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 if i could go back in time. (penny)

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MessageSujet: if i could go back in time. (penny)   if i could go back in time. (penny) Icon_minitimeSam 30 Avr 2016 - 16:55



– if i could go back in time –
JIM ET PENNY / I never meant to get us in this deep, I never meant for this to mean a thing. Oh, I wish you were the one, Wish you were the one that got away. I got caught up by the chase, And you got high on every little game. I wish you were the one, Wish you were the one that got away. – THE CIVIL WARS.


Partir. Boucler son sac, profiter du sens du vent et de la levée de la mise en quarantaine, et filer. Ne plus se soucier de ce que cette ville pouvait lui faire, et lui faire un dernier pied de nez. L'idée tournait en boucle au fond de son esprit, depuis que cette foutue tête blonde avait remplacé l'antipathique Lancaster à la tête de Radcliff. Tout d'abord discrète et malicieuse, l'envie avait cependant grandi jusqu'à occuper plus de place qu'il ne lui en fallait pour exister. Et il se sentait le sang bouillir, le O'Callaghan, rien qu'à penser au shoot de liberté que recommencer à voyager lui aurait procuré. Il en venait à se demander ce qu'il faisait encore ici, à répondre à la triste routine dans laquelle il s'était enfermée ces derniers mois. Ce boulot lui plaisait ; qui plus est, il appréciait ses collègues, et quelques autres têtes avaient réussi à suffisamment attirer son attention pour qu'il n'ait pas la moindre envie de les laisser derrière lui. Partir, ç'aurait été tirer un trait sur Gene, et l'oeil avisé qu'il gardait sur son innocence et sa douceur. Partir, ç'aurait été tourner le dos à Adrian, et à tout ce que le Norvégien avait fait pour lui ; ç'aurait été laisser Nyreen aux prises avec elle-même, et avec le pardon qu'elle se devait. Mais partir, ç'aurait été se réconcilier avec lui-même, et avec tout ce qu'il avait perdu en venant s'enterrer ici. Renouer avec les nuits à rouler, fenêtres ouvertes, sans rien pour lui barrer le chemin. Se rabibocher avec l'infinie étendue de l'horizon et, finalement, se retrouver. Courir plus vite que son reflet, ne jamais se laisser rattraper. Vivre de ce qui lui tombait sous la main, sans jamais se reposer. La vie n'était pas faite pour rester enfermé. Le seul endroit où il tolérait bien de l'être, c'était sur L'Infinite. Mais le navire était loin, désormais, enfermé dans un box, au fin fond du Maine. Prenant la poussière, attendant qu'il ne se décide à faire ce pas auquel, justement, il se prenait à penser plus sérieusement.

Jamais il n'aurait pensé se retrouver ainsi piégé. L'habitude de ne s'attacher à rien ni personne l'avait tenu ces vingt dernières années. Il s'était suffi à lui-même — Molly lui avait suffi. Jamais il n'avait voyagé seul, avant qu'elle ne disparaisse. Et une fois livré à lui-même, il avait ressenti la nécessité d'arrêter de courir et de se poser. Cesser de poursuivre une ombre, un fantôme qui jamais ne lui reviendrait. Souvent, il s'était demandé si n'avoir aucun corps à enterrer avait facilité ou non le deuil ; et généralement, il concluait sur le manque d'importance de ce détail. Un corps ne servait à rien d'autre qu'à offrir un objet auquel on pouvait dire au revoir, une dernière fois, avant la disparition complète de l'être aimé. L'enterrement permettait de faire des adieux là où, bien souvent, la mort avait été trop vite en besogne et n'en avait pas laissé la possibilité. Lui n'avait pas eu droit aux au-revoir. Ni avant que la mort ne frappe, ni après. Les derniers mots qu'il avait n'étaient que souffrance et détermination. Des mots qu'il lui semblait parfois réentendre, lorsque la fatigue le terrassait et que la solitude physique l'étreignait. Se laisser couler au cœur de ses souvenirs lui faisait alors plus de mal que de bien — mais que pouvait-il y faire ? Les douleurs s'apaiseraient avec le temps, ou du moins l'espérait-il. Même si, quelque part au fond de lui, il avait la sensation que rien ni personne ne remplirait jamais ce trou béant qu'elle avait laissé ; la seule personne avec qui il ne s'était jamais senti livré à lui-même, la seule que jamais il n'aurait quittée de son plein gré, et avec qui rester était une question de survie. Il ne niait pas l'affection qui le liait à tous ceux qu'il avait rencontrés depuis, ni même sa volonté de les préserver et de les voir s'épanouir et prospérer. Il les appréciait — les aimait. Sincèrement, passionnément, parfois même inconditionnellement. Simplement, aucun d'eux ne serait jamais Molly.

La solitude était devenue à la fois pesante et salutaire. Lui qui n'avait jamais été qu'accompagné peinait à s'accoutumer au tête-à-tête avec lui-même que sa nouvelle vie lui incombait. C'était, peut-être, ce qui le retenait à Radcliff, malgré les envies viscérales de voyage, de fuite et de liberté : ici, il n'était pas seul. Pourtant, cette même solitude, parfois lourde à porter et pénible à s'habituer, était aussi enviable. Durant ces moments, aussi brefs soient-ils, il pouvait se perdre dans ses pensées sans que rien ni personne ne vienne le déranger. Des instants qu'il avait eu l'habitude de partager avec Molly — et la sensation de poursuivre cette tradition malgré son absence le prenait alors. Mais se retrouver seul face au silence, entièrement, brutalement et définitivement, il n'était pas sûr d'en être capable. Pas encore — pas maintenant.

Le dilemme l’habitait entièrement, alors qu’il rentrait chez lui en traînant des pieds. La journée avait été longue, et le beau temps qui avait régné en maître pour chaque heure qu’il avait passée enfermé au milieu des boulons, moteurs et clés à molette lui avait donné une envie un peu plus folle encore de mettre les voiles. Sans se retourner, et sans aucune forme de regret. Prendre le vent et s’envoler, oublier la misère qui le tenait ancré à cette ville, rattaché par les deux pieds. Et à mesure que passaient les minutes, son point de vue continuait de voguer, passant d’une décision à l’autre sans jamais se fixer. Il se savait capable de partir sur un coup de tête, si la houle cessait et que le calme plat lui hurlait de s’en aller. Mais était-ce véritablement une bonne idée ? Aurait-il seulement pu parcourir plus d’une centaine de kilomètres avant que la culpabilité ne le ronge si férocement qu’il ne soit obligé de s’en retourner ? Sa main tâtonna la poche de sa veste à la recherche de ses clés, alors que les questions l'assaillaient. Les yeux perdus dans un vague brouillard d’hésitation, il ne remarqua tout d’abord pas l’évidence qui aurait pourtant dû lui sauter au nez. Mais lorsque la distraction se dissipa, ce fut pour lui tirer un froncement de sourcils particulièrement inquiet. Aussi loin qu’il s’en souvienne, il ne lui était jamais — au grand jamais — arrivé de quitter son appartement sans fermer la porte. Et il se souvenait distinctement, ce matin, avoir failli se coincer le doigt en la claquant derrière lui.

Aussitôt, tous ses gestes se suspendirent. Les clés furent reposées au fond de la poche sans émettre le moindre cliquetis, et son autre paume se posa sur le battant entrouvert. Muscles tendus, respiration calme mais cœur emballé, il le poussa lentement, dévoilant le petit hall d’entrée. Gonds huilés, la porte pivota ; sans bruit, pour quiconque n’y aurait pas prêté la plus grande des attentions. Pour un intrus s’attendant potentiellement au retour impromptu du propriétaire des lieux, la perception risquait cependant d’être bien différente. Le O’Callaghan ne chercha pourtant pas à se cacher davantage. Prêt à réagir en cas d’attaque éclair, il maintenait tous ses sens en éveil. Le parquet grinça sous ses pas, alors qu’il observait le moindre détail autour de lui. Beaucoup de choses avaient bougé depuis son départ en début de matinée. Il ne faisait plus aucun doute désormais : il avait eu de la visite. Il n’avait pas la moindre idée de qui aurait pu se faufiler ainsi chez lui. La plupart des gens savaient que ce qu’il avait de plus grande valeur se trouvait bien généralement imprimé quelque part dans sa tête, et qu’il était fort peu probable qu’il laisse quoi que ce soit dans un logement aussi peu sécurisé que celui qu’il habitait. Mais le visiteur inattendu, lui, semblait l’ignorer. Ou alors, il s’agissait d’autre chose — d’une chose qui, jusqu’ici, lui échappait complètement.

Un instant, il se demanda s'il n'arrivait pas trop tard — si la fouille était déjà terminée, et qu'il n'avait plus qu'à remettre en ordre ce qu'on avait dérangé, en cherchant ce qu'il manquait. Et puis, il la vit. Grande, élancée, finement taillée, et définitivement mignonne. Debout dans son salon, à fouiller dans les tiroirs de la bibliothèque d’occasion, qui lui servait aussi et surtout d’étagère fourre-tout. La masse de ses cheveux roux encadrant son visage rond lui était étrangement familière. Quelque chose, dans cette silhouette, ne lui était pas inconnu — pourtant, impossible de remettre un souvenir dessus. Impossible de penser à autre chose qu’à la présence indésirable d’une parfaite inconnue au milieu de ses affaires, à fouiller dans des tiroirs qu’il ne voulait voir ouverts sous aucun prétexte. Et elle ne s’était visiblement pas encombrée de partir à la recherche de la clé, forçant l’ouverture de ce petit rangement qu’il gardait soigneusement sous scellé. Entre ses doigts, il était capable de voir le papier glacé. Et son échine s’était raidie, alors que ses yeux se plissaient. Son regard avait croisé celui de la jeune femme, et l’ombre qui planait sur son visage oscillait entre l’inquiétant et le souriant. « J’sais pas qui t’es, j’sais pas c’que tu veux, et j’sais pas c’que tu fous là. Mais tu s’ras gentille d’enlever tes yeux de ça tout d’suite, et de l’reposer exactement là où tu l’as trouvé. » La voix était calme, loin d’être effrayée ou intimidée — agressive ou menaçante, encore moins. Le sourire avait finalement peint son visage pour adoucir encore les mots qui s’étaient échappés d’entre ses lèvres. Rapidement, les commissures remontèrent plus franchement, comme imitant les mains qu'il levait en signe de bonne volonté. « Y a rien à voler ici. J'sais pas qui t'envoie, je sais pas non plus ce que tu cherches, mais j'peux peut-être t'aider et te faire gagner du temps. » Il s’était redressé, sans la lâcher des yeux. La détaillant, avec cette étrange impression accrochée au palais, et refusant de le quitter. Cette drôle de familiarité qu’il ne parvenait pas encore à replacer — ou que son esprit niait fermement, pour le moment. Ce drôle de sentiment que le visage qui lui faisait face ne lui était pas inconnu. Qu’il aurait savoir. Se souvenir.

Un mélange d’inquiétude et d’appréhension grandissait au fond de ses entrailles, alors que persistait la sensation. Il n’oubliait jamais un visage — jamais. Celui-ci, il ne l’avait jamais vu. Et pourtant, il le connaissait — il en aurait mis sa main à couper. D’une autre vie, d’une autre époque. D’un temps avec lequel il essayait de se réconcilier, mais qui le pourchassait sans la moindre pitié. De ces entrelacs de souvenirs qui avaient fini par le rattraper, et qui semblaient bien décidé à le faire replonger dans des Enfers qu’il n’avait pas mérité de visiter.
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MessageSujet: Re: if i could go back in time. (penny)   if i could go back in time. (penny) Icon_minitimeDim 1 Mai 2016 - 1:00

it's a lonely road, full of tired men, and you can see it in their faces. and you'll be home in spring, i can wait 'til then, i heard you're on the big train.
if i could go back in time
≈  ≈  ≈
Une fois le clic familier entendu, elle retira l’épingle de la serrure et la glissa à nouveau dans ses cheveux. Ça avait été facile. Trop facile, même. Entrer par infraction chez les gens, ça faisait longtemps que ce n’était plus un défi pour Penny. Longtemps que ça ne faisait plus pomper l’adrénaline dans ses veines. Il n’y avait plus grand chose qui parvenait à faire ça. Presque plus rien, même. Et pourtant, à cet instant, alors qu’elle poussait doucement la porte, son coeur battait si fort qu’elle pouvait l’entendre comme s’il se tenait à ses côtés. Elle inspira doucement, et entra dans l’appartement. Il faisait noir, les rideaux étaient presque entièrement tirés. Elle ne prit pas la peine de refermer la porte derrière elle – elle ne comptait pas rester longtemps de toute manière. Et si l’homme était aussi malin qu’on lui avait raconté, fermer la porte ne l’empêcherait pas de remarquer qu’on était entré chez lui sans clé. La jeune femme fit quelques pas à l’intérieur de l’appartement, laissant ses yeux parcourir son environnement. Malgré la certaine noirceur, elle voyait très bien les alentours. Un appartement plus ou moins rangé, avec des meubles de bonne qualité sans être luxueux. Elle remarqua une assiette sale posée sur le comptoir – quelqu’un vivait bien ici. Il vivait bien ici. Son coeur battait toujours la chamade dans sa poitrine, mais si quelqu’un entrait à cet instant précis, il n’aurait jamais pu le deviner. Penny, elle était douée pour garder son visage impassible. Et elle ne travaillait pas pour le faire – c’était naturel pour elle, de dissimuler ce qu’elle ressentait vraiment, ce qu’elle pensait vraiment. Ce visage neutre, elle l’avait créé pour se protéger. Elle ne le brisait pour presque personne. Les gens qui connaissaient son vrai visage, elle pouvait les compter sur les doigts d’une seule main. Le reste, c’était ça qu’ils avaient. La jeune femme se demanda où commencer. Il y avait tellement de choses à regarder. La cuisine ne serait d’aucun intérêt pour elle – où aurait-il dissimulé une quelconque preuve de son identité ? Elle se dirigea vers la chambre. C’était là où les gens cachaient généralement leur plus grand secret, comme si la pièce possédait une connotation intime. L’endroit où ils dorment, et l’endroit où ils sont le plus vulnérables. Il n’y avait aucune photo, un lit à moitié défait, quelques vêtements jetés sur le bureau. Penny se dirigea vers le garde-robe, l’ouvrit d’un geste déterminé. Des vêtements, quelques boîtes. Elle les ouvrit, objets sans intérêt. Elle ouvrit les quelques tiroirs de la table de nuit – des livres, des factures, des médicaments anti-douleurs. Sur le meuble, une tasse de café à moitié bue. Penny toucha la céramique de deux doigts – le liquide était froid.

Elle quitta la chambre et retourna dans la pièce principale. Il y avait plusieurs livres posés dans une bibliothèque – elle parcoura les titres du regard. Ça ne lui disait pas grand-chose, sinon que les goûts de l’homme étaient variés. Un livre attira cependant son attention. Elle le sortit de la bibliothèque, touchant doucement la texture de ses doigts. La navigation marine. Elle sentit soudainement l’odeur salée de la mer, entendit la voix. Elle ferma les yeux. Pas cette voix, pas maintenant. Elle devait rester concentrée. Elle jeta le livre sur le fauteuil, fouilla à travers quelques piles de papier. Des factures. Elle s’empara d’une enveloppe, lut le nom imprimé sur le papier. Elle inspira profondément, son coeur chavirant dans sa poitrine. Les lettres noires semblaient agrandir et agrandir alors qu’elle les fixait, se faisant de plus en plus insistantes. Elle reposa l’enveloppe, ignorant le tremblement de ses mains. Jim O’Callaghan. C’était bien lui. Elle était bien chez lui. Tous les indices le lui criaient – et pourtant elle avait encore du mal à y croire. Il lui fallait une preuve, une véritable preuve. Pas seulement que cet appartement était le sien, mais qu’il était bien qui il était. Que c’était bien lui. Son père.

Il y avait un meuble qu’elle n’avait pas encore exploré. Sur le dessus, une lampe, un bout de papier avec une adresse inscrite dessus. Elle ouvrit le premier tiroir. Presque vide, sauf pour un livre – la Bible. Ça lui arracha un sourire à moitié moqueur, à moitié amusé. Elle ne s’était jamais imaginé ça de lui. Elle tenta d’ouvrir le deuxième tiroir, mais ce dernier résista à son essai. Elle réessaya, mais c’était inutile – elle venait d’apercevoir le verrou. Peu importe, elle n’allait pas laisser ça l’arrêter. La jeune femme retira à nouveau l’épingle de ses cheveux, les laissant tomber en cascades rousses autour de son visage. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour forcer la serrure. Le tiroir s’ouvrit, et elle sut qu’elle avait trouvé ce qu’elle cherchait. Il y avait des formulaires, des dossiers, des lettres – peu importe. Elle ne leur porta aucune attention, son regard se portant plutôt vers du papier glacé qui refléta le peu de lumière qui se trouvait dans l’appartement. Elle saisit la photo, et la retira de sous les papiers. Son souffle resta bloqué dans sa gorge, et elle sentit le sol chavirer sous ses pieds, comme si elle retrouvait à nouveau sur le bateau. Ce bateau là, exactement, celui sur la photo. Trois personnes avec le même sourire idiotement heureux. Une femme, son bras glissé autour de l’homme à ses côtés. Sa tête était penchée légèrement vers lui. Ça se voyait qu’ils étaient amoureux. L’homme, lui, tenait une petite fille dans ses bras. Une petite fille aux cheveux roux, et à la peau pâle. Cette petite fille, c’était elle. Elle en était certaine. Et cet homme, c’était son père. Jim O’Callaghan. Un soupir étranglé s’échappa des lèvres de Penny alors qu’elle tentait d’absorber tout ça. Elle n’en eut pas le temps. « J’sais pas qui t’es, j’sais pas c’que tu veux, et j’sais pas c’que tu fous là. Mais tu s’ras gentille d’enlever tes yeux de ça tout d’suite, et de l’reposer exactement là où tu l’as trouvé. » Penny fit volte-face, son souffle à nouveau coupé par la surprise. L’homme se tenait là, devant elle. Elle ne l’avait pas entendu entrer, trop concentrée sur la photo. La stupide photo. Elle jura silencieusement. Elle aurait du prévoir ça – prévoir qu’il reviendrait plus rapidement. Prévoir qu’il y avait une possibilité qu’elle se trouve face à lui.  Elle aurait du le savoir. Il n’avait pas l’air en colère. Même qu’il souriait. Ses deux mains se levèrent. « Y a rien à voler ici. J’sais pas qui t’envoie, je sais pas non plus ce que tu cherches, mais j’peux peut-être t’aider et te faire gagner du temps. » Elle continuait de le regarder. Ça ne faisait plus de doute maintenant. Elle avait ce sentiment  à l’intérieur d’elle-même, qui lui criait la vérité. C’était une présence trop familière, une voix qu’elle avait trop entendu dans sa propre tête depuis les vingt dernières années. Ça lui en aurait donné le vertige si elle ne voulait pas tellement ne pas le lâcher du regard. Comme par peur qu’il ne s’envole. Que tout ça ne soit pas réel.

« Comme c'est gentil. Mais j’ai déjà trouvé c’que j’avais besoin » dit-elle simplement, la photo toujours entre les doigts. « Et j’crois bien que je vais la garder, merci quand même d’la proposition. » Elle fourra la photo dans la poche de sa veste, la chiffonnant légèrement au passage. Elle le regardait, il la regardait aussi. Elle avait oublié son visage après tout ce temps, mais maintenant c’était comme si elle ne l’avait jamais quitté des yeux. Elle le connaissait. Mais ce n’était pas le cas pour lui. Elle lisait dans son regard une certaine hésitation, une perplexité. Il ne l’attaquait pas – il était curieux. Il la détaillait, comme s’il cherchait un élément qui lui donnerait une quelconque réponse. Ça lui arracha un sourire, à elle aussi, mais c’était un sourire dérisoire. « T’essaie de trouver d’où tu m’connais, c’est ça ? Cherche un peu, j’suis sûr que tu vas trouver. » Son ton était plein d’arrogance. Elle n’en avait rien à faire. C’était bien le dernier de ses soucis d’être polie. Parce qu’elle le savait bien maintenant, que cet homme était son père. Elle avait toutes les preuves, la photo, l’enveloppe, ce que lui avait dit Lazar, et ce creux au fond de sa poitrine qui semblait vouloir la consumer entière. Elle garda ses yeux bien fixés sur l’homme, ne tressaillant pas. Elle ne tressaillait jamais, elle ne s’en laissait pas le droit. Rester droite. Rester fière. Rester forte.
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MessageSujet: Re: if i could go back in time. (penny)   if i could go back in time. (penny) Icon_minitimeDim 1 Mai 2016 - 19:39


i miss the way you wanted me
when i was staying just out of your reach


L’intruse n’avait pas l’air plus effrayé qu’il n’était agressif. Prise sur le fait, et pas une ride d’inquiétude ou d’anxiété ne barrait pourtant son front. Elle lui faisait face, le regard vif et l’air déterminée. Comme incapable de lâcher des yeux ce qu’elle voyait — incapable de détourner le nez. Il ignore pourquoi, mais il ne cille pas. La sensation que s’il tournait les épaules ne serait-ce qu’une seconde, elle aurait pu disparaître. Et ça, c’était hors de question. Pas avant qu’il ne sache ce qu’il se passait, pas avant qu’il ne comprenne pourquoi le visage de cette fille lui était si familier. Y avait quelque chose, dans ses yeux — ou dans ses traits, peut-être. Quelque chose de trop connu, quelque chose qu’il n’arrivait pas encore à identifier. Les hypothèses commençaient à affluer dans son esprit, comme autant de bulles à la surface. Pourtant, il les laissait stagner encore un peu, bien trop occupé à ne pas lâcher des yeux la photographie que sa vis à vis semblait refuser de lâcher. Et il ne put s’empêcher de grincer des dents derrière son sourire, l’irlandais, lorsqu’il vit les doigts pâles chiffonner le cliché en le fourrant dans sa poche. Le commentaire qu’elle venait de lui faire avait eu le don de faire monter en lui des sentiments plus négatifs qu’il ne l’aurait souhaité. Cette image était à lui. Ce souvenir lui appartenait. Qui qu’était cette fille, elle n’avait pas le moindre droit dessus.

Il écarta un peu les mains en signe d’impuissance, ses traits se figeant légèrement en une moue déçue. Le genre de visage qui chuchotait, « j’t’avais prévenue ». Pourtant, si l’envie d’aller récupérer de lui-même ce cliché le tiraillait, il n’était pas assez fou pour se jeter sur cette fille et tenter de le lui arracher. Trop réfléchi, trop organisé. Ce truc, il le récupèrerait en temps voulu. Pour le moment, il préférait chercher ce qui la prenait, et les raisons pour lesquelles elle tenait tant à conserver cette photographie. Lui voulait-elle du mal ? Il n’y avait rien, là-dessus, qui puisse permettre le moindre chantage. Judith était morte, et Penny avait disparu de sa vie depuis deux ans déjà. Le genre de disparition qui bouleversait une vie. Les années avaient passé pour elle, pour peu qu’elle soit encore en vie. Et les liens entre lui et une fille de, quoi… Vingt-sept ans, seraient des plus compliqués à exécuter. Il n’y avait rien pour le menacer là-dessus. Rien que des souvenirs, douloureux mais désormais impossibles à altérer. Soit cette fille était donc assez conne pour vouloir simplement le frustrer, soit elle avait réellement trouvé ce qu’elle cherchait, et ce qu’elle voulait n’avait donc rien à voir avec une quelconque menace. Ou peut-être était-elle juste trop stupide pour se renseigner en totalité sur la cible qu’on lui avait donné — peut-être pensait-elle alors pouvoir retrouver la femme et la petite fille de cette photo, et s’en servir pour le menacer. Mais sans qu’il ne parvienne à vraiment se l’expliquer, son instinct lui soufflait pourtant qu’il n’en était rien.

Finalement, ses mains retombèrent le long de ses cuisses, alors qu’il haussait légèrement les sourcils. La remarque qu’elle venait de lui faire lui tira un sourire un peu plus large — un peu plus mince. Cette gamine avait de l’arrogance. Beaucoup trop pour qu’il n’en soit pas à la fois dérangé, curieux et intéressé. Il avait le goût pour les défis, le O’Callaghan ; et celui-ci était en train se révéler de taille. Lentement, il relâche sa posture. Lui fait profil, se déplace d’un pas. L’assurance de la rouquine l’impressionne moins qu’elle ne le pourrait sur quelqu’un d’un tantinet plus peureux ; son insolence ne lui fait pas plus d’effet. La seule chose qui lui serre le cœur, les boyaux et la gorge, c’est le souvenir de voir la photo s’enfoncer dans sa poche, sans ménagement. Mais le sourire fait façade, son attitude décontractée ne se gênant pas pour l’appuyer. « En fait, j’crois que j’vais devoir insister. » Il n’a pas relevé à ce qu’elle lui a lancé, s’est contenté d’habilement contourner la dernière remarque. Sa main attrapa un livre qui traînait sur le dessus d’un meuble, sans qu’il n’y fasse particulièrement attention. « Je tiens vraiment à cette photo. J’te pardonne de me l’avoir un peu abîmée, si tu me la rends sans faire d’histoires. » Ses yeux se sont à nouveau posés sur la rouquine, malgré le regard volant qu’il lui sert. « Ceci étant, si tu tiens vraiment à avoir un souvenir de ta mère, je peux t’en faire une copie. » Et finalement, alors qu’il revient vriller ses iris dans les siens, son regard se fait moins léger, son sourire se fixe. Ses doigts restent serrés autour du livre, alors qu’il la dévisage, sans une once d’hésitation au fond des yeux. Y a pas de piège, rien à craindre de lui. Son index tapote la couverture de l’ouvrage qu’il tient, alors que ses yeux refusent désormais de lâcher ceux de la rouquine. Et soudain, le bouquin quitte sa poigne, en même temps que le mot tombe de ses lèvres. « Attrape. » Trop tard pour qu’elle ait le temps de réfléchir, trop tard pour qu’elle ait le temps de réagir. Mais elle a des réflexes, la gamine. Des réflexes auxquels ils s’attendaient, et qui lui tirent le plus large des sourires, lorsque ses doigts pâles se referment sur le livre. Main gauche. « Je l’savais. Y a qu’ses joues qu’t’as pas. » Et t’es gauchère, comme moi. Les constatations sont presque pour lui-même, alors qu’une étrange lueur se fiche dans ses yeux. Son sourire ne retombe pas vraiment, mais il s’est replacé face à elle. Plus question de tourner le dos, plus question de s’éloigner. Plus question de la lâcher du regard, cette grande silhouette beaucoup trop familière.

Il sent son cœur tambouriner, son cerveau tourner à toute allure. Et pourtant, sur ses traits, rien ne paraît. Son sourire s’est figé, ses yeux refusent de s’éloigner. Et il ne sait si c’est de douleur ou d’ébahissement que, coincé au fond de sa poitrine, son myocarde tremble. Tout c’qu’il sait, c’est que l’idée de voir filer une cambrioleuse ne l’a jamais autant répugné. Et qu’autour de son cou, le poids des souvenirs accrochés et dissimulés sous sa chemise venait soudainement de doubler.
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MessageSujet: Re: if i could go back in time. (penny)   if i could go back in time. (penny) Icon_minitimeMar 3 Mai 2016 - 1:56

it's a lonely road, full of tired men, and you can see it in their faces. and you'll be home in spring, i can wait 'til then, i heard you're on the big train.
if i could go back in time
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Elle avait son coeur qui tambourinait dans le fond de sa poitrine. Il se fracassait contre ses organes et sa cage thoracique, et ça lui donnait presque le vertige tellement le son était assourdissant. Elle était stable sur ses pieds, alors qu’elle se tenait droite devant lui, mais elle avait également cette horrible impression que le moindre courant d’air la ferait tressaillir et qu’elle s’effondrerait, qu’elle se briserait en deux. Sa voix était confiante, au moins, elle ne trahissait pas la présence de ce gouffre à l’intérieur d’elle qui semblait se creuser de plus en plus alors que les secondes passaient. Comme si elle se consumait de l’intérieur. C’était tellement iréel de le voir là. Parce que c’était bien lui, elle en était certaine, elle en aurait mis sa main au feu. L’homme sur la photo qu’elle avait gardé toutes ses années, l’homme sur la photo qu’elle venait d’enfoncer dans sa poche. Son père. Son foutu père. Pendant tellement longtemps elle n’avait jamais voulu le revoir – que voulait-elle d’un homme qui n’avait pas voulu d’elle ? Mais venir dans cette ville merdique, et retrouver la trace de ses origines avait planté un virus dans son esprit, une idée dont elle avait été incapable de se débarasser. Elle avait franchi le point de non-retour quand elle s’était pointé le bout de nez devant son grand-père. C’était là qu’elle avait commis l’erreur fatale. Elle s’était encore crue invincible, capable de retourner sur ses pas si jamais cette histoire ne lui plaisait pas. Elle l’avait vraiment cru, qu’elle serait en mesure de tout oublier par la suite, de passer à autre chose, et avec un peu de chance quitter cette ville et convaincre Wil de partir loin, très loin. Elle avait été idiote, tellement idiote. Et la voilà maintenant, dans l’appartement de son père, avec l’homme en personne à quelques mètres de ses yeux. Elle le fixait, poignardant son regard dans le sien, comme pour s’assurer qu’il était vrai et qu’elle n’était pas en train de perdre la boule. Ça n’aurait pas été surprenant. Elle en avait le souffle coupé, de se savoir où elle était. Avait-elle pris la bonne décision ? Peut-être qu’elle n’avait pas assez réfléchi à tout ça. Peut-être qu’elle était en train de commettre une grossière erreur, qu’elle avait fait un pas en avant et que revenir en arrière serait impossible. Peut-être que plus jamais elle ne pourrait être celle qu’elle était devenue, que sa vie encore une fois avait fait un tour sur elle-même, et que revoir son père la changerait à jamais – encore. Oui, peut-être que ça avait été une erreur, peut-être qu’il serait mieux qu’elle reparte tout de suite. Mais elle ne voulait pas bouger. Si elle bougeait elle s’effondrerait. Elle aurait aimé que Wil soit là. Lui, la supporterait. Il l’avait toujours fait. C’était comme s’il était sa propre colonne vertébrale, soutenant le reste de son corps d’os solides et forts. Il était les nerfs qui la tenait ensemble, le sang qui remplissait ses veines. Sans Wil il n’y avait pas de Penny. Et maintenant que Wil n’était pas là, qui était-elle ? Elle aurait du lui en parler. Elle aurait du lui dire ce qu’elle était partie faire. Elle se sentirait moins fragile, moins vulnérable. Elle détestait se sentir faible. Et la manière dont cet homme la regardait – dont son père la regardait – elle n’aimait pas ça du tout. Parce que c’était comme si elle redevenait une petite fille. Une enfant. La gamine sur la photo dans sa poche.

Elle ne le quittait pas des yeux, certainement pas. Il semblait s’être calmé, et sourire davantage, malgré ses paroles empoisonnées. Il paraissait… décontracté. Et ça ne faisait que mettre davantage l’accent sur le fait que son propre coeur battait la chamade. Elle devait se calmer. Elle ne devait pas laisser ses émotions prendre le dessus – c’était ça qui causerait sa perte. Wil lui avait enseigné ça. « En fait, j’crois que j’vais devoir insister. » Elle arqua un sourcil, le laissant bouger doucement dans l’appartement sombre, ses pupilles vrillant chacun de ses mouvements. Il posa une main sur un livre qui traînait. Penny sentit son échine se contracter, son corps se tendre, prête à réagir en cas de besoin. « Je tiens vraiment à cette photo. J’te pardonne de me l’avoir un peu abîmée, si tu me la rends sans faire d’histoires. » Il lui semblait que la tension dans la pièce avait monté d’un cran. Elle n’osait même pas ouvrir la bouche, comme par peur que ça ne déclenche quelque chose. Un piège. Elle sentait le contrôle glisser d’entre ses doigts, et elle ignorait comme le récupérer. C’était lui, c’était de sa faute – quelque chose en lui l’empêchait d’être elle-même. « Ceci étant, si tu tiens vraiment à avoir un souvenir de ta mère, je peux t’en faire un copie. » Le souffle de Penny se bloqua dans sa gorge. Son coeur, qui tambourinait férocement dans sa poitrine, sembla soudainement s’arrêter, et le soudain silence la figea sur place. Elle était incertaine d’avoir bien entendu – et pourtant elle avait parfaitement bien entendu. Les mots la traversèrent comme une vague, la percutant violemment puis coulant à l’intérieur d’elle alors qu’elle les assimilait. Comment ? Comment avait-il su ? Puis alors que ses yeux étaient plongés dans ceux de son père, et qu’il la regardait de cette manière qui lui donnait envie d’arracher sa propre peau, un mot quitta ses lèvres en un souffle. « Attrape. » Le livre traverse la pièce comme un coup de canon, et ses réflexes prennent le dessus – elle l’attrape sans difficulté. Ses doigts se referment autour de la couverture rude, et son coeur recommence son battement effrenné. Non. Non. C’est impossible. « Je l’savais. Y a qu’ses joues qu’t’as pas. »

Elle en avait le vertige. Elle ne voulait pas le quitter des yeux, lui qui lui souriait mystérieusement. Elle voit tout et rien dans ses yeux, le monde tourne et vrille et elle n’a plus d’attaches. Elle se sent comme dans un bateau en pleine tempête, titubant, à la recherche d’un ancre à lequel s’accrocher. Wil. Elle avait besoin de Wil. Mais Wil n’était pas là, il n’y avait qu’elle, et son père. Puis le vertige cesse aussi vite qu’il a commencé. Sa poigne autour du livre se resserre, la lumière fuse dans ses yeux, ses traits se déforment légèrement. « Bravo, t’as d’viné. » Sa voix a tremblée un peu, elle n’est plus aussi sûre d’elle même qu’elle l’aurait voulu. « Tu veux un câlin, ou que j’verse p’t’être quelques larmes ? À ta place j’me préparerais à être déçu. » Elle bouge légèrement ses pieds, comme pour mieux s’ancrer dans le sol, et s’étire l’échine, relevant la tête. « J’aurais pensé que ça t’en prendrait moins pour reconnaître ta propre fille. Mais en même temps, c’est vrai qu’la dernière fois qu’tu m’as vu, j’étais encore une gamine. » Ses yeux se plissent légèrement, ne le quittant toujours pas des yeux malgré l'étouffement qui lui bloque la gorge, qui lui donne envie de s'enfuir, qui lui donne envie de s'écrouler. Mais elle reste droite. Elle doit rester droite. « Ça fait combien d’temps, pour toi, au juste ? Un an, deux ans ? J’ai pas compté, j’te l’avoue. » Ses doigts tambourinent la couverture du livre qu’elle tient toujours. La pièce l’étouffe, elle est déboussolée, elle a juste envie de quitter la noirceur pour aller respirer un peu dans le monde extérieur.
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MessageSujet: Re: if i could go back in time. (penny)   if i could go back in time. (penny) Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 8:04

Pendant une seconde, il avait vu la myriade de sentiments passer dans les yeux de la fille en face de lui. Il avait reconnu presque chacun d’eux, observateur et méticuleux, et avait vu qu’elle n’appréciait guère de sentir le piège se refermer autour d’elle. Son propre choc n’était pas tout à fait passé, mais tenter de reprendre le dessus avait été une réaction naturelle pour tenter de l’outrepasser. Fallait rester en lice, fallait continuer de jouer. La vie ne s’arrêtait pas aux coups de poing qu’elle vous foutait, et tout portait à croire que la fille en face de lui n’avait aucune intention de le ménager. Pourtant, elle savait qui il était ; elle le savait, ça s’lisait dans ses yeux, sur ses traits. Dans le moindre de ses mouvements, dans la moindre de ses réactions. Elle était venue en sachant — Dieu seul savait comment —, et elle n’avait pas choisi la carte des retrouvailles passionnées. Quelque part, cela ne l’étonnait absolument pas. Lui-même n’était pas de ce genre, et sa mère ne l’était pas non plus ; pourquoi donc aurait-elle été différente ? Elle n’avait pas les gênes pour aider, la gamine, et il était intimement persuadé que sa vie de ses vingt dernières années n’avait absolument pas contribué à l’aider à s’épanouir et à s’ouvrir au monde. Il avait vécu la même séparation, vécu le même arrachement à ses racines. Sauf qu’elle, elle avait été seule. Elle était tombée dans un monde dont elle ignorait tout sans personne sur qui compter, sans personne à qui se référer. Lui avait eu Judith, et ils ne s’étaient plus quittés. Mais Penny… Penny, elle, s’était retrouvée seule. Seule, livrée à elle-même. Il n’avait pas la moindre idée de ce qui lui était arrivé, et une petite voix lui soufflait que même si son imagination débordante commençait à vouloir combler les trous, il serait encore bien loin de la vérité. Il ne voulait pas la guerre, ne voulait pas prétendre la connaître mieux que quiconque, simplement parce qu’il était son père. Il avait connu une fillette de six ans, aventureuse et rayonnante ; rien à voir avec la femme qui se tenait devant lui aujourd’hui, presque aussi vieille qu’il ne pouvait l’être. Cette Penny-là, celle qui se dressait dans son salon, un air fermé et presque agressif sur les traits, il ne la connaissait pas. Il aurait tout donné pour apprendre à le faire, mais pour le moment, il les savait bien loin d’en être là. Pour le moment, il allait falloir dompter ce que la vie avait fait d’elle — apprivoiser la bête, et prier pour pas s’faire bouffer le bras quand il lui tendrait l’doigt.

« Un câlin, pourquoi pas, mais j’te préviens, je sais pas consoler les gens qui pleurent. » Si elle ne l’épargnait pas, il ne voyait pas pourquoi il aurait fait de même. Son sourire continue de flotter sur ses traits, alors qu’elle crache son venin sans discontinuer, tentant de reprendre le contrôle par des piques bien placées et des abus de fierté. « Bon, tant pis pour le câlin alors. » Et pourtant, y a quelque chose d’amusé dans sa voix. Bien sûr qu’il ne s’est pas attendu à ce qu’elle lui saute au cou. Si c’était le genre de retrouvailles qu’elle avait souhaité, ce n’était pas comme ça qu’elle les aurait provoquées. Y avait décidément mieux à faire pour partir sur les chapeaux de roues que de rentrer chez lui par effraction et de lui voler un de ses seuls objets de valeur.

Et il l’écoute, attentivement. Ses yeux la scrutent, son sourire ne retombe pas entièrement. Il peine pourtant à le garder si longtemps en place. La douleur fait des vagues dans son cœur, et il est bien en peine de faire comme si de rien n’était. Pourtant, sa spécialité ne s’est pas émoussée par la simple présence de Penny, et il continue de prendre les choses avec le plus de légèreté possible. Visiblement, elle sait faire du drama pour deux, alors pourquoi en rajouter ? « Pour tout t’avouer, ta politesse et ta bienveillance naturelle t’ont trahi bien avant. Tu les as définitivement héritées de ton grand-père, mes félicitations. » Tâter le terrain. Voir si elle le connaît déjà, l’autre vieux diable. Ça expliquerait bien des choses, mais il préfère ne pas trop s’avancer sur le sujet. Ne pas trop tendre le bâton pour se faire battre, et la laisser se débattre avec c’qu’elle a entre les mains, plutôt que de lui enfoncer la tête sous l’eau. Et ses yeux la scrutent, alors qu’elle continue de se montrer caustique, la belle rousse. Il refuse de se laisser péter les rotules par quelques propos mordants. Refuse de laisser voir qu’il est bien plus secoué qu’on ne pourrait le penser, et que ce retour lui fait l’effet d’un furieux coup de poing dans le creux de l’estomac. « Ça fait bientôt deux ans. » Il se place face à elle, plutôt décontracté. Tentant de ne pas se laisser envahir par ses sentiments controversés, et de garder son regard étincelant débarrassé de tous ces parasites d’anxiété et de traumatisme. « Vingt et un pour toi. Ce qui t’en donne, quoi… Vingt-sept, maintenant ? »

Son ton ne fait pas de vagues, et il tente de garder pied. Il y avait suffisamment d’elle pour se laisser emporter par la marée de ses sentiments. Il lisait dans ses yeux qu’elle aurait voulu filer d’ici en vitesse, et que rester enfermée dans cette pièce l’étouffait. Et presque inconsciemment, il alignait son comportement en conséquence, peu désireux de titiller la bestiole du bout d’une pique, et de provoquer son départ anticipé. Il restait calme, posé. Son cœur battait comme jamais, les pensées et les questions tambourinaient au fond de sa boîte crânienne, mais rien ne paraissait. Une bouée dans l’ouragan qui était en train de passer, et qui laisserait sûrement plus de débris derrière eux que ce qu’elle n’avait pu imaginer. En attendant, ça ne lui servirait pas plus de s’énerver que de se mettre à pleurer ; si tu veux discuter, gamine, range tes propos salés. Tu viens d’foutre les pieds dans un monde où ils ne te seront d’aucune utilité.
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