STORIES ARE WHERE MEMORIES GO WHEN THEY'RE FORGOTTEN

citation citation citation

"Marché conclu, voici comme prévu le paiement." Un homme, d'une quarantaine d'années tendit à un autre, plus petit, au dos courbé une mallette métallique. Il l'ouvrit, vérifiant son contenu avant qu'un grand sourire n'étire ses lèvres. Pas besoin de compter, le mec avait l'air réglo et il y avait assez d'argent dans la mallette pour acheter ce dont il avait besoin, et pour un long moment. Il n'était de toute manière pas fait pour être père. Son gamin ne lui paraissait pas spécial, et il ne comprenait pas pourquoi ils les intéressait et à vrai dire, il s'en fichait. Toujours la mallette en main, il alla chercher son fils dans une autre pièce. Le petit brun jouait sur un tapis élimé, avec des jeux qui avaient vu de meilleurs jours. Sans délicatesse aucune, il attrapa son fils par le poignet et le souleva avant de l'emmener dans l'autre pièce où se trouvait son "acheteur". "Le voilà." dit il simplement, comme si son fils n'était qu'une commodité, qu'un objet à échanger. Le petit garçon leva ses yeux marron vers l'homme inconnu qui lui tendit la main mais il refusa de la prendre. Il était effrayé, et ne voulait pas partir et quitter la seule personne qu'il avait connue toute sa vie. "Papa..." appela t'il mais son géniteur n'en avait déjà plus rien à faire. L'inconnu, impatient, prit sa main dans la sienne, l'écrasant presque pour le faire suivre. Le petit garçon trainait les pieds et criait après son père mais ce dernier ne répondit pas, trop occupé à admirer les billets verts de la mallette pour s'occuper de son fils...


Adonis se réveilla en sursaut, se redressant dans son sommeil avant de prendre en compte ce qui l'entourait. Il était dans une chambre d'hôtel, luxueuse. Il pouvait entendre le bruit de la ville en bas, ainsi que de léger ronflements provenant de sa gauche. Il déglutit et tourna la tête pour découvrir le dos de son amant, Jekyll, un autre enfant acheté comme lui. Le brun poussa un soupir et vint caresser le dos de l'autre homme, suivant sa colonne vertébrale d'un doux toucher. Il se leva finalement, ne s'occupant de son état de nudité pour aller dans la salle de bain. Arrivé devant le miroir, il se regarda quelques instants, cherchant dans ses traits ceux de son père, ainsi que ceux de sa mère. Il n'avait aucun souvenir d'elle, et très peu de son père biologique. Ils apparaissaient dans ses rêves la nuit, sans raison apparente. Il se pencha et se passa de l'eau sur le visage avant de s'essuyer avec une serviette et de revenir dans la chambre. Il retourna dans le lit, s'allongeant auprès de Jekyll, tout en étant conscient qu'il ne trouverait plus le sommeil. Il aurait pu demander au mutant de lui confectionner un beau rêve, mais il préférait ne pas tomber dans cette tentation. Il en avait déjà assez et si son père venait à l'apprendre...Ca n'arriverait jamais, Adonis était trop intelligent pour laisser des traces. Il ferma ses yeux, et utilisa une technique de relaxation, s'il ne dormirait pas, il comptait bien se reposer malgré tout.


Adonis ferma les yeux et se concentra sur la chaleur, ciblant sa main gauche. Il apprenait encore à maîtriser ses capacités, son père le faisant travailler chaque jours. Les mêmes exercices, les mêmes tests. Il y avait peu de temps pour s'amuser dans les murs de Stantum et l'erreur...elle pouvait coûter cher, même au fils du patron. Surtout au fils du patron. Adonis avait copié la mutation d'un pyrokinésiste, et il devait apprendre à maîtriser ce pouvoir. Encore débutant, les accidents étaient courant, mais l'adolescent comptait bien rendre son père fier de ses prouesses. Il lui fallu plusieurs minutes avant de faire appraître une flamme dans le creux de sa main. Elle était faible, et ne tint pas le coup bien longtemps. Mais il avait réussi. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il levait les yeux vers la glace sans teint, sachant qu'une équipe de scientifiques ainsi que son père se trouvait derrière.


Adonis s'arrêta de courir et se colla au mur, activant la mutation qu'il avait précédemment copiée avant de partir en mission. L'invisibilité c'était assez drôle, pouvoir se mouvoir sans être démasquer, et c'était sans compter sur tout ce qu'il pourrait faire avec dans son temps libre, si bien sûr il en avait le temps. La télépathe avec lui le prévenait des déplacements des gardes, positionnée dans la salle de surveillance, elle faisait le lien avec lui. Adonis avait choisi lui même cette mission, de gros risques, pour une grosse récompense. S'il complétait la mission du client, son père le laisserait tranquille, peut être même oublierait il cette histoire de mariage ? Adonis avait seulement dix neuf ans, et aucune envie de se marier, et encore moins à une femme, mais ça, il ne l'avait pas dit à son père, cachant le seul secret qu'il avait pu jusqu'à maintenant. Dans sa tête, la mutante lui donna le feu vert pour avancer et le brun reprit sa marche, évoluant sans bruit dans les couloirs, sans hésitation. Grâce à sa coéquipière, il aurait complété la mission dans les temps, et aurait même du temps bonus. Il était assez confiant et fut donc surprit lorsqu'il tomba nez à nez avec un garde sortant des toilettes. Il était invisible, mais le garde le sentit lorsqu'ils se percutèrent. Adonis jura et sans attendre se jeta sur l'homme, ne lui laissant pas le temps d'alerter ses collègues. Son entraînement aux arts martiaux lui fut bien utile pour neutraliser l'homme qu'il traina dans les toilettes avant de les verrouiller et de casser la poignée. Finalement, ils avaient moins de temps que prévu...


Dans le bureau de feu son père, Adonis était assit derrière son large bureau, un verre de whisky à la main. Il portait encore le costume de l'enterrement, il avait simplement défait le noeud de sa cravate. Son père était mort comme ça, bêtement. Un AVC et Adonis se retrouvait orphelin à nouveau, avec comme héritage une entreprise et un capital immense. Toute sa vie son père l'avait formé à ça, mais pas si tôt. Serait il à la hauteur de ses espérances ? C'était probablement ce que tout le monde se demandait, mais personne n'avait osé emmettre une objection, ou un commentaire. Adonis avait du pain sur la planche, et il n'avait pas le temps ou le luxe de se reposer. Mais tout ça, les contrats, la recherche, tout ça attendrait demain. Buvant son verre cul sec, il fit appeler Jekyll. Il avait besoin de quelqu'un ce soir, il ne voulait pas rester seul. Le brun saurait l'écouter et être là pour lui, comme quand ils étaient deux adolescents se découvrant du bout des doigts, comme son partenaire de mission sur qui il pouvait toujours compter. Ce soir il avait besoin d'oublier, et de s'oublier, et il pouvait toujours compter sur Jekyll pour ça.


Deux ans de prison. Deux ans de liberté envolées, prises. Adonis ne pourrait jamais les retrouver, mais il n'allait pas s'apitoyer sur son pauvre sort. Il n'était désormais plus limité par la prison, ou par Stantum. Il allait pouvoir suivre son propre chemin, pour une fois décider ce qu'il allait faire de sa vie. Oh bien sûr, il avait déjà un petit réseau qui l'attendait à sa sortie. Adonis avait grâce à Stantum des connections haut placées, résultat pas de vaccin, il était le même homme qui deux ans auparavant été rentré en prison. Il était temps de se bouger, de reprendre pied dans ce monde qui avait tourné sans lui pendant ces deux années. Et il savait très bien où faire ses premiers pas, à Radcliffe, petite ville où se trouvait Jekyll. Quand on peut aller plaisir et business....et Adonis n'allait pas s'en priver, bien au contraire. Il n'était plus contraint par Stantum de devoir offrir les services du brun au plus offrant. Maintenant, il allait pouvoir le garder pour lui, uniquement pour lui. Comme ça aurait du toujours être...