Une cigarette entre les lèvres, le chasseur claqua la porte dans son dos, laissant derrière lui les railleries de son mentor. Parfois, Wade s’étonnait à réellement à apprécier le Beauchamp, ce personnage bourru qui l’avait pris sous son aile ; pourtant, son ancien instructeur finissait tout le temps par cracher sur cette sympathie, en trouvant un moyen de l’énerver. Ce soir, s’en était trop pour Wade, qui avait préféré quitter le bureau de Caïn plutôt que de lui avouer ce qu’il avait sur le coeur. Il était venu le retrouver, dans le calme de la base militaire vidée de ses occupants pour la soirée, pour continuer de s’entraîner mais le vieux hunter avait l’air encore plus de mauvaise humeur que d’habitude. Le Rosenbach n’avait jamais été patient, et même s’il voulait bien faire des efforts pour Uprising et pour Daria, il avait ses limites. Portant son briquet à sa bouche, il alluma sa cigarette avant de s’enfoncer dans la nuit sombre. Tout était calme, paisible. Il tira longuement sur sa cigarette et sentit la colère quitter son corps petit à petit. L’envie d’enfoncer son poing dans la figure de Caïn ne se faisait plus aussi prenante, Wade aurait presque pu profiter de cette nuit dégagée, de la fraîcheur des ténèbres, du bruit de la nature qui environnait la base. Sa double vie commençait à lui peser, jonglant difficilement entre son identité de chasseur et celle de membre d’Uprising. Plus le temps passait, plus les entraînements s’intensifiaient, plus le chasseur avait du mal à faire la part des choses. Caïn était un monstre, il faisait parti de ces fous qui chassaient sa soeur, et tous les autres. Le Rosenbach ne devrait même pas hésiter, et pourtant … Pourtant, il ne savait plus. Le gamin était perdu, tiraillé entre sa famille biologique et sa famille adoptive. Entre les chasseurs et les mutants. Ca lui faisait mal au crâne d’y penser, alors n’y pensais pas ; il marchait sur la corde tendue entre ces eux camps, entre chaque côté de cette guerre sans merci. Un jour, ça lui retombera dessus. Mais il avait perfectionné l’art de reporter les choses à demain, alors il pouvait dormir tranquille.

Wade était rendu à la limite de la base maintenant, s’étant perdu dans ces lieux qu’il avait fréquenté en tant que recrue quelques années auparavant ; ces lieux qui lui manquait. Inconsciemment, il porta sa main sur sa jambe gauche, ou plutôt là où devrait se trouver sa jambe gauche. Il fut pourtant sorti de ses rêveries par un coup de feu, venant de l’entrepôt à quelques mètres de lui. Le Rosenbach jura. Caïn lui avait promis qu’ils seraient seuls ce soir, que personne ne les surprendrait ; qui donc venait déranger leur entraînement ? Au pas de course -ou du moins ce qui semblait l’être malgré la boiterie du garçon-, Wade rejoignit l’entrepôt. « Il y a quelqu’un ? » lança le chasseur, durement, tâchant de paraître aussi menaçant que possible. Il poussa la porte, et découvrit la silhouette fluette qui lui faisait face, les bras remplis d’armes ramassées dans la réserve. Le Rosenbach se figea, jetant un regard confus vers la jeune femme ; instinctivement, sa main se déposa sur le revolver qui pendait à sa ceinture. « Oh salut, faut pas faire attention à moi, j'fais que passer. Retourne avec tes amis hunters, pas besoin de toi ici. » Wade arqua les sourcils, surpris par la familiarité de la voleuse. Pour qui se prenait-elle ? Et comment avait-elle réussi à pénétrer l’enceinte sécurisée de la base ? « Ohh d’accord, vas-y, fait comme chez toi. » souffla-t-il, le ton empli de sarcasme. Le chasseur fit mine de quitter la pièce, se retournant au dernier moment comme s'il avait oublié quelque chose. « Tu .. t’veux que je te ramène quelque chose ? Une bière peut-être ? Non ? » Le Rosenbach marqua une courte pause avant de se rapprocher vivement de la blonde, la boiterie anéantissant le côté menaçant qu’il tâchait de se donner. « Mais pour qui tu t’prends, qu’est-ce que tu fous là ? »

Ca aura eu le mérite d’égayer un peu soirée, d’animer cette séance d’entraînement qui s’annonçait bien morose. S’il y avait bien une chose qu’il attendait de cette vie d’infiltré, c’était l’action, l’inattendu, c’était cette peur, lovée au fond, de ses tripes qu’il n’avait pas ressentit depuis son retour d’Irak. Ca lui manquait terriblement. Il aimait Radcliff, réellement ; mais il s’ennuyait à mourrir dans ce patelin paumé, loin de l’excitation du front. Alors quand Caïn lui avait proposé de l’entraîner à devenir chasseur, il avait espéré retrouver un peu de cette excitation ; c’était naïf de sa part. Car jusqu’à présent, il n’avait fait qu’écouter parler son mentor durant des heures de l’art de la chasse, et le regarder de loin pendant qu’il traquait les mutants. C’était plus chiant qu’il ne l’aurait pensé en s’imaginant la vie palpitante des hunters. Mais ce coup de feu, c’était l’occasion d’embrasser l’imprévu. Wade en fut d’autant plus déçu en découvrant la frêle silhouette de la blonde devant ses yeux ; ce n’était pas réellement ce à quoi il s’attendait. Le Rosenbach n’allait pas se plaindre pourtant, la jeune femme n’était pas désagréable à regarder. Comme une seconde nature, il laissa son sarcasme l’emporter sur le bon sens, oubliant tous les enseignements de son mentor. Ce n’était certainement ce qu’aurait dû faire un vrai hunter ; mais après tout, il n’était pas réellement un vrai hunter.

A sa plus grande surprise, la blonde entra tête baissé dans son petit jeu, feignant de réfléchir lorsqu’il lui proposa à boire. Ca amusa le Rosenbach, pourtant il continua sur sa lancée, bien décidé à faire fuir la belle avant que Caïn ne découvre son intrusion. Si Wade était prêt à la laisser filer, il était moins sur de la décision du vieux chasseur. Alors il reprit son sérieux, difficilement ; ce n’était pas naturel chez lui, le sérieux, son immaturité était bien trop profondément ancrée dans son ADN. « Aaawwww t'étais pas sérieux ? J'aurais bien pris un verre de rhume avec du citron plutôt qu'une bière... » souffla la belle, une mine déçue déformant ses traits fins. Le chasseur roula les yeux au ciel, tâchant de cacher son amusement pour toute cette situation ; il était censé être un chasseur après tout, il ne pouvait pas commencer sympathise avec l’ennemies. Peu importait si l’ennemie avait de jolis yeux, du répondant et des jambes qui ne semblaient jamais finir. « Ah fuck, c'est pas l'hôtel cinq étoiles ici ? Bah j'ai dû me tromper. » Un sourire moqueur s’étira sur les traits du Rosenbach, bien décidé à se battre avec les même armes de la belle. « Non, sorry sweetheart. » souffla-t-il, mielleux, faussement sincère. La blonde avait recommencé à ranger les armes dans son sac, ignorant totalement la présence du soit-disant chasseur. « T’as dû prendre le mauvais tournant, le Ritz est un peu plus loin sur la route. » Wade s’approcha de la belle pour la stopper, mais elle s’arrêta d’elle-même pour riposter. « Qu'est-ce que tu crois que je fous ici ? Que j'viens magasiner mes petites culottes ? » Le Rosenbach laissa échapper un rire moqueur. « Clairement, t’as trouvé le bon endroit pour ça. » siffla-t-il en désignant les nombreuses armes qui les entourant, un sourire trop large sur le visage qui se transformait en grimace. Le chasseur commençait réellement à s’amuser, oubliant l’espace d’un instant qu’il était censé être le bad guy dans l’histoire. Mais la belle ne manqua pas de lui rappeler. « Quoi y'ont arrêté de recruter des chasseurs brillants, maintenant ils ne prennent que les beaux gosses ? » Flatté, le garçon ignora inconsciemment l’insulte dissimulé sous le compliment. Laissant tomber soudainement le sarcasme et les menaces, un sourire charmeur vint illuminer les traits du militaire, répondant à celui de la blonde. « Tu penses vraiment que j’suis beau gosse ? » souffla-t-il, de la voix la plus séduisante qu’il puisse trouver. Malgré la situation, il ne pouvait pas s’empêcher de commencer à flirter avec la belle. Le grand adolescent déposa son coude sur le carton à ses côtés sans quitter la belle du regard, souhaitant s’appuyer dessus sans se douter que la boite cèderait sous son poids ; il se rattrapa pourtant, manquant de peu de s’étaler sur le sol. Il se redressa, gêné, passant une main dans ses cheveux, s’accrochant au peu de dignité qui lui restait. « Tu sais, ils prennent un peu n’importe qui ces temps-ci. Même des mecs sympa qui s’rais prêt à détourner le regard si tu déposes c’que t’as volé et que tu t’en vas sans te faire repérer. J’suis pas sur que tous mes collègues soient aussi gentils. »

Elle devrait partir. Peu importait à quel point il appréciait la compagnie impromptue de la belle, c’était bien trop dangereux ; il était patient avec elle, mais Caïn ne lui ferait pas ce plaisir. Wade avait vu son mentor en action, sous ses yeux effarés, revoyant dans les gestes crus du chasseur les horreurs des guerres qu’il avait laissé derrières. Ses traits déformés par la rage, son regard s’enflammer alors qu’il resserrait ses griffes autour de sa proies. Ca lui faisait mal au coeur à Wade, d’assister à ces scènes, impuissant. D’être complice dans les crimes du Beauchamp. Mais il n’avait pas réellement le choix, s’il voulait continuer à jouer le jeu, s’il voulait rester aux côté de Caïn et rejoindre les hunters. Ca avait été insoutenable pour lui, au début. Il rentrait s’effondrer dans les bras de Daria, cherchant un peu de réconfort, essayer de se convaincre qu’il faisait ça pour la bonne cause. Que tous les mutants qu’il voyait tomber sous ses yeux comprendraient. Il en pleurait, toutes les nuits. Et puis c’était devenu plus facile, sans explications ; c’était là qu’il s’était rendu compte que les mots de se mentor l’affectait plus qu’il ne le pensait. Que peut-être, qu’au final, c’était marqué dans son ADN. Les mutants avaient le gène X, peut-être que lui avait le gène hunters. Comme ses parents. Des pensés qui le rongeait, ces nuits où il ne trouvait pas le sommeil. Mais s’il était obligé de rester silencieux face aux actes de Caïn, il pouvait malgré tout épargner la belle puisque le hunter n’était pas là. Mais il ne fallait pas qu’elle traine trop longtemps. Il devait retrouver son sérieux, avant que le Beauchamp ne débarque et fasse preuve de moins d’humour que lui.

Le garçon se ressaisit, essayant de retrouver contenance après s’être quasiment étaler sur le sol devant ses yeux. Bien, bravo Wade. Smooth, as always. Il tâcha d’ignorer le gloussement de la belle, et continua sur sa lancée. Malgré ses avertissements pourtant, la blonde ne semblait aucunement soucieuse de la situation ; elle venait de se faire prendre parce qu’elle croyait être un hunter, pourquoi ne paniquait-elle pas ? Ca déstabilisa un peu Wade, qui ne savait pas trop à quoi il avait à faire. Comme 90% du temps, la situation le dépassait totalement. « Tes petits collègues me font pas peur, sweetheart. » Malgré la scène surréelle, le Rosenbach ne pu s’empêcher de laisser échapper un sourire en entendant le sweetheart. Mais en la voyant fermer son sac et l’enfiler sur l’épaule, prête à repartir, il ressentit le besoin de la stopper. Pas seulement parce qu’elle semblait vouloir emmener avec elle une bonne partie des armes de Caïn, aussi car, finalement, il ne voulait pas la voir partir. Pas réellement. Lui demander son numéro semblait un peu -complètement- maladroit. Il aurait voulu pouvoir la recroiser pourtant. « Pis ouais, j'étais sérieuse, t'es vraiment beau gosse. T'es même sympa, j'vais te donner ça. Mais j'aimerais bien te voir essayer de m'arrêter pour voir. » souffla-t-elle, sa voix suave caressant l’air tendu. Elle s’approcha du garçon, un pas provocateur, un peu devant lequel Wade ne recula pas. Il resta planté, mi-défiant mi-désamparée par la proximité nouvelle entre eux. « J’suis désolée blondie, je peux pas te laisser partir avec ça. » Il désigna le sac d’un coup de tête vers l’épaule de la belle. Ce fut à son tour de faire un pas en avant. « Donne moi le sac, et en plus de te laisser filer, je t’invite au restaurant. Demain soir. Huit heures. Je passe te prendre où ? » souffla-t-il, l’air malin en soulevant l'un de ses sourcils, avec un autre pas en avant. Il était proche d’elle maintenant, si proche qu’il devait légèrement baisser la tête pour plonger son regard dans ses yeux émeraudes. Lentement, il leva la main, allant s’emparer de la lanière du sac posé sur son épaule.

Wade se prenait volontiers au jeu de la belle, tombant sans broncher dans les griffes de la blonde qui lui tournait autour. Ce n’était pas ce qu’il avait prévu pour la soirée -il n’aurait pas osé en rêver, tomber sur une belle blonde qui le trouvait beau gosse- mais le Rosenbach n’était pas déçu. Si ça n’avait pas été une situation aussi compliquée, il aurait offert les armes à la blonde en guise de gratitude, mais ce n’était pas si simple ; si Caïn apprenait qu’elles manquaient, et que Wade avait quelque chose à faire avec cette histoire, alors sa couverture était foutue. Il ne pouvait pas risquer de se faire prendre pour les beaux yeux de la belle, même si c’était tentant. Très tentant, lorsqu’elle se rapprochait de lui comme elle le faisait, le regard langoureux. Un instant, il hésita à fuir avec elle, à tout lui avouer et à laisser tomber toute cette histoire d’infiltration qui le dépassait complètement ; ce n’était pas lui qui avait souhaité se lancer là-dedans, ce n’était même pas son combat, au final. Mais il se ressaisit, pensant à Daria, à tout ses amis d’Uprising qui comptaient sur lui. Il ne pouvait pas faire preuve d’autant d’égoïsme dans le vain espoir d’obtenir le numéro de la belle. Il n’était si désespéré. Pas vrai ? Non, une telle folie le mettrait de toute manière en danger, lui et tous ceux auxquels il tenait. Wade ne préférait pas imaginer ce qui lui arriverait si Caïn apprenait son double-jeu ; rien d’y penser, le jeune chasseur en avait des sueurs froides.

Mais il ne désespère pas, décidant d’essayer quand même de charmer la jeune femme, à quelques centimètres de lui seulement, en l’invitant à diner à condition qu’elle laisse sagement ce qu’elle s’apprêtait à voler. Wade ne savait pas trop ce qu’elle voulait faire d’ailleurs ; même s’il était handicapée par sa prothèse, il était un militaire -et bientôt chasseur- entraînée. Avec sa carrure de poupée, elle n’avait pas beaucoup de chance de lui passer sur le corps. Mais la question ne resta pas en suspens bien longtemps, puisqu’au lieu de s’emparer du sac posé sur l’épaule de la blonde, la main du Rosenbach traversa son corps sans aucun accro. Le visage de Wade se déforma dans une grimace surprise, alors qu’il retira rapidement sa main du corps de la belle. C’était comme si la belle n’était pas réellement là ; c’était un ectoplasme, ou un hologramme, elle était complètement intangible. Bien sur, elle était mutante. L’inverse aurait étonné le chasseur. Les traits du garçon se déformèrent alors qu’il lança un sourire mi-dégoutée, mi-amusée à la belle, tout en avançant à nouveau sa main à travers son ventre cette fois. « Désolée, je suis pas très douée pour obéir aux ordres. » A l’intérieur, à l’extérieur. A l’intérieur, à l’extérieur. Il continua encore une ou deux fois, rapidement, regardant consécutivement la belle puis sa main qui passait à travers son abdomen et les poils de son bras qui s’hérissaient au passage. Ca l’amusait surement plus que ça ne l’aurait dû. « Ton invitation au resto, par contre, est bien tentante. C'est quoi, une nouvelle tactic de tes copains pour m'avoir ? Ils savent plus quoi faire pour m'arrêter alors ils envoient la recrue la plus canon pour m'inviter à souper ? » Wade se stoppa, essayant de retrouver son sérieux, retenant difficilement l’envie de s’amuser encore avec le pouvoir de la belle. Le plus canon ? C’était de mieux en mieux, pour le jeune chasseur qui ne pu retenir un sourire flatté. « J’irais pas jusqu’à dire que ce sont mes copains, tu sais. Connaissances, tout au mieux. » commença-t-il, sans réellement gérer les mots qui sortaient de sa bouche. Il fallait qu’il s’arrêtent, avant que sa couverture ne parte en fumée. Pourtant, c’était tellement tentant de lui avouer la vérité. Wade voulu se reprendre, mais la belle ne lui laissa pas le temps, s’avançant dangereusement vers son visage. Le coeur du Rosenbach manqua un bon, surpris par cette intimité inattendue ; mais lorsque les lèvres de la belle auraient dû toucher les siennes, elle traversa son corps. Bien sur.

Wade roula les yeux au ciel, avant de faire volte-face. La belle trônait à présent sur une pile de boite, son regard malin qui détaillait les traits déçus du garçon. Wade lui lança un regard réprobateur, avant de s’avancer à nouveau vers elle, les mains dans les poches. « Rude. » lui lança-t-il nonchalamment, déçu, en lui lançant un regard triste.  Il hésita à s’assoir à ses côtés, mais préféra se retenir ; il ne voulait pas refaire deux fois la même erreur. « J'peux savoir comment tu t'appelles avant ? Moi c'est Lilo. » Lilo. C’était joli comme prénom, c’était mignon. Le regard de Wade s’éclaira, agréablement surpris pas la découverte. « Wade. » souffla-t-il, tout simplement. Il hésita quelque secondes, puis fini par craquer. A quoi bon continuer à mentir ; elle était mutante, finalement, elle faisait partie de ceux qu’il tentait de protéger. « J’suis pas un chasseur, tu sais. J’ai rien contre vous, au contraire. » Le chasseur leva la main, hésitant à s’amuser à nouveau avec son pouvoir, mais se retint au dernier moment.

L’apprenti chasseur aurait pu y croire, à ce baiser presque volé. Ca lui fendit le coeur, quand les lèvres de la belle ne s’arrêtèrent pas sur les siennes, mais qu’elle vint disparaitre de l’autre côté de son corps. Cette soirée avait définitivement pris un tournant bien plus intéressant que ce qu’il avait prévu ; Wade était finalement content de s’être énervée contre le vieux chasseur, sans ça il aurait surement raté la belle voleuse venue dévaliser les réserves de son mentor. Le Rosenbach savait que c’était dangereux, qu’elle reste là, qu’elle ose tenir tête au Beauchamp malgré les avertissement du jeune homme. Elle risquait gros, si Caïn débarquait à ce moment ; et lui aussi au final. Car il n’auait pas dû rester faire la conversation avec la mutante, pas dû s’amuser avec son pouvoir comme il l’avait fait. En bon chasseur, il aurait dû l’arrêter et l’amener à son mentor, sans tarder. Mais Wade n’était pas un chasseur, surtout pas lorsqu’il s’agissait d’une séduisante blonde qui lui faisait de l’oeil. De plus, le militaire n’avait jamais pu résister à une mutation, il redevenait enfant devant tous les dons qu’il croisait. Il se rappelait jouer avec celui de Daria lorsqu’il était plus jeune, et s’extasier devant ceux des mutants d’Uprising. C’était son plaisir coupable. Celui de la belle était d’autant plus drôle qu’il n’avait jamais rien vu de tel, alors il ne pouvait s’empêcher de jouer comme le gamin qu’il était. Quand l’adolescent se retourne, il découvre un large sourire malin sur les traits de la mutante, auquel il ne peut s’empêcher de répondre. « Rude ; c'est mon deuxième prénom. » Le Rosenbach laissa échapper un rire léger, avant de s’approcher de la belle. Ca aurait été vrai que ça n’aurait pas étonné le garçon, au final, ça lui allait comme un gant. Il n’en connaissait pas beaucoup, des jolies blonde qui entraient par effraction, se servait dans les affaires des autres et le faisait cruellement tomber sous son charme. Mais Wade n’allait pas se plaindre ; au final, ça ne lui déplaisait pas tant que ça.

Le deux jeunes s’échangent leur nom, et le mystère est brisé ; l’inconnue ne l’est plus tant que ça, et le garçon se sent tout de suite plus à l’aise. L’envie de lui avouer sa vraie nature se fait pesante, détestant l’idée que la belle le confonde avec l’un de ces monstres. Elle aurait eut raison, pourtant. C’était ce qu’il était dans le fond, ce qu’il était censé être aussi. Comme ses parents. Mais techniquement, il faisait partis d’Uprising, de ceux qui se battaient pour protéger les mutants, comme elle. Alors il se livra, ignorant les problèmes que cela pourrait lui attirer. Mais comme il s’en doutait, il en faudrait plus pour convaincre la jolie Lilo. « Tu m'excuseras si j'te prends pas aux mots. » L’air penaud, Wade s’approcha doucement d’elle, avant de d’appuyer son dos sur les cartons à ses côtés -non sans vérifier avant qu’ils ne cèderaient cette fois pas sous son poids. Le Rosenbach ne trouva pas de réponses, maladroit, ne sachant pas réellement comment la convaincre. « J'ai eu pas mal d'merde avec des hunters dans ma vie pour savoir que j'dois faire attention. Parce qu'au cas que t'aurais pas remarqué, j'me cache pas vraiment d'être une mutante. » Un sourire déforma ses traits, amusé par l’assurance de Lilo. « Tu devrais pas. » lui souffla-t-il doucement. « Si j’avais ce pouvoir, je ne m’en lasserais jamais j’crois. » Il avait toujours un peu jaloux, de tous ces mutants ; secrètement, il aurait lui aussi aimé avoir un pouvoir. Être spécial. Mais faute de pouvoir s’en créer un, il se contentait d’aider ceux qui en avait. « Mais... J'dois avouer que t'es pas comme les autres. D’habitude, ils me traitent tous de dégénérée, de gamine, de petite peste et de petit monstre. Ils manquent pas d'imagination pour me faire savoir que j'les dégoûte. » Wade ne répondit pas, se contentant de lui lancer un regard compatissant. « Y'en avait aucun qui s'ait jamais amusé avec mon pouvoir comme toi. Alors... peut-être que je te crois... mais dans c'cas, qu'est-ce que tu fiches ici à jouer l'gardien de sécurité ? » La main toujours en suspens, la belle l’autorise finalement à continuer à jouer avec son don. Avec un large sourire, Wade repris le jeu qu’il avait plus tôt, faisant entrer sa main à l’intérieur de la cage thoracique de la belle. Sans se stopper, il tâcha de trouver les mots juste pour justifier sa présence sans complètement dévoiler sa couverture. « C’est classified. » chuchota-t-il, l’air faussement sérieux. Il lança un regard dans la pièce, comme pour s’assurer qu’ils étaient bel et bien seul. « Si j’te le disais, je s’rais obligé de te tuer. » Le Rosenbach s’était approché de la belle, son visage à quelques centimètres du sien, pour lui confier son secret. Il plongea rapidement son regard dans le sien, avant de retrouver un large sourire ; il resta ainsi quelques secondes, avant de se reculer. « Mais plus sérieusement, tu peux me faire confiance. Promis. Et tu dois me faire confiance quand je te dis que mon boss- » Il marqua dans l’air avec des guillemets imaginaires en prononçant ce mot. « -se trouve dans le bâtiment d’à côté, et que lui pour le coup, c’est un hunter. Un vrai de vrai. »

Ca faisait longtemps, que le Rosenbach n’avait pas fait une si belle rencontre. Radcliff, c’était sa ville, sa maison, mais on en avait ben vite fait le tour. Wade connaissait presque tout le monde ici, et seul une poignée de ces connaissances avait de quoi retenir son attention. Lilo, elle était différente. Elle avait un vent de fraîcheur, une décadence qui laissait le chasseur complètement à la merci de son charme et de son sarcasme. Lorsqu’il fit une remarque sur son pouvoir, le garçon vit le regard de la belle se voiler, et il se demanda s’il avait dit quelque chose de déplacé. Il n’était pas habitué à ces choses là, il était encore maladroit. Avec Daria, il n’y avait jamais eu aucun tabou sur son pouvoir, de même avec la plupart des mutants qu’il côtoyait chez Uprising. Mais se connaissant -conscient de son aptitude naturelle pour les gaffes-, il n’aurait pas été étonné d’avoir touché un nerf sensible. Il continua pourtant à jouer avec cette fameuse mutation, apercevant le même amusement dans le regard de la belle que dans le sien. Malgré ses vingt-et-unes années, Wade n’avait jamais grandit, pas réellement ; le mot adulte était un peu fort pour le décrire, malgré sa majorité il n’était rien d’autre qu’un grand adolescent. Il n’en fallait pas tant que ça pour l’amuser. Il reprit faussement son sérieux pourtant, s’approchant de la belle dans le secret ; à sa plus grande surprise, Lilo ne bougea pas d’un poil, plongeant ses grands yeux verts dans les siens. L’espace d’un instant, le coeur du garçon s’emballa, sentant l’électricité dans l’air de la petite réserve. Autour d’eux, tout semblait ralentit ; puis il recula sa tête, à contre-coeur, tâchant d’en divulguer assez pour la convaincre mais pas assez pour vendre sa couverture. Le Rosenbach savait bien que c’était difficile à avaler, pourtant il voulait que la belle lui fasse confiance, qu’elle l’écoute réellement. La dernière chose qu’il souhaitait, c’était de voir Caïn lui foutre une balle entre les yeux, alors qu’il était obligé de regarder. Il n’était d’ailleurs pas sur de pouvoir assister à une telle scène sans broncher, ce n’était pas seulement sa vie qu’elle mettait en danger, c’était la sienne également ; et lui n’était pas intangible.

« Ah ben, c'est ta faute si j'me fait buter par ton boss. Si t'étais pas débarqué à m'forcer à m'rincer l'oeil, je serais déjà partie. » Wade ne put s’empêcher de laisser échapper un rire léger. Il passa une main dans ses cheveux, regard langoureux, un geste tellement exagéré qu’il était ridicule. « J’suis vraiment désolée, tu serais pas la première à succomber à mon charisme légendaire. » souffla-t-il, l’air malin. Il n’en croyait pas ses oreilles pourtant, refusant de croire à tous ces compliments ; il aurait aimé lui renvoyer, mais il avait peur que ça paraisse déplacé venant de lui. Elle était tellement belle pourtant. « Non mais sérieusement, y'a un truc que j'comprends pas. » Le garçon retrouva son sérieux, abandonnant son air exagérément charmeur. Il pencha la tête, prêt à écouter la belle. « Si vraiment t'as pas l'intention de me tuer comme ton boss, qu'est-ce tu fiches à travailler pour lui ? En plus, t'as clairement absolument rien contre les mutants comme moi. Décidément, t'es un mec bien curieux, Wade. » Le garçon détourna le regard alors que la belle sortit de son sac une barre de chocolat. Il aurait voulu lui expliquer, tout lui avouer et partir sur un bon pied. Ca aurait été tellement simple. Mais pouvait-il vraiment lui faire confiance, il ne savait rien d’elle après tout, sauf qu’elle était mutante, et qu’elle aimait voler. Ce qui n’était d’ailleurs pas très rassurant. « Dixit la fille qui entre passe par les murs et qui s’sert dans les réserves de l’armée. J’te renvoie le compliment princesse. » souffla-t-il, un sourire malin sur le visage. La belle lui tendit un bout de la barre chocolaté, et naïvement le chasseur essaya de s’en emparer ; sa main passa pourtant à travers l’encas, sans qu’il puisse l’attraper. Il fixa longuement Lilo, le regard vide d’expression, ne sachant pas réellement  à quoi d’autre il s’attendait. « J’avais pas faim de toute façon. » souffla-t-il, faussement vexé, avant de sortir son paquet de cigarette. Le Rosenbach tira une cigarette qu’il alluma rapidement avant de ranger son paquet. « J’t’en proposerais bien une, mais j’peux pas faire le même tour de magie. » Il marqua une pause de quelques secondes, laissant flotter le suspens, avant de ressortir le paquet et de le poser prêt de la belle. Il tira longuement sur sa clope avant de tâcher de répondre à Lilo. « C’est compliqué. Caïn est un ancien ami à moi, quand il m’a proposé de rejoindre son boys band, j’ai pas pu dire non. » Ce n’était pas réellement la vérité, mais ce n’était pas non plus un mensonge. « Mais t’as raison, j’ai rien contre vous. Ma soeur est mutante, j’ferais tout pour elle. C’pour ça que j’ai pas pu refuser l’offre de mon boss. » Il en avait trop dit. Wade tira sur sa cigarette, espérant que la belle ne cherche pas à en savoir plus ; mais pour le peu qu’il connaissait Lilo, il se doutait qu’elle ne s’arrêterait pas là.