i. que pensez-vous du mouvement terroriste des hunters ?
C’est difficile de donner son avis sur ce genre de sujet, un bon sujet polémique. De quoi se battre pendant des heures sur la même question. Pour ma part, je trouve ça ignoble. Je pense que l’on devrait accepter les mutants tels qu’ils sont. Je suis sûre qu’ils ne demandent que ça. Au lieu de ça, on les oblige à se cacher, à vivre dans la peur. Je peux comprendre certaines des raisons qui les poussent à agir ainsi, mais je pense qu’ils devraient les accepter. Ils veulent décimer des populations entières, des humains, des êtres-vivants. Pour moi, ils ne sont rien d’autre que des monstres sanguinaires qui cherchent uniquement à assouvir leurs idéaux stupides.

ii. êtes-vous effrayée par l'apparition des transmutants dans la société ?
Pas vraiment. Disons qu’il est vrai que certaine mutation peuvent être flippante surtout celle que l’on voit à la télévision, mais je pense que tout ça est exagérer. Je n’ai pas peur, je suis plus intriguée qu’autre chose. Les mutants sont comme vous et moi, ils ressentent des sentiments comme nous, ils pensent comme nous, ils ont juste un petit plus. Donc c’est comme si vous me demandiez si j’avais peur de l’humanité. Je crois que la réponse saute donc aux yeux. Les mutants ne me font pas peurs. Pas plus que vous.

iii. avez-vous déjà fréquenté des mutants ?
C’est une bonne question celle-là. Je pense que oui, mais sans le savoir. Disons qu’avec les hunters dans les parages, les mutants vont pas crier sur tous les toits qui ils sont réellement. Ce serait stupide de leur part. Parfois je me pose des questions sur certaines de mes connaissances, parfois je crois voir des choses, mais je ne suis sûre de rien. Il est donc très probable qu’il se cache un ou deux mutants parmi mes proches et mes amis.

iv. que pensez-vous de l'élection récente de thaddeus lancaster à la tête du comté ?
Quand j’ai appris la nouvelle, je peux vous dire que j’ai juré. Je ne suis pas en ville depuis longtemps, mais je sais très bien qui il est. Quand j’ai vu qu’il était élu maire du comté, j’ai eu envie de vomir. Comment peut-on élire une personne comme lui, je vous le demande. Je veux bien respecter ses motivations, mais je ne peux pas les comprendre. Une chose est sûre, les mutants vont en baver et ça va être à nous de prendre une décision. Malheureusement, on ne peut pas faire grand-chose à part avoir envie de vomir seule dans son studio. On est personne pour contester.

Le silence régnait dans la ville cette nuit-là. La lune éclairait d’une lumière pâle la petite allée où venait de s’engouffrer notre belle rousse. Seul le bruit de ses pas sur le bitume humide venait briser ce silence presque solennel. Un petit air frais lui chatouilla le cou si bien qu’elle remonta légèrement le col de son manteau. Il faisait frais cette nuit-là, c’était assez inhabituel pour un soir de juin. Leeloo Portman ne voulait qu’une chose : rentrer chez elle. Elle n’aimait pas vraiment rester aussi tard le soir dans les ruelles sombres de la ville. On ne savait plus sur qui on pouvait tomber : hunters, mutants, pédophiles et mauvais garçons. La rousse n’avait pas réellement peur de cette situation et, même si elle défendait la cause des mutants, elle ne voulait pas vraiment se mettre les hunters à dos. C’était une jeune fille banale, comme toutes les autres, une parmi tant d’autres. Elle se mélangeait dans la foule et ça lui allait bien. Elle n’aimait pas réellement se faire remarquer, elle préférait la tranquillité de l’anonymat. Ses mains étaient froides. Tentant de les réchauffer, elle les frictionna. Soudain, son cœur se serra. Elle passa une nouvelle fois délicatement le doigt sur son annuaire gauche. Là où une magnifique bague avait sa place quelque mois auparavant. C’était sa faute, c’était elle qui l’avait quitté. Elle ne regrettait en rien son choix, elle regrettait simplement de l’avoir fait souffrir. Loyd. Son ex-fiancé. Ils auraient dû se marier dans quelques jours maintenant, mais non. Leeloo avait fui ses responsabilités. Son amour n’était pas assez fort pour conclure sur un mariage, elle ne se voyait pas vivre toute une vie à ses côtés. Il pouvait trouver mieux. D’ailleurs, il a sans doute déjà trouvé mieux. Un léger sourire nostalgique se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Soudain, le froid de la nuit ne la dérangeait plus. Elle n’était plus réellement présente. Son esprit était parti ailleurs, visitant les souvenirs d’un temps ancien. Elle se souvenait le regard de ses voisins, les ragots qu’ils colportaient à son sujet. La pauvre Portman qui ne trouvera jamais un garçon aussi bien que ce Loyd. Elle se souvenait de la manière dont les gens se retournaient quand elle passait près d’eux. C’est d’ailleurs pour cette raison que la rousse avait quitté sa ville natale au profit des Etats-Unis. Elle repensa aux adieu avec sa famille, au regard de son père compatissant. Il avait toujours été là, il l’avait toujours soutenu. Et elle repensa à sa petite sœur, Hope. Hope. Son sourire charmeur, ses deux petites billes vertes qui vous fixaient avec malice, sa tignasse rousse qu’elle coiffait avec soin. Un sourire se dessina sur le visage de Leeloo. Sa petite sœur. Elle avait été toute sa vie. Jamais elle n’avait été aussi proche d’une personne, jamais elle n’avait eu une telle complicité avec quelqu’un. Elle se mit alors à se remémorer tous les bons souvenirs d’enfances. La cabane au fond du jardin, le chien du voisin, la cour de récréation. Soudain un bruit strident la ramena vers la réalité. Son téléphone sonnait. Elle regarda à droite, puis à gauche. Personne. La ruelle était toujours aussi déserte. La jeune femme attrapa son téléphone dans son sac. Hope Portman était en train d’appeler. Leeloo lâcha un petit rire. C’était leur rendez-vous quotidien. Avec le décalage horaire, la jeune Portman venait tout juste de se réveiller. « Hey Pookie ! Comment tu vas ? ». Voilà comment débuter toutes leurs conversations. Pookie. Un petit surnom donné en hommage au film qui avait bercé leur enfance : RENT. Un petit rien du tout qui les lié d’une manière unique même à des milliers de kilomètres l’une de l’autre.

« Oui, allô ? Ce serait pour commander une pizza s’il-vous-plait. ». Leeloo était rentrée chez elle, mais elle n’avait toujours pas lâché son téléphone. Juste après avoir raccroché avec sa sœur, la jeune femme avait décidé de se commander une pizza. Repas très équilibré pour la jeune femme, mais en même temps, elle n’avait pas vraiment l’envie ni la motivation de se cuisiner un petit quelque chose. D’ailleurs, on pouvait encore voir parmi ses cours des petits morceaux de biscuits à moitié mangé. Elle vivait seule et ce n’était pas plus mal. Elle aimait la tranquillité, elle ne voulait pas être importunée par une autre personne dont elle ne savait rien. « Donc je vais prendre une quatre fromages, merci beaucoup. Bonne soirée, au revoir. ». Et elle raccrocha. Après avoir balancé son smartphone dans son canapé-lit, elle passa sa main dans les cheveux et se tourna vers le reste de son studio. A la vue du désastre qu’était son bureau, la jeune femme lâcha un soupire de désespoir. Des cours, des cours, des cours et encore des cours. Vive la vie d’étudiante. Elle prit finalement son courage à deux mains et se lança dans ce que l’on pouvait qualifier de « rangement ». Au bout d’une demi-heure, le bruit strident de la sonnette se fit entendre. Leeloo se dirigea alors vers la porte en poussant un soutien-gorge qui traînait par la et ouvrit au beau livreur qui l’attendait derrière la porte. Lorsque ce dernier daigna relever la tête, Leeloo lâcha un petit cri de surprise. Elle connaissait ce beau brun ténébreux. Son cœur manqua un battement. « Allistair.. ? » lâcha-t-elle dans un souffle. Allistair Borthwick. Son unique ami des bancs de la fac. Le seul avec qui elle avait réussi à être à l’aise. Deux âmes solitaires qui s’étaient bien trouvées. Une belle amitié. Pourtant, il avait disparu, du jour au lendemain, sans donner aucune nouvelle. Silence radio pendant plusieurs années. Leeloo ne voulait pas y croire, ce n’était pas possible. Elle lâche un petit rire nerveux et passa ses mains sur son visage. « J’y crois pas… Allistair Borthwick. T'es vivant, bonne nouvelle je suppose. ». Même si la jeune femme fut intriguée par le retour soudain du jeune homme dans sa vie, elle ne fit qu’échanger quelque banalité avant de le congédier. Après avoir refermé la porte derrière lui, elle appuya son front contre le bois. Elle ne saurait mettre de mot sur ce qu’elle ressentait à ce moment présent. Un peu de tout. Elle venait simplement de revoir un fantôme de son passé.