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 Don't flee me again. Salom&Matt

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MessageSujet: Don't flee me again. Salom&Matt   Don't flee me again. Salom&Matt Icon_minitimeLun 16 Juin 2014 - 18:55



Don't flee me again.

Le manoir des Callahan était de loin, à ses yeux, la plus belle bâtisse de Radcliff. Ces lieux à l'odeur particulière renfermaient beaucoup de souvenirs pour le garçon. Mais, il n'était pas du genre à s'attarder sur ce genre d'idées, il laissa glisser ses yeux sur la devanture de cette maison où il avait vécu quelques temps, puis, il s'avança dans l'allée et alla frapper à l'imposante porte de l'habitacle. Il savait que l'autre n'était pas là, d'ailleurs, il s'arrangeait souvent pour venir les heures où elle était absente. Son père l'avait certainement compris. La porte fut ouverte par une ombre qui le salua d'un bref coup de tête. Les visites de Matthias se faisaient de plus en plus régulières, comme s'il y cherchait à revenir à l'endroit qui était le plus sécuritaire pour lui, comme s'il était effrayé par quelque chose. Ce n'était pas le cas, il cherchait la présence de quelqu'un, pas que ça lui manquait particulièrement d’avoir Salomé à ses côtés, c'est juste que son absence l'inquiétait. Dans son rôle de frère, il cherchait à la maintenir sur un chemin sain et l'avoir vu emprunter – même un cours instant - une route tortueuse de folie ne le rassurait pas quant à l'avenir de sa cadette. Une nouvelle fois son père était seul dans le grand manoir. Il ne resterait donc, pas longtemps. Il parcourut le long couloir qui menait au séjour. Sur les murs trônaient quelques armes fétiches de la famille. Les Callahan ne cherchaient pas à dissimuler leurs activités de chasseurs, ils l'assumaient d'ailleurs avec fierté.

Sur la table du séjour étaient déjà disposés deux verres remplis d'un liquide rougeâtre. Matthias avait toujours été impressionné par la rapidité de son père, lui-même ne lui arrivait pas à la cheville. Il s'installa sur un fauteuil à la couleur aubergine. Son père arriva quelques temps après.

- Des nouvelles ? Il n'était pas vraiment du genre à commencer une conversation, mais, son père ne fut pas surpris par cette prise de parole rapide. Il savait que son fils venait pour une raison précise. Ce n'était pas de Noeh dont ils allaient s'entretenir pendant quelques instants. Pourtant, le sujet, le méritait bien plus qu'ils ne semblaient lui accorder d'importance. Les pupilles bleues de Matthias balayèrent les photos disposées sur la commode non loin. Il n'accorda guère d'importante aux sourires de l'autre aussi stupides qu'elle l'était. Il chercha ceux des jumeaux et s'arrêta le temps de brefs secondes sur leurs visages. Il y avait peu de photos de lui, il n'affectionnait pas non plus ce genre d'effusion de bonheur, le jour où il devrait sourire devant un objectif ce serait quand il brandirait la tête du tueur de sa mère ou que les mutants auraient été complètement éradiqué de la surface de la terre. Seulement quelques clichés avaient réussi à capter les traits de son visage, il ne savait pas qui de Salomé ou de son père avait bataillé pour que quelques photos de lui soient disposées sur cette commode. Il n'était pas vraiment enchanté que la femme est fléchie face à leurs demandes mais, cela marquait son appartenance à cette illustre famille et par ce biais l’autre ne pourrait jamais l’oublier.

- Non, pas vraiment plus depuis l'accident. L'aîné des Callahan hocha la tête en s'affaissant un peu plus dans le dossier de son fauteuil. Il porta le liquide à ses lèvres et en but une gorgée. Il revoyait encore l'image de Salomé penchée sur le corps non reconnaissable du dégénéré responsable de l'état de son frère. Une autre gorgée glissa le long de son gosier. Le sang qui salissait l'herbe et les effusions de sang qui tachaient en grandes giclures les roches alentour et qui témoignaient de la violence de l'acte. La chair éventrée, les yeux grands ouverts de cet abominé. Puis, le visage de sa sœur. La fin du ballon tomba dans son gosier, piquant un peu sa gorge. Il revoyait encore le regard de Salomé presque dément, accrocher le sien plus loin, il détaillait encore les traits de son visage déformés dans une grimace de haine dévastatrice. Cette violence miroir qu'elle lui avait offert, il ne l'oublierait jamais. Ce n'était pas ce qu'il voulait pour elle.

Des crissements de pneus vinrent balayer les graviers dans l'allée. Il posa son verre rapidement sur la table en bois bien travaillé et remit sa veste qu'il avait quittée plus tôt. La rapidité de cette action avait fait tanguer le porte manteau que son père s'empressa de retenir. Le patriarche ne dirait rien, Matthias faisait exprès d'arriver quelques minutes avant que l'autre rentre pour ne pas rester trop longtemps. Il posa une main lourde sur l'épaule de son père en guise d'au revoir. Il sortit d'un pas rapide de la maison, ignorant au passage la femme qui rentrait chez elle. Pas un regard, pas un mot, pas une seule considération.

Il allait chercher Salomé. Selon lui, trop de temps avait filé pour qu’il ne cherche pas aujourd’hui à la coincer. Il fallait qu’il cherche à la ramener sur la bonne voie, ne surtout plus la laisser sombrer. Le Callahan était assez doué pour savoir les chemins qu’elle empruntait, il avait déjà pensé à comment la guider vers lui. Il avait attendu la fin du service de sa sœur, comme un invisible, comme une brise qui la suivait, il allait la conduire vers le lieu où il voulait la voir aller. Elle quitta le bar à l’heure prévue, comme chaque soir, dans la poche du garçon trônaient quelques-unes de ses trouvailles chimiques, elle ne pourrait que reconnaître sa patte, et il ne lui laisserait pas le choix de prendre un autre chemin.

Il attendit dans un premier temps qu’elle franchisse un premier bosquet puis il lança sa première sphère. Une fumée s’échappa de celle-ci quand elle se brisa sur le sol. Ils s’étaient déjà entraînés de cette manière, il brouillait ses sens et coupait son oxygène avec cette fumée opaque pour voir jusqu’ où elle pourrait se défendre et tenir. Il lui laissa le temps de comprendre la chose et il recommença comme il avait pu le faire jadis pour sa formation.  Brouillant le reste du chemin, elle ne pouvait que s’enfuir vers l’air qu’il lui laissait pour respirer. Un petit sourire sur les lèvres il la devançait dans sa course, suivant le couloir d’air qu’il lui laissait, en trichant un peu cependant, il avait emprunté un masque au laboratoire. Elle n’avait rien perdu de ses entraînements, de toute manière comment pouvait-il en être autrement ? Il prêtait attention au rythme de sa respiration, pour aujourd’hui il avait édulcoré sa formule, de toute manière ça ne pouvait pas agresser sa gorge comme ça avait pu le faire durant ses précédents entraînements, mais, c’était mieux qu’elle pense que soit toujours le cas.

Il finit par la devancer, lâchant sur son passage ses dernières bombes de fumée et alla se poster à côté de la clairière. Ici, ils s’étaient entraînés ensemble, il avait d’ailleurs compris dans ce lieu qu’elle était plus maligne qu’elle ne le paraissait et que ce serait un atout non négligeable pour les traques qu’ils mèneraient. Mais, ici elle avait aussi tué pour la première fois, tel un des dix commandements le lac était devenue rouge, rouge du sang du mutant qu’elle avait abattu. L’expression fière, il attendait qu’elle daigne sortir de son piège, ce fut bien sûr le cas, un demi-sourire sur les lèvres il l’observait reprendre son souffle, en silence. Elle lui devait des explications, c’était donc à elle de commencer à parler.

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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: Don't flee me again. Salom&Matt   Don't flee me again. Salom&Matt Icon_minitimeDim 29 Juin 2014 - 17:46

Don't flee me again.
Matthias & Salomé




Les journées défilaient, déprimantes de similitude. Emprisonnée dans une routine au sein de laquelle elle avait fini par se complaire, tentant d'oublier par ses rituels quotidiens ce qu'elle avait pu être auparavant. Enfermée entre quatre murs la majorité du temps, dans la silence pesant de son appartement, ne prenant même plus la peine d'y allumer la lumière. Les rayons grésillants du réverbère de l'autre côté de la rue éclairaient par intermittence la tapisserie fade qui se décollait dans les coins, à laquelle Salomé ne prêtait plus attention, trop absorbée par le fond de son verre la majorité du temps. Entretenant le désordre des lieux sans n'en ressentir aucune honte, fumant cigarette sur cigarette tandis que les cadavres de bouteilles s'accumulaient dans un coin. Et puis, l'heure de s'en aller travailler arrivait. Les horaires imposés par le bar continuaient de rythmer un tant soi peu ses jours creux, et la brune parvenait encore à s'y tenir malgré son hygiène de vie qui laissait à désirer depuis quelques temps. Sans quoi, elle se serait certainement laissée décrépir chez elle, sans même chercher à s'apprêter comme elle le faisait depuis toujours. C'était quelque chose qui lui avait toujours été cher, bien qu'elle n'était certainement pas de ces minettes qui se contemplaient des heures devant un miroir. Elle aimait simplement se sentir belle. Et bien que cela soit de loin la dernière de ses préoccupations actuelles, elle ne pouvait se permettre de se rendre au travail en renvoyant l'apparence d'une loque. Premièrement, le patron aurait certainement reconsidéré son poste pour la rétrograder à un rang ne nécessitant pas d'apparition publique, trop pointilleux quant à l'apparence de ses serveuses. Deuxièmement, ses collègues se seraient rapidement posé des questions. La moitié d'entre eux avaient déjà remarqué que quelque chose ne tournait pas rond, lorsqu'elle quittait la salle précipitamment, fuyant les pensées des clients. Elle ne tenait pas à leur donner plus de raisons d'entretenir des rumeurs.

Refermant machinalement le casier dans lequel elle venait de déposer ses affaires, la jeune femme enfila sa veste au dessus de son T-shirt noir, et retira l'élastique qui retenait ses cheveux en queue de cheval. Ses boucles brunes cascadèrent sur ses épaules, tandis qu'elle réprimait un bâillement. Adressant un bref signe de main à Catherine qui reprenait le service suivant, la brune passa les portes vitrées et inspira profondément pour se gorger d'air frais. La chaleur de la journée avait petit à petit laissé place à la douceur de la nuit qui approchait. Les rues étaient désertes. Très bien. Un moment de paix. C'était tellement rare, qu'elle... A quelques pas d'elle, un objet vitreux explosa en un millier d'éclats de verre. Son coeur manqua un battement, tandis que ses jambes poursuivaient leur tranquille cheminement. Elle tourna très légèrement la tête, conservant une allure décontractée, bien que tous ses sens aient été alerté en l'espace d'une seconde. L'oreille tendue, ses réflexes revenant plus rapidement qu'elle ne l'aurait imaginé. Cela ne faisait pourtant pas si longtemps qu'elle avait mené sa dernière chasse, et pourtant tout lui avait semblé durer une éternité depuis lors. Une ombre noire attira son attention, se dessinant lentement à l’extrémité de son champ de vision. Dans une impulsion, la fille Callahan se retourna brusquement, mais lorsqu'elle comprit, il était déjà trop tard. Elle eut à peine le temps d'inspirer profondément pour entrer en apnée, que déjà la fumée l'enveloppait. Elle ne prit même pas la peine de plisser les yeux pour tenter de discerner quoi que ce soit dans l'obscurité. Sa vue ne s'y accommoderait pas. Salomé le savait pertinemment, et elle ne perdrait pas son temps à tenter d'y voir clair. Matthias l'emprisonnait dans ses ténèbres. Son souffle se faisait court, mais elle luttait pour calmer sa respiration, pour ne pas se retrouver à lâcher des inspirations sifflantes, témoignant de son asphyxie. Elle ne lui donnerait pas ce plaisir. Là où elle avait pu ressentir de la peur, lors de leurs entraînements passés, à cet instant précis il s'agissait bien de colère. Colère qui animait tout son être, dépassant ses limites à mesure qu'elle progressait, luttant tant bien que mal contre l'emprise de son frère. La panique viendrait plus tard, inéluctablement.

Tout lui revenait, tout ce qu'elle avait naïvement cru oublier au cours des dernières semaines. L'adrénaline qui venait bander ses muscles, tandis qu'elle s'élançait à travers la pénombre du génie diabolique de Matthias. Le sang qui martelait ses tempes, sa gorge nouée par le gaz, craignant chaque nouvelle oxygénation. Ses poumons brûlant dans sa cage thoracique, ses yeux secs et ses oreilles rendues sourdes. Mais quelque chose était différent. Auparavant, elle ne lui en avait jamais voulu. Elle avait accepté chaque nouvelle épreuve, buvant ses paroles comme celles d'un messie, se surpassant pour l'impressionner, pour exceller à son image. Désormais, plus de jeu. Plus de preuves à faire. Son instinct de survie lui dictait chaque nouveau pas. Le danger n'avait jamais été aussi proche. Et elle lui en voulait. Et elle s'en voulait. Et la marionnette valsait entre les arbres, foulant les traces de pas déjà dessinées sous les ficelles de son marionnettiste. Lorsque enfin, l'air s'allégea, et l'odeur de la végétation vint lui chatouiller les narines. La fumée se dissipa à la manière d'un brouillard épais, et Salomé écarta ces dernières volutes d'un geste du bras, excédée. Son regard vert tomba immédiatement sur son aîné, un éclat de colère venant étinceler au sein de ses prunelles. La brune le contempla longuement, détaillant les traits de son visage. Sous la lumière blafarde de la lune désormais bien installée dans le ciel nocturne, la cicatrice de Matthias semblait étirer son sourire de manière indécente sur sa joue, et elle arrêta un instant son regard sur celle ci. Elle s'était de nombreuses fois imaginé qu'il débarquait chez elle, pour avoir des explications qu'elle n'aurait su lui donner. Ou bien que de fil en aiguille, extrapolant ceci ou cela, Matthias finissait par douter de sa soeur. Salomé n'avait jamais sous estimé son frère. Elle savait pertinemment de quelle violence il pouvait faire preuve, de quel tempérament il disposait. Oui, Salomé était bien consciente des réactions que Matthias pouvait avoir envers les dégénérés. La part d'ombre concernait les réactions qu'il pourrait avoir envers sa famille. Envers elle. Un frisson lui glaça l'échine, tandis qu'elle restait parfaitement immobile. Toutes les informations s'entrechoquaient dans son esprit. Le décor, tout d'abord, qui à son tour lui rappelait toute une multitude de souvenirs. Le silence de Matthias, attendant patiemment qu'elle se décide à engager la conversation. Sa silhouette qu'elle avait rapidement parcouru des yeux, cherchant une quelconque arme dans son équipement. Et puis, son visage à elle. Elle s'estimait heureuse d'avoir arboré cet air renfrogné à son arrivée. Si la jeune femme s'était retrouvée face à lui en étant parée de son plus bel air terrorisé, elle n'aurait eu aucune chance. Salomé n'était pas le genre de femme à laisser apparaître ses émotions, en temps normal. Elle n'avait d'ailleurs été que rarement terrorisée au cours de sa vie, à proprement parler, mis à part lors de la chute de Noeh. Ce n'était pas le moment de dévoiler la peur qui la rongeait depuis sa dernière chasse. Si elle s'était évertuée à laisser croire que son éloignement reposait sur un traumatisme lié à son jumeau, ce n'était pas le moment de tout gâcher.

« Bonsoir, Matthias. » La brune s'avança lentement, tout en vagabondant entre les arbres. Leur ombre dansait devant son visage, camouflant sa véritable expression. De temps à autre, elle reportait son attention sur lui, très brièvement. Elle ne voulait pas qu'il sente que son regard avait changé. Puis, Salomé se laissa aller à pénétrer entièrement dans la clairière, baignée sous la lueur de l'astre plein qui régnait dans la pénombre. La chasseuse s'approcha du lac, s'accroupissant devant l'eau rendue opaque par la nuit, et y trempant négligemment le bout de ses doigts, se remémorant sa toute première chasse ici-même. « Utiliser tant de sphères pour moi, vraiment, tu m'en vois flattée. » Sous entendu, suis-je devenue si difficile à dompter, Matthias ? Elle reporta un regard impénétrable sur son frère, cherchant à le sonder comme elle le faisait avec quiconque l'approchait de trop près. Hormis lors de leurs fortes altercations, Salomé ne s'était jamais risquée à le fixer de la sorte. Elle savait à quel point cela pouvait se révéler dérangeant pour les autres, et n'avait jamais imaginé quelle réaction son aîné aurait si elle se le permettait avec lui. Mais ce soir, elle devait se montrer forte. Même si son ventre s'était noué depuis qu'elle avait comprit qu'il la traquait à sa manière. Elle devait la jouer fine. Même si l'effusion d'émotions qui la malmenait intérieurement déliait sa langue de manière impertinente. « J'imagine que tu ne m'as pas sorti le grand jeu pour rien. Je vais très bien, merci de t'en inquiéter. » Elle tenta in extremis de réprimer ses intonations ironiques. Il venait la cueillir à la sortie du travail, la manipulait comme il savait si bien le faire, et tout cela était très certainement motivé par l'inquiétude qu'il pouvait plus ou moins éprouver à son égard. La logique Callahan. Un bref sourire nerveux lui échappa. La brune se redressa. « J'ai juste besoin d'être seule. Je ne m'attendais pas à ce que que Papa me laisse tranquille, mais j'imaginais que toi, tu comprendrais. » Elle était bien consciente d'être en train de lui exposer des banalités. Simplement, bien que la crainte ait été l'un des principaux facteurs de son éloignement, il y avait aussi le fait qu'elle ne voulait pas leur mentir. Mais Salomé sentait l'étau se resserrer autour d'elle. Bientôt, elle se devrait d'emprunter ce chemin si elle ne voulait pas se mettre en danger.

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MessageSujet: Re: Don't flee me again. Salom&Matt   Don't flee me again. Salom&Matt Icon_minitimeSam 5 Juil 2014 - 14:17



Don't flee me again.

Quand enfin la fumée se dissipa il discerna clairement la colère sur les traits de sa soeur. Il fallait qu'ils aient une discussion. Les yeux noisettes de Salomé se plantèrent durement dans les siens myosotis. Sérieusement ? C'était elle qui était en colère ? Il n'avait jamais fait preuve d'exemplarité dans son rôle de grand frère envers les deux jumeaux et il n'en ferait certainement jamais preuve. Mais, là, la voir glisser sur un sentier sur tortueux, puis, disparaître dans le brouillard du silence avait éveillé en lui un sentiment étrange mais légitime de protection. Il avait certainement du mal à montrer sa crainte, il était maladroit dans ses relations sociales mais, il n'acceptait pas son petit manège. Il retroussa les lèvres quand il la vit s'accroupir près de l'étendue d'eau de la clairière, balayant l'eau du bout des doigts. Il finit par dissiper son silence par :

« Bonsoir Salomé » Il se redressa dans toute sa longueur et fit un pas en avant, c'était une menace silencieuse, ça devenait une affaire sérieuse. Le comportement de la jeune femme était étrange, il mit ça rapidement sur le compte d'un éventuel traumatisme dû à la chute de Noeh. Ce n'avait pas été simple pour tout le monde visiblement, peut-être un peu plus pour lui qui avait toujours gardé ses distances avec les sentiments. Après y avoir réfléchie plusieurs nuits durant il avait déduit qu'elle s'en voulait de quelque chose, peut-être, de ne pas avoir su détecter la détresse planquée de Noeh avant que celle-ci ne décide de le faire sombrer.

Il ne savait pas trop si c'était son rôle de la faire avouer ou même de s'en soucier, tout ce qu'il voulait c'est qu'elle le conforte dans son idée. Rien de plus, rien de moins.

Il encaissa son sous-entendu avec un haussement de sourcil. Salomé et son caractère tranchant qui avait déjà battue sa lame contre la sienne un nombre incalculable de fois. "Il fallait que je te guides, tu files comme le vent, je ne voulais pas que tu t'écrases dans une mauvaise direction." Un soupire las vint ponctuer cette phrase. La lune éclairait faiblement le visage de Salomé ainsi que la lueur insistante de ses pupilles qui ne voulaient se déranger à leur contemplation de sa personne. Impertinente jeune fille. Elle l'avait toujours été finalement, trop nerveuse, mais très méthodique, trop réfléchie. Il connaissait les qualités et les défauts de sa sœur sur le bout des doigts. Là, elle utilisait un de ses atouts contre lui. Le but de sa manœuvre lui échappait, mais il n'aimait pas trop qu'on le fixe de la sorte. Il savait que c'était sa cicatrice la pièce maîtresse de ses caractéristiques faciales, cela ne le dérangeait pas qu'on s'attarde quelques temps dessus, mais trop, c'était trop.

Il ne répondit pas à sa deuxième attaque, déjà fatigué par la situation. Il attendrait qu'elle se calme et si ce moment ne venait pas, il le ferait lui-même. Il ne balancerait sa cinglante autorité aussi tôt. Il lui avait presque tout appris, peut-être avec trop de hargne. La violence dont il faisait preuve n'avait pas pu échapper à la jeune femme, l'avait-elle bu en retour pour la vomir quelques temps après ? Toute personne saine d'esprit s'en serait voulu, pas lui, c'était l'affaire de sa soeur et un peu la sienne. Ce voir en miroir n'était pas une chose aisée à contempler, ça aurait été une autre personne il aurait certainement trouvé le spectacle beau. Mais dans sa vision de frère c'était une horreur.

- Il y a un problème, finit-il par trancher le dos finalement tourné au corps recroquevillé de sa soeur. Il leva ses yeux vers la lune et attrapa une lame pendue à sa ceinture. Matthias était toujours armé, une traque pouvait se déclencher à n'importe quel instant et il fallait toujours se montrer prêt selon lui, pour rendre justice à une terre souillée d'hommes malades.

L'éclat du couteau brilla sous les rayons lunaires, la lame tranchait l'air selon les lancements de son propriétaire, il s'amusait à la lancer en l'air, comme pour se vider l'esprit. Il avait décidé de rompre le contact visuel instauré par sa sœur dans un simple souci de contradiction.

- Et le problème, justement c'est que je ne comprends pas. Il laissa tomber la lame qui se planta dans la terre humidifiée par la nuit, volontairement. Puis il se tourna vers elle, posant son pied sur le pommeau de son couteau pour après le retirer tel le roi Arthur avec Excalibur. Il instaura de nouveau un contact visuel avec sa sœur. Avoir dû la traquer pour mériter une entrevue avec elle avait eu le don de l'agacer légèrement. Le fait, en plus, qu'elle se permette de jouer volontairement avec sa patience. Il ne se serait pas inquiété si elle s'était montrée plus loquace sur son état d'âme.

Puis, les sourcils froncés il s’avança férocement vers elle, intimidant dans sa démarche il contourna l’étendu d’eau pour venir récupérer une de ces sphères et glisser le verre brisé dans sa poche. Il ramassa un second bout de ce verre, cette-fois-ci plus tranchant. Puis glissa ses yeux vers elle. Il trouvait ça étrange qu’elle se soit tout de suite terrée contre ce lac, c’était une position vulnérable, après tout elle ne pouvait pas fuir, peut-être se cacher, mais quel intérêt puisqu’il savait pertinemment où la débusquer ? Elle réfléchissait comme une dégénérée, c’était cette force qui la rendait si redoutable. L’aîné des Callahan attendait une explication et il l’aurait forcément de grès de ou de force.

-  J’avais autre chose à faire que de te courir après Salomé. Dit-il en la fixant les lèvres retroussées, une pointe de reproche suspendu sur ses mots. Il n’en avait que faire de son besoin d’être seule. Il n’était pas serein, l’impression qu’elle cachait autre chose lui torturait l’esprit. Alors elle pouvait se cacher de n’importe qui, sauf des Callahan et en particulier de lui.


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MessageSujet: Re: Don't flee me again. Salom&Matt   Don't flee me again. Salom&Matt Icon_minitimeJeu 17 Juil 2014 - 22:38

Don't flee me again.
Matthias & Salomé



Dans la réponse de Matthias, Salomé perçut sa lassitude, cette sensation de fatigue qu'elle ne connaissait que trop bien. Elle devait lui faire l'effet d'un mur, à ne pas être réceptive de la sorte. S'il s'était agit de quelqu'un qu'elle n'estimait pas, elle n'en aurait eu absolument aucun remord. S'il s'était agit de quelqu'un comme Noeh, ou son père, la brune aurait eut du mal à jouer les distantes. Mais avec Matthias, elle avait la sensation de marcher sur des charbons ardents. Leur relation avait toujours été complexe, spéciale. Deux feuilles d'un même arbre portées par des brises différentes toute leur vie, destinées à se retrouver, parfois, rarement. Elle ne savait même pas s'ils s'étaient véritablement rapprochés ces dernières années. Parfois, elle en avait la nette impression, lorsqu'il l'entraînait, ou dans son regard. Quelque chose avait changé, et elle lui renvoyait très certainement la même image. Mais c'était toujours pour mieux s'éloigner l'instant d'après, ou pour se déchirer en chœur lorsque leurs opinions avaient le malheur de diverger. Comme s'ils fonctionnaient ensemble, respiraient à l'unisson, et qu'ils ne pouvaient s'entendre que lorsque leur ressemblance leur revenait en pleine gueule. Certainement la raison pour laquelle Matthias avait mit tant de temps à s'intéresser à elle, mais avait fini par le faire. Tout comme Salomé avait finalement daigné accepter qu'il soit son mentor à la suite de son père. Elle se souvenait encore du regard de son frère, dans cette même clairière, ce jour là. Lorsque Salomé avait émergé de la surface rougie du lac, dans le sang visqueux du mutant qui venait de rendre son dernier souffle entre ses mains. Une connexion s'était établie entre eux, une certaine compréhension également. Là où Matthias avait pu lui paraître étrange auparavant, la conduisant à s'en éloigner, une certaine fascination s'était finalement installée du côté de Salomé. La sœur ne voyait pas la violence de son frère comme anormale, mais comme lui étant nécessaire. Elle n'avait plus peur. Et il l'avait senti.

Et ce soir, Salomé, as-tu peur ? Elle abandonna des yeux la silhouette de Matthias en le voyant s'éloigner légèrement, et elle continua à faire courir ses doigts dans l'eau, pensive. Elle aurait eu envie de disparaître sous l'étendue sombre, le temps qu'il s'en aille. Que ses pensées s'arrêtent à mesure qu'elle nagerait vers les profondeurs. Tout devenait bien trop compliqué. S'enliser dans les mensonges n'était pas sa came. La brune reporta son attention sur son frère, sa voix grave lui rappelant brusquement sa présence à quelques mètres d'elle. Les cinq mots qu'il venait d'articuler avec soin la glacèrent sur place. Son frère lui tournait désormais le dos, si bien qu'il n'eut pas le loisir d'apercevoir l'éclat de terreur qui passa dans les yeux de sa soeur, lorsque ceux ci se posèrent sur la lame de son couteau. Il jouait avec elle. Sa mâchoire se crispa tandis qu'elle serrait les dents, tiraillée entre la crainte de tomber dans les griffes d'une peur qu'elle ne maîtriserait pas, et la colère qu'il arrivait à éveiller en elle. Il l'avait entraînée sans relâche, lui enseignant tant le contrôle qu'elle se devait d'avoir sur elle même, que la rage qui pouvait animer son être lors des chasses. Et la voilà, perdue entre deux états contradictoires. Il avait souvent manqué de la faire sortir de ses gonds, à pousser les exercices, à faire d'elle sa proie. Mais rarement comme ce soir. Le couteau se planta dans le sol, et Salomé bondit sur ses pieds, comme pour signifier à Matthias qu'elle avait compris son impatience. La jeune Callahan se fit violence pour garder le menton haut, et le regard levé vers lui, à mesure qu'il s'approchait d'elle, d'une allure menaçante. Que ressentaient les mutants qu'ils traquaient lorsque, pris au piège, ils n'avaient plus d'autre choix que de voir le chasseur s'avancer vers eux de la sorte ? Elle s'était parfois fait la réflexion, au décours des chasses. Matthias pouvait se révéler très impressionnant, et lorsqu'il ne prenait même pas la peine de donner cette image terrifiante de lui même, il l'était quand même. Une sorte de charisme naturel, qui aurait pétrifié quiconque s'approchait de trop près. Il était arrivé quelque fois à Salomé de ressentir cette peur, lorsqu'elle était môme. Mais plus depuis. Pas même lorsqu'il haussait le ton, et que son regard était destiné à lui glacer le sang. Elle lui avait tenu tête des dizaines de fois, leur violence ricochant l'une sur l'autre sans réellement parvenir à les atteindre. Mais ce soir, la donne avait changé.

Ses sourcils s'étaient froncés, tandis que Matthias lui assénait un dernier reproche. Salomé laissa échapper un rire, comme un murmure, venant se pincer l'arête du nez pour se ressaisir, geste qui avait toujours témoigné son agacement. « Je m'en doute. Cependant, ne prend pas cet air accusateur avec moi. Je ne t'ai pas demandé de me courir après, comme tu dis Matthias. » La brune s'approcha de quelques mètres de lui, comme pour lui montrer qu'il ne lui faisait pas peur. Comme pour s'en convaincre elle même. « Si tu veux mon avis, je n'appelle d'ailleurs pas ça courir après quelqu'un. Tu m'as traité avec autant d'égard qu'une putain de dégénérée. Et tu continues à agir comme si l'issue de cette soirée ne serait pas plus réjouissante pour moi que le sort qu'on leur réserve. » Elle avait parlé sans s'énerver, d'une voix forte mais sans crier. L'adrénaline et la colère qui faisaient légèrement trembler son corps l'aidait paradoxalement à se montrer forte, là où elle aurait cru ne pas en être capable. Lorsqu'elle s'arrêta, elle réalisa qu'elle s'était beaucoup plus approchée que prévu, lui faisait désormais face, à un mètre seulement de lui. Salomé ne savait même pas d'où lui venait le cran de s'exprimer de la sorte, alors qu'elle avait tant à lui cacher. Elle lui parlait comme lors d'une de leur querelle passée, simplement, celle ci risquait de causer bien plus de dégâts que les précédentes. Avalant sa salive, elle s'humecta les lèvres, avant de reprendre la parole, un peu plus bas cette fois. « De quoi as tu peur ? » La phrase était sortie toute seule, sans que Salomé elle même ne se soit attendue à la prononcer. Mais il s'agissait bien de l'impression qu'il lui renvoyait. Une inquiétude semblait le ronger, et tant qu'elle ne serait pas parvenue à mettre le doigt sur les questions qu'il se posait, elle ne saurait comment réagir.

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MessageSujet: Re: Don't flee me again. Salom&Matt   Don't flee me again. Salom&Matt Icon_minitimeLun 4 Aoû 2014 - 16:17



Don't flee me again.

Il continuait toujours de l'observer férocement. Les lèvres toujours retroussées il laissait ses pupilles faire leur travail de persuasion. Elle avait fini par comprendre que sa patience s'amenuisait et que la colère commençait à persifler entre ses dents. Il la regardait se dresser de tout son long en face de lui, le menton levait par une fierté qui lui était propre. Un duel de silence venait de s'installer entre les deux Callahan. Il n'avait pas terminé son manège, elle avait le don de le mettre hors de lui en l'espace de quelques mots. Il savait que c'était de sa faute, qu'elle avait su, avec le temps le comprendre mieux qu'il l'aurait voulu. En l'emmenant dans ses traques avec lui, il lui avait ouvert bien plus de portes qu'il ne le pensait. Sa petite sœur était redoutable et là encore il en était parti responsable. Malgré l'agacement qu'elle lui procurait il ne pouvait s'empêcher en l'observant sous les lueurs lunaires de ressentir, une sorte de fierté.

Sentiment qui fut vite balayée par les mots qu'elle allait lui servir. Le manque de respect se faisait de plus en plus dominant dans l'attitude de la jeune femme et le Callahan ne supportait pas qu'on se comporte avec lui de cette manière. Un petit rire s'échappa des lèvres de Salomé quelques secondes après sa dernière inquisition. Il arqua un sourcil de surprise qui dura quelques instants avec que son visage se fige dans un masque de colère. Il vit ses doigts pincer l'arrête de son nez comme pour témoigner de son agacement. Et bien s'il était dans le même état c'était parfait.

Elle lui dit que de toute manière elle ne lui avait jamais demandé de lui courir après. Un sifflement de mépris s'échappa des lèvres de Matthias qui, ne bougea pas d'un pouce quand elle s'approcha de lui dans une allure qu'elle voulait rendre imposante. Elle jouait à quoi là ? Elle cracha d'autres mots, en lui disant que son attitude ressemblait plus à une traque qu'autre chose. Il fit un petit geste de la tête, il s'y prenait simplement comme il devait s'y prendre avec elle. Elle continuait à s'approcher de lui, plus qu'un mètre les distançait à présent. Il ferma son poing la toisant à son tour. Le verre était sur le point de pénétrer son épiderme. Il s'en fichait, son énervement montait de cran en cran à la vitesse d'un poison qui remonte jusqu'au cœur pour achever sa victime.

Il ne lui aurait pas couru après si elle n'avait pas disparu autant de temps. Tout le monde avait été visiblement choqué par l'accident de Noeh mais, pas au point d'oublier d'avoir une famille qui pouvait potentiellement s'inquiéter pour les états de chacun. Elle ne pouvait pas deviner que tout ceci, avait peut-être augmenté son inquiétude pour elle, que son image ensanglantée au pied de cet homme décharné le hantait quelques fois. Il n'était plus réellement tranquille à cause d'elle, parce que personne n'avait le droit d'être comme lui. Du bout des doigts il portait cette lourde charge de lui avoir potentiellement transmis sa haine. Son était ne regardait que lui, la colère et la tristesse qui coulait dans ses veines le concernait exclusivement. En tuant se mutant à sa place elle lui avait retiré deux choses : La possibilité d'assouvir sa vengeance et sa tranquillité. Elle croyait quoi ? Que ça l'amusait de la chasser comme ça pour mériter une simple entrevue au goût amère ?

Alors, de quoi avait-il peur au juste ? De cette image qu'il gardait en lui qui lui renvoyait l'idée qu'elle avait sombré dans un abysse où il était impossible d'aller la récupérer. Il aurait franchement tout donné pour ne pas avoir à se préoccuper d'elle mais, il ne le pouvait pas. Heureusement pour lui il ne sentait pas le poids de la culpabilité alourdir son cœur. Il plissa les yeux, tout en ne la lâchant pas du regard. Elle attendait une réponse c'était clair. Lui aussi il en attendait une et il trouvait qu'elle retournait un peu trop bien la situation en sa faveur.

- De quoi devrais-je avoir peur selon toi ? Il claqua sa langue et eut de nouveau un regard méprisant. Il glissa ses mains dans ses poches rangeant son bout de verre qu'il n'avait pas daigné lâcher. L'énervement brillait dans les pupilles de Salomé. Plus il l'observait dans cet état plus sa colère s'amplifiait.

- Tu agis vraiment comme une petite fille gâtée. Persifla-t-il. L'orage commençait à craquer. Il l'avait regardé se dresser contre lui comme si elle possédait tous les droits. Elle le cherchait délibérément dans chacun de ses mots, chacun de ses gestes.

- Je ne serais pas venu te traquer comme tu dis si tu t'étais montrée moins égoïste et moins distante ! Comme s'il n'y avait qu'elle qui avait mal vécu cette histoire. Il était sûrement le moins touché de la famille, certes, mais il n'avait pu retenir ses mots. Il voulait qu'elle pense au reste des Callahan, même si lui, il s'en fichait un peu. Il lui en voulait, au fond, de lui faire si peur mais, ça jamais il ne lui avouerait.

Il avait déjà envie de la laisser planter là comme l'imbécile qu'elle se montrait ce soir. Si elle ne voulait pas comprendre que c'était de sa faute il n'allait pas s'acharner à lui faire entendre raison. Il plaqua sa main contre son visage en soufflant. Il tentait d'éteindre le brasier ardent qui consommait son estomac. Indéniablement la chute de Noeh avait changé sa sœur, comme elle avait changé beaucoup de personnes. Ses ongles étaient toujours contre la paume de sa main cherchant immanquablement à la transpercer de rage.

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Dernière édition par Matthias Callahan le Sam 4 Oct 2014 - 19:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Don't flee me again. Salom&Matt   Don't flee me again. Salom&Matt Icon_minitimeMer 10 Sep 2014 - 19:00

Don't flee me again.
Matthias & Salomé



La réponse de son aîné claqua dans l’air comme un coup de fouet, et Salomé regretta subitement la proximité qu’elle leur avait imposé une minute plus tôt. La peur qui s’insinuait en elle la rendait totalement irrationnelle, car jamais son frère ne l’avait blessée physiquement, ou bien de manière indirecte au cours des entraînements. Leurs disputes avaient souvent fait trembler le manoir et inquiété leur père, mais même s’ils semblaient parfois prêts à se sauter à la gorge, cette limite n’avait jamais été dépassée. Chacun savait manier assez habilement les mots pour susciter les réactions escomptées chez l’autre, et de simples joutes verbales suffisaient à retourner tout sur leur passage. La jeune femme tenta donc de calmer les signaux de détresse que lui envoyait son cerveau. C'était pourtant ce qu'elle avait craint depuis la découverte de sa mutation. Au départ, la brune s'était tout d'abord haï et ce sentiment de dégoût l'avait habitée durant des semaines. Jusqu'à la mort d'Adriel. Là, en portant son regard sur Matthias, une terreur sournoise avait pris le dessus, et c'était devenu la pensée noire qui prenait le plus de place dans son esprit. Alors, si ce soir Salomé devait sembler mal lunée aux yeux de Matthias, c’était très bien comme cela, et peut être cela suffirait il à justifier ses réponses se contentant de lui renvoyer la balle, sans approfondir la conversation. La réponse de Matt n’était que le juste retour du boomerang qu’elle venait de lui envoyer, et ça l’emmerdait profondément. Une remarque acerbe s’arrêta juste à temps au bord des lèvres de Salomé. Annoncer à son frère que ses consultations psy ne se faisaient qu’en cabinet risquait fortement d’achever la patience dont il faisait preuve jusqu’ici.

Ce qu'il lui servit par la suite fit frémir d'énervement l'aile du nez droite de la jeune femme, tandis que son regard terminait de s'assombrir. Bien, très bien. S'il continuait, la colère allait finir de la consumer, et aucune trace d'appréhension ne filtrerait plus à travers les traits de son visage. Ses poings se serrèrent à l'image de ceux de son frère un instant plus tôt, tandis qu'elle s'efforçait de garder le silence, bien que son langage corporel exprimait à lui seul l'état de fébrilité colérique que ses mots provoquaient chez elle.  De quoi avait il peur selon elle ? « Et bien, selon moi, Matthias, au premier abord on pourrait penser que tu t'inquiètes pour moi. » Une brève pause, deux secondes de silence. « Mais ne t'en fait pas, même en fille gâtée que je suis, je ne m'attendrai jamais à pareil égard de ta part. Voilà pourquoi je te pose la question, puisque rien ne te fais jamais peur, à toi.. d'ordinaire. » Elle croisa ses bras sur sa poitrine, son air borné s'effaçant pour laisser place à un visage dénué d'expression. Un noeud s'était formé dans son estomac, le qualificatif d'égoïste lui restant coincé en travers de la gorge. Était-ce égoïste, de chercher à protéger sa vie ? Salomé avait envie de lui hurler qu'elle s'en était sentie mal à crever, de devoir éviter les appels les uns après les autres, de rendre visite à Noeh lorsqu'elle était certaine qu'elle n'y croiserait personne. Elle avait pensé à son père, à l'inquiétude qu'il pouvait ressentir à son égard. Pour ce qui était de sa mère, là, un peu moins de remords. Leurs dernières entrevues avaient laissé un goût amer à la jeune femme, et son absence de réponse était mérité à ses yeux. Pour ce qui était de Matthias, en revanche, ses tentatives pour la contacter l'avait interpellée, lui qui n'était pas du genre à se faire du souci. Elle avait tout d'abord manqué de céder à la paranoïa en imaginant qu'il savait tout de l'abomination qu'était sa mutation. Et puis, finalement convaincue qu'il ne s'agissait pas de ça, la situation avait commencé à l'intriguer.

Et puis, alors que Matthias prononçait son dernier mot empli de reproches, Salomé revit subitement le regard qu'il avait posé sur elle cette nuit là. Elle y avait lu la colère, comme ce soir, l'agacement, mais également cette incompréhension, cette inquiétude. En fouillant bien les yeux clairs de son aîné, elle en retrouvait une once ce soir également. Salomé comprenait petit à petit la motivation de son frère, en la poursuivant à sa manière ce soir. Voulait-il voir si elle allait bien ? Si elle n'avait plus cet éclat de folie dans le regard ? Était ce de cela dont il avait peur, finalement ? La jeune femme se sentait à la fois soulagée - la peur de se voir démasquée desserrant son emprise sur elle - mais à la fois perturbée. Matthias avait mis du temps à l'accepter, elle, la fille de cette femme qu'il avait haï dès le premier jour, et elle n'était pas prête à ce qu'il cherche à la comprendre. Même si elle s'était mise à tenir à lui au fil des années, cette subite attention envers elle la mettait mal à l'aise. Il s'agissait de Matthias, là, et une attention de sa part ne se justifierait pas de la manière la plus simple qu'il soit. Voilà qu'à présent, Salomé se demandait quelle impression elle avait bien pu lui renvoyer par ce soir d'orage, pour qu'il la traque ainsi des semaines plus tard. « Je suis désolée si j'ai pu inquiéter papa, et à ce sujet je n'ai pas besoin de tes reproches pour m'en vouloir. » Sa voix tremblait encore légèrement d'énervement, et la jeune femme faisait son possible pour se maîtriser sans lui déverser le flot de saloperies qui affluait dans sa tête. « Mais ne parle pas pour lui, s'il te plaît. » Et voilà que son regard redevenait noir, noir noir noir... « Il peut me qualifier d'égoïste, je l'accepterai sans broncher, mais toi, Matthias, toi... » Les mots étaient passés difficilement tant ses mâchoires étaient serrées, et la brune détourna un instant les yeux, ces derniers s'humidifiant d'un mélange salé, qu'elle tenta de ravaler férocement. Lorsqu'elle reporta ses yeux clairs sur lui, aucune larme ne s'était échappé de la ligne de ses cils, mais un éclat brillant dans ses yeux la laissait là à la limite de la crise de nerf. « Ne t'avise pas de me parler d'égoïsme comme si ça t'avait affecté, t'en as jamais rien eu à foutre de Noeh et moi, alors si tu tiens tant à parler, dis moi surtout pourquoi tu tenais tant à me voir, et arrête avec tes reproches, t'as pas le droit ! T'as pas le droit. » Si son sang froid s'était effacé quelques secondes, ces quatre derniers mots en revanche avaient été prononcé comme une évidence. Que ça lui plaise ou non, Salomé n'accepterait jamais qu'il vienne en tant que porte parole de leur père, alors qu'elle était persuadée que son frère se lavait bien les mains de ce qui pouvait advenir d'elle. Elle continua à fixer son aîné, les lèvres scellées.
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