i. êtes-vous originaire de radcliff ?
  Ce n'est pas à Radcliff que je suis née, ni même aux Etats-Unis à vrai dire. Je suis originaire de Paris, non pas la ville du Texas, mais la capitale française. J'ai quitté la France, mon pays de naissance, pour les Etats-Unis après l'obtention de mon baccalauréat. Les raisons qui m'ont poussé à ce choix sont multiples et personnelles, je ne reviendrais pas là-dessus. J'ai fait mes études dans l'université du Kentucky et pour me les payer, j'ai travaillé comme serveuse au bar de la ville. Enfin, après l'obtention de mon diplôme, j'ai décidé de venir à Radcliff. Cette petite bourgade calme me change de l'agitation parisienne et de la vie étudiante et j'espère y rester autant que possible.

  ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
Oui, indirectement tout du moins. A vrai dire, je ne sais pas vraiment. Je suppose qu'à Radcliff existe des hunter, ces gens qui veulent se faire justice eux-même et qui veulent à tout prix protéger leur ville des mutants. Je n'en ai jamais eu un en face de moi et tant mieux. J'espère me faire aussi discrète que possible par rapport à ma mutation. J'ai beau être "mutante", je suis une personne tout à fait normal, vous savez.

  iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
Je ne considère pas vraiment cette aptitude comme un don. En tout cas, je n'ai jamais eu l'occasion de m'en servir réellement et je ne connais même pas l'étendu de mon pouvoir. Je sais que j'ai un métabolisme qui guérit rapidement, c'est tout. Avant que le dépistage ne soit imposée, je ne pensais même pas que c'était une source de mutation.

  iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
  Clairement non, de toute façon, c'est bien connu que les informations filtrent rapidement dans ce pays. Le gouvernement nous observe, nous classifie, j'en suis persuadée. Vous verrez que dans quelques années ou même quelques mois, nous serons officiellement marqués, dénigrés. En ce qui me concerne, j'ai de la chance, ma mutation n'affecte pas réellement ma vie de tous les jours. Enfin, si, mais une boule de feu ne va pas sortir de mes mains pour aller griller un autre individu si je suis énervée. Mais si le gouvernement avait vraiment voulu protéger les mutants, il n'aurait pas fait ce maudit dépistage.

Avant de vous conter l'histoire d'Alesya, il serait peut-être intéressant de vous en dire plus sur ses parents, vous ne pensez pas?
Mathieu Devereaux et Agathe Mauroy se sont rencontrés au lycée. C'était un élève timide, travailleur, elle était ce genre de filles dont tous les garçons parlent. A priori, ils n'avaient rien en commun, et pourtant. Il était tombée sur elle un soir, ivre morte et totalement défoncée, alors qu'il sortait d'un bar avec des amis. Il l'avait reconnu, l'avait ramené chez lui, avait pris soin d'elle. C'est tout bêtement qu'a ainsi commencé leur idylle, qui dura un peu plus de trois ans. Diplômé bac, Mathieu se dirigea vers une prépa littéraire tandis qu'elle, ayant échouée, se retrouvait à devoir redoubler. Il l'a aidé à obtenir une mention, pour se trouver les études qui lui convenait le mieux et l'a même sorti pour un temps de la drogue. Un jour, est arrivé ce qui devait arriver lorsqu'on est jeunes et insouciants: Agathe est tombée enceinte. Après de nombreuses discussions, ils ont finalement décidé de le garder. De la garder, puisque c'était une fille.
Cependant, chassez le naturel et il revient au galop. Agathe et Mathieu n'étaient pas fait pour vivre ensemble. C'est Agathe qui l'a compris la première et plutôt que de vivre prisonnière d'une vie qu'elle n'aimait pas, c'est rapidement après la naissance de sa fille qu'elle fit ses bagages. Si rapidement même qu'elle n'a pas déclaré son enfant. Mathieu fut dévasté. Le jeune homme, qui venait d'entrer à l'ENS, se retrouvait père célibataire d'une nouvelle-née. Il la baptisa Alesya. Fort heureusement pour lui il put compter sur ses parents qui gardèrent Alesya aussi souvent que possible, pour que le jeune homme puisse continuer ses études malgré son nouveau statut de père.
Alesya vécut une enfance heureuse. Elle n'entendit que très brièvement parlé de sa mère, en termes peu flatteur, de la part de sa famille et elle s'habitua rapidement à son absence. Elle n'avait pas l'impression de se sentir abandonnée comme c'est le cas pour d'autres enfants, car les membres de sa famille qu'elle connaissait l'entourait d'amour et celui lui suffisait. A l'école, elle comprit rapidement qu'elle n'était pas comme les autres. Elle avait des facilités, d'énormes facilités et il lui arrivait même de s'endormir en classe tellement les choses qu'elle apprenait lui paraissait évidentes. On lui fit sauter le cp car elle maitrisait déjà l'art de la lecture, puis le cm1. Avec deux classes d'avance, Alesya ne put réellement s'intégrer le reste de son adolescence. Elle a souvent passé son temps dans les bibliothèques ou même dans sa chambre à lire des livres ou regarder des films. Pendant cette période, elle a également eu la chance de beaucoup voyager, surtout avec ses grands parents. Asie, Océanie, Afrique, Amérique.. Elle a fait tous les continents et c'est à ses 14 ans qu'elle a posé le pas pour la première fois sur le sol américain. Les paysages, la mentalité lui ont tout de suite plu et elle se jura plus tard de tout faire pour venir travailler et peut-être même étudier là-bas. C'est également vers 14 ans que son "don" se manifesta pour la première fois. Enfant et adolescente, la jeune femme n'avait jamais souffert d'aucun ennuis de santé, on pensait tout simplement autour d'elle qu'elle avait une forte constitution. C'est lors d'un match de tennis que Alesya se fractura la cheville. Oh, cela lui fit mal.. sur le coup. A peine cinq minutes après, elle pouvait remarcher. L'entraineur a mis cela sur le compte d'une simple crampe et pourtant, lui comme elle avaient bien vu et touché la cheville enflée. Il ne dit rien cependant, sans doute trop étonné pour tirer quelques conclusions.
Si Alesya avait pu transmettre son don à son père, elle l'aurait sans doute fait hélas ce ne fut pas le cas et sa fin du lycée se solda par un douloureux drame. C'est peu avant ses seize ans que son père tomba malade. Diagnostic: cancer du poumon. Une chance sur deux de s'en sortir. L'enfer commence pour Mathieu Devereaux et hélas, les traitements pourtant en constante progressions ne suffirent pas à le sauver. Il mourrut pendant l'été 2004, alors qu'Alesya venait toujours d'avoir son bac et ses seize ans. Cette perte ébranla profondément la jeune femme, qui se retrouvait même pas majeure à devoir décider de son avenir alors que la seule personne qui l'aimait et qu'elle aimait au-dela de tout venait de la quitter. Son emménagement pour les Etats-Unis devint une obsession, une possibilité qu'elle ne pouvait repousser. Le bac en poche, elle fit sa demande pour une université américaine et travailla pendant un an pourse payer ses futurs frais de scolarité. Habitant chez ses grands-parents depuis le décès de son père, elle possédait, par la vente de l'appartement qu'ils occupaient avant, d'un petit capital mais elle ne pouvait se résoudre à ne rien faire pendant l'année qui précédait son emménagement là bas. Quand elle obtint finalement sa green card tant espérée et l'accord de l'université du Kentucky, elle s'envola directement pour les Etats-Unis, avec son émancipation en poche.
Ses études supérieures se passèrent relativement bien et elle apprit beaucoup, tant sur le plan humain que scolaire. Elle parvint à se créer de véritables liens et à sortir quelque peu de son isolement, sans réellement sortir de son anonymat. Elle obtint son master avec une mention très bien et put choisir où elle enseignerait. Son choix se porta sur la bourgade de Radcliff, où elle vit désormais. Elle conserve des liens très étroits avec sa famille restée outre-atlantique et le développement des nouvelles technologies lui a permit de les appeler régulièrement sans frais. Elle enseigne à Radcliff depuis maintenant près de 4 ans et se plait dans cette ville, où elle a ses habitudes.
C'est l'année dernière, à l'occasion du grand dépistage, qu'elle a découvert son statut de mutante. Imaginez le choc pour elle, qui pensait simplement guérir plus vite que la moyenne ! Elle n'a pas encore songé à en parler à ses parents ou même ses connaissances en ville car elle ne sait pas si elle doit se fier. De nature méfiante, l'élection du nouveau maire la met mal à l'aise et l'angoisse. Elle est d'accord avec celui ci lorsqu'il dit que les mutants sont un problème, ou tout du moins une certaine catégorie d'eux et elle n'espère pas être assimilée parmi eux un jour. Elle pense cependant que son secret sera bientôt dévoilé car elle n'a aucunement confiance en ce fameux secret médical qui a rapport au grand dépistage: pour elle, si ce n'est pas déjà fait, le maire et les habitants auront bientôt au grand jour une liste de tous les mutants vivant en ville.