Tu joues. Tu joues, tes doigts glissants sur les touches. A la fois doux et monstrueusement violents. Tu es en colère Charles et, cela ce ressent. Dans ta musique, dans ton allure. Austère, froide. Toi qui l'es habituellement, en cet instant, on comprend que quelque chose ne va pas. Quelque chose te ronges et, tu n'as qu'une envie, tuer cette chose. Insignifiante, elle ne mérite que de se faire écraser. Insignifiant. Tu as envie de tuer, de frapper. Et, les touches blanches sous tes doigts subissent cette humeur massacrante qui a pris possession de ton corps lorsqu'au diner, cette...chose ne s'était pas présentée. Elle avait pris possession de ton corps lorsque tu avais compris que la...chose était partie. Et, tu avais qu'une envie, l'écraser comme un vers. L'écraser jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Soudainement, tes doigts percutèrent les touches violemment, tous ensemble, faisant raisonner un son d'une horreur sans nom. Tu étais en colère, Charles. Très en colère.

Doucement, assis dans le fauteuil, dos à la porte. Tu buvais ton verre. Vin rouge au goût corsé et doux. Tu étais là, dans le noir, fixant la fenêtre ouverte devant toi. Le regard perdu au loin. On ne pouvait te voir, te distinguer. Non. Tu étais caché aux yeux de quiconque entrant dans cet endroit. Petit salon attenant à la chambre. Endroit où il finirait pas revenir. Endroit où tu l'attendais. Ton humeur toujours au plus bas. Tu n'allais pas pardonner. Doucement, ton verre se glissa sur tes lèvres alors que tu croisais tes jambes. Fixant la nuit devant toi. Elle était belle, cette nuit. Aussi belle que le chiot que tu avais récupéré. Aussi belle et mystérieuse que cet animal perdu que tu avais volé. Oui. Mais, ce soir, lui, tu n'allais pas le trouver beau... Enfin, presque pas. Parce que la colère te rongeait le sang. Tu l'attendais. Prêt à parler, prêt à lui faire comprendre son erreur. Et, peu importe l'heure. Tu resterais là. Bien éveillé pour l'accueillir. Oui, Charles. Tu l'attendais...la chose.

La porte claqua. Un doux soupire dans cette chambre silencieuse. Et toi, tu étais encore là. Assis dans ce fauteuil. Un sourire mauvais se dessinant lentement sur ton visage. Ton verre de vin à nouveau plein entre tes doigts. Tu avais envie d’attendre un peu, qu’il allume la lumière. Qu’il arrive un peu plus vers toi. Alors, tu guettas ses pas. Tu guettas tel un animal en chasse. « Où étais-tu ? » Ce n’était pas vraiment une question, mais, plutôt un reproche. Ta voix froide claquant dans l’air silencieux tel un coup de feu. Poignante, violente et froide. Froide et doucereuse. Montrant ton humeur. Montrant que tu n’étais pas content. Loin de là. Il allait regretter. On ne te désobéissait pas ! Doucement, tu te redressas, regard froid, regard noir. Se posant sur lui. La chose. L’inopportun que t’avais volé pour le mener ici. L’inopportun.

« Monsieur Castro, qu'avez-vous pas comprit dans l'ordre de rester ici ? » Tu parlais, sans attendre de réponse. Tu parlais en te rapprochant du jeune homme. Ta voix toute aussi polaire que ta première question. Tes doigts crispés sur le pied de ton verre. Tu voulais le briser. Tu voulais le briser d'avoir désobéit, d'être parti sans ta permission. Tu voulais le briser autant que tu voulais le...baiser. Tes doigts se crispèrent un peu plus contre le verre alors que ton autre main te démangeait. Tu voulais le briser. Lui montrer qu'ici on ne te désobéissait pas. Doucement, ta main libre attrapa violemment le menton du garçon, crispant tes doigts sur sa peau, serrant surement un peu trop, au point de le blesser. Le fixant, le détaillant, le reniflant. Il puait et, tu n'avais aucun doute de son état. Saoul, si ce n'était plus. Rendant ta colère encore plus noire. Tes doigts serrant encore plus sa peau. « Où étais-tu ?! » Toujours cette voix trop douce pour être rassurante. Trop douce, trop froide. Tu étais en colère, Charles. Et, ce soir, Hermes allait comprendre que jamais, jamais, on allait à l'encontre d'un de tes ordres. Jamais.