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 ≈ back when we had nothing. (léda)

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MessageSujet: ≈ back when we had nothing. (léda)   ≈ back when we had nothing. (léda) Icon_minitimeDim 28 Fév 2016 - 20:28

flags upon the floor, and on this cold war, battle torn, soldiers fold, lay down your arms, losing all control, and down this rabbit hole, lost souls letting go, but I won't
back when we had nothing
≈ ≈ ≈
Aldrich était venu se chercher un café. Il ne faisait pas partie de ceux qui avait besoin de leur tasse quotidienne pour passer au travers de leurs journées, mais il ne disait jamais non à un peu de cafféine, surtout pas ces derniers temps. Même si les migraines causées par sa vaccination se faisaient de plus en plus rares, son emploi du temps était assez rempli et sa vie assez chaotique pour parvenir à lui enlever le peu de sommeil qu’il se permettait habituellement, et donc causait une certaine fatigue chez lui. Après tout, Radcliff était plongé dans une campagne électorale intense, et en tant que bras droit d’une des candidates, Aldrich se retrouvait plongé jusqu’au cou dans le travail. Non pas qu’il ne voulait pas de cette charge – bien au contraire, il était heureux de le faire. Il était prêt à tout pour aider Isolde. C’était une jeune femme courageuse pour qui il avait beaucoup de respect, beaucoup d’admiration. Aldrich était donc plus qu’heureux de sacrifier quelques heures de sommeil pour se consacrer à sa campagne et à n’importe quoi d’autre pour alléger un tant soit peu le poids sur ses épaules – que ce soit de s’occuper de trucs reliés à la campagne, ou garder son petit ange, Clara. Voir la nouvelle-née avait ramené Aldrich vingt ans auparavant, à la naissance de sa propre fille. La même petite créature, aux grands yeux curieux et aux doigts minuscules. Isolde lui avait demandé d’être le parrain. Aldrich n’aurait jamais pu refuser, et pas seulement parce qu’il considérait Isolde comme sa propre fille – mais parce que ça lui donnait un peu d’espoir, de s’occuper du bébé. Ça lui faisait penser à Elspeth. Il ne commetterait pas les mêmes erreurs avec Clara. Il serait là pour elle, autant que ses parents le voudraient. Il avait véritablement changé, il n’était plus le fantôme avec qui Elspeth avait grandi. Il voulait tant convaincre sa fille de cela – mais elle ne voulait rien entendre. Du temps, c’était ce qu’il lui fallait. C’était ce dont Aldrich tentait bien de se convaincre. Du temps, un petit peu de temps. Enfin bref, la vie d’Aldrich était loin d’être calme et simple ces derniers temps, mais il appréciait toute cette action. Ça faisait changement des années de léthargie qu’il avait passé après la mort de sa femme. Un homme différent, une vie différente. Si seulement Elspeth pouvait en faire partie. Mais ça, c’était une toute autre histoire. Le Redwolf Castle grouillait d’activité ce jour-là. Avec la campagne électorale, tout le monde avait quelque chose à accomplir. C’était bien rare que les quartiers généraux de Insugency étaient calmes, mais Aldrich n’avait jamais vu l’endroit fourmillant autant d’activités. Heureusement, la salle où se trouvait la machine à café était plutôt déserte, et l’homme en profitant pour prendre quelques profondes inspirations et expirations, tentant de calmer son esprit en vrille qui bossait depuis ce matin-là sur la sécurité du prochain discours d’Isolde. Il s’empara d’un des petits verres en carton qui traînaient dans le plastique aux côtés de la machine – personne ne prenait la peine de les sortir de là – et le plaça au bon endroit, débattant s’il avait envie d’un vrai café ou d’un simple décaf. Maintenant qu’il y pensait, il n’avait pas trop envie de passer l’après-midi sur les nerfs, pour ensuite subir l’inévitable descente de la cafféine qui savait attaquer aussi férocement qu’un lendemain de veille. Fixant la machine d’un air concentré, il débattait la question dans sa tête – puis quelqu’un entra dans la pièce.

Il jeta un regard furtif en direction de la silhouette, sans vraiment y porter attention. Mais son regard revint instinctivement sur le visage familier. Léda. Il ne laissa pas son regard trop s’attarder sur elle, bien qu’il en avait envie. Elle ne dit rien, il ne dit rien. Il n’y avait rien à dire, après tout. Se raclant la gorge, Aldrich sortit quelques pièces de sa poche, les enfonça dans la machine et appuya finalement sur le bouton – cafféine, décidément, bien qu’il aurait préféré un whisky – et fit de son mieux pour ne pas reporter son regard sur Léda qui s’était attardée devant la machine à eau. Mais sa volonté était faible en ce qui concernait la jeune femme, ça avait toujours été le cas. Tandis que la machine remplissait son verre, ses yeux glissèrent sur Léda, qui lui faisait dos. Le silence dans la pièce était assourdissant. Ses longs cheveux foncés tombaient sur ses épaules. Aldrich se souvenait y avoir glissé ses doigts, maintes et maintes fois. Léda. Comment en étaient-ils arrivés là ? Il le savait. Il avait été con. Il aurait du lui dire que c’était de sa faute – que tout avait été de sa faute. Mais il avait tellement apprécié le moment de répit, le moment de tranquilité que lui avait apporté l’ignorance de Léda par rapport aux circonstances de la mort de Margaret, qu’il y était plongé tête première. Et elle était tellement magnifique – son esprit, son corps, tout. Aldrich ne regrettait son don que pour elle – il ne regrettait que d’entendre ses pensées, fusant à vive allure. La tension était palpable dans la pièce. Après tout, ils n’avaient pas abordés le sujet de leur dernière dispute – ça faisait des années. Une éternité entière. Mais la constante présence de Léda dans son environnement n’aidait pas à ce qu’il se l’enlève de la tête. Elle était là, toujours là. Parfois il avait envie de lui dire qu’il était désolé, mais il se doutait bien que ça ne changerait rien. Ça ne ferait que tout ramener sur le tapis, et il n’avait guère envie de revivre cette période là de sa vie. Il avait juste envie d’aller vers l’avant. Alors il laissa Léda tranquille.

Avant même que son café n’ait terminé d’être service par la machine, elle était repartie. Aldrich laissa échapper un soupir, se frottant les tempes. Comme s’il avait retenu son souffle tout le temps qu’elle avait été dans la même pièce. Il s’empara de son café et se dirigea lui aussi vers la sortie, mais quelque chose attira son regard – un portefeuille, posé sur le sommet de la machine à eau. Celui de Léda, peut-être. L’avait-elle oublié là ? Aldrich, sans hésitation, s’en empara et l’ouvrit pour voir s’il lui appartenait – il prit la première carte et la sortit un peu brusquement – et avec la carte, apparut une photo. Aldrich fixa le jeune visage qui l’observait. Un petit garçon. Pas très vieux. Six ans, peut-être sept. Il avait un grand sourire, quelques dents en moins – et derrière lui se tenait Léda, resplendissante. La ressemblance frappa Aldrich qui continua à fixer la photo d’un air ébahi. Se pourrait-il que – est-ce que Léda pouvait vraiment avoir – Un mouvement à sa gauche le surprit, et ses yeux glissèrent de la photo au visage de Léda. Il failli en échapper le portefeuille en entier. “Désolé. J’l’ai vu sur la machine, et – j’voulais vérifier il appartenait à qui. Désolé.” Il se racla la gorge, mal à l’aise d’avoir été pris sur le fait. Il replaca tout dans le portefeuille, le tendit à Léda. Mais ce petit garçon, qui était-il ? Il hésitait à poser la question – après tout, c’était indiscret. Mais il n’avait également guère envie de simplement ignorer le sujet.
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MessageSujet: Re: ≈ back when we had nothing. (léda)   ≈ back when we had nothing. (léda) Icon_minitimeSam 26 Mar 2016 - 5:35


even if i try to win the fight,
my heart would overrule my mind.


Trop de monde, trop d’agitation. Trop de choses à faire, en trop peu de temps. Depuis le début de la campagne électorale, la Altman avait l’impression de ne plus avoir le temps de respirer. Les listes de tâche s’allongeaient de jour en jour, bien plus vite qu’elles ne pouvaient se vider. Et il n’était pas question de claquer la porte derrière elle pour prendre des vacances ; pas question de laisser Isolde aux prises avec tout ça. La petite blonde n’était pas seule, c’était un fait — elle ne le serait probablement jamais, au vu de l’art avec lequel elle s’était entourée de loyaux alliés. Mais au fond de l’esprit de la basanée, laisser Isolde se débrouiller avec les autres était l’abandonner. Jamais elle n’aurait eu la prétention de se croire essentielle, ni même irremplaçable. Les pieds sur terre, elle avait parfaitement conscience que les longs silences qu’elle laissait émerger durant les réunions lui valaient plus d’un retour irrité sur son attitude. On se demandait parfois ce qu’elle foutait là, et on s’interrogeait sur la profondeur de ses motivations. Mais fort heureusement, personne ne se hasardait à remettre en doute son degré d’intelligence ou sa capacité à monter plans et idées. C’était, peut-être, l’un des plus gros avantages que lui conférait son don. Et quand certains se prenaient à plaisanter sur le sujet, et à remettre en doute l’étendue des qualités de sa mutation, il se retrouvait bien généralement le bec cloué sans autre forme de procès. Les premiers temps, certains s’y étaient essayé — désormais, les impudents se faisaient plus rares, et on laissait la plastiqueuse se tenir à l’écart, silencieuse. On n’en pensait pas moins, mais on ne lui faisait plus l’affront de l’ouvrir. C’était toujours ça de gagné.

Aujourd’hui, il lui semblait qu’on n’avait de cesse de la solliciter. Les tâches s’empilaient plus vite qu’elle ne les accomplissait, mais personne n’avait l’air de songer qu’elle aurait pu avoir besoin d’un break, elle aussi. Break qu’elle avait fini par prendre de force, laissant tout tomber, se levant alors même que son interlocuteur s’élançait dans des grandes suggestions quant à la manière dont Isolde devait mener sa prochaine apparition dans les médias. L’autre l’avait regardée, indigné d’être ainsi coupé. Le « Fais-en part directement à la concernée. » ne lui avait pas fait plaisir mais, au ton sec qui l’avait accompagné, il avait jugé plus prudent de ne pas relever. Isolde pouvait prendre ses messages seule. Elle n’avait pas besoin d’intermédiaire. Insurgency n’était pas un organisme au système hiérarchique extrêmement compliqué, qui exigeait l’aval de plusieurs supérieurs avant de soumettre une idée. S’il avait quelque chose à redire à la manière dont la Saddler se comportait, qu’il aille lui exprimer lui-même. Elle, elle avait d’autres chats à fouetter.

Un break. C’était tout ce qu’elle demandait. Elle avait attrapé son portefeuille en se levant, et s’était éloignée. Les machines à café qu’elle savait entreposées dans une petite pièce du QG lui faisaient de l’œil. La migraine commençait à reprendre son inlassable flirt, au fond de son crâne, et elle n’était pas sûre de tenir le coup pour la fin de la journée sans une tasse ou deux d’un expresso bien serré. Pourtant, à mesure que ses pieds la conduisaient vers son sésame, elle en venait à se demander si faire monter son cœur et stimuler encore davantage sa tension était la meilleure des idées. Le café lui faisait de l’effet, et dans l’état actuel des choses, elle n’était pas certaine que de se monter encore un peu plus sur ressort était de bon augure. Plusieurs méritaient des claques qu’elle peinait à retenir, et il lui sembla soudain qu’un expresso n’aurait fait que forcer sa main à venir accrocher les joues qui l’appelaient. Pourtant, elle ne rebroussa pas chemin. Elle savait que le coin était généralement calme, à cette heure de la journée. Et plus encore qu’un café, c’était d’être seule dont elle avait besoin.

Pourtant, il apparaissait que même ça, c’était trop demander. Avoir un peu de paix était-il si compliqué ? Son regard avait à peine glissé sur la silhouette du Fitzgerald qu’elle avait senti l’énervement se distiller davantage encore dans ses veines. Le café était à éviter, c’était un fait. Sinon, il y avait fort à parier que la simple présence d’Aldrich ne lui fasse gagner une tasse malencontreusement renversée sur le pantalon.

Ne pas s’approcher. Rester à une distance raisonnable, une distance qui ne la forcerait pas à le confronter. Une distance qui les sauverait, l’un et l’autre, d’une discussion qu’elle n’avait pas envie d’avoir, et qui ne pouvait donc qu’être désagréable. Tant pis pour le café. Un grand verre d’eau et un peu de calme feraient l’affaire. Ou du moins, c’était ce qu’elle espérait en regardant le gobelet en plastique se remplir. Elle aurait aimé avoir un véritable break. Pouvoir se détendre, respirer. Ne pas avoir à subir la présence du bras-droit d’Isolde — une présence qu’elle encaissait déjà suffisamment depuis qu’il avait mis les pieds dans Insurgency. Il fallait qu’elle se calme. Qu’elle se reconcentre. Qu’elle fasse taire son don qui ne faisait qu’empirer les choses, et qu’elle trouve un moyen pour se recentrer. Après quelques secondes de réflexion, il lui apparut qu’elle ne pourrait le faire en présence d’Aldrich. Elle tourna donc les talons, verre d’eau en main, à la recherche d’un endroit où elle pourrait être seule, cette fois. Au bout de quelques minutes à vagabonder dans les couloirs, elle sentit comme un vide dans ses mains. Le verre d’eau était là, c’était pas ça. Y avait quelque chose d’autre qui manquait. Quelque chose qu’elle avait pris en partant, et qui – son portefeuille. Elle ne mit pas longtemps avant de se souvenir l’avoir laissé poser sur la machine à eau. Son don s’était automatiquement réactivé pour résoudre le mystère, et elle fit volte-face dès que la pensée remonta à la surface, rebroussant chemin pour aller récupérer son bien. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle découvrit l’objet entre les mains du Fitzgerald, ouvert. Il semblait avoir tiré une carte d’une des petites poches — mais ce n’était pas une carte qu’il tenait entre ses doigts. Elle reconnut la photo de loin, et se figea tout d’abord. Son sang se mit à bouillir dans ses veines, son cœur à battre la chamade. Elle luttait pour ne pas lui arracher le tout des mains et s’en aller comme une sauvage — luttait pour se contenir, et ne pas passer pour la furie de service. Mais s’il y avait bien une personne dans les environs qu’elle ne voulait pas voir fouiller dans sa vie, c’était bien lui.

Les excuses ne lui firent ni chaud ni froid. Ne l’énervèrent pas davantage, mais ne la calmèrent pas non plus. Elle avait les poings serrés, les dents grinçantes. Elle le regarda refermer la petite pochette de cuir, la lui tendre. Sa main fusa pour récupérer l’objet, sèchement, le lui arrachant pratiquement de la main. « Parce que ça t’est pas passé par l’esprit que j’suis la seule personne à être passée par ici durant les cinq dernières minutes, et à avoir pu l’oublier. » Les intentions du Fitzgerald étaient louables, et elle le savait. Elle n’aurait pas dû s’énerver de la sorte, pas dû le confronter. Mais c’était la réaction naturelle qu’il provoquait chez elle — l’amertume et le rejet. Ses doigts se serraient autour de l’objet comme si sa vie en dépendait, tandis qu’elle dardait ses prunelles foncées dans celles de l’homme. Elle détestait la frénésie qui prenait son myocarde lorsqu’il fallait qu’elle ait affaire à lui. Et plus encore, elle haïssait avoir vu entre ses mains cette photo qu’elle chérissait tant, petite parcelle d’innocence qui n’avait pas à être entachée. Elle ne voulait pas de questions, ne voulait pas de suppositions. Et pourtant, elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’au fond de ce regard, les interrogations se bousculaient. Suffisamment pour savoir qu’il n’allait pas abandonner la partie si facilement, et qu’elle ne s’en tirerait probablement pas avec une réplique cinglante ou deux. C’était un pari risqué que de vouloir s’en aller maintenant — l’ascendant était à prendre ou à laisser. Mais il lui semblait alors que quelles que soient les cartes qu’elle abattît, être en possession — bien qu’infime — de la vérité donnait à Aldrich une avance considérable, et irrattrapable. Aussi joua-t-elle le seul atout qui lui restait : la fierté. « J’te déconseille de te mettre à fouiller dans ma vie. » Même si t’as déjà commencé. Et même si, au fond d’elle, elle savait que les choses n’en resteraient pas là. Elle ne s’en tirerait pas comme ça, pas avec ce qu’il venait de voir : son petit doigt le lui chuchotait, mais elle tentait de le faire taire. Car s’il y avait bien une seule certitude qui émergeait au milieu du chaos actuel de ces pensées, c’était qu’elle n’était pas prête à faire face à la vérité.
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MessageSujet: Re: ≈ back when we had nothing. (léda)   ≈ back when we had nothing. (léda) Icon_minitimeLun 25 Avr 2016 - 23:57

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back when we had nothing
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Aldrich n’avait jamais été particulièrement curieux. Sans doute était-ce du au fait que pendant tellement longtemps, il n’avait pas eu besoin d’être curieux – s’il voulait savoir quelque chose, il n’avait qu’à tendre l’oreille et à écouter. C’était là l’un des avantages à pouvoir faire de la télépathie – personne ne pouvait avoir de secrets pour lui. Il entendait tout, absolument tout, souvent sans même le vouloir. Il savait que la voisine d’en face trompait son mari, que son institutrice à la maternelle avait une mère très malade. Il savait qui avait un béguin sur qui, ce que les gens pensaient vraiment des autres, vraiment de lui. Il entendait tout quand il entrait dans une pièce, ce qui passait par l’esprit des gens, se demandant s’ils avaient bien verouillés les portières de leur voiture ou si la femme assise à leurs côtés voudraient bien aller prendre un verre. Toutes ses voix, elles avaient été une malédiction pour Aldrich, qui aurait tout donné pour ne plus avoir à les entendre. Mais ça avait également développé chez lui une certaine résistance à la curiosité – maintenant qu’il était enfin débarrassé de ses voix, il ne voulait plus savoir. Ça dépendait quoi, bien sûr, mais la plupart du temps, il était bien content de ne plus avoir à entendre ce qui se passait dans la tête des autres. Le silence – il appréciait tellement le silence. C’était un concept bien sous-estimé, dont l’homme profitait dès qu’il le pouvait. Il n’entendait à présent que sa propre voix, ses propres pensées – et c’était bien suffisant. Mais il y avait bien sur quelques exceptions à ce manque de curiosité – Elspeth, par exemple. Il aimerait bien savoir ce qui se passait dans la tête de sa fille, alors qu’il puisse trouver un moyen de revenir vers elle. Il se doutait bien ce qu’elle pensait – il savait qu’elle le détestait, qu’elle ne voulait plus rien savoir de sa présence dans sa vie, et tout le tralala. Elle lui avait dit très clairement. Mais malgré tout, Elspeth restait sa fille et il se doutait qu’il y avait plus derrière cette façade en colère. Certainement, il devait rester un moyen de la rejoindre, un moyen pour qu’elle accepte qu’il revienne vers elle. Il devait continuer à y croire, sinon tout était perdu. Et Aldrich n’accepterait pas de perdre sa fille. La bataille ne serait jamais perdue, pas pour lui. Il continuerait à lever les armes jusqu’à ce qu’il ne le puisse plus. Car Elspeth en valait le coup, elle en valait toujours le coup.

L’autre exception à la règle, c’était Léda. Léda était toujours une exception, peu importe la règle. Elle n’obéissait à rien ni personne, elle était juste qui elle était. Et Aldrich l’avait toujours admiré pour ça. Même maintenant, alors qu’il ne pouvait plus entendre le flux impressionant de son esprit, il était subjugé par elle. Il avait cru à l’époque que c’était ce qui la rendait tellement extraordinaire, tellement unique – mais il avait eu tort, comme il avait tort sur la plupart des choses. Léda était exceptionnelle parce qu’elle était Léda, tout simplement. Elle entrait dans une pièce et il se sentait irrévocablement attiré vers elle, il ne voulait regarder qu’elle, n’entendre qu’elle. Elle était une force de la nature, tout simplement. Et il aurait tout donné pour savoir ce qui se passait dans sa tête, alors qu’ils étaient là tous les deux dans la pièce. Que pensait-elle de lui, de toute cette histoire ? Il se demandait si elle était toujours fâchée contre lui, pour ce qu’il avait fait. Il ne lui avait rien dit au sujet de Margaret, il avait attendu que la tempête arrive à toute vitesse. Une erreur, peut-être. Mais il ne regrettait pas ce qu’il avait vécu avec Léda voilà toutes ces années, jamais il ne le regretterait. Léda était donc une exception à son manque habituel de curiosité, tout simplement parce qu’il voulait la comprendre, la connaître. Et donc, en voyant le portefeuille, il n’avait pas pu résister. De toute manière, Aldrich n’était pas particulièrement du genre à résister à une quelconque tentation – il était plutôt du genre à sauter la tête première dedans. Il continuait d’observer la photo, les questions se bousculant dans son esprit, et quand Léda réapparut, son coeur manqua un battement – mais il n’était pas sûr si c’était parce qu’elle l’avait surprise sur le fait ou parce que ses yeux étaient rivés sur lui. Elle le regardait avec tellement d’intensité – il faillit en reculer tellement c’était percutant. Quelques excuses baffouillées, elle savait aussi bien que lui qu’il ne croyait pas un mot de ce qu’il disait – il n’était pas désolé, pas le moins du monde. Il était au contraire bien heureux d’avoir jeté un coup d’oeil à l’intérieur, et d’avoir vu la photo – une énième question à ajouter au mystère Léda.

« Parce que ça t’es pas passé par l’esprit que j’suis la seule personne à être passée par ici durant les cinq dernières minutes, et à avoir pu l’oublier. » Aldrich arqua un sourcil, tandis que Léda récupéra sèchement ce qui lui appartenait. Elle avait pas tort, et il retint une sorte de sourire en entendant ses paroles. Elle était tellement unique. Il avait envie de rire, mais il se doutait bien qu’elle ne prendrait pas très bien sa réaction, et il n’avait guère envie de la mettre davantage en colère. Il savait ce que c’était, Léda en colère, et il n’était pas certain qu’il était prêt à revivre ça. Surtout que son café reposait toujours sur la machine, refroidissant doucement au fil des secondes qui passaient.  « J’te déconseille de te mettre à fouiller dans ma vie. » Un autre sourire voulut se dessiner sur les lèvres d’Aldrich, mais il le réfuta encore une fois. Léda savait très bien que c’était trop tard – il avait vu la photo, et maintenant il ferait tout pour connaître la vérité. Qui était ce petit garçon ? Quelqu’un d’important, pour que Léda ait jusqu’à en garder la photo dans son portefeuille. Et vu la réaction de la jeune femme, qui agissait comme une mère ours protégeant ses petits, Aldrich pouvait bien en être certain – peu importe qui était le gamin, il était important aux yeux de Léda. Plus qu’important, même. « J’ai rien dit, moi » répliqua-t’il simplement, levant les deux mains en signe de défensive. Mais il se mordilla l’intérieur de la joue, tentant de trouver un moyen d’instiger la conversation sans faire reculer Léda, sans faire jaillir ses boucliers de défense trop rapidement. « Et je suis bien placé pour savoir que c’est préférable de pas te contrarier. » Il lui adressa un sourire amusé, sans mauvaises intentions, tout sauf arrogant. Il voulait la mettre à l’aise, lui faire comprendre qu’il n’était pas là pour l’énerver, qu’il n’était pas là pour jeter du sable dans la tempête. Il voulait juste la comprendre. « Quand même, tu peux pas me reprocher d’être un peu curieux au sujet de la photo qu’il y a là-dedans. » Elle savait déjà probablement qu’il allait la questionner, et qu’il n’allait pas relâcher le morceau. Pourquoi n’éviterait-elle pas du temps en étant tout simplement honnête ? Il n’en demanderait pas plus. « Mais si tu veux pas en parler, j’vais pas t’obliger. » Mais j'vais tout faire pour le découvrir, se dit-il à lui-même. Parce que ce petit garçon n'était pas dans le portefeuille de Léda pour rien, et Aldrich ne pourrait pas s'empêcher d'y penser tant qu'il n'aurait pas appris la vérité. Les options se bousculaient déjà dans son esprit. Un neveu ? Un petit cousin ? Le fils d'une amie ? Son fils ? Il refusa de penser à cette dernière option - après tout, ce serait tellement étrange, et ça ne ferait qu'apporter un nouveau lot de questions. Où, quand, comment ? Et surtout, qui ?
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MessageSujet: Re: ≈ back when we had nothing. (léda)   ≈ back when we had nothing. (léda) Icon_minitimeJeu 28 Avr 2016 - 7:20


and more than ever, i hope to never fall,
where enough is not the same it was before


Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que tous ses efforts pour rester loin d’Aldrich et pour ne pas se mêler de ses affaires se retrouvent ainsi soldés d’échecs ? L’amertume restait coincée contre son palais, lui arrachait un grincement de dent impossible à retenir. Elle n’était pas capable de fuir, pas capable de faire comme si de rien n’était. Partir sans explications aurait été lui donner le laisser en mains d’informations explosives, sur lesquelles il aurait pu poser des questions. Et si question il devait y avoir, elle refusait strictement l’idée qu’elles soient posées à quelqu’un d’autre qu’à elle.

Elle se sentait prise au piège ; acculée. Dos contre le mur, face à ces traits qu’elle aurait voulu ne jamais avoir à être obligée d’à nouveau regarder. Aldrich lui avait donné l’impression d’être une imbécile, un pigeon de première classe — et pourtant, dieu savait que ça ne lui arrivait pas souvent. C’était ce sentiment qu’elle n’avait toujours pas réussi à digérer. Cette chose infâme qui laissait un mauvais arrière-goût accroché à la langue, et dont elle ne pouvait se débarrasser. Chaque fois qu’elle le voyait, ses doigts la picotaient ; et parfois, elle en venait à se demander si lui écraser son poing dans la figure une bonne fois pour toutes ne serait pas la solution à tous ses soucis. Décharger son énergie négative contre la source même de son amertume, et pouvoir s’autoriser à passer à autre chose — plus d’une fois, l’idée lui avait traversé l’esprit. Mais elle réfléchissait trop pour s’abaisser à des impulsivités du genre, et c’était un fait. Chaque fois, ses pensées se réalignaient comme un rempart de lucidité face à cette option jugée disproportionnée. Mais ce type avait tué son amie. Ce type avait tué son amie, et elle l’avait laissé dormir dans son lit. Il l’avait prise pour la dernière des connes, et il aurait continué indéfiniment si elle ne l’avait pas chassé à cor et à cris. Il ne méritait pas son attention, ne méritait pas le moindre mot. Pire que cela, même : il n’aurait même pas mérité la colère qui pourtant l’animait.

Et pourtant, elle se tient là. Son précieux portefeuille entre les mains, la photo soigneusement rangée dans le repli où il l’avait trouvée. Elle ne bouge pas, et ses yeux noisette ne lâchent pas l’homme qui lui fait face, presque un peu trop décontracté pour la situation. Elle se sentait bouillir, véritable bombe à retardement, n’attendant qu’un mot de travers pour être dégoupillée. Un mot qui, elle le sait, finira par tomber. Parce qu’Aldrich semble être particulièrement doué pour choisir ce qui la rendra chaque seconde un peu plus irritable — chaque seconde un peu plus irritée. Et comme elle s’y attendait, la mise en garde ne prend pas. Il lève les mains en signe d’innocence, ne peut retenir un petit commentaire qui lui fait lever brièvement les yeux au ciel, et fait s’échapper un soupir crispé entre ses dents serrées. Si ces quelques mots avaient eu le don de commencer à attiser la braise, le petit ajout qu’il fit permit à la situation de se stabiliser ; et elle se rendit alors compte qu’il la connaissait plus qu’elle n’en tolérait l’idée. Il jouait sur un terrain glissant, et il le savait. Il parvenait à rester lui-même tout en faisant en sorte de composer avec l’intégrité de la basanée ; il réussissait le miracle de la confronter sans directement se condamner, malgré l’aspect suicidaire indissociable de ce genre d’initiatives. Et c’était dans ce genre de moments que l’énervement de la jeune femme se faisait d’autant plus grand : lorsqu’elle réalisait qu’elle avait moins de secrets pour lui qu’elle ne l’aurait aimé, lorsqu’elle prenait conscience qu’être ainsi démasquée allait de paire avec une tranquillité d’être enfin comprise et acceptée, tranquillité qu’elle se refusait catégoriquement à ressentir en sa présence. Et le malaise que la situation créait en son cœur la faisait littéralement enrager ; le regard sur elle dont elle aurait voulu se débarrasser, les traces de douceur et de fascination qu’elle y décelait, indélogeables, mais qu’elle aurait souhaité voir disparaître par-dessus tout. Il n’avait pas le droit d’agir comme ça ; pas le droit de faire comme si de rien n’était, pas le droit de se comporter comme s’il n’avait rien fait de mal, et que l’eau pouvait couler sous les ponts. Des ponts, il n’y en avait plus. Des ponts, elle avait fait en sorte qu’ils aient tous disparu, là où lui semblait avoir trouvé un rescapé, et le protéger coûte que coûte du regard ravageur de la métisse. Une part d’elle avait l’impression qu’il gardait ce pont en sécurité, le temps que la situation se soit suffisamment calmée pour permettre de le dévoiler. Permettre d’offrir une nouvelle chance, une chance que– Non. Il n’y aurait pas de seconde chance. Il avait eu l’occasion de dire la vérité, de jouer cartes sur table et cœur franc. Il l’avait laissée passer, et il lui faudrait désormais vivre avec les conséquences.

Elle détourne les yeux, un instant. Un soupir bref, durant lequel elle clôt les paupières ; comme si ç’allait l’aider à réfléchir, comme si ç’allait l’aider à s’en sortir. Mais les issues, il n’y en avait plus. La seule qu’elle envisageait pour échapper à la conversation risquait d’attirer plus de questions déplacées qu’autre chose, à des gens et à des moments qu’elle aurait préféré éviter. « Pour que t’ailles poser les questions ailleurs et combler le silence par ta petite enquête ? Très peu pour moi. » J’préfère encore contrôler les informations qu’tu vas avoir en ta possession. Elle est à court d’options, la basanée. La seule qui s’impose à son esprit ne lui plaît pas, mais il lui faut l’emprunter. À part une trêve brève, que peut-elle bien faire pour s’en tirer ?

Machinalement, sa main trouve le battant de la porte pour la pousser et la refermer. Respirer. « Si tu parles de ce que t’as vu à qui que ce soit, tu vas regretter amèrement d’avoir un jour posé les yeux sur moi. C’est clair ? » Les menaces pour prévenir l’accalmie était une drôle de manière de la débuter. Mais elle ne pouvait lui faire la fleur de lui accorder pleine confiance : un avertissement scellait l’idée que la garde ne serait que temporairement baissée, et que l’animosité reviendrait au moindre pas de côté. « T’as le droit à trois questions. » Et y aura pas de quatrième, alors choisis-les bien. Ses yeux ne lâchent pas ceux du Fitzgerald ; elle reste de marbre, dos calé contre la porte, sa jambe repliée, son pied appuyé contre le bois.

Trois questions, et puis c’est tout. Trois questions, et elle disparaît.
Trois questions, et il a tout intérêt à s’en contenter.
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