i. comment êtes-vous entré parmi les hunters?
ma mère a été tuée par un mutant, et j'ai assisté à toute la scène, caché dans un placard, retenant ma respiration. j'ai tout vu, absolument tout. et je peux vous dire qu'après ça, on a pas envie de ressentir de la compassion envers ces trucs. alors, à mes dix-huit ans, j'ai créé un gang anti-mutant. des jeunes m'ont suivis et maintenant, on est une belle bande à les traquer sans relâche. mon gang, c'est pas un gang de tapettes. si t'es pas sûr de vouloir tuer un mutant, faut pas que tu rejoignes la bande.

ii. avez-vous déjà effectué votre devoir de chasseur ?
bien sûr. faut pas croire que ça me fait peur, de buter des monstres. j'suis pas un chasseur pour rien. j'ai un objectif, tuer ces mutants. parce qu'ils devraient pas être là. sérieux, c'est le bordel. et puis, j'hésiterai pas à effectuer de nouveau mon devoir de chasseur s'il le fallait. je l'ai pas fait qu'une fois de toute façon. j'en ai déjà tué plus d'un. ça me dérange pas moi, de les tuer. je comprends pas comment on peut avoir pitié de ces trucs, alors qu'ils se gênent pas pour nous tuer, eux.

iii. les mesures du traité de protection des mutants vous font-elles peur ?
elles me font pas peur, mais elles me dégoûtent. allez-y, protégez-les, faites-vous plaisir, admirez-les pendant que vous y êtes, profitez qu'ils se découvrent et développent, parce qu'après, votre traité de protection, ils s'en taperont, royalement, et ils nous attaqueront sûrement. parce que quand on est différent des autres, dix fois plus puissant, on tend à devenir mauvais, c'est comme ça. les supers-héros du genre superman, ils existent pas. les assemblées anti-mutants interdites ? super. le truc, c'est qu'il faut bien des personnes comme nous pour protéger ceux qui ont peur des mutants.

iv. que pensez-vous de l'élection récente de thaddeus lancaster à la tête du comté ?
j'ai voté pour lui. parce qu'il a tout compris, il a raison, il dit la vérité lorsqu'il parle des transmutants. on ne peut pas les laisser contrôler la ville, et devenir les nouveaux emblèmes, c'est pas possible. thaddeus lancaster a des bonnes idées, il est pour les hunters, il a compris que nous ne voulons que le bien de la ville et que les mutants ne sont pas humains. pas totalement du moins. ils sont génétiquement modifiés. des bêtes, voilà ce qu'ils sont. et lancaster a bien compris qu'on ne peut pas laisser la population accueillir tous ces mutants.

Ça a duré cinq minutes, peut-être moins, trois minutes en fait. Il a été rapide, le chien. Sid, il serre le balais dans ses mains, il le serre trop fort, ça lui fait mal, mais il est tétanisé. Tétanisé à cause de ce qu'il vient de voir, à travers les trous du placard où il est depuis bien dix minutes. Il avait juste faim, il voulait juste descendre dans la cuisine, piquer une boîte de gâteaux. Mais ça s'est pas passé comme ça. Y a cet homme qui est arrivé, sans un bruit, plus silencieux que l'air, la brume ou le silence lui-même. Ça lui a fait peur, à Sid, alors il s'est caché, dans ce placard, il a regardé l'homme, marcher, chercher. Il a regarder sa mère, forte et belle, le frapper. Pourtant ça lui a rien fait, alors, elle a recommencé, sûre d'elle. Mais l'homme, il a pas aimé, vraiment pas. Et il est devenu plus sombre, toujours silencieux, il s'est planté devant sa mère, à Sid. Il s'est planté devant elle, l'a fixé droit dans les yeux et sans la toucher, l'a fait tomber au sol en trois minutes. Oui c'est ça, trois minutes, pas cinq. Et il est parti, fuyant comme un chien. Ça a pas duré longtemps, vraiment pas. Il comprend pas Sid, pourquoi elle bouge plus, sa mère, pourquoi elle reste au sol alors qu'il l'a même pas touché. Alors, il sort du placard, laissant tomber le balais au sol, se précipitant vers son étoile menaçant d'exploser, de disparaître. « Maman ? » La voix tremblante, une main qu'il passe derrière la nuque de la brune, yeux fermés, visage blanc, trop blanc. Elle respire plus. Puis il comprend Sid. Il comprend que c'était pas qu'un homme. Il comprend qu'il est pas comme lui, ce chien. Il a déjà entendu parler des mutants, des dégénérés. Sid, il porte son regard sur sa mère, larmes perlant sur ses joues, silencieusement. Sid, il se jure de la venger, de retrouver ce type, monstre, mutant, et de le tuer.

L'odeur métallique, rouillée. Sid, il donne encore un coup de couteau dans le ventre de son adversaire qui n'a même plus de force pour crier. Il l'achève, le laisse tomber au sol. Une goutte de sueur perle sur son front, glisse sur sa tempe, roule jusqu'à son menton pour s'échouer à côté du corps en pleine agonie. Il le regarde, silencieux, comme il a regardé le corps de sa mère au sol, il y a quatre ans. Ce soir-là, il est parti sans son gang, Sid, il se l'est joué solitaire. C'était pas voulu, il avait pas prévu de le tuer, le mutant, mais il l'a entendu, rôder dans les rues alors qu'il était sur son balcon, Sid. Au départ, il voulait pas, il voulait le laisser partir, mais y a ce truc, dans sa tête, cette obsession qui lui dit d'y aller, de partir chasser. Alors il l'a fait, un peu pour lui, un peu pour son frère. D'ailleurs, quand il rentre, cocard à l'œil, ça manque pas, Simon soupire, à la fois paniqué et exaspéré. Il est jeune encore Simon, mais il a déjà un sacré caractère. « T'étais où ? » Il a que neuf ans, mais il agit déjà comme un grand. Sid, il lui sourit, pour le rassurer.  « J'faisais un tour dehors. » Mais il sait bien que c'est pas vrai, il sait bien Simon que son grand-frère, il est allé à l'aventure, arracher la vie à un mutant. « Tu t'es pris un arbre en marchant alors ? » Il garde son sourire de vainqueur accroché à ses lèvres, Sid. Il laisse même échapper un petit rire face à la remarque de son petit-frère, son unique famille, son tout. « Aller, retourne au lit. » Et il acquiesce, court dans le lit. On l'entend même sauter sur le matelas, les vieux ressort en prenne encore un coup avec Simon. Sid, il part nettoyer le couteau sans un bruit, le plus rapidement possible. « Tu viens Sid ? » Il sursaute. Il a que neuf ans, son frère, il veut pas lui montrer la couleur du sang, pas encore, il attend ses dix-huit ans. Là, il le fera entrer dans son gang, il sera fier de le voir devenir hunter, comme lui, fier de le voir défendre leur mère. « Pourquoi ? T'as peur des monstres ? » Il l'entend rire. Le rire pur d'un enfant. Pourtant, ils sont bel et bien présents, les monstres et Sid, ça le fait pas rire quand il dit ça. Après tout, c'est ce qu'il vient de tuer, un monstre. Sid traîne des pieds jusqu'à la chambre, jusqu'au petit lit qu'ils se partagent tous les deux, il balance ses chaussures, y en a une qui frappe contre la fenêtre, ça fait rire les frangins. Et puis, il se glisse sous les draps, et ils s'endorment vite, tous les deux, parce que c'est comme s'ils se sentaient invincibles ensemble, les Cobain.