i. êtes-vous originaire de radcliff ?
 Non, absolument pas. Ewen est originaire d'Ottawa, au Canada. D'ailleurs, si sa vie s'était déroulée sans grande peine, il aurait pu s'y établir comme le prévoyaient ses deux parents, certes absents dans sa vie durant de longues périodes mais, soucieux quant à son avenir. Néanmoins, il a quitté ses attaches lorsque ses dons ont commencé à se manifester, et, c'est sans retourner qu'il l'a fait. Parce-qu'il avait toujours été comme ça, son bien être devait passer avant tout autre chose, et il lui était impensable de rester dans cette ville de malheurs.

  ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
 Non.. non et non. Il ne souhaite absolument pas croiser la route de l'un deux,même si, peut-être bien que dans le fond, son chemin a déjà croisé l'un des leurs. Sauf que si c'était le cas, ne serait-il pas déjà mort ? Ces mercenaires se croient au dessus de tout et pourtant ils n'arrivent même pas éliminer les "dégénérés" correctement. Quelle bande de pitoyables êtres, la différence n'est qu'en fait un prétexte pour pouvoir assassiner n'importe qui de nos jours. Elle effraie, affole, et rend les gens dingues. Regrettable mais véridique.
Plus loin il restera de ces personnes en soif de sang, mieux il se portera.

  iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
  Il y a certainement une différence entre "beaucoup" et "autant que nécessaire", mais pour le blondinet, la divergence est trop infime. Il n'aime pas forcément en jouer, et pourtant, il le fait parfois sans s'en rendre compte. Surtout que ce n'est pas spécialement souhaitable, son pouvoir agissant surtout sur autrui, les conséquences sont irréversibles. Cependant, quand on aime, on ne compte pas, et, lorsqu'on en a besoin, il en est de même. L'utilisation de son don lui est parfois vitale.

  iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
 Cette question est une blague ? Puisque clairement, ce n'est pas amusant. Bien que.. l'ironie pourrait être percevable. Le gouvernement est incapable, ce qui se produit sous son nez est hors de contrôle. Vraiment.. quelles mesures ? Les trasmutés sont apparemment destinés à tomber les uns après les autres comme des mouches sous insecticide. Et que fait-on ? On passe ça au journal télévisé, on en parle, mais quelles mesures sont réellement mises en place ? Aucunes.  

I was looking for a breath of life, for a little touch of heavenly light. To get a dream of life again, a little vision of the sight at the end.. But all the choirs in my head say, no oh oh.
But I would need one more touch, another taste of heavenly rush, and I believe, I believe it so oh oh oh.

La lune brillait fièrement et vaillamment dans le ciel étoilé de cette douce nuit d'été. Le calme planait à l'hôpital d'Ottawa jusqu'à ce que le hurlement perçant d'une femme ne se fasse entendre. Cette nuit là, non pas un nouvel être vit le jour. Ils étaient deux, braillant pour ouvrir leurs délicats poumons tout en expirant leur premier souffle. Deux enfants destinés à vivre aux côtés l'un de l'autre. Inséparables dès l'enfance, ils scellèrent leur union sir particulière en joignant leurs petites mains potelées de nourrissons. Et ainsi, les premières lignes de leur existence commune ainsi que respective furent écrites.
Il était l'histoire de deux enfants, à la chevelure blonde comme de l'or, à la peau aussi blanche que la neige fraîchement tombée et aux lèvres souriantes et rosées. Hela et Ewen étaient leur noms, fille et fils de Madeline et Howard qui devinrent en cette nuit des parents conquis.

L'enfance des petits Harshaw se déroula sans grand mal. Bien qu'ils étaient deux adorables jumeaux, les divergences, qui creusaient un fossé entre les personnalités qui se façonnaient, devinrent multiples. L'aînée, à quelques minutes près, était d'une gentillesse sans nom. Hardie et réfléchie, elle était contre les conflits superflus.. contrairement à son cadet qui lui, cherchait à provoquer ses petits camarades de classe. C'était une passion, comme aurait pu l'être la télévision chez un gamin banal. Mais inopportunément, son plaisir était procuré par le fait de taquiner ses camarades jusqu'à ce qu'ils se jettent sur lui pour le ruer de coups. Fort heureusement, ce n'était pas son simple passe temps.
Habitués à être éduqués sans aide parentale, Hela et Ewen furent contraints de trouver des occupations. Si la demoiselle eut un penchant pour la lecture, le blondinet se retrouva attiré par le domaine artistique. Crayons de couleurs et feuilles vierges, voilà qu'il était parti pour dessiner des histoires colorées. Ca devint bien plus qu'un simple loisir, le besoin d'en faire toujours plus se fit de plus en plus grand. C'était ses heures de liberté, durant lesquelles son esprit vagabondait et se libérait du dur quotidien auquel il devait s'atteler. Vivre tel un riche avait toujours ses contraintes.


I can fake a smile, I can dance and play the part, if that's what you ask. But I'm only human and I bleed when I fall down. Your words in my head, knives in my heart. You build me up and then I fall apart 'cuz I'm only human

~ C'était une journée banale et ordinaire, la famille Harshaw prévoyait de faire une balade à la plage après être passée à la banque pour mettre de l'argent sur leur comptes. Ewen et Hela commençaient à grandir et il était important que le futur leur soit assuré. Ça n'enchantait pas le jeune garçon de se rendre dans ce genre d'endroit, luxueux avec du personnel souriant d'un air faux. L'on sentait l'odeur de leur mépris à l'égard des clients. Il regardait d'un air absent la jeune femme qui était au comptoir, discutant avec sa mère après une longue demie heure d'attente. Les mains dans les poches, il était près des fenêtres, préférant se soustraire au décor qui l'entourait. Le vent lui manquait déjà.. Un long soupir s'échappa de ses lèvres avant qu'il ne se détourne pour esquisser un sourire vers sa sœur. Mais, son corps se raidit à l'entente d'un coup de feu et d'une voix furieuse. Le regard inquiet, d'un bleu mer, il observa silencieusement l'homme qui venait d'entrer, ordonnant à tout le monde de se mettre au sol, les mains en évidence. Le petit s'apprêtait à se plier aux exigences lorsque le braqueur le prit férocement par le bras. Il avait eu le malheur d'être le seul otage assez proche pour être utilisé.
Il n'entendait plus rien, si ce n'était les battements affolés de son cœur qui tambourinait dans sa poitrine, menaçant d'exploser. Le canon de l'arme, fraîchement utilisée, vint se poser sur sa nuque, le brûlant au passage. Néanmoins, il était trop distrait pour sentir réellement le fer chaud le marquer à vie. Ewen n'aurait su dire combien de temps cette situation dura, il se souviendrait seulement de sa jumelle, cherchant d'un geste tremblant son téléphone. Elle avait été toujours été la plus courageuse, celle qui riait des moments difficiles et qui était prête à braver le danger pour le bien de tous. Aucun mot ne franchit les lèvres, entrouvertes de stupeur, d'Ewen, et, le coup parti. L'arme, proche de sa tête, l'avait presque heurté au moment du recul, et, du sang s'écoulait de son oreille. Son attention première résidait sur le corps d'Hela qui tombait mollement à terre. La tête heurta le marbre blanc, tâchant alors la pureté qu'il avait d'une couleur écarlate. ~
La mort d'Hela a été l'événement le plus marquant de sa vie. Il perdait son tout, son double, une partie de lui. La moitié de son âme venait alors d'être arrachée violemment, et, avait été jetée dans un puits sans fond. Elle avait toujours été comme son reflet dans le miroir. Deux faces opposées. Se ressemblant sans s'assembler, se complétant sans s'abîmer. Et, pile au moment où la balle lui avait traversé l'épiderme, il l'avait perdu. Le savoir sans se l'avouer. Il était brisé.


I'll shut down the city lights, I'll lie, cheat, I'll beg and bribe to make you well, to make you well. I'm not moving on, I love you long after you're gone. For you, for you.
And long after you're gone, gone, gone.

Seize ans.
Hela était morte depuis peu, et, il ne pouvait pas nier les sentiments que ce tragique événement provoqué en lui. La frustration, la rage, la profonde tristesse. Il en était à un stade de sa vie où il lui était ardu de vivre comme si de rien n'était alors que, dans tous les autres foyers la joie semblait être présente. Il passait mon temps enfermé dans sa chambre, muré dans un silence qui le faisait plus meurtri jour après jour. Il était un pantin désarticulé, incapable de prononcer ne serait-ce qu'un mot. Il était brisé et tout n'était que noirceur et néant.
Ses parents faisaient cependant tout pour avancer, ils l'obligeaient à sortir avec eux, ils parlaient de sujets qui étaient susceptibles de le rendre moins peiné.. Et, ce fut le soir où sa mère vint dans la chambre pour lui parler des aléas de la vie que ça se produit. Elle ne voulait pas vivre avec le souvenir d'une fille morte et rester avec le cadet qui n'était plus que l'ombre de lui même. Il lui avait dis d'oublier alors, ça lui semblait être la chose la plus simple à prononcer, et, lorsqu'elle commença à pleurer en lui disant que c'était impossible, que jamais ils ne pourraient oublier de pareilles choses, il ferma les yeux, se laissant lui même aller au chagrin. Il souhaitait de tout son cœur la réconforter, il souhaitait qu'elle n'ait plus à vivre avec ce regrettable accident sur la conscience. 
Le lendemain, tout se déroula comme d'ordinaire. Son père faisait l'homme neutre, sa mère cuisinait avec une bonne humeur alarmante malgré les récents événements. Il ne comprenait pas, pas après la soirée qui s'était déroulée la veille. Et, ce fut au moment de partir en ville pour aller voir un médecin qu'il comprit. Sa génératrice n'avait aucune idée de pourquoi ils y allaient. Il avait beau lui répéter que c'était pour mon oreille, elle était dans l'incompréhension la plus totale. Ça semblait aberrant mais, la seule explication qu'il avait à donner à ce maux, à ce trou de mémoire qui faisait surface, c'était son souhait. 
Ce fut la joie. La joie d'avoir une opportunité de mettre fin à ses maux. C'était une porte de sortie, son occasion rêvée. Il se fichait éperdument d'être une saloperie de la société, nuisible pour les humains lambdas. Il se fichait d'être différent, il avait toujours été spécial à sa façon. Alors, à cet instant là, il était tout simplement soulagé et heureux de savoir que chaque zone obscure de son existence pouvait être telle une poussière : il fallait qu'on souffle dessus pour ça s'envole. De plus, après ce moment passé, il y avait cette excitation, cette fascination du pouvoir acquis et aussi, la crainte que ça ne dégénère. Ce n'était pas un don comme celui de parler aux animaux ou Dieu seul savait quoi, ça pouvait vite mal tourner, et, il en était conscient.


You are the hole in my head, You are the night time fear..
No light, no light in your bright blue eyes. I never knew daylight could be so violent, a revelation in the light of day
You can’t choose what stays and what fades away.

Sa différence n'était pas dure à cacher, puisqu'elle n'était pas physique, voilà pourquoi il n'en parla jamais à ses parents. Il avait tendance à être bavard sur les choses futiles, il pouvait parler des heures du dernier épisode de la dernière série à la mode, il pouvait blaguer longtemps sur un thème quelconque, mais, ça, c'était du hors limite. Il l'a alors tût, gardé pour lui, c'était.. son secret en quelque sorte.
La fuite s'imposa lourdement à lui néanmoins. Et, après avoir vécu de longues années durant dans un confort inégalable, il devait tout quitter. Contrairement à la majorité de la population, ce ne fut pas dur de dire au revoir à une vie passée. Tout était bon pour se garder en sûreté, et, bien qu'il ne l'avouerait jamais, partir était un choix judicieux pour la sécurité de ses paternels. Être un transmuté n'était généralement pas bien vu, alors, si quelqu'un venait à l'apprendre, il ne souhaitait pas que ça se répercute sur autrui.

Ewen avait tendance à percevoir la vie tel un puzzle. Des pièces s'emmêlant, s'emboîtant les unes aux autres, une suite aux coups calculés. Tout était déjà tracé à vrai dire, mais, il s'en souciait guère. Son pouvoir lui avait appris une chose. Au final, les pièces pouvaient être remplacées, échangées, ou retirées. Qui s'en apercevait ? Personne. Puisque, non, personne ne savait la face de ce jeu géant avant d'en arriver à la fin. Sauf lui. Et, après tant d'années, Harshaw savait qu'il ne fallait pas avoir peur de jouer.