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 (cesare) ≡ there is nothing we could do.

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

ADMIN - master of evolution
MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: (cesare) ≡ there is nothing we could do.   (cesare) ≡ there is nothing we could do. - Page 2 Icon_minitimeMer 27 Jan 2016 - 19:12


that's all we'll ever be- finished, without an ending
AN INCOMPLETE SENTENCE. A HALF-WRITTEN STORY.
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and the night is moonless, and the stars don’t shine, and her tears burn her cheeks as his screams tear his throat. it’s dark, too dark, the shadows grow thick as she moves further away from him. it’s her guilt that leads her, it’s the blood on her hands that guides her feet one step at a time. he’s silent in his grief, understanding but also resenting, because their together didn’t mean forever. w/isolde saddler & cesare demaggio.


Combien d’temps ? Combien d’secondes, combien d’minutes ? Elles étaient là, glissant contre la paroi de l’esprit du DeMaggio, immuables et imperturbables – qu’ils hurlent ou qu’ils s’enserrent l’un contre l’autre, le temps passait à la même vitesse. Inchangé et inchangeable. Tout c’qu’ils avaient cru être, tout c’qu’ils n’étaient pas là : les mots autrefois baignés de confiance et d’entente avaient perdu ce qui les avait rendus si doucereux à l’époque. Les gestes anodins, n’étaient désormais que des tortures à leurs cœurs, qu’ils s’imposaient, tant bien qu’mal, par la force des choses. Parce que leurs cerveaux, leurs tripes n’s’étaient pas encore totalement faits à la force du temps, la prescience du réel qui avait déjà entrainé aux oubliettes, tout ce qu’ils avaient été. La mémoire, c’était cette chose tenace et précieuse à la fois ; des parcelles de son être qui se réveillaient, sans que Cesare n’en ait nécessairement envie – à quoi bon ressasser des jours révolus auxquels il n’pourrait plus avoir l’impression de goûter, d’une quelconque façon ? Là encore, les cris pouvaient avoir cessé, la haine pouvait avoir fondu comme neige au soleil, l’intimité de leur attachement était différente. Différente ; empreinte de c’quelque chose qui entachait leurs âmes – l’odeur de cramé accroché à leurs narines depuis cette nuit-là. Ou tout ce qui s’était passé depuis, pour une raison ou une autre. A cause d’eux, à cause des autres ; à cause d’une suite d’événements qui pouvait découler, plus ou moins directement, de c’qu’ils avaient accompli – ou de c’qu’ils avaient défait. Ils défaisaient plus de choses qu’ils n’en accomplissaient, pour sûr ; les mois avaient couru partout autour d’eux, une évidence qu’ils n’pouvaient pas nier, rien qu’en observant le ventre proéminent d’Isolde, le temps qui parlait pour lui-même – et qu’avaient-ils accompli, en fin d’compte ? Encore et encore d’innombrables disputes qui avaient toutes eues la même allure, la même saveur, et le même arrière-goût. Horreur, culpabilité, rage, car au final, c’était infiniment plus facile d’ressentir ça que d’passer à autre chose, et d’être sans cesse poursuivi par cette idée d’avoir survécu là où tant d’autres n’l’avaient pas fait. Et l’auraient mérité. Plus que lui en tout cas ; y’avait sûrement un Créateur là-haut qui crevait d’impatience de se retrouver face à un Cesare qui avait des siècles et des siècles de Pénitence à accomplir avant d’avoir droit à quoique ce soit. Depuis bien longtemps, déjà, le fils DeMaggio n’croyait plus aux préceptes religieux profondément ancrés dans l’esprit de sa mère – comment croire en un Dieu quelconque quand on vivait c’qu’il vivait ? – mais s’il y avait une chose en laquelle il voulait bien croire, c’était ça. Qu’un jour, il aurait des comptes à rendre devant quelqu’un – que ce soit une autorité d’ici-bas, du monde des vivants qui le condamnerait à la peine capitale selon les lois de l’état dans lequel ils vivaient. Ou une supérieure encore, infiniment plus haut que tout c’qu’ils connaissaient ici. Lui, son père, sa cousine – Aria elle-même, eux tous auraient quelqu’un à regarder droit dans les yeux à la fin d’leur vie. Des noms à écouter, des listes interminables faites des noms des cadavres qu’ils avaient laissés dans leurs sillages. Combien d’hommes, combien de femmes ? Cesare n’se souvenait même plus de l’identité du tout premier, le nom de sa première victime – c’était y’a trop longtemps, à une autre époque. Presque dans une autre vie, quand bien même ce n’serait pas comme ça qu’il se déchargerait de cette responsabilité. Y’avait des âmes, quelque part, qui réclamaient leur dû, et le chasseur ne pouvait que les entendre – gronder dans ses tripes et ses remords, à mesure que le temps courait, les années s’amassaient sur sa ligne de vie pour le faire survivre, coûte que coûte. Aux dépends de tous les autres.

Ouais, tout c’qu’Isolde pouvait penser des chasseurs, tout c’qu’elle ne daignait pas dire à haute voix pour expliquer et décrire la haine qu’elle ressentait à leur égard, il le savait. Il le pensait. Il s’le répétait inlassablement. Avec sa voix à elle, la voix d’Anthea, la voix de tous les autres, un brouhaha assourdissant qui le privait de sommeil ou d’une quelconque paix d’l’esprit. Wikipédia, somme toute, ç’avait été une échappée stupide de la réalité oppressante et noire dans laquelle il avait toujours évolué. Wikipédia, ç’avait été toucher du bout des doigts une idée qu’il n’osait qu’à peine envisager plus avant ; il serait père – un jour, ce soir, quand bien même c’n’était pas fait pour lui. Quand bien même il n’en avait ni l’expérience, ni un exemple, ni le caractère pour. Ses phalanges entachées par tant de sang, comment pourrait-il envisager de toucher, prendre dans ses bras une nouvelle vie qui n’pouvait qu’aspirer à mieux ? Qu’attendait-on de lui, au fond ? Sûrement que dans les plans de ses parents, un beau jour, ils lui auraient présenté une digne fille d’un noble lignage de hunters – l’histoire de la rencontre de ses parents, il la connaissait bien. Sans doute qu’ils auraient joué les entremetteurs patients pendant quelques temps, avec l’espoir que ça mène quelque part. Avant d’s’impatienter, d’les pousser au mariage pour une raison ou une autre : y’avait un secret, lourd et glacial dans sa famille à lui, qui avait toujours empoisonné le cœur de sa mère. Il le savait, quand bien même Isabela n’avait jamais daigné ouvrir la bouche à ce sujet, repoussant brutalement son fils et sa fille à chaque fois qu’ils avaient tenté une approche de ce côté-là. Et un beau jour, trop tôt, ils auraient à coup sûr, attendu de Cesare qu’il prenne les armes pour préparer ses propres enfants – à ce qui les attendait dehors. Au devoir familial. A l’héritage. A toutes ces conneries sans intérêt. Cesare, le portrait craché de son père, jusqu’au bout du bout, et dans les décennies à venir. Et aujourd’hui, rien n’ressemblait aux projets d’avenir que les parents DeMaggio avaient pu avoir pour leur fils : comble du sacrilège, c’était une fille qu’Isolde allait mettre au monde. Une fille comme Aria, la gamine qu’son père avait si rapidement délaissé – aux dires de sa mère, ç’avait été comme si Rafael avait vaguement pris le bébé dans ses bras, pour le dévisager non sans une haine profonde brillant dans ses prunelles, avant de l’abandonner à la responsabilité de la mère. Y avait-il une responsabilité génétique, un devoir lié à son patronyme, qui allait exiger de lui qu’il en fasse de même ? C’n’était pas comme si le transmutant avait eu quoique ce soit en tête – pas même du désintérêt, pas même de la hargne, pas même de l’impuissance. Peut-être surtout d’ces peurs viscérales qu’il n’avait même pas encore mis à haute-voix, tant elles étaient… insupportables. Gabriela, pourtant, était une preuve indéniable de tout ça – sa cousine, qui s’retrouvait à mener le combat de sa vie à la recherche du bébé qu’on lui avait pris, sous prétexte qu’elle était une transmutante. Parce qu’ils venaient d’une famille de chasseurs et qu’leurs parents, leurs parents étaient encore assez dérangés pour essayer d’combattre toutes les preuves que la réalité leur balançait en pleine gueule. Cesare et Isolde – quel genre d’enfants allaient-ils engendré ? Une fille, ouais. Et ? S’il n’était pas expert en génétique, y’avait peu d’place pour le doute malgré tout – est-ce que ce bébé serait un transmutant ? Et combien de mois, combien d’années passeraient avant que cette tare ne se réveille en elle ? Et que se passerait-il, à partir de ce moment-là ? Car au fond, Cesare et Isolde, tous les deux, comme ça, ils battaient du vent, s’voilaient la face, se hurlaient dessus ; mais c’était comme s’ils n’avaient fait qu’amener d’la misère partout autour d’eux.

C’n’était pas comme ça qu’il voulait voir les choses – presque égoïste en de telles circonstances, si prompt à se voiler la face. Ou à remuer le passé, le passé délicieux et inaccessible qu’ils s’refusaient de même envisager. Ni dans l’passé, ni dans l’futur où ils accepteraient qu’ils n’étaient plus rien ; ils étaient… ils étaient ‘ils n’savaient quoi’. A tous les coups, pas l’meilleur décor pour qu’un bébé pointe son nez. Quelle merde. Quel bordel. Et dire que ce bébé n’avait même pas de nom, même pas de chambre, même pas d’poussette ! Et dire qu’finalement, il n’était franchement pas bien placé pour la blâmer de toute manière. Il ne l’faisait pas, ses pensées à des milliers de kilomètres de tout ça, noyées dans une panique incontrôlable, qui lui retournait les tripes et lui filait la nausée. Et paradoxalement, les peurs de ce genre, les inquiétudes nées dans ses entrailles, c’n’était pas quelque chose qu’il avait l’habitude de connaître : peu importait c’qu’il avait fait jusqu’alors, les actes qu’il avait accomplis et les risques qu’il avait pris. Ils avaient toujours été maîtrisés, le sang-froid du hunter prévalant sur tout le reste. Ouais, même en faisant exploser cet entrepôt rempli de gens, de transmutants et d’humains parfaitement normaux, Cesare avait été en pleine possession d’ses moyens : son esprit focalisé sur Isolde et sur Aria, certes, mais son cœur battant à un rythme régulier, presque serein. Serein dans la mort, serein à l’idée d’la délivrer comme ça si facilement, sur des gens à qui il n’avait clairement rien eu à reprocher. Hormis le fait d’être dans la balance qui s’était imposé à lui, avec la voix de son père : eux contre elles deux. Le monde entier contre elles deux, quand bien même ça n’avait aucune logique, humaine ou physique. Et Isolde le haïssait pour ça, et Aria lui en avait voulu jusqu’au dernier jour de sa vie – comme quoi, fallait croire qu’il avait été guidé par l’inconscience de ses instincts bien avant ce soir. Mais ce soir, c’était différent – ce soir, les masques étaient tombés, la hargne balancée de côté. Et Cesare, infiniment contraire à tout ce que la blonde avait pu connaître de lui jusqu’alors. Ca la faisait rire, au moins, c’était déjà ça – n’est-ce pas ? Le ton avait bien changé, en si peu de temps, et ce serait presque fou et inconsidéré de se raccrocher à ça pour s’dire qu’ils avaient peut-être quelque chose à récupérer. Qu’ils étaient finalement, peut-être plus que deux imbéciles se hurlant dessus jusqu’à en cracher leurs cordes vocales et toutes ces quantités de colère refoulée. Peut-être, toujours sans en avoir la moindre légitimité, le moindre droit : les cadavres, eux, seraient toujours des cadavres. ‘Merci’ était pourtant un mot si simple, qui n’avait pas navigué entre eux depuis trop longtemps – ces quelques lettres alignées qui signifiaient tant. Trop, quand elles étaient vouées au type qui avait tué tous ces gens, et anéanti, étouffé les éclats d’lumière dans leurs cœurs meurtris. Meurtris par tant d’épreuves, tant d’étapes de leurs vies – ugh, comment pouvaient-ils imaginer avoir quoique ce soit à donner à ce bébé qui allait naître ?! Mais Isolde n’devait pas mourir, Isolde n’pouvait pas mourir ; car s’ils étaient des cas désespérés à deux, le sort de leur fille serait déjà jouée, vouée aux ténèbres et à rien d’autre, s’il devait être seul à s’en occuper. Et quoi ?! Il n’était même pas capable de garder sa sœur vivante, d’s’assurer qu’elle allait bien et qu’elle pouvait trouver une chance de se reconstruire après tout ce qu’elle avait vécu. Aria, finalement, il avait échoué avec elle comme il avait échoué à tout le reste. Comme il échouerait, s’il s’retrouvait avec ce nourrisson sur les bras, et personne – personne pour éveiller c’qui en valait la peine chez lui. Si peu. Et depuis combien de temps était-il muet, comme ça, happé par ses songes et ses hantises ? Le regard dans le vague, Cesare en avait oublié de caresser la main d’Isolde, ses doigts simplement ancrés à ceux de la jeune femme, comme si ça pouvait lui permettre de la retenir, si elle sombrait dans le gouffre qui avait déjà aspiré tant de vies autour de lui. Il avait oublié son autre main, qui était passée dans le dos de la mutante, et il ne se reprit que lorsque la réalité s’imposa à lui. « Ouais. J’vais appeler. Essaye d’te détendre. » qu’il signifia, lui adressant un regard dans la pénombre de la chambre. Et il la laissa là, sur le lit, se redressant pour sortir son téléphone portable de la poche de son pantalon. Et combien d’temps, combien d’temps resta-t-il là à fixer l’écran de celui-ci ? « Isolde. » finit-il par lâcher, mâchoires serrées dans ces mots qu’il n’voulait pas dire – qu’il devait dire. La réalité froide et cruelle, d’la famille cruelle à laquelle il appartenait. « Tu sais c’qu’y… c’qu’y peut arriver, si quelqu’un dans ma famille venait à découvrir que- » qu’ils avaient une fille, ou allaient avoir une fille. Ou que leur amour, aussi éphémère et détruit avait-il été, avait engendré un être humain, fragile et tout juste bon à être façonné de A à Z, avec quelques gouttes du sang DeMaggio dans ses veines. Pour dire ces mots, il désigna d’un regard le ventre proéminent qui la torturait tant. « Ils f’raient tout c’qu’ils peuvent pour... te blesser, ou la blesser elle. » ou pire encore, selon les points de vue.

Il aurait pu s’mettre à parler clairement, froidement, du cas de sa cousine sortie de nulle part qui cherchait depuis près d’un an à retrouver le bébé que ses parents avaient enlevé, avec la ferme intention d’en faire un chasseur, plus qu’un transmutant. « J’veux dire… s’il te plait, l’oublie jamais. » c’était comme s’il n’pouvait pas supporter cette idée, n’pourrait pas l’encaisser – d’être encore, et encore, source de plus de mal pour elle. « Et même si j’sais pas vraiment où j’en suis, ou c’que j’fais... tu peux au moins croire ça. Jamais –j-jamais j’dirais ou j’ferais quoique ce soit qui leur permettrait de remonter jusqu’à elle. » peut-être était-ce d’ailleurs c’qu’il avait fait jusque-là. Y’avait pas à douter, qu’Isolde avait juste interprété ça comme de l’indifférence totale et froide ; c’était plus que ça. Surtout un besoin, inconditionnel et stupide, de savoir que jamais rien d’noir et de meurtrier de chez les DeMaggio n’aurait touché cet enfant. Cette vie-là. Mais dans ses entrailles, et les convictions qui vibraient avec son sang, y’avait ça qui était net et précis ; cette promesse, il la tiendrait jusqu’à sa mort,  sans faillir, sans trahison, sans mensonge. Si nettement, qu’il n’avait eu aucun mal à plonger ses yeux noirs dans ceux, si clairs de la jeune femme ; et peut-être qu’elle jugeait déjà que ç’avait été une pause loin d’être nécessaire au beau milieu de ce qu’il se passait. Il savait que ç’avait été nécessaire – nécessaire pour lui de le dire. Et avant qu’elle n’ait répondu quoique ce soit, ou dit quelque chose, il reporta son attention sur le téléphone qu’il avait toujours entre ses mains. Toujours sans rien faire, suspendu dans une hésitation qu’il n’aurait pas dû avoir. Qu’elle parte, c’n’était pas c’qu’il avait voulu y’avait pas si longtemps ? N’était-ce pas ce qu’il devrait faire, la laisser partir, arriver seule à l’hôpital ? Rien qu’pour tenir cette promesse qu’il venait de faire. Rien que parce que c’était son devoir. Mais… mais. Ses mâchoires se serrèrent, dans un silence oppressant et assourdissant. « J’peux t’conduire. » dit-il simplement, oscillant entre l’espoir qu’elle refuse, qu’elle soit plus disciplinée et raisonnable que lui ; et la peur qu’elle le fasse. Quelle connerie, à croire qu’il n’savait, ouais, pas s’décider. Entre c’qu’il fallait faire, c’qu’il n’fallait pas faire. Où il manquait à ses devoirs, et où il les accomplissait. Il s’était approché du bord du lit à nouveau, tendant une main dans la direction de la Saddler pour l’aider à se relever, trouvant son regard une nouvelle fois. Y avait-il quoique ce soit en lui, qui lui permettrait d’toute manière d’la laisser là, partir avec une ambulance d’inconnus, plutôt que de faire les choses concrètement ? Parce qu’au fond, c’était ça leur truc ; jamais, ils n’s’laissaient complètement partir. C’était leur Salvation et les causes de leur chute tout à la fois.
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Isolde Saddler
Isolde Saddler

ADMIN - master of evolution
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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: (cesare) ≡ there is nothing we could do.   (cesare) ≡ there is nothing we could do. - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Jan 2016 - 22:31

You and me against the world, Like a little boy and girl.
— cesare demaggio & isolde saddler —
There were monsters beneath our bed, And we were scared until we taught them all to sing and then we had a laugh instead. You and me on stormy seas It had brought us to our knees There were dangers, all around And we were frightened by the wind and when it blew until it blew us to dry ground. Baby here we are tonight, The dark will turn into the sunlight Don't you know it always does. It always was And it will be all right. — monsters.

Isolde n’était pas prête. C’était une chose dont elle était certaine. Plus la douleur se faisait intense, plus elle avait l’impression d’avoir en tête la liste des nombreuses choses qui lui restait à faire avant la naissance du bébé. Y avait pas que la poussette qui manquait, y avait tellement d’autres choses. Une liste de choses pour lesquelles elle pensait avoir encore le temps de faire. Mais du temps, là elle avait l’impression qu’elle n’en avait plus. Le bébé allait arriver, même si elle se donnait un mal fou pour nier l’évidence, le bébé allait venir. La petite fille qu’elle portait depuis neuf mois maintenant, n’allait pas attendre que sa mère soit prête pour venir au monde. Malheureusement, si le petit bout de bébé qu’elle avait en elle décidait de pointer le bout de son nez aujourd’hui, alors elle viendrait au monde aujourd’hui. Isolde n’était pas prête et elle aurait probablement tout fait pour que la douleur s’arrête et qu’elle puisse rentrer chez elle comme si de rien était. Passer une nouvelle journée, une nouvelle semaine sans bébé dans le bras. Un petit peu de temps en plus qui lui permettrait de finir tout ce qu’elle avait prévu de faire avant la naissance de sa fille. Finir cette liste qui en cet instant n’en finissait plus et dans laquelle il y avait tellement de choses sans importances qui pourtant à ses yeux étaient primordiales. Elle aurait voulu juste un petit peu de temps en plus avant d’accueillir sa fille, histoire d’être prête. Est-ce qu’elle l’aurait vraiment été avec un petit peu de temps en plus ? Elle était toute seule et toute seule, y avait aucun moyen pour qu’elle soit prête même avec quelques jours en plus, quelques semaines, ou même un mois complet. Elle ne serait jamais prête, parce que sur la liste de toutes les choses dont elle avait besoin avant la naissance de sa fille, y avait au moins une chose qu’elle n’aurait jamais. Y avait au moins une chose qu’elle ne pouvait pas offrir à sa fille et c’était son père. Cesare ne serait pas là pour la petite. Malgré tout le temps qui s’était écoulé depuis le début de sa grossesse, malgré tous les efforts qu’elle avait fait pour admettre la chose et faire comme si ça n’avait pas d’importance pour elle, maintenant qu’elle était en face de la chose, elle réalisait à quel point elle aurait eu besoin qu’il soit là. Pas seulement besoin, envie aussi. Mais il ne serait pas là. Elle ne savait pas comment allait se terminer cette visite, mais elle savait qu’au bout, tout au bout de la route, elle serait toute seule avec sa fille.

Il pouvait regarder ce qu’il voulait sur wikipédia, ce n’était pas ça qui ferait vraiment la différence. Ce n’était pas parce qu’il lisait un article de médecine sur internet que ça ferait de lui un chirurgien. Tout ce qu’il pouvait savoir sur la grossesse, l’accouchement, ça ne suffirait pas à faire de lui un père. La seule chose qui pourrait faire la différence, ce serait qu’il décide de tout laisser tomber pour être là pour sa fille. Mais il ne le ferait pas. Y avait aucun moyen pour qu’il le fasse. Elle le savait très bien. Sa présence à ses côtés, ça n’allait pas tarder à s’arrêter. Y aurait un moment où il ne serait plus là. Que ce soit dans quelques heures après l’hôpital ou bien au moment où elle serait dans l’ambulance. Ça n’avait pas d’importance. Il allait s’éloigner, parce que c’était toujours comme ça que ça se terminait entre deux. Elle soupira légèrement alors qu’il lui disait de se détendre, c’était clairement plus facile à dire qu’à faire. C’était même impossible dans son cas. Elle n’avait probablement jamais été autant angoissée de toute sa vie et chaque nouvelle contraction avait pour effet de la stresser encore plus. Elle releva le nez vers lui alors qu’il prononçait son prénom. Qu’est-ce qu’il avait encore ? Taper 911 sur le téléphone, ce n’était pas bien compliqué logiquement. Elle garda ses répliques pour elle, consciente au fond d’elle qu’à l’heure actuelle, mieux valait qu’elle se taise, sinon, tout ce qu’elle pourrait dire risquait d’être méchant sans raison. Elle arqua un sourcil suite à sa réflexion. Elle connaissait sa famille et tout ce qu’ils représentaient, mais il n’y avait pas moyen pour qu’ils s’approchent de sa fille ou d’elle sans y perdre la vie. Elle s’en fichait bien que ce soit la famille de Cesare ou le pape en personne, si quelqu’un essayait de s’en prendre à sa fille, alors elle le tuerait de ses propres mains, fin de l’histoire. Elle n’avait pas peur de la famille Demaggio, pas plus qu’elle n’avait peur des autres chasseurs. Elle n’hésiterait pas à leur briser la nuque s’ils venaient à s’en prendre à sa fille. Ou à elle. Elle aurait déjà dû à l’époque, les envoyer six pieds sous terre, elle aurait peut-être dû revenir pour eux, chercher à se venger après ce qu’ils avaient pu faire. Mais elle ne l’avait pas fait, à tort peut-être, parce que de toute évidence, ces gens ils seraient mieux morts.

« Je tuerai n’importe qui ayant l’envie de s’en prendre à ma fille. Demaggio ou pas. » Elle s’en fichait complètement de qui est-ce que c’était, si quelqu’un voulait tuer sa fille, il aurait à faire à une Isolde plus furieuse que jamais. C’était une battante, le genre de fille qui ne se laissait pas faire facilement, alors c’était certain que pour sa fille elle serait pire encore. Celui qui ferait du mal – ou essaierait – le regretterait amèrement. « Okay. » Elle lui adressa un regard, probablement de ceux qu’elle n’avait pas eu l’occasion de poser sur lui depuis un moment déjà. Ce genre de regard qui voulait dire qu’elle lui faisait entièrement confiance. Elle avait elle-même cru que ce n’était pas prêt d’arriver, pas après qu’il l’ait trahie. Mais elle savait pourquoi il avait fait ça. Pour elle, pour sa sœur. Pour des personnes auxquelles il tenait. Alors elle avait la conviction qu’il pouvait faire ça pour ce bébé. Parce que c’était sa fille et qu’au fond, elle était certaine que Cesare était un type assez bien pour s’en soucier. « Le jour où tu sauras où tu en es et c’que tu fais, ais au moins en tête que si tu le voulais, tu pourrais avoir une famille mieux qu’celle-là. » S’il le voulait, il pourrait. Parce qu’elle serait toujours là quelque part, avec sa fille et que de son point de vu à elle, cette enfant pourrait toujours avoir besoin d’un père. Aujourd’hui comme dans vingt ans. Un père mieux que celui de Cesare, ce qui ne semblait pas difficile à être. Suffisait juste d’être un peu moins cinglé et d’avoir un cœur et ça, Cesare, il en avait un. Elle le savait. Il était revenu vers elle lui annonçant qu’il allait l’emmener lui-même à l’hôpital. Elle s’était relevée grâce à son aide, restant appuyée à lui. Elle n’irait pas bien loin toute seule, c’était certain. « T’es pas obligé tu sais, j’sens qu’jvais pas tarder à t’insulter, juste parce que ça fait du bien d’insulter les gens. » Elle en avait vraiment envie, insulter tout et n’importe quoi, même les objets, gueuler pour gueuler, parce qu’elle avait mal, vraiment mal et que ça pouvait l’aider à se défouler. « Dépose-moi et pars, reste pas. » Pas qu’elle n’ait pas envie qu’il reste, au contraire, elle n’avait pas envie d’être toute seule, alors elle aurait vraiment voulu qu’il reste. « T’es d’jà assez abimé comme ça. Brise pas ton cœur davantage. » Elle posa sa main sur sa poitrine, juste là où battait son cœur, le fixant quelques secondes avant d’enserrer sur t-shirt entre ses doigts sous le poids de la douleur. Partir après la naissance de sa fille, ça lui ferait probablement du mal, mieux valait qu’il n’ait pas l’occasion de voir ce bébé. Il partirait c’était certain, alors puisqu’il y avait des peines qu’il pouvait s’éviter, autant qu’il le fasse. Elle ne pouvait pas s’imaginer elle, partir sans se retourner après avoir croisé les yeux de sa fille et y avait aucun type bien qui pouvait supporter ça sans sentir son cœur se brise. Alors ce serait mieux pour lui qu’il ne reste pas. Pour elle, tant pis, elle s’en sortirait, il le fallait.  
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (cesare) ≡ there is nothing we could do.   (cesare) ≡ there is nothing we could do. - Page 2 Icon_minitimeVen 29 Jan 2016 - 2:16


that's all we'll ever be- finished, without an ending
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and the night is moonless, and the stars don’t shine, and her tears burn her cheeks as his screams tear his throat. it’s dark, too dark, the shadows grow thick as she moves further away from him. it’s her guilt that leads her, it’s the blood on her hands that guides her feet one step at a time. he’s silent in his grief, understanding but also resenting, because their together didn’t mean forever. w/isolde saddler & cesare demaggio.


Maintes fois, il avait essayé d’comprendre. Il avait tenté par tous les moyens possibles, de se mettre à la place d’Isolde, de transposer son esprit et ses ressentiments dans ce qu’elle avait pu vivre. Ce qu’elle avait traversé, à cause de lui, ou avant même qu’ils n’se rencontrent. N’était-ce pas comme ça, après tout, qu’il avait réussi à voir celle qu’elle était, au-delà des apparences ? Y’avait eu une loi toute naturelle en lui, une hargne assassine qui l’avait toujours empêché de voir les dégénérés comme des êtres humains à la génétique défaillante. Le premier de ceux-ci, auquel on l’avait confronté après tout, avait tout eu pour ressembler à une créature sortie tout droit de l’enfer – un monstre, capable de dévorer la chair humaine, de tuer l’humanité par la force d’un appétit insatiable. Il les avait vues, ces preuves indéniables, passer devant ses yeux, définir sa vision du monde et de la mission cruciale qui avait incombé à sa famille – ça n’avait pas été un choix de son père, ou de son grand-père, ou de ses ancêtres avant cela, avaient-ils tous dit ; ç’avait été un devoir, une responsabilité dont le but était de servir l’humanité avant tout le reste. De sauver, des innocents d’un sort monstrueux ; presque sauver les dégénérés d’eux-mêmes, sauver les monstres de leur monstruosité. Sauver, tuer, détruire, sauvegarder – tant de notions antithétiques qui avaient eu un lien dans la tête du fils DeMaggio, pendant tant de temps : si y’avait une chose que l’éducation de Rafael DeMaggio pouvait prouver, c’était ça – la prescience d’une éducation savamment pesée sur un esprit quel qu’il soit. Les volontés de Cesare, son libre-arbitre et ses propres opinions avaient fondu comme neige au soleil, enchainées à des paroles et des paroles assourdissantes qui n’avaient eu de cesse de trouver un ordre logique dans son cerveau. C’avait été physique, psychique, une manipulation avisée bien plus que de la bientraitance, de l’éducation toute simple de la part d’un patriarche bienveillant. Avait-ce alors été un instinct rebelle, une pique d’orgueil née de la solitude et de la rancœur du fils, qui avait poussé celui-ci à s’rapprocher autant de l’Isolde, apparue de nulle part dans sa vie ? Ils n’se seraient jamais rencontrés, n’seraient jamais entrés si brutalement dans la vie et l’un et de l’autre, s’il n’avait pas été ça. Quelque chose, quelque chose d’assez défiant à l’égard des préceptes de son père et d’sa famille toute entière, pour choisir de garder le secret sur sa mutation plutôt que de l’avouer. De but en blanc, comme ça, quitte à affronter le courroux meurtrier de son père : c’était c’qu’y serait arrivé, après tout ; Cesare aurait été abattu comme rien d’plus qu’un vulgaire animal enragé. Et le monde aurait continué de tourner. C’était ce qu’on aurait exigé de lui, ce que le sang DeMaggio battant à ses veines aurait réclamé comme dû – sa mère, son père, peut-être même sa sœur, tous auraient accepté ce sort, cette condamnation faite par la nature elle-même. Ca n’aurait pas été la faute de Rafael, après tout, d’arracher à la racine la menace qui aurait pu renverser toute leur famille – ç’aurait été d’sa faute à lui, Cesare, la progéniture qui n’aurait pas correspondu aux attentes de ceux qui étaient venus avant lui. Ou peut-être auraient-ils opté pour l’option d’faire comme avec Aria ; plutôt qu’une simple balle dans la tête, laisser la rage consumer tout le reste, la quelconque clémence offerte par une mort rapide, éclair, un bruit dans l’air avant le silence total. Ils l’auraient embarqué, transformé en cobayes et auraient… auraient il n’savait quoi ; parce que Cesare n’avait jamais osé demander de but en blanc, et Aria avait toujours ravalé ses cauchemars dans un mutisme qui l’éloignait. Lui, le frère indigne qui n’était revenu pour sa petite sœur que trop tard. Parviendrait-il un jour à surmonter ça ? Défaire le nœud qui enserrait ses tripes, profondément dans son ventre, à chaque fois qu’il pensait à tout ça ? Tout ce que sa cadette avait affronté seule, à cette époque-là ou même après ; ouais, il l’avait prise dans ses bras, l’avait enserrée de toutes ses forces dans l’espoir de chasser ses démons. Il avait espéré, espéré défaire l’empreinte de ses erreurs de l’âme de sa sœur – espérer, il le savait maintenant, ça n’avait rien changé.

Peut-être était-ce pour ça, qu’désormais il n’était qu’une créature dénuée de toute croyance : espérer que les choses passent, et changent avec Isolde, ç’avait appartenu presque à un autre Cesare. Espérer que la vengeance, la mort des meurtriers de sa sœur allégerait son âme. Espérer qu’il serait un jour apte à tuer son père, tuer sa mère et éradiquer les menaces qui planaient au-dessus de sa tête. D’la tête de la Saddler – et d’la tête de leur fille. Espérer – c’n’était pas pour ce monde, mais il aurait été prêt à y croire si Isolde y avait cru ; si ç’avait permis de la ramener, elle, la fille dont il était tombé amoureux, la fille qui avait fait naître une lueur idéale et idéaliste dans son être à lui. N’étaient-ils désormais voués qu’à ça ? N’plus attendre rien, juste se consumer dans le monde qui leur était offert, sans rien attendre d’autre ? Il aurait voulu lui apporter plus, plus que la triste, dégueulasse réalité dont il avait toujours eu conscience, sans l’dire à haute voix. Il aurait voulu la rendre resplendissante, resplendir à ses côtés, être un autre Cesare que la déchéance d’humanité qui s’affichait si souvent, à la vue de tous. Que de cruels échecs, que de faux-pas qui avaient tous eu des conséquences dévastatrices. Dans la tête de la transmutante, Cesare DeMaggio n’devait être rien de plus que le synonyme du chagrin, de la haine et de la mort. Etait-ce donc ça, qu’il n’supportait pas ? Etait-ce ça qu’il ne supporterait pas de lire au fond des prunelles brisées de sa vis-à-vis ? Sûrement, quand bien même il le méritait – y’avait une incarnation d’Isolde, née dans son esprit à lui, sa raison et sa déraison, qui le blâmait pour tous ces maux qu’elle n’avait jamais, elle non plus, mis à haute voix. Mais tout autant que pour Aria, sa sœur qui avait tant eu besoin de lui, le chasseur n’avait fait que répandre déception et abandon dans les entrailles et le cœur de la transmutante. A quoi bon espérer quoique ce soit de mieux, pour le bébé qu’elle avait dans les entrailles ? A quoi bon envisager la Pénitence et le Pardon alors même qu’y’avait ce chemin si coutumier, si habituel de la mort qui se pointait juste devant lui ? Ouais, définitivement, traquer les monstres qui lui avaient pris Aria, semblait bien plus facile que d’envisager d’s’en détourner. Tenir la main d’Isolde entre la sienne, et lui promettre des choses qu’il n’se sentait pas la force d’accomplir : comment pourrait-il penser à peindre une chambre, choisir une poussette ou un prénom, alors même que sa sœur n’était plus là ? Que les assassins d’celle-ci respiraient l’air, empoisonnaient l’atmosphère, et répandaient la mort partout où ils passaient ? Comment être autre chose, qu’un DeMaggio, celui qui apposait du bout des doigts, le baiser de la Faucheuse, sans aucune hésitation et sans le moindre remord ? Y’avait l’empreinte de son père, marquée au fer rouge sur son âme, qu’il le veuille ou non – Cesare le savait, dans ces faits qu’il n’disait pas à Isolde. Cette cicatrice fichée à son épaule, la trace de la balle que sa propre mère lui avait tiré dessus, dans le dos, comme ça – la seule chose, la seule chose qui l’avait empêché de totalement consumer son âme. Détruire ces petits relents d’humanité dans l’acte qu’on disait impardonnable ; un parricide, le meurtre du père par le fils, vulgairement rejeté au sol comme un animal blessé. Il aurait pu l’embrocher, sans l’ombre d’une hésitation, sentir son sang chaud couler sur ses mains et n’pas ressentir autre chose que de la rage, de la hargne, une fureur incandescente qui s’imprimait toujours plus intensément à ses veines. Et le cercle aurait été refermé, la boucle bouclée – Isabela avait-elle sauvé son mari, ou l’âme de son fils plus encore ? Aucun DeMaggio n’daignerait répondre à cette question ; une infinie problématique, sans doute. Des problèmes qui n’se posaient pas à Isolde, sans doute – et quand bien même y’avait le lien du sang, le devoir du fils aux parents, le chasseur ne put la blâmer pour les mots qu’elle prononça. Elle tuerait ceux qui s’attaqueraient à elle, ou à sa fille. Il se sentait l’ardeur d’en faire de même ; car après tout, ce bébé sur le point de naître n’était-il pas aussi son sang ? Oh, au fond, il savait que ses parents ne tueraient pas cette fille s’ils mettaient la main dessus.

Non, ils avaient trop à perdre en faisant ça – ils n’avaient pas daigné accomplir l’acte meurtrier avec Aria. Il en serait de même avec le nourrisson ; et les dires de Gabriela n’avaient fait que confirmer un doute silencieux qu’il avait eu depuis le début. Ses parents préféreraient utiliser cet avantage, ce bébé sans défense pour redorer le blason des DeMaggio, plutôt que de se risquer à faire couler quelques gouttes vermeil d’un sang si précieux. Et Isolde pouvait mourir dans le combat, qu’ils n’en auraient rien à faire – ne s’retourneraient pas sur la mère de l’enfant qu’ils enlevaient tout juste. C’était ça, la sauvagerie d’cette famille qu’elle ne connaissait qu’à peine : au fond, la Saddler pouvait toujours se planquer derrière sa mutation, sa volonté de fer, y’avait déjà eu des dégénérés à la force surhumaine qui étaient tombés à genoux devant Rafael DeMaggio avait de s’prendre une balle dans le crâne. Le patriarche devait sûrement vouer une haine sans borne au vaccin, à toutes ces échappatoires à la destinée qu’il jugeait naturelle pour tous les transmutants – s’ils venaient à le décider, à le vouloir avec tous les moyens dont ils disposaient, Isolde n’y résisterait pas. Isolde tomberait, elle aussi. Car au fond, les hunters étaient plus que des fanatiques armés de flingues, les hunters étaient plus que des fous furieux comme elle était si prompte à les voir. Les hunters étaient ces humains surentrainés depuis l’enfance, habiles avec ou sans arme à la main, toujours pleins de ressources, jamais destitués de leurs moyens. Ses mots, sa bouche, les ressources de son esprit, le bout de ses doigts, sa volonté ; Cesare avait appris à tout transformer en lui en une arme soigneusement affutée : pourquoi donc la blonde s’obstinait-elle à n’pas vouloir le voir ? Au fond, que pouvait-elle imaginé qu’il avait fait, pendant les vingt premières années d’sa vie ? Y’avait pas que la folie, somme toute, qui pouvait transformer un être humain tout à fait normal en un tueur de sang-froid. Tuer, paradoxalement, c’était plus facile que tout c’qu’il traversait jusque-là : les faces à faces musclés, à se hurler dessus avec Isolde – la façon dont il se détruisait un peu plus à ses yeux à elle. La confiance, qu’il voyait s’envoler entre eux ; il sembla presque la voir se rétablir, comme ça, en une œillade qu’ils échangèrent après ce qu’il avait dit. Il connaissait ses parents, mieux qu’elle les connaissait elle, mieux qu’elle n’pouvait soupçonner qu’ils étaient. Mieux qu’ils n’se connaissaient, sûrement ; une leçon cruelle qu’il avait durement infligée à son patriarche la dernière fois qu’ils s’étaient vus. C’était une évidence, tout autant que celle, douloureuse et pernicieuse, qui dictait à la vie que Rafael connaissait son indigne fils mieux qu’il n’se connaissait lui-même. Ses faiblesse, son talon d’Achille, c’qui l’enrageait, c’qui le blessait. Quelle belle notion de famille, que tout cela : ni la transmutante, ni le bébé dans ses entrailles ne perdraient quoique ce soit à n’pas la connaître, à n’pas envisager de la connaître. Et alors quoi ? S’il disparaissait de la vie de sa progéniture, comme ça, est-c’que dans vingt ans celle-ci se mettrait à faire des recherches, pour découvrir la désastreuse vérité sur la moitié de son héritage ? Le nom DeMaggio, et tout ce à quoi il était accroché ? Malgré tout, malgré l’absentéisme dont il avait toujours fait preuve vis-à-vis de cette petite chose pas encore née, c’était une perspective qui arrachait le cœur du chasseur – depuis combien d’temps, en vrai, avait-il honte de ces origines écrites en lui ? Une famille mieux ; alors qu’il avait enroulé un de ses bras autour de la taille de la jeune femme, elle ne remarqua sans doute pas le spasme qui crispa ses mâchoires à cette idée – une famille mieux, et pour quoi ? La pourrir à cause de c’qu’il était ? Raconter à leur fille tous les exploits de ses géniteurs à lui, ses ancêtres à elle ? Et un beau jour, voir ses parents débarquer avec une nouvelle menace en poche, lui proposant de faire sauter un nouvel immeuble plein de gens en l’échange d’une poignée de vies ?

Parce qu’il était comme ça, parce qu’il n’valait pas mieux que ça. Il avait déjà détourné le regard, muet depuis bien longtemps, entrainant Isolde avec lui d’un coin à l’autre de la pièce. Les clés de sa voiture, ce téléphone portable si important, et autre chose, autre chose il n’savait quoi. « J’vais t’dire, j’suis plutôt habitué à quand tu t’mets à m’insulter. » il eut un vague sourire, projeté plusieurs mois en arrière ; cette délicieuse époque où, probablement, les hormones avaient commencé à jouer avec les humeurs d’Isolde, la transformant en une véritable furie qui avait saisi chaque occasion qu’il lui avait donné, pour lui balancer une vacherie en pleine tronche. Et c’n’était pas comme s’il avait assez d’orgueil pour s’en préoccuper, de toute manière – connard, quelque part, ça f’sait moins mal que toute la hargne qu’elle pouvait mettre à le repousser, des fois. Ils allaient atteindre la porte d’entrée qu’ils avaient franchi y’a pas si longtemps que ça, piétinant les papiers qui avaient volé avec autant de désinvolture, lorsque la transmutante s’accrocha à lui. Reste pas – dans sa gorge, il y eut un nœud qui s’enserra, sans qu’il n’comprenne pourquoi ; probablement qu’elle avait raison – sûrement, même, qu’elle avait raison. Et ça n’pouvait que… que déclencher une avalanche incontrôlable en lui, la simple idée qu’elle enserre ses doigts juste contre son cœur, y trouve quelque chose qui vivait et battait encore. Il l’observa, les lèvres scellées ; il l’était, détruit et brisé. Mais n’l’était pas, elle aussi ? « J’te laisserai pas, tant qu’tu seras pas en sécurité. » signifia-t-il, presque d’un ton détaché, ou plutôt, déterminé – déterminé comme il n’aurait pas voulu qu’il le soit. Le Cesare d’autrefois, celui qui avait eu des droits qu’il n’avait désormais plus, aurait laissé les mots d’Isolde s’faire un chemin jusqu’à son âme, ce petit bout d’humanité brillant encore quelque part dans ses chairs. Il en aurait presque perdu l’équilibre, nauséeux jusqu’au bout des lèvres – il était brisé, ouais, une évidence qui n’lui explosait que trop rarement en pleine tronche. Mais il n’pouvait pas – pas maintenant. Et il lui avait dit quelque chose, y’a pas si longtemps que ça : un simple ‘okay’ scellant une promesse sur laquelle il n’avait pas l’intention de revenir. Jamais. Il aurait pu simplement s’arrêter là, passer la porte et laisser les minutes s’rétrécir et faire les choses d’elle-même. Mais il eut cette main, imprudente et nostalgique, empreinte du passé glissant sur la joue de la blonde, sur le contour de sa mâchoire. « Tout va bien s’passer. Et j’te laisserai pas tomber comme ça. » et malgré tout c’qu’elle pouvait croire, malgré tout c’qu’il avait fait, les cadavres amoncelés, elle pouvait au moins croire que ça, ça, il n’l’avait jamais fait. D’aussi loin qu’ils s’en souviennent : il était devenu quelqu’un d’autre grâce à elle, pour elle. Il l’avait accompagnée à travers cette base militaire désolée pour faire exploser des vaccins qui l’auraient plus attiré que répugné. Il l’avait raccompagnée ce soir-là. Il était venu, toujours revenu pour elle, la voix chargée de hargne, le cœur empressé à s’assurer qu’elle était toujours là, Isolde, sa Isolde, quelque part survivant au fond de ses yeux clairs, derrière la hargne, la haine, la vengeance. Il n’savait pas c’que ça voulait dire, il n’savait pas jusqu’où ses pas auraient la force de le guider – m’enfin, d’après Wikipédia, le travail s’il commençait, pouvait durer des dizaines et des dizaines d’heures. Une infinie solitude, pour une Isolde qui avait fait tomber tous les masques, s’effondrer les apparences. Sans un mot de plus, le DeMaggio ouvrit la porte de la chambre, retrouvant l’air froid de la nuit avec Isolde accrochée à lui – heureusement, sa voiture n’était pas si loin. En bordel, sûrement, dans c’même désordre qui transpirait de tout c’qu’il touchait de près ou de loin. Mais ils la rejoignirent en quelques pas ; après avoir ouvert la portière du côté passager pour Isolde, la laissant s’installer, Cesare inspecta rapidement sa montre – inutilement. Au fond, il n’savait plus combien d’temps avait passé : des minutes, des secondes, des heures entières – des mois d’silence, de non-dits et de colère refoulée, qui avaient fondu pour ce soir. « Okay ehm- si tu veux m’insulter, alors… t’as quelques minutes pour l’faire. Et-et… » il avait rejoint la place du conducteur, démarrant le moteur presque par miracle, tant il avait l’impression d’être fébrile. « Si t’as b’soin de serrer quelque chose – ça nous arrangerait tous les deux qu’tu me pètes pas le bras. » car après tout, elle en était physiquement capable ; et lui, lui, il était physiquement incapable de dire quoique ce soit d’intelligent ou constructif, là maintenant, alors qu’chaque minute, chaque seconde semblait résonner dans ses tripes.
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (cesare) ≡ there is nothing we could do.   (cesare) ≡ there is nothing we could do. - Page 2 Icon_minitimeSam 30 Jan 2016 - 15:24

You and me against the world, Like a little boy and girl.
— cesare demaggio & isolde saddler —
There were monsters beneath our bed, And we were scared until we taught them all to sing and then we had a laugh instead. You and me on stormy seas It had brought us to our knees There were dangers, all around And we were frightened by the wind and when it blew until it blew us to dry ground. Baby here we are tonight, The dark will turn into the sunlight Don't you know it always does. It always was And it will be all right. — monsters.

Tant qu’elle serait vivante, y aurait jamais personne pour faire du mal à son bébé. Dans les nombreuses différences qu’elle avait avec Cesare, y en avait une qu’il était difficile de nier. Une qui posait problème depuis si longtemps. La façon dont ils avaient été élevés. Là où son père à lui n’était qu’un fou qui, apparemment ne se souciait pas vraiment de ses enfants, Isolde elle, elle avait eu un père qui était mort pour qu’elle puisse avoir la vie sauve. Elle se sacrifierait elle aussi, si jamais ça pouvait permettre à sa fille de rester en vie. Elle le ferait, tout comme son père l’avait fait pour elle. Elle avait appris bien des choses aux côtés de son père, notamment la valeur que pouvait avoir ce genre de sacrifice. Il y avait des choses qui valaient la peine de mourir. La famille en faisait partie dans l’esprit d’Isolde, sans doute plus que chez les Demaggio. Tant qu’elle serait vivante, personne ne ferait du mal à sa fille, c’était une promesse qu’elle s’était faite. Alors les Demaggio ne lui faisaient pas peur. Qu’ils viennent, elle les attendait depuis tellement longtemps. Ils avaient eu cette présence sur sa vie, toujours distante, mais toujours dévastatrice, alors s’ils devaient enfin prendre leur courage à deux mains et venir jusqu’à elle, elle serait prête. Peu à peu, c’était une armée qu’elle avait à ses côtés et elle savait qu’elle pourrait compter sur ces gens pour l’aider à mettre en pièce les Demaggio si ça devenait nécessaire. Elle n’avait pas peur d’eux. Elle n’en aurait jamais peur. Les hunters, c’était ce qu’il voulait, créer la peur dans le cœur des transmutants, ils voulaient être craint, parce qu’évidemment ça leur rendait la tâche plus facile, mais y avait pas moyen, du côté d’Isolde, pour qu’elle leur donne raison. Elle les attendait de pied ferme, toujours prête à riposter. C’était ce qu’elle avait appris ces dernières années, depuis la mort de son père. Il était mort pour la protéger de ces cinglés, alors elle savait à présent, qu’il fallait toujours être prêt à riposter. C’était pour ça qu’Insurgency avait fini par voir le jour. Le groupe était né des cendres de ce qu’elle avait pu bâtir avant ça. Ces gens qui étaient morts sans raison, simplement parce que les Demaggio en avait décidé ainsi. Clairement, elle en avait marre de laisser les Demaggio décidé de tout. C’était fini à présent, ils avaient trop souvent eu la main mise sur son existence pour qu’elle les laisse faire de nouveau. Cesare n’avait pas de crainte à se faire de ce côté-là. Ses parents, ils ne toucheraient pas à leur fille. Ils n’avaient aucun droit sur elle. Pas plus que, d’après Isolde ils n’en avaient sur Cesare.

Cesare, il aurait dû partir sans se retourner depuis longtemps d’après elle. Leur dire d’aller se faire foutre et ne plus jamais leur adresser la parole. C’était une chose qui arrivait plus souvent qu’on pouvait le penser dans les familles et là, franchement, Cesare avait toutes les raisons du monde de se barrer en les laissant derrière eux. Vu l’estime qu’elle avait sur les Demaggio, elle ne serait même pas surprise d’apprendre que c’était eux qui étaient responsables de la mort de la sœur de Cesare. Parce qu’elle était une transmutante elle aussi. Merde, c’était qu’y avait un problème dans la famille pour qu’ils engendrent ainsi des transmutants. Isolde trouvait ça assez ironique d’ailleurs. Si elle avait cru en Dieu, elle aurait volontiers pensé que Dieu avait un certain sens de l’humour, le genre qu’elle était capable d’apprécier. Mais elle ne croyait pas en Dieu. M’enfin, elle pouvait au moins dire que dans leur cas, on pouvait vraiment dire que le karma était une belle salope. Ils auraient dû être capables d’accepter les transmutants, si seulement ils avaient été des bons parents, mais c’était loin d’être le cas, c’était une chose dont Isolde était sûre depuis un moment maintenant. Ils n’étaient pas des bons parents et ils ne seraient jamais des grands-parents. Si elle avait toujours pensé que sa fille méritait d’en savoir un peu sur son père, elle pensait également que concernant ses grands-parents paternels, mieux valait qu’elle ne sache rien. Qu’est-ce qu’elle lui dirait à sa fille, quand celle-là serait en âge de poser des questions ? Qu’ils étaient morts sans qu’elle n’ait jamais eu l’occasion de les rencontrer ? Ou bien, qu’elle ignorait tout d’eux et qu’elle n’avait pas envie de savoir. Des mensonges qui rendaient la réalité un peu moins cruelle. Parce que de toute évidence, elle se voyait mal raconter à sa fille toute l’histoire qui avait mené à sa naissance. Elle ne voulait pas avoir à lui dire que ses grands-parents étaient des grands psychopathes qui avaient tués plus de personnes dans leur vie qu’elle ne pouvait en compter. Elle ne voulait pas leur dire que son père, pour une raison qu’elle ne comprenait pas, préférait encore leur compagnie à la sienne. Parce que ça ressemblait à ça du point de vu d’Isolde. Il choisissait sa famille au bout du compte. Ou la vengeance, ou qu’importe. Mais le simple fait qu’il puisse assurer qu’il ne dirait ou ne ferai jamais rien qui puisse mener ses parents à leur fille, ça prouvait qu’il n’avait pas encore complètement coupé les ponts. Elle ne savait pas ce qu’il voulait réellement. Tout ce qu’elle voyait elle, c’était qu’il se plantait de voie et qu’un jour, ce serait à elle d’expliquer tout ça à leur fille, quand bien même elle n’y comprenait rien elle-même.

Elle espérait qu’au moins, la petite aurait un meilleur avis sur la relation de ses parents que Cesare. Ou qu’elle dans le fond. Elle leva légèrement les yeux au ciel suite à sa réplique. Quand même hein, elle ne passait pas autant de temps que ça à l’insulter. Il exagérait. Quoi que. Vu qu’elle jurait facilement, y avait des chances pour que le premier mot de sa fille soit putain et non pas maman. Elle n’y pouvait pas grand-chose, c’était plus fort qu’elle. Les jurons chez Isolde, c’était presque un réflexe. « N’importe quoi. J’suis toujours polie et courtoise moi. » Et s’il la contredisait, elle n’hésiterait pas à lui dire qu’il était con, juste histoire de prouver sa théorie. Elle était loin d’être polie et courtoise et Cesare en avait très certainement déjà fait les frais. En même temps, il avait dû s’y attendre. Après tout ce qui avait pu se passer entre eux, elle n’allait pas revenir vers lui avec des mots doux, évidemment qu’elle s’était montrée agressive. « Merci … » Elle aurait préféré qu’il parte. Pour lui ça aurait été mieux, plus sage. Mais pour elle, c’était différent. Elle n’avait pas envie d’affronter ça toute seule. La simple perspective d’être seule, ça l’avait faite pleurer quelques instants plus tôt, alors même que c’était le genre de trucs qu’elle détestait. Elle n’était pas une gamine qui pleurait pour un oui ou pour un non. Elle valait mieux que ça. Mais elle était humaine avant tout. Elle était descendue avec Cesare, avançant difficilement tellement elle avait l’impression que maintenant, c’était chaque parcelle de son corps qui lui faisait mal. Elle se laissa tomber sur le siège de la voiture de Cesare, se força à garder tout commentaire sur l’état dans lequel elle était. Elle pourrait parler, le jour où elle en aurait une à elle. Ce qui n’était pas prêt d’arriver, puisqu’elle n’avait pas son permis de conduire. D’où la nécessité d’avoir une poussette pour se déplacer avec le bébé. Elle était vraiment idiote de ne pas l’avoir achetée. D’avoir repoussé en se disant qu’elle avait le temps. Ce temps qui lui manquait cruellement en cet instant. « Okay cool … » Elle n’arrivait même plus à prononcer de phrase complète, coupée par la douleur qui lui faisait serrer les dents avec force avant d’expirer lentement. « Me passe pas ton bras alors, je suis pas sûre de pouvoir m’contrôler longtemps. » Pourtant elle le contrôlait très bien son pouvoir, d’habitude, y avait pas trop de soucis. Mais là, elle avait l’impression qu’elle était à deux doigts de briser ses propres phalanges tellement elle serait fort ses poings. Dans le fond elle avait presque envie que les os explosent sous la pression, comme si la douleur que ça provoquerait pourrait lui faire oublier celle qu’elle subissait déjà. C’était idiot. Elle fixait la route, qui semblait tellement longue d’ici jusqu’à l’hôpital d’un coup. Pourtant, ils devraient y être en quoi ? Dix minutes, peut-être un quart d’heure s’ils se tapaient les feux rouges. Beaucoup plus si l’autre con devant il continuait à rouler à cette vitesse. « C’est pas possible, c’est une blague. » Elle laissa lourdement retomber sa tête contre l’appuie-tête. C’était pas le moment d’y aller mollo sur la pédale d’accélération là. « Il va la bouger sa merde ce connard ? » Elle soupira avant de se pencher vers Cesare pour venir appuyer sur le klaxonne comme une grosse brute. « Bha c’est c’est sûr qu’y en a qui risquent pas d’se faire arrêter pour excès de vitesse. » C’était pas comme s’ils étaient pressés eux, après tout. C’est vrai qu’après tout, mettre un bébé au monde, ça pouvait prendre des heures et des heures, alors ils avaient bien le temps d’être coincés derrière l’abruti du coin. Elle perdait patience et elle avait de quoi. Elle n’allait pas tarder à ouvrir la fenêtre pour insulter ce type de tous les noms possibles inimaginables, mais elle se contentait de grogner à intervalle régulier, un grognement par contraction, parce que parler, ça commençait vraiment à être compliqué.
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (cesare) ≡ there is nothing we could do.   (cesare) ≡ there is nothing we could do. - Page 2 Icon_minitimeDim 31 Jan 2016 - 21:44


that's all we'll ever be- finished, without an ending
AN INCOMPLETE SENTENCE. A HALF-WRITTEN STORY.
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and the night is moonless, and the stars don’t shine, and her tears burn her cheeks as his screams tear his throat. it’s dark, too dark, the shadows grow thick as she moves further away from him. it’s her guilt that leads her, it’s the blood on her hands that guides her feet one step at a time. he’s silent in his grief, understanding but also resenting, because their together didn’t mean forever. w/isolde saddler & cesare demaggio.


Ses tripes avaient toujours dicté sa vie ; d’ces instincts qui avaient tout éradiqué sur leur passage. Face à une plaie ensanglantée qui entaillait sa peau, Cesare avait toujours été capable de garder son sang-froid, d’agir en pesant le moindre de ses faits et gestes, dans un calcul savamment pesé par les mois, les années entières d’expérience. Il aurait pu finir médecin, s’il l’avait décidé – le devoir de chasseur imposait à savoir où frapper, où poignarder et où tirer pour abattre efficacement une proie. Ces zones douloureuses, ces zones d’où le sang affluait en masse et où la mort par hémorragie se faisait irrémédiablement, sans qu’personne ne puisse la stopper. Et ces zones, très rares, noyées dans la hargne, qui étaient déterminantes : une lame fichée entre ces côtes, entrainait une mort douloureuse, lente et impossible à contourner. Et juste l’impuissance, l’impuissance qu’il n’partageait que trop bien, à défaut d’avoir passé vingt-six ans d’sa vie à croire tout connaitre, tout maîtriser. Et n’jamais rien laisser lui échapper. Y’avait pourtant toujours eu ces parts de son esprit, de lui qui avaient irrémédiablement échappé à la bonne marche de la formation calculée, soupesée et bien construite de son patriarche. Les entrailles d’un Cesare qui ployait l’échine lorsqu’on savait frapper aux bons endroits, pour lui ; y’avait toujours eu le devoir familial, cette loi indéfectible écrite dans son sang – la façon dont il avait toujours ressemblé à son père, observant son propre reflet dans le miroir pour y reconnaitre des traits du faciès de son patriarche. Sa loyauté à l’égard d’Aria, l’amour inégalé qu’il avait voué à ce petit bébé tant délaissé par son père, lorsqu’elle n’avait été que trop jeune – combien d’fois, combien d’fois son père avait-il pressé à cet endroit-là précis ? Plus vivement depuis qu’il l’avait perdue, que jamais auparavant, le fils DeMaggio en avait désormais parfaitement conscience ; c’n’était pourtant pas comme si son esprit s’était allégé, comme si une menace assombrissant son monde avait disparu avec sa sœur cadette. Non, y’avait aujourd’hui le sentiment d’avoir failli – failli tant d’fois, failli jusqu’au point de non-retour : d’entre les mains du Diable qui l’avait appelée à lui, y’avait plus aucun moyen que le frère ainé fasse quoique ce soit pour sortir sa sœur de la zone invisible, la menace ultime qui l’avait attirée dans le néant. Et tous les instincts du chasseur, toutes les prouesses du frère dévoué, toutes ses forces de simple homme peuplant c’monde dévasté – rien n’y avait fait, rien n’avait suffi : comme ça, sans crier gare, Aria avait disparu. Elle est partie, avaient-ils dit, les secouristes qui étaient venus à son niveau au beau milieu des décombres et des flammes de la fête foraine. Aria était partie, c’était l’moins qu’on pouvait dire – et ça l’bouffait de l’intérieur ce soir, tous les soirs depuis, tous les jours depuis ; chaque souffle d’air qu’il avait avalé dans ses poumons avait toujours eu une saveur différente, un arôme empoisonné qui courait dans ses veines avec la prescience de la gravitation sur son pauvre corps. Cesare, l’impuissance, il connaissait désormais ; si prompt à subir, si prompt à rester statique au beau milieu de la poussière et du chaos. On l’avait épuisée, sa patience, son âme ; on avait usé, usé jusqu’à la corde le moindre de ses souffles de vie. Et maintenant, maintenant il n’en restait plus grand-chose. Il n’s’était pas attendu à ce qu’Isolde s’pointe sur le pas de la porte de sa chambre de motel ; il n’l’avait pas espéré, n’avait pas ragé en s’l’imaginant – c’était peut-être ça, le plus compliqué. Il avait accepté, simplement accepté avec une netteté assassine les mots qu’ils s’étaient échangés la dernière fois, et qui aurait dû mettre un terme définitif à leur histoire. Accepté, grâce à la rage, à la fureur qui avait traversé et fracturé tout son corps et tous ses sens ; l’énergie du désespoir, d’une vie qui s’était littéralement brisée. Juste le cri d’ses tripes, tous les instincts qui avaient implosé en lui.

Et s’il n’avait jamais rencontré Isolde. Et s’il l’avait arrêtée. Et s’il s’était contenté de l’ignorer ce soir-là, à la fête foraine. Et s’il n’avait jamais dit la vérité. Et s’il avait continué, continué d’faire passer sa sœur avant toutes les autres. Tant d’hypothèses qui s’étaient construites dans sa tête – Isolde, le premier faciès qui s’était présenté à lui, la personne sur laquelle il avait déversé toute la substance bouillante de sa rage. Et s’il avait fallu qu’ils n’s’arrêtent que sur ça, l’illusion qu’il aurait pu continuer, continuer comme si de rien n’était : sur cette porte se claquant définitivement entre eux deux, les ultimes œillades de fureur qui avaient fusé, électriques dans l’air. Et les jours avaient fusé, et finalement y’avait rien eu d’bon vers quoi faire demi-tour ; rien chez lui qui n’aurait valu la peine que la blonde se pointe jusqu’ici, avec son enveloppe pleine de papiers, les heures et les heures de recherches qu’elle avait amassés. Comme si ça pouvait servir à quelque chose ; comme si ça pouvait leur permettre d’avoir une trêve, d’connaître enfin les instants de clairvoyance dont ils avaient tant besoin. Depuis, depuis combien d’mois au juste ? Leur histoire était écrite de ça, des cendres de leur passé commun, du sang de tous les autres et de réminiscences d’illusions auxquelles ils se raccrochaient. Quoi d’bon, quoi à sauver ? Y’avait ce bébé, qui se rappela si brutalement à eux, c’était à croire que la gamine entre les entrailles d’Isolde n’en pouvait elle-même plus : qu’ils se séparent, s’déchirent définitivement ou qu’ils s’rassemblent et s’assemblent à nouveau. Qu’ils fassent quelque chose, plutôt qu’osciller inlassablement dans un néant qui n’avait pas d’sens et pas d’fin. Mais comment faire, au fond ? Personne n’partageait leur histoire, personne n’partageait leurs fardeaux, les stigmates d’une déjà vie trop remplie, alors même qu’ils étaient jeunes, si jeunes. Savait-il vraiment dans quelle vie il s’lançait, ce bébé qui semblait si enclin à quitter le ventre de sa mère ? Combien de menaces, cette petite fille aurait-elle pour voleter juste au-dessus de sa tête si elle voyait le jour, ici et maintenant, dans un Radcliff en guerre ouverte ? Certes, il y avait la situation de la ville toute entière, les abords du gouffre qu’ils frôlaient, encore et encore. Il y avait aussi ses deux géniteurs, dans cette incessante guerre froide – à s’repousser, à s’retrouver, à se haïr, à se… Se. Cesare s’était si ardemment raccroché à Isolde ; pour quoi, au fond ? Les parcelles d’âme qu’il avait lues en lui, grâce à elle, et qu’elle n’voyait même plus elle désormais ? A quoi bon, hein ? Ca bourdonnait dans sa tête, revenait comme une mélopée tortionnaire, cette idée, cette idée qu’il n’était plus rien, plus rien à sauver pour elle. Et que ça n’valait pas la peine d’essayer : essayer pour quoi ? Donner encore plus d’arguments à son père pour éveiller ses faiblesses ? Pour le pousser à commettre de nouvelles trahisons, de nouveaux faux pas ? Qui serait-il prêt à tuer, pour sauver la vie de la transmutante, la vie de leur fille, s’il s’laissait y aller ? Alors qu’Isolde avait été occupée à penser aux poussettes, à la couleur de la chambre, au prénom – Cesare, lui, il s’était retrouvé là. Seul avec lui-même, celle avec les démons qui murmuraient au creux d’son oreille qu’il était né DeMaggio ; et que les DeMaggio payaient toujours leurs erreurs par le prix du sang. C’avait été une dizaine d’innocents lorsqu’ils avaient commis le crime de s’aimer. Ce serait quoi, ensuite ? Y songeait-elle, elle ? Probablement pas ; le chasseur ne connaissait que trop bien la Saddler – Isolde s’contentait de se dire que ses ennemis étaient tous timbrés, qu’ils méritaient la prison ou la mort. Qu’elle pourrait lutter. Et c’était comme si ça suffisait – comme si ça suffisait à supprimer les quarante années d’expérience de son père pour la chasse et le meurtre des gens comme elle. Comme eux deux. Comme si l’reste n’importait pas ; lui, sa façon d’fonctionner. Avec ses tripes ; et qu’elle seule aujourd’hui pour faire battre son cœur.

La précipitation, au moins, n’leur laissait pas une seconde pour respirer, se poser avec eux-mêmes plus de quelques secondes – ils avaient fini par arrêter de se hurler dessus, comme s’ils pouvaient renouer avec leur autrefois rien qu’en se tenant la main, se murmurant des promesses au creux de l’oreille. Il les avait pensées aussi, de toute son âme et de tout c’qu’il avait été, les autres promesses qu’il lui avait faites lorsqu’ils s’étaient rencontrés. Il y avait cru, en cette chance avec elle, d’être autre chose que le fils DeMaggio. Et la réalité s’était rappelée à lui. La réalité, elle s’rappelait toujours à lui. Son palpitant prêt à exploser contre son poitrail, Cesare au moins, n’disposait pas assez de temps pour mettre ses idées en place de la sorte ; inlassablement, la chaine de ses questionnements, d’ses doutes et d’ses remords se brisait avec elle-même, enraillée dans la mécanique des secondes qui défilaient à toute vitesse. Il avait pourtant l’impression d’avoir le pied au plancher, la pédale d’accélérateur écrasée sous son pied – pourtant, lorsqu’Isolde klaxonna à l’autre type, le chasseur se rendit compte que ça faisait bien, ouais, de trop longs instants qu’ils se contentaient de le suivre. Sans quitter la route devant eux des yeux, il avait déjà entrepris de doubler la voiture contre laquelle la mutante avait commencé à rager, lorsqu’il lui prit le bras pour l’écarter de son excitation enflammée contre le chauffeur devant eux. « C’est bon maintenant. Juste-… continue d’respirer. » lui adressa-t-il avec un regard en biais ; et qu’elle lui gueule dessus si elle le voulait pour avoir dit ça – au moins, ça empêcherait qu’elle attire l’attention de toute la ville sur eux. C’n’était pas nécessairement c’qu’il voulait, passer les portes de l’hôpital avec tous les regards concentrés sur eux : et tout l’monde, tout le monde pour savoir qu’Isolde Saddler allait donner naissance à un bébé duquel… Il soupira, ses mâchoires se crispant alors que les kilomètres ne défilaient pas assez vite ; Radcliff n’était pourtant pas une si grande ville – franchement dans toute sa vie, il en avait parcourus, des milliers et des milliers de miles. Mais là, ça semblait être la destination la plus inatteignable qu’il n’ait jamais cherchée. Combien d’temps ? Combien de pulsations empressées de ce nœud au creux de sa gorge ? Et combien d’insultes et injures qu’il ignora de la part d’Isolde – il avait appris à l’faire, et quand bien même il n’avait pas protesté à haute voix à ses dires dans la chambre de motel qu’ils avaient quittée y’a une éternité déjà, tous les deux étaient bien placés pour savoir qu’elle avait toujours la langue bien pendue. Lui, lui au contraire, il s’fondait avec une aisance déconcertante dans un silence de plomb, sûrement loin d’être rassurant, concentré sur chaque petit détail de la route qu’ils parcouraient en dépassant les limites de vitesse, sans aucun remord. Quel flic, hunter ou non, viendrait les emmerder à partir du moment où il dirait qu’elle était en train d’accoucher ? A tous les coups, pour les salaires qu’ils s’payaient, personne ne poserait de question afin de n’pas se retrouver à devoir donner naissance à un bébé plein de sang et tout rabougri. Enfin – ouais, enfin, ils arrivèrent aux abords de l’hôpital, Cesare trouvant une place inexistante au beau milieu du bordel incroyable de voitures qui pouvaient s’entasser ici ; la ville n’était pourtant pas bien grande, mais fallait croire que l’hôpital ne désemplissait pas – et quoi, maintenant hein ?! « Okay, ehm… » elle n’avait, au moins, pas perdu les eaux dans sa bagnole, pendant c’trajet qui lui paraissait avoir duré trois vies ; plus, plus que n’importe quoi d’autre. Le sang bourdonnant à ses tempes, Cesare sortit de la voiture, pour venir soutenir Isolde et l’aider à retrouver l’air frais, elle aussi. « On y est presque. » qu’il marmonna, pour elle ou pour lui, alors qu’ils arrivaient au niveau de la porte d’accueil principal des urgences où ils venaient de débarquer.

Et peut-être bien qu’c’était même pas le bon secteur, au fond, y’avait un truc qui s’appelait maternité normalement pour les accouchements – mais est-c’qu’y’avait seulement un endroit d’ce genre dans la minuscule clinique de Radcliff ? Dans tout c’qu’y se passait, leur problème sembla en désintéresser plus d’un, avant qu’finalement on ne leur dise d’aller dans cette pièce et d’attendre la venue du médecin, parce qu’évidemment, selon toutes les études médicales possibles et imaginables faites au cours de l’histoire de l’humanité, Isolde était sûrement encore à des heures de son accouchement. Des heures, n’était-ce pas déjà c’qu’ils avaient traversé ? Il aurait volontiers pris le médecin, l’infirmière et l’assistante d’il ne savait quoi par le col afin d’les coller à faire quelque chose de constructif. Mais il n’en fit rien – parce qu’au fond, il s’devait d’être le patient d’eux deux, alors même que la douleur, le stress et tout le reste poussait déjà la mutante au bord de la crise de nerfs. La porte de la salle où ils se trouvaient, resta entrouverte, avec la promesse qu’un médecin viendrait vite les retrouver pour faire son boulot – et quoi ? Et quoi ?! Le DeMaggio manqua de peu d’abandonner Isolde là, au bord de la table d’auscultation qui allait être son chez elle pour une éternité, une insoutenable éternité. Mais il se retint, au dernier moment, mâchoires serrées, crispées dans l’expression grandiose de… du vide intersidéral qui venait de se faire dans sa tête. Comme un trou noir, béant et silencieux, qui avait tout aspiré sur son passage. Combien de temps resta-t-il à fixer la porte, et le mur, et tout l’espace impersonnel et glacé autour d’eux ? Au moins, son cœur avait cessé d’remonter toute sa trachée avec la volonté d’en sortir dans une nausée dégueulasse. Sans un mot, encore, Cesare fit un volte-face, dans un soupir, trouvant la chaise qui était là, longeant le mur, à quelques mètres d’où Isolde se trouvait. Le retour de l’habituelle distance de sécurité qui leur allait si bien. Et quoi maintenant ? Toujours des questions, toujours les mêmes questions – et jamais d’réponse. Une main fébrile passa sur son visage, tandis que naissait déjà en lui l’instinct lâche et répugnant d’se défiler ; s’défiler de ses promesses n’était pas c’qu’il faisait ? Ce qu’elle croyait qu’il faisait, du moins ? Pourtant, le DeMaggio resta là, sur sa chaise, tout autant parce qu’il était physiquement incapable de se lever, et parce que bien des devoirs s’rappelaient à lui. « C’est une catastrophe. » lâcha-t-il, du désarroi d’abord dans la voix, tandis que ses doigts s’accrochaient à pincer l’arête de son nez, chaque détail carré, et étroitement crispé de son faciès. Mais pour ponctuer sa phrase, après un soupir, il ne put s’empêcher d’lâcher ce ricanement, un vague souffle synonyme de désespoir, d’l’impuissance qui tournait dans ses veines depuis tant de temps. Et aussi d’l’ironie de la vie, de tous les instants silencieux qui venaient brutalement s’imprimer sur son cerveau ; ouais, en apparences, c’n’était pas souvent que Cesare DeMaggio perdait son sang-froid au point de n’plus ressembler à rien. Mais ça devait être le cas, ici et maintenant, alors que la tête lui tournait, et que tout ça, toute cette histoire, ça n’lui ressemblait pas. Il était une catastrophe, ouais, comme un éléphant au beau milieu d’un magasin de porcelaines précieuses. C’n’était pas son truc, les histoires du reste de l’humanité – et putain, on venait de le propulser dans la plus compliquée de toutes.
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (cesare) ≡ there is nothing we could do.   (cesare) ≡ there is nothing we could do. - Page 2 Icon_minitimeLun 1 Fév 2016 - 0:50

You and me against the world, Like a little boy and girl.
— cesare demaggio & isolde saddler —
There were monsters beneath our bed, And we were scared until we taught them all to sing and then we had a laugh instead. You and me on stormy seas It had brought us to our knees There were dangers, all around And we were frightened by the wind and when it blew until it blew us to dry ground. Baby here we are tonight, The dark will turn into the sunlight Don't you know it always does. It always was And it will be all right. — monsters.

Isolde n’avait jamais particulièrement aimé les hôpitaux, elle était plutôt du genre à fuir ce genre d’endroits. C’était toujours triste, toujours trop blanc, toujours trop stressant. Moins elle pouvait passer la porte d’un hôpital, mieux elle se portait. Pourtant, ces derniers temps, elle y avait passé beaucoup de temps. Que ce soit en train de se faire secourir par un vétérinaire au beau milieu de la morgue, ou en train de se faire ausculter par son gynécologue. Elle y avait passé, beaucoup trop de temps sans doute pour estimer qu’elle n’avait plus envie de remettre les pieds là-dedans avant une éternité. Elle avait cette volonté au plus profond d’elle-même et pourtant, tout ce qu’elle voulait à présent, c’était y arriver à l’hôpital. Est-ce qu’on l’avait déplacé pendant la nuit et qu’il était complètement à l’autre bout de la ville ? Parce que là, elle avait l’impression que la route était vraiment beaucoup trop longue. Elle connaissait bien Radcliff pourtant, elle y avait grandi, elle y avait passé toute sa vie, alors pourquoi est-ce que soudainement, la distance lui semblait beaucoup trop longue ? C’était pas seulement à cause du mec qui n’avançait pas devant eux. C’était cette fichue douleur qui lui donnait l’impression qu’elle allait mourir. Elle avait presque réussi, à un moment, à se convaincre que ça ne pouvait pas faire aussi mal que ça. Sinon, les femmes ne seraient pas toujours aussi ravies de mettre au monde leur progéniture. Mais c’était faux, horriblement faux parce qu’elle avait l’impression  qu’il s’agissait là de la pire douleur du monde. Et ce n’était pas fini. Ça allait durer encore des heures et peut-être que ce serait encore pire après, quand la poche des eaux serait percée. Elle n’osait même pas imaginer que ça puisse vraiment être pire. Est-ce qu’il y avait vraiment une douleur pire que celle-là ? Elle avait vraiment du mal à y croire. Elle ne voulait pas l’envisager, parce qu’elle était à deux doigts de devenir complètement folle à cause de cette douleur. Ça faisait neuf mois que ça vie ressemblait à un cauchemar. Y avait des douleurs de partout, des problèmes, tellement d’interdictions qu’elle était incapable de tout se souvenir et que de toute façon, elle n’en respectait que la moitié. Etre enceinte, ça avait l’air d’un calvaire si on pensait à tous les problèmes que ça pouvait engendrer. Pourtant, c’était d’après beaucoup, l’accomplissement d’une vie de femme. Comme si une femme avait absolument besoin de ça dans sa vie. Un sujet pour lequel Isolde avait un avis bien tranché. Elle n’avait jamais voulu d’enfant à l’origine elle. Ça lui était tombé dessus sans prévenir et grand dieu, elle regrettait en cet instant.

Ça irait mieux sans doute, quand elle pourrait enfin tenir son bébé entre ses bras. Ça irait mieux quand la douleur serait enfin partie. Et tout le reste avec. Cesare, le peu d’implication qu’il avait dans la vie de cet enfant. Qu’est-ce qu’il se passerait une fois qu’il serait parti ? Est-ce qu’ils se reverraient sur une nouvelle dispute. Sans doute, il pouvait difficilement en être autrement entre eux deux. Ils trouveraient toujours une bonne raison de se tirer dans les pattes. Fallait croire que c’était inscrit en eux, que c’était biologique et qu’y avait rien à faire pour que ça s’arrête. Pourtant avant tout ça, y avait eu une période où tout avait été tellement plus simple, tellement plus beau. Cette époque où ils avaient conçu cet enfant. Est-ce qu’y avait pas moyen d’y retourner ? De faire les choses autrement ? De changer le cours de l’histoire, parce qu’au final, l’histoire elle craignait. Si seulement. Ce n’était pas possible. Ils ne reviendraient jamais là-bas, ils ne changeraient jamais cette histoire qui était gravée dans la roche. Ils ne pouvaient pas éviter le chaos qui avait pu ravager les instants de bonheur qu’ils avaient pu partager. Ils étaient voués à se séparer, une fois l’hôpital atteint, une fois la petite venue au monde. Et il fallait que ça arrive vite malheureusement, parce que la douleur elle était insoutenable et il en resterait une trace dans son cœur quand il serait parti, mais ce serait plus supportable que ça. Cette douleur-là, elle avait appris à vivre avec depuis un moment maintenant. Fallait vraiment se dépêcher. Alors elle avait appuyé sur le klaxon comme une sauvage dans l’espoir que ça puisse changer les choses et peut-être que ça avait marché, puisque que Cesare avait dépassé l’autre escargot de la route, avant de lui dire de respirer. Fallait qu’il change de disque là.  « Je suis en train de respirer nom de dieu ! » Elle avait haussé la voix plus qu’elle ne l’aurait voulu, mais ça faisait un mal de chien et elle n’avait pas envie de l’entendre lui dire cette phrase stupide.  « J’aimerai tous les mecs de la planète puissent connaitre cette douleur et arrête de dire respire comme si ça pouvait tout changer ! » Si seulement les rôles pouvaient être inversé de temps en temps ce serait plutôt pas mal d’après Isolde.  « Oh mon dieu. Je déteste les mecs. Demain, je deviens exclusivement lesbienne. » Elle soupira. Comme si c’était possible ça. Elle aimait les garçons autant que les filles, mais fallait bien admettre qu’au moins quand elle était avec une fille, y avait moins de risque de se retrouver dans une situation pareille. Cela dit, elle pourrait dire ce qu’elle voulait, demain, elle serait encore bisexuelle et probablement toujours trop attachée à Cesare pour de toute façon imaginer faire quoi que ce soit avec qui que ce soit, fille, ou garçon.

Finalement, ils étaient arrivé jusqu’à l’hôpital, mais ce n’était pas pour autant qu’elle voyait le bout du tunnel. Combien de temps ça allait durer encore ? Elle voulait juste que ça s’arrête, qu’on l’assomme une bonne fois pour toute, elle n’en savait rien, mais que ça s’arrête. A l’intérieur de l’hôpital, son cas n’avait pas l’air d’être plus pressé qu’un autre. Elle avait l’impression que tout s’agitait autour d’elle et qu’elle ne calculait plus rien tellement elle avait mal. Heureusement que Cesare était là sans doute, sinon elle serait complètement perdue. Envoyée dans une autre salle à attendre qu’on daigne bien s’occuper d’elle. Qui est-ce qu’il fallait qu’elle menace pour qu’on vienne s’occuper d’elle avant la saint glinglin ? Parce qu’au point où elle en était, ça ne la dérangeait pas le moins du monde, d’aller coller une trempe au premier venu histoire qu’on l’aide, plutôt que de la laisser là, avec cette douleur qui lui donnait l’impression qu’elle allait agoniser. Elle observait Cesare su coin de l’œil, alors qu’apparemment, il jugeait bon de s’éloigner. Il commençait déjà à prendre de la distance, pour mieux disparaitre plus tard. Elle n’allait pas le lui reprocher, à quoi ça pourrait servir de toute façon ? Elle savait très bien comment cette histoire allait se terminer, c’était même elle la première à lui dire, de partir avant que ce ne soit trop tard, avant qu’il y ait trop de regrets. Alors s’il voulait partir, quitter cette pièce et la laisser là, qu’il le fasse. Se retrouver toute seule dans cette pièce, puis dans la suivante et n’importe où après, c’était ce qu’elle avait prévu de toute façon. Elle n’avait jamais imaginé qu’il y aurait quelqu’un à ses côtés ce jour-là. Ni Cesare, ni personne d’autre.  « Tu peux vraiment partir tu sais. » Fuir cette catastrophe s’il le voulait. Elle survivrait, elle s’en remettrait.  « J’te jure que j’te le reprocherai pas. » Pour ce que ça parole valait aux yeux de Cesare, il pouvait douter de ce qu’elle disait. Il lui avait dit l’autre fois, qu’elle n’était qu’une menteuse et quand bien même elle n’avait jamais vraiment menti – la survie d’Anthea n’était pas un mensonge en soi, puisqu’elle était vraiment morte à un moment – là, elle était vraiment sincère. Finalement, la porte s’ouvrit enfin sur un visage familier, celui du médecin qui s’occupait d’elle depuis le début de sa grossesse. Enfin, quelqu’un qui venait à son secours, elle n’avait jamais été heureuse de le voir, lui avec sa fichue chaise roulante sur laquelle elle grimpa plus vite qu’elle l’aurait imaginé.  « Miss Saddler, ça arrive plus tôt que prévu. Je suis certain que vous avez encore bien appliqué mes conseils. » Elle se contenta de hausser les épaules suite à sa réplique. Evidemment qu’elle n’avait pas écouté ses conseils, fallait bien l’admettre, elle n’avait écouté quasiment aucun de ses conseils en neuf mois. Il le savait très bien. Elle le vit poser le regard sur Cesare. Elle en fit de même.  « Si tu veux vraiment rester. Reste ici, s’il te plait. » Qu’il ne vienne pas dans cette salle avec elle, ce serait vraiment mieux, au moins pour lui. Pour une fois qu’elle essayait de faire en sorte de l’épargner, il pouvait bien faire l’effort de la laisser faire. Quand bien même il viendrait avec elle et qu’il lui tenait la main, elle lui briserait les os en moins de deux, alors qu’il reste ici, ne serait-ce que pour éviter que tout le monde sache qu’elle était une transmutante. S’il n’était pas fichu de savoir ce qui était mieux pour lui, qu’il s’intéresse à ce qui pouvait être plus logique. Elle était certaine de son choix. Alors elle fit signe au médecin que la question était réglée pour elle et ils quittèrent la pièce. Elle savait que c’était mieux comme ça. Mieux pour lui en tout cas. Elle était méchante, cruelle même parfois avec lui, capable de lui reprocher tous les malheurs du monde, simplement parce qu’elle n’arrivait pas à retrouver celui qu’elle avait aimé. Parce que c’était plus simple à présent de prétendre le détester. Mais pour le coup, elle savait que c’était l’épargner que de le laisser sur la touche.
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