Sujet: what's your poison ? (saül) Mar 3 Juin 2014 - 22:08
« Pardon ? » Tu relèves la tête, hébétée, et t’extirpes de ta mini-transe. Ça doit faire plus d’une minute que tu observes son cou, fascinée par le gigantesque tatouage qui l’orne. Une épée. Massive. Pointée vers son visage. Tu trouves ça plutôt beau. Mais, alors que tu te dis que ça a très certainement dû lui faire un mal de chien, une légère grimace se dessine sur ton visage. Tu n’oserais jamais t’en faire un, surtout pas aussi imposant. « C’est quoi votre poison ? » Qu’il répète, face à ton incompréhension transparente. Ses mots sont plus lents, hachés. Son regard est planté dans le tien, comme s’il s’adressait à une enfant. Et il comprend qu’il va devoir reformuler sa question, en un langage plus simple pour ton cerveau rouillé : « Vous buvez quoi ? ». Tu te sens un peu bête, sur le coup. À la fois parce que tu dois avoir l’air d’une débile profonde, à rester plantée là, mais aussi parce que tu n’as absolument aucune idée de quoi commander. Tu n’es même pas sûre de savoir pourquoi tu es là. Tu es entrée dans ce pub, nimbée de la fumée des cigarettes, et tu t’es laissée happée par les effluves d’alcool et les relents de désespoir. Tel un automate, tu t’es instinctivement dirigée vers le comptoir alors que tu ne bois pas. Tu n’as jamais bu, pas une seule goutte ; tu as lu quelque part qu’une dépendance à l’alcool augmentait les risques de contracter un trouble bipolaire et, c’est peut-être idiot, mais ça a suffi à te terrifier à vie. Tu ne boiras jamais. Tu ne fumeras jamais, non plus. Intérieurement, tu te maudis parce qu’entrer dans un bar n’était peut-être pas ta décision la plus intelligente. Mais tu as envie de quelque chose de différent ce soir, quelque chose de nouveau. Tu brûles d’un désir ardent d’ailleurs et, en fermant la boulangerie, tu t’es dit que ce pub irlandais juste en face serait potentiellement un terrain de jeu plutôt convenable. Après tout, c’est la première fois que tu franchis le seuil mais tu te plais bien, ici. Tu aimes l’atmosphère qui y règne. Les rires francs du troupeau d’adolescents insouciants, le juke-box qui crache un classique de la belle époque du rock, comme cet endroit suinte la vie de tous ses pores. « Un truc fruité. » que tu lâches soudainement, décapitant l’ange qui passe. Tu prends soin de préciser que tu veux quelque chose sans alcool, en insistant bien sur ces deux derniers mots. Dans un sourire, le barman acquiesce et tourne les talons pour te préparer ton cocktail.
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Sujet: Re: what's your poison ? (saül) Mer 4 Juin 2014 - 19:07
what's your poison ?
Il y avait entre eux un espace commun dont les confins n'était pas bien tracés, où rien ne semblait manquer et où l'air paraissait inerte, tranquille.
Un. Deux. Trois. enfantin, le môme compte ses pas. il se laisse entrainer, trainer. il bouge ses jambes en rythme. Une. Deux. et on recommence. son regard se balade dans les rues de Radcliff. il détaille les gens, la vie, les hommes. il les détaille sans vraiment le faire. ses yeux sont vagues, pourtant il ne réfléchit pas, ses pensées sont mortes dans sa tête. il est là, sans vraiment l’être. il est ailleurs, paumé, solitaire, tranquille dans sa pseudo solitude. pauvre enfant. pauvre gosse. ça écorche de le voir comme ça, les mains dans les poches, les yeux dans l'vide. ça blesse. il le voit dans le regard des gens. dans les yeux des hommes. il surprend leur tristesse à son égard. leur douleur. leur doute. il sent leur insistance soucieuse, pourtant quand ils l’interpellent il se contente de leur sourire. un sourire un peu brisé, a l’envers. À l’envers comme lui. on l’a monté dans le mauvais sens, et depuis il est bancal. il tangue son corps. il a en presque le mal de mer le pauvre enfant. il gigote. encore et encore. ça lui retourne la tête. ça lui retourne le cœur. mais il s’en fiche le môme, il a appris à vivre avec. il a appris à aimer son simulacre de vie. d’existence. l’enfant n’avait jamais été trop quémandeur. il avait appris à vivre avec le minimum. un Monroe, et l’enfant il croit détenir la lune entre ses doigts. un bijou, un diamant, beau mais létal. un homme un peu trop éprit par la violence. un homme au corps souillé, au cœur sombre. un exact opposé. un être essentiel. un mac au sourire enjôleur. certains parlaient d'amour, mais qu'est-ce, l'amour ? un mot que l'on a créé pour désigner les larmes de joie, les rires sincères, les tambours incessants, le tremblement de coeur et de corps ? le môme, il suppose que c’est de l’amour. de l’amour avec un grand A. mais au fond il ne sait pas, il n’a jamais su. peut-être qu’il ne saura jamais. Peut-être que c’est mieux comme ça, de croire en quelque chose qui peut-être n’a jamais existé et n’existera. peut-être. peut-être pas. là encore la vie plus pose une colle. ça lui donne l’impression d’être idiot. innocent. de ne rien savoir sur l’existence humaine. comme un enfant, un nouveau-né. il se sent con, bête, bébé. ses yeux se relèvent quand ses pieds effleurent une porte. sans le vouloir, sans le savoir son corps la mener jusqu’à un bar. Jusqu’à ce bar. ses doigts crochètent la poignée, l’actionne et là, le rêve s’estompe, s’efface, s’effrite, se casse. il se désintègre lentement entre ses doigts, glissent entre ses phalanges blanches. il se morcèle devant ses yeux. et du joli rêve, il ne reste que la triste réalité. L'amère réalité. il est perdu, déstabilisé dans ce monde sauvage. sans une main pour l'accompagner, il ne voulait plus aller nulle part. parfois, Varsovie lui manque. un peu, juste un petit peu. mais assez pour le rendre nostalgique, mélancolique. sa petite maison de campagne lui manque. sa chambre aussi. ses jouets, ses dessins, ses fusains. le bruit, les sens explose ses souvenirs. Ils éclatent dans un bruit sourd, dans une mélancolique niaise, dégoulinante. de lui-même, son corps l’entraine vers le bar, où il s’assoit. le cul posé sur son tabouret a l’équilibre instable, le môme, il sourit au barman. « bonjour mordred. » il s’approche, se penche devant lui le tatoué. pour peu, Saul aurait reculé, quitte à tomber sur le sol, a s’échouer, s’encastrer dans les dalles. Pourtant, l’enfant il ne bouge pas . un sourire prend même place sur ses lèvres, tandis que l’autre effleure son front de ses lèvres. par reflexe il se met à loucher. ce n’est pas de sa faute, c’est celle de ses yeux qu’il baragouine quand l’homme lâche un rire. il se met à bouder, les mains croisées, les pieds frétillants dans le vide. son nez retroussé, ses lèvres pincées. ses yeux lui bouffent le visage. mordred s’en amuse une seconde, avant de le rassurer « boude pas gamin, je trouve juste ça mignon, c’est tout. » le môme, il résiste à l’envi de sourire. il résiste une seconde, puis deux mais finalement c’est au tour du sourire de lui bouffer le visage. jamais, il n’arrive à lui en vouloir. c’est comme avec Monroe. il ne peut jamais lui résister bien longtemps, malgré les crasses, les insultes, et la violence, peu lui importe, il ne peut pas, il ne veut pas, il n’y arrive pas. « je te sers la même chose que d’habitude gamin ? » l’enfant hoche la tête, les yeux posés sur le zinc du bar. ses doigts semblent danser sur la surface plane, lisse. ils partent dans un sens puis dans l’autre, jusqu’à rencontrer un coude. ils s’y arrêtent quelques secondes, trois ou quatre, avant de repartir. « je suis désolé. »
HJ:
un peu court. j'essaye de faire mieux la prochaine fois, promis juré craché ! par contre, si quelque chose ne te va pas, n'hésite pas à mpotter pour me le dire que je change ça au plus vite ma belle !
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Sujet: Re: what's your poison ? (saül) Lun 9 Juin 2014 - 23:26
Parfois, tu te sens paralysée. Comme morte du dedans. Anesthésiée émotionnellement. C'est comme si y'avait quelque chose qui manquait, quelque chose de brisé en toi, mais tu n'es pas sûre de savoir exactement quand la fracture s'est opérée. Tu as l'impression que tu as déjà ressenti tout ce que tu ressentira jamais. Et, qu'à partir de là, tu ne ressentira plus jamais rien, si ce n'est des versions plus fades de ce que tu as déjà ressenti auparavant. Y'a cette espèce de voile invisible qui se dresse entre toi et le reste du monde et, sans que tu ne t'en rende compte, tu as été propulsée dans une sorte de dimension parallèle, où tout est d'un blanc merveilleusement tendre et cotonneux. Aseptisé. Tu aimes bien ta vie, ce n'est pas le problème. Tu ne peux pas te plaindre : tu as un père, certes aux abonnés absents, mais qui donnerait littéralement sa vie pour toi. Un frère qui serait prêt à en faire de même. Tu aimes bien ton travail aussi, tu crois. Y'a quelque chose de presque cathartique dans le fait de cuisiner. Mais, des fois, tu ne peux pas t'empêcher de te sentir comme un automate toujours effectuer les mêmes gestes du matin au soir. Encore et encore. Alors c'est ça, vivre ? Se lever de bonne heure, aller au travail, rentrer du travail, se coucher et recommencer la même chose le lendemain ? Tu navigues à travers la vie sans but particulier et c'est horriblement frustrant. Ton regard se pose sur le groupe de jeunes attablés plus loin, dont les rires francs transpercent l'air depuis ton arrivée. Tu les regardes un instant et tu les envies. Eux et leur insouciance. Ils ont l'air heureux, plus que toi en tout cas. Quelqu'un fait une blague et ils éclatent encore tous de rire en même temps, parfaitement synchronisés. C'est plutôt drôle à voir. Il y en a un - celui qui rit le plus fort, avec la barbe de trois jours et la bière à la main - qui te fait penser à ton frère alors tu souris. Un demi-sourire, seulement. Pour une fraction de seconde. Comme si ça t'écorcherai les lèvres de sourire pour de vrai. Parfois, tu l'envies, ton frère, d'avoir un but dans la vie. C'est un chasseur, un vrai. C'est ce qu'il fait, c'est ce qui le définit. C'est ce qui donne un sens à sa vie. Et tu vois bien qu'il prend son pied en faisant ce qu'il fait ; il aime ça. Tu ne comprends pas pourquoi, d'ailleurs, mais tu le tolères. Parce que tu l'aimes et que c'est très certainement la personne la plus importante pour toi. Parce que c'est ta famille et qu'il n'y a rien de plus fort que les liens du sang. Les mots de papa, pas les tiens. Plus jeune, tu as essayé d'être une chasseuse, toi aussi, principalement pour contenter ton père. T'as pas pu. Papa dit que c'est le métier le plus honorable au monde mais tu trouves que y'a rien d'honorable dans le fait d'exploser la cervelle à de pauvres gens qui n'ont rien demandé. T'as jamais été très fan des effusions de sang, de toute façon. Un bras vient se greffer au tien l'espace de quelques secondes puis se retire brusquement. Tu reconnais son propriétaire et tu lui offre un sourire. « Oh, pas de soucis. (...) Saül, c'est ça ? Olivia, de la boulangerie au coin de la rue. »
Spoiler:
Oh non, c'est tout parfait. Pardon pour le petit temps de réponse. Et je te retourne le truc, hésite pas à me le dire si tu veux que je change quoi que ce soit.
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Sujet: Re: what's your poison ? (saül) Mar 10 Juin 2014 - 1:53