Ecrire ici l'histoire de votre personnage, dans un minimum de trente lignes. Dasia est une perle d’eau dans une étendue limpide d’un océan dévasté. Saccagée par ce que la providence, ou par ces forces ancestrales, la jeune femme apprit rapidement qu’elle ne pourrait compter que sur elle-même. Pour ne pas éveiller les soupçons sur son don, elle a tenté de convaincre sa famille de faire des études supérieures, excuse allant de pair avec les excellents résultats obtenus à l’école. Peine perdue pour cette famille trop conservatrice pour envisager de donner le choix à leur descendance concernant leurs aspirations professionnelles. Formatés à devenir comme leurs parents, tout changea lorsqu’un moment d’inattention lui fit commettre l’irréparable : découverte, jamais plus le regard de ses parents ne seraient le même. Rongé par leur devoir, leur obsession, l’amour semblait s’être évanoui dans les limbes de leur propre folie.

Pourchassée par sa famille dès son anomalie détectée, elle pensait avoir droit à une autre chance lorsque, trouvant refuge à Radcliff où elle entreprit des études d’infirmière. Rencontrant Darian, ils se marièrent assez rapidement : Dasia pensa que la vie lui offrait une seconde chance, où le passé, effacé, serait dissimulé dans la poussière. Son identité changée, ayant le nom de son mari, les années d’insouciance passèrent. Un fils naquit, et elle se lia également avec les jumeaux, enfants du premier mariage de Darian. Assez protectrice envers eux, elle fut la médiatrice, et parfois le tandem avec Darian et tous les soucis que des parents rencontrent avec leurs enfants. N’ayant jamais eu autant de proximité avec ses parents, la jeune femme refusa de reproduire le schéma que ses parents lui avaient insufflé, enseignant justement à ses fils à faire leurs propres choix. Quelques fois, les fantômes des souvenirs remontaient à la surface, se matérialisant dans des terreurs nocturnes fréquentes que la jeune femme parvint pourtant à calmer un peu. Rien ne pourrait morceler ce qu’elle n’avait jamais pensé vivre : être heureuse.
Le bonheur demeure pourtant si court lorsque par un éclat, on le laisse glisser entre les doigts sans le remarquer. Si les années passèrent et soufflèrent à l’avenir des jours encore heureux, un seul grain de sable suffit au dysfonctionnement d’une stabilité pourtant évidente. Une catastrophe, un des jumeaux mourut, emporté par un hunter sans scrupule ; Darian ne se releva pas de la tragédie, devenant complètement obsédé par cette volonté de lui faire payer. Patiente, l’épouse voulut soutenir son mari, tout en tentant de le convaincre que cette folie sans nom ne pourrait jamais lui ramener son enfant perdu.

Face à Haden, la discussion fut plus simple, et plus ouverte : pas besoin de grands discours pour qu’ils se comprennent mutuellement. Il fut le premier en qui Dasia eut suffisamment de courage pour lui confier son secret, son passé, ses tourments. Nul besoin de chercher la moindre justification : Haden avait compris. Tout comme il accepta aisément sa fuite et ses secrets. L’épouse aimante, cherchant à sauver son mariage du deuil, n’eut pas d’autre choix que d’opter pour la fuite pour la sécurité de sa famille. Du jour au lendemain, elle s’envola dans une pluie d’étoiles, laissant quelques papiers de mauvais augure avant de disparaitre avant qu’ils ne se présentent à la portée de ses proches. Malgré les conséquences qui en découleraient, malgré la haine que Darian aurait à son encontre, elle ne prendrait aucun risque que qui que ce soit ne lui fasse du mal.

Six ans. Six ans que sa vie n’a plus de sens. Six ans que la menace pèse, six années qu’elle triche, ment, modifiant ses passeports et ses papiers pour être indétectable. Paiement en espèces, petits boulots de misère pour subsister, Dasia a même changé sa physionomie pour moins facilement traçable : blonde, brune, châtain, à chaque fois qu’elle est identifiée, tout recommence. Sillonnant le pays de ville en ville, elle a même changé de pays. En vain. A chaque fois, elle finit par être localisée ; un lieu public, une caméra piratée et là voilà trouvée. Ne supportant plus cette vie, elle pense parfois à y mettre un terme définitif : toujours cette force la pousse à se battre pour sa famille. Pour ses enfants. Son fils a été identifié positif au génome mutant : si pour l’instant il n’a encore développé aucun signe, combien de temps lui reste-t-il avant que sa famille ne mette la main sur lui pour l’anéantir lui aussi ? Et puis il y a la petite dernière, celle qui, finalement, Dasia connait si peu. Prenant fuite, elle n’avait pas prévu d’accoucher au milieu des marécages, perdue dans une campagne profonde. Une chance qu’elle ait été aidée par une famille de paysans dans les alentours. Dasia n’aurait imaginé faire un déni de grossesse quand la veille, elle courrait encore. Bien qu’elle l’aime comme son enfant, la jeune femme a mis du temps à l’accepter dans sa vie. On ne lui a pas laissé le temps de se préparer à cette arrivée, de vivre une fois de plus les joies de la maternité. On ne lui a pas laissé de profiter de son enfant que déjà l’angoisse qu’elle soit découverte poussa Dasia à l’« abandonner » aux bons soins de personne sur lesquelles elle pouvait compter, en toutes circonstances. Il lui arrive parfois de penser à elle, de vouloir lui rendre visite plus fréquemment qu’elle ne le devrait : cette obsession subsiste, cette angoisse qu’elle aussi soit trouvée.
De retour à Radcliff, la femme n’a qu’une seule idée en tête : protéger son fils. Quant à Darian, elle ne cherche pas à être accueillie les bras ouverts, loin de là. Elle ne sait même pas s’il pourra un jour comprendre. Peut-être même qu’il la haïra.
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