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 (merry) lead me home.

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Ezekiel Blackwell
Ezekiel Blackwell

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SUR TH DEPUIS : 23/05/2014
MessageSujet: (merry) lead me home.   (merry) lead me home. Icon_minitimeDim 13 Nov 2016 - 14:15

lead me home.
Merry & Zeke.

There are all these moments you think you won’t survive. And then you survive. - octobre 2015. ✻✻✻ Ce n'était qu'un amas de souvenirs décousus qui se glissait dans son crâne, sous ses paupières closes, dès que la conscience revenait suffisamment longtemps pour l'arracher au néant. Il se souvenait la forêt, la terre sous ses lèvres, perdu au milieu de nulle part, là où personne n'était susceptible de le trouver, en apparence. Les pas immenses qui s'approchaient, sa carrure titanesque qui s'avérait des plus rassurantes alors qu'Elias se penchait au-dessus de lui, que le médecin s'accordait enfin le droit de fermer les yeux, laissant sa vie entre ses mains. Le temps s'était envolé sans qu'il ne sache exactement depuis quand il se trouvait chez lui, comme il avait fini par oublier les semaines l'ayant confiné dans cette salle sombre, cloué à cette chaise, le nombre d'inspirations qu'il avait cru être les dernières. Il ne se rappelait que de mi-septembre, de l'été s'éclipsant alors qu'il revenait de voyage, de la dernière fois qu'il avait vu chaque visage pour les avoir ressassés durant des jours et des jours, à s'imaginer ne jamais les revoir. Ce qui s'était passé dans cette pièce, c'était cloîtré dans un coin de sa boîte crânienne, avec chaque traumatisme qui avait été ramené à la surface sous les coups, sous les insultes. Ses traits à elle, il les revoyait plus clairement, parce qu'elle hantait ce faux sommeil dans lequel il évoluait depuis qu'il était sorti, qu'elle l'avait ironiquement libéré. C'était peut-être pire encore que de ne rien voir du tout, de sombrer dans un coma sans rêves qui ne se dissiperait pas. Il s'était mis à attendre la mort, durant les dernières heures d'emprisonnement, à songer devenir fou alors que les hallucinations devenaient plus vivaces, la perte de contrôle imminente. De grands pas en arrière, à replonger dans ses vieilles psychoses, celles desquelles il avait mis de temps à s'extirper après le meurtre de Constance. Celles qui ne l'avaient jamais vraiment quitté, accrochées à lui depuis l'enfance, depuis que sa mère avait commencé à perdre la tête, ce qu'il avait tâché d'oublier, ce qui n'avait eu de cesse de lui revenir dans la solitude de ces lieux inconnus. Il n'y avait eu qu'une seule personne susceptible de le toucher suffisamment pour achever d'enfermer ces réminiscences douloureuses, à l'époque, alors que son manque cruel d'affection se portait sur sa nouvelle famille. Une seule, et c'était ainsi que son nom avait commencé à s'échapper comme une évidence, une plainte, la supplique de la voir, de la retrouver, parce qu'il n'y avait bien qu'elle qui pourrait l'aider à ne pas perdre pied. Il le lui avait promis, des mois plus tôt, et c'était cette promesse-là qu'il devait honorer. Parce que si les os brisés avaient été réparés, soudés à la force de la mutation d'Elias, il ne savait pas vraiment, Zeke, dans quel état il allait s'en tirer. Il devait la voir, Merry, et c'était ce qui s'était échappé en boucle de ses lèvres délirantes à chaque minute de chaque heure jusqu'à ce qu'Elias l'y conduise, l'amène sur le pas de sa porte, en tâchant de ne pas le perdre en route, pas quand cela semblait si important pour lui de terminer sa course chez sa soeur. Pas l'hôpital, pas ses collègues, pas la police, parce que personne ne devait savoir ce qui avait pu arriver, qu'un accident de voiture hors du comté serait plus facile à prétexter des semaines plus tard que de devoir avouer ce qui s'était réellement passé. Il avait tenu bon jusqu'à ce qu'il reconnaisse son appartement, jusqu'à ce que son visage lui apparaisse dans l'embrasure de la porte, avant qu'il n'achève de s'effondrer, un soulagement sans nom se glissant sous ses traits tuméfiés.


Il tombait. Chute interminable creusant un gouffre de terreur au fond de son ventre, ses bras incertains brassant l'air sans qu'il ne puisse s'accrocher à quoique ce soit. Ce plongeon dans le vide, ça faisait des jours qu'il lui revenait, à apercevoir le visage de Faith, de son allumé de frère, penchés au-dessus de la rambarde alors que le sol se rapprochait dangereusement. Le choc qui ne venait jamais, la fin qui ne s'annonçait pas. Son dos stoppé in extremis par une force invisible, et ses forces l'abandonnant alors que la vie s'accrochait à lui, maintenue par l'esprit de la mutante. Son coeur marqua une pause, avant de repartir de plus belle, battant à lui en faire mal alors qu'un râle incendiait ses poumons. L'agonie contre laquelle il s'était battu durant les derniers jours avait fini par le libérer lentement, sans qu'il ne parvienne jamais à ouvrir les yeux bien longtemps, marmonnant le plus souvent sans que ses mots ne semblent avoir de sens. Il avait appelé Merry, encore et encore, sans savoir si elle se tenait à ses côtés, s'il avait rêvé son arrivée chez elle. Quelques allusions à sa mère, incompréhensibles, quelques instructions lancées à la dérobée lorsqu'il sentait son rythme cardiaque s'emballer, comme s'il guidait son équipe, comme s'il contemplait son propre état sans réaliser qu'il n'était plus le médecin cette fois-ci. Parfois, c'était les souvenirs d'enfance qui s'immisçaient pour quelques minutes, quelques paroles lancées à ses soeurs, à Dan, avant que le silence ne retombe. Et puis, ces paroles répétées comme un mantra, celles qu'il n'avait cessé de jeter à Joachim, celles qui avaient fini par lui nouer la gorge en devenant de plus en plus réelles. Je la connais pas. Je la connais pas. Les mots, l'expression de Faith qu'il rejetait en bloc, pour ne jamais laisser son nom franchir la barrière de ses lèvres meurtries, comme s'il risquait encore de la mettre en danger, comme s'il ne s'était pas déjà suffisamment compromis.

« Merry ? » Un souffle qui prit enfin forme, entre les respirations erratiques qui finissaient par s'apaiser, son regard perdu se posant sur elle alors que sa poitrine se serrait. « Merry. » Murmure plus assuré, alors que l'urgence se dissipait, le laissant reprendre des inspirations plus régulières. « Pardon. » C'était tout ce qu'il y avait à dire, là, tout de suite, tout ce qu'il aurait aimé lui dire plus tôt sans qu'il ne parvienne jamais à demeurer éveillé suffisamment longtemps. Ou peut-être bien qu'il le lui avait déjà dit, qu'il ne s'en souvenait plus, alors que son esprit émergeait doucement.   « Depuis quand ? » Prenant le temps de poser ses mots alors qu'il prenait conscience de son corps, des douleurs qui s'éveillaient ci et là, du tiraillement de ses muscles et du poids qui semblait toujours comprimer son thorax. « Quel jour on est ? » Sa voix éraillée le frappa de plein fouet alors qu'il se reconnaissait à peine, assemblant toute sa concentration pour stabiliser sa vue, incapable de détacher son regard d'elle, pas même pour une seconde. « Je voulais pas te faire peur. » Jamais. C'était bien pour ça qu'il n'était pas venu, lorsque c'était arrivé la première fois. Pour ne pas qu'elle ait à revivre cette peur là, celle qu'elle n'aurait jamais dû avoir à affronter en premier lieu avec sa soeur, leur soeur. La gorge nouée, une main maladroite vint chercher la sienne alors que les souvenirs étaient mis en sourdine, humidifiant ses cils malgré tout. « Je suis vraiment désolé. » Parce que c'était ce qu'il avait toujours fait de mieux, Zeke, de s'enfoncer dans une culpabilité sans nom qui le tenaillait sans merci. Il n'échappait pas à la règle aujourd'hui, alors qu'il mettait toute son énergie à parler franchement, à saisir cette chance qui lui était donnée de lui dire tout ce qu'il avait pu craindre avant d'arriver chez elle. « J'avais peur de pas te revoir. » De revoir personne, mais elle plus que quiconque. C'était sur cette idée insupportable que ses lèvres regagnèrent le silence en se serrant fermement, pour ne pas lui causer davantage de tracas, pour ne pas sembler plus anéanti qu'il ne l'était déjà.
✻✻✻
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MessageSujet: Re: (merry) lead me home.   (merry) lead me home. Icon_minitimeDim 4 Déc 2016 - 17:27

Lead me home
Ezekiel & Meredith

C’était un soir comme les autres, ni bon ni mauvais, juste tranquille et paisible, qui s’était changé en cauchemar avec trois petits coups frappés à sa porte. Meredith n’attendait personne, elle s’était levée avec curiosité, délaissant un peu à contrecœur les pages de son roman. Elle avait ouvert et ce qu’elle avait trouvé sur son pallier … Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis, et elle revoyait chaque détail avec une netteté toujours aussi effrayante. Le visage de l’inconnu en face d’elle, d’abord. Elle l’avait gravé dans sa mémoire, bien décidée à savoir qui il était, pourquoi il était venu, pourquoi il avait fait ça pour Ezekiel. Elle avait trop de questions à lui poser, et aucune qui n’avait pu franchir ses lèvres à ce moment là. Et bien sûr, ensuite elle avait vu Ezekiel lui-même, et elle avait totalement éclipsé l’inconnu qui en avait profité pour disparaître. Elle avait perdu son souffle, perdu le court de ses battements de cœur, perdu la notion de tout ce qui pouvait exister en dehors de lui, alors qu’elle prenait connaissance avec une horreur croissante de l’état dans lequel se trouvait son frère. Elle ne l’avait jamais vu comme ça. Etrangement, c’est la pensée qui lui était le plus revenue au fil des jours, quand elle lui tenait la main et qu’elle l’entendait délirer. Elle ne l’avait jamais vu comme ça et c’était un constat qui l’avait frappée – mais bien sûr, il lui avait fallu du temps pour formuler cette idée de façon claire. D’abord, elle avait perdu pied, elle avait cru qu’il mourait entre ses bras. Elle avait revu Isobel et ses yeux écarquillés juste avant qu’elle ne soit mortellement blessée par le mutant qui avait causé sa perte, mais elle avait tenté de la repousser loin d’elle. Zeke était toujours vivant, et tant qu’il le restait, elle ne devait pas céder au gouffre qui menaçait de l’avaler. La panique avait pourtant failli la submerger à de nombreuses reprises, quand elle l’avait étendu tant bien que mal sur son lit, quand elle avait fait le compte de ses blessures, quand elle avait senti son front brûlant sous ses doigts fébriles … Sa gorge s’était étranglée un nombre incalculable de fois mais pas une seule larme n’avait coulé le long de ses joues. Pas même quand il avait prononcé son nom la toute première fois et qu’elle s’était précipitée vers lui en lui répétant qu’elle était là, oui, elle était là, elle ne l’abandonnerait pas, elle restait avec lui … A chaque fois qu’il l’avait appelée elle avait accouru, elle avait essayé de le rassurer, sans même savoir s’il entendait sa voix. Il n’avait jamais réagi mais elle avait persévéré, juste au cas où.

Depuis, Merry avait vu passer les jours sans sortir de chez elle, en ne fermant l’œil qu’à moitié la nuit pour sursauter au moins bruit. Ses premières années de médecine lui semblaient à des années lumières derrière elle, et elle maudissait sa mémoire défaillante … Et elle se détestait pour ne pas être allée au bout d’une vocation qui aurait peut-être pu l’aider à le sauver. Parce qu’elle ne savait toujours pas s’il allait s’en sortir. Rongée par cette terreur omniprésente qu’elle parvenait pourtant à mettre de côté quand elle s’occupait de Zeke, nettoyait ses plaies et le faisait boire, elle se laissait engloutir dès qu’elle mettait le pied hors de la chambre et qu’il n’était plus dans son champ de vision. Il allait mourir, là, sur son lit. Elle allait le laisser mourir parce qu’elle était trop effrayée à l’idée d’appeler des secours, incapable d’imaginer une raison valable à sa présence et à son état. Mais dès qu’elle revenait auprès de lui, elle arrivait presque à se convaincre qu’il allait mieux. Un peu, un tout petit peu, peut-être. Elle n’en savait rien. Malgré l’aspect assez propre de ses plaies, malgré ses hématomes qui devenaient plus clairs de jours en jours, il continuait de délirer, il était toujours brûlant de fièvre. Et Merry ne pouvait qu’attendre, en repoussant le moment où elle appellerait une ambulance pour se libérer de ce fardeau terrible qui l’écrasait chaque jour davantage. Elle se disait qu’au moindre signe alarmant, elle le confierait à des professionnels, même s’il fallait avouer leur les hunters et les chasses. Elle ne voulait pas qu’il meure. Elle voulait le sauver, quoi qu’il lui en coûte.

« Merry ? » Comme toutes les autres fois, la jeune femme se tourna vers Ezekiel quand il prononça son nom, et son visage s’éclaira en voyant qu’il avait les yeux ouverts et qu’il la regardait. Sans qu’elle ne s’en rende compte, il avait franchi les limbes qui le retenaient loin d’elle, et elle s’approcha de lui dans une précipitation fébrile « Merry. » Elle reprit la place qui avait été sienne des jours durant et attrapa sa main. « Zeke. » Son soulagement n’avait pas de bornes, il faisait briller ses yeux et lui donnait l’impression de flotter au-dessus du sol. Zeke s’était réveillé, pour de bon cette fois. Revenu dans le monde des vivants … Enfin ! « Pardon. » Une expression de surprise vint se peindre sur ses traits, peinant à comprendre de quoi il s’excusait, mais elle mit ça sur le coup de sa fièvre et elle secoua la tête avec énergie. « Mais non, voyons … » C’était bien son genre de s’excuser d’être venu agoniser sur son lit, et elle ne le laisserait pas se blâmer pour ça, jamais. Même s’il lui avait fichu la trouille de sa vie. « Depuis quand ? Quel jour on est ? » Merry serra sa main, son pouce imprimant un léger mouvement circulaire sur sa paume, comme elle l’avait fait durant tous ces jours où elle espérait qu’il aille mieux. Et ce fut un peu à contrecœur qu’elle répondit à sa question : elle ne voulait pas l’inquiéter avec ça, il allait sans doute commencer à analyser immédiatement ce laps de temps pour poser un diagnostic. « Ca fait quatre jours, bientôt cinq. » Dans six heures et une vingtaine de minutes, cela ferait cinq jours. Elle avait une conscience aigue du temps qui s’était écoulé depuis qu’il avait échoué devant sa porte. Elle aussi, elle avait essayé de faire son diagnostic, mais sans grand succès. « On est le 11 octobre, et il est presque 16h30. » Elle s’arrêta à cette dernière précision, trop consciente que si elle commençait à lui parler, elle ne s’arrêterait plus. Il était fatigué et il n’avait pas besoin d’entendre ses bavardages, qui n’auraient aucun sens et aucune utilité, mais elle était tellement soulagée qu’elle pourrait l’abreuver de bêtises pendant des jours non stop. Elle avait réellement cru qu’elle ne pourrait plus jamais lui parler. Que comme Isobel, il partirait sans qu’elle n’ait le temps de lui dire … oh, tant de choses encore. « Je voulais pas te faire peur. » Cette fois, elle haussa les sourcils tandis qu’un rire nerveux franchissait ses lèvres. Elle s’en doutait, il n’avait pas besoin de le préciser, mais cette phrase là arrivait presque à être drôle, après les quatre jours - presque cinq qu’elle venait de passer. « Oh, mais je n’ai pas eu peur. Tu ne me fais pas peur. » Rétorqua-t-elle en haussant les épaules, comme si ce n’était rien, comme si elle venait de passer les meilleurs jours de sa vie. Qu’y avait-il à répondre de toute façon ? Qu’il lui avait flanqué la peur de sa vie, et qu’elle ne s’en remettrait pas ? Ce n’était pas très malin. Les cernes violacés qui s’étalaient sous ses yeux rougis parleraient bien pour elle de toute façon. « Je suis vraiment désolé. » Elle baissa les yeux, ouvrit la bouche pour parler mais la referma avant d’avoir pu trouver les bons mots. Et quand elle voulu prendre la parole, il la coupa de sa voix éraillée : « J'avais peur de pas te revoir. » Elle inspira laborieusement, soudain glacée par un frisson de peur, et ses mains se crispèrent sur la sienne. Elle avait imaginé le pire, bien trop souvent ces derniers jours, et l’entendre dire qu’il y avait cru lui aussi, ça la rendait malade. « J’ai eu peur aussi, de ne plus pouvoir te parler. Et que cette année pourrie se termine comme ça, alors qu’on a tellement perdu de temps à … » Elle baissa la tête, ses cheveux glissèrent devant son visage, cachant une grimace douloureuse au regard d’Ezekiel. Elle ne se serait jamais pardonné tout ce temps à éviter son frère, à le critiquer, à ressentir tant d’agacement envers lui, s’il était mort devant elle. « Je veux pas te perdre. Et j’ai cru, j’ai cru … J’ai cru que tu allais mourir, c’était la pire chose qui … » Sa voix s’étrangla une nouvelle fois. Parler de ça, c’était bien trop difficile, surtout maintenant. « Je ne savais pas comment m’occuper de toi, mais je ne voulais pas appeler les secours. » Avoua-t-elle piteusement. « Excuse-moi. Mais je ne savais pas quoi leur dire, alors … » Elle fit une nouvelle pause, et puis elle se jeta à l’eau. Maintenant qu’il était réveillé, elle avait besoin de savoir. Elle posa sa question d’une toute petite voix, presque apeurée d’avoir la réponse. « C’est un mutant qui t’a fait ça ? »
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Ezekiel Blackwell
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SUR TH DEPUIS : 23/05/2014
MessageSujet: Re: (merry) lead me home.   (merry) lead me home. Icon_minitimeSam 21 Jan 2017 - 20:47

lead me home.
Merry & Zeke.

There are all these moments you think you won’t survive. And then you survive. - octobre 2015. ✻✻✻ Elle avait l'air fatiguée, crevée même, sa Merry, pourtant si vive en venant s'installer à côté de lui. Spontanément ses doigts cherchèrent à se resserrer sur sa main, vague mouvement frustrant ses nerfs alors que son manque de force se rappelait à lui. La mollesse de sa carcasse entravait les gestes qu'il aurait aimé faire, prendre appui sur ses coudes, se redresser suffisamment pour passer un bras autour de ses épaules et l'enlacer. Ce n'était pas pour tout de suite, et un grognement contrarié disparut au bord de ses lèvres, alors qu'il tentait de calculer combien de temps il lui faudrait pour se remettre sur pied. Incapable de réaliser la chance qu'il avait, finalement, de pouvoir au moins sortir de sa léthargie, ouvrir les yeux et aligner trois mots sans retomber à la renverse. Une fois que ses yeux troublés cessèrent d'injecter son champ de vision d'une poudre d'étoiles noires, son regard demeura fermement fixé sur son visage, en capturant chaque expression, chaque trait, de peur de repartir de plus belle dans un sommeil profond. Concentrant son attention sur les mots qu'elle prononçait, se focalisant sur la date comme si elle était d'une importance cruciale, il cligna doucement des yeux pour lui signifier qu'il entendait bien ses réponses. Économisant ses mots malgré le déluge de questions et de paroles prêtes à sortir en vrac, le calcul mental s'établit lentement. Cinq jours, presque, chez Merry. Peut-être un ou deux chez Elias, il ne savait pas vraiment, le temps semblant s'être suspendu au premier craquement alors que le mutant soudait ses os à la force de son esprit. Chez Joachim, c'était toujours aussi flou, mais l'absence n'en demeurait pas moins longue, trop longue, pour ne pas avoir éveillé des questions. L'hôpital. Les urgences. Les collègues. Les patients. Son rythme cardiaque s'accéléra alors qu'une montée d'angoisse crispait ses muscles. Qu'allait-il leur dire ? S'il n'avait déjà pas tiré une mine de dix pieds de long, sûrement qu'il en aurait pâli un peu plus encore. Avec les responsabilités résonnait également les voix qui avaient dû s'agacer au sein du groupe, se demander ce qu'il foutait, où il était lorsqu'ils en avaient besoin. De nouvelles explications à donner, presque aussi importantes que celles qu'il inventerait pour le boulot. Durant quelques secondes, son esprit divagua sur ces questions existentielles, le regard perdu finissant par se reconnecter petit à petit à la réalité, aux questions bien plus importantes que toutes les autres. Merry, Merry avant tout, et le reste ne serait que secondaire.

Ses traits s'affaissèrent alors que Merry se décomposait un peu plus, qu'un nouvel effort venait enfin refermer sa main plus fort autour des siennes, maigre soutien suite à cet aveu qu'il venait de lui faire. Il avait eu peur, mais ce qu'elle avait dû ressentir durant ces derniers jours, c'était pire que tout dans l'esprit de Zeke. Parce qu'elle l'avait déjà vécu, qu'il osait à peine imaginer ce qu'elle avait pu vivre en attendant son réveil. Il se tut alors qu'une nouvelle excuse menaçait de franchir ses lèvres, se contentant de la contempler sans savoir quoi dire, parce qu'il n'y avait sûrement rien de pertinent à répondre. La laissant poursuivre, ses yeux se fermèrent un instant alors qu'elle s'excusait de ne pas avoir appelé les urgences, avant qu'un regard doux ne se repose sur son visage. « T'as bien fait. C'était le mieux à faire. » Hochant vaguement la tête, ce qui s'apparenta davantage à un simple mouvement de menton, il poursuivit malgré l'effort que cela nécessitait. « J'aurai le temps de réfléchir. A ce que je dirai. » Quelques pauses alors que ses yeux finissaient par se fermer, incapable de se focaliser sur sa voix en continuant à soutenir son regard. Il aurait de quoi leur fournir une excuse valable, une excuse qui n'incluerait pas de grand mystère susceptible d'éveiller des soupçons. Ils pourraient y réfléchir ensemble, même, pour que Merry finisse par prévenir l'hôpital pour leur donner de ses nouvelles. Pour l'heure, il était bien incapable d'y réfléchir. Et l'ultime question de sa soeur ne manqua pas de détourner toutes ses pensées de ce sujet-là.

Une vague secousse négative de la tête, une fois de plus entravée par sa nuque douloureuse et son crâne prêt à imploser. Crispant ses lèvres alors que son coeur s'emballait, la terreur s'immisça à nouveau dans ses veines alors que ses souvenirs lui revenaient par flash, qu'il peinait à trouver les bons mots, les bonnes explications, sans se laisser submerger. « Hunter. » Les paupières se plissèrent un peu plus encore alors qu'une douleur lancinante s'insinuait sous sa chair, à ranimer le fil de ces jours passés sous l'emprise de Joachim le long des ecchymoses. Énigmatique révélation qu'il se devait d'éclairer, alors qu'il perdait à nouveau la notion du temps, à sombrer probablement pour une ou deux minutes, sa respiration se calmant progressivement, son thorax ne manquant pas de se tendre par intermittence dès lors qu'il tâchait de se rappeler. « Famille compliquée. Visiblement, c'est sa soeur que je fréquentais. » Fréquenter, c'était plus simple, ça expliquait aussi pour quelle raison Merry n'avait jamais rencontré la demoiselle en question. Dans son esprit, ça avait du sens, de dire tout ça. A l'avoir vécu, ça semblait bien résumer la situation, mais pour Merry, c'était sûrement encore bien trop flou. Il fallait être sacrément jaloux, comme frère, pour ainsi s'acharner sur un prétendant de sa soeur. Même lui n'aurait jamais été jusque là, même s'il avait toujours gardé un oeil sur les fréquentations de Merry, même sur Selwyn, au début, en voyant les regards qu'il posait sur elle. Il aurait probablement cherché à faire une blague, pour dérider l'atmosphère, si son sens de l'humour ne s'était pas fait la malle subitement. « Il voulait qu'elle souffre. » En le brisant lui, c'était elle, qu'il cherchait à briser. Seulement une fois de plus, ça semblait totalement inimaginable, et il avait déjà quelques difficultés à comprendre en  ayant eu un aperçu des relations qu'ils entretenaient, alors ça devait toujours être compliqué à comprendre pour sa soeur. Un seul mot lui vint à l'esprit, pour l'éclairer de manière concise. « Un psychopathe. » Bougeant légèrement sur le lit en tentant de trouver la meilleure position possible, il s'arrêta rapidement en reportant son regard sur elle, en ne cherchant pas à entrer dans le détail de ce qu'il avait pu lui faire. Il n'y avait qu'une chose, une seule, qu'il tenait à lui dire. « C'est grâce à toi. Grâce à toi, je voulais pas te laisser, tu m'as sauvé. » Faith l'avait sauvé, aussi, à l'arracher aux griffes de son frère, à le ramener à bon port, à sauver ses valeurs en scellant ses lèvres malgré les coups, pour cet amour qu'il lui portait. Mais psychologiquement, alors qu'il puisait sa force dans les souvenirs, dans l'envie d'en dire plus, de ne pas l'abandonner, c'était Merry qui s'était imposée, dans cette importance cruciale qu'elle avait toujours eu pour le médecin. Il aurait aimé en dire davantage, mais ses lèvres tremblantes ne parvinrent à laisser sortir le moindre mot supplémentaire. Il aurait pu tout lâcher, alors qu'il s'imaginait déjà laisser chacun de ses proches derrière lui, cédant à la torture, prêt à se laisser aller. Mais elle, elle il ne pouvait pas la laisser derrière lui, s'en aller sans un adieu, sans une explication, sans même savoir si elle trouverait un jour son corps.

Jamais il ne pourrait fermer les yeux, laisser l'obscurité tomber sur Merry. Jamais.
✻✻✻
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MessageSujet: Re: (merry) lead me home.   (merry) lead me home. Icon_minitimeMar 21 Fév 2017 - 20:40

Lead me home
Ezekiel & Meredith

Des dizaines de questions se bousculaient sur les lèvres de Meredith, à présent qu’Ezekiel était éveillé, mais elle devait les ravaler et les repousser à plus tard. Chaque chose en son temps, le plus important était qu’il soit de retour avec elle. Elle ne profiterait jamais assez de son regard posé sur elle, même s’il fallait pour ça supporter la vue de son visage tuméfié. Elle avait mal à le voir ainsi, à imaginer ce qui avait bien pu lui arriver. Elle ne savait rien, mais elle imaginait trop bien sa souffrance, gravée au fer rouge dans chacun de ses membres. Quelqu’un – plusieurs personnes ? – avait torturé Ezekiel, elle pouvait le voir à la façon dont certaines blessures avaient été causées. Elle avait été bien éduquée, bien qu’on lui ait toujours répété que la torture était à proscrire, on lui avait tout de même expliqué par le menu la façon dont les bons tortionnaires s’y prenaient. Elle avait toujours eu beaucoup de mal à accepter ce genre de connaissance, mais d’autant plus aujourd’hui qu’elle en avait les marques sous les yeux. Ezekiel avait été torturé et ça lui était une pensée insupportable. Néanmoins, il avait aussi été soigné dans une certaine mesure avant d’arriver chez elle, elle en aurait mis sa main à couper : certaines traces attestaient de blessures résorbées qu’elle n’aurait jamais été en mesure d’assumer, et qui auraient à coup sûr coûté la vie de son frère si elle l’avait laissé sur son lit comme elle l’avait fait, sans appeler de secours plus compétents. L’homme qui l’avait déposé chez elle jouait sans doute un rôle là-dedans, et cela soulevait de nouvelles questions toutes plus retorses les unes que les autres, mais le pire restait de savoir ce qui s’était passé. Qui donc avait pu s’acharner ainsi sur son frère, et pour quelle raison ? C’était la seule question qui importait vraiment. Savoir comment ils s’en sortiraient pour justifier son absence et ses blessures, c’était largement secondaire dans l’esprit de Merry, surtout maintenant qu’il était réveillé. Elle n’avait plus à craindre que son état n’empire, du moins elle osait l’espérer, et elle n’appellerait donc pas d’ambulance pour venir le chercher. Entendre Zeke approuver son choix la rassura légèrement, et elle relégua ce sujet aux oubliettes sans plus y songer. Oui, ils y réfléchiraient, plus tard. Ca n’avait pas d’importance. Elle couvrirait tout ce qu’il lui dirait de couvrir, elle avait bien assez de contacts chez les hunters, à présent, pour obtenir de l’aide de ce côté-là. Surtout si, comme elle le pensait, Zeke avait été attaqué par des mutants.

Elle l’avait posé, sa satanée question, elle n’avait pas pu s’en empêcher. Elle ne doutait pas de la réponse, elle avait simplement besoin d’une confirmation. Elle le regretta pourtant quand elle vit l’effet que ses quelques mots avaient sur son frère. Son visage avait perdu le peu de couleur qui lui restait encore et ses traits se tirèrent davantage. La jeune femme se mordilla les lèvres, mortifiée de l’avoir replongé dans des souvenirs qu’il souhaitait sans nul doute laisser de côté pour l’instant. Elle aurait voulu reprendre sa question et le mal qu’elle avait causée, mais c’était déjà trop tard, et elle ne put qu’attendre. Mais le mot que prononça Ezekiel fut bien différent de la confirmation qu’elle attendait, et elle fronça les sourcils en se rapprochant un peu de lui. Hunter. Un sourire incertain vint flotter sur les lèvres de Merry et elle lui caressa le front d’un geste tendre, certaine que la fièvre l’avait à nouveau emporté loin d’elle. Sa période de lucidité avait duré bien moins longtemps que ce qu’elle espérait, et elle essaya de ne pas s’en inquiéter. Il avait besoin, de repos, c’était tout … Mais il reprit la parole, et bien que ses paupières soient toujours closes, Merry fut soudain certaine qu’il n’était pas inconscient. Il ne délirait pas. Bien que les mots aient du mal à franchir ses lèvres, ils étaient cohérents … Elle se souvint qu’il avait prononcé une phrase à plusieurs reprises lors de ses délires enfiévrés – je ne la connais pas. Elle n’y avait pas prêté grande attention alors, comme elle avait fait de son mieux pour ne pas trop s’appesantir sur toutes les autres plaintes qu’il avait lancées comme des appels au secours. Mais ces quelques mots anodins venaient appuyer cette révélation incroyable. Il y avait une femme, et c’était à cause d’elle qu’il était dans cet état. « Quoi ? » Elle ne voulait pas le brusquer, pourtant sa question, posée trop brusquement, eut des accents de reproche. Explique-moi, Zeke. Rien n’avait de sens là-dedans. Elle le fixait avec une détresse croissante, ses pensées filant d’une donnée à l’autre sans parvenir à s’arrêter à ce qui semblait le plus énorme. « Tu étais avec une … hunter ? » Elle émit un bruit à mi-chemin entre le rire incrédule et le grognement agacé. Elle n’en avait rien su. Ce n’était pas un genre de secret pourtant, si ? A moins que ça ne le soit, au moins pour elle. Ou pour tout le monde ? Il avait déjà été avec une hunter et il en subissait encore les conséquences néfastes, elle aurait cru qu’il … Mais qu’il quoi ? Qu’il ferait mieux attention en choisissant ses compagnes ? Pas de hunter, pas de chien, pas de tabac ? Même elle, qui avait pourtant regardé avec méfiance chacune de ses petites amies, pouvait comprendre à quel point c’était ridicule. Il n’empêche qu’elle le croyait incapable de fréquenter une hunter, quelle qu’elle soit. Il détestait ça. « Comment est-ce que … Mais est-ce qu’il savait que tu es un hunter toi aussi ? » Elle ne pouvait pas croire que cela soit possible, en vérité. Il devait y avoir une erreur. Aucun hunter, aussi psychopathe soit-il, ne ferait subir une telle torture à un de ses pairs, surtout pas à cause d’une femme. D’une sœur. « Je ne comprends pas. » Lâcha-t-elle d’un ton haché, en faisant de son mieux pour arborer un sourire rassurant. Elle reprit la main de Zeke et recommença machinalement à lui caresser la paume en tentant de paraître plus calme qu’elle ne l’était réellement. « Tu es sûr que c’est pour ça qu’il t’a fait … tout ça ? Il doit y avoir une autre raison. » Une autre raison qu’une femme, forcément. Un hunter ne s’en prenait pas à un autre hunter comme ça, c’était absolument interdit par tous les codes, même pour ceux qui ne suivaient aucun groupe et qui agissaient seuls. Ils faisaient tous partie du même groupe malgré tout, ils avaient les mêmes idéaux. Mais quelqu’un avait tout de même essayé de le tuer … Aussi dure que soit cette constatation, Merry devait y faire face, pour un jour pouvoir rendre les coups au responsable, au centuple s’il le fallait. Personne n’avait le droit de faire ça à son frère, personne. Il était le dernier hunter de la région à mériter un pareil traitement, même de la part des mutants, et puis … Il était son frère. Vivre sans lui, ce n’était pas possible. Elle avait déjà perdu une sœur et elle ne perdrait pas un frère, même s’il n’était pas de son sang, même s’il ne portait pas le même nom qu’elle. C’était lui qui avait la plus grosse place dans son cœur, depuis ce petit béguin qu’elle avait eu pour lui quand il était arrivé dans leur maison. Ce crush d’enfant avait disparu il y a longtemps, remplacé par un amour bien plus solide. « Tu ne m’as pas laissée. Tu l’avais promis. » Articula-t-elle avec difficultés, la gorge serrée par son dernier aveu. Grâce à elle ? C’était grâce à elle qu’il était là … « Et je ne te laisserais pas. Jamais. Je le tuerais pour ce qu’il t’a fait. » La dernière phrase fut ajoutée à voix basse, une promesse qu’elle se faisait à elle-même avant de la faire à son frère.

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(merry) lead me home.

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