Maman ? Maman ? Maman !
Maman n'est pas là, je suis triste. J'ai fait un dessin pour maman pourtant, je ne comprends pas. Le soir dans mon lit, maman me dit toujours qu'elle est là, qu'elle me protège. Mais maman n'est pas là. Maman travaille. Je veux que maman arrête de travailler, j'en ai marre d'être toute seule. Pour tout dire, je ne suis pas toute seule : il y a l'éléphant bleu qui est avec moi dans la chambre, et le gentil chien rose dans le salon. Mais ils ne sont pas très drôle, il raconte toujours des histoires que je connais déjà, et ne dise que ce je veux. Maman dit que Papa est là aussi, qu'il me garde la journée. Mais Papa n'est pas très causant et il sort souvent dans le jardin toute la journée. Je me demande ce qu'il fait pendant des heures dans le jardin. Mais je n'ai pas le droit d'aller dans le jardin alors je suis toute seule avec le gentil chien rose et l'éléphant bleu. Maman ne sait pas que Papa n'est pas là, mais je ne lui dis pas. J'ai peur qu'elle soit pas contente. Après tout, Papa m'a dit que quand il va dans le jardin, c'est notre secret à nous deux.
J'aime les secrets, c'est rigolos. Ça me gonfle le ventre plein de fierté et je suis très silencieuse. Mais l'éléphant bleu ne sait pas mes secrets, je les raconte seulement au chien gentil, car dans ses yeux en forme de bille, je peux voir sa gentillesse. Je sais qu'il n'est pas un dégénéré. Je ne sais pas ce que c'est un dégénéré, mais maman dit que c'est des monstres. Je pense que ce sont des gros monstres poilus, avec des yeux méchants. Ils doivent sûrement manger les gens. J'ai peur des dégénérés.
J'ai froid. Je ne sais pas comment marche les choses qui font de la chaleur, mais je sais que dans la cuisine, il y a des petits ronds qui réchauffent les aliments. Ils devraient donc pouvoir me réchauffer, non ? Je galope jusqu'à la cuisine. J'aime bien galoper comme un cheval, c'est joli. Plus tard, je veux pleins de chevaux. Et puis je serais une gentille infirmière et je soignerais les bobos de mes gentils amis. Je prends un tabouret et je monte dessus. Appuyant sur tous les boutons, j'attends que le petit rond devient rouge. J'ai froid. J'ai surtout froid aux mains. Il suffit donc que je pose mes mains en premiers sur le rond chaud. Ah, je sens la chaleur arrivée. Aïe !
Je retire mes mains. J'ai mal. J'ai mal. Ça fait mal. J'ai peur. J'ai mal aux mains. Je pleure. Ça fait mal. Je me sens seule. J'ai mal. Si je pleure plus fort, papa va m'entendre depuis le jardin. Je pleure plus fort. J'ai très mal. Papa ne revient pas. J'ai mal. Je cours vers la porte du jardin. Je sais que je n'ai pas le droit, mais je veux ouvrir la porte. J'ai mal aux mains. Je ne peux pas ouvrir la porte. Alors je m'assois, et je pleure. Papa ne revient toujours pas. Mais j'entends une voiture se garer dans le parking. J'ai mal. J'espère que c'est Maman. J'entends la porte se déverrouiller. J'ai vraiment mal. Et là, je vois ma maman. J'ai trop mal pour bouger, je renifle. Elle me voit.
« Autumn ! Ma chérie ! »Maman me sauve, elle me soigne, elle met des glaçons puis de la paumade. Elle embrasse chacun de mes doigts. Ma maman me dit que je suis courageuse et que je suis belle. Je suis contente qu'elle s'occupe de moi, je me sens mieux, je me sens moins seule. Je n'ai plus peur, mais j'ai encore un peu mal. Elle me caresse doucement les cheveux et je souris. Ses yeux sont doux. J'aime ma maman. Puis ses yeux deviennent plus foncés et elle me regarde sérieusement.
« Chérie, où est ton père ? » L'air me manque et j'ai froid. C'est mon secret avec lui. Mais j'aime ma maman. Elle continue de me regarder et insiste. Je n'ai pas envie de dire le secret de Papa. Je me débats, elle me lâche et je cours. Maman me regarde mais ne bouge pas. Je me retrouve dehors. J'entends la voix de Maman qui m'appelle. Puis j'entends Papa dans la maison. Mais j'ai peur. Je veux fuir, je ne veux pas que Papa pense que j'ai raconté notre secret alors je cours. Je suis petite alors j'en profite pour passer dans le trou de la clôture des voisins. Je continue, je cours. Je n'entends plus rien. Je continue de courir. Je tombe, je me fais mal au genou mais je me remets à courir.
J'ai l'impression de courir depuis des heures. Je ne sais pas où je suis. La nuit commence à arriver. J'ai peur du noir. Je suis toute seule. J'ai mal partout. Je ne vois ni Maman ni Papa. J'ai peur. Je m'assois par terre et je sens les larmes arriver. Je vois une voiture arriver au loin. Elle ressemble à la voiture de maman. Elle commence à prendre le virage pour aller vers moi. Je me lève et je reconnais le visage de Maman et de Papa. Ils ont l'air en colère, je frémis. Je ne veux pas qu'on me crie dessus. Ils ne sont plus qu'à quelques mètres de moi. Maman fait une tête bizarre. Papa regarde Maman. Il ouvre la bouche. La voiture passe devant moi. Ils ne s'arrêtent pas. Je comprends pas. Je crie, cours après la voiture. Ils ne m'ont pas vu ? Je crie mais la voiture accélère. Je trébuche. Je me relève.
Criiiiiiiiiiiiiiic.
Je m'arrête. Je regarde la voiture de Maman. Elle ne bouge plus. Heureusement, un arbre les a arrêté. Je souris, s'ils se sont arrêtés, ils vont pouvoir me voir. Je vois quelqu'un sortir d'une maison et courir vers la voiture. Je veux voir Maman et Papa. Même s'ils m'engueulent, ils me manquent. Je cours vers la voiture. J'ai mal et je suis fatiguée. Mais je veux voir Maman et Papa. Je suis maintenant à côté de la voiture. La personne qui est sorti de sa maison et au téléphone et elle ne m'a pas vu. Tant mieux, Maman m'a dit qu'il ne fallait pas parler aux étrangers. La voiture fait une drôle de tronche. J'ai envie de rigoler parce qu'elle est toute petite comme ça. La porte est ouverte et je vais vers Maman. Elle est bizarre, elle est plein de sang.
« Maman ? Maman ? » Je lui touche le bras. Je veux la prendre dans mes bras. Maman est pleine de sang. J'ai peur du sang. L'inconnu se retourne et me regarde, effrayé. L'inconnu m'attrape par la taille, je me débats. Je veux prendre Maman dans mes bras.
« MAMAN MAAAMAN ! » Je crie, je mord l'inconnu. Je veux que Maman me caresse les cheveux. L'inconnu me porte plus loin, m'éloigne de la voiture. Je ne veux pas. Je ne veux pas m'éloigner de maman et papa.
L'inconnu grogne quand je le mords de nouveau. Je veux pleurer. L'inconnu presse le pas et prudemment s'agenouille, me prend dans ses bras comme pour me protéger. Soudain, j'entends un bruit, une explosion, je sens du chaud, j'ai peur, j'ai l'impression de mourir. J'ouvre les yeux, derrière l'inconnu, la voiture est en feu. L'inconnu est en feu, mais il sourit. Il me dépose, m'ordonne de ne pas bouger. Je ne bouge pas. Maman. Papa. Et puis l'inconnu s'enfuit en courant, le dos en feu.
Assise sur l'immense canapé noir, je pianotais sur l'accoudoir de ma main droite, me demandant vraiment comment Matthew faisait pour vivre ici. Après tout, il n'avait pas l'air bien riche, et pourtant, il faisait comme si ce loft lui appartenait. J'avoue que je ne sais plus sur quel pieds danser; il faut l'avouer, il m'attire, énormément, affreusement. J'ai envie de passer mon temps tout contre lui et voir un sourire sur son visage illumine ma journée. Je vous arrête là, je ne suis pas amoureuse. Bien sûr que non. Et puis ça faisait quoi, 3 moi qu'on sortait ensemble, non ? Pas de quoi tomber amoureuse. Sans oublier que cet homme m'a initié à tout ce dont pouvait nous offrir de beau : on avait volé ensemble, on s'était battu, on avait fait des concours de drague dans les bars, on avait fumé, on s'était drogué, on s'était battu, griffé, à s'en faire mal, à s'en faire pleuré. C'était extraordinaire, toutes mes premières fois. La vie s'était pas si merdique que ça, on pouvait finalement bien s'amuser.
Donc, on ne peut pas tomber amoureux de notre prof', non ? Je ne suis pas amoureuse je vous le dis ! Et puis le voilà, qui apparaît de la chambre, il s'est changé et il me sourit doucement. Ses cheveux sont ébouriffés et je me surprend à penser que c'est la chose la plus mignonne au monde. Il me prend par les hanches, s'assoit sur le canapé à son tour et me pose sur ses genoux avec la plus grande délicatesse. Matthew plonge son regard dans le mien et je retiens mon souffle. Dans son regard, de l'envie, du défi, de la fierté et puis ce petit côté sombre.
« Matthew... Pourquoi tu m'as caché que tu habitais dans un endroit aussi... énorme ? » Fier de lui, il me sort un sourire colgate.
« Oh, ce loft ? » J'hoche la tête lentement, m'attendant à qu'il me sorte que sa famille finalement n'est pas si pauvre que ça.
« Il ne m'appartient pas. Disons que je l'ai... » Mimant le geste de prendre une pomme dans un arbre de sa main, il poursuit
« ... volé. » Je penche la tête sur le côté, pas sûre de tout comprendre.
« Comment ça voler ? Le propriétaire va revenir un jour. On peut pas voler un appartement. »Le rire cristallin de Matthew tinta dans la pièce et je souris, sans vraiment comprendre pourquoi.
« Le propriétaire de ce loft est mort Sega. » Je retiens ma respiration. Comment le sait-il ? Comment a-t-il eu les clefs ? C'est pas un peu glauque d'habiter chez des gens morts ? Caressant lentement ma mâchoire, il continua de sourire comme si j'étais un enfant de deux ans auxquels il fallait tout expliquer.
« Je l'ai tué Sega. C'est celui qui t'avais frappé la semaine dernière parce que tu n'avais pas voulu l'embrasser. C'était un mutant, un dégénéré, un monstre. Je ferais tout pour te protéger Sega. » Relevant faiblement la tête, je m'écartais du bar sur lequel j'avais visiblement dormi. Massant mes tempes, je jetais un coup d'oeil sur la blonde affalée sur le sol, une bouteille de vodka à ses pieds. Croisant son regard, je pus remarquer qu'elle me fixait et j'inspirai profondément. Merde, elle me regarde depuis combien temps cte conne ?
« T'as pas du dentifrice ? » Haussant les sourcils à ma remarque, elle me servit un sourire colgate avant de regarder avec une moue boudeuse à la bouteille vide qui gisait près d'elle. Quand elle se rendit compte que continuer à fixer le récipient d'alcool ne le remplirait pas par magie, elle reporta son attention sur moi.
« Tu supportes bien l'alcool la nouvelle. » Je lui répondis par mon plus beau sourire ironique avant d'essayer de me lever, histoire d'éviter de devoir lancer une conversation avec le cadavre blond puant. Tentant de mettre un pied devant l'autre, je fus vite rappeler à la raison quand le sol se mit à tourner autour de moi. Comme prise d'une envie de tout gerber, là, tout de suite, je me rassis sur le siège du comptoir. Entendant un rire cristallin percer à côté de moi, je me retournais - avec la lenteur nécessaire pour ne pas dégobiller - dans la direction de la blonde avec des envies de meurtre. Non seulement j'ai envie de me barrer de cet sorte d'appartement-loft-bar, mais j'ai aussi envie de décuver dans un coin de mon appartement, seule. Sans personne. Surtout sans elle.
Apparemment, la blonde a l'habitude de se beurrer la gueule car quand je me suis enfin retourner, elle est debout et presque, oui j'ai bien dit presque, fraîche. Passant devant moi, elle franchit l'ouverture du mini-bar pour se retrouver en face, les coudes posés sur le comptoir poisseux. Tout sourire, elle ouvrit le frigo situé à sa droite pour en ressortir du jus de tomate et un reste de vodka. Essuyant deux verres avec le revers de sa manche, elle y versa ensuite le mélange dans chacun des verres. Je fus tenter de lui rappeler qu'un bloody mary était censé être pimenté aussi mais me ravisa. De un, je n'avais pas envie de parler à cette poupée barbie à moitié démaquillée et de deux, j'avais l'impression qu'elle allait me le proposer et je n'étais pas d'état à boire quelque chose d'épicée. Poussant le verre dans ma direction, elle reprit :
« Faut combattre le mal par le mal chérie. » Prenant le verre du bout des doigts, je jetais un dernier coup d'oeil dans sa direction. Après tout, si elle a l'air aussi fraîche que ça, elle a peut-être raison. Vidant le verre cul sec, j'affichais un sourire de satisfaction avant de tousser violemment.
La poupée blonde haussa le sourcil avec un air qui disait explicitement : tu vas quand même pas gerber maintenant, si ? Prenant une grande inspiration, je réussis à me calmer pendant que l'autre finissait à son tour son verre. M'attrapant le bras sans que je m'y attende, elle fit porter mon attention sur une série de nombre écrit au feutre noir sur mon bras.
« T'as réussi à avoir le numéro du seul fils de bourge de la soirée, pas mal la nouvelle. » Ce fut mon tour d'hausser un sourcil, cherchant à me souvenir à quoi il ressemblait. Ah oui, blond, l'air rebelle, fier comme un poux d'avoir ramener un joint, propre sur lui. Et puis ses yeux, il y avait quelque chose de sombre et de dominateur dans ses yeux, jamais je ne pourrais l'oublier. A part ça, il était loin d'être magnifique, mais bon, il a de l'argent, non ?
« Mmmm. » T'es une bonnasse Sega, et tu vas te faire un max de flouz. Il suffira de remuer son petit cul et je serais putain de riche.
Remuant la main devant mes yeux, la blondasse tenta de me ramener sur Terre et je l'aurai tuer sur place si j'avais des flingues à la place des yeux. Laisse moi rêver pétasse.
« Au faite, moi c'est Pénélope. Et toi ? » Pénélope ? Ça fait fille bcbg à moité Française, c'est ridicule, et ça fait pète-sec. Je l'aurais plutôt appeler Candy, ou juste connasse. Et puis, j'en ai rien à foutre de savoir comment elle s'appelle au juste.
« Sega. » Elle eut un léger rictus.
« Ça fait pute dans un bar à strip tease Sega. » Plongeant mon regard dans le sien, je lui souris de toute mes dents.
« Sega. » Lentement, il me caresse le dos et je sens son regard brûlant sur moi. Silencieuse, je fais semblant d'être endormie et profite du doux toucher de la soie. Il n'y a pas à dire, si l'argent ne fait pas le bonheur, elle l'aide grandement. Cet homme est un cadeau du ciel, il tombe amoureux de moi et je n'ai qu'à battre des cils et lui offrir mon corps pour être couverte d'or et d'argent. Bien sûr, je sais qu'il ne m'aime pas pour ma personnalité et pour tout vous dire, ça m'est égal, en attendant, je profite pleinement de sa carte de crédit noire à débit illimité. Je ne connais pas grand chose de lui mais son porte-monnaie me suffit. Après tout, que demander de plus ? Sa main s'arrête au niveau de mes lombaires avant de remonter doucement le long de ma colonne vertébrale en traçant des spirales.
Tel un chat, je m'étire et sourit. Sa main s'écarte de mon dos et je me retourne, plongeant son regard dans le mien. Il prend un air autoritaire et me regarde intensément.
« Je t'ai réveillé ? » « Oui, mais ce n'est pas grave. » Lentement il me juge, dévorant du regard mon corps et je me retiens d'hausser un sourcil; après tout, il ne m'aime que pour mon corps mais moi je ne couche avec lui que pour son argent, non ? Prenant une grande inspiration, je lui lance un regard provocateur.
« Arrête de m'allumer, il faut qu'on parle. » Mon visage me décompose, et merde. La phrase qu'il ne faut pas entendre. Qu'est-ce qu'il va me sortir le con ? Qu'il a trouvé une bcbg riche jusqu'au cou comme lui et qu'il va l'épousé. Je vais la retrouver et lui péter sa gueule, on touche pas à mon fric, ok ?
« Je veux te présenter à mes parents et... » Je respire de nouveau - même si cette nouvelle ne rend pas heureuse, ses parents vont se rendre compte que je ne suis qu'une croqueuse de diamant - et il est interrompu par la sonnerie de mon téléphone. Je me retourne pour attraper mon téléphone pour regarder qui ose me déranger. Pénélope. Cette salope de blondasse, elle a le chic. De toute façon elle est jalouse comme un poux que j'arrive à le garder autant mon porte-monnaie. D'ailleurs, en parlant de lui, il m'enjambe et attrape mon mobile et refuse l'appel.
« Tu l'appelleras plus tard. Pour l'instant, je parle. Donc je voudrais aussi... faire un plan à trois. » Tentant de digérer ça, je lui sortis mon plus beau sourire et son visage s'éclaira comme un garçon de 8 ans à Noël. Et merde, maintenant il croit que j'attends ça avec impatience. Je sais pas ce qui est pire, le faite qu'il veule me présenter à ses parents ou le plan à trois.
Prudemment, j'enchaîne.
« Avec qui ? » Il se rapproche de moi et replace une mèche de cheveux derrière mon oreille. Tout sourire il caresse l'angle de ma mâchoire.
« Ça va te plaire. Avec Pénélope, elle a déjà accepté. » Je ravale ma salive. Et merde, j'ai intérêt à vite lui plumer le plus de fric possible avant que ses parents me découvrent.
Je repousse les miettes sur la table avant de jeter un regard vers Pénélope. Elle est tout sourire et regarde avec intensité le cul du serveur. Je me demande vraiment comment j'ai fait pour n'avoir à la fin que pour seule amie une blondasse alcoolique et vénale. Je me racle la gorge et elle reporte son attention sur moi avant de rire faux. Je hausse un sourcil, je ne comprend toujours pas pourquoi j'arrive encore à la regarder alors qu'il y a 6 mois, on s'était retrouver les deux dans un plan à trois. C'est étrange comme le sexe pour moi et quelque chose d'autre à ma vie. Je suis sûre qu'un psy se ferait plaisir de sucer en moi toute argent pour le savoir. Avec un sourire coupable, elle enlève enfin ses gants en cuir. Je fais un petit rictus amusé. Après tout, il n'y a qu'elle pour mettre des gants en cuir en plein été. Claquant des doigts, elle appelle un serveur.
« Quelque chose de fort pour moi et mon amie. » Le serveur fait demi-tour et s'éloigne. Observant à mon tour à la dérobée ses fesses, je ne pus m'empêcher de reprendre Péné :
« La politesse aurait été de dire pour mon amie et moi » Elle roula des yeux d'un air de dire : On s'en fout.
Pendant que le serveur arrivait avec nos boissons, elle me présenta ses mains et je vis avec horreur une bague de fiancialle à sa main. Et merde. La salope. En plus, elle est grosse. Je regardais furtivement mon verre, me demandant s'il fallait que je le vide tout de suite ou que j'attende la suite. Et puis merde, je bus le liquide d'une traite, me brûlant la gorge au passage. Ah voilà, c'est mieux. Maintenant la suite. Me tournant vers le serveur, je lui fis signe pour une deuxième tournée, après tout, vu la taille de sa bague, Pénélope pourra sûrement payer l'addition.
« Qui est celui qui arrive à te supporter ? » Gênée, elle prit son verre et l'engloutit à son tour. Je haussais un sourcil, Péné, gênée ? Ce n'était pas vraiment commun. Pénélope prit une grande inspiration et joua avec sa bague. Relevant sa tête, elle croisa furtivement mon regard.
« Ecoute, au début, je me sentais gênée de te le dire. Mais depuis que je t'ai vu avec le gars au bar la semaine dernière, tu sais la façon dont il t'a regardé quant tu flirtais avec le barman et quand il t'a ramené. Ça m'a rassuré. En faite, tu sais, je vais me marier avec ton porte-monnaie. »Choquée par la nouvelle, je fais un mouvement vers l'arrière. Et merde, elle allait se marier avec lui ? Depuis combien de temps ça dur ? La salope. Ça a toujours été une salope de toute façon. Il m'appartient, c'était ma façon a moi d'obtenir ce que je veux. C'était mon argent. Merde.
Une petite voix me souffle que je ne l'aimais pas, que ce n'était pas grave. Mais je peux m'empêcher de bouillonner. Lentement, Pénélope pose sa main sur la mienne et cherche mon regard du sien. Elle a peur. Elle est désolée. Et si... ? Et si elle l'aimait ? Et si Pénélope, la blonde, la pétasse avait trouvé dans mon porte-monnaie quelque chose qui la rendait complète ? J'expire de l'air bruyamment et sa main presse la mienne.
« Je suis désolée. Vraiment. Mais tu sais, j'ai comme l'impression qu'avec lui l'argent ne compte plus. » Merci salope de me faire passer pour encore plus vénale que je le suis et ainsi passer pour la sainte de l'histoire.
« Mais... et l'autre ? » J'étais tellement absorbé par le faite qu'elle m'avait piquée ma source de revenue que j'en avais oublié l'allusion à la certaine personne qui m'avait fait un savon et m'avait fait sortir du bar.
« C'est... C'est... » C'est Niall.
Il faisait si sombre dans le ciel qu'on s'étonnait encore qu'il ne pleuve toujours pas. Plissant ma jupe droite noire d'une main et jette un coup d’œil aux nuages menaçant. Pour une fois, le temps s'accordait à mon humeur. Le cœur gros, j'avançais péniblement, suivant la foule qui déambulait dans le cimetière. Un mètre devant, Niall, effondré. Aux yeux de tous, ce n'était qu'une sorte de beau-fils chagriné mais je voyais en lui l'amant. Il souffrait et chaque pas pour lui devait être comme une épine qui s'enfonçait dans son cœur. Les larmes bordants mes yeux, je ne savais plus pourquoi j'étais triste : la réalité de la vie qui me fouettait soudainement ou la peine de Niall. Allongeant la foulée, je me retrouvais à ses côtés et prit ma main dans la sienne. En temps normal, j'aurais essuyer la goutte d'eau qui perlait paresseusement sur mon visage mais aujourd'hui, je lui laissais libre cours.
Alors que le cercueil s'abaissait au niveau du sol, une foule d'image d'Hans se superposait dans ma tête. Ce sourire sincère quand je suis arrivée dans leur maison, sa façon plutôt naïve d'essayer de m'expliquer les mathématiques, quand il me tenait la main pour aller à l'école, son rire étouffé lorsque je le prenais sans raison dans mes bras. Une autre larme s'abattit sur le sol. Cet homme extraordinaire, il m'avait élevé, il m'avait soutenu. Pressant un peu plus fort la main de Niall, je me retins de ne pas m’effondrer sur le sol.
Quand le dernier amas de terre recouvrit son cercueil, je sentis mes jambes trembler et me rattrapa en prenant Niall dans mes bras.
« Oh papa ! »