i. êtes-vous originaire de radcliff ?
bien vu, c'est vrai, je suis née ici. je dirais pas que c'est le cas pour toute la famille vu que ma mère est écossaise de naissance. sinon, que dire de cette ville ? je l'aime assez bien, vu que j'y ai passé ma vie. mais j'aurais aimé voyager, quitter cette ville pour m'installer dans une autre, juste pour voir ce que ça fait de vivre ailleurs. mais je n'ai pas su quitter radcliff et ses habitants. puis il fallait bien quelqu'un pour reprendre la librairie de ma mère.

ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
oui une fois. j'ai pas su contrôler mon don, alors j'ai disparu puis réapparu et j'ai ensuite changé plusieurs fois de couleurs d'yeux, de cheveux, de peau. forcément c'est remarquable dans la foule. ils ont voulu m'abattre mais ce bel inconnu, jorah, est venu à la rescousse comme une sorte de super héros. et il en est mort. puis il est apparu sur le seuil de ma porte, le lendemain, comme si rien ne s'était passé. j'ai cru qu'il était mort pour moi, est-ce que vous vous rendez compte ? c'est vraiment un idiot, j'aurais pu faire une crise cardiaque. mais s'il n'était pas venu, je serais sûrement entrée en dépression. quoi qu'il en soit, jorah est un bon bouclier contre les hunters.

iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
non très peu bien que je le trouve hyper méga génial. je tiens à ma vie vous voyez ? et puis je ne sais pas vraiment le maîtriser alors je veux éviter les dégâts, surtout que la dernière fois que je l'ai utilisé ça s'est plutôt mal passé et je ne compte pas retomber sur des hunters à nouveau. donc pour l'instant je n'use que très rarement mon don et il ne m'est pas très utile, à par pour changer de couleur et mettre à nu mes émotions. la dernière fois, je le suis retrouvée toute rouge, de la tête aux pieds. c'est assez gênant.

iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
bien sûr, comment peut-on laisser d'autres humains se faire tuer ? car oui bien évidemment que nous sommes des humains, nous sommes juste légèrement différent. ce qu'il devrait mettre en place c'est.. une genre d'école pour les mutants. parce que c'est vrai, certains son dangereux quand ils ne maîtrisent pas leur don mais est-ce une raison valable pour les tuer ? ce n'est pas mon avis. une école pour aider les mutants à contrôler leur don. je sais qu'ils ont mis en place un traité de protection et tout, mais ce n'est pas suffisant.

Elle n'était encore qu'un petit flocon de neige âgé de six ans lorsqu'elle a reçu un appel d'un homme doté d'une voix grave. « Bonjour, suis-je bien chez monsieur et madame Caulfield ? » les Caulfield étaient aimés et enviés à Radcliff. Un petit couple parfait et leur enfant tout mignon. « Oui monsieur, mais ils sont partis. » Une petite taille, mais pourtant déjà une grande langue. « Tu es seule ? » « Non, papy et mamie sont là. » « Tu peux me les passer s'il te plaît ? » « Vous êtes qui ? » « Passes moi tes grands parents s'il te plaît. » « Non, d'abords vous devez me dire qui vous êtes. » La grosse voix ne répondait pas, et la petite s'impatientait. « Je suis un méchant monsieur qui va venir te dévorer tout cru si tu ne passes pas ce téléphone à tes grands-parents. » La petite s'était alors exécutée et est retournée dehors sur sa balançoire. Et elle a attendu, toute seule, que ses parents reviennent. Elle a attendu, durant des heures entières en chantonnant joyeusement. Pam, pam, pam. Les gros pieds de son grand père résonnaient sur le carlage de la terrasse. Son visage était comme gris, assombri. « Qu'est-ce qui a papyy ? » La petite sauta alors de la balançoire pour venir s'accrocher à la jambe gauche de son grand père comme elle avait l'habitude de faire. « Ils reviennent quand papa et maman ? » plic, ploc. Deux perles salées tombèrent sur son visage de neige, et elle le regarda de ses grands yeux. « Papy ? » « Ils sont montés là-haut. » Horloge cassée, train déraillé, oiseau blessé. Plic, ploc. qu'une fois, deux fois, trois fois, puis une centaine de fois. De petits flots de petites perles salées lui coulèrent sur la joue. Enfant pleurs, pleurs cachés, fleur fanée. Le couple tant enviés était maintenant décédé, et ils avaient laissé derrière eux, leur petit flocon de neige, ce petit être tout joyeux à présent meurtri, endolori. Savez-vous, vous, ce que ça fait de perdre des êtres chers à vos yeux ? Savez-vous, vous, ce que cela fait lorsque la petite et jolie vie que vous avez mené jusque là s'effondre pour devenir torrent ? Les docteurs du coeur lui disaient « Ça va aller, ça va s'arranger avec le temps. » mais elle savait bien que cette faille que l'accident a causé restera à jamais. Comment pouvaient-ils savoir eux ? Ils n'en savent rien, se disait-elle. Ils n'ont pas perdu leurs parents. Elle aurait pu se renfermer, la petite. Mais au contraire. Elle faisait voler ses cheveux au vent, un sourire accroché aux lèvres et elle disait « Je vais bien. » Allait-elle vraiment aussi bien qu'elle le disait ? On savait tous que non. Mais elle n'a pas baissé les bras, elle a levé la tête, et elle a sourit. Les gens ne pouvaient comprendre sa douleur, ses pleurs, à quelle point était fissuré son coeur. Elle ne leur en voulait pas, ils ne pouvaient pas savoir, ils essayaient juste de l'aider. Elle trouvait cela merveilleux, que certaines personnes préfèrent aider d'autre personnes plutôt qu'eux même, et en faire leur métier. Elle disait, « Plus tard, je serais mécanicienne pour coeur cassé et fissuré. » Et elle faisait rire ses grands parents, à chaque instant, pour voir sur leur visage fleurir encore cette chose qu'on appelle le bonheur.


Elle qui trouvait son don hyper chouette, elle le détesta le jour où un homme vint à mourir, abattu par les hunters en essayant de l'aider. Jamais elle ne s'était senti aussi brisée que ce jour là. Ne sachant où aller, elle s'était réfugiée dans la librairie, parmis les livres. Le tonnerre qui grondait dehors la faisait tressaillir à chaque grondement. Ce jour là, aucun livre ne pouvait la consoler. La jolie brune ne pouvait s'empêcher de penser que cet inconnu était mort par sa faute. Aussi tremblante qu'une feuille, Ella se leva enfin pour rejoindre la porte d'entrée. Munie d'un parapluie, elle s'aventura dans les petites rues de Radcliff, les joues mouillées, et non pas à cause de la pluie, mais bien de ces petites perles salées qu'elle a connu des années auparavant. Doucement, elle introduisit la clef dans la serrure de la petite maison qu'elle habitait. Le corps frêle de la jeune femme avançait doucement, tête baissée, sanglotant. C'est lorsqu'elle leva la tête pour déposer son manteau sur l'accoudoir du canapé qu'elle se rendit compte qu'elle n'était point seule. « Nom de.. » L'engin mécanique implanté dans sa poitrine faillit manquer un tic tac. « Mais... » Devant elle se trouvait cet inconnu normalement décédé. « Vous êtes un fantôme ? » Timidement, un dessin de sourire fleurissait au bout de ses lèvres rosées. « Merci. Non. Euh... Vous êtes fou ? J'ai failli mourir de tristesse... » Se rendant compte qu'elle pleurait devant lui quelques minutes plus tôt, elle se hâta d'essuyer les rivières de larmes qui s'étaient formées sur ses joues. « Vous êtes mort pourtant, je vous ai vu, j'ai vu les hunters.. C'est pas possible, j'suis folle. Ou... Je suis morte moi aussi ? » Après quelques explications, la jeune femme n'arrêtait pas de rigoler. Rassurée, elle remerciait le bon dieu auquel elle ne croyait même pas, de lui avoir ramené ce mutant qui s'appelait en réalité Jorah. Jorah et Ellaria, Ella et Joe. Deux boules de feu, deux astres, les étoiles et le ciel, la tristesse et la joie, une fable ces deux là. Le lendemain, la première préoccupation d'Ella fut se vérifier si Jorah était toujours là. Sautant de son lit excitée comme une puce, la petite brune courut presque pour atteindre le salon. Le mutant était toujours là, allongé sur le canapé. un doux sourire s'étira sur son visage. Elle n'avait pas rêvé, cette fois-ci, c'était réel. Jorah était vivant, et il dormait. « Bien dormi, merci. » Surprise, elle manqua de faire tomber la tasse de thé qu'elle s'était servie. La libraire fixait le mutant attendant qu'il se réveille, pensant qu'il dormait. « Vous êtes réveillé depuis combien de temps vous ? » Le regard fuyant et le sourire au lèvre, il se leva doucement pour la rejoindre dans derrière le bar qui séparait la cuisine du salon. « Il vous arrive souvent de débarquer chez une femme et lui faire croire de dormir le matin quand elle.. pour..... zut. » Deux rires à l'unissons, ça change du silence assourdissant qui régnait dans la maison auparavant.


Ellaria l'enfant fleur, comme une lueur de printemps. Ellaria et ce dessin de sourire qui fleurit au bout de ses lèvres. Ellaria poupée poème, poupée bohème, poupée problème. Ellaria est si rêveuse, si joyeuse, et pourtant tempétueuse, capricieuse. Ellaria rime avec joli, avec poésie et puis avec mélancolie un peu aussi. Ellaria c'est un arc-en-ciel, une poignée d'étoile, un flocon de neige perdu au milieu d'un désert de sable. Ellaria c'est une armée de sourire, une esquisse de court-circuit, Ellaria c'est un regard, un sourire, deux syllabes, sept lettres, mirage. Ellaria c'est bien plus grand, Ellaria c'est bien plus beau. Parce que c'était elle, parce que c'était toi.
Allongée dans cette étendue d'herbe encore mouillée, les yeux fermés, elle songe. Elle songe à ces moments passés, souvenirs envolés. Elle repense à leurs sourire, ces yeux verts, bleus, marrons. Ces sourires, heureux, les narquois puis les tristes. Elle repense à la tarte aux pommes, au playmobils en pagaille, à cette rose fanée. Souvenirs d'un temps oublié. Elle songe aux champs de blés, à cette étendue de bleu, comme celui de ses yeux, aux remparts, aux lumières, aux rires, aux sourires. Souvenirs, souvenirs, trop de souvenirs, cachés, enfouis dans sa mémoire. Il y a elle, la belle, la douce, celle qui est partie trop tôt. Il y a lui, le grand, ton roi, le brave, le chevalier au grand coeur. Puis il y a lui, ce monstre, l'infâme. Lui qui t'a laissé pour quelques filles de joies. Non, décidément tu n'as pas une vie simple mais tu préfères qu'elle reste comme ça. Tu ne veux pas d'un long fleuve tranquille, tu préfères ce torrent, cette ouragan, cette tornade. Les rêves pleins la tête, elle ouvre les yeux, et affronte du regard le ciel bleu. En ce jour de printemps, elle rêve de partir avec Jorah, et parcourir le monde à la recherche d'un monde plus beau, à la recherche d'impossible, d'aventure, d'imprévu, d'inconnu. Jorah, et elle sourit.