mikael & robyn

Des bananes, qui a envie de bananes en plein milieu de l'après-midi, sérieusement ?! Et puis en plus un jour férié, quelle idée complètement idiote. Elle aurait pu aller se les chercher elle-même, je suis pas sa bonniche. Depuis que Leah était en période d'examens elle ne sortait pratiquement plus de la maison, ni même de sa chambre d'ailleurs, ne serait-ce que pour manger, elle descendait une demi-heure pour se faire un sandwich aux concombres et aux noix puis remontait pour remettre le nez dans ses bouquins. L'ambiance était donc plutôt monotone ces derniers jours, c'était probablement la raison qui m'a finalement décidée à sortir pour aller acheter des bananes à ma végétalienne de sœur, il fallait que je m'occupe de n'importe quelque manière que ce soit, tourner en rond comme un lion en cage cela ne me ressemblait pas. Je me retrouvais donc sur le pas de la porte prête à investir le marché pour trouver les bananes parfaites. Gipsy ! Vient là mon beau. Il était évidemment hors de question que sorte sans mon fidèle compagnon à quatre pattes, il m'accompagnait partout où j'allais, je me souviens même que lorsque je l'ai eu il était tellement petit que je l'avais emmené avec moi au travail en le cachant dans un sac de sport, ce qui avait été une très mauvaise idée mais lorsque je l'ai compris il était trop tard, j'étais déjà dans la rue, le carton contenant mes affaires dans les bras, enfin de toute façon je haïssait le journal pour lequel je bossais à cette époque-là. Depuis cette période, cinq ans s'étaient écoulés et Gipsy et moi étions toujours inséparable, un vrai duo de choc, prêts à ce moment là à remplir leur mission du jour.

Le ciel était gris mais il faisait doux, il était agréable de marcher dans les rues de Radcliff par un temps comme celui-ci, les gens ne sortaient pas de chez eux, guettant la pluie qui n'arriverait sans doute pas, les rues étaient donc plutôt calme ce qui me rendais plus heureuse encore de sortir de chez moi. Nous étions à mi-parcours lorsque Gipsy se mit à grogner derrière moi, le temps que je me retourne, il s'était enfui, j'eus tout juste le loisir d’apercevoir un chat tourner au coin de la rue qu'ils avaient tout les deux disparus. Il ne manquait plus que ça ! Elle allait m'entendre la bouffeuse de bananes ! Il me fallut trois secondes de réflexion et je me lançait à leur poursuite en criant à tue-tête le non de cet imbécile de chien qui n'en faisait qu'à sa tête. Tel maître, tel chien qu'on dit. Il fallait absolument que je le retrouve, la ville n'était sure pour personne, pas même pour un chien.

Cela faisait maintenant presque trois heures que je sillonnais les rues à la recherche de Gipsy et que je faisais choux blanc. Je pris une pause et m'assit sur un banc, j'avais un mauvais pressentiment ce qui n'était généralement pas bon signe. Ce n'était pas la première fois que Gipsy se laissait entraîner dans une course poursuite à travers les rues de Radcliff par un chat ou même un rat mais en général ces derniers étaient trop malins et il perdait leur trace rapidement, revenant bredouille et les oreilles baissées en signe d'excuses. Cette fois-ci était différente, il fallait se rendre à l'évidence, quelque chose était arrivé et comble de tout mon téléphone n'arrêtait pas de sonner toutes les deux minutes. Tesla t'es où ?! Tu les cherche où ces bananes, en Afrique ?! Tu sais celles du marché m'auraient amplement suffit. C'était Leah, avec tout ça j'avais complètement oublié que cela faisait trois heures qu'elle attendait ses bananes, mais j'avais des problèmes plus importants à régler. Désolée, j'ai perdu Gipsy, il a disparu il y a presque deux heures en .. Elle ne me laissa pas le temps de finir mon explication. Attend deux minutes, on sonne à la porte. J'entendis le bruit des pas de ma sœur sur l'escalier. C'est un mec bizarre, on dirait un clodo. Au moins elle avait eu le réflexe de regarder par la fenêtre avant d'ouvrir la fenêtre, c'était un exploit pour Leah. Ok, bah ouvre la porte mais pas le loquet, demande-lui ce qu'il veut et si tu le sens pas, crie, je suis pas loin de la maison. J'entendis le soupire de ma sœur qui traduisait sans doute sa lassitude face aux conseils que je lui donnait, elle pensait certainement être assez mûre pour ne plus en avoir besoin mais ce n'était pas mon avis. Elle posa ensuite le téléphone sur la table de l'entrée au vu du son que cela produisit puis j'entendis la porte s'ouvrir, suivi de voix que je ne pouvais entendre intelligiblement. Quelques instants plus tard, la porte se referma. Alors ? Leah avait repris le téléphone en main. C'est lui qui a Gipsy, il m'a donné son adresse pour que tu viennes le récupérer. D'abord soulagée de savoir que Gipsy allait bien, je soupirais, mais très vite de nombreuses questions me vinrent à l’esprit, comment se faisait-il que cet homme, que de toute évidence je ne connaissais pas, « avait » mon chien ? Comment avait-il fait pour savoir d'où il venait ? Et pourquoi ne l'avait-il pas ramené directement à la maison ? Robyn t'es là ? J'avais eu quelques secondes de flottements pendant lesquels l'idée d'un piège m'avait traversé l'esprit mais je ne pouvais pas laisser le doute m'empêcher de retrouver Gipsy. Je vais pas pouvoir te ramener tes bananes Leah, désolée. Tu comptes quand même pas y aller ? Je sentis une certaine appréhension dans la voix de ma sœur. Je te jure, ce mec était pas net ! Commencerait-elle à devenir enfin méfiante à l'égard des autres ? C'était une bonne nouvelle, mes enseignements portaient enfin leurs fruits. J'ai pas le choix faut que je retrouve Gipsy, t'inquiète je fais attention, je t'appelle quand j'ai des nouvelles, envoi-moi l'adresse par texto. Bye. Et sur ce je raccrochais sans même lui laissait le temps de répliquer quoi que ce soit, j'imaginais sa réaction et me mis à sourire en pensant que généralement ce genre de situation se faisait plutôt dans le sens inverse.

Leah s'était finalement décidé à m'envoyer l'adresse, je n'étais moi-même pas vraiment rassurée par toute cette histoire, cette vile regorgeait de hunters prêts à tout pour nous avoir et il n'était pas impossible que je m’apprêtais à me jeter dans la gueule du loup. J'avais suivi le GPS de mon téléphone jusqu'à l'adresse indiquée, ce n'était pas très loin, j'avais dut marcher à peine une quinzaine de minutes. Mon inquiétude se vit accroître lorsque je levais les yeux et me retrouvais devant une maison à moitié délabrée digne des histoires de fantômes que je racontais à Leah pour lui faire peur lorsque nous étions enfants. Je revérifiais l'adresse, c'était bien ici, un frisson me parcouru l'échine, cette maison faisait froid dans le dos mais il était hors de question que je me laisse démonter par si peu. D'un doigt je poussais le portillon devant la maison, je n'eus pas besoin de forcer, il s'ouvrit dans un grincement lugubre pour me laisser avancer le long du chemin de terre menant à la porte d'entrée. Cette situation était de plus en plus étrange et ressemblait de plus en plus à un traquenard mais je devais en avoir le cœur net. Prenant mon courage à deux mains, j'appuyais mon doigts sur la sonnette crasseuse et attendit patiemment mais non sans angoisse que l'homme qui détenait Gipsy vienne m'ouvrir.

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