▽ La vie n'était que marchandise. Passante comme un voyageur de nulle part. Perdue dans sa lugubre démarche recouverte de sa nappe docile. La vie n'était que fougue, mort et tristesse. À ton âge, en cette période même, la vie n'était que joie et paix. Chaque jour était rempli d'une goutte de douceur d'amour. Il y a treize ans tu étais née. Treize ans et quelques mois. Le printemps dominait le petit paradis de vie qu'une londonienne comme toi était. Les deux nattes tressés disposées autour de ton visage et le regard assez malin, tu étais la petite soeur de l'associable. Associable, mais intelligent. Ton frère n'était pas la plus grande fierté pour ses camarades, mais pour toi il en était une. Une belle fierté après tout. Un frère intelligent au visage charismatique, il était devenu un grand homme pour toi. Contrairement à lui, tes parents t'avaient toujours aimé. Lui et ta mère n'était pas en bons termes, une relation hypocrite entre mère et fils, assez étrange et pesant. Mais tu savais que quand il était avec ton père, c'était sûrement l'un de ces plus beaux moments. Tout autant que quand il les passait avec toi. Que tu courrais dans le petit jardin après lui, pour rattraper un de tes objets fétiches et qu'il te pendait sous le nez, pour s'amuser. À en croire, cette famille avait un air paradisiaque si on en oubliait le lien qui reliait ta mère et ton frère. Mais il a fallu que cette journée arrive. Cette journée au tout à changer ... le sourire n'était plus là. Les rires ne vivaient plus et aucun bonheur ne pouvait flotter dans l'air.
« Maman, Papa... Lyra, je... » Tu observais le sois-disant pouvoir de ton frère avec un sentiment étrange. Ton coeur s'arrêtait peu à peu de battre. Tu ressentais comme un sentiment de colère, de haine. Peu à peu, tu sus qu'il avait changé. Dix-neuf ans de sa vie qu'il vivait avec ceci sans jamais n'en avoir parlé à sa petite soeur. Tu avais de la rancoeur envers lui. Ton père te protégeait et quand celui-ci franchit le pas de la porte, une larme traversa la couche de ton iris pour aller se déposer le long de ta joue. Tu pleurais sans pouvoir t'arrêter. Tu n'avais pas peur. Non tu n'avais pas besoin d'avoir peur en ce moment même. Il était trop tard. Tu l'avais perdu. Perdu pour toujours. Et c'est à ce moment-là, qu'une jeune fille comme toi eu un peu plus de maturité pour avoir une rapide vie d'adulte.
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Quelques années ont passé. Quelques années qui ont laissé derrière la petite adolescente au traumatisme de la disparition de son frère. Une ras des bibliothèques on peut dire. Tu ne portes pas le physique d'une fille des bibliothèques, mais ton physique est bien plus qu'avantageux. Tu ressembles à une vraie femme, puisque tu as dix-huit ans. Tu fixes le garçon alors en face de toi en train d'étudier le même livre que toi. Il te regarde, alors à son tour. La peau un peu matte, avec des yeux marron en noisettes et des cheveux en pétards il te fixe avec un doux sourire.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » Tu le regardes avant qu'il ne soupire d'un doux rire pour reprendre sa lecture. Un tic tac assombri cette discutions avant qu'il ne te fasse sursauter par son grand geste.
« Regarde ! J'ai trouvé des informations sur les sois-disant personne que tu recherches ! » Tu relèves rapidement la tête et ta pupille s'écarquille d'excitation. Tu fais une moue de la tête pour le forcer à parler. Puis celui-ci entame un long discours sur les transmutants, un des discours que tu as dû lire des centaines de fois, mais le voir faire te fait sourire. Quelques minutes plus tard, son silence se stoppe et son regard se dépose vers toi.
« Dis-moi ... Pourquoi tu te passionnes tant pour les personnes comme ça ? Tu ne vas pas faire partie des hunters comme ça ? » Tu relèves la tête et ton regard devient livide. Tu t'étais fixé ce but depuis ce départ. Depuis cette journée. Après un long soufflement tu relèves la tête et le regarde.
« Ecoute, peut m'importe ce que les hunters font, je m'intéresse à ces personnes parce qu'elles sont peut-être dangereuse, et qu'un ami-à-moi pourrait en faire partie... » Un instant tu baisses la tête. Mais celle-ci se fait rapidement relever par une main sous un ton menton pour que vos lèvres se croisent et finissent par donner des papillons dans le ventre et un peu de bonheur entre deux étudiants majeurs.
▽ Les larmes défilent sur le visage de la jeune fille. Tu pleures sans relâche. Les larmes salés les unes encore plus que l'autre. La douleur envahie le ventre rempli d'une vie. Le maquillage coulant le long de ton visage, tu pleures autant que tu peux. On tape contre la porte de la salle de bain avant que tu entendes la voix de ton petit-ami.
« Ecoute, je sais que ceci est bizarre, mais tu l'as dis toi-même tu n'allais pas devenir hunter ... Je suis désolé que tu aies dû apprendre ceci dans un petit bar, mais je n'y peux rien. Je suis comme telle et tu ne peux pas m'en vouloir ... » Tu étais donc destiné à aimer les hommes aux dons. Mais plus tu en savais sur ces sois-disant mutant, plus tu les haïssais. Tu serras les mains avant de sortir des toilettes et de regarder le garçon qui t'aime.
« Je ... je ... je ... je perds les eaux ! » tu sens le liquide coulé le long de ton pantalon si fin, depuis quand étais-tu enceinte?Tu n'avais aucune idée.
« Quoi ?! » Il regarde rapidement le bas trempé avant de te voir tomber et de t'attraper dans ses bras. Ta tension baisse et tu commences à serrer les dents pour éviter de crier.
« Je sais que tu n'aimes pas quand je fais ça, du moins je viens de le savoir. Mais c'est pour toi et notre enfant. » Notre enfant. Non. Tu ne voulais pas être mère. Pas à ton âge, et surtout pas mère d'un monstre. Tu ressentais un peu la douleur que ta mère avait quand elle a eu ton frère. Ne pas aimer son propre enfant ... A peine tu reprends le dessus sur tes pensées, que le père de l'enfant qui s'apprête à sortir de ton ventre t'emmène le plus rapidement grâce à sa vitesse. Tu ne comprends pas, trop perturbé. On t'emmène alors rapidement dans un bloc pour extraire l'enfant dans ton ventre.
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« Lyra, tu es enfin réveillé ! » Tu ouvres les yeux avant d'apercevoir le garçon en question. Selon son visage, tu vois alors qu'il est inquiet. Les yeux rouges, il a sûrement pleuré. Tu as directement le réflexe de toucher ton ventre. Ce qui fait renifler l'homme qui se trouve en face de toi avant qu'il ne dépose une main sur ta main gauche. Ce détaille te fait faire un vas-et-viens dans ton coeur et tu le regardes alors. Il te fixe et tu retires ta main. Ses lèvres se décollent l'une de l'autre, mais tu le coupes dans son élan.
« Ne me touche pas. Où est l'enfant ? » Il baisse la tête.
« Réponds ! » Ta voix est si froide qu'il vient de faire un voyage en Arctique. Tu ne faiblis pas, pas maintenant. Une main derrière sa tête, il cherche la bonne formulation. Mais tu sais qu'il n'arrivera pas à parler.
« Bien. Maintenant tu peux partir, et ne revient jamais. Amène moi le médecin qui c'est occupé de moi. » Tu restes encore une fois dure dans ta phrase et il baisse la tête. Il va pour t'embrasser le front, mais tu recules le plus loin possible de lui, histoire d'éviter d'être un peu trop collé-à-lui. Il part directement et un homme entre. Un vieillard, pourtant assez bien conservé. Il s'assoit près de toi et il te regarde.
« Qui y a-t-il ? » Il sait jouer la comédie du petit vieux qui n'y connaît rien. Tu le sais très bien puisque c'était toujours ce rôle que tu te donnais.
« Vous êtes persévérante mademoiselle Carstais, dans tous les sens du terme. » Un doux sourire fait son apparition sur son visage pendant que ton visage ne bronche pas, au contraire, il déglutit.
« Vous me connaissez ? » Un petit rire se dépose sur le visage du médecin pendant qu'il te fixe, toi sa patiente, son nouveau petit joujou.
« Mais voyons, vous êtes ma patiente non ? » Un tic sur tes lèvres se fixent et tu pinces celle du dessus. Tu déposes ton regard près de tes cheveux avant de reprendre son jeu de regard.
« Le ou la chose qui se trouvait dans mon ventre, où est-il » Il n'abaisse pas son regard du tiens. Toi qui massait doucement ton ventre, tu ne sais que penser des événements qui t'entourent et ton esprit est perdu. Il se relève et dépose une main sur ta jambe.
« Ne vous inquiétez pas, votre chose comme vous dites est un bambin, comme chaque enfant sorti du ventre de sa mère. Je suppose que vous déciderez vous-même de son nom. Tout ce que je peux vous dire, c'est que le père de cet enfant n'est qu'un danger pour lui. »Tu relèves la tête. Tu réfléchis un instant pour te tourner vers lui, le vieil inconnu.
« Qu'on le "donne" à une famille qui a besoin d'un enfant, je ne veux pas de lui. » Dure parole et pourtant tu les dis avec grande maturité et blancheur. Il t'explique sa vraie identité. L'hunter en chef du service d'Angleterre. Il te prend alors sous son aile après un séjour d'une semaine à l'hôpital. Te forge un peu plus. Et te propose une occasion qui ne se refuse pas. Devenir hunter. Seulement contre une chose. Tuer Alec. Et le pire dans tous. C'est que tu acceptes.
▽
La porte s'ouvre d'un coup sec. Le garçon est installé tranquillement dans son canapé. Installé dans la cuisine il continue d'avaler le verre avant d'apercevoir ta silhouette menue.
« Je croyais que tu ne viendrais jamais ... » Tu te retournes et t'approches de lui, le regard penché sur le côté.
« Et bien tu vois, je suis venue te voir. » Il soupire en riant avant de se lever. Il repousse la table et approche vers toi, tout en sachant que tu reculeras. Tu lui fais l'immense plaisir de t'éloigner de lui tout en serrant les points. Alec t'attrape alors et commence à coller son torse contre toi. Tu savais que pour le piéger, il fallait redoubler de sang froid. Ce que tu étais devenue, une machine. Il colle doucement son front contre le tient. Son alêne sent l'alcool à plein nez et tu sais très bien qu'il a abusé de la bouteille de whisky disposé sur la table. Mais après tout, vue dans la situation dans laquelle il se retrouve. Cacher pendant des années sont identité à la fille qu'il aime, la mettre enceinte pour ensuite savoir qu'un chasseur à tuer son enfant et n'a fait qu'empirer l'état mental de la personne qu'il aime, il y avait plus joyeux comme histoire. Mais il va de soi que tu n'aies aucun avis. Alors, tu le regardes et sort de ta poche un revolver qu'on t'a passé. Tu avais le choix, arme blanche ou arme à feu. Par préférence tu as choisi les armes à feu pour peu de souffrance et une mort rapide. Tu lui tires directement la balle dans les reins pour qu'il se retire rapidement de toi. Le sang gicle sur le sol pendant qu'il tombe à terre avec un cri. Et avant de mourir, il te regarde en souriant. Puis conclus.
« C'est bon, ils ont fait de toi un monstre. Tu n'es pas plus différente de nous en fait ... »Puis il n'a pas le temps de finir que vises le front. Par chance, la balle arrive dans la tempe et il meurt d'un coup. Le vieil homme arrive alors et te félicite avant de t'envoyer voir sa fille qui te forgera à devenir une hunter. Ton rôle est désormais de tuer tous ceux qui sont non humains. Même ton frère. Et ça sera la chose la plus dure à faire ...