux chaises ? Et bien je pense en être l’exemple le plus flagrant. Cependant ne vous méprenez pas. Je ne travaille avec eux que pour acheter ma tranquillité et parce que ces derniers m’aident dans la traque d’Elijah…

utilisez-vous beaucoup votre don ?
C’est une question piège n’est-ce pas ? Pour apprendre à survivre dans ce monde de dégénérés, certains mettent au point de tactiques imparables, d’autres préfèrent ignorer que tout mène à l’apocalypse. Dans mon cas, j’ai appris à survivre grâce à mon don. D’un côté je peux inhiber n’importe quelle mutation et de l’autre on ne me traque pas car je peux m’avérer très utile. Ce don que je détestais autrefois est en finale la seule chose sur cette foutue planète qui m’a permis de rester en vie aussi longtemps. Je l’utilise dès que j’en ai besoin. C’est aussi simple que ça. Soit pour maitriser un transmutant soit pour mon travail, lorsqu’il s’agit simplement de les repérer.

que pensez-vous de l’émergence du groupe de rebelles anti-hunters nommé Uprising ?
Joker. Que voulez vous que je vous dise ? J’adhère à la cause des pros mutants même si j’ai plus souvent souffert de ces derniers que des humains. Mais bon, il y a des choix qui ne s’expliquent pas. Mais allez expliquez ça à un transmutant. « Bonjour, je fais partie des vôtres mais je travaille pour le camp adverse. Oui oui, je vous chasse tranquillement en leur compagnie. Mais à part ça, on est copain. » Bref, vous imaginez bien la tronche qu’ils tirent en général… Je n’ai rien contre Uprising si ce n’est que je les trouve parfois trop utopistes. Comme si un jour, humains et transmutants pourraient vivre dans le meilleur des mondes. Foutaises, la différence fini toujours par gêner quelqu’un, qu’on le veuille ou non.

PAYS : France. DISPONIBILITÉ : Cela varie en fonction des semaines, mais globalement au pire un jour sur deux et sinon tous les jours.VOTRE AVIS SUR TH : Très joli, un vrai coup de coeur. COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM : Grâce à Bazzart. PERSONNAGE : Merveilleux scénario d'Elijah Aisling pour lequel j'ai craqué. Priez pour mon âme. VOYEZ VOUS DES CHOSES A AMÉLIORER ? : Rien à dire pour le moment. UN DERNIER MOT ? : Promis je ne mors pas   .

Un jour quelqu’un m’a dit : « le premier qui tombe amoureux a perdu. » Aujourd’hui encore je ne saurai vous dire à quel point cette personne avait raison. Je ne parviens pas à remettre de traits sur son visage mais le son de sa voix résonnera pour toujours. Tout simplement car c’est surement la phrase la plus sincère que j’ai pu entendre au cours de ma vie. L’amour n’est pas quelque chose de beau, de chaleureux, de douloureux, de passionné ou bien même de dangereux. En vérité c’est le plus beau mélange de toutes ces choses réunies. C’est un peu le pot pourri du monde, celui où, quoique l’on fasse, on finit éternellement par tomber le nez dedans. S’offre alors deux choix, celui de l’amour inconditionnel ou la triste version de la destruction passionnelle. Une histoire parmi tant d’autres, je suis tout à fait d’accord avec vous. Mais pourquoi a-t-il fallu que ça tombe sur moi ? Je suis naïve certes, et avant tout extrêmement maladroite en ce qui concerne le choix des personnes qui m’entourent. C’est plutôt ironique pour une jeune femme marquée par le trèfle que de manquer de chance, vous ne trouvez pas ? Moi ça me fait rire, jaune certes mais rire tout de même. Parfois il m’arrive de regarder le ciel et de me dire que j’aimerai être une étoile. Délicate petite lueur représentant l’espoir, l’inconnu et le doux rêve inaccessible de pouvoir l’effleurer. Etre enfin en paix, au fond, c’est tout ce que je demande…


« Ce n’est pas parce que je vous narre cette histoire que je suis toujours en vie. »


C’est l’histoire banale de la gentille fille qui tombe sur le mauvais garçon, à quelques détails près. Dans mon cas il n’y a ni de fin à la Disney comme dans la belle et le clochard ou bien Pocahantas, ni de happy ending, ni même d’un brin d’amour partagé. Tout n’est qu’illusion et ignorance, mais vous savez quand on est bercée par le bon conteur, on se laisse emporter par la magie qu’il nous offre. C’est ainsi que tout commença, siège 12A et 12B d’un petit avion partant d’Irlande vers New York. Je quittais ce pays que j’aimais tant pour fuir les hôpitaux psychiatriques qui m’avaient suivi durant une grande partie de mon adolescence, quand lui partait pour le grand rêve américain... Il me fallu très exactement 7 heures pour que je tombe sous le charme de son regard si clair, presque animal. Il m’envoutait, m’intriguait et m’horrifiait tout autant. Ce personnage complexe, mutant de statut, qui semblait avoir tant d’arrogance, de projets et de soif pour l’avenir avait réussi à attiser ma curiosité. Moi la pauvre gamine sortie tout droit de sa campagne, trimbalée d’un asile à un autre, j’avais devant moi un être si singulier que j’eu l’envie de croire en ce dernier. Au fond il était à l’opposé total de ce que j’étais. Lui avait le courage, le charisme, la force des mots pour lever des foules alors que j’étais l’ombre que l’on remarquait à peine au détour d’une ruelle. C’est ainsi que tourne le monde, les grands noms en haut de l’affiche et les petites mains écrit en petit tout en bas.

Je suis la plume de sa vie et sans moi il ne serait rien. Son groupuscule n’aurait jamais vu le jour et il aurait fini seul dans le noir se parlant face à un miroir. Son don l’aurait surement rongé jusqu’à la moelle et il aurait fini par se persuader lui même que tout ce qu’il disait n’était que pure vérité. Et là les rôles ce seraient inversés. Il aurait été le dingue bon pour l’isolement et moi, la pauvre fille qui aurait reprit le cours de son existence. Mais non… Monsieur avait besoin de sa mule, j’étais l’appât qui trouvait les mutants pour que ce dernier puisse alors convaincre ses doux agneaux. Au final, personne ne se rendait compte qu’il n’était autre que le loup au sein même de la bergerie. Impuissante face à ce spectacle, j’observai, attendant simplement qu’on me dise quoi faire ou quoi dire. Je regardai les jours défiler tandis que tous ses pantins se pliaient en quatre pour plaire à Elijah. Parfois je me demande encore si le fait d’être immunisée contre le don de ce dernier, n’était au final pas une malédiction. J’aurai aimé tout oublier, faire table rase du passé et de son souvenir qui me hante. Ne pas avoir besoin de commettre l’irréparable et pourtant, il a fini par me pousser à le faire.




Après huit ans de bons et loyaux services, j’ai été abandonnée tel un cleps sur le bord de la route. Tel un chien galeux à qui l’on venait de dire adieu, sans une once de remord. Ce soir là, il avait dit ses mots avec tant de sérieux, que j’avais senti la peur me serrer la gorge. Je n’étais rien, rien d’autre que sa cousine ou bien sa petite sœur à moitié dérangée que l’on mettait toujours de côté. J’étais Aisling la folle, la gentille petite bête soumise à son maître. Est-ce que vous savez ce que c’est que de se sentir vide, délaissée par la Terre entière. Cette sensation de mal être absolu, le fait d’avoir peur de se retrouver seule dans le noir, de sentir le goût amer de ses larmes chaudes roulant sur nos joues ? Je ne souhaite à personne de connaitre un jour cet abandon déchirant, celui de l’oubli de soi. La douloureuse impression d’avoir été battue durant des heures avant d’être laissée pour morte quelque part dans un coin. Je pense que la désillusion est la pire des armes. L’amour n’est pas fait pour les âmes enfantines. Les cœurs qui ont grandi trop vite dans un monde bien trop grand pour eux, n’ont aucune chance de s’en sortir indemne. Et c'est une profonde injustice. Ce soir là j'ai retiré la bague qui était à mon doigt. Je l'ai contemplé durant des heures avant de prendre la seule décision qui avait un sens... Avant de choisir l'auto destruction pure et simple sans possibilité de retour. Détruire le maître pour se sentir libre, briser les chaînes quittent à se briser soi même.

J’entends encore les cris dans ma tête lorsque je ne parviens pas à trouver le sommeil dans la nuit noire. Ils avaient tous été massacrés par les Hunters. Je leur avais tout donné, l’heure, le lieu, la date ainsi que les noms et pouvoirs de chacun. J’étais le bourreau de son chef d’œuvre, celle qui venait d’anéantir quasi une décennie de son existence. La petite folle inoffensive avait réduit tous les rêves de son mari à un tas de cendres. Ce soir là, personne n’a crié mon nom et on ne m’a même pas cherché. C’est à ce moment précis que j’ai compris que j’avais pris la bonne décision. Des dizaines de vies gâchées en valaient bien la peine, pour sauver la mienne. Si je n’étais rien à leurs yeux alors ils ne seraient rien aux miens. Malheureusement c’est bien connu, on ne tue pas les monstres aussi facilement et celui qui me hantait ne perdit pas la vie ce soir là, dans les décombres de notre bar. Au revoir Détroit, adieu mon Amour ... et bonjour la Haine.