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 hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN

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MessageSujet: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeMer 28 Oct 2015 - 3:21

hold me fast, i'm a hopeless wanderer
— LOEVEN & RHAENA —


Elle ne respire plus.
Le temps semble s'arrêter un instant. Suspendu, hors de la dure réalité. Elle voit la flèche qui fend l'air. Elle voit la cible qui s'évade, remplacée par la jeune fille qui pousse le chasseur hors de la ligne de tir. Et l'horloge accélère alors que la flèche vient se planter dans le dos de la gamine. À peine adolescente qui a sauvé la vie de la véritable cible de Rhaena. Les yeux ronds, ne croyant pas cette scène irréelle. Qui voudrait sauver des gens comme les Hunters ? La blessée laisse échapper un gémissement de douleur alors que son jeune corps s’affaisse au sol, ses jambes se dérobent sous elle, incapable de la soutenir plus longtemps. Sur la robe blanche apparaît un filet de sang à l'endroit même où la flèche a trouvé refuge. Là où, si elle avait atteint le chasseur comme s'était son intention, il serait déjà mort, la pointe lui aurait transpercé le coeur. Car elle ne manque que rarement la Dryden. Il serait mort si l’insensée adolescente ne l'avait pas poussé hors du chemin, se prenant la flèche à sa place. La brune est confuse, perturbée. Elle n'a jamais voulu blesser cette fille. La surprise la paralyse une fraction de seconde... une qui aurait pu être fatale. À l'instant même, le chasseur passe la main dans son blouson. Un mouvement que Rhaena capte du coin de l'oeil et s'esquive juste à temps alors que le mur derrière elle explose sous l'impact des balles qui s'y logent, projetant des débris sur elle. La joue qui se coupe pour y laisser une légère marque rouge vermeille. Les détonations assourdissantes du pistolet qui se vide sur la couverture qu'elle a trouvé derrière un bureau.

Elle doit penser vite mais c'est difficile avec les cris de douleur qu'elle perçoit à travers les coups de fusil. Soudain, elle entend le dernier déclic. L'ennemi a déchargé son arme... il doit recharger. Un sourire mauvais apparaît sur les lèvres de la vipère qui se redresse aussitôt, l’arbalète déjà prête. Quand elle la pointe sur le chasseur, tout ce qu'elle voit, c'est la jeune fille à ses pieds qui se vide de son sang. Légère distraction qui suffit au tueur pour recharger son fusil. Mais avant qu'il ne puisse le pointer vers elle, Rhaena tire sa flèche, l'atteignant à la jambe pour qu'il ne puisse la poursuivre. Un cri de rage plus tard, elle se retourne et se jette par la fenêtre déjà fragilisée de balles. Le verre se fracasse alors que la brune la percute de son épaule. Tout de suite, une nouvelle plus de balles martèle le mur derrière elle. Elle se laisse tomber dans le vide, se servant d'une habile roulade pour amortir sa chute. Une pluie torrentielle fait rage dehors et ses pieds glissent quand elle joint le sol. Une vive douleur lui élance la cheville mais elle ne s'attarde pas plus longtemps, n'y fait même pas attention.

Quelques instants plus tôt, elle ne pensait qu'à tuer. Maintenant, elle ne réfléchit qu'à des façons de fuir. Combien de temps avant que les petits copains de sa cible manquée ne soient à sa poursuite ? Elle qui avait espérer frapper dans le silence et le couvert de la nuit pluvieuse, c'était raté. Elle entend déjà les hurlements furieux des chasseurs dans son dos. Elle se lance en avant sans réfléchir vraiment. Elle ne sait pas où aller. Ses pas la mènent droit devant elle pour mettre le plus de distance entre elle et ses poursuivants. Elle se faufile à travers les ruelles boitant légèrement mais elle ne s'en rend pas compte. Son esprit est encore hanté par la scène qu'elle vient de vivre. Elle n'a jamais voulu blesser cette gamine à peine plus jeune qu'elle quand elle a vu son père être assassiné. Elle ignore pourquoi mais quelque chose s'est brisé en elle. Non seulement les chasseurs sèment des corps sur leur chemin mais ils entraînent avec eux d'innocentes âmes. Innocentes qu'elle a pu l'être avant de voir son père être crucifié sur la croix de cette grande croisade purificatrice. Un putain de cercle vicieux qui ne prendra jamais fin. Le sol froid, couvert d'une neige mouillée la fait trébucher. Les gouttes qui s’abattent sur elle violemment, entre pluie et verglas. Mais elle continue son chemin, inconsciente de sa destination. Elle sent le froid qui la transperce et ses cheveux trempés qui se collent sur ses joues, sur ses lèvres entre ouvertes d'où s'échappe des nuages de buée. Lentement, elle réussit à s'esquiver, semant lentement les chasseurs derrière elle. Bientôt, c'est le silence occupé seulement du tapage de l'orage sur les toits et sur le sol. Elle s'arrête dans une ruelle pour reprendre son souffle, s'appuyant sur le mur de briques. Le couvre-feu approche dangereusement. Elle lève les yeux et aperçoit des passants dans la rue qui se dépêchent à entrer chez eux. Dissimulée dans l'ombre de sa ruelle, elle les observe, suivant leur trajectoire. Elle jette un furtif coup d'oeil au bâtiment en face d'elle.

Chez Loeven. Ses pas, son instinct l'ont menés ici. En temps normal, elle ne serait même pas censée savoir où il vit mais comme elle ne laisse rien au hasard, elle a su se renseigner. Elle hésite un instant. La nuit est déjà avancée, elle ne peut pas se pointer à l'improviste comme ça. Mais elle ne peut se permettre de rester ainsi dans la rue avec le couvre-feu qui approche. Et elle ne peut rester seule avec ses pensées qui l'obsèdent, le visage de la gamine qui lui rappelle le cri malade qu'elle a imprégné dans ses tympans. Elle ignore pourquoi elle se retrouve là, comme si son inconscient, ses pulsions avaient pris le dessus, la menant jusqu'au seul endroit où elle risque d'être à l'abri. Elle reste quelques minutes immobiles dans la ruelle, à fixer l'immeuble. Intérieurement, elle panique. Affolée par ce qu'elle vient de faire même si elle ne veut pas se l'avouer. Quand elle voit un des passants s'engager vers la porte du bloc appartement, elle se lance derrière lui, mains dans les poches. Il ouvre, elle se faufile derrière lui sans qu'il ne fasse vraiment attention. Elle ne sait pas trop ce qui lui prend. Loeven est le seul qui sait. Le seul qui a vu la vipère et n'est pas parti en courant. Elle s'engage dans les escaliers après un moment d'hésitation, et c'est seulement à ce moment qu'elle réalise sa cheville douloureuse. Elle se mord les lèvres pour ne pas laisser tomber une plainte de douleur. Se tenant à la rampe, elle penche la tête pour examiner les dégâts. Rien de bien grave. Ça ne semble pas tordu, ni brisé. Juste un mauvais mouvement. Elle se reprend donc et commence son ascension des étages jusqu'à la destination choisie. Les numéros des appartements défilent sous ses yeux clairs et elle finit par s'arrêter. Telle une statue ne servant qu'à décorer le couloir, la sombre nymphe trempée reste immobile, reprenant lentement son souffle. Puis, sans plus attendre, elle cogne à la porte. Plus un roulement impatient, presque violent. Impétueuse, pour être certaine d'être entendue. Obéie. Bientôt, elle entend des pas approcher de l'autre côté de la porte.

Elle regrette déjà d'être venue jusqu'ici, s'imaginant la scène pitoyable qu'elle est en train d'offrir, mouillée jusqu'à la moelle, appuyée sur son pied moins douloureux, la joue entaillée. Mais elle ne peut rebrousser chemin, le couvre-feu tombe sur la ville au moment où elle distingue les bruits d'un verrou qui claque, d'une poignée serrée et retournée. Elle lève les yeux et voit apparaître le visage de Loeven dans l'encadrement. S'attendant au pire ? Non, ce n'est qu'elle, pas la police ou pire, des chasseurs. Quoi qu'elle peut être de très mauvaise compagnie quand elle le veut mais avec lui, elle en serait incapable. Malgré tous ses efforts. « Hey. » C'est tout ce qu'elle trouve à dire. Ignorant si elle doit être impatiente d'entrer pour trouver refuge ou d'encore vouloir foutre le camp et préférer affronter les chasseurs plutôt que ce regard qu'il pose sur elle. Elle croise les bras sur sa poitrine, grelottante. « J'peux entrer ? » qu'elle se contente d'ajouter, ses yeux glacials posés dans les siens qui disent tout ; traduisant son appel à l'aide plus que n'importe quels mots pourraient le faire.


Dernière édition par Rhaena Dryden le Mer 11 Nov 2015 - 16:10, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeJeu 29 Oct 2015 - 6:09


– undisclosed desires –


Assis au fond du canapé, il somnolait. La soirée était commencée depuis peu, mais il aurait tout donné pour qu’elle se termine maintenant ; pour être capable d’aller se glisser entre les draps frais, et de s’endormir sans le moindre tracas. Depuis quelque temps, son sommeil s’amusait. Il le fuyait, pour ensuite revenir avec acharnement. Contraint à changer son rythme de vie après avoir perdu son emploi à la boîte de nuit, il lui fallait désormais réapprendre à vivre avec le soleil. Chercher du boulot, prendre des contrats au jour le jour, r
Un long soupir agita sa carcasse, alors qu’il se forçait pour la énième fois à écarquiller les yeux, dans l’espoir d’enfin être capable de les garder ouverts. Son corps ne suivait pas. Il avait l’impression de dormir debout toute la journée, et d’être parfaitement opérationnel une fois la nuit arrivée. Tourner en rond dans son lit, incapable de fermer l’œil malgré la fatigue que son corps accumulait à vivre ses journées éveillé. Pourtant, ce soir, il sentait le décalage le rattraper. La fatigue arrivait, et il était presque sûr que s’il se couchait maintenant, il parviendrait à s’endormir. Pour de bon, cette fois. Peut-être était-ce d’ailleurs le temps d’essayer. Laissant son corps décider pour lui, il se vit poser son livre sur la table, plus qu’il ne pensa à le faire. Ses pieds le traînèrent jusqu’à la chambre. Son t-shirt tomba à terre, son pantalon le rejoignit bien rapidement. Si ces gestes n’avaient pas été des automatismes, sûrement aurait-il purement et simplement omis de les effectuer. Dormir tout habillé ne l’aurait pas dérangé ; pas au point où il en était. Il s’effondra sur le matelas, ramena les draps à moitié sur lui, et ferma les yeux. Déjà absent, au moment où corps et esprit s’entendirent pour enfin trouver le repos.

Il ne sut tout d’abord s’il avait rêvé les coups à la porte, ou s’il les avait bel et bien perçus. Son instinct l’éveilla comme s’il ne s’était jamais assoupi, à peine une heure après s’être endormi. Et son corps répondit présent ; soupirant, se levant. Enfilant son jean au passage, puis traînant des pieds pour effectuer le chemin inverse, vers l’entrée. Dépasser le canapé, s’arrêter devant la porte. Il était désormais persuadé de ne pas avoir rêvé. Un coup d’œil au paillasson, au porte-manteau ; Logan n’était pas rentrée. Sûrement ne dormirait-elle pas là, si le couvre-feu était déjà passé. Ou peut-être le braverait-elle une fois de plus — pour changer. Peut-être que c’était elle, d’ailleurs. Peut-être qu’elle avait oublié ses clés, ou bien qu’il avait mis la chaîne par inadvertance, et qu’elle ne pouvait pas rentrer. Sa main se glissa dans ses boucles noires, un instant. Non. Pas d’chaîne sur la porte. Rien qu’le verrou. Soit elle avait oublié ses clés, soit…

… Soit c’était pas elle. La chevelure qui s’amassait sous ses yeux n’avait rien de roux. Elle n’avait rien de flambant, ruisselante ainsi sur les pauvres épaules de la petite silhouette à l’air un peu pressé, et pas nécessairement assuré. S’il était encore ensommeillé au moment où le battant s’était ouvert, la vision de Rhaena ainsi détrempée et visiblement en détresse venait de lui faire l’effet d’une douche froide — que, sans mauvais jeu de mots, elle semblait avoir prise avant d’arriver. « Hey. » Le petit mot sortit d’entre ses lèvres, comme un écho qu’il ne remarqua même pas. Il était bien incapable d’articuler quoi que ce soit d’autre, ainsi planté là, à se demander comment elle avait pu atterrir ici. Pire que ça, même : à se demander comment elle avait eu son adresse, comment elle avait su qu’il vivait là. Si elle l’avait appris aussi facilement, il y avait des risques pour qu’il soit obligé de déménager prochainement. Il ne pouvait pas se permettre de figurer dans le carnet d’adresses du coin, et de prendre le risque de recevoir la visite courtoise de bien-avisés chasseurs, par des soirs comme celui-ci. Ou par n’importe quel autre soir, d’ailleurs ; pas avec tout ce qui se tramait en ce moment dans Radcliff.

Mais là, ce n’était pas un chasseur. Ce n’était pas non plus ce putain d’escadron qui rendait la vie des gens comme lui tout bonnement insupportable, et cruellement dangereuse. Ce n’était rien de tout ça. Ce soir, c’était juste Rhaena. Et lorsqu’elle demanda si elle pouvait entrer, il mit une petite seconde avant de réagir. Finalement, il hocha rapidement la tête, s’écartant pour lui laisser le passage. « Bien sûr, j’t’en prie. » Il referma derrière elle. Par réflexe, il verrouilla et mit la chaîne, oubliant Logan. Si elle en venait à rentrer en pleine nuit, elle n’aurait qu’à tambouriner un grand coup, et gueuler quand il finirait par ouvrir. Mais pour l’heure, il s’inquiétait davantage de ce qui avait bien pu arriver à la belle brune qui lui faisait face, pour qu’elle atterrisse dans cet état sur son paillasson. « Est-ce que ça va ? Comment t’es arrivée jusqu’ici ? On t’a suivie ? » Il s’éparpillait, le Dickens, et il s’en rendit compte. Il ferma un instant les paupières, prit une grande inspiration. Ses doigts massèrent un instant l’arête de son nez, ses yeux fatigués. Revenir au début. Recommencer. « Désolé. Je m’attendais juste pas à... À tomber sur toi en ouvrant, quoi. » Mais ça me dérange pas. Il rouvrit les cils, la fixe. Une microseconde de latence. La vue des traits fins le calma, et il reprit, plus serein. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Qu’est ce qu’il t’est arrivé pour que tu en viennes à atterrir ici, Rhaena ?

Il déglutit lentement, la fixant. Il avait froid pour elle et il en aurait presque frissoné, de la voir ainsi trempée. Il pensait déjà à une serviette, à des vêtements secs. À une boisson chaude et une couverture. Prévoyant, bienveillant. Mais il attendait, silencieux. Il attendait de savoir, il attendait de comprendre. Pourquoi maintenant, et pourquoi ici.
Pourquoi lui.


(c) elephant song.
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MessageSujet: Re: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeVen 30 Oct 2015 - 0:34

hold me fast, i'm a hopeless wanderer
— LOEVEN & RHAENA —

Visiblement, elle vient de le réveiller puisqu'il la gratifie d'un air bourru avant de réaliser que c'est elle. Vêtu que d'un jeans, elle réalise tout de suite qu'elle l'interrompt dans une soirée bien relaxante apparemment et se mord la lèvre. Ce n'est pas le genre de la belle de s'introduire ainsi, à l'improviste et perturber l'intimité des autres à moins qu'elle n'ait de quoi à en tirer. Que cela ne fasse partie de ses plans lugubres d'une vengeance délicieuse. Mais avec Loeven, ce n'est pas le cas. Ce ne sera jamais le cas. Depuis cette nuit sur le toit, elle sait que le mutant est le seul qui sait ; oui, mais qui ne la juge pas non plus... ou du moins, lui laisse une chance. Dans le regard de la Dryden, il n'y a que perfidie et mensonges alors que ses yeux bleus à lui ne trahissaient peut-être qu'une maîtrise de soi qui ne nuit à personne, au contraire, avec un pouvoir comme le sien, il pourrait être un maître des plus horribles sorts et pourtant ce n'est pas le cas. Il n'est pas dehors cette nuit à semer la mort sur son chemin.

Il est simplement là, moitié endormi et aurait peut-être fait de bien beaux rêves si elle n'était pas arrivée ainsi à l'improviste. Un moment d'hésitation qu'elle devine à mettre le dos sur la fatigue qui se chasse lentement de ses traits taillés. « Bien sûr, j’t’en prie. » Il s'écarte pour la laisser entrer, ce qu'elle fait hâtivement. Pendant un instant, elle est surprise. Il ne cherche même pas à lui demander ce qu'elle fait là. Rien. Aucune suspicion. Elle n'est pas habituée la tueuse de se retrouver devant quelqu'un avec qui s'est aussi... simple. Presque réconfortant. C'est peut-être pour cela que son inconscient l'ont menée jusqu'au pas de sa porte à lui et pas chez elle ou chez l'un des membres de son organisation peu légale. Parce qu'elle ne veut pas être seule avec ses pensées obscures. « Est-ce que ça va ? Comment t’es arrivée jusqu’ici ? On t’a suivie ? Désolé. Je m’attendais juste pas à... À tomber sur toi en ouvrant, quoi. » Un rictus apparaît sur ses lèvres bleues, froides du froid et de ses vêtements mouillés de la ténébreuse humaine. Ça lui ressemble plus, à poser tant de questions, ramenée à cette soirée sur le toit d'une certaine manière. Mais, cette fois, ce n'est pas le hasard qui les réunit. La nuit a porté la jeune femme jusqu'à sa demeure dans une vaine tentative de... de quoi au juste ? Trouver refuge ? Échapper aux Hunters ? Ou est-ce plus profond et enfoui que cela... Le besoin de compagnie qui lui est si étrangère, ça ne peut pas être ça et pourtant... Pourtant elle est là, ça se tiraille en elle, des sensations qui la brûlent et qu'elle ne comprend pas. Un parasite, une vilaine fièvre qui veut attaquer son corps entier à commencer par son coeur de glace qui tente en vain de résister aux appels de la sensation inconnu d'avoir besoin de quelqu'un. La solitude lui va si bien.

Pas ce soir, alors qu'elle entend Loeven verrouiller derrière eux, scellant le premier acte. Les premiers pas franchis, elle se retourne vers le brun, bras autour de la poitrine pour trouver un peu de chaleur. « T'inquiètes pas, tout est sous contrôle. » Enfin ce ne l'était pas alors qu'elle courait les rues de Radlciff mais maintenant, elle n'a plus de quoi s'inquiéter. Impossible que quelqu'un la trouve ici, et elle sait qu'elle n'a pas été suivie. Le danger est passé. Pourtant, rien est sous contrôle. Elle est agitée, ses pensées tournant à vive allure. Elle détourne les yeux pendant quelques secondes. Oui, la sulfureuse, l'impénétrable chasseuse se met à éviter son regard pour observer furtivement la pièce. Son regard fait le tour du salon comme si elle attend de voir un chasseur sortir de la penderie et lui planter un poignard dans le dos pour ce qu'elle vient de faire à la gamine.

Oui, l'adolescente blessée, peut-être à l'article de la mort à cause d'elle la perturbe. La vision du sang qui ne lui suscite que travail accompli en temps normal s'est imprégné dans sa rétine. Obstinément, sadiquement, en un spectacle de massacre et d'horreur qu'elle n'a jamais vu jusque-là. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Elle daigne enfin de reporter son regard glacé - agité - sur lui. Une lueur confuse dans ses iris brillantes. Et elle se repasse toute la scène en tête. Elle se demande comment elle a pu laisser une telle chose arriver. Se demande comment la jeune fille a pu penser que ce serait une bonne idée de se mettre entre elle et sa cible. Mais surtout, pourquoi se sacrifier pour un stupide chasseur. Qu'il soit son père, un frère, un oncle ou un amour grandiose, aucun d'eux ne mérite le geste que la jeune fille a fait pour lui. Ça n'a pas de sens, tout s'écroule autour d'elle. Les idées de bien, de mal, la ligne si mince. Sa vision des hunters qu'elle s'est imposée toutes ses années avec le visage froid du Lynch. Elle s'est jurée de le tuer cet homme qui la hante depuis six ans. Elle s'est amusée à se lancer dans la chasse aux hunters pour le simple besoin d'assouvir l'appel du sang le temps de mettre la main sur son ticket d'or. Un entraînement parfait avant d'arriver au but ultime. Pourtant, elle a toujours eu sa ligne de conduite. Ne tuer qu'eux. Que les chasseurs. Ou ceux qui se mettrait sur son chemin, mutants ou humains. Mais elle n'a jamais voulu faire de mal à une innocente comme l'inconsciente qui a pris la flèche à la place du hunter ce soir. Ça se brise en elle car au fond, est-elle plus à l'image de ceux qu'elle déteste tant qu'elle ne pourrait y croire ? « J'ai été... imprudente. » Ses mots sont comme de la cendre sur sa langue. C'est étrangement depuis qu'elle a rencontré le mutant que tout part en vrille. L'imprudence qui n'a jamais été un problème pour elle. Les questions et le bouclier bien rigide autour de son coeur, de son âme la protégeaient de toute erreur fatale. Maintenant, elle marche sur un fil de fer. C'est de sa faute, il a fracassé le joli masque qu'elle s'est forgé depuis la mort de son père, la seule chose qui l'a aidé à gravir des montagnes sur lesquelles s'empilent des corps meurtris par sa main. Un paysage incroyable et à couper le souffle d'un amoncellement de vengeance lente et lancinante. Un chef d'oeuvre que la vipère peignait sans aucun faux pas.

Jusqu'à lui. Jusqu'à Loeven. Jusqu'à la nuit sur le toit. Pourtant, les instincts meurtriers qui lui sont naturels, ne lui viennent avec elle. Supprimés par la bienveillance dans le regard de l'homme qui la regarde. Elle défaille, des émotions contraires qui s'entrechoquent en elle et nourrissent l'orage dans son coeur. Elle se secoue un peu, frissonnant sous l'attaque du froid qui imprègne chaque fibre de son corps. Un automatisme pour chasser l'hypothermie au même titre que les pensées confuses qui s’immisçaient lentement au creux des pensées de la brune. « J'avais tout prévu, j'allais tuer ce type que je surveille depuis une semaine mais quelque chose s'est mis sur ma route... quelqu'un. Ça m'a presque coûté la vie. Mais j'ai réussi à les semer, ils ne m'ont pas suivi jusqu'ici. J'avais besoin d'un endroit pour me planquer pour la nuit. » Marquant une pause, elle jete un coup d'oeil autour d'elle. L'appartement est rangé. Il ne semble pas avoir de compagnie. Réflexe de chasseuse. Ce besoin d'analyser chaque situation de danger potentiel même après la tempête. Pourtant, elle se sent piégée. Piégée entre des bras de confidences qui se referment sur elle dont elle doit absolument se débattre. « Mais je peux foutre le camp si tu préfère. Je trouverai bien un moyen de m'en sortir. » Le foutu orgueil qui parle, ce besoin de montrer sa dure carapace et s'assurer qu'il comprenne qu'il ne l'a pas percée alors que c'est tout à fait le cas. La Dryden ne peut juste pas se permettre de s'abandonner ainsi.

Il a pu voir sous le masque de la poupée de Lancaster mais peut-il voir sous ce masque d'arrogance et de nonchalance qu'elle lui plante effrontément sous le nez ?


Dernière édition par Rhaena Dryden le Mer 11 Nov 2015 - 16:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeVen 30 Oct 2015 - 5:56

– i don't want you to hide –


Tout est sous contrôle.

Les mots avaient achevé de le réveiller, alors qu’il la détaillait de bas en haut et de haut en bas, sourcils légèrement haussés. Pas impoli ou insolent, ni même arrogant. Juste étonné du choix des mots, à une heure aussi tardive, dans une situation comme celle-ci. Il vit le sang perler d’une fine entaille sur sa joue, tandis qu’il l’interrogeait finalement de manière plus posée, lui demandant ce qui s’était passé. Elle n’était pas des plus bavardes, et il le savait. Néanmoins, pour la voir débarquer de la sorte, à l’heure du couvre-feu, trempée et visiblement secouée, il estimait avoir droit à quelques explications. Et au fond de lui, il était persuadé qu’elle s’y attendait, en venant ici. De là à dire qu’elle souhaitait les lui donner, il y avait tout un monde ; quelques barrières avaient beau s’être brisées, cette nuit-là, sur le toit, il avait conscience qu’elle était encore bien loin de tout avoir à lui offrir. Les plateaux d’argent, avec Rhaena, ça n’existait pas. Et fait étrange, il appréciait particulièrement cela. Sans parler d’aimer le challenge, il aimait sentir qu’elle avait autant de secrets qu’il ne pouvait en garder, et que leur curiosité ne débordait ainsi jamais sans y être invitée. Elle n’irait pas lui poser de questions indiscrètes, parce qu’elle ne voulait pas en recevoir en retour ; et c’était un trait qu’il affectionnait bien plus que jamais il n’aurait pu le laisser penser. La simplicité de deux êtres à exister, sans détours et sans volonté de se heurter. Ils fuyaient les chocs, contournaient les obstacles en réussissant à s’esquiver mutuellement. Ils dansaient, les bougres, entraînés dans une valse ou un tango dont aucun d’eux ne semblait véritablement se rendre compte, mais qu’aucun ne souhaitait briser. Ils étaient comme en orbite, à tourner sans jamais se toucher. Et c’était alors à se demander lequel des deux se contentait d’être, et lequel se laissait graviter à ses côtés.

Il laissa les mots portés à maturité s’échapper d’entre les lèvres de la jolie brune. Sans rien dire, sans relever. Sa patience porta ses fruits, et il en apprit plus qu’il ne l’aurait espéré. Sur l’instant, il pensait qu’elle s’arrêterait à imprudente. Qu’elle considèrerait que c’était bien suffisant, et qu’il lui faudrait aller chercher les réponses avec davantage d’insistance s’il voulait vraiment savoir ce qui l’amenait là. Pourtant, il n’en eut pas besoin. La culpabilité lui fit débiter les paroles tant attendues sans qu’il n’ait à les forcer. Et à la vision de ce qui lui apparaissait être une soudaine fragilité, il sentit son cœur se serrer. Lorsque les derniers mots furent jetés, qu’elle renfila avec précipitation son masque d’arrogance et de fierté, il ne put s’empêcher de secouer la tête. Ses yeux fuirent quelques secondes ceux de la Dryden, se promenant sans réel but sur les objets autour de lui, sans vraiment s’y arrêter. Un sourire s’était frayé un passage sur le bord de ses lèvres, rappelant la vie à ses traits endormis. Ses yeux encore gonflés de sommeil s’étaient animés d’une flamme douce et réconfortante, comme à leur habitude. Et il semblait être finalement sorti de sa torpeur de réveil, tandis qu’il ramenait les yeux sur elle. Tout est sous contrôle, hein ? Qu’est-ce que ça doit être quand ça n’est pas le cas. À cette futile pensée, son sourire s’élargit sans qu’il ne puisse l’empêcher. Il tenta de le modérer, de ne pas passer pour moqueur ou offensant. À cet effet, il ne put que jeter un haussement sur ses épaules, levant une fraction de seconde les yeux au ciel, avant de les laisser retomber vers elle. « Bien sûr que tu peux rester ici. » Si tu avais douté du contraire, tu ne serais pas là, de toute manière ; n’est-ce pas ?

Il fouilla un instant son regard, retombant malgré lui dans le confort d’une sensation de déjà-vu. Un autre soir, sur un toit. Il avait cru que soutenir le regard de Rhaena lui serait insupportable, mais il avait désormais l’étrange sensation de ne plus pouvoir réellement s’en passer. Elle passait sa vie à fuir, à tenter de se cacher. Et sa seule arme à lui, sa seule emprise sur elle, son unique moyen de ne pas la laisser disparaître, c’était de la garder prisonnière de ce regard vert et perçant qui semblait tant la gêner. Il ne la forçait pourtant jamais à y rester confinée. Elle choisissait cette étrange posture, captive d’yeux qui semblaient vouloir tout savoir d’elle, mais apprécier aussi les interrogations sans réponses. Comme si elle y trouvait un réconfort inexpliqué ; un apaisement qu’il ne cherchait pas nécessairement à lui procurer, et qu’il ne voyait même pas à l’effet.

« Tant que tu ne me ramènes pas de visiteurs incongrus au milieu de la nuit, tu peux te cacher là autant que tu veux. » Entends ce que tu veux par là, d’ailleurs. L’eau qui ruisselait sur le visage de porcelaine avait contourné une goutte de sang nouvellement perlée de l’entaille. Il avait laissé son regard se vriller sur cette petite bille rouge, qui glissait subtilement hors des chairs l’ayant retenue si longtemps prisonnière. Il ne la lâcha pas du regard, alors qu’elle commençait à louvoyer sur la peau pâle de la joue. Simple. À la fois si pure, et pourtant synonyme de vice et de péché. Le silence s’était installé, mais il ne le remarquait pas. Un soupir. Il ne se rendit compte de son geste qu’au moment où le contact froid entre le bout de ses doigts et la peau de Rhaena se fit. La perle de sang désormais diluée s’accrocha à sa peau, alors qu’il laissait son doigt l’essuyer, presque par réflexe. « Sous contrôle, hein… » Le sourire fantomatique suivit le murmure presque pensif, alors qu’il laissait retomber son bras le long de son corps, aussi vite qu’il avait pu le lever. Le léger moment de flottement se dispersa, alors qu’il secouait la tête comme pour se sortir de quelque pensée trop lointaine et revenir à la réalité. Son regard se détourna et il se mit en mouvement, passant à ses côtés en tâchant de ne pas la heurter. L’effleurant à peine, comme soucieux à l’idée d’établir un autre contact avec elle sans y avoir été au préalable autorisé. « Faut pas que tu restes comme ça, tu vas attraper froid. » Il fit quelques pas, alluma la lumière de sa chambre. Il remit sans réfléchir son propre t-shirt, avant d’aller enfoncer son nez dans le placard. Lui donner les vêtements de Logan aurait été plus pratique, et sûrement bien plus adapté. Mais il ne se sentait pas d’entrer ainsi dans ce qu’il considérait être une forme d’intimité. Il préférait encore voir son invité nager dans des fringues trop grandes pour elle ; après tout, ce ne serait que pour la soirée, et personne d’autre ne la verrait. Il attrapa un jogging et un t-shirt avant de refermer la garde-robe. Au passage, sa main se tendit pour se saisir d’un pull laissé là ; en laine, chaud et confortable. Sûrement bien trop grand pour elle, mais qu’importe. Lorsqu’il s’agissait de se réchauffer, il soutenait que s’emmitoufler était la meilleure des idées.

Il ressortit de la chambre, fermant la lumière derrière lui. Un petit signe de tête pour l’enjoindre à le suivre, et il poussa la porte de la salle de bain, directement à sa droite. La lumière éclaira rapidement la petite pièce, et il déposa son chargement à côté du lavabo. « Tu peux prendre une douche chaude, si tu veux. » Il sortit une serviette d’un placard, la posa à côté des vêtements secs. « Si tu as besoin d’autre chose, n’hésite pas. » Il ressortit de la pièce, se tenant quelques secondes dans l’encadrement de la porte. Comme cherchant ce qu’il pouvait bien manquer au tableau, dans des conditions idéales. Rien ne lui vint, et il haussa rapidement les épaules. « Sinon, fais comme chez toi. » Il sortit pour de bon, calme et serein. Il resta quelques instants à regarder autour de lui, les bras ballants. Un soupir, les doigts se glissant dans ses cheveux. Un regard alentour, sur l’appartement rangé. Elle n’avait pas laissé d’eau sur le plancher — ou alors, une goutte ou deux qu’il ne voyait pas.

Un instant de flottement. La fatigue qui revient un peu engourdir ses muscles, embrumer son esprit. Battre des cils, se ressaisir. Du thé. Pour se réveiller, tout d’abord. Et puis, si elle en voulait, pour la réchauffer, par après.


(c) elephant song.
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MessageSujet: Re: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeVen 30 Oct 2015 - 15:52

hold me fast, i'm a hopeless wanderer
— LOEVEN & RHAENA —

Les paroles glissent d'entre ses lèvres plus vite qu'elle ne voudrait. Explications plus poussées, sans trop se dévoiler non plus. Et elle n'est plus certaine que le mutant a vraiment le pouvoir de jouer au marionnettiste. Son pouvoir ne serait pas plutôt de contrôler les esprits aussi ? L'obséder. Car elle ne voit pas d'autres explications. Calme. Serein. Il gravite aux frontières de son âme y apposant une étrange sensation de légèreté qu'elle n'a pas ressentit depuis longtemps. Sérénité qu'elle n'a connu que lors de belles années sous les traits d'Abigail la jolie étudiante de droit prête à sauver le monde. Mais Rhaena, elle n'a jamais eu droit à ce genre de choses. Elle se l'interdit, même. Chacun de ses pas compter et ouvrir la porte à une nouvelle âme que la sienne dans les labyrinthes qu'est devenue sa vie, ce serait trop de risques. Aux conséquences fatales. Elle voudrait voir le brun devant elle, au regard qui s'éveille lentement, comme une menace. Comme un danger vers la vengeance tant convoitée. Un obstacle même. Elle se débat, sadique avec elle-même. Loeven c'est l'échappatoire. La lourdeur de sa noire existence qui se lève lentement de ses épaules. La preuve ; elle est encore là, au milieu du salon, à observer le Dickens. Immobile, elle n'ose pas bouger. Le moindre mouvement qui risque de la dévoiler un peu plus. Alors, elle préfère jouer la harpie indépendante qui suit les chemins solitaires de la vie pour s'arrêter un instant sur le pas de la porte d'une âme charitable. Profiter d'une générosité pour la jeter ensuite. « Bien sûr que tu peux rester ici. » Le regard du mutant qui vient chercher le sien. Des étendues vertes contre des cieux bleutés, un mélange de tout autre univers. Deux entités si différentes mais en parfaite harmonie. Car un ciel ne peut exister sans une terre à couvrir et les champs de verdure ne peuvent se déployer sans un ciel pour en accueillir les plus beaux paysages. La brune, fuyarde de sentiments, supporte pourtant son regard malgré la sensation de piqûre qui s'incruste sous sa peau, comme un avertissement de danger imminent.

Les quatre murs qui semblent se refermer sur elle. Elle ne se connait pas claustrophobe pourtant... Pourtant, elle s'y ancre - dans son regard - comme à une buée, la seule chose qui lui permet de respirer aux milieux d'eaux troubles et dangereuses qui composent la vie actuelle des habitants de cette foutue ville. Ce qu'elle voit dans ses yeux là, c'est l'apaisement, un baume sur son âme noire qui n'en peut plus de pourrir. Sensation de légèreté et de danger qui s'entrelacent et se confrontent. Un combat qui s'engage au creux de la vipère. « Tant que tu ne me ramènes pas de visiteurs incongrus au milieu de la nuit, tu peux te cacher là autant que tu veux. » Ce serait tellement facile. De rester là, pour l'éternité. Le poids des âmes qu'elle arrache - et celles encore à cueillir - de moins sur les épaules. Suspendue dans le temps. Une invitation impossible pourtant, car elle ne vit que pour se venger. Elle ne compte pas abandonner. Pas maintenant. Pas pour ses beaux yeux, ni ce sourire qui défile sur les lèvres du grand brun. Elle laisse le silence s'installer, cette amie si fidèle qui lui permet de s'évader des mensonges et de hypocrisies que seuls les mots savent créer. Pourtant, le silence parle souvent plus que les paroles, et même les actions. Le silence, il pousse dans les derniers retranchements et délie les esprits dans des moments de réflexion. D'analyse... et c'est ce qu'elle fait, épiant les mouvements du mutant, la sauvage brune encore à être apprivoisée.

Elle ne le quitte pas des yeux, n'essaie pas de se défiler ni de mordre quand elle aperçoit du coin de l'oeil son bras s'avancer jusqu'à sa joue, y déposant un doigt furtivement, cueillant la perle d'hémoglobine qui s'était échappée sur sa peau blanche. Un regard ancré dans le sien qui crie différentes émotions, différentes sensations trop nouvelles pour la belle. Entre frigorifiée, incapable de se débattre plus longtemps et orgueil de ne pas montrer cette faiblesse qu'il fait naître chez elle. « Sous contrôle, hein… » Douce attention après lui avoir sauvé la vie, là-bas dans la ruelle où un cadavre pourri peut-être encore - Un cadavre qui n'est pas le sien, fort heureusement pour lui - qui disparaît aussi rapidement qu'elle est apparue. Alors que ses doigts quittent sa joue pour retrouver leur place au flanc de l'homme, elle resserre ses bras autour de son corps gelé, emportée par cet instant hagard qui lui est si inhabituel. Car le geste furtif de Loeven lui reste imprimé sur la joue, où elle sent encore la marque de son doigt sur sa petite plaie. Et elle ne le quitte pas des yeux alors que lui s'évade à reprendre une contenance ébranlée.

Bientôt, il passe près d'elle et ses pupilles ne le lâchent plus, comme des aimants à jamais obligées de se rencontrer. « Faut pas que tu restes comme ça, tu vas attraper froid. » Elle secoue la tête à son tour réalisant à quel point elle est encore tout trempée. Jusqu'à l'os. Ce qui la fait d'ailleurs trembler légèrement d'un froid languissant. Pourtant, quelques secondes auparavant, elle en avait oublié l'inconfort, perdue dans ses yeux, et même surprise de ressentir une tiède vague se propager autour d'elle.

Puis, la réalité la rattrape. Elle est dans un état pitoyable. Le Dickens s'active déjà, pénétrant dans la chambre alors qu'elle reste sur place. Elle n'ose pas bouger. Un pas en avant et elle a l'impression qu'elle va tomber dans un gouffre. Tremblante de froid jusque dans les os, pourtant brûlante d'incertitudes. Elle cherche à se reprendre un peu, parcourant les lieux du regard. Chaque meuble, chaque élément de décoration, chaque livres laissés traînés là pour tous à voir. Elle essaie de voir des indices. L'instinct de chasseuse qui se mélange avec curiosité et fascination que le barman a toujours suscité en elle depuis le premier instant où elle l'a vu utiliser son don. Elle ne remarque pas grand chose qui pourrait le dénoncer sur un quelconque aspect de sa vie, sauf peut-être des souliers féminins qu'elle voit traîner près de la porte. À moins de jouer les reines transsexuels, elle se doute bien qu'il ne doit pas vivre seul. Une femme ? Petite amie ? Soeur ou simplement colocataire trouvé au hasard dans le bottin ? Des questions qu'elle n'a pas plus longtemps de se poser puisque la grand brun est de retour dans son dos, l'oreille attentive distingue les bras de pas flous et elle tourne le regard sur le jeune homme qui sort de la chambre. Vêtements chauds et surtout secs à la main. Elle le suit à la salle de bain, quelques pas plus loin, boitant légèrement bien qu'elle a oublié depuis longtemps l'inconfort de sa cheville. Elle a tant d'autres choses à penser. Son attention entière portée sur lui. Et seulement lui.

Restant dans l'encadrement de la porte, elle s'y appuie, alors qu'il prépare tout, dans chaque détail. Elle ne trouve pas qu'elle mérite tant d'attentions mais elle ne peut se mentir... ce n'est pas déplaisant. À force d'être sans cesse seule ou entourée de gens qui la craignent ou ne voit que la doucereuse Dryden, elle en a oublié c'est quoi. Avoir quelqu'un, que ce soit pour parler de tout et de rien, emprunter l'épaule pour y pleurer. La brune n'a pas versé de larmes depuis la mort de son père. Six longues années d'un désert aride qui assèche son coeur, son âme. « Tu peux prendre une douche chaude, si tu veux. Si tu as besoin d’autre chose, n’hésite pas. » Pourquoi se donner tant de mal pour elle ? Jamais elle ne le comprendra. Elle a beau lui avoir sauvé la vie l'autre nuit, le simple fait de l'accueillir sous son toit serait suffisant. Pas besoin de remuer ciel et terre. Façon de parler. « Merci. » Il s'engage pour sortir de la salle de bain et elle le contourne pour y entrer enfin. Elle observe les vêtements chauds, la douche, le lavabo comme un animal de compagnie qui renifle son nouvel environnement. « Sinon, fais comme chez toi. » Simple hochement de tête pour le remercier de nouveau et elle referme la porte. Enfin seule, coupée du reste du monde... enfin presque, Loeven se retrouvant toujours de l'autre côté de la porte. Elle reste quelques secondes plantée sur place à détailler la petite pièce jusqu'à ce qu'elle croise son propre regard dans le miroir. Et elle ne se reconnaît pas. Plus troublée qu'elle ne voudrait l'admettre, elle s'active enfin pour changer d'attirail pour quelque chose de plus chaud et confortable. D'abord sa veste, son pantalon et son chandail viennent trouver le sol. Même ses sous-vêtements sont mouillés. Elle retire son soutien-gorge trempé lui aussi, ne gardant que sa petite culotte. Elle attrape la serviette sur le bord du bain et la glisse sur sa peau de porcelaine perlant de pluie qui s'est faufilée à travers toutes ses couches de vêtements. Elle pose les yeux sur les vêtements de Loeven et les attrape d'une main. Les enfilant rapidement pour se réchauffer. Jogging puis pull. Elle omet de mettre le t-shirt, préférant de loin la douceur de la laine sur sa peau. Épaules trop larges, manches qui coulent en longueur sur ses bras, bas du pull presque aussi long qu'une jolie robe.

Dans une des poches, elle sent quelque chose. Elle y glisse les doigts et en ressort un portefeuille. Celui de Loeven sûrement. C'est plus fort qu'elle, le mutant l'intrigue. Depuis la première seconde, le premier regard. Alors elle l'ouvre. Pas pour voler les quelques billets qu'elle aperçoit dans une des ouvertures, mais pour découvrir de nouveaux détails sur le mystérieux mutant. Son regard électrique tout de suite attiré par une photo enfouie, là. Elle la glisse vers elle et aperçoit un visage de jeune fille. Jeune fille qui lui rappelle tout de suite celle qu'elle vient de blesser dans la soirée. Comme fouetté par un fouet de... conscience, lucidité ou peu importe, elle refourre la photo dans le portefeuille. Quand elle sort de la salle de bain, Loeven n'est pas là mais elle entend des bruits à la cuisine non loin. Elle s'avance, et l'aperçoit en train de faire du thé. Elle s'approche et lui tend le portefeuille qu'elle tient encore fermement entre ses doigts. « Y'avait ça dans une des poches. » Alors qu'elle lui dépose dans la main et fait un pas vers l'arrière et plante ses yeux dans les siens, elle ajoute. « C'est qui la jeune fille sur la photo ? » Elle pointe le bout de cuir qu'elle vient de lui remettre avant d'entourer ses bras autour de sa poitrine dans une nouvelle tentative de se réchauffer, les longues manches qui enroulent ses fines mains assassines.

Probablement qu'il sait déjà de qui elle parle. Peut-être pas. Peut-être se vexera-t-il du manque à sa vie privée, à ses secrets, son passé. Peu importe. Sauf pour ses mensonges et ses manipulations, elle n'est pas du genre à se cacher. Elle pose son regard dans le sien et pour une rare fois de sa vie, pas avec une étincelle d'autorité, de sauvagerie, de faux-semblants mais une simple curiosité. Presque... douce. Elle doit se sortir l'horreur de sa chasse qui a mal tournée. Mais surtout, elle doit savoir. Le percer à jour avant qu'il ne puisse faire la même chose d'elle.


Dernière édition par Rhaena Dryden le Mer 11 Nov 2015 - 16:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeVen 6 Nov 2015 - 21:09


i want to exorcise
the demons from your past


Il ne pouvait s’empêcher de remarquer avoir de la chance que Logan ne soit pas là. Elle n’aurait probablement pas été contre héberger quelqu’un pour une nuit, s’il lui avait calmement et sereinement présenté les faits, et s’il s’était porté garant de la belle intruse. Mais il préférait, tant qu’à faire, éviter toute question, éviter toute amorce de dispute. Rhaena était sans cesse affichée aux côtés du maire, et il était évident que Logan l’avait remarqué. Elle trempait suffisamment dans le combat anti-mutant pour savoir qui entourait Lancaster ; si même lui, Loeven Dickens, pour le moment neutre et discret au possible dans cette affaire, l’avait su, il n’y avait aucune chance pour que l’information ne soit pas parvenue jusqu’à Logan. Et c’était ce genre de questions qu’il voulait s’éviter. Il ne savait pas comment l’une et l’autre auraient pu réagir, si elles s’étaient retrouvées face à face. Et il préférait, sans se le cacher, ne pas tenter.

Il s’était assis, le temps que l’eau ne chauffe. Lorsque l’interrupteur de la bouilloire avait cliqué pour s’éteindre, lorsque la musique de l’eau portée à ébullition se calma, il se leva. Il sortit machinalement deux tasses, plongé dans ses pensées. La fatigue stagnait en lisière de son esprit, menaçant de l’envelopper s’il ne s’occupait pas. Il aurait pu se contenter de préparer le canapé, de dire à Rhaena de se coucher quand elle voudrait, et de disposer librement de l’appartement d’ici là ; il aurait pu, c’est vrai. Mais il ne s’en sentait pas le cœur, ni la réelle envie. Il avait confiance en elle, et savait que si elle était là pour le voler, elle aurait évité de se présenter à la porte comme elle l’avait fait. La question n’était pas là. Il avait noté le chamboulement sur ses traits, et une part de lui le poussait à vouloir rester éveillé, à ses côtés, jusqu’à ce qu’elle décide que c’en était assez. Par ailleurs, la soirée n’était qu’à peine avancée, et il restait encore plusieurs heures avant que l’heure de coucher ne devienne réellement indécente. La brunette n’avait rien à voir avec son niveau de fatigue, et n’avait pas à en pâtir.

Il était ainsi plongé dans ses pensées lorsqu’elle sortit, au loin, de la salle de bain. Il n’entendit qu’à peine la porte s’ouvrir, les pas calfeutrés s’approcher. En revanche, lorsque la main se tendit, tenant fermement le portefeuille de cuir, il réagit. Il se tourna vers elle, ses yeux remontant jusqu’à son visage. Calme, l’air quelque peu distrait. « Oh. Merci. » Il récupéra l’objet, l’enfonça dans sa poche arrière sans plus y réfléchir, et se tourna à nouveau vers le plan de travail. Il remplissait les deux tasses d’eau bouillante lorsqu’elle posa sa question. Il reposa la bouilloire, presque trop lentement, se perdant un instant dans ses souvenirs. Cherchant à se rappeler quelle photo il avait mise sur le dessus. Laquelle des deux il voyait tous les jours, lorsqu’il tournait le feuillet plastifié pour regarder au dos de sa carte d’identité. Ses gestes reprirent au bout de quelques secondes une fois qu’il se fut souvenu. Un rapide acquiescement, comme pour lui-même, avant d’ouvrir la porte d’un placard, au-dessus de sa tête. « Hum, c’est ma sœur. » Il revoyait distinctement la photo, désormais. Celle de Jillian était cachée juste en-dessous ; mais si la jeune fille était au singulier, sûrement ne l’avait-elle pas découverte. « À notre appart’, à Aberdeen. » Avant qu’elle ne se fasse tuer. Avant que je ne commence à courir le monde pour échapper à ceux qui lui avaient fait du mal.

Il se tourna vers Rhaena, lentement. Ses yeux se perdirent quelques instants dans les siens. Il se demandait si ajouter quoi que ce soit était d’une quelconque utilité. À moins qu’elle ne le demandât, il n’était pas sûr de vouloir rentrer dans les détails. Mais si ça l’intéressait, il n’aurait de peine à le faire. Sûrement cela répondrait-il à bien des questions que sa vis-à-vis pouvait se poser, après tout. Et elle avait le droit de savoir. Si elle était là, ce soir, c’était qu’il lui faisait suffisamment confiance pour qu’éventuellement, les mots acceptent de se déloger d’au fond de sa gorge. Pourtant, au lieu d’enchaîner, au lieu de se mettre directement à expliquer, il se contenta de laisser tomber quelques mots, un sourire d’une tristesse et d’une douceur infinies soudainement campées sur ses traits. « Thé vert ? Thé noir ? Infusion ? » Retourner au quotidien, pour ne pas se perdre. Retourner à ce qu’on a, aujourd’hui et maintenant, pour ne pas souffrir du passé. De toute manière, personne ne pourra rien changer à ce qui est arrivé. Alors pourquoi s’acharner ?
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MessageSujet: Re: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeMar 10 Nov 2015 - 1:28

hold me fast, i'm a hopeless wanderer
— LOEVEN & RHAENA —

Ce n'est pas son genre. Enfiler les vêtements de quelqu'un d'autre. Se pointer à un appartement sans prévenir. Ce n'est pas son genre de se sentir... paralysée. Et encore moins son genre de s'intéresser aux autres à moins que cela ne puisse lui paraître comme un avantage. L'esprit de la guerrière toujours actif. Pourtant, ce soir, elle est toutes ses choses. Perturbée par le fait d'avoir blessé cette fille, ça avait suffit à lui faire perdre tous ses repères, comme si l’ancienne Abigail refait surface. Cette fille calme, idéaliste qui pensait qu'elle allait faire une différence. Étudier le droit pour former un monde plus juste. Ça avait tout été envoyé à la poubelle du moment que le Lynch avait eu son mot à dire. Ses flèches à balancer au corps de son père. Mais là, ce soir, elle est cette fille qui avait été du genre à se cacher dans le placard, apeurée même si elle essaie de le cacher, ou de se mentir même. Parce que cette fille là, qu'elle a relégué au passé, elle lui fait pitié. Elle la dégoûte même. Elle n'a pas essayé de sauver son père. Elle s'était juste cachée comme une lâche. Elle aurait dû désobéir à son paternel, elle aurait dû s'interposer. La seule chose avec laquelle elle peut se rassurer, est le fait que depuis, elle a bien évolué. Et pourtant... elle est si près de sa vengeance qu'elle a pu y goûter du bout des lèvres, au creux de ses cuisses et pourtant, elle n'a jamais été si loin de l'assouvir cette haine justicière. Ce tueur qu'elle rêve de tuer depuis si longtemps... immortel car mutant. Mutant comme Loeven. Le marionnettiste qui pourrait lui casser le cou d'un mauvais de main. Décidément, tout partait à la dérive sur le fleuve agitée de sa vie. Mutants, cette fille qui avait sauvé sa cible. Alec. Sa vengeance en suspens mais qui la consume encore autant comme une flamme vouée à être éternelle. Ça la rongait et pourtant, depuis qu'elle est arrivée dans l'antre du Dickens, qu'elle a enfilé son confortable pull, elle se sent plus calme, apaisée. Un baume sur son esprit écorché à vif.

Une fois dans la cuisine, en compagnie du jeune homme, elle ne peut s'empêcher de se questionner. Et lui ? Il a perdu des gens dans sa vie ? Comme si elle cherchait un moyen de le percer, de se trouver un point commun. Un bien triste point commun fallait l'avouer... et elle se doute même pas - à ce moment de poser la question sur la photo - à quel point ils en cachent des secrets semblables. Elle l'observe alors qu'il se retourne pour lui présenter son dos, continuant sa petite préparation de thé plutôt que de s'arrêter un instant. « Hum, c’est ma sœur. À notre appart’, à Aberdeen. » Rhaena soulève les sourcils mais il ne peut la voir. Elle se contente de l'observer de dos, plus de questions encore qui assènent ses pensées. Elle connaît cette ville d'Europe, y est passé une ou deux fois brièvement pendant les six dernières années qu'elle a passé sur le continent européen. Si elle est à Radcliff, ce n'est que pour assouvir sa vengeance affamée mais alors lui ? Que peut-il bien ficher dans un trou perdu comme celui-là ? À l'autre bout du monde. Il revient finalement vers elle, enfin, et elle plante ses yeux dans les siens, ne cachant pas sa surprise. « Aberdeen ? C'est pas la porte d'à côté, qu'est-ce qui vous a amené ici ? » Avant de lui répondre, s'il le fera seulement, il lui demande ce qu'elle prendra. « Thé vert ? Thé noir ? Infusion ? » Elle ne remarque même pas la tristesse qui peint subtilement son visage tellement elle perd toutes ses notions quand ça vient à lui. D'habitude, elle analyse tout, essaie de deviner ce que les gens pensent à travers chaque éclats de rires, chaque étincelle dans le regard ou crissement de mâchoire. Alors pourquoi se sent-elle comme une idiote quand Loeven est dans les parages ? Elle devrait se reprendre mais elle reste là, continue de l'observer pendant qu'il fait couler l'eau chaude dans les verres.

Elle secoue brièvement la tête et répond la première chose qui lui vient à l'esprit, n'étant pas le genre de fille à boire des infusions - alors ça, non. « Thé vert, merci. » Il prend alors le nécessaire et la brune enchaîne aussitôt. Trop curieuse ou n'aimant pas q'un silence puisse s'imposer... « Le couvre-feu est tombé, elle devrait déjà être rentrée, non ? Où est-elle ? » Les souliers de fille à l'entrée, les quelques décorations, elle en déduit que c'est probablement à cette soeur et s'étonne que le jeune homme ne soit pas plus inquiet. Après tout, il a l'air d'un type bien, la preuve ; il vient de la laisser entrer chez lui. C'est sûr, elle lui a peut-être sauvé la vie quelques temps plus tôt, mais il aurait pu se méfier, ne pas vouloir inviter sa sauveuse - qui reste quand même une tueuse aussi - dans ses affaires, son intimité. Il pourrait l'avoir envoyée chier de regarder dans son porte-feuille, de poser des questions. Que ce n'était pas de ses affaires et pourtant, il reste calme. Ça la rend folle, Rhaena. Pourquoi est-il si... gentil avec elle alors qu'elle ne le mérite clairement pas, qu'elle lui ait sauvé la vie ou non.
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MessageSujet: Re: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeSam 30 Jan 2016 - 22:12


some nights i stay up
cashing in my bad luck


Contrairement à d’autres, la curiosité ne le gênait pas. Il n’aurait parlé de lui à cœur ouvert si l’on ne lui avait pas demandé, mais il ne se fermait que rarement lorsque les questionnements surgissaient. Y compris quand il s’agissait de souvenirs douloureux. Aussi douloureux que Lyanna. L’intention de fuir le sujet ne lui passa même pas par la tête, alors qu’il l’interrogeait sur le type de thé qu’elle allait vouloir boire. La question n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd, et il cherchait simplement comment lui offrir une réponse calme et mesurée, et ne pas en dire trop tout en étanchant sa curiosité. Répondre au mieux, tant pour Rhaena que pour lui. Mais lorsqu’elle lui donna son choix, il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche qu’elle avait à nouveau embrayé. Une soif de savoir, dévorante. Se raccrocher à ce qu’elle avait probablement vu autour d’elle, dans cet appartement. Les liens se faisaient dans l’esprit du Dickens, à mesure que les secondes passaient, entre les affaires de fille qu’elle avait pu voir çà et là, et l’idée que Lyanna vivait là avec lui. Tout aurait en effet pu laisser penser que c’était le cas. La question lui serra néanmoins le cœur, tandis qu’il retournait à la préparation du thé. « Hm… » Les petits gestes qu’il effectuait étaient devenus quotidiens, et heureusement. Il peinait à imaginer la difficulté qu’il aurait eue à les pratiquer, le cas échéant. Son esprit était retourné en Écosse, ce pendant qu’il sentait la douceur de la température de la cuisine, qu’il percevait le bruit de l’eau qui bout, et qu’il entendait la présence de la jeune femme derrière lui.

C’était comme se recroqueviller au fond de sa tête, plutôt que de partir à l’autre bout du monde. S’enfermer au milieu des souvenirs, au lieu de vouloir s’évader de l’endroit où il se trouvait. Il ne serait retourné à Aberdeen pour rien au monde, maintenant que plus rien ne l’y attendait. Sa vie aux Etats-Unis n’était peut-être pas celle qu’il aurait rêvé d’avoir, mais elle lui convenait. La mise en quarantaine de Radcliff n’était pas pour lui plaire, mais il avait fait son choix en revenant s’enfermer ici. Un choix qui finirait sûrement par lui coûter la vie, mais sur lequel il n’avait aucune intention de revenir. La seule chose qui lui restait, sur cette terre, hormis sa propre vie, se trouvait enfermée à Radcliff avec lui. Et il n’avait aucune intention de la laisser tomber. Eremon méritait qu’on se batte pour lui, malgré les erreurs qu’il avait pu commettre et le nombre de stupidités qu’il avait à son actif. Alors, oui : peut-être que la vie n’était pas si belle, ici, ou même plus largement sur le territoire des Etats-Unis. Mais il ne pouvait se résoudre à tirer un trait sur tout cela, et ignorer qu’il lui restait encore une raison de se battre, jour après jour. Se battre pour quelqu’un d’autre que lui-même, pour une autre vie que la sienne. C’était de simples raisons comme celles-ci qu’il suffisait d’avoir pour continuer à avancer. La vie était ainsi faite, remplie de déceptions et de cruelles épreuves à traverser. Mais la cruauté ne devenait réelle que si l’on avait des accalmies à quoi la comparer. Des périodes de calme qui, même si elles n’étaient pas des plus ensoleillées, agissaient comme une bouffée d’air frais. Récemment, les nuages s’amoncelaient au-dessus de sa tête. Et pourtant, il se tenait droit face au vent, et refusait de ployer ou de se laisser emporter. Il avait encore des raisons de rester. Encore de quoi tenir debout, un point d’accroche qui, bien que précaire, le maintenait solidement ancré à terre. Et il refusait de lâcher prise. La vie avait ses raisons de l’avoir amené là, au milieu de cette guerre qu’il appréhendait pourtant grandement, et de laquelle il tentait de rester caché. La vie avait toujours ses raisons, se disait-il. Peut-être n’était-ce là que les réflexions d’un homme qui refusait de croire que les malheurs arrivent sans logique ni objectifs. Mais au final, la conclusion qu’il soutenait depuis toutes ces années restait inchangée : il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises choses dans la vie. Il y a les choses qui arrivent, et il y a ce qu’on décide d’en faire.

« Elle est morte, il y a trois ans. Des chasseurs de mutants. » L’eau coula dans les tasses, produisant un murmure délicat et régulier qui l’apaisa sans qu’il ne comprenne réellement pourquoi. Les simples petites choses de la vie prenaient parfois tout leur sens et éclatait de toute leur beauté sans que l’on ne saisisse ce qui se produisait. Il suffisait de prêter attention aux choses alentour, aussi infimes et fragiles soient-elles. Quelquefois, une accalmie ne tenait à rien d’autre. « Elle avait un don de guérison. » Il reposa la théière, lentement, empoignant les deux tasses avec la même mesure et la même minutie qu’il avait eues en préparant les boissons. « C’est pour ça que j’ai quitté Aberdeen. Avec mon frère. » Il déposa les deux récipients sur la table, en fit lentement glisser un vers la jeune femme. « On a voyagé quelque temps. Puis on est venus à Radcliff. » S’asseyant, il résolut de taire les petits conflits qu’il avait pu avoir avec Eremon. Taire la présence de la femme qui les avait trahis entre les murs de cette ville, au service de Thaddeus. Taire la folie qu’il avait faite en revenant, et l’épée de Damoclès qui restait pernicieusement suspendue au-dessus de sa tête, comme attendant le bon moment pour lui faire regretter toutes ses décisions.

Ses yeux se relevèrent vers Rhaena, tandis qu’un mince sourire se traçait sur ses lèvres. Il la dévisagea quelques instants, sans plus chercher à fuir, contrôlant la tristesse qui menaçait sporadiquement de voiler son regard. « Et toi. Pourquoi chasser les chasseurs ? » Elle avait déjà mentionné l’idée qu’ils lui avaient fait du mal. Lui avaient arraché un être cher, et l’avaient poussée dans ses retranchements. Ainsi, il sentait la vengeance flirter avec les obscurs secrets de la belle brune. Comme une certitude qu’une créature aussi enflammée ne pouvait avoir que ce genre de motif pour en faire toute une vie. Emprunter un chemin qu’il s’était refusé à suivre, préférant emboîter le pas à Eremon en Amérique du Nord. Sans savoir que son frère aussi nourrissait ce sombre dessein. Que son unique lien à cette terre avait, lui aussi, décidé de prendre ce chemin.
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MessageSujet: Re: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeMar 9 Fév 2016 - 16:21

hold me fast, i'm a hopeless wanderer
— LOEVEN & RHAENA —

Pourquoi Rhaena lui pose tant de questions, elle qui se fiche du reste du monde, ça lui échappe complètement. Peut-être que pour une fois, elle veut bien d'un ami. Quelqu'un sur qui compter. Qu'à force d'être seule dans sa propre hargne des chasseurs elle finit par en avoir le goût amer sur les lèvres. Le goût de la solitude et des mensonges qui lui remettent à la gorge. Et si c'est tombé sur Loeven, elle ne peut pas expliquer trop pourquoi. Parce qu'il connait son secret probablement. Mais aussi parce qu'il lui ouvre la porte ce soir. Ou peut-être le hasard. Ou bien ses grands yeux sombres qui détiennent tant de mystères. S'intéresser à lui, à sa soeur absente, peut-être bien que ça l'aide à oublier tout le reste. Se détourner un moment de la violence des ses jours et de ses nuits. Et alors qu'il fait couler le thé dans les verres, elle lui laisse le temps de répondre. Sa question semble avoir touché un point sensible mais il ne se rebute pas comme il serait en droit de le faire. Songeur, elle le détaille sans détours, se demandant ce qui peut bien se passer derrière dans ses pensées. Ce qu'elle donnerait n'importe quoi pour être une télépathe avec lui. Après un moment, il finit par laisser tomber... « Elle est morte, il y a trois ans. Des chasseurs de mutants. Elle avait un don de guérison. C’est pour ça que j’ai quitté Aberdeen. Avec mon frère. » La brune ne manque aucun de ses mots, les écoute, les assimile et les distille en une rage sourde. Oui, d'la rage parce que c'est encore des chasseurs qui sont venus détruire une famille. Et peut-être bien aussi parce qu'elle déteste voir le brun aussi nostalgique, triste. Ils lui ont fait du mal à lui aussi et elle ne peut s'empêcher de serrer les poings et les dents pour ne pas perdre contenance.

Loeven dépose la tasse de thé devant elle et elle passe ses doigts autour du verre chaud sans vraiment faire attention à la brûlure. Un pouvoir de guérison en plus... Elle ne comprend tout simplement pas pourquoi on voudrait tuer une jeune fille ayant un tel pouvoir salvateur. C'est ignoble, elle est presque plus révoltée que le brun ne semble l'être. Lui, il est d'un calme qui la déstabilise. La Dryden s'efforce donc de rester posée, de l'écouter attentivement encore une fois. « On a voyagé quelque temps. Puis on est venus à Radcliff. » La même histoire qu'elle. La même matrice. Le meurtre d'un être proche et fuir à l'autre bout du monde. C'était aussi ce qu'elle avait fait la chasseuse, laissant tomber les corps pendant ses voyages. Le sang qui avait coulé à flots mais jamais autant qu'ici, à Radcliff. Une ville pourrie jusqu'à la moelle. Elle ne comprend toujours pas à qui peut appartenir les affaires de femme dans l'appartement mais elle n'y pense déjà plus. L'histoire du brun la touche. Parce que c'est la même qu'elle. Elle sait exactement ce qu'il ressent bien qu'elle semble plus acide et vindicative que lui dans son deuil. La seule différence ? Il a apparemment un frère quelque part à qui s'accrocher. Rhaena, elle, elle n'a personne. Son père avait été toute sa vie. Son meilleur ami, mentor et protecteur. Bien qu'elle n'avait jamais approuvé ses activités criminelles, maintenant, elle se retrouve à avoir emboîté ses pas. L'excuse parfait pour justifier la violence qui habite son coeur. Un exutoire le temps d'envoyer le meurtrier Lynch six pieds sous terre. « Et toi. Pourquoi chasser les chasseurs ? » La tasse de thé à mi-chemin vers ses lèvres, Rhaena suspend son mouvement à sa question. Elle repose le verre sur le comptoir en le titillant nerveusement alors que les souvenirs de la nuit où son père avait recouvert le sol de son sang lui revient à l'esprit. Toujours le même rêve qui peuple ses nuits. Ce souvenir qui lui revient en boucles. « Hum... » Elle hésite, se mord la lèvre et n'arrive pas à croire qu'elle est sur le point de tout raconter comme ça. Parce qu'elle ne comprend pas pourquoi, mais elle veut se confier. Elle veut se libérer du poids qu'est ce deuil béant à son coeur qui ne s'est jamais refermé. Oh, elle a toujours été entourée des hommes de son père la Dryden mais ils ne sont rien à ses yeux. Juste des pantins qu'elle peut remuer à souhait. Ils ne sont pas des "amis".

Alors que le brun est c'qu'elle peut considérer le plus proche d'une amitié... si c'est possible avec elle. Un "ami" qui connait son vrai visage et ne la rejette pas. Elle arrive pas à décider si c'est de la gentillesse ou de la folie d'sa part. « Ils ont tué mon père. Il y a sept ans. Il était un mutant aussi. Il contrôlait le feu. » Dit-elle d'une voix terne, presque robotique à énumérer les faits ainsi. C'est mieux que de s'affliger. Ainsi, elle arrive à garder un semblant de sang froid. Plus ou moins... « Et il était tout pour moi, ma seule famille qui me restait. J'ai promis de le venger, et j'ai traqué son meurtrier ici. » Pourquoi se confie-t-elle ainsi, bordel ! Pour s'obliger à arrêter de tout déballer comme ça, la brune ramène le thé à ses lèvres et prend une gorgée prudente sans quitter Loeven des yeux. Elle ne mentionne pas que le tueur vit toujours, qu'il ne peut pas mourir même, aussi mutant que le brun qui se tient devant elle. « En attendant de pouvoir l'envoyer rejoindre mon père, j'ai décidé de débarrasser l'monde de gens comme lui. Des chasseurs. C'est un excellent passe-temps pour... oublier. » Oublier la douleur du deuil. La souffrance des souvenirs heureux à jamais arrachés par une simple flèche au coeur de son père. À cause de c'meurtrier, elle ne l'entendrait plus jamais rire à une de ses remarques vertueuses. Il ne lui montrerait plus comment se défendre et la féliciter de ses progrès. Lui dire qu'il est fier. Qu'il l'aime. Elle ne pourra plus jamais le serrer dans ses bras. Et pourquoi ? Parce qu'il était mutant ? « Tu devrais essayer, j'suis certaine qu'on ferait un excellent duo avec un pouvoir comme le tien. » Moitié sérieuse, moitié moqueuse, elle joue avec les mots alors qu'elle sait très bien qu'une telle offre, il est plus du genre à la décliner. Même pour se défendre, il n'avait pas usé de son don pour tuer l'agresseur. Alors se lancer dans la nuit avec une tueuse telle que la Dryden, c'était très improbable. Peu importe si elle se met à lui faire les yeux doux. Jouer de ses charmes. Et étrangement, elle ne veut pas d'son aide. Elle ne veut pas de l'aide de personne. Elle est bien mieux toute seule.

Pourtant, quelque part, une étincelle au fond d'son coeur l'attire vers le Dickens sans qu'elle ne réussisse à l'expliquer, espérant presque qu'il accepte l'absurde proposition.
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MessageSujet: Re: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeVen 12 Fév 2016 - 21:55


i'm learning about you
the things that no one else sees


Une part de lui peinait à admettre qu’il venait de lui faire part de l’un des plus noirs passages de sa vie. La confiance qu’il vouait à la jeune femme lui semblait parfois exister contre son gré. Instinctivement, il ouvrait son cœur, se fiait à elle ; était-ce parce qu’elle lui avait sauvé la vie ? Parce qu’elle traquait ces gens qu’il détestait tout autant qu’elle, mais sur qui il n’osait se résoudre à lever la main ? Il y avait autre chose. Il y avait forcément autre chose. Elle semblait incarner ce qui ressemblait le plus à une alliée, malgré leurs différences. Une sensation étrange se muait dans ses artères, se frayait un passage dans son esprit. Cette impression qu’ils se ressemblaient bien plus qu’il n’y paraissait au premier abord. Que leurs différences ne provenaient que de l’issue opposée qu’ils avaient prise face à un même choix. Lorsqu’était venu le temps de prendre les armes ou la fuite, il avait tourné le dos à la menace alors qu’elle avait choisi d’y faire face. Dans le fond, les choses étaient sensiblement les mêmes. Leurs parcours se rejoignaient étroitement, sans jamais se croiser ; mais c'étaient leurs choix qui avaient séparé ces caractères qui auraient pu être si similaires — si liés. Peut-être était-ce ce qu’il sentait, au fond de lui. Ce qui, à bien des égards, le poussait à s’ouvrir à quelqu’un d’aussi insaisissable et indomptable. Peut-être était-ce aussi ce qui aidait la jeune femme à s’ouvrir également, aussi infime cela fût-il. En venant ici, vulnérable et affaiblie, elle s’était exposée. C’était une ouverture, qu’elle l’admette ou non. La preuve d’un embryon de confiance, si elle se refusait à considérer cela comme une véritable foi envers lui. Et elle était sur la bonne voie pour continuer.

Il espérait qu’elle ne se fermerait pas à la question qu’il venait de lui poser. Il voulait croire qu’elle l’estimait suffisamment pour lui donner les réponses qu’il méritait. La voir débarquer ainsi, en pleine soirée, était plus éprouvant qu’elle ne semblait l’envisager. Il avait, ces derniers temps, une certaine peine à trouver le sommeil — et voilà que lorsqu’il se laissait enfin aller dans les bras de Morphée, elle débarquait. Il n’avait pas rechigné, ne l’avait pas adressée à quelqu’un d’autre. Il s’était occupé d’elle comme la loyauté et la générosité le poussaient naturellement à faire avec tout être humain en difficulté — à quelques exceptions près. Alors, sans réellement l’exprimer, il lui paraissait néanmoins naturel qu’elle lui rende la pareille.

Il s’attendait à une réponse du genre, à une histoire du style. Il s’attendait à ce que son cœur se serre, à compatir à sa souffrance. Pourtant, la sensation fut tout aussi douloureuse que s’il avait été pris au dépourvu. Il s’était souvent reproché son degré trop élevé d’empathie. Aussi calme pouvait-il paraître de l’extérieur, la souffrance qu’il accumulait bien généralement à l’intérieur n’avait pas de limites. Un gouffre sans fond d’émotions négatives, qu’il enterrait avec minutie et patience pour qu’elles ne reviennent jamais le hanter. Il se doutait qu’un jour, il craquerait. Qu’il ne pourrait garder le menton haut et la tête droite indéfiniment. Malgré tout, il se forçait à ne pas y penser. Tant qu’il y parvenait, pourquoi s’inquiéter du moment où les digues cèderaient ? Ne pas se flageller à l’avance, vivre la vie comme elle était à chaque minute qui se présentait : voilà ce qui lui importait. Voilà quelle était la clé qu’il avait trouvée pour supporter le poids du passé, et tout ce qui en avait découlé. Continuer, qu’importe le vent, qu’importe la marée. Ne jamais, au grand jamais, s’arrêter.

Rhaena avait, quoi qu’on puisse en penser, choisi la même voie que celle pour laquelle il avait opté. Mais elle avançait par à-coups, la violence au cœur. Elle se sentait obligée de laisser trace de son chemin derrière elle, dût-elle le joncher de cadavres pour cela. Il ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine admiration pour sa force de sa caractère et pour la solidité qu’elle parvenait à garder affichée. Mais il n’avait jamais pu se résoudre à faire de même — tuer, pour venger ceux qui méritaient de l'être. Son moyen pour que la mort de Lyanna n’ait pas été vaine avait été de rester en vie. Abattre des meurtriers ne la ramènerait pas, et il avait écarté cette option de son esprit depuis bien longtemps déjà. Il préférait encore voir son chemin s’effacer derrière lui, comme une route qu’il n’aurait jamais empruntée, plutôt que de le marquer de sang.

Aussi la proposition de la Dryden ne parvint-elle qu’à lui tirer un sourire triste. Il baissa les yeux, portant à ses lèvres la tasse remplie de thé bouillant. « Je n’en doute pas. » Son don aurait pu lui servir. Il était dangereux, et il le savait. La conscience de pouvoir pousser quelqu’un à se tuer, de simuler plus de suicides qu’il n’aurait été possible à Rhaena de l’imaginer.  La conscience, aussi, de pouvoir briser le cou d’un homme d’un simple mouvement de doigts, forçant son buste à rester immobile et sa tête à pivoter dans un angle inhumain. La connaissance d’être capable de briser les moindres os d’un corps, sans ciller, sans en être affecté. Et pourtant, il s’était toujours refusé à le faire. Refusé à employer ces méthodes barbares et extrêmes, qu’il n’estimait d’aucune efficacité. « Mais j’aurais peur d’attiser davantage leur colère qu’autre chose. » Ses yeux se relevèrent, se plongèrent dans ceux de la Dryden. « Toi, tu n’es pas un monstre à leurs yeux. Moi, si. J’offrirais à ceux qui hésitent encore un prétexte tout à fait légitime pour finalement prendre les armes, et se mettre à en abattre d’autres comme moi. D’autres comme ma sœur. » Un silence, léger. Et, d’une voix bien plus douce : « D’autres comme ton père. » Une nouvelle gorgée de thé lui brûla la gorge, mais il ne broncha pas. « Je ne condamne pas ce que tu fais. Je les déteste, tout autant que toi, et savoir qu’ils font subir à d’autres ce qu’on a vécu, nous aussi, me fait grincer des dents. Mais si je me mettais à les traquer à mon tour, je leur donnerai une raison de continuer. Je ne peux pas me le permettre. Toi, tu peux. » Il peinait à croire qu’il était réellement en train d’encourager la haine et la furie meurtrière de la Dryden. Et pourtant, il n’en éprouvait ni remords ni regrets. Chaque mot était pesé, pensé. Il ne l’aiderait pas. Mais il ne chercherait certainement pas à l’en empêcher.

« Et je suis sincèrement désolé pour ton père. » Les mots s’échappèrent après une brève pause, comme une conclusion logique de ses paroles. Il savait que ça ne le ramènerait pas. Que ça ne soulagerait sûrement pas la jeune femme — ou bien moins, en tout cas, que de s’en prendre à des tueurs. Mais c’était chose naturelle que de lui présenter ses condoléances, aussi modestes fussent-elles. Il n’avait jamais rencontré cet homme, mais cela n’empêchait en rien la sincérité de percer dans sa voix et dans chacun de ses gestes.

La vie continuait, oui ; mais parfois, se bercer des fantômes du passé permettait de s’armer de courage pour affronter demain.
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MessageSujet: Re: hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN   hold me fast, i'm a hopeless wanderer ≈ PV LOEVEN Icon_minitimeLun 22 Fév 2016 - 0:39

hold me fast, i'm a hopeless wanderer
— LOEVEN & RHAENA —

Elle ne comprend pas comment il peut tirer des confidences aussi facilement d'elle. Peut-être est-ce ce regard avenant. L'impression qu'elle peut lui faire confiance alors qu'autour d'elle il n'y a que des menaces. Elle ne sait même pas pourquoi ses pas l'ont menés à son appartement plus que nulle part ailleurs. Si en tout apparence, elle se dit qu'il n'est qu'un moyen de se mettre à l'abri, au fond, il y a bien plus. Il y a cette confiance naissante, l'envie de ne pas être constamment seule. De pouvoir compter sur quelqu'un. La Dryden a un fort caractère, elle sait porter le poids du monde sur ses épaules sans faiblir. Mais étrangement, en compagnie du mutant, elle se sent plus légère, comme si elle n'a plus besoin de se cacher. À force de porter des masques, de jouer de mensonges et de tromperies, elle perdait les petites plaisirs de la vie. Elle en oubliait la tranquillité.

Aller voir un film au cinéma, aller danser dans un bar sans aucune arrière pensée de manipulation derrière la tête ou simplement boire un thé en bonne compagnie, tout cela lui est devenu étranger mais avec Loeven, elle a l'impression que c'est... naturel. Peut-être est-ce aussi d'être confortablement fourrée dans ses vêtements trop grands pour elle mais confortable sur ses frêles épaules. Le fait qu'il ait perdu un être cher comme elle. Qu'il lui ressemble dans toute sa différence. Elle, l'humaine. Lui, le mutant. Et c'est elle la tueuse, pas le contraire. Parfois, l'destin semble se jouer de tous. D'eux d'abord pour les avoir mis sur le même chemin l'autre soir. Les ramener dans son appartement aujourd'hui. Rhaena n'a pas vraiment le contrôle sur ce qui lui arrive. Loeven est entré dans sa vie sans qu'elle n'en réalise le danger. Danger pour son coeur barriqué à double tour. Danger pour sa mission vengeresse qu'il pourrait compromettre en lui détourner ses pensées de la violence de son existence. Et c'est bien ce qu'il fait avec ses sourires rassurants et son air calme. Il apaise le coeur meurtri de la belle et elle ne voit pas la menace venir. Il l'endort de ses petits thés, de sa bienveillance sans arrière pensées. Il la sort de sa zone de confort.

La preuve étant qu'elle lui propose de chasser avec elle. Ce qu'elle n'a jamais proposé à personne et ne le fera jamais. Peut-être qu'elle propose parce qu'elle sait déjà qu'il dira non. Mais quand même, c'est un risque qu'il dise oui et qu'elle se voit ensuite obligée de lui ouvrir un peu plus son monde. Ce qu'elle ne veut pas. Il doit se tenir loin d'elle. Loin de la vipère. De la criminelle cachée sous des airs de gentille assistante du maire. Heureusement, comme elle s'y attendait déjà, il déclina poliment son offre. « Je n’en doute pas. Mais j’aurais peur d’attiser davantage leur colère qu’autre chose. » Prenant quelques gorgés du thé brûlant, elle ne le quitte pourtant pas des yeux. Il l'intrigue. La fascine. Elle admire ce don qu'il possède de briser un corps d'un simple claquement de doigt. Pour avoir ressentir c'que ça fait de voir sa main invisible se poser sur elle, Rhaena ne peut qu'être atirée pour un tel pouvoir. Tout ce qu'elle pourrait faire si elle possédait elle-même une mutation du genre. « Toi, tu n’es pas un monstre à leurs yeux. Moi, si. J’offrirais à ceux qui hésitent encore un prétexte tout à fait légitime pour finalement prendre les armes, et se mettre à en abattre d’autres comme moi. D’autres comme ma sœur. D’autres comme ton père. » Elle garde le silence alors que ses pensées se détournent un instant vers son père. Lewis avait été si important pour elle. La brune sait qu'il n'était pas un saint. Qu'il avait utilisé son pouvoir pour commettre des atrocités. Malgré tout, elle l'avait aimé comme personne. Maintenant, on le lui avait arraché.

Elle considère un instant les paroles du Dickens. Une part d'elle comprend, l'autre s'obstine à voir la violence comme seule solution. « Je ne condamne pas ce que tu fais. Je les déteste, tout autant que toi, et savoir qu’ils font subir à d’autres ce qu’on a vécu, nous aussi, me fait grincer des dents. Mais si je me mettais à les traquer à mon tour, je leur donnerai une raison de continuer. Je ne peux pas me le permettre. Toi, tu peux. » Qu'il utilise son pouvoir ou non. Pour se défendre, se venger. Pour tuer simplement, ne changerait rien à la guerre qui empeste maintenant les rues de la ville. La guerre qui dure depuis longtemps entre mutants et chasseurs. Les hunters n'ont pas besoin de raisons pour chasser des hommes comme lui. Qu'il fasse usage de son don pour le bien, le mal... Il est trop tard. Sa simple nature en fait une cible de choix. Elle a baissé le regard alors qu'elle adopte un air songeur pour essayer de comprendre tout ce qu'il lui dit. Elle essaie de comprendre son pacifisme alarmant mais il n'y a rien à faire. Elle ne comprend simplement pas comment il peut être aussi calme face à la question. Elle relève les yeux sur lui quand sa douce voix lui parvient. « Et je suis sincèrement désolé pour ton père. » Elle reste immobile et l'observe quelques instants. Son regard passant de la tasse qu'il tient entre ses mains à ses yeux. Elle réalise alors qu'elle a fini sa propre tasse bien rapidement sans faire attention. Elle glisse donc le verre vers lui en évitant un instant son regard.

Parler de son père, c'est ardu puisque ça fait naître une rancoeur dans ses tripes qu'elle ne veut pas que le Dickens soit témoin. Elle ramène ses yeux clairs sur lui et tente de paraître calme alors que le deuil la prend à la gorge. « Merci. » Elle ressert un instant son large chandail sur ses épaules, comme si un courant d'air inexistant vient de lui donner froid alors que c'est plutôt la mention du spectre de son père qui laisse un frisson sur sa peau jusqu'à son coeur. « C'est tout à ton honneur de ne pas vouloir leur donner une raison de plus d'haïr les mutants, mais je pense qu'il est un peu tard pour ça. Un jour, tu n'auras peut-être pas le choix... » Fatiguée, n'ayant pas envie de s'étendre sur le sujet, elle soupire un moment. « Mais je respecte ça, si c'est ce que tu crois le mieux... Qui suis-je pour te faire la leçon. » La brune hausse les épaules car après tout, elle n'a pas à lui dire comment faire sa vie même si, n'ayant pas été présente dans la ruelle, le mutant serait probablement mort. Ou bien confronter à tuer plutôt qu'elle soit là pour le faire. Cependant, elle ne veut pas le faire changer d'avis. Il y a assez de violence dans sa vie pour ne pas ajouter cette mauvaise influence dans celle du jeune homme. Et d'une certaine manière, elle l'aime bien ainsi. Posé, chaleureux. Altruiste. Tout ce qu'elle n'est pas.

Sa cheville toujours douloureuse, le thé et la présence de Loeven comme un baume sur son âme, elle se sent soudain épuisée. Rhaena se redresse et d'un signe de tête, pointe le salon. « Je vais aller fermer l'oeil. J'peux prendre le divan, ça ne me dérange pas. Et ne pense même pas m'offrir ton lit, le salon me convient parfaitement. Je t'ai assez dérangé comme ça. » Elle lui tourna le dos, ne laissant pas de place à la discussion mais avant de disparaître dans le salon, elle se retourne un moment et laisse tomber dans un murmure... « Bonne nuit. » Et elle s'éclipse alors pour aller s'étendre sur le divan et fermer l'oeil plus rapidement qu'en temps normal. Comme si la sécurité des murs de l'appartement du Dickens sont plus protecteurs que n'importe quelle forteresse.

— THE END —
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