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 fst | no place you can go. (feese)

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MessageSujet: fst | no place you can go. (feese)   fst | no place you can go. (feese) Icon_minitimeDim 1 Mai 2016 - 23:01

– no place you can go –
you're a wanted man, and everybody knows : you better call the police, call the coroner. call up your priest, have them warn ya - won't be no peace when i find that fool. who did that to you ? gotta find that fool. now he'll keep on running, but i'm closing in, i'll hunt him down until the bitter end. if you see me coming, then who you gonna call ?

Les paupières papillonnent un instant, les yeux roulant dans leurs orbites. Il est plus endormi, pas bien conscient pour autant ; c’est un entre-deux. Ses iris se focalisent sur le plafond, ayant plus de peine qu’à l’accoutumée pour faire le point sur ce qui constitue leur champ d’opération. Les muscles se bandent, les poings se serrent, les lèvres s’entrouvrent. La douleur résonne. Il a les membres engourdis, la bouche trop pâteuse et la gorge plus sèche que le désert – c’est à s’demander si quelqu’un serait pas venu lui enfoncer du papier de verre dans le gosier, pour lui râper la trachée. Une massue semble avoir élu domicile dans sa boîte crânienne, cognant de son front à ses tempes.

Et ça brûle. Bon sang, c’que ça brûle.

Il lui faut un instant pour comprendre que c’est son épiderme, qui est en feu. La sensation est familière quand il fronce les sourcils et que ça tire ; le soleil a laissé ses traces sur chaque parcelle qu’il a pu atteindre. À l’intérieur autant qu’à l’extérieur. Ça explique le mal de tête, la soif insupportable, la peau cramée, les lèvres qui se fissurent quand il les bouge et la difficulté qu’ont ses poumons à emmagasiner l’oxygène correctement. Et la faim. Il crève de faim, putain.

Ça lui revient. Le sel des flots qui lui pique les plaies et lui arrache la gorge. Le sable à perte de vue, le sable qui craque sous les dents ; qui lui file la nausée, qui gratte, qui donne envie de tout fracasser. Les rayons qui l’assèchent sur place et qui lui rongent la cervelle, cette foutue chaleur à en devenir fou. Fou, c’est ça. La folie quand il a réalisé qu’il pourrait jamais quitter l’île sur laquelle on l’a abandonné, le désespoir de s’rendre compte qu’il ne resterait de lui qu’une charogne pourrissant au soleil. Les images se succèdent les unes aux autres et il tente de les chasser. Il cligne des yeux, une fois et puis deux, déglutit silencieusement en tournant la tête sur le côté.

Et – merde.
Merde, c’est quoi, ça ?

Il reconnaît rien. Ses yeux vagabondent d’un côté puis de l’autre dans une panique muette, jusqu’à ce que ses neurones parviennent à se mettre en marche. L’île. La folie. Cette... Cette chose ? Il saurait pas trop comment appeler ça. C’t’ouverture ? Ce truc, là, dans lequel il s’est engouffré sans plus y réfléchir. Ce truc qui l’a fait débarquer entre des murs qui n’ressemblaient en rien à tout ce qu’il a pu croiser dans sa vie. Il fronce les sourcils, tâchant de faire remonter les souvenirs à la surface. Il s’est avancé. Il a trouvé une sale bestiole. Tignasse blonde et corps menu, des crocs aussi acérés qu’les siens et une lueur presque possédée dans le regard.

Ils se sont battus. Ouais, c’est ça. Ou du moins, ils ont essayé. Sûrement le combat le plus pitoyable de toute sa vie. Aussi désorientés l’un que l’autre, pas bien maîtres de leurs mouvements, pas en état de frapper convenablement. Il a réussi à l’embrocher. Peut-être. Certainement. Il sait plus. Il l’a même pas achevée, la sauvage. Il a juste tracé sa route ; lui, Finn Taggart. Le pirate impitoyable, connu pour ne jamais laisser personne en vie derrière lui. Il a pas terminé l’travail. Il s’est contenté de sortir et de s’écrouler dans une ruelle bien étrange, si ses souvenirs sont bons.

Les pièces s’assemblent lentement mais sûrement et ses dents se serrent, ses membres se mettent doucement en mouvement. Il étire son cou pour élargir son champ de vision, l’apercevant enfin. Juste là. Une silhouette, pas bien grande, pas bien épaisse non plus. Une femme, la chevelure sombre et désordonnée, qui lui tourne le dos. Pas la même que celle qui l’a accueilli, pas la même que celle qu’il a poignardée.

Mais il se demande bien ce qu’elle fout là. Ce que lui, fout là. Il sait même pas où il est – un endroit tout aussi incongru que le premier où il a atterri, et ça commence sérieusement à lui faire tourner la tête.

Lentement, il s’assoit, grimaçant devant l’mal de chien que ça lui cause. Ah qu’il est beau, l’capitaine. Pieds nus, les cheveux poisseux, les fringues tachées et déchirées par endroits, du sang séché encore incrusté dans ses pores, des blessures mal traitées un peu partout. Un mélange de sel, de sueur et d’hémoglobine en guise d’effluve ; la folie dans ses yeux.

Et il se lève. Il tangue un peu, au début. Il se sent comme une poupée désarticulée, un pantin qu’on aurait voulu démembrer sans y arriver. Il met un pied devant l’autre avec l’instabilité d’un nouveau-né, les prunelles dardées sur la donzelle qui n’semble toujours pas l’avoir remarqué. Faut dire qu’y a du bruit de fond, qu’elle a l’air occupée – elle doit pas le sentir arriver. Pas avant que ça ne soit trop tard, et qu’il ait déjà empoigné sa tignasse avec force, la faisant se retourner pour lui faire face. Leurs regards se croisent mais il a pourtant pas l’air de l’observer elle, c’est comme si ses yeux s’étaient perdus on n’sait trop où. Il la fixe, mais il ne la voit pas.

Sans un mot, il la pousse contre le mur le plus proche, avec tellement de hargne que ça tremble quand la carcasse rencontre les briques. Pourtant, il saurait pas trop dire si c’est la maison qui tangue, ou seulement les os de sa victime. Il attrape son visage dans une main, sans se rendre compte qu’il serre probablement trop fort et que ses doigts s’enfoncent dans les joues de l’inconnue ; au point qu’il puisse sentir le relief de chacune de ses dents. Son autre paluche s’est calée contre le mur pour la faire prisonnière, autant que pour l’aider à se tenir debout. Il appuie tout le poids de son corps sur elle, leurs silhouettes en venant à se confondre, la chaleur émanant de chacun venant envahir l’autre. C’est près, tellement près qu’il peut même sentir le rythme cardiaque de la gazelle s’affoler.

« Où suis-je ? » Sa voix est beaucoup plus grave qu’à son habitude, tellement éraillée qu’on dirait que ses cordes vocales sont détraquées. Ça ressemble plus à un grognement qu’à un son qui émane d’un être humain. « Qu’est-c’tu m’veux ? Pourquoi m’avoir am’né ici ? » À chaque parole qu’il prononce, son ton se fait plus menaçant. Et son visage s’approche, ses crocs à découvert, comme s’il s’apprêtait à la bouffer. « C’quoi c’t’endroit ? » Les questions fusent mais il ne lui laisse pas le temps de répondre. Il interroge – il exige, même – mais il n’attend pas les résultats. Et il serre son emprise sur ses mâchoires, et il se colle un peu plus à elle, et il n’la quitte pas des yeux. Il a la respiration saccadée, le regard d’un tueur ; la dégaine qui va avec.

La rage au cœur et la faim qui lui tiraille les entrailles, on dirait un putain d’prédateur qui a perdu sa meute. Le loup qui déraille, le fauve sorti d’sa cage, le monstre venu tout dévorer. Il contrôle plus rien. Ni son esprit, ni son corps. C’est plus Finn, qui est aux commandes. C’est la bête dont les chaînes ont cédé.
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fst | no place you can go. (feese)

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