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 i will remember before i forget. (ruslix)

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MessageSujet: i will remember before i forget. (ruslix)   i will remember before i forget. (ruslix) Icon_minitimeSam 6 Fév 2016 - 22:21


the darkest need the slowest speed
the debt unreconciled


Ses yeux se perdaient dans la noirceur du café qu’il tenait serré entre ses mains. La tasse était bouillante, mais la douleur ne se faisait pas encore vraiment ressentir. Elle apparaissait progressivement, lui parvenant comme en sourdine, tandis qu’il laissait ses pensées partir à droite et à gauche sans vraiment chercher à les retenir. Le sommeil le terrassait ; pourtant, impossible de fermer l’œil depuis quatre jours. Les cernes noirs qui se creusaient sous ses yeux lui avaient déjà tiré quelques remarques aigres de la part de son supérieur. Son coéquipier lui-même avait laissé percer un certain nombre de regards compatissants. Mais la compassion n’avait jamais été de ces choses qui touchaient le cœur du Fitzgerald. Il l’abhorrait plus qu’autre chose — et particulièrement depuis que Lydia avait disparu. Ce sentiment de pitié le répugnait. Ils ne pouvaient rien faire pour soulager sa souffrance, rien faire pour changer ce qui était arrivé. C'était leur dernière arme, leur dernier rempart pour tenter de pallier ce qui aurait pu être perçu comme une indifférence complète. Souvent, il s’était pris à préférer l’idée d'être ignoré. Qu’on le laisse, qu’on le traite comme s’il allait bien. Il n’avait pas besoin de leur compassion. Pas besoin de leur faux soutien, qui s’arrêtait dès le moment où ils rentraient chez eux retrouver femme et enfants. Il ne les haïssait pas ; plus que cela, même, il les appréciait et les enviait à la fois. Il aurait simplement souhaité que l’on respecte son intimité, et tous les pans obscurs qui la composaient. Était-ce trop demander que de lire dans leurs yeux une autre considération que celle d’un pauvre hère désormais privé de ses raisons de vivre ?

« … Officier ? » Il releva le nez lorsque la voix chevrotante lui parvint. Ses yeux sondèrent un instant le visage aux épaisses bajoues et au large front qui lui faisait face. « J’disais, j’finis mon chiffre dans deux minutes, est-ce que j’peux vous faire payer maintenant ? » Il hocha brièvement la tête, lâchant aussitôt sa tasse de café pour sortir son portefeuille de sa veste. Il déposa rapidement un billet sur le comptoir, rangeant la petite pochette de cuir aussi vite qu’il l’avait sortie. « Vous payez pour vot’ coéquipier ? » À nouveau, il acquiesça. « Hm-hm. Et vous pouvez garder la monnaie. » « Merci. » Il aurait voulu être capable de lui rendre son sourire, mais rien ne vint. Ses yeux retournèrent à son café, dont il but rapidement une gorgée. « Vous êtes en patrouille dans l’quartier ? » La tasse se reposa sur le comptoir, tandis qu'il secouait la tête. « On nous avait appelés pour nous signaler un incident. Mais le temps qu’on arrive, le suspect était déjà parti. » Alors ils avaient décidé de s’arrêter prendre un café en repartant. Un café, et un petit-déjeuner. Rien de bien sorcier. Leur radio était à leur ceinture — si on avait besoin d’eux, on les appellerait. « Hm, je vois. Tiens, ça m’fait penser que le p’tit DiTomasso est rentré en courant y a cinq minutes pour aller s’planquer dans les toilettes. On aurait dit qu’il avait le diable aux trousses, ma parole ! Vous savez pas s’il a encore des ennuis, par hasard ? Ce pauvre gamin fait que s’en attirer depuis qu’son père est parti. Vous pourriez pas lui parler ? Essayer de le raisonner ? » DiTomasso... Le nom ne lui était pas étranger. Loin de là, même. La tasse de café, en chemin vers les lèvres du Fitzgerald, s’arrêta nette. Son regard se vrilla sur son interlocutrice, alors qu’il sentait son sang ne faire qu’un tour dans ses veines. « Votre DiTomasso… Il portait une veste en jean avec des épaulettes et un motif peint à l'arrière ? » « Heu, oui, j’crois bien que son blouson aujourd’hui était en jean, mais, heu… Pourquoi ? … » Déjà, il s’était levé. À l’interrogation qui ponctua la fin de sa phrase, il lui avait tourné le dos, partant d’un pas rapide mais mesuré vers le petit couloir où se trouvait la porte des toilettes. Felix.

Il n’y avait eu ni coups de feu ni cris. Aucun bruit suspect n’avait alerté l’attention de qui que ce soit. Avec un peu de chance, le gamin n’avait pas repéré l’officier, et l’appréhension se passerait sans la moindre résistance. Et s’ils n’étaient pas dans ce genre de jour, si la chance décidait de ne pas se mettre de leur côté et de les regarder se débrouiller, il se prenait à espérer ne pas arriver trop tard. Il poussa la porte des toilettes d’une main, son arme dégainée dans l’autre. Il ne voulait pas alerter DiTomasso. Il ne voulait pas risquer de le faire paniquer, et que les choses ne s’enveniment. D’après les témoins qui avaient rapporté l’incident, le p’tit n’était pas censé être armé. On se rappelait que le père DiTomasso avait une arme de service qu'il avait conservée, mais il avait dû s'en aller avec quand il avait mis les voiles. Tout aurait donc dû se passer calmement. Dégainer n’était qu’une précaution. Une procédure de sécurité.

La porte émit à peine un grincement en pivotant sur ses gonds. Et lorsqu’elle s’ouvrit suffisamment pour laisser entrevoir l’intérieur des toilettes pour hommes, l’image que l’officier aperçut ne fit faire à son sang qu’un unique tour dans ses veines. De dos par rapport à l’entrée, Felix était penché vers les lavabos. Par on ne savait quel miracle, le gamin avait réussi à sortir de sa cachette et à s’approcher. Et quand le grincement de la porte se fit entendre, à son arrivée, le Fitzgerald vit les mains du gamin monter brusquement vers l’officier qui lui tournait le dos. Sans même ouvrir la bouche ou chercher à l’interpeler, il leva son Glock et tira. Deux coups éclatèrent, et le corps tomba au sol. Les épaules du tireur se relâchèrent. « Merde… Ça va ? » Il jeta un regard rapide au Lecter. Son arme s’abaissa, tandis qu’il posait ses doigts contre la jugulaire du garçon à terre. Pas de pouls. Rien. Et merde.

Une sale intuition se nicha au creux de son ventre. L’impression de ne pas avoir fait ce qu’il fallait. La sensation d’avoir manqué un détail, et d’avoir tiré trop vite. Pourtant, il tentait d’occulter ce mauvais pressentiment, s’échinant à penser à l’essentiel : ç'avait été moins une, mais Felix s’en était tiré. Rien d’autre ne comptait.
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MessageSujet: Re: i will remember before i forget. (ruslix)   i will remember before i forget. (ruslix) Icon_minitimeJeu 25 Fév 2016 - 20:04

i wish i found some better sounds no one's ever heard, i wish i had a better voice that sang some better words, i wish i found some chords in an order that is new, i wish I didn't have to rhyme every time i sang.
i will remember before i forget
✮ ✮ ✮
Son reflet dans le miroir l’observait avec insistence. Des yeux sombres, des sourcils crispés, une mâchoire serrée. Des cheveux en bataille, des joues pas rasées, des cernes foncées. Un reflet miroitant, embrouillé par le miroir qui n’avait visiblement pas été nettoyé depuis l’ouverture de l’établissement, tâché par les traces des doigts qui l’avait touché. Un reflet qu’il ne parvenait pas à reconnaître. Un reflet qui lui donnait envie de briser ce foutu miroir. Un reflet qu’il voulait tellement arrêter de regarder, mais dont il ne pouvait pas détacher son regard. Il serra les poings. Il essayait tellement, et pourtant il ne parvenait pas à penser à autre chose. Bea. Bea était une mutante. La nouvelle lui avait tombé dessus comme un bâtiment entier, écrasant tout, détruisant tout. Tout ce dont en quo il avait toujours cru, tout ce qu’il aurait pensé indestructible. N’importe qui, pas Bea. Et pourtant, ça n’avait rien de si surprenant. Personne n’était à l’abri ce génome X, c’était clair à présent. Tout le monde était inclin à le posséder. Tout le monde, même ceux qui avaient été conditionnés à le détester et à vouloir le supprimer de la surface de la planète. Les mutants sont l’ennemi – c’était comme ça. Et maintenant l’ennemi avait pris le visage de sa soeur. Sa petite soeur. Il ne ferait jamais de mal à Bea, ça il en était bien certain. Mais comment s’assurer que personne d’autre ne le fasse ? Comment la protéger ? Elle était plongée dans un univers dont le coeur même était la haine des transmutants. C’était ça qui hantait Felix. Le fait qu’elle n’était tout simplement plus en sécurité. Personne ne savait, pour l’instant, à part lui et Lykke. Mais les secrets finissent toujours par sortir. Alors, quoi ? Que se passerait-il alors ? L’esprit de Felix était encombré par ce dilemme, tellement qu’il était extrêmement difficile de se concentrer sur quoi que ce soit d’autre. Mais le boulot était le boulot, et l’aîné Lecter s’efforçait d’au moins mettre sa tête au complet dans ce qu’il y faisait. Mettre tout de côté. Et puis il y avait Fitzgerald, son partenaire – un homme qu’il ne connaissait pas trop, même pas du tout, sauf pour les quelques rumeurs et histoires qui avaient circulés dans le poste. Un père qui avait perdu sa fille, divorcé de sa femme, leur ancienne patronne. On l’avait assigné à un boulot avec lui, et Felix n’avait pu s’empêcher de se grogner un peu entre ses dents. Il ne lui faisait pas confiance. Et la confiance était nécessaire, essentielle dans un boulot comme celui-là. Mais il n’avait pas rechigné – il n’en avait pas l’énergie, et puis son partenaire semblait tellement épuisé qu’il avait décidé que c’était pour le mieux de juste écouter les ordres. C’était bien le but de Felix cette journée-là – écouter les ordres, essayer de se changer les idées, puis rentrer chez lui pour se concentrer sur Bea et tenter de trouver une solution, une façon de la protéger contre le reste du monde qui était soudainement devenu tellement hostile. Et peut-être dire à Russell d’aller faire une longue sieste dès qu’ils auraient terminé leur café. Le suspect était parti, de toute manière.

L’aîné Lecter parvint finalement à détacher ses yeux de son piètre reflet et roula les manches de son uniforme pour se laver les mains. Il ouvrit le robinet puis laissa l’eau parvenir à une température plus agréable que la chaleur intense qui s’en dégageait. Oui, il terminerait son café, puis il terminerait sa journée. Il ne pouvait pas arrêter de vivre sa vie. Même s’il en avait envie. Il termina de se laver les mains, puis les essuya avec un bout du papier offert, essayant sans relâche d’empêcher son esprit de revenir au visage de sa soeur. Allait-elle bien ? Il n’avait pas eu de ses nouvelles depuis deux jours. Évitait-elle ses messages ? Était-elle simplement occupée ? Ou peut-être était-elle en danger ? Felix laissa échapper un soupir, fermant ses yeux brûlants, massant ses tempes douloureuses. Il devait arrêter de se torturer. Si quelqu’un était capable de se défendre, c’était bien Bea. Et il lui avait promis qu’il ne la laisserait pas seule. Elle le savait. Elle l’appelerait si elle avait besoin de lui. Oui, certainement, elle l’appelerait si elle – bang bang.

Son souffle s’étrangla dans sa gorge, et son corps fit volte-face avant même que son esprit ne comprenne ce qui venait de se passer. Ses mains se dirigèrent instinctivement vers son pistolet, placé confortablement dans son étui sur sa gauche, mais c’était déjà trop tard. Juste devant lui, sur le sol, était étendu un jeune homme vêtu d’une veste en jeans avec un motif que Felix reconnut sur le champ. Le suspect. Deux cercles rouges s’agrandissaient sur son dos. Il tenait un petit couteau suisse entre ses doigts inertes. “Merde… Ça va ?” Felix releva les yeux vers le tireur – Russell. Des yeux exorbités, des yeux grands comme des soucoupes, des yeux qui lui disaient - what the fuck just happened? Russell paraissait tout aussi sous le choc que lui, peut-être même plus. Il s’agenouilla et vérifia le pouls du jeune homme – Felix n’avait pas besoin qu’il lui dise qu’il n’avait plus de pouls. Russell avait atteint sa cible avec précision et efficacité. Le suspect était mort. “Ouais – ouais, ça va” laissa finalement tomber Felix, d’une voix rauque mais étranglée. Il retourna son regard sur le corps inanimé du suspect sur le sol, et passa une main sur son visage. "Merde..." Ça, ce n’était pas prévu. Les ordres n’avaient pas été d’abattre le suspect, mais plutôt de le ramener au poste. Vivant. Mais Russell n’avait pas eu le choix – c’était le suspect, ou lui. Il l’avait protégé. Felix se racla la gorge à nouveau. “Tu peux fouiller sa veste ? Y’aura peut-être une pièce d’identité. Pour confirmer et tout.” L’officier se mit alors en tête de fouiller le reste des toilettes – il ouvrit les deux cabines, mais elles étaient vides. Il retourna alors son attention vers son partenaire et le corps, sentant son coeur toujours battre la chamade dans sa poitrine. Il avait été tellement absorbé dans ses propre pensées, il avait été tellement inattentif. Il ne s’était jamais aperçu que le jeune homme se tenait derrière lui. Il ne l’aurait jamais vu venir. Il serait mort, peut-être. Blessé, sans nul doute. Si Russell n’avait pas été là… Merde. L’aîné Lecter se racla la gorge. “Hey – euh… J’ten dois une. Alors, euh... Merci.”
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MessageSujet: Re: i will remember before i forget. (ruslix)   i will remember before i forget. (ruslix) Icon_minitimeSam 26 Mar 2016 - 5:47

Il n'avait jamais réussi à cerner le point de vue que pouvait bien porter sur lui son nouveau coéquipier. À dire vrai, il n'y portait en fait pas grand intérêt. Peut-être aurait-il dû : dans ce boulot, la confiance était une clé, et il lui semblait parfois que Felix n'aurait pas placé sa vie entre ses mains s'il y avait eu lieu de le faire. Autrefois, ce genre de détail lui aurait peut-être tenu davantage à coeur. Il avait toujours été habitué à agir en solo, et à remettre en question tout ce qui l'entourait, mais il portait alors suffisamment d'intérêt au bon déroulement de sa carrière pour que ce genre de détail ne s'attarde dans sa pensée. Depuis la disparition de Lydia et son séjour en prison, les choses étaient différentes. Il était déjà suffisamment redevable au shérif de Radcliff de lui avait donné une chance de revenir dans le métier. Il n'aurait eu l'effronterie et la stupidité d'en plus demandé que tous ses torts soient mis de côté par ses collègues, et qu'on fasse table rase de tout opinion déplacé qu'on aurait pu avoir à son sujet. Il était loyal, bossait bien, et était des plus fidèles à la notion de justice. Lui le savait. Savait qu'il n'avait, dans le cadre de son boulot, rien à se reprocher, et savait dans quel spectre s'inscrivait ses erreurs passées. Il savait qu'il n'avait que très peu de chances de déborder à nouveau, et que si un jour cet écart devait arriver il aurait déposé sa plaque et son arme avant de commettre quoi que ce soit. Il était normal que les autres doutent de lui. Àl leur place, sûrement aurait-il fait de même. Les rumeurs le précédaient, et il n'en fallait que peu pour provoquer la méfiance dans des coeurs aussi asséchés par l'actuelle guerre entre chasseurs et mutants. Pour autant, le Fitzgerald ne faisait rien de plus que son devoir ; pas de tentatives pour améliorer l'opinion qu'on avait de lui, pas d'essais hypocrites pour se mettre qui que ce soit dans la poche. Il ne faisait pas nécessairement plus confiance à ces gens qu'eux à lui. Il savait le commissariat infiltré par les hunters jusqu'à la moelle, le savait microcosme de ce conflit qui agitait le monde entier depuis la révélation de 2012. Il ne voulait pas qu'on le prenne pour ce qu'il n'était pas – copinant avec mutants ou chasseurs, prenant des partis là où son désir le plus franc était de s'inscrire dans une neutralité des plus absolues. Aussi préférait-il ne rien faire, se gardant ainsi tant d'améliorer son image que de la détériorer. Mais Felix était son équipier. Et un équipier occupait un statut spécial, qu'on le veuille ou non. Naturellement, Russell avait été porté à agir envers le Lecter comme si celui-ci avait la plus absolue des confiances en lui. Donner sa vie pour le protéger aurait été un devoir autant qu'un honneur – tout comme tuer.

Le coeur qui tambourine. Le sang qui bat aux tempes. Ce type est mort. Pas besoin de noter l'absence de pouls pour le deviner, mais l'obligation de poser ce geste de vérification subsistait. Tout avait été trop vite. Le réflexe de tirer pour protéger Felix s'était imposé à lui, sans qu'il ne remette cet acte en question une seule seconde. Une petite voix lui soufflait qu'il n'aurait pas dû – une petite voix qui lui rappelait, par la même occasion, sa situation professionnelle déjà précaire. Il espérait ne pas avoir commis d'erreur. Perdre son boulot pour une faute comme celle-ci lui aurait été insupportable. Être soumis à une enquête interne, et temporairement suspendu en attendant que les choses s'éclaircissent, allait sûrement être nécessaire, mais l'idée ne le ravissait pas davantage. Si ce type n'avait pas d'arme dans la main, il était foutu. Si ce type n'était pas leur suspect – malgré la veste qu'il reconnaissait clairement –, il était foutu. Si ce type –

Le couteau-suisse a glissé de la main du gamin. Déplié, prêt à poignarder sans vergogne l'officier de police qui lui tournait le dos en se lavant les mains. Le petit aurait pu prendre la fuite, essayer d'à nouveau leur filer au nez et à la barbe. Une tentative qui aurait été plus qu'osée, mais qui se serait sûrement finie avec un peu moins de sang. Au lieu de ça, il s'était replié sur une tentative d'agression. Une attaque qui ne pouvait que mal se terminer, quel que soit le rouge à couler. Pourquoi ? Impossible de répondre à cette foutue question qui, pourtant, tambourinait contre les parois du crâne de l'officier. Le petit n'aurait jamais la chance de se justifier, jamais l'occasion de plaider coupable ou innocent. Il aurait échappé à la prison – ou n'y aurait passé que quelques mois, selon les talents de son avocat. Il s'en serait tiré sans trop de tort, sans voir son casier trop chargé. Les flics du coin l'auraient gardé à l'oeil, mais les choses n'auraient sûrement pas empiré tant qu'il n'aurait pas transgressé les avertissements qu'on lui aurait formulé. Et tandis que le Lecter fouillait rapidement les deux cabines de toilette, toutes ces pensées tournaient dans la tête du Fitzgerald. Machinalement, il avait obéi à ses ordres, laissant ses mains fouiller la veste du corps encore chaud. Un portefeuille dans la poche intérieure. Pas de carte d'identité, pas de permis de conduire. Une carte de location de vidéo, et une carte d'assurance – toutes deux au nom de Jonathan DiTomasso. La photo correspondait au gamin allongé sous leurs yeux, le regard vitreux. Un rapide coup d'oeil comparatif avait suffi : « C'est lui. » Une constatation rauque. Un fait d'outre-tombe. Les paupières de l'ancien agent infiltré battirent brièvement. Okay. Respire. Son expression s'était renfermée, ses traits semblaient s'être encore un peu plus tirés. Le poids de l'existence s'était une fois de plus échoué sur ses épaules sans le prévenir ni le ménager, et la fatigue venait tout à coup de le submerger. « C'est normal. » Une part de lui aurait aimé pouvoir ajouter « Je sais que t'aurais fait pareil pour moi. », mais le reste de son être se retenait. Il n'avait aucune idée de ce que Felix aurait fait. Ne le connaissait pas assez bien pour prédire, ni même assez pour supposer.

Un déglutissement lent. Des bruits de chaise lui parviennent, provenant de la salle principale. Des pas précipités, quelques voix apeurées. Retour progressif à la réalité. « Faut boucler le restaurant. » La voix se réincarne progressivement. Elle lui appartient. Pèse dans sa bouche, mais se fait peu à peu moins hésitante. « Et appeler le poste. » Pour le dire autrement, les ennuis ne faisaient que commencer.

Il sent la fatalité l'envelopper. Il sait qu'il va devoir justifier ses deux tirs, et de voir le petit couteau ne le rassurait pas. C'était une arme, certes ; prête à s'en prendre à Felix, certes. Mais il ne s'était pas annoncé. Il ne lui avait pas ordonné de baisser son arme, de lever les mains et de les mettre à l'arrière de sa tête. Il avait agi dans l'urgence. Mal agi. Felix avait reconnu lui en devoir une, mais Russell n'était pas prêt. Pas prêt à le mettre dans les ennuis en lui demandant de le couvrir, pas prêt à lui proposer de se mettre d'accord sur une version des choses. Le Lecter aurait pu le lâcher, le dénoncer. Lui attirer plus d'ennuis encore qu'il n'en avait déjà avec ce meurtre sur les bras. La seule solution serait d'assumer. Assumer lorsque son coéquipier aurait présenté sa version des faits – autant ne pas tenter de se cacher, dès le départ. Felix n'avait pas à être mêlé à ses erreurs. Personne n'aurait dû en subir les retombées. C'était précisément à cet effet que le Fitzgerald s'était mis à courir seul, il y avait bien des années. Et la pensée de réclamer quelque soutien n'était, aujourd'hui, même plus pour l'effleurer.
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MessageSujet: Re: i will remember before i forget. (ruslix)   i will remember before i forget. (ruslix) Icon_minitimeMar 26 Avr 2016 - 23:15

i wish i found some better sounds no one's ever heard, i wish i had a better voice that sang some better words, i wish i found some chords in an order that is new, i wish I didn't have to rhyme every time i sang.
i will remember before i forget
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Malgré le fait qu’il était un Lecter, et un hunter depuis l’adolescence, Felix n’avait pas beaucoup tué. Il l’avait fait, certainement – le meurtre était la dernière épreuve à l’apprentissage hunter dans la famille. Oui, il avait enlevé la vie, et ce à de multiples reprises, mais c’était loin d’être un acte à lequel il était habitué. Il n’aimait pas tuer. Ça le hantait pendant des semaines, des mois. Chaque personne qu’il avait tué le suivait partout où il allait, comme si leur âme s’était attachée à la sienne pour lui rappeler tous les jours ce qu’il avait fait. Au fil du temps, il oubliait ces âmes rattachées à lui, ou il ne les entendait plus. Mais parfois elles criaient fort, le tiraillant de l’intérieur pour lui rappeler qu’elles étaient bien là. C’était exactement ce qui était en train de se produire, alors que l’aîné Lecter avait le regard posé sur le corps du jeune homme par terre. Ce n’était pas lui qui avait tiré sur la gachette, mais pourtant ce meurtre était tout autant le sien, on aurait bien dit. Il savait ce que Russell devait ressentir – ce tiraillement provenant de l’intérieur, et cette pensée terrible qui joue comme un disque brisé dans l’esprit – tu l’as tué. Cette personne, tu l’as tuée. La pire mélodie qui soit. Felix ne pouvait pas s’imaginer comment quelqu’un pouvait s’habituer à ça – et le faire pour le plaisir. C’était sans doute pour cela qu’il n’avait jamais été en mesure d’être comme ses collègues hunter, de se fondre complètement dans la masse. Parce que même s’il avait déjà tué, il n’était pas un meurtrier. Ce n’était pas dans sa nature. Ce n’était pas naturel, d’enlever la vie à des gens. Parfois, c’était nécessaire, mais parfois laisser la vie sauve était nécessaire également. Felix savait que Russell n’avait pas eu le choix. En fait, il avait eu le choix – tirer et tuer le gamin, ou ne pas tirer et laisser le gamin le poignarder. Il avait fait le choix de le protéger lui, son coéquipier, qu’il connaissait à peine – il avait fait le choix de porter le fardeau d’une vie arrachée, juste pour lui éviter un couteau en plein dos. Un couteau qui ne l’aurait peut-être pas tué, mais qui lui aurait fait bien du mal. Ça, c’était certain. Une lacération en plein dos, ça aurait fait des dégâts. Il ne se tiendrait pas debout en ce moment, ce serait lui étendu sur le sol, couvert de sang. Il s’imaginait être transporté à l’hôpital… Il s’imaginait Bea recevoir le coup de fil… Trisha, et Desmond… Sa mère… L’esprit de Felix ne cessait de vagabonder, et il ferma les yeux quelques secondes, comme pour se ramener lui-même sur terre. Le temps n’était pas aux scénarios et aux fantaisies – il devait se concentrer sur la situation. Les deux cabines étaient vides. Le gamin s’y était donc réfugié sans raison apparente – pour attendre, peut-être ? Attendre quoi ? Les questions se bousculaient dans l’esprit de Felix qui était incapable de se concentrer. Son regard ne cessait de se fixer sur quelque chose, n’importe quoi, pour ensuite ne plus rien voir sinon les deux petites tâches rouges, et le regard vague de son partenaire qui ne semblait pas réaliser ce qu’il venait de faire. Felix ne pouvait pas le blâmer. La petite salle de bain miteuse était plongé dans un silence lourd de sens. Les deux policiers semblaient avoir de la difficulté à bouger, leurs muscles atrophiés par ce qui venait de se dérouler. Comment expliquer tout ça ? Comment ?

« C’est lui. » La voix de Russell ramena Felix à la réalité à nouveau, et il acquiesça simplement aux paroles de son partenaire. Bien sûr que c’était lui, Felix ne savait même pas pourquoi il lui avait demandé de vérifier. Il gardait son regard sur son partenaire, dont la voix rauque trahissait l’état d’âme. Felix aurait voulu le rassurer. Mais les mots étaient difficiles à trouver. Il ne put que le remercier – il lui en devait une. Plus qu’une, même. Il lui en devait gros à présent. Drôle comment quelques petites minutes pouvaient tout changer dans la vie de quelqu’un. Quelques instants auparavant, Felix et Russell avaient été comme deux étrangers, malgré la nature de leur boulot, deux homme travaillant ensemble sans vraiment se connaître. Felix, lui, s’était toujours méfier du Fitzgerald, à cause des histoires et des rumeurs qui circulaient dans le poste. Il avait été curieux à propos de ce gossip – mais maintenant il n’en voyait plus trop l’importance. Russell lui avait sauvé la vie. Ça changeait tout à présent. Le silence tendu de la salle de bain commença à être brisé, les deux policiers réalisant que le monde continuait en fait de tourner, qu’il ne s’était pas arrêté. Russell fut le premier à réagir. « Faut boucler le restaurant. » Felix acquiesça lentement, sentant déjà le poids des prochaines heures s’affaisser sur ses épaules. Commençait alors le long processus qui suivait ce genre d’événements – où rien ne semblait vraiment réel, comme s’ils étaient dans un film. C’était une sensation dont Felix n’avait jamais réussi à se débarrasser, même après toutes ces années comme officier de police. « Et appeler le poste. » Felix acquiesça à nouveau, la gorge sèche. Ça, il s’en occuperait. Il ne savait pas ce qu’il allait dire à son patron mais il savait qu’il prendrait la défense de Russell. L’homme lui avait sauvé la vie – il avait agi rapidement, très rapidement, et il avait pris une décision. Pour Felix, ça ne méritait aucune punition. « Je m’en occupe » dit- il à son partenaire, sortant son walkie-talkie de sa ceinture. « Ici 18-4. Nous sommes au restaurant au coin de Park Lane et Rayton. Nous avons un suspect… mort. On a besoin d’une équipe médicale pour transport. On va boucler le périmètre. » Quelques secondes de silence. Felix avait la gorge serrée, sa voix était rauque. Suspect mort. « Copy, 18-4. On vous envoie du transport. »

Le silence retomba dans la petite pièce, alors que le regard de Felix se retourna inévitablement vers le corps du gamin. Russell était immobile, le regard vide. « Hey, Russell » dit Felix, retrouvant peu à peu ses sens, retrouvant peu à peu son attache à la réalité. « Ça va ? » Il posait la question parce que si Russell était pour craquer, il voulait le savoir. Il pouvait s’occuper de tout le processus par lui-même, Russell pourrait rentrer chez lui, s’en remettre. Il devait arrêter de regarder ce corps étendu par terre. « Tu veux sortir ? » demanda-t’il sans insistance. « Je peux m’occuper du reste. Tu… tu devrais peut-être aller prendre l’air. » Il avait parlé de manière un peu maladroite, parce qu’il ne savait pas trop quoi dire, pas trop quoi faire. Il ne connaissait pas assez Russell pour lui parler comme à un ami, il ne savait pas comment il réagirait devant tout ça. Il ne savait tout simplement rien de lui.


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MessageSujet: Re: i will remember before i forget. (ruslix)   i will remember before i forget. (ruslix) Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 7:58

L’esprit du Fitzgerald était passé en mode automatique dès l’instant où la balle avait quitté le canon du revolver. À tout bien y réfléchir, peut-être cela avait-il même commencé quelques secondes avant, dès le moment où il avait compris que Felix se trouvait potentiellement en danger. Il n’avait pas hésité un seul instant, et même maintenant que l’erreur était commise, il ne regrettait pas d’avoir tiré. Il regrettait de ne pas s’être annoncé, s’en voulait de ne pas avoir suivi les procédures de sécurité ; mais qu’y aurait-il pu ? Il aurait laissé le temps à ce type de se jeter vers le Lecter, et les conséquences qui en auraient découlé auraient potentiellement été plus graves qu’elles ne l’étaient actuellement — pour peu que l’autre l’ait attaqué, et que l’officier ait été obligé de tirer. Il préférait ne pas imaginer ce qui aurait pu être évité, si le gamin s’était contenté de lever les mains en l’air et de laisser son arme tomber. Une vie qui aurait pu être sauvée, un mal qui aurait pu être évité ; il le savait, il le sentait, et cette simple pensée commençait d’ores et déjà à le hanter.

Il passa sa main sur son front alors que Felix s’emparait de la radio pour prévenir la centrale. Les mots de son coéquipier ne lui parvenaient qu’à demi, étouffés par ce voile de désorientation léger qui l’enveloppait depuis que le gamin avait touché terre. Il sentait que les problèmes ne faisaient que commencer, et les doutes l’assaillaient un peu plus pernicieusement à chaque seconde où ses yeux restaient vrillés sur le cadavre. Fallait qu’il prenne l’air, fallait qu’il sorte — et fallait croire que c’était écrit sur sa tronche. Les mots du Lecter le firent lentement remonter à la surface, et il se força à prendre une grande inspiration. « J’sais pas. » J’sais pas si ça va, pour être honnête. « Je suppose, ouais. » Est-ce que j’ai le choix ? Un léger soupir, suivi d’une grande inspiration. Faudrait qu’il soit là quand la patrouille arriverait, faudrait qu’il soit disponible pour répondre aux questions et faciliter le processus de l’enquête interne qui aurait lieu pour savoir si le tir était vraiment justifié. Il espérait que les choses ne seraient pas compliquées, mais il en doutait — il n’avait pas suivi le protocole, et la prison lui faisait peut-être moins peur que la suspension. Pourtant, une lueur d’espoir semblait inexplicablement l’habiter : Felix n’avait pas l’air de lui en vouloir. Felix avait l’air d’être secoué, et Felix avait l’air de ne pas avoir envie de le laisser tomber, sur ce coup. Il aurait pourtant pu — profiter de sa connaissance des rumeurs qui traînaient sur le compte du Fitzgerald pour se charger de l’éliminer une bonne fois pour toute de la liste des officiers de Radcliff, en profiter pour demander une évaluation psychologique, une enquête sur lui, et un nouveau coéquipier par la même occasion. Pourtant, ça n’avait pas l’air d’être à l’ordre du jour. Ni maintenant, ni lorsque les renforts arriveraient. Une part de Russell le sentait, et le minuscule soulagement qui en découlait été comme un vent léger sur les cendres qui voilaient la scène depuis qu’il avait tiré.

« J’vais aller attendre les renforts dehors. » Ses yeux peinent à quitter le corps sans vie qui gît sous leurs yeux, mais il se force à se rassembler. Il va laisser le Lecter installer le périmètre de sécurité, veiller à ce que personne ne s’approche trop ou ne vienne souiller ce qui est au final devenu une scène de crime. Il se chargera d’empêcher les badauds d’approcher, de fournir les explications sommaires et de demander au patron de fermer son établissement pour l’heure, pendant que son coéquipier, lui, essaiera de retrouver ses esprits en attendant l’équipe du coroner. Et lorsqu’enfin les yeux de Russell quittent le corps, c’est pour s’attarder une brève seconde sur son camarade. Une ombre passe dans le fond de ses prunelles, alors qu’il hoche la tête, la silhouette pâle d’un sourire reconnaissant se dessinant sur ses lèvres. « Merci. » Sans mot ajouter, il s’éloigne. La porte des toilettes se referme derrière lui, alors qu’il demande déjà aux quelques curieux apeurés de reculer, et de bien vouloir quitter les yeux. Machinal, programmé pour agir en conséquences, comme il l’a toujours fait. Mais au fond, la conscience n’est pas vraiment revenue.

Au fond, il sait qu’il a merdé. Felix a beau avoir l’air décidé à le couvrir, le Fitzgerald sait qu’un jour viendra où le prix à payer sera réclamer. Et ce jour-là, un miracle serait les bienvenus pour lui éviter les ennuis qui hantaient d’ores et déjà ses nuits.


( the end )
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